Dans la nuit éternelle

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Dans la nuit éternelle
déjà parus du même auteur
dans la série krewe of hunters
Le manoir du mystère
La demeure maudite
Un tueur dans la nuit
La demeure des ténèbres
Un cri dans l’ombre
Dangereux faux-semblants
Mystère en eaux profondes
Les démons du passé
On ne réveille pas la mort
Quand veillent les ombres
dans la série bone island
L’île du mystère
L’île de la lune noire
Le secret de l’île maudite
dans la trilogie des frères flynn
L’héritage maudit
Les proies de l’ombre
L’île des ténèbres
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Dans la nuit éternelle
Collection : BEST-SELLERS
Titre original : THE NIGHT IS FOREVER
Publié par MIRA®
Traduction française de JULIE ALBIZZI
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ISBN 978-2-2803-4626-9 — ISSN 1248-511X
Je dédie ce livre à All Perry, d’une patience toujours
infinie face à nos moindres exigences !
En hommage aussi à Bryee-Annon Victoria Pozzessere,
ma fille, qui m’a fait découvrir les merveilles de Nashville
et du Tennessee et, aussi, une chose merveilleuse :
l’équithérapie !
Avec tout mon amour, ma chérie !
1
La réunion à laquelle Dustin Blake était convoqué se
tenait dans un café, la Taverne du général Bixby, juste en
bordure de la sortie sud de l’autoroute I-95, en Virginie
du Nord.
Dustin connaissait bien l’endroit. Il y avait souvent fait
halte quand il était enfant et que ses parents l’amenaient à
Washington, une ville qu’ils adoraient. Ils étaient historiens
tous les deux et, s’ils l’avaient pu, auraient volontiers logé
au sein même du Smithsonian Institute1. A l’époque, Dustin
croyait que les gérants du café avaient loué les services d’un
acteur pour jouer le rôle du général Bixby car, souvent,
Bixby était venu le voir pour lui raconter des histoires.
Dustin se rappelait encore son humiliation quand il s’était
rendu compte qu’aucun acteur ne jouait le rôle de Bixby,
et que ses parents étaient très préoccupés qu’il ait un ami
imaginaire. Il les avait d’autant plus perturbés qu’il leur
avait révélé des détails que seul le général, ou un expert
de la guerre de Sécession, aurait pu connaître.
Il avait même eu droit à un certain nombre de séances
chez un psychiatre.
Sagement, Dustin avait alors admis que le général
Bixby était le fruit de son imagination, un ami qu’il s’était
inventé. L’aveu avait beaucoup fait réfléchir ses parents et,
en fin de compte, il avait hérité d’une petite sœur, les deux
1. Grand institut de recherche américain qui gère de nombreux musées.
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universitaires craignant qu’un enfant unique ne se réfugie
dans un monde imaginaire du fait de sa solitude.
L’arrivée d’un autre enfant avait été une bonne chose,
d’ailleurs. Dustin adorait sa sœur.
Il sortit de l’autoroute pour emprunter le chemin qui ne
menait nulle part ailleurs qu’à la Taverne. Il gara son 4x4
noir sur le parking et resta quelques secondes immobile
au volant, à contempler le bâtiment.
La Taverne avait été construite à l’époque de la révolution
américaine. Elle s’appelait alors l’Auberge des voyageurs.
Ensuite, après la guerre de Sécession, on lui avait donné
le nom du vaillant général de l’Union — l’ami « imaginaire » du jeune Dustin — qui, de son vivant, avait bravé
le feu de l’artillerie lourde pour sauver des soldats, qu’ils
soient du Nord comme lui, ou « ennemis » confédérés du
Sud. Un jour, en effet, un incendie s’était déclaré pendant
une bataille. De nombreux chefs seraient restés à l’abri
du carnage, en haut de la colline, mais Bixby avait lancé
son cheval à travers les flammes. Après avoir arraché une
vingtaine d’hommes à la mort, il avait fini gravement blessé.
On l’avait amené à l’auberge, où il était mort en suppliant
ses concitoyens de surmonter enfin leurs différends et de
faire la paix. C’est ainsi que l’auberge était devenue la
Taverne du général Bixby.
Bixby avait été un personnage courageux, pétri d’humanité. Dustin était bien placé pour le savoir.
Il sortit de sa voiture et se dirigea vers la véranda de
bois qui entourait la bâtisse. Même après tant d’années, le
café restait isolé en pleine nature : la ville la plus proche
était Fredericksburg. L’hiver approchait. On le sentait à une
certaine fraîcheur de l’air que l’épaisse forêt avoisinante
rendait humide.
Dustin gravit les marches et entra. La pénombre, à
l’intérieur, le fit cligner des yeux. Il se demanda un court
instant si on n’avait pas choisi l’endroit exprès pour le
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désorienter quelques secondes durant et avoir ainsi le
temps de l’observer.
