tatouage - Le Trident - Scène nationale de Cherbourg

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tatouage - Le Trident - Scène nationale de Cherbourg
© Pacôme Poirier
TATOUAGE
Théâtre de la Butte
Les 4 et 5 janvier I Théâtre musical
Mar 4 janv I 20h45 . Mer 5 janv I 19h45
Ouverture de billetterie 20 novembre
Tarif B
Saison 2010.2011
© Pacôme Poirier
TATOUAGE
Groupe TSE I Alfredo Arias. Texte et mise en scène par Alfredo Arias. Traduction René de Ceccatty.
Arrangements musicaux Diego Vila. Accessoires Larry Hager. Costumes Pablo Ramirez. Son Julius
Tessarech. Lumières Patrick Debarbat. Avec Alfredo Arias, Sandra Guida, Antonio Interlandi, Marcos
Montes, Alejandra Radano.
Coproduction Groupe TSE, Théâtre du Rond-Point
Durée 1h20
2 Trident
Alfredo Arias présente trois spectacles musicaux
Trois tangos
livret Alfredo Arias et Gonzalo Demaria
mise en scène Alfredo Arias
création musicale Axel Krygier
arrangements musicaux Pedro Onetto
avec Carlos Casella, Larry Hager
Marcos Montes, Alejandra Radano
chorégraphie Jorge Rodriguez et Maria Filali
et intermèdes dansés
Tatouage
écrit et mis en scène par Alfredo Arias
traduit de l’espagnol par René de Ceccatty
avec Alfredo Arias, Carlos Casella
Sandra Guida, Alejandra Radano, Marcos Montes
arrangements musicaux Diego Vila
accessoires Larry Hager
Cabaret Brecht Tango Broadway
chanteuses interprètes Alejandra Radano et Sandra Guida
au piano Ezequiel Spucches
mise en scène Alfredo Arias
et pour les trois créations
costumes Pablo Ramirez
son Julius Tessarech
lumières Patrick Debarbat
développement
3 Trident
Un projet, trois spectacles
Au cours de ces dernières années, je me suis souvent déplacé à Buenos Aires, en quête de
chimères qui puissent me connecter à mes racines.
Au gré de ces voyages, j’ai rencontré des écrivains, des musiciens, des comédiens, des chanteurs,
lu des livres, vu des documents photographiques et musicaux, qui ont fini par me conduire sur le
chemin de la création de ces trois spectacles. Ils constituent une sorte de carnet de retour vers
mon passé à Buenos Aires.
Ces trois pièces musicales, intitulées Trois tangos, Tatouage et Cabaret, ont, chacune, des
sources d’inspiration particulières et je voudrais vous faire découvrir leurs points de départ.
Alfredo Arias
L’origine de Trois tangos se trouve dans la musique d’Axel Krygier.
Dès que j’ai écouté sa composition pour le ballet Secreto y Malibu, j’ai su que je voulais travailler
avec lui.
C’est avec la complicité du dramaturge Gonzalo Demaria que nous avons abordé ce projet.
Nous nous sommes inspirés d’un dictionnaire du film policier en Argentine. Nous avons cherché à
comprendre quels thèmes se répétaient dans les différents scénarios.
On a pu vérifier que le triangle amoureux, mari-femme-amant, était une situation d’une grande
richesse criminelle. Nous avons aussi constaté que le cinéma des années 40-50 brisait avec
insolence les frontières. A Buenos Aires, on tournait dans des décors figurant l’Europe ou les EtatsUnis. Nous avons imaginé alors les déplacements de ce triangle infernal à travers l’espace et le
temps.
Pour colorer le tout d’une brillance surréelle, nous avons choisi les photographies des
interprétations psychanalytiques de rêves de Greta Stern qui illustraient un journal féminin.
Les personnages de Trois tangos changent d’identité et d’époque selon les décors qu’ils traversent.
Ils commencent leur histoire dans un faubourg sordide de Buenos Aires, poursuivent l’intrigue sur
un paquebot italien entre Gênes et Rio. Ils finissent autour de la place de la Contrescarpe dans le
5ème arrondissement, quartier de mon arrivée à Paris.
