paludisme et grossesse molaire au senegal

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paludisme et grossesse molaire au senegal
Journal des Sciences
I.S.S.N 0851 – 4631
PALUDISME ET GROSSESSE MOLAIRE AU SENEGAL
R.S. Senghor* 1, M. Ndiaye 2, V Bassène1, A Lame 2, M P Diouf 2, B Faye2, M. Mbodj1,
S. Seck Gassama1, O Gaye2
1 Laboratoire de Biophysique et Médecine Nucléaire, Faculté de Médecine, Pharmacie et
Odontologie, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal, [email protected].
2 Service de Parasitologie-Mycologie, Faculté de Médecine, Pharmacie et Odontologie, Université
Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal
Résumé
L’infection palustre pendant la grossesse est caractérisée par la séquestration des érythrocytes
infectés par Plasmodium falciparum dans les espaces intervilleux placentaires. Le paludisme
pendant la grossesse induit une production d'anticorps contre les parasites placentaires. Peu
d’informations sont disponibles pour ce qui est de l’impact du paludisme sur l’évolution
d’une grossesse môlaire
Les réponses anticorps dirigés contre deux antigènes de Plasmodium falciparum, AMA-1
(Apical Membrane Antigen) et GLURPR0 (Glutamate Rich Protein) ont été mesurées sur 344
échantillons sériques correspondant à 108 femmes réparties en deux groupes en fonction du
statut évolutif de la grossesse môlaire. Le taux de l’hormone chorionique gonadotrophine
βHCG a été déterminé par le dosage radioimmunologique. L’évaluation de la production
d’anticorps (IgG) a été réalisée par la technique immuno-enzymatique ELISA. Le test du Chi
deux (Χ2) a été utilisé pour comparer deux fréquences, avec un seuil de positivité p < 0.05.
Notre population était âgée de 15 à 50 ans avec une moyenne d’âge 29.4, une gestité moyenne
de 4,05 et une parité moyenne de 2.6. La môle hydatiforme complète était la pathologie
trophoblastique la plus fréquemment retrouvée(61%) en évolution favorable et pour un taux
initial de βHCG inférieur à 5 UI/L. La production d’anticorps anti-AMA-1 était également
la plus fréquente en évolution favorable.
Il n’existe pas de différence statistiquement significative, en fonction du taux de βHCG, entre
les réponses anticorps anti-GLURPR0 (p = 0.43), ni entre les réponses anticorps antiAMA1(p = 0.53).
L’association grossesse môlaire-paludisme, ne constitue pas un facteur aggravant.
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Mots clés : paludisme, grossesse môlaire, anticorps, βHCG, Sénégal
Summary
Malaria in pregnancy is characterised by the sequestration of Plasmodium falciparum infected
erythrocytes in placental intervillous spaces. Malaria infection during pregnancy allows the
acquisition of antibodies against placental parasites. Limited information is available
regarding the malaria effect on molar pregnancy.
Antibodies responses against two Plasmodium falciparum antigens: AMA-1 (Apical
Membrane Antigen) and GLURPR0 (Glutamate Rich Protein), were measured on 344
samples corresponding to 108 women followed up for molar pregnancy. The chorionic
gonadotropin hormone HCG level was measured by Radioimmunoassay. Antibodies
responses (IgG) were performed by immuno-enzymatic assay ELISA. The Chi-square test
was used to compare frequencies between variables; and p-value less than 0.05 was
considered statistically significant.
Our population was aged 15-50 years with an average age of 29.4 years. The average
gravidity was 4.05 and the average parity 2.6. Complete hydatiform mole trophoblastic
disease was the most frequently observed (61 %) in favorable evolution and with initial
βHCG level less than 5 IU /L. The antibodies response anti-AMA-1 was also most frequently
observed and in favorable evolution of molar pregnancy. There was no statistically significant
difference, depending on the βHCG level, between anti-GLURPR0 antibody response (p =
0.43) of the two groups; also between the production of anti-AMA1 antibody (p = 0.53)
Our population’s immunity is relatively low. The βHCG level and the production of antiGLURPR0 and anti-AMA1 antibodies are very weakly correlated, regardless the gestational
trophoblastic disease development.
Molar pregnancy–malaria association does not constitute an aggravating factor.
Keys words: malaria, molar pregnancy, βHCG, antibodies, Senegal
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INTRODUCTION
Le paludisme est une maladie érythrocytaire due à la présence et à la multiplication dans les
hépatocytes puis dans les érythrocytes d’un hématozoaire du genre Plasmodium [1, 2]. Dans
les zones endémiques où sévit le paludisme, les adultes acquièrent au fil de leur existence une
immunité qui les protège contre le parasite. L'immunité acquise vise principalement le stade
sanguin de l'infection lorsque les mérozoïtes de Plasmodium vont infecter les érythrocytes et
se reproduire en leur sein en exprimant de nombreux antigènes parasitaires à leur surface
parmi lesquels les antigènes de l’apex du mérozoïte comme l’AMA-1 (Apical Membrane
Antigen) et ceux de la vacuole parasitophore tels que GLURP (Glutamat Rich Protein) [3, 4].
