Le système français des classes préparatoires aux grandes
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Le système français des classes préparatoires aux grandes
10.03-202/CLAS.PREPA/DEBUT U N S 9/11/04 15:21 Page 7 Y S T È M U N I Q U E E e système français des classes préparatoires aux grandes écoles (dites CPGE) est unique au monde. Comme leur nom l’indique, ces classes sont destinées à préparer les élèves aux concours d’entrée des grandes écoles. Les classes littéraires conduisent principalement aux écoles normales supérieures, à l’École des chartes ainsi qu’aux instituts d’études politiques, les classes économiques et commerciales aux écoles supérieures de commerce et gestion, et les classes scientifiques, aux écoles d’ingénieurs, aux Écoles normales supérieures et aux écoles vétérinaires. L Si elles préparent principalement aux concours des grandes écoles, les classes préparatoires sont également de plus en plus considérées par les professeurs et les élèves comme un tremplin formateur et intermédiaire vers l’université afin d’arriver avec un excellent niveau, de bonnes méthodes de travail et un esprit adapté aux concours de l’enseignement ou de l’administration. Les élèves ont deux ans pour mûrir leur projet professionnel, tout en acquérant une culture générale, scientifique ou littéraire qu’ils pourront utiliser par la suite durant leurs études et leur vie professionnelle. LES SCIENTIFIQUES, MAJORITAIRES EN PRÉPAS 72 015 élèves étaient inscrits en classes préparatoires à la rentrée 2002 sur plus de deux millions d’étudiants au total inscrits dans l’enseignement supérieur. Après trois années de baisse, l’ensemble des effectifs a recommencé à augmenter depuis l’année 2000-2001, principalement dans les classes économiques et commerciales. 7 10.03-202/CLAS.PREPA/DEBUT 9/11/04 15:21 Page 8 Les effectifs des classes scientifiques sont les plus importants avec 45 051 élèves. Plus de six étudiants sur dix en classes préparatoires sont en filière scientifique. Les effectifs des classes préparatoires économiques et commerciales (16 376 étudiants) progressent légèrement. Enfin, les classes littéraires, qui rassemblent 10 588 élèves, continuent d’attirer de plus en plus d’élèves puisqu’elles enregistrent encore cette année des inscriptions supplémentaires. Les CPGE se féminisent progressivement. Les filles représentent plus de 40 % des effectifs totaux, contre 30 % il y a dix ans, mais avec de grandes différences suivant les filières : si les classes scientifiques comptent moins d’un tiers de filles (28 %), elles représentent plus de la moitié des effectifs des classes économiques et commerciales (56 %) et les trois quarts des élèves des classes littéraires. Enfin, les bacheliers d’Île-deFrance sont nettement plus souvent orientés (trois sur dix) en classe préparatoire que les provinciaux. ÉLARGIR LE RECRUTEMENT DES CLASSES PRÉPAS L’inscription dans les CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) ne concerne donc qu’un nombre limité d’élèves : ils représentent moins de 5 % du total des inscrits dans l’enseignement supérieur et 20 fois moins d’élèves qu’à l’université (où sont inscrits 1,4 million d’étudiants). 1995, première réforme Pourtant, une réforme avait déjà cherché, en 1995, à attirer davantage d’élèves en classes prépas. Elle visait, d’une part, une meilleure adaptation des filières économiques et commerciales aux besoins des écoles et des entreprises, d’autre part, la diversification des parcours conduisant aux filières d’excellence. Pour cela, plusieurs mesures avaient été prises : réorganisation 8 10.03-202/CLAS.PREPA/DEBUT 9/11/04 15:21 Page 9 des deux premières années de DIVERSIFICATION classes scientifiques, création d’une DES PARCOURS nouvelle filière dite « physique et Si les bacheliers généraux restent majoritaires sciences de l’ingénieur » (PSI), en classes prépas, mise en place des TIPE (travaux les bacheliers technologiques d’initiative personnelle encadrés) peuvent aussi désormais afin de susciter l’initiative, le travail accéder à des filières de synthèse et l’autonomie des spécifiques et donc passer les concours des grandes élèves en travail personnel ou en écoles qui leur réservent petit groupe pour inculquer des places. davantage l’esprit de groupe, indispensable par la suite dans la vie en entreprise. De leur côté, les classes préparatoires économiques étaient passées à deux ans afin de permettre à l’étudiant de première année de travailler plus librement sans l’obsession à court terme du concours. Enfin, des classes dite « de proximité », moins sélectives, avaient été ouvertes à côté des établissements les plus cotés. Rentrée 2003 : une nouvelle procédure d’admission On a ainsi pu noter, depuis, une diversification des filières mais aussi des profils avec une ouverture de plus en plus grande des concours aux profils plus technologiques que généralistes Pourtant, sept ans après la réforme, les bacheliers