Ces trois épisodes sont entièrement chantés : successivement, en espagnol, italien et en français,
comme s’il s’agissait de trois brefs opéras pop. Au cours de leur voyage, les personnages sèment
quelques joyeux cadavres…
Tatouage. C’est en lisant les Mémoires de Miguel de Molina, chanteur espagnol né à Malaga en
1908 et décédé en Argentine en 1993, que j’ai ressenti l’urgence de faire connaître la vie tortueuse
de cet artiste qui fut la bête noire du franquisme. Ce régime ne lui laissa aucun répit et le
poursuivit avec hargne. Une figure de taille s’est interposée entre la victime et son persécuteur :
Eva Perón. Elle reconnut dans l’artiste espagnol un double d’elle-même : Elle aussi avait connu la
fascination des studios de cinéma et ce passé lui avait valu par la suite le mépris de l’oligarchie
de son pays. Eva offrit à Miguel de Molina une terre d’asile. Le destin fit qu’il triompha tandis
qu’elle agonisait.
Cette narration théâtrale s’inspire librement de l’histoire réelle en la ponctuant d’une série de
numéros de music-hall qui permettent aux personnages d’accéder à leur dimension mythologique.
Quant à Cabaret Brecht Tango Broadway, c’est surtout lié aux interprètes, Sandra Guida et
Alejandra Radano. Le spectacle s’inspire de leur culture musicale et de leurs personnalités. Elles
ont déjà triomphé dans Chicago de Bob Fosse. Elles explorent un répertoire qu’elles connaissent
bien tantôt sur un mode humoristique, tantôt de façon plus dramatique.
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Tatouage
Cette pièce musicale retrace les épisodes rocambolesques et douloureux de la vie de Miguel de
Molina, né dans une famille modeste en Espagne. Miguelito va quitter le foyer maternel pour
devenir boniche de bordels. Entre les prostituées et les toréros, il apprendra l’art de divertir et de
chanter. Ce qui le conduira tout naturellement sous les projecteurs.
La guerre civile espagnole éclate. Il chante pour les soldats républicains. A la suite de quoi, il sera
surnommé la « folle rouge » ou le « pédé rouge ». La guerre terminée, Franco prend le pouvoir. Un
sordide impresario franquiste tente de l’exploiter. Miguelito révèle sa nature, ce qui lui coûtera
presque la vie. La police du régime le passe à tabac et le laisse pour mort. Comme ils n’ont pas
réussi à l’éliminer, il sera mis en résidence surveillée. Après maintes péripéties, il parviendra à
s’échapper. Il triomphera à Buenos Aires, mais le bras du tyran le rattrapera une nouvelle fois,
l’empêchant d’exercer son art. De nouveau en Espagne, à la merci de ses bourreaux, il s’enfuit au
Mexique où la chance n’est pas au rendez-vous. Finalement Eva Perón, femme du président
argentin, lui donnera refuge. Le spectacle théâtral que nous avons construit à partir de cette
rencontre, s’ouvre sur une série de dialogues entre les deux personnages qui nous permettent de
saisir jusqu’à quel point ils sont le miroir l’un de l’autre. Elle lui dira : « Vous avez été un pédé pour
le franquisme et moi j’ai été une pute pour l’oligarchie de mon pays ! » Ces dialogues, émaillés
des musiques et chansons, font revivre ces deux « marginaux », lumineux et uniques, qui ont
défié, chacun à leur manière l’Histoire : lui avec celles qui sont propres à la scène et elle avec
celles des coulisses du pouvoir. Le spectacle épouse la forme du music-hall, alternant des scènes,
monologuées ou dialoguées, et des chansons, donnant ainsi la possibilité aux personnages de
s’envoler dans les stratosphères de leur démesure et de leur folie.
« L’histoire de Miguel de Molina est tellement espagnole qu’il est douloureux de seulement
l’effleurer. Le drame d’un talent brisé, broyé comme celui de la génération divisée par la guerre
civile dont les vainqueurs ont fait preuve d’une infamie dépourvue de toute décence et de toute
compassion. Miguel de Molina était l’artiste le plus génial de cette époque et c’est sur lui que la
hargne des nouveaux maîtres d’Espagne s’est abattue. Avec toute la force, l’arrogance et la
vulgarité de ceux qui se sentaient intouchables. »
Arturo Perez---Reverte
extrait d’un article publié récemment dans El Pais
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Les biographies
Alfredo Arias
Alfredo Arias est né à Buenos Aires où il a fondé le Groupe TSE. Il a fait partie dans les années 60
d’un mouvement d’artistes plasticiens autour de l’institut Di Tella à Buenos Aires participant à des
nombreuses expositions, happenings et performances.