Au Sénégal, le paludisme est endémique sur l’ensemble du pays. Le profil épidémiologique
se caractérise par une endémicité stable, marquée par une recrudescence saisonnière. C’est
l’une des grandes causes de morbidité et de mortalité pour les groupes vulnérables comme les
femmes enceintes qui sont quatre fois plus susceptibles de souffrir de complications
imputables au paludisme que les femmes non enceintes [5, 6]
Certaines de ces femmes ont un développement pathologique de leur grossesse et présentent
une maladie trophoblastique gestationnelle dans sa forme bénigne (môles hydatiformes
complète ou partielle) ou maligne à fort potentiel métastatique (tumeurs trophoblastiques
gestationnelles) [7,8]. Les symptômes et les complications liés au paludisme au cours d’une
grossesse normale varient en fonction de l'intensité de la transmission paludique, ainsi que du
niveau individuel d'immunité acquise [9, 10].
Peu d’information sont disponibles pour ce qui est de l’association grossesse molaire Paludisme d’où l’intérêt de ce travail.
MATERIELS ET METHODE
 Cadre d'étude
L’étude s’est déroulée au sein des Laboratoire de Biophysique et Médecine Nucléaire et de
Parasitologie médicale, du Département de Biologie et d’Explorations fonctionnelles de la
Faculté de Médecine de L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
 Population et type de l’étude
Il s'agit d’une étude prospective et analytique portant sur des femmes référées à la Clinique de
Gynécologique et Obstétricale de Hôpital Aristide Le Dantec (HALD) pour un avortement
molaire, adressées au Laboratoire de Biophysique et Médecine Nucléaire pour un suivi
biologique de la βHCG, de Janvier 2012 à Décembre 2015.
 Echantillonnage
La taille d’échantillonnage a été fixéeà 344 échantillons sériques correspondant de 108
femmes réparties en deux groupes en fonction du statut évolutif : le groupe I d’évolution
favorable, constitué de 72 patientes et le groupe II d’évolution défavorable, de 36 patientes.
Les critères diagnostiques retenus pour le groupe II portent sur l’un de ceux proposés par le
FIGO OncologyCommittee (2002).
 Critères d’inclusion :
Les critères d’inclusions retenus sont les suivants : avortement molaire histologiquement
confirmé et échantillons sériques correspondant aux premier et dernier dosages de βHCG sur
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lesquels a été effectué le titrage ELISA des immunoglobulines IgG dirigées contre les
antigènes AMA1 et GLURPR0 de Plasmodium falciparum.
 Critères d’exclusion :
Les critères d’exclusion ont été l’avortement non môlaire ou l’absence d’un ou plusieurs
examens complémentaires
 Considérations éthiques :
Les sérums utilisés pour l’étude sont ceux de patientes ayant donné leur accord après une
information claire et compréhensible.
 Variables mesurées :
- Variables sociodémographiques : l’âge, la gestité et la parité
- Variables biologiques : le taux de βHCG et les taux d’anticorps anti-AMA1, antiGLURPR0
 Matériels
- Matériels chimiques, solutions tampons, échantillons sériques et échantillons de
référence
- Anticorps secondaires IgG de chèvre anti-IgG humaines couplées à la peroxydase –
HRP dirigés contre les antigènes Glutamate Rich Protein, (GLURPR0) et Apical
Membrane Antigen (AMA1),
- Tubes revêtus d’anticorps monoclonal de souris anti-β-hCG, anticorps monoclonal
de souris α-hCG marqué à l’iode125 (125l-Anti-α-hCG)
- Matériel de laboratoire, instruments et logiciels adaptés aux dosages ELISA et RIA
 Méthodes
Dosage de l’hormone gonadotrophine chorionique βHCG[11]
Le taux initial de la βHCG a été déterminé grâce à la trousse de dosage radioimmunométrique
RIAGnost Cis Bio Assays®. Le dosage sérique in vitro de l’HCG repose sur le principe d’un
test « sandwich ». Cette technique nécessite la présence d’anticorps monoclonaux anti-βHCG, immobilisés sur la paroi interne de la partie inférieure du tube à essai. Après addition
des calibrateurs et des échantillons de patients, l’HCG se fixe pendant la première incubation
sur la paroi du tube par l’intermédiaire des anticorps de la phase solide. Après élimination du
sérum et de l’antigène en excès, l’HCG présente est dosée, au cours de la 2ème incubation, au
moyen de la liaison d’un anticorps anti-α-HCG monoclonal marqué à l’iode 125. Ce dosage
offre une plage de mesure étendue (0 à 1050 mUI d’HCG/ml) associée à une sensibilité élevée
(< 1 mUI d’HCG/ml) permettant le suivi des maladies gestationnelles trophoblastiques
avecdes taux d’HCG que l’on peut escompter dépassant 200 000 mUI/ml, voire plus en cas
de tumeurs se normalisant à des valeurs inférieures ou égales à 5mUI/ml HCG en cas
d’évolution favorable.
Détermination du niveau d’exposition à Plasmodium falciparum par la technique
immuno-enzymatique (ELISA)indirecte [12]
Le test ELISA indirect est une technique immunologique de détection qui permet de
visualiser une réaction antigène-anticorps grâce à une réaction colorée produite par l'action
sur un substrat d'une enzyme préalablement fixée à l'anticorps. Les 96 puits d’une
microplaque sont tapissés avec un antigène capable de se lier spécifiquement à l’anticorps
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recherché. Lors de cette opération, l'antigène se fixe au plastique des puits par interaction
électrostatique et assure la spécificité du test. La solution à tester est ensuite déposée dans les
puits de la microplaque et si l'anticorps recherché est présent il va se lier spécifiquement à
l’antigène. Un deuxième anticorps, l'anticorps traceurcapable de se lier à l'anticorps recherché
est alors ajouté dans le puits et les anticorps traceurs non fixés sont éliminées par rinçage.
