Le système français des classes préparatoires aux grandes

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Le système français des classes préparatoires aux grandes
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écoles (dites CPGE) est unique au monde. Comme leur
nom l’indique, ces classes sont destinées à préparer les élèves
aux concours d’entrée des grandes écoles. Les classes littéraires conduisent principalement aux écoles normales supérieures, à l’École des chartes ainsi qu’aux instituts d’études politiques, les classes économiques et commerciales aux écoles
supérieures de commerce et gestion, et les classes scientifiques, aux écoles d’ingénieurs, aux Écoles normales supérieures et aux écoles vétérinaires.
L
Si elles préparent principalement aux concours des grandes
écoles, les classes préparatoires sont également de plus en plus
considérées par les professeurs et les élèves comme un tremplin
formateur et intermédiaire vers l’université afin d’arriver avec
un excellent niveau, de bonnes méthodes de travail et un esprit
adapté aux concours de l’enseignement ou de l’administration.
Les élèves ont deux ans pour mûrir leur projet professionnel,
tout en acquérant une culture générale, scientifique ou littéraire
qu’ils pourront utiliser par la suite durant leurs études et leur vie
professionnelle.
LES SCIENTIFIQUES, MAJORITAIRES
EN PRÉPAS
72 015 élèves étaient inscrits en classes préparatoires à la rentrée 2002 sur plus de deux millions d’étudiants au total inscrits
dans l’enseignement supérieur. Après trois années de baisse,
l’ensemble des effectifs a recommencé à augmenter depuis
l’année 2000-2001, principalement dans les classes économiques et commerciales.
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Les effectifs des classes scientifiques sont les plus importants
avec 45 051 élèves. Plus de six étudiants sur dix en classes préparatoires sont en filière scientifique. Les effectifs des classes préparatoires économiques et commerciales (16 376 étudiants)
progressent légèrement. Enfin, les classes littéraires, qui rassemblent 10 588 élèves, continuent d’attirer de plus en plus
d’élèves puisqu’elles enregistrent encore cette année des inscriptions supplémentaires.
Les CPGE se féminisent progressivement. Les filles
représentent plus de 40 % des effectifs totaux, contre 30 % il y a
dix ans, mais avec de grandes différences suivant les filières : si
les classes scientifiques comptent moins d’un tiers de filles
(28 %), elles représentent plus de la moitié des effectifs des
classes économiques et commerciales (56 %) et les trois quarts
des élèves des classes littéraires. Enfin, les bacheliers d’Île-deFrance sont nettement plus souvent orientés (trois sur dix) en
classe préparatoire que les provinciaux.
ÉLARGIR LE RECRUTEMENT
DES CLASSES PRÉPAS
L’inscription dans les CPGE (classes préparatoires aux grandes
écoles) ne concerne donc qu’un nombre limité d’élèves : ils
représentent moins de 5 % du total des inscrits dans l’enseignement supérieur et 20 fois moins d’élèves qu’à l’université (où
sont inscrits 1,4 million d’étudiants).
1995, première réforme
Pourtant, une réforme avait déjà cherché, en 1995, à attirer
davantage d’élèves en classes prépas. Elle visait, d’une part, une
meilleure adaptation des filières économiques et commerciales
aux besoins des écoles et des entreprises, d’autre part, la diversification des parcours conduisant aux filières d’excellence.
Pour cela, plusieurs mesures avaient été prises : réorganisation
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des deux premières années de
DIVERSIFICATION
classes scientifiques, création d’une
DES PARCOURS
nouvelle filière dite « physique et Si les bacheliers généraux
restent majoritaires
sciences de l’ingénieur » (PSI),
en classes prépas,
mise en place des TIPE (travaux
les bacheliers technologiques
d’initiative personnelle encadrés)
peuvent aussi désormais
afin de susciter l’initiative, le travail
accéder à des filières
de synthèse et l’autonomie des spécifiques et donc passer
les concours des grandes
élèves en travail personnel ou en
écoles qui leur réservent
petit groupe pour inculquer
des places.
davantage l’esprit de groupe, indispensable par la suite dans la vie en entreprise. De leur côté, les
classes préparatoires économiques étaient passées à deux ans
afin de permettre à l’étudiant de première année de travailler
plus librement sans l’obsession à court terme du concours.
Enfin, des classes dite « de proximité », moins sélectives, avaient
été ouvertes à côté des établissements les plus cotés.