généraux (95 %) et les enfants de familles favorisées restent largement majoritaires dans les classes prépas : 55 % des inscrits en CPGE ont des parents cadres, chefs d’entreprise et exerçant une profession libérale, 28 % ont au moins un parent enseignant, tandis que moins de 20 % des élèves ont des parents ouvriers, inactifs ou employés, selon une étude du ministère de l’Éducation nationale parue en juin 2001. La procédure d’admission aux classes préparatoires mise en place depuis la rentrée 2003 a marqué une nouvelle étape : informatisée, permettant de formuler 12 vœux au lieu de trois, la procédure augmente les chances d’admission des élèves. Les établissements qui n’ont pas fait le plein peuvent ainsi « repêcher » des élèves sans affectation. 9 P R AT I Q U E 10.03-202/CLAS.PREPA/DEBUT 9/11/04 15:21 Page 10 LE PETIT LEXIQUE DE LA CLASSE PRÉPARATOIRE Agro : classe ou élève de BCPST. Bizuth : élève de première année d’une classe préparatoire. Carré : élève de deuxième année (première année de khâgne, deuxième année de classe préparatoire commerciale). Colle ou kholle : interrogation orale hebdomadaire d’environ une heure avec un professeur faite généralement au tableau portant sur une ou plusieurs matières. Cornichons : surnoms des Saint-Cyriens. Corpsard : polytechnicien qui sert les grands corps techniques de l’État. CPGE : classe préparatoire aux grandes écoles. Cube : redoublant des classes préparatoires littéraires ou économiques et commerciales. Épice : surnom des classes préparatoires économiques et commerciales. Épicier : surnom des élèves de ces classes. Gadzart : surnom des élèves de l’ENSAM (école nationale des arts et métiers). Hypokhâgne : première année des classes préparatoires littéraires (dite lettre sup). Hypotaupe : première année des classes préparatoires scientifiques. Khâgne : deuxième année des classes préparatoires littéraires (dite première supérieure). Major : premier dans une discipline. Minor : dernier dans une discipline. Piston : surnom des centraliens. Taupin ou taupe : élève ou école des classes prépas scientifiques. 3/2: se dit des élèves pour la première fois en deuxième année, les 5/2 étant les redoublants. Turnes, thurnes : salles de classe. 10 10.03-202/CLAS.PREPA/DEBUT 9/11/04 15:21 Page 11 ÊTES-VOUS FAIT POUR LA PRÉPA ? Prestigieuses, les CPGE ne font pourtant pas l’unanimité. Beaucoup accusent ce système jugé sélectif, voire élitiste, de reproduire les inégalités sociales, d’autant plus que l’État dépense plus pour ces élèves que pour les étudiants des universités (11000 € par étudiant et par an pour les premiers, contre 5000 € pour les seconds). À S AV O I R Les critiques n’épargnent pas non plus le contenu même de la formation. Le revers du système pour certains est la performance, l’assimilation rapide, le fameux « bachotage » au détriment de la LES PLUS, LES MOINS DES CLASSES PRÉPARATOIRES Les plus • Durant deux années, vous allez bénéficier d’un enseignement d’excellence de premier cycle d’enseignement supérieur. • Vos chances de réussite sont bien plus élevées qu’à la fac : en prépa, la sélection se fait à l’entrée, le rythme de travail est intense, mais vous êtes très suivi. Ensuite vous avez plus de huit chances sur dix d’intégrer une école si vous avez choisi les filières scientifique ou économique et commerciale. • Ces filières permettent d’acquérir des méthodes de travail et des connaissances qui serviront par la suite, notamment pour ceux qui se réorientent vers l’université où ils poursuivront facilement et brillamment leur cursus. Les moins • Vous allez être soumis à un rythme de travail et à un stress intense pour parfois ne pas aboutir au résultat attendu (moins de 5 % d’intégrés en ENS à l’issue des prépas littéraires). 11 10.03-202/CLAS.PREPA/DEBUT 9/11/04 15:21 Page 12 maturité, du développement du sens critique et du sens de l’initiative pourtant nécessaires à l’exercice de futures responsabilités professionnelles. Aussi, avant de vous lancer dans l’aventure qui demande un grand investissement personnel, définissez si votre profil correspond à celui d’un élève de classe préparatoire, dressez votre projet professionnel afin de déterminer les écoles visées. Ensuite, dressez une liste de classes préparatoires qui vous permettront de vous préparer au concours d’entrée des écoles. Un guide pour vous aider à choisir votre prépa La première partie de cet ouvrage vous permettra ainsi de définir en fonction de votre baccalauréat et de vos souhaits de carrière la filière voulue; la deuxième partie vous donnera tous les conseils pour réussir au mieux votre formation, de l’admission en classe préparatoire à l’entrée aux concours d’admission des grandes écoles. En troisième et dernière partie, nous vous proposons un palmarès des établissements et de l’évolution de leur classement ces dernières années. De quoi vous guider dans votre choix en fonction des écoles visées et de votre niveau scolaire. 12