L'anticorps traceur est couplé à une enzyme catalysant la formation d'un produit coloré en
réaction avec un substrat. Le produit coloré est mesuré par un photomètre dont l’absorbance
est déterminante de la positivité de l’échantillon. Un échantillon est dit positif si sa densité
optique ajoutée de deux déviations standard est supérieure à celle du contrôle positif. Ce
dosage permet d’estimer l’intensité d’exposition des individus aux infections plasmodiales.
 Analyse des résultats
Les données ont été triées et analysées en utilisant le logiciel Excel. La méthode du X2 (chi
carré) a été employée pour déterminer si les différences observées entre les résultats
comparables sont dus ou non au simple hasard. Le seuil critique de signification est situé à p =
0,05
 Si p < 0,05 on a une différence significative
 Si p > 0,05 on a une différence non significative
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RESULTATS
 Répartition de la population en fonction de l’âge
L’âge moyen de la population d’étude était de 29.4 ans, avec des extrêmes de 15 à 47 ans.
La classe d’âge 21-25 ans était la plus représentée pour les deux groupes. : 21% pour le
Groupe I, 31% pour le Groupe II(Figure 1)
35%
30%
25%
20%
Groupe I
15%
Groupe II
10%
5%
0%
15-20 21-25 26-30 31-35 36-40 41-45 46-50
ans
ans
ans ans
ans
ans ans
Figure 1 : Répartition des groupes d’étude en fonction de l’âge
Il n‘existe pas de différence significative entre les deux groupes (p = 0.05)
 Répartition de la population en fonction de la gestité
La gestité moyenne de la population d’étude est de 4,05 avec des extrêmes de 1 à 14.
Groupe I : la gestité moyenne était de 4.1 (1 à 14). Deux pics de 18% ont été observés
chez les primigestes et 2ème gestes. Les grandes multigestes (> 6G)constituaient 17% du
groupe
Groupe II : la gestité moyenne était de 3.9 (1 à 10). Les primigestes et les grandes
multigestes (> 6G) étaient les plus représentées avecchacune 22%. (Tableau 2)
25%
20%
15%
Groupe I
Groupe II
10%
5%
0%
1G
2G
3G
4G
5G
6G
> 6G
Figure 2 : Répartition des groupes d’étude en fonction de la gestité
Il existe une différence significative entre les deux groupes (p = 0.007
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 Répartition de la population en fonction de la parité
La parité moyenne de la population d’étude était de 2.6 avec des extrêmes de 0 à 11.
Groupe I : la parité moyenne était de 2.7 (de 0 à 12). Nullipares et primipares étaient
les plus représentées avec respectivement 21% et 18%.
Groupe II : la parité moyenne était de 2.4 (de 0 à 7). Les nullipares étaient les
représentées avec 31%, suivies par 22% de multipares (4P). (Figure 3)
35%
30%
25%
20%
Groupe I
15%
Groupe II
10%
5%
0%
0P
1P
2P
3P
4P
5P
6P
> 6P
Figure 3 : Répartition de la population en fonction de la parité
Il existe une différence significative entre les deux groupes (p = 0.02)
RESULTATS DE L'ETUDE RADIOIMMUNOLOGIQUE
Répartition du taux initial moyen de βHCG en fonction des classes d’âge
Le taux initial moyen de βHCG, de nos échantillons d’études,déterminés par la méthode
radioimmunologique, était de 11 253.7 UI/L (de < 0.05 à 248788 UI/L).
Groupe I : le taux initial moyen de βHCG était de 1346.02 UI/L (<0,05 - 23488 UI/L).
La classe d’âge 21-25 ans avait le taux moyen le plus élevé avec2471 UI/L.
Groupe II : le taux initial moyen de βHCG était de 31031 UI/l (132 -248788 UI/L). La
classe d’âge 36-40 ans avait le taux moyen le plus élevé avec 65686 UI/L.
(Figure 4)
100000
10000
1000
Groupe I
HCG UI/L
Groupe II
HCG UI/L
100
10
1
15-20 21-25 26-30 31-35 36-40 41-45 46-50
ans
ans
ans ans
ans
ans ans
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Figure 4 : Répartition du taux initial moyen de βHCG en fonction de l’âge
Il existe une différence statistiquement significative entre les taux moyens de βHCG en
fonction de l’âge (p = 0.02)

Répartition du taux initial moyen de βHCG en fonction de la gestité.
Groupe I: deux pics ont été observés auprès des 3èmes gestes avec 2739 UI/L, et des
grandes multigestes (> 6G)avec 2354 UI/L.
Groupe II : les primigestes et des grandes multigestes (> 6G) avaient les taux les plus
élevés, respectivement 70539 UI/L et 37069 UI/L
(Figure 5).