Premiers pas : Sa toute première création théâtrale est Dracula, réduction vertigineuse du roman
de Bran Stocker, jouée à la manière d’une bande dessinée, suivent Aventuras et Futura écrites et
mises en scène par lui-même, où il aborde le conte d’initiations et l’essai futuriste. En 1968 il
forme le Groupe TSE et part d’Argentine pour présenter ses spectacles à Caracas, New York et
Paris.
Copi : Sa première création à Paris au théâtre de L’Epée de Bois est Eva Perón de Copi. Alfredo
Arias conservera toujours un lien avec l’écriture poétique et unique de son ami, il montera à travers
les années La Femme assise, Loretta Strong, Les Escaliers du Sacré Cœur, Le Frigo et Cachafaz.
Un théâtre personnel : Il compose un monde théâtral propre avec une invention et un imaginaire
baroque qui conserve toute la puissance de l’émerveillement de l’enfance, notamment L’Histoire du
théâtre, Comédie policière, Luxe, Vingt quatre heures, Notes et Vierge, L’Etoile du nord.
Théâtre des Masques : Découvrant le travail du dessinateur du 19ème siècle, JJ Grandville, Alfredo
Arias va ouvrir la porte d’un théâtre du merveilleux où règnent des animaux aux corps humains et
qui se prolonge dans un monde fantastique : Peines de cœur d’une chatte anglaise, Peines de
cœur d’une chatte française, Les Jeux de l’amour et du hasard, L’Oiseau bleu.
Un théâtre biographique : Avec Trio, pièce qui raconte la vie claustrée de ses tantes paternelles,
Alfredo Arias commence un nouveau volet de son travail. C’est ainsi qu’il va explorer son enfance
et plus tard ses retrouvailles avec son pays natal. Ces spectacles sont Mortadela, Faust Argentin,
Mambo Mistico et Famille d’artistes avec une musique originale de Astor Piazzolla.
Auteurs et répertoire : Son passage comme directeur du Centre Dramatique d’Aubervilliers lui
permet de faire une halte dans son travail de création et ainsi pouvoir visiter des textes
fondamentaux par leur puissance dramatique : La Bête dans la jungle de Henry James dans
l’adaptation de Marguerite Duras, Les Jumeaux vénitiens, La Locandiera, L’Eventail de Goldoni, La
Tempête de Shakespeare, La Ronde de Schnitzler, La Dame de chez Maxim’s de Feydeau, Les
Bonnes de Jean Genet, Kavafis sur l’œuvre du poète grec d’Alexandrie.
Théâtre Argentin : Alfredo Arias a voulu faire découvrir deux écrivains, deux femmes argentines
qui chacune de son côté ont su illustrer la société de leur pays : Nini Marshall, célèbre comique
des années 50, et Silvina Ocampo, grand écrivain, compagne de Adolfo Bioy Casarès et complice
de Jorge Luis Borges. Leurs pièces sont Nini et Pluie de feu.
Complicités : Alfredo Arias a entretenu une longue collaboration avec René de Ceccatty et Chantal
Thomas. De René de Ceccatty, il a monté son adaptation de La Dame aux camélias et celle de La
Femme et le Pantin de Pierre Louÿs, ainsi que des scènes d’Aimer sa mère et Mère et fils. Chantal
Thomas a écrit pour Alfredo Arias Le Palais de la reine, présenté au Théâtre du Rond-Point en
2005, et adapté son récit de L’Ile flottante au Théâtre National de Chaillot en 2008.
Opéra : Il met en scène La Veuve joyeuse et Les Mamelles de Tirésias au festival de Spolète et au
théâtre du Châtelet, Les Contes d’Hoffman à l’opéra de Genève, au théâtre du Châtelet et à la
Scala de Milan, Les Indes galantes et Rake’s Progress au festival d’Aix en Provence, Carmen à
l’opéra Bastille, La Corte del Faraon au teatro de la Zarzuela de Madrid, Le Songe d’une nuit d’été
au teatro Regio de Torino. Au teatro Colon de Buenos Aires il a monté Rake’s progress, Bomarzo et
Mort à Venise.
Music hall : Pour les Folies Bergères, Alfredo Arias a imaginé Fous des Folies. Et pour le Théâtre
du Rond Point en 2007 Divino Amore.
Comédie musicale : Sur une partition de Nicolas Piovani, compositeur de Federico Fellini, entre
autres pour Ginger et Fred, Alfredo Arias a créé Concha Bonita.
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Cinéma : Fuegos est son premier film suivi du téléfilm Bella vista adapté de la nouvelle de
Colette.