Quand son regard se fut accoutumé, il vit le général
Bixby assis au bar. Le vieillard lui fit un signe de tête et
indiqua du menton un groupe installé à l’autre bout de la
pièce, dans une alcôve.
Dustin répondit par un signe tout aussi discret, puis
se dirigea vers le groupe. Il vit David Caswell se mettre
debout. Il y avait deux autres hommes assis avec lui dans
l’alcôve. L’un avait les cheveux très noirs, des traits d’origine indienne. L’autre avait le teint clair et les cheveux
bruns. Ils se levèrent à leur tour pour saluer Dustin. Il vit
qu’ils étaient grands, musclés, vêtus de façon informelle.
Si c’étaient des agents du FBI, comme il le soupçonnait,
ils n’étaient pas en uniforme.
— Dustin ! s’écria David, l’air sincèrement ravi.
— Ça fait plaisir de te voir, dit Dustin en lui serrant
la main.
Il jeta un coup d’œil aux deux autres et attendit.
— Je te présente Jackson Crow et Malachi Gordon,
reprit David. Jackson, Malachi, voici l’agent spécial Dustin
Blake. Nous avons fait connaissance quand j’ai rejoint la
police de Savannah. Dustin était mon partenaire. C’est
l’un des meilleurs, doté de rares talents.
— Merci d’être venu, dit Jackson à Dustin.
Tout le monde se rassit. Les nouveaux venus dévisageaient Dustin. Il soutint leur regard.
Ainsi, le plus brun était donc le célèbre Jackson Crow…
— Cela vous plaît de travailler au FBI, monsieur Blake ?
demanda Crow.
— Ma foi, ça me va très bien, répondit Dustin.
C’était vrai. Il n’était pas sûr d’être enchanté du
rendez-vous, cela dit. Il avait longtemps rêvé d’entrer dans
l’une des « unités spéciales » de Crow mais, à présent, il
se sentait hésitant.
En fait, sans doute parce qu’il connaissait ses propres
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capacités — et, pour être franc, parce qu’il ne manquait
pas d’ambition —, il s’était attendu à une nomination intéressante en sortant de l’académie du FBI. Dans un sens, il
n’avait pas été déçu. On l’avait envoyé travailler avec quatre
agents qui enquêtaient sur une série de crimes violents
survenus dans les Etats voisins. Seulement, il n’avait pas
eu l’occasion de mettre son sixième sens à profit. Son unité
était « normale ».
— La coopération avec vos collègues vous plaît ?
insista Crow.
Posait‑il la question par simple politesse ?
— Oui, beaucoup, répondit‑il. Ils sont sympathiques,
compétents, très expérimentés. Je travaille en particulier
avec Grant Shelby, un gaillard qui mesure deux mètres,
pèse cent vingt kilos de muscles et raisonne à la vitesse
d’un ordinateur. Dans les situations délicates, il est vraiment
précieux. Notre collègue femme, Cindy Greenstreet, a
obtenu les meilleures notes de tous les stages depuis dix
ans. Il y a aussi Jerry Gunter, vous avez peut‑être entendu
parler de lui… Il était champion d’arts martiaux avant de
rejoindre l’académie. Lui aussi peut s’avérer précieux en
cas de danger ! Quant à moi, si vous m’avez fait venir, c’est
que vous savez déjà tout ce qui me concerne, j’imagine. Y
compris que j’ai rejoint l’Agence après avoir déjà acquis une
solide expérience dans le combat et le maintien de l’ordre.
Crow hocha la tête. Dustin comprit qu’effectivement il
savait déjà tout. Que son équipe était composée d’agents
solides, endurcis, capables de mener à bien les missions
les plus rudes.
— On vous a envoyé là où il fallait, laissa tomber Crow.
— Exact.
Comme il l’avait indiqué, Dustin n’avait pas tout de suite
rejoint le FBI en sortant de l’université, contrairement à
beaucoup d’agents. Très jeune, déjà, il avait eu l’occasion
de témoigner dans une affaire curieuse où deux tueurs
en série s’étaient associés. Alors, après ses études, il était
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entré dans les marines et, après l’armée, dans la police.
Il en était parti, révulsé par les horreurs que les hommes
pouvaient faire subir à leurs semblables et parce qu’il refusait
fermement, à l’époque, d’utiliser ses dons paranormaux. Il
avait fini par devenir garde forestier dans les Everglades1.
Seulement, ses dons particuliers l’avaient rattrapé et, après
avoir retrouvé quelques cadavres cachés dans des conteneurs,
il s’était dit qu’il ferait aussi bien de mettre ses capacités
à profit, sans s’obstiner à les refouler. On ne pouvait pas
changer sa nature profonde. Il fallait l’accepter.
Alors, il avait posé sa candidature au FBI.
— Si vous savez déjà tout sur moi, dit‑il à voix haute,
pourquoi m’avoir convoqué ?
David regarda Jackson Crow avec un petit haussement
d’épaules.
— Que savez-vous des équipes de Chasseurs ?