100000
10000
1000
Groupe I
HCG UI/L
100
Groupe II
HCG UI/L
10
1
1G
2G
3G
4G
5G
6G
> 6G
Figure 5: Taux initial moyen de βHCG en fonction de la gestité du groupe
Il n’existe pas de différence statistiquement significative entre les taux moyens de βHCG en
fonction de la gestité (p = 0.05)
 Variation du taux initial moyen de βHCG dans le suivi de l’avortement
Groupe I :les taux moyens de βHCG atteignent des taux moyens proches de la normale
dans les 4 mois qui suivent l’avortement molaire
Groupe II :les taux qui sont multipliés par 3 dans le même intervalle de temps passant d’une
valeur supérieure à 6000UI/L à une valeur supérieure à 18000 UI/L
(Figure 6)
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100000
10000
1000
Groupe I HCG
UI/L
100
10
1
< 30 jours
30-60
jours
60-90
jours
90-120
jours
> 120
jours
Figure 6 : Variation du taux moyen de βHCG dans le suivi post-molaire
Il existe une différence significative entre les différents taux moyen de βHCG (p = 0.01)
 Répartition l’histologie des môles au sein de la population d’étude
La population d’étude est constituée de 66% de môles complètes et de34% de môles
partielles(Figure 7)
90%
80%
70%
60%
77%
60%
Groupe I
50%
40%
40%
30%
Groupe II
22%
20%
10%
0%
Môle complète
Môle partielle
Figure 7 : Répartition l’histologie des môles au sein de la population d’étude
 Répartitionde l’histologie des molesselon l’âge
Lafréquence la plus élevéedes môles complètesa été observéechez les 26-30 ans (28%) ;tandis
que celledes môles partielles a été observéechez les 21-25 ans (30%) (Tableau 1)
Tableau 1 : Répartition de l’histologie des môles selon l’âge
Classe d’âge
Pourcentage
15-20
Môle
complète
13
Pourcentage
18%
Môle
partielle
4
21-25
15
21%
11
30%
26-30
20
28%
3
8%
31-35
5
7%
9
24%
36-40
11
15%
6
16%
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11%
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41-45
7
10%
3
8%
45-50
0
0%
1
3%
TOTAL
71
100%
37
100%
Il n’existe pas de différence significative (p = 0.12)
 Répartition de l’histologiedes môles en fonction du taux initial de βHCG
Les môles complètes sont plus fréquemment retrouvéesen cas d’évolution favorable (28%)
pour les taux de βHCG de 1000 à 10 000 UI/L, tandis que les môles partielles sont fréquentes
pour les taux de βHCG de 100 à 1000 UI/L (30%) (Tableau 2)
Tableau 2 : Répartition de l’histologie des môles en fonction du taux initial de βHCG
Môle
Pourcentage
Môle
Pourcentage
Taux initial
complète
partielle
βHCG UI/L
<5
12
17%
6
16%
5-100
10
14%
9
24%
100-1000
17
24%
11
30%
1000-10000
20
28%
5
14%
10 000-100 000
11
15%
4
11%
>100 000
1
1%
2
5%
Total
71
100%
37
100%
Il n’y a pas de différence significative (p = 0.09)
La moyenne des taux initiaux moyens de βHCG pour les môles complètes est de 8015.17
UI/L contre 17467.8 UI/L pour les môles partielles.
 Evolution des môles au sein de la population d’étude
78 % des môles partielles et la moitié môles complètes (59%) ont évoluées favorablement par
rémission spontanée (RS).
41% des môles complètes et 22% des môles partielles ont évoluées sous une forme de tumeur
maligne (néoplasie trophoblastique gestationnelle NTG) (Figure 8)
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90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
78%
59%
Môle complète
41%
Môle partielle
22%
NTG
RS
Figure 8 : Evolution des môles au sein de la population d’étude
 Evolution des môles selon la classe d’âge
Les môles complètesont évolué favorablement chez les femmes de15-20 ans (53%), les môles
partielles ont évolué f favorablement chez les femmes de 31-35 ans (57%).
L’évolution défavorable des môles complètesa été observée chez les femmes de 41-45 ans
(40%) et 26-30 ans (39%). Par contre les môles partielles ont évolué défavorablementchez les
femmes de 21-25 ans et 36-40 ans (12%) (Tableau 3).
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Tableau 3 : Evolution des môles selon la classe d’âge
Môle Complète
Classe
d’âge
15-20 ans
Effectif
Môle Partielle
17
Pourcentage
RS
53% (9)
Pourcentage
NTG
24% (4)
Pourcentage
RS
18% (3)
Pourcentage
NTG
6% (1)
21-25 ans
26
27% (7)
31% (8)
31% (8)
12% (3)
26-30 ans
23
48% (11)
39% (9)
9% (2)
4% (1)
31-35 ans
14
29% (4)
7% (1)
57% (8)
7% (1)
36-40 ans
17
47% (8)
18% (3)
24% (4)
12% (2)
41-45 ans
10
30% (3)
40% (4)
30% (3)
45-50 ans
1
TOTAL
108
100% (1)
39% (42)
27% (29)
27% (29)
7% (8)
Il n’y a pas de différence significative dans les évolutions favorables des môles selon l’âge (p