Livres : Alfredo Arias a publié Folies Fantômes, recueil de projets, certains inachevés, entremêlés
de souvenirs.
Un livre d’entretiens guidés par Hervé Pons L’Ecriture retrouvée vient de paraître. Nombreuses de
ses pièces sont publiées dans la collection théâtre de Actes Sud-Papiers.
Prix et récompenses : Alfredo Arias a obtenu une bourse de la fondation Guggenheim. Il a reçu le
prix Plaisir du théâtre, Il Pegaso D’oro et Premio Eti en Italie, le prix ACE de la critique Argentine. Il
a reçu le Molière du meilleur spectacle musical pour Mortadela et Peines de cœur d’une chatte
française. En 2003 lui a été décerné un Molière d’Honneur. Il a été nommé Chevalier, officier et
commandeur des Arts et des Lettres.
Carlos Casella
Carlos Casella est né à Buenos Aires. Il est chorégraphe, danseur, comédien, metteur en scène et
possède une voix qui lui permet de visiter le répertoire de Björk à Whitney Houston.
Créateur interprète : Il participe à la fondation des deux expériences scéniques capitales dans le
monde du spectacle de Buenos Aires, mélangeant la danse avec d’autres disciplines. L’une est la
création du groupe El descueve ; l’autre est sa collaboration avec les compagnies La Guarda et
Villa Villa, deux groupes qui ont expérimenté la chorégraphie aérienne.
Chorégraphe : Son travail pour le ballet stable du Théâtre San Martin, Playback, lui a permis de
dévoiler toute son inventivité sournoise, cynique et festive.
Metteur en scène : Il a monté La Dame de Monte Carlo de Jean Cocteau. Avec Guarania Mia et
Sucio, il crée un type de spectacle qui mélange tous les langages scéniques avec un humour très
généreux. Il présente ses créations à New York, Londres, Madrid, Hambourg.
Prix ou récompenses : Il obtient le prix Clarin pour Sucio et pour Play Back et reçoit le prix Teatro
Del Mundo.
C’est sa première collaboration avec Alfredo Arias.
Sandra Guida
Sandra Guida est née à Buenos Aires où, enfant, elle étudie la danse classique au Théâtre Colon.
Comédie Musicale : C’est une grande interprète de ce genre théâtral. Elle joue dans Hair, Gipsy,
The Kiss of the spider woman, adaptation de roman de Manuel Puig Le Baiser de la femme
araignée, et surtout Chicago dans la mise en scène de Bob Fosse où elle rencontre celle qui est sa
partenaire dans Tatouage et Cabaret Brecht Tango Broadway, Alejandra Radano.
Théâtre Classique : Elle joue dans des pièces aussi différentes que Le Songe d’une nuit d’été de
Shakespeare, Arlequin serviteur de deux maîtres de Goldoni ou El perro del hortelano de Lope de
Vega.
Concerts, Rock et Shows : Elle a eu pendant plusieurs années son propre groupe de musique rock.
Elle a aussi sillonné les scènes Argentines avec son Guida Concert où elle présentait un éventail
de ses possibilités vocales, en passant du jazz à la musique pop. Elle a été aussi à l’affiche de
grands shows musicaux comme Jazz Swing Tap où l’on visite l’univers musical américain.
Avec Alfredo Arias, elle joue et chante dans la tournée italienne de Concha Bonita, mise en
musique par Nicola Piovani, complice de Fellini pour plusieurs de ces films. Au Théâtre du RondPoint en 2007, elle incarne Célestina dans Divino Amore de Alfredo Arias et René de Ceccatty.
Avec Alejandra Radano, elle a participé à des mises en espace de textes de Silvina Ocampo et de
Gilles Leroy pour Alabama Song (Goncourt 2007).
Au cinéma : Elle tourne avec Alan Parker dans Evita et avec Lucia Puenzo dans El niño pez.
Prix ou récompenses : Elle a reçu plusieurs prix de la critique théâtrale argentine : le Prix ACE et
le Prix Florencio Sanchez pour Chicago. En tant que chanteuse pop, elle a obtenu le prix de la
Fondation Konex.
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Marcos Montes
Marcos Montes est né en Argentine. Il suit une formation Théâtrale aux côtés de grands maîtres
comme Julio Chavez, Augusto Fernandez puis au HB Studio de New York.