Cette fois, c’était Malachi Gordon qui avait parlé. Dustin
le connaissait de nom. Gordon venait juste de passer son
diplôme. Il avait rejoint l’Agence après avoir résolu une
affaire délicate, à Savannah.
Dustin se carra dans son siège.
— J’ai lu des articles sur votre enquête de Savannah,
répondit‑il. Je sais que vous y avez collaboré avec David.
J’aime beaucoup cette ville. J’y ai travaillé et j’avais
d’ailleurs été étonné que la mission ne soit pas confiée
à ma propre unité, mais les choses étaient déjà en route.
Apparemment, c’est terminé, n’est‑ce pas ? Vous n’avez
plus d’agents sur place…
Il adressa un petit sourire à David en concluant :
— Bref, vous vous en êtes très bien sortis sans moi !
— Je suis sûr que vous auriez été très utile, murmura
Malachi.
Dustin le regarda, intrigué.
1. Parc national situé en Floride.
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— Merci. Mais comme je l’ai dit, vous avez mené ça
haut la main, apparemment.
— C’est vrai. Seulement, nos équipes ont de plus en
plus de travail, dit Crow. Nous recrutons sans cesse, mais
ce n’est jamais suffisant. Alors, quand nous trouvons un
candidat intéressant… Est‑ce que cela vous tenterait de
collaborer avec les Chasseurs, monsieur Blake ? Pour voir
si ça vous convient ?
Dustin sourit. Au moins, la question était directe.
— Au départ, j’avais demandé à rejoindre une de vos
unités, répondit‑il, mais on m’avait répondu que vous
n’utilisiez pas les procédures de recrutement habituelles
et choisissiez vous-même vos agents. Alors…
— C’est vrai, reconnut Crow. Je regrette de ne pas vous
avoir connu à ce moment‑là. C’est David qui a parlé de
vous à Malachi, et Malachi est alors venu me voir. Nous
avons étudié votre dossier et, effectivement, tiré quelques
sonnettes pour savoir le maximum de choses sur vous.
Jusqu’à présent, nous ne nous sommes jamais trompés dans
nos embauches. Sans doute parce que nous nous montrons
très prudents. Nous n’avons pas le choix…
— Parce que vous recrutez uniquement des talents
« spéciaux », j’imagine ? rétorqua Dustin. Et sans doute
aussi parce que les autres unités se poussent du coude en
parlant de vous… Ce qui ne les empêche pas de jalouser
vos succès !
— L’officier Caswell nous a expliqué que travailler avec
vous, c’était comme…
— … comme travailler avec moi, compléta Malachi
Gordon. David et moi, nous nous sommes connus à La
Nouvelle-Orléans.
— Je vois, dit Dustin.
— Alors, vous portez-vous candidat, monsieur Blake ?
demanda Crow.
Dustin baissa la tête pour dissimuler un sourire, puis
releva les yeux vers Crow.
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— Ecoutez, faisons les choses ainsi : si vous ne le
connaissez pas encore, je serais ravi de vous présenter au
général Bixby. Il est assis au bar, en ce moment, à côté du
type en jean avec un T-shirt Alice Cooper.
Crow sourit pour la première fois. Il était donc capable
de sourire…
— Nous n’avons pas été présentés formellement, mais
nous avions remarqué sa présence, répondit‑il.
— Je voulais simplement vérifier si j’étais testé, dit
Dustin en posant les coudes sur la table pour balayer ses
trois vis-à-vis du regard. Cela dit, pourquoi m’avez-vous
convoqué maintenant ?
Ce fut Gordon qui répondit.
— Vous êtes de Nashville, n’est‑ce pas ?
Dustin réfléchit à toute allure. Il avait quotidiennement
accès aux rapports de police et n’avait pas entendu parler
d’enlèvement ou de meurtre à Nashville, récemment.
— Oui, répondit‑il en fronçant les sourcils, mais il y a
longtemps que j’en suis parti.
— Mais vous y retournez régulièrement, non ?
C’était vrai, sauf ces derniers temps. Ses parents habitaient
Londres. Sa petite sœur, Rayna, était devenue chanteuse
de musique country. Depuis un an, elle était en tournée.
Ils s’étaient tous retrouvés quelques jours à Londres au
début de l’été.
— Oui, mais je n’y ai pas mis les pieds depuis plusieurs
mois, répondit‑il à voix haute.
— Ce n’est pas si long que ça, commenta David. As-tu
déjà entendu parler d’un type nommé Marcus Danby ?
— Marcus Danby ? répéta Dustin.
Ce nom lui était familier.
— Oui, bien sûr, reprit‑il aussitôt. Il a fondé un centre
thérapeutique. Les patients travaillent avec des chevaux,
ou des chiens, parfois. Danby était le « mouton noir »
d’une famille richissime. Il s’est adonné à toutes les
drogues possibles et imaginables. Il a même fait un peu
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de prison. Ensuite, il a hérité de la propriété familiale et
s’est complètement amendé. La Ferme du Cheval est un
établissement très respecté.