= 0.32). Mais, il existe une différence significative dans les évolutions défavorables des môles
(p = 0.04)
 Evolution des môles selon le taux initial de βHCG
L’évolution favorabledes môles complètes a été observée dans 61% des cas pour un taux
initial de βHCG < 5 UI/L contre un taux initial de βHCG entre 5 et 100 UI/L dans 47% de
môles partielles
L’évolution défavorable se traduit quel que soit le type de môle par des taux initiaux de
βHCG très élevés dans 67% des cas : entre 10 000 et 100 000 UI/L pour les môles complètes
et supérieur à 100 000 UI/L pour les môles partielles (Tableau 4)
Tableau 4: Evolution des môles selon le taux initial de βHCG
Môle Complète
Taux initial de
βHCG UI/L
<5
18
Pourcentage
RS
61% (11)
Pourcentage
NTG
56% (1)
Pourcentage
RS
33% (6)
Pourcentage
NTG
-
5-100
19
53% (10)
-
47% (9)
-
100-1000
28
46% (13)
14% (4)
29% (8)
11% (3)
1000-10000
25
28% (7)
52% (13)
16% (4)
4% (1)
10 000-100 000
15
-
67% (10)
20% (3)
13% (2)
>100 000
3
TOTAL
Effectif
Môle Partielle
108
33% (1)
38% (41)
27% (29)
67% (2)
28% (30)
7% (8)
Il n’y a pas de différence significative entre les évolutions favorables des môles en fonction
du taux de βHCG (p = 0.51), ni entre les évolutions défavorables (p = 0.15)
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RESULTATS DE L'ETUDE PARASITOLOGIQUE
 Etude de la prévalence parasitaire de la population d’étude
La prévalence des anticorps dirigés contre les antigènes GLURPR0 et AMA1 est plus
importante dans le groupe I d’évolution favorableque dans le groupe II d’évolution
défavorable(Figure 9)
14%
13%
12%
10%
10%
10%
8%
7%
Groupe I
6%
Groupe II
4%
2%
0%
anti-GLURPR0
anti-AMA1
Figure 9 : Prévalence anti-palustre de la population d’étude
 Etude de la prévalence parasitaireen fonction de l’âge
Le pic de production d’anticorps anti-AMA1 a été observé chez les femmes de 36-40 ans du
groupe I (Tableau 5)
Tableau 5 : Production d’anticorpsanti-GLURPR0 et anti -AMA1 en fonction de l’âge
Groupe I : Evolution favorable
Age
Effectif
15-20 ans
21-25 ans
26-30 ans
31-35 ans
36-40 ans
41-45 ans
46-50 ans
TOTAL
12
15
14
12
12
6
1
72
Pourcentage
anti-GLURPR0
17% (2)
14% (2)
17% (2)
8% (1)
17% (1)
11% (8)
Pourcentage
anti-AMA1
17% (2)
13% (2)
14% (2)
8% (1)
25% (3)
-)
14% (10)
Groupe II : Evolution défavorable
Effectif
5
11
9
2
5
4
0
36
Pourcentage
anti-GLURPR0
11% (1)
50% (1)
20% (1)
8% (3)
Pourcentage
anti-AMA1
9% (1)
11% (1)
6% (2)
Il n’existe pas de différence statistiquement significative entre les réponses anticorps antiGLURPR0 et les réponses anti-AMA1 quel que soit le groupe d’évolution (p = 0.61)
Il n’existe pas de différence significative entre les réponses anticorps anti-GLURPR0 des
deux groupes (p = 0.10) mais il existe une différence significative entre les réponses anticorps
anti-AMA1 (p = 0.03)
R S. Senghor et al /J. Sci. Vol. 16, N° 3 (Décembre 2016) 16-36
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 Etude de la prévalence parasitaireen fonction de la gestité
Les productions d’anticorps anti-GLURPR0 et anti-AMA1ont été plus fréquemment dans le
groupe I d’évolution favorable,chez les paucigestes (2G) et chez les multigestes (≥5G).
Les réponses anticorps ont été plus faibles dans le groupe II, un seul pic de réponse antiGLURPR0 a été observé chez les grandes multigestes (> 6G) (Tableau 6)
Tableau 6 : Production d’anticorps anti-GLURPR0 et anti-AMA1 en fonction de la gestité
Groupe I : Evolution favorable
13
Pourcentage
anti-GLURPR0
8% (1)
Pourcentage
anti-AMA1
8% (1)
2G
13
8% (1)
3G
9
4G
Groupe II : Evolution défavorable
8
Pourcentage
anti-GLURPR0
-
Pourcentage
anti-AMA1
13% (1)
23% (3)
7
-
-
-
-
3
-
-
10
10% (1)
10% (1)
3
-
-
5G
4
25% (1)
50% (2)
6
17% (1)
17% (1)
6G
11
18% (2)
9% (1)
1
-
-
>6G
12
17% (2)
17% (2)
8
25% (2)
-
TOTAL
72
11% (8)
14% (10)
36
8% (3)
6% (2)
Gestité
Effectif
1G
Effectif
En fonction la gestité, il n’existe pas de différence statistiquement significative entre les
réponses anticorps anti-GLURPR0 et les réponses anti-AMA1 quel que soit le groupe
d’évolution (p = 0.54 pour le groupe I ; p = 0.69 pour le groupe II). Il n’existe pas non plus de
différence significative entre les différentes réponses anti-GLURPR0 (p = 0.10).
Toutefois, il existe une différence significative entre les différentes réponses anticorps antiAMA1 en fonction de la gestité (p = 0.02)
 Etude de la prévalence parasitaireen fonction des taux de βHCG
Dans le groupe I d’évolution favorable, les réponses anticorps, anti-GLURPR0 et anti-AMA1,
ont étéobservéespour les taux de βHCG ≤5 à 1000 UI/L.