Au Théâtre : Il a eu une longue collaboration avec Norma Aleandro. Elle l’a mis en scène dans
Homme et Surhomme de Bernard Shaw. A ses côtés, il a joué dans La Señorita de Tacna. Il a
participé à La Felicidad de Javier Daulte.
Le Jazz et la musique brésilienne : Il donne souvent des concerts et a enregistré plusieurs
disques.
Prix ou récompenses : Il a obtenu grâce à sa capacité à créer des personnages fantastiques le
prix Florencio Sanchez pour son interprétation d’un robot dans La Felicidad de Javier Daulte.
Au cinéma : Il travaille sous la direction de Marco Bechis (Garage Olimpo), Daniel Burman
(Derecho de familia) et James Ivory (The City of Our Final Destination).
Alejandra Radano
Alejandra Radano est née à Buenos Aires.
Comédies musicales : Elle joue dans Cats, La Belle et la Bête et tient les rôles principaux dans
Chicago, Cabaret et L’Opéra de quat’sous de Berthold Brecht.
Créations : Elle est l’inspiratrice du spectacle Canciones Degeneradas (Chansons dégénérées)
imaginé à partir de la « Entartete Musik », musique dégénérée, classifiée ainsi par le régime nazi.
Tango : Elle participe au Festival Tango du Théâtre National de Chaillot où elle montre sa
virtuosité et sa sensibilité dans le répertoire de la Reina del plata, Buenos Aires.
Avec Alfredo Arias, elle traverse tous les personnages féminins des Liaisons dangereuses dans la
version Tropicale du fameux roman, elle participe au spectacle Concha Bonita aux côtés de
Catherine Ringer au Théâtre National de Chaillot. Au Théâtre du Rond-Point, elle interprète Salomé
dans Divino Amore.
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Les extraits de presse
Le Monde, le 21 décembre 2009, Véronique Mortaigne
Avec « Tatouage », la verve retrouvée d’Alfredo Arias
La poignante rencontre d'une « folle écarlate » et d'une « pute habillée en Dior » est au
programme du Théâtre du Rond-point. Tatouage, pièce chantée, imaginée par Alfredo Arias, relie
les destins du chanteur espagnol Miguel de Molina, né à Malaga (Espagne) en 1908, mort à
Buenos-Aires (Argentine) en 1993, et d'Eva Perón (1919-1952), femme du général président, morte
à 33 ans d'un cancer de l'utérus. Tatouage est la charpente d'une trilogie musicale où figurent en
parallèle, et en horaires décalés, Trois tangos et Cabaret Brecht Tango Broadway.
L'économie et l'épure ne sont pas, a priori, des étiquettes attribuées au metteur en scène d'origine
argentine Alfredo Arias. Baroque, provocateur, abusif, Arias a accompagné les essais théâtraux de
Copi, auteur et dessinateur, après ses compatriotes Jorge Lavelli et Jérôme Savary. Découverts à
Paris à partir du milieu des années 1960, ces créateurs nés dans le cône sud ont poursuivi une
histoire de liberté et d'amour entre la France et Buenos-Aires qui s'était nouée par le tango, un
genre rentre-dedans autant qu'élégant, débarqué dans les salons parisiens en 1912.
Opéras ou comédies musicales, ces metteurs en scène ont placé la musique au cœur de leur
œuvre. En 1992, Alfredo Arias, alors directeur sortant du Théâtre de la Commune d'Aubervilliers,
banlieue « rouge », créait une comédie musicale qui fit date : Mortadela, spectacle fin et
aristocrate, vision très politique d'une vie de quartier - de la femme du charcutier au travelo.
C'est dans la même optique, et dans une verve retrouvée, qu'Arias mène Tatouage, réflexion sur les
traces indélébiles laissées sur le corps par le passage d'un marin, par l'acharnement fasciste, par
l'adhésion à une sexualité déviante ou par les basses origines sociales. Alfredo Arias est un
écorché, il écorche, et utilise les armes appropriées : le tango, par exemple, un genre que Miguel
de Molina aborda tardivement. Importante figure artistique de la première moitié du XXe siècle, de
Molina était un chanteur de coplas espagnoles, chansons amoureuses nées des drôles de
mélanges pan-ibériques : flamenco en soute, boléro par-dessus, rancheras de côté, tango au final.
Vedette de cabaret, interprète de succès populaires (La Bien Pagà, Ojos Verdes) dans les années
1930, de Molina s'affichait en scène sous des allures efféminées. Durant la guerre d'Espagne, il
chanta pour les républicains. Son