— Danby est mort, jeta abruptement Gordon.
— Je suis désolé de l’apprendre. Que lui est‑il arrivé ?
— Il est tombé dans un ravin. On l’a déjà enterré, mais
nous venons seulement d’avoir le rapport d’autopsie. Il avait
de la drogue dans l’organisme.
— Quel dommage, alors qu’il n’y avait pas touché depuis
au moins vingt ans ! fit remarquer Dustin. Mais alors…
— Certains de ses proches ont des doutes sur les causes
de son décès, coupa Jackson Crow. Nous aimerions que
vous enquêtiez.
— Vous ne croyez pas à la chute ? Ou au fait qu’il se
soit drogué ?
— Ni à l’un ni à l’autre, répondit Malachi Gordon.
— La police a des soupçons aussi ?
— Non, indiqua Caswell en secouant la tête.
— Alors, je ne vois pas…
— Agent spécial Blake, il nous arrive souvent d’intervenir même quand la police locale ne voit pas de problème,
rappela Crow.
— Certes, mais…
— Notre idée, reprit Malachi Gordon, c’est que vous
vous installiez à la Ferme en tant que patient.
— En tant que patient ? Vous voulez que je me fasse
passer pour un malade, et que j’enquête sur un accident
provoqué par une overdose que personne ou presque,
apparemment, ne met en doute ?
— Nous avons plus que des doutes. Nous soupçonnons
fortement un meurtre, répondit sèchement Malachi.
Dustin ouvrit de grands yeux.
— Un meurtre ? Commis de quelle façon ? Par qui ? Je
suis un fédé1 aussi, vous savez. Je connais les procédures.
1. Abréviation de « agent fédéral », en général agent du FBI.
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Nous ne pouvons agir que quand un tueur s’est échappé
et a franchi les frontières de l’Etat.
— Nos unités sont spécialisées dans les affaires où des
circonstances inhabituelles freinent l’enquête régulière,
répliqua Jackson Crow. Nous ne déboulons pas en masse
comme les autres. Nous envoyons d’abord une ou deux
personnes tâter le terrain, évaluer la situation…
Dustin était surpris et, aussi, il dut se l’avouer, vaguement
déçu. Le cas en question ne ressemblait pas à ceux que
les « Chasseurs de fantômes » traitaient habituellement.
Leur rayon, c’étaient plutôt des enquêtes réellement
étranges, uniques en leur genre. La mort, accidentelle ou
pas, d’un ancien drogué, même s’il avait changé d’existence
et créé un établissement utile, n’avait a priori rien d’une
énigme hors du commun.
Il poussa un soupir.
— J’aimerais en savoir plus, répondit‑il, surtout que
oui, ça m’intéresse de travailler avec vous. Vous savez
aussi bien que moi qu’on finit par se lasser d’inventer des
explications plausibles quand, en fait, on a résolu une affaire
en bavardant avec un mort. Je peux facilement me rendre
à la Ferme du Cheval. Ce n’est qu’à une quarantaine de
kilomètres de Nashville. Je serai obligé de m’y présenter
sous mon propre nom, parce que j’ai des amis dans le coin,
mais cela ne devrait pas poser de problème. Beaucoup de
policiers et d’agents craquent nerveusement. C’est un motif
plausible pour se faire soigner. Ce que je ne comprends
pas, c’est pourquoi cette histoire a retenu votre attention.
— C’est ma propre cousine qui m’a alertée, Blake,
expliqua Malachi Gordon. Elle travaille à la Ferme. Elle
est persuadée que Marcus Danby a été assassiné.
Super, se dit Dustin. On l’envoyait en mission parce
qu’une vague cousine se faisait du souci !
Cela dit…
C’était tout de même l’occasion de mettre un pied dans
l’univers des Chasseurs de fantômes.
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— Pourquoi en est‑elle persuadée ? demanda-t‑il à
Malachi. Qu’est‑ce qui lui donne des soupçons ?
— C’est simple. Le fantôme de Marcus Danby lui-même
lui a dit qu’on l’avait assassiné.
— Je ne comprends toujours pas l’intérêt de cette
thérapie par le cheval, dit Joey Walters à Olivia tandis
qu’ils faisaient le tour du pré avec une jument que la jeune
femme tenait par la longe. Ou alors…
Il lui jeta un regard belliqueux.
— Ou alors, c’est que nos…
Olivia savait qu’il avait failli dire « nos parents », sauf
que ses parents étaient morts.
— C’est que nos gardiens, reprit‑il, nous croient aussi
bêtes que des chevaux ? Et pensent qu’entre idiots on peut
se guérir mutuellement, c’est ça ?
Olivia retint un sourire.
— Qu’est‑ce qui te fait penser que les chevaux sont
bêtes ? s’enquit‑elle.
En fait, elle était heureuse d’avoir repris le travail. Ils
s’étaient tous arrêtés quelques jours pour l’enterrement de
Marcus, puis s’étaient remis aussitôt à la tâche.