Dans le groupe II d’évolution défavorable, les réponsesanticorps sont plus dispersées : elles
ont étéobservées pour les taux de βHCG ≤ 5UI/Let pour des taux plus élevés ≥ 1000 UI/L
(Tableau 7)
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Tableau 7 : Réponse anticorps anti-GLURPR0 et anti-AMA1 en fonction des taux de βHCG
Groupe I : Evolution favorable
Taux de βHCG
UI/L
Effectif
<5
149
Pourcentage
anti-GLURPR0
9% (13)
Pourcentage
anti-AMA1
14% (21)
5-100
26
19% (5)
100-1000
23
1000-10000
Groupe II : Evolution défavorable
63
Pourcentage
anti-GLURPR0
6% (4)
Pourcentage
anti-AMA1
13% (8)
12% (3)
15
-
-
9% (2)
13% (3)
9
-
-
12
-
-
23
9% (2)
13% (3)
10 000-100 000
3
-
-
15
20% (3)
-
>100 000
0
-
-
6
-
33% (2)
TOTAL
213
9% (20)
13% (27)
131
7% (9)
10% (13)
Effectif
En fonction du taux de βHCG,il n’existe pas de différence statistiquement significative entre
les réponses anticorps anti-GLURPR0 et les réponses anti-AMA1 quel que soit le groupe
d’évolution (p = 0.77 pour le groupe I ; p = 0.66 pour le groupe II)
Par ailleurs, il n’existe pas de différence significative entre les différentes réponses antiGLURPR0 (p = 0.43), ni entre les différentes productions d’anticorps anti-AMA1 (p = 0.53)
 Etude de la prévalence parasitaireen fonction de l’histologie des môles
Les réponses anticorps anti-GLURPR0 et anti-AMA1 ont été plus observées au niveau des
môles complètes quel que soit le groupe d’évolution. La production anticorps anti-AMA1 est
majoritaire avec 44% pour le groupe I(Tableau 8)
Tableau 8 : Réponses anticorpsselon l’histologie des môles
Groupe I : Evolution favorable
Histologie
des môles
Effectif
Pourcentage
Pourcentage
anti-GLURPR0 anti-AMA1
Môle
complète
43
28% (12)
Môle
partielle
29
28% (8)
Groupe II : Evolution défavorable
Effectif
Pourcentage
anti-GLURPR0
Pourcentage
anti-AMA1
44% (19)
28
29% (8)
36% (10)
28% (8)
8
13% (1)
38% (3)
Il existe une différence statistiquement significative entre les réponses anticorps antiGLURPR0 et anti-AMA1 au niveau des môles complètes (p = 0.001 pour le groupe I ; p =
0.02 pour le groupe II). Cependant, il n’y a pas de différence statistiquement significative
entre les réponses au niveau des môles partielles(p = 0.65 pour le groupe I ; p = 0.08 pour le
groupe II)
 Etude de la prévalence parasitaireen fonction de l’évolution des môles
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Les réponses anticorps ont été plus observéesau niveau des môles complètes évoluant par
rémission spontanée dans le groupe I,avec respectivement 17% d’anti-AMA1 et 12%.d’antiGLURPR0(Tableau 9)
Tableau 9 : Réponse anticorps en fonction de l’évolution des môles
Môle complète
Môle partielle
Evolution des
môles
Effectif
Pourcentage
anti-GLURPR0
Pourcentage
anti-AMA1
Effectif
Pourcentage
anti-GLURPR0
Pourcentage
anti-AMA1
Rémission (RS)
spontanée
42
12% (5)
17% (7)
29
7% (2)
7% (2)
Tumeur (NTG)
gestationnelle
29
10% (3)
3% (1)
8
-
13% (1)
Quel que soit l’évolution des môles complètes, il existe une différence statistiquement
significative entre les réponses anticorps anti-GLURPR0 et anti-AMA1 (p = 0.0009 en
rémission spontanée ; p = 0.03 en tumeur).
Cependant,quel que soit l’évolution des môles partielles, il n’y a pas de différence
statistiquement significative entre les réponses (p = 0.65 en rémission spontanée ; p = 0.08
en tumeur)
DISCUSSION
L’évolution de la population est en générale favorable.Toutes les tranches d’âge ont été
représentées, de 15 à 50 ans. L’âge moyen de survenue de grossesse môlaire était de 29.4 ans
avec deux pics entre 21-25 ans et 26-30 ans. Nos résultats sont comparables à ceux de
TOURE au Sénégalet KONE au Mali [13, 14]. Près des deux tiers des patientes appartenaient
à la tranche d’âge 15-35 ans. Aucune différence statistiquement significative n’a été observée
en fonction de l’évolution (p = 0,05)
La gestité moyenne de la population d’étude est de 4,05. Comparables aux résultats de
TOURE [13]. Deux pics ont été observés pour les primigestes et les grandes multigestes (≥ 6
gestes) quelle que soit l’évolution.La parité moyenne de la population d’étude est de 2.6
(2.7 pour le groupe I et 2,4 pour groupe II). Les nullipares et primipares sont les plus
représentées. Il existe une différence significative entre les deux groupes en fonction de la
gestité (p=0,007), mais il n’y a pas de différence significative concernant la parité (p = 0.08).
Lors des grossesses molaires, des taux moyens d’HCG étaient élevés 11253,7 UI/L), variant
entre des valeurs supérieures à 1000UI/L à plus de 200 000UI/L dans la période qui suit
immédiatement l’avortement môlaire. Pour une minorité, présentant une môle non secrétante,
la concentration en HCG était basse, ne dépassant pas les taux physiologiques des femmes
non enceintes. Dans le groupe d’évolution défavorable, les taux initiaux moyens étaient trois
fois plus élevés qu’en cas d’évolution favorable et concernaient une population plus âgée 3640 ans contre 21-25 ans avec des pics décalés pour les faibles gestités 1G au lieu de 3G.