Rentrée 2003 : une nouvelle
procédure d’admission
On a ainsi pu noter, depuis, une diversification des filières mais
aussi des profils avec une ouverture de plus en plus grande des
concours aux profils plus technologiques que généralistes
Pourtant, sept ans après la réforme, les bacheliers généraux
(95 %) et les enfants de familles favorisées restent largement
majoritaires dans les classes prépas : 55 % des inscrits en CPGE
ont des parents cadres, chefs d’entreprise et exerçant une profession libérale, 28 % ont au moins un parent enseignant, tandis que
moins de 20 % des élèves ont des parents ouvriers, inactifs ou
employés, selon une étude du ministère de l’Éducation nationale
parue en juin 2001. La procédure d’admission aux classes préparatoires mise en place depuis la rentrée 2003 a marqué une nouvelle étape : informatisée, permettant de formuler 12 vœux au
lieu de trois, la procédure augmente les chances d’admission des
élèves. Les établissements qui n’ont pas fait le plein peuvent ainsi
« repêcher » des élèves sans affectation.
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LE PETIT LEXIQUE DE LA CLASSE PRÉPARATOIRE
Agro : classe ou élève de BCPST.
Bizuth : élève de première année d’une
classe préparatoire.
Carré : élève de deuxième année (première année de khâgne, deuxième année de classe préparatoire commerciale).
Colle ou kholle : interrogation orale hebdomadaire d’environ une heure avec un professeur faite généralement au
tableau portant sur une ou plusieurs matières.
Cornichons : surnoms des Saint-Cyriens.
Corpsard : polytechnicien qui sert les grands corps techniques de l’État.
CPGE : classe préparatoire aux grandes écoles.
Cube : redoublant des classes préparatoires littéraires ou
économiques et commerciales.
Épice : surnom des classes préparatoires économiques et
commerciales. Épicier : surnom des élèves de ces classes.
Gadzart : surnom des élèves de l’ENSAM (école nationale
des arts et métiers).
Hypokhâgne : première année des classes préparatoires
littéraires (dite lettre sup).
Hypotaupe : première année des classes préparatoires
scientifiques.
Khâgne : deuxième année des classes préparatoires littéraires (dite première supérieure).
Major : premier dans une discipline.
Minor : dernier dans une discipline.
Piston : surnom des centraliens.
Taupin ou taupe : élève ou école des classes prépas
scientifiques.
3/2: se dit des élèves pour la première fois en deuxième
année, les 5/2 étant les redoublants.
Turnes, thurnes : salles de classe.
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ÊTES-VOUS FAIT POUR LA PRÉPA ?
Prestigieuses, les CPGE ne font pourtant pas l’unanimité.
Beaucoup accusent ce système jugé sélectif, voire élitiste, de
reproduire les inégalités sociales, d’autant plus que l’État
dépense plus pour ces élèves que pour les étudiants des universités (11000 € par étudiant et par an pour les premiers, contre
5000 € pour les seconds).
À S AV O I R
Les critiques n’épargnent pas non plus le contenu même de la formation. Le revers du système pour certains est la performance,
l’assimilation rapide, le fameux « bachotage » au détriment de la
LES PLUS, LES MOINS DES CLASSES
PRÉPARATOIRES
Les plus
• Durant deux années, vous allez bénéficier
d’un enseignement d’excellence de premier
cycle d’enseignement supérieur.
• Vos chances de réussite sont bien plus élevées qu’à la
fac : en prépa, la sélection se fait à l’entrée, le rythme de
travail est intense, mais vous êtes très suivi. Ensuite
vous avez plus de huit chances sur dix d’intégrer une
école si vous avez choisi les filières scientifique ou économique et commerciale.
• Ces filières permettent d’acquérir des méthodes de travail et des connaissances qui serviront par la suite, notamment pour ceux qui se réorientent vers l’université où ils
poursuivront facilement et brillamment leur cursus.
Les moins
• Vous allez être soumis à un rythme de travail
et à un stress intense pour parfois ne pas aboutir au résultat attendu (moins de 5 % d’intégrés en ENS à
l’issue des prépas littéraires).
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maturité, du développement du sens critique et du sens de l’initiative pourtant nécessaires à l’exercice de futures responsabilités professionnelles.
Aussi, avant de vous lancer dans l’aventure qui demande un
grand investissement personnel, définissez si votre profil correspond à celui d’un élève de classe préparatoire, dressez votre
projet professionnel afin de déterminer les écoles visées.
Ensuite, dressez une liste de classes préparatoires qui vous permettront de vous préparer au concours d’entrée des écoles.
Un guide pour vous aider à choisir
votre prépa
La première partie de cet ouvrage vous permettra ainsi de définir en fonction de votre baccalauréat et de vos souhaits de carrière la filière voulue; la deuxième partie vous donnera tous les
conseils pour réussir au mieux votre formation, de l’admission
en classe préparatoire à l’entrée aux concours d’admission des
grandes écoles. En troisième et dernière partie, nous vous proposons un palmarès des établissements et de l’évolution de leur
classement ces dernières années. De quoi vous guider dans votre
choix en fonction des écoles visées et de votre niveau scolaire.
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