Elle s’en félicitait d’autant plus que la lecture du rapport
d’autopsie l’avait mise en rage.
— Mais oui, ils sont bêtes ! dit Joey. Ils sont capables
de manger jusqu’à éclater, si on ne les arrête pas !
— Les chevaux n’ont pas d’arrière-pensées, dit‑elle.
Mais ils ont leurs limites, tout comme nous. Et pour ton
information, Joey Walters, la thérapie par le cheval marche
particulièrement bien pour les gens qui tendent à tout intellectualiser, comme toi. Il ne sert à rien de forcer un cheval
contre son gré. Il faut lui apprendre à faire confiance, ce
qui suppose que toi aussi, tu lui fasses confiance.
Comme pour souligner ses mots, Trickster, la vieille
25
jument qu’ils avaient amenée avec eux, donna un léger
coup de mufle dans le dos de Joey.
— Hé ! s’écria Joey.
Il se retourna pour regarder la jument. Elle poussa un
hennissement en secouant la tête, les yeux fixés sur Joey.
Ce fut un bref échange, très simple, mais Olivia vit le
visage de Joey s’éclairer d’un sourire nouveau. Il avait
beau critiquer la thérapie, il avait déjà de l’affection pour
Trickster. Et ce n’était que leur deuxième sortie !
— Tu vois, jusqu’à maintenant, tu ne lui prêtais pas
attention, dit Olivia. Tu l’amenais dans le pré mais sans
t’occuper d’elle. Elle veut qu’on la remarque, qu’on prenne
conscience de sa présence.
— Mais c’est vous qui l’avez amenée !
— Oui, mais c’est toi qui l’as pansée, qui lui as parlé, qui
t’es promené avec elle… C’est ta réaction qu’elle recherche.
— Vous dites qu’on a tous nos limites et que nous devons
apprendre à les tester, grâce aux chevaux. Seulement, les
chevaux, eux, ils ont tendance à n’en faire qu’à leur tête.
Alors, peut‑être qu’il ne faut pas les brusquer, d’accord,
mais elle vient de me pousser dans le dos !
— C’était un geste d’affection, Joey, sache-le. Toi, tu
peux tout à la fois garder le contrôle de la situation et lui
montrer de l’affection. La vie est comme ça, Joey. Le fait
d’aimer les gens n’empêche pas qu’on ait droit à ses propres
choix et opinions.
Joey sourit encore plus largement. Il flatta l’encolure de
la jument, visiblement ravie de ses caresses.
A cet instant, cependant, Joey recula d’un pas.
— Je vais m’attacher à elle, et ensuite il faudra que je
m’en aille, dit‑il d’un air sombre. Et je me retrouverai de
nouveau tout seul, comme après la mort de mes parents !
— Tes parents n’ont pas fait exprès de t’abandonner,
Joey. Trickster sera toujours ici. Même quand ta thérapie
sera terminée, tu pourras revenir la voir.
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— Mais tout le monde finit par partir un jour, murmura
Joey.
Joey avait été envoyé à la Ferme du Cheval suite à
la mort de ses parents dans un accident de voiture. Au
début, l’adolescent était resté rentré en lui-même, cessant
complètement de communiquer, avait expliqué son oncle.
Auparavant féru de sport, il n’avait jamais bu ni pris de
drogue, mais il avait fini par sombrer.
Le jour où son oncle avait dû aller le chercher à la station
de police de Sarasota, où ils vivaient, Joey avait décidé de
se faire aider. Il avait alors intégré l’institution spécialisée
Parsonage House, à quinze kilomètres de là, qui travaillait
en lien avec la Ferme du Cheval, pour offrir des stages
d’équithérapie à ses pensionnaires.
— Je suis sincèrement désolée que tu aies perdu tes
parents, Joey. Mais comme je te l’ai dit, ils n’ont pas choisi
de t’abandonner. Ils t’aimaient.
— Ce n’est pas juste !
— Oui, la vie n’est pas toujours juste, dit doucement
Olivia. Nous pouvons seulement apprendre à faire face du
mieux que nous pouvons.
Elle s’approcha de Tricskter pour lui flatter le museau.
— Regarde Trickster, par exemple, reprit‑elle. C’était
un cheval de course, promis à une belle carrière. Et puis un
jockey l’a frappée si durement qu’elle s’est cassé la jambe.
Aux yeux de son propriétaire, elle ne valait plus rien. Au
lieu de lui être reconnaissant de tous les prix qu’elle avait
gagnés, qui lui avaient rapporté beaucoup d’argent, il a
voulu la faire euthanasier. Alors…
Sa voix se brisa, ce qui l’étonna. Elle pensait avoir accepté
la mort de Marcus, pourtant. Elle s’était replongée dans le
travail, comme tous ses collègues, pour rendre hommage
à l’œuvre qu’il avait créée.
— Alors ? insista Joey, curieux.