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Le délai moyen, entre l’avortement molaire et le suivi, est de 68.17 jours avec un pic pour les
délais inférieurs à 30 jours en cas d’évolution favorable, passant d’une valeur supérieure à
6000UI/L à une valeur supérieure à 18000 UI/L. Alors que les taux moyens de βHCG
atteignent des taux moyens proches de la normale dans les 4 mois qui suivent l’avortement
molaire dans le cas d’une évolution favorables, l’évolution défavorable se caractérise par des
taux qui sont multipliés par 3 dans le même intervalle de temps. Il existe une différence
significative concernant le délai entre l’aspiration de la môle et le dosage initial de la βHCG
(p = 0.01)
Du point de vue histologique, la môle hydatiforme complète est la pathologie trophoblastique
la plus fréquente (66% des cas) ; elle s’observe chez des femmes jeunes de la tranche 15-30
ans et le risque augmente nettement avec l’âge avec un pic dans la classe d’âge 26-30 ans
(28%). C’est la forme la plus fréquemment retrouvée en cas d’évolution favorable pour la
classe d’âge 15-20 ans (53%). En cas d’évolution défavorable, elle apparait chez les femmes
de 41-45 ans (40%) et 26-30 ans (39%) contre 12% des cas de môles partielles chez les
femmes de 21-25 ans et 36-40 ans [15]. La môle complète apparaît relativement peu
secrétante avec des taux initiaux moyens de βHCG de 8015.17 UI/L contre des taux moyens
de βHCG de 17467.8 UI/L pour les môles partielles. L’évolution favorable des môles
complètes a été observée dans 61% des cas pour un taux initial de βHCG < 5 UI/L contre 5 à
100 UI/L dans 47% de cas de môles partielles. L’évolution défavorable se traduit dans 67%
des cas, quel que soit le type de môle, par des taux initiaux de βHCG très élevés : de 10 000 à
100 000 UI/L pour les môles complètes et supérieur à 100 000 UI/L pour les môles
partielles.
Au Sénégal l'épidémiologie du paludisme a fait l'objet de plusieurs travaux : niveau et
modalités de la transmission, niveau de l'endémicité, morbidité et stratégie de lutte [16]. Le
paludisme revêt un caractère endémique sur l’ensemble du pays bien que le niveau et
l’intensité de la transmission varie d’une zone écologique à l’autre : ainsi les zones nord et
centre où les taux de prévalence sont les plus faibles correspondent aux zones de plus faible
transmission vectorielle [6]. C'est en zone Sud soudanienne qu'on note les plus forts taux
d'inoculations entomologiques et le taux de prévalence y est plus élevé. Les indicateurs
immuno-épidémiologiques ont l’avantage de repérer les infections passées (effet cumulatif)
au niveau individuel, d’être sensibles (détection d’anticorps anti-Plasmodium chez un
individu négatif pour les méthodes parasitologiques) [12]. Cette mémoire de la réponse
anticorps aux infections passées permet d’être moins sensible aux fluctuations saisonnières et
même journalières de l’exposition au paludisme que des paramètres directs comme l’EIR ou
les données de prévalences parasitaires. La sérologie est, dans ce contexte, un outil d’intérêt
majeur, et en particulier le seul permettant d’identifier des infections antérieures [12].
L’acquisition d’une immunité semi protectrice contre le paludisme est lente. Cependant, il
faut une exposition continue et répétée au parasite pour son installation. La variabilité
génétique de l’hôte et du Plasmodium rend instable cette immunité [17].
En ce qui concerne la réponse humorale, nos résultats sont en faveur d’une immunité
relativement faible pour l’ensemble de la population étudiée. Toutefois, la production
d’anticorps contre l’antigène palustre AMA-1 (Apical Membrane Antigen-1) est supérieure à
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Page 32
celle contre l’antigène GLURPR0 (Glutamate Rich Protein). La protéine dispose d’enzymes
protéolytiques etjoue un rôle clé dans le phénomène d’adhérence des érythrocytes parasités
[18]. La protéine GLURPR fait partie d’un complexe antigénique retrouvé à la surface du
mérozoïte et qui joue un rôle dans les dernières étapes du bourgeonnement du mérozoïte et la
dégradation de la membrane érythrocytaire
Nos résultats sont concordants avec les études séro-épidémiologiques conduites en Afrique de
l’Ouest et au Kenya qui ont démontré que la réponse anticorps naturelle contre l’antigène
palustre AMA-1 est très largement distribuée avec une forte fréquence [18]. Les réponses
humorales et cellulaires contre AMA-1 augmentent avec l’age dans les populations
continuellement exposées au paludisme [19]. En effet nos résultats ont montré une
augmentation des réponses anti-AMA1 passant en moyenne de 15% chez les femmes de 1530 ans à 25% chez les femmes de 36-40 ans. La production d’anticorps anti-GLURPR0 est
plus retrouvée chez les femmes de 31-35 ans. Il n’existe pas de différence significative entre
les réponses anticorps anti-GLURPR0 des deux groupes en fonction de l’âge (p = 0.10).
Cependant, il existe une différence significative entre les réponses anticorps anti-AMA1 (p =
0.03).
Au cours de la grossesse, l’immunité diminue physiologiquement pour empêcher le rejet du
produit de conception qui est considéré comme une greffe par l’organisme [20]. De plus, le
taux d’infestation du placenta est toujours supérieur à celui du sang. En effet, la grossesse,
véritable « stress » immunologique, provoque une chute de l’immunité anti-palustre.