— Alors, Marcus a entendu parler de Tricskter et l’a
achetée en offrant à son propriétaire bien plus que ce qu’il
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aurait tiré de sa carcasse. Il l’a amenée ici, s’est occupé
d’elle, et maintenant, c’est un cheval magnifique, comme
tu peux voir.
— Qu’est‑ce qu’ils auraient fait de sa carcasse ? demanda
Joey, inquiet. De la colle ?
— Ce qui compte, c’est qu’elle soit ici, bien en vie, et
qu’elle sache que nous l’aimons. Il lui a fallu un moment
pour se rassurer, bien sûr. Elle venait de passer des mois à
mourir de faim dans un coin, en souffrant de sa blessure…
— Mais Marcus n’est pas resté avec elle ! objecta
l’adolescent.
— Marcus est mort, Joey, mais il savait qu’il laissait
derrière lui des gens qui s’occuperaient d’elle.
Joey poussa un profond soupir. Il attrapa un brin d’herbe
pour le mâchonner, regarda le paysage qui s’étendait autour
de lui et murmura :
— Je n’aurais pas dû donner autant de souci à mon
oncle…
— Il s’est fait du souci parce qu’il t’aime, Joey. Et à
mon avis, il se sent beaucoup mieux maintenant qu’il sait
que tu as l’intention de reprendre ta vie en main. Tu as
simplement besoin de temps pour digérer ce qui t’est arrivé.
Joey haussa les épaules. Il n’avait que seize ans, mais
était grand, bien découplé, en parfaite forme physique. Il
se tourna vers Olivia avec un sourire enjôleur.
— Vous, vous m’aimez bien, hein ?
— Oui, je t’aime bien.
— Moi aussi, je vous aime bien, dit‑il en souriant
toujours. Mais si je dis que vous m’aimez bien, c’est parce
que vous avez oublié l’heure !
Olivia consulta rapidement sa montre. Ils avaient
effectivement dépassé de dix minutes le temps consacré
à la promenade. Il avait été difficile, au début, d’entrer en
contact avec Joey, et elle éprouvait une profonde compassion
pour lui.
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— Ne te fais pas trop d’idées, répliqua-t‑elle cependant
d’un ton taquin. Je suis ta thérapeute, rien d’autre !
— Ça ne m’empêche pas de vous trouver très jolie.
— Merci. Maintenant, on rentre !
— Quand je serai plus vieux, je viendrai rendre visite à
Trickster et je suis sûr que vous me prendrez plus au sérieux.
— Joey, ça suffit ! Si tu espères susciter chez moi un
intérêt autre que thérapeutique, tu te trompes. Tu ne seras
jamais plus vieux que moi, figure-toi, et nous ne sortirons
jamais ensemble !
— Je vois que la vie est pleine d’injustices, effectivement !
soupira-t‑il, souriant toujours.
Puis son sourire s’effaça. Il ajouta d’un air plus grave :
— Tout le monde parle de Marcus, vous savez… Il
paraît qu’il avait recommencé à se droguer. Ils ont trouvé
de l’héroïne, à l’autopsie.
Olivia se raidit.
— Marcus n’avait pas replongé, déclara-t‑elle.
— Alors ? C’est l’autopsie qui ment ?
Olivia se mordilla la lèvre. Non, l’autopsie ne mentait
pas. Seulement, ce détail sur l’héroïne n’avait pas été
diffusé. Le médecin légiste en avait uniquement informé
le personnel de la Ferme. Visiblement, cela n’empêchait
pas les rumeurs de courir.
— J’ai vraiment entendu dire ça, insista Joey. Pour
l’héroïne.
— Joey, je connaissais bien Marcus… S’ils ont trouvé
de la drogue dans son organisme, ce n’est pas forcément
parce qu’il l’avait prise volontairement.
— Vous croyez qu’on l’a piégé ?
— Je ne sais pas encore quoi penser.
— Dites donc, le mystère s’épaissit ! fit remarquer Joey
d’un ton excité. Et si… et si quelqu’un l’avait drogué parce
qu’on voulait qu’il meure ? Ou l’avait poussé dans le ravin ?
— Je te rappelle que tu parles de quelqu’un qui avait
beaucoup d’importance pour moi, Joey.
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— Pardonnez-moi, Liv, vraiment.
Joey présentait ses excuses avec sincérité. Olivia n’en
doutait pas.
— C’est simplement que… on n’a ni radio, ni télé,
ni Internet, à l’institution, reprit‑il. Alors, euh… ça m’a
intéressé de me poser des questions, plus que de penser à
ma guérison, en fait…
Joey avait l’air penaud.
— Ne t’en fais pas. Je ne t’en veux pas.
— Tout de même, ça fait peur, hein ? Cette Ferme est
censée soigner les gens. C’est le travail avec les animaux
qui a sauvé Marcus Danby. Alors, s’il a replongé dans la
drogue… On peut se demander si ça marche, cette thérapie.
— C’est vrai, murmura Olivia.
Elle tourna les yeux vers les bâtiments de la Ferme. Elle
n’avait pas revu le fantôme de Marcus, depuis sa mort.