Plasmodium est souvent retrouvé dans le placenta, alors que les examens de sang restent
négatifs [24]. Cette baisse d’immunité facilite le développement d’infections notamment le
paludisme [10]. Les taux d’immunoglobulines A (IgA) et surtout G (IgG) sont
significativement réduits, or les anticorps antispasmodiques appartiennent principalement à la
classe des IgG, ce qui explique la plus grande susceptibilité de la femme enceinte à l’infection
palustre [23, 25]. En accord avec les données de la littérature attestant le fait que le risque de
développer un paludisme est plus important chez les femmes primipares comparativement aux
multipares [22], Nous avons observé que les patientes avec une gestité supérieure ou égale à 5
avaient les taux plus élevés d’anticorps anti-GLURPR0 et anti-AMA1. Les productions
d’anticorps anti-GLURPR0 ont été observées chez les multigestes (5G) du groupe I et chez
les grandes multigestes (> 6G) du groupe II. La production d’anticorps anti-AMA1 a été plus
observée au niveau du groupe I chez les multigestes (5G). En effet, lors de la première
grossesse, l’infection produit une stimulation antigénique suffisante pour induire une
protection significative par une réponse immunitaire locale contre le paludisme, entrainant
une diminution de la parasitémie lors des grossesses suivantes [24]. Cette immunité
protectrice est liée à la production d’immunoglobulines G (IgG) spécifiques d’antigènes
parasitaires qui sont les antigènes variant de surface (AVS) exprimés à la surface des
hématies. Une femme primipare qui n’est pas immunisée contre ces nouveaux variants
parasitaires sera très sensible au développement d’un paludisme délétère pour la grossesse et
le développement du fœtus [10]. Par contre, les anticorps anti-chondroïtine sulfate produits
lors de cette première grossesse constitueront une protection relative contre le paludisme qui
se renforcera avec les grossesses ultérieures [26]. Il n’existe pas de différence significative
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Page 33
entre les réponses anticorps anti-GLURPR0 en fonction de la gestité (p = 0.10) maisil existe
une différence significative entre les réponses anticorps anti-AMA1 (p = 0.02).
Nos résultats ont montré que les productions d’anticorps anti-GLURPR0 et anti-AMA1
variaient en fonction des taux de βHCG suivant le groupe d’évolution. Dans le groupe I,
d’évolution favorable, les réponses anticorps anti-GLURPR0 et anti-AMA1 s’observaient
pour des taux de βHCG inférieurs à 5 UI/L et de 5 à1000 UI/L alors que dans le groupe II
d’évolution défavorable, elles étaient surtout observées pour des taux de βHCGinférieurs à 5
UI/L).
Du point de vue histologique, les réponses anticorps anti-GLURPR0 et anti-AMA1 ont été
plus observées au niveau des môles complètes quel que soit le groupe d’évolution. Toutefois,
la production d’anticorps anti-AMA1 a plus importante avec 44% des cas dans le groupe
d’évolution favorable. Nos résultats sont toujours conformes avec les études séroépidémiologiques conduites en Afrique de l’Ouest et au Kenya qui ont démontré une plus
grande distribution de l’antigène palustre AMA-1 [18]. Il existe une différence statistiquement
significative entre les réponses anticorps anti-GLURPR0 et anti-AMA1 au niveau des môles
complètes (p = 0.001 pour le groupe I ; p = 0.02 pour le groupe II). Cependant, il n’y a pas de
différence statistiquement significative entre les réponses au niveau des môles partielles (p =
0.65 pour le groupe I ; p = 0.08 pour le groupe II)
Du point de vue évolution des môles, les réponses anticorps anti-AMA1 et anti-GLURPR0
ont étéégalement plusobservéesau niveau des môles complètes du groupe I d’évolution
favorable. Quel que soit l’évolution de la môle complète, par rémission spontanée ou par
transformation maligne, il existe une différence statistiquement significative entre les
réponses anticorps anti-GLURPR0 et anti-AMA1 (p = 0.0009 en RS ; p = 0.03 en NTG).
Cependant, quel que soit l’évolution des môles partielles, il n’y a pas de différence
statistiquement significative entre les réponses anticorps (p = 0.65 en RS ; p = 0.08 NTG)
CONCLUSION
Une grossesse môlaire se caractérise par un développement pathologique du placenta au début
de la grossesse. Le paludisme pendant la grossesse se caractérise par la séquestration des
érythrocytes infectés par Plasmodium falciparum dans les espaces intervilleux placentaires,
l’utérus et le placenta forment une nouvelle localisation pour les parasites, induisant une
réponse locale, apportant une certaine protection contre les infestations ultérieures..
Les résultats obtenus, ont montré que les réponses anticorps anti-GLURPR0 et anti-AMA1
étaient plus fréquentesen évolution favorable, chez des femmes âgées de 36-40 ans, des
femmes avec une gestité supérieure ou égale à 5G ou présentant unemôle hydatiforme
complète. De plus, il n’existe pas de différence statistiquement significative entre les taux
d’HCG et la production d’anticorps anti-GLURPR0 et anti-AMA1 quel que soit l’évolution
de la maladie trophoblastique gestationnelle.
Contrairement aux autres associations, telle que celle VIH-Paludisme, l’association grossesse
môlaire-paludisme, ne constitue pas un facteur aggravant.
RECHERCHE BIBIOGRAHIQUE
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