Avait‑elle imaginé cette apparition ? Partageait‑elle vraiment
avec son cousin Malachi un sixième sens particulier, ou
bien avait-elle été victime dune hallucination ?
Elle avait appelé Malachi parce que les conclusions
de l’enquête ne la satisfaisaient pas, mais les résultats de
l’autopsie n’étaient arrivés que le matin même. Il fallait
qu’elle le recontacte. Il avait bien promis d’enquêter, mais
l’avait prévenue qu’il devrait se montrer très prudent. En
théorie, il n’avait pas le droit d’intervenir sans autorisation.
Les gens savaient qu’ils étaient cousins. S’il surgissait
inopinément, on pourrait facilement conclure que les fédés
se mêlaient de ce qui ne les regardait pas ou, pis, que la
Ferme bénéficiait grâce à Olivia d’un traitement de faveur.
Bref, il cherchait une solution.
Olivia se rappela qu’un agent fédéral était attendu en tant
que patient, à cause d’un burn-out, lui avait‑on dit. Etait‑ce
lui, la « solution » concoctée par Malachi ?
— Olivia ? lança Joey.
— Oui ?
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Elle s’efforça de sourire, consciente qu’il l’observait
tandis qu’elle était plongée dans ses pensées.
— Ecoutez, je vous demande vraiment pardon. Je me
sens bien, ici. C’est un endroit formidable.
— Merci, Joey.
— Si ça se trouve, vous allez me sauver la vie. Avec
vous, je pense que ça peut marcher.
— J’en suis certaine !
Joey sourit à son tour. Elle aimait bien ce garçon, songeat‑elle, même s’il lui arrivait de se comporter comme un
gamin. D’ailleurs, il s’en rendait compte.
— Dis à Trickster que nous allons rentrer, déclara-t‑elle.
Joey caressa le museau de la jument.
— Tu es un cheval magnifique, Trickster, chuchota-t‑il.
Il leva les yeux vers Olivia.
— Est‑ce que je peux la monter ?
— Non, pas aujourd’hui. Comme tu me l’as rappelé,
nous sommes en retard ! Mais la prochaine fois, c’est
promis, tu seras en selle.
Ils retournèrent à la Ferme. Olivia regarda Joey panser
Trickster, puis l’installer dans son box pour la nourrir.
Elle n’avait pas le courage d’aller dire au revoir aux
patients qui retournaient à l’institut et à ses collègues qui
rentraient chez eux.
Elle n’avait même pas eu le courage de passer au bureau
de l’administration. Aaron et le reste de l’équipe devaient
être morts d’inquiétude et se demander comment ils
allaient réagir quand les résultats de l’autopsie seraient
rendus publics. De toute façon, il était visiblement trop
tard pour faire cesser les rumeurs, puisque même Joey en
avait entendu parler. Ils allaient avoir du mal à commenter
la mort de Marcus devant la presse.
Quand Joey fut parti avec son groupe, elle examina
rapidement les chevaux. Elle était seule dans les écuries.
Tous les autres devaient être soit en train de chuchoter
avec angoisse dans les bureaux, soit en train de regagner
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en hâte leur domicile. Quand elle eut fini, elle alla prendre
sa voiture pour rentrer à son tour dans le petit ranch, situé
à dix kilomètres, où elle avait si souvent séjourné étant
enfant. Il avait appartenu à son oncle et elle le lui avait
racheté quand on l’avait embauchée à la Ferme du Cheval.
C’était une vieille maison, construite dans les années
1830. Elle l’adorait. Une énorme cheminée occupait une
bonne partie du grand salon. L’ancien petit salon avait été
transformé en cuisine ultramoderne, rutilante. De l’autre
côté du couloir se trouvait une bibliothèque-salle de jeuxsalle de télévision, et, à l’étage, deux chambres avec un
boudoir, des additions « modernes » installées dans le
grenier vers 1850. Ces trois pièces étaient confortables,
pleines de charme. D’après son oncle, la demeure avait
toujours appartenu à la famille. Un cousin éloigné, son
fils, puis sa fille, ainsi que quelques nièces et neveux, s’y
étaient succédé au fil du temps. L’oncle en question la lui
avait vendue un bon prix et s’était même chargé lui-même,
au début, du crédit. Olivia l’avait remboursé peu à peu et
avait tout réglé l’année précédente, pour son vingt‑sixième
anniversaire.
Alors qu’elle allait ouvrir la porte, elle entendit le chien,
Sammy, pousser un gémissement.
Il aurait pu rester à la Ferme, bien sûr. Les animaux
rescapés en tout genre n’y manquaient pas ! Seulement,
Sammy avait appartenu à Marcus et sa patte commençait
tout juste à cicatriser. Olivia avait préféré le garder chez
elle et personne n’avait fait d’objection.
Elle ouvrit. Il était juste derrière la porte et remuait la
queue. Elle se pencha pour caresser ce gros chien, fruit
d’un vrai mélange de races. Il avait le poil d’un golden
retriever, la tête d’un rottweiler, et les pattes d’un chien-loup
peut-être. Il avait même un œil bleu et l’autre bleu taché
de brun, comme des taches de rousseur.
Il s’assit sur son arrière-train, les yeux pleins d’espoir.
Olivia en eut le cœur brisé.
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— Marcus ne reviendra pas, Sammy. J’en suis vraiment
désolée.
Sammy eut un bref aboiement. Comment savoir ce que
les animaux comprenaient ?
Olivia jeta ses clés sur le buffet de l’entrée et passa dans
la cuisine pour nourrir le chien. Alors qu’il dévorait une
« succulente pâtée bœuf et porc », elle lui expliqua qu’elle
montait juste un moment à l’étage. Et qu’il ne pouvait pas
encore aller courir dans le jardin tant que sa patte n’était
pas entièrement guérie.
Une fois en haut, elle fila dans la salle de bains et se
mit sous la douche en réglant la température pour avoir
une eau bien chaude. Puis elle resta sous le jet, immobile,
un long moment.
Elle aurait voulu se vider complètement l’esprit.
Adossée contre le carrelage, elle pensa à Marcus.
— Je suis sûre que tu n’avais pas replongé ! chuchotat‑elle.
Elle comprenait que la police croie le contraire. Les
anciens addicts qui retombaient dans la drogue, c’était
courant. Certains reprenaient une cure de désintoxication.
D’autres s’en sortaient seuls, par la force de la volonté.
Seulement, Marcus n’avait rien repris. Elle en était
certaine.
La chaleur, sous la douche, devenait étouffante. Sa peau
allait finir par se ramollir ! Elle coupa l’eau,et attrapa une
serviette pour se sécher avant d’enfiler un peignoir. Puis
elle redescendit pour se préparer une tasse de thé. Alors
qu’elle franchissait les dernières marches de l’escalier, elle
vit Sammy assis devant la porte d’entrée, le regard fixe.
— Enfin ! fit une voix.
Pétrifiée d’effroi, le cœur battant, elle se demanda avec
désespoir ce qu’elle pourrait utiliser comme arme pour se
défendre.
Sauf que personne n’était venu l’agresser…
La voix était celle de Marcus Danby.
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Ou, en tout cas, de son fantôme, qui se tenait maintenant
debout dans l’entrée.
— Qu’est‑ce que tu fichais là-haut, Liv ? Tu as passé
des heures sous la douche ! reprit‑il en s’avançant d’un pas.
Allons, réagis… Tu m’as déjà vu, non ? Et je sais que tu
me vois très bien maintenant aussi. Exactement comme tu
as vu le général Cunningham et son cheval, Loki. Tu crois
que je ne m’en étais pas rendu compte ? Bien sûr que si !
Tu attires les fantômes comme un aimant, ma chère amie.
Ferme donc la bouche… Sinon ta mâchoire inférieure va
tomber par terre !
Puis, d’une voix plus douce, le spectre enchaîna :
— Une fois de plus, j’ai vraiment besoin de ton aide,
Liv. La Ferme et moi avons besoin de toi.
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HEATHER GRAHAM
Dans la nuit éternelle
Le cadavre de Marcus gisait au fond d’un ravin, les yeux encore
ouverts. Fixés à jamais sur la nuit éternelle…
Alors qu’elle reprend conscience après s’être brusquement évanouie,
Olivia sent une panique irrépressible la gagner. Son imagination
doit lui jouer des tours : il est impossible qu’elle ait vraiment
dialogué avec le fantôme de Marcus Danby, son ami et patron au
centre équestre où elle travaille… Pourtant, le spectre lui a semblé
bien réel lorsqu’il prétendait avoir été assassiné et implorait son
aide ! Serait-elle en train de devenir folle ? Peut-être pas. Car,
bientôt, les faits étranges se succèdent au centre équestre, et Olivia
se prend à douter de tout. Qui l’épie dans l’ombre ? Et pourquoi
ne peut-elle se départir du terrible sentiment qu’il va lui arriver
malheur, à elle aussi ? Désormais terrifiée, elle se résout à alerter le
FBI, et accepte d’aider dans son enquête l’agent Dustin Blake, qui se
fera passer pour un des pensionnaires du centre. Dustin, un homme
énigmatique qui lui révèle peu après son arrivée que, tout comme
elle, il a la capacité de communiquer avec les morts…
A PROPOS DE L’AUTEUR
« Le nom de Heather Graham sur une couverture est une garantie de
lecture intense et captivante », a écrit le Literary Times. Son indéniable
talent pour le suspense, sa nervosité d’écriture et la variété des genres
qu’elle aborde la classent régulièrement dans la liste des meilleures
ventes du New York Times. Dans la nuit éternelle appartient à la série
« Krewe of Hunters ».
68.5484.7
ROMAN INÉDIT
7,50 €
www.harlequin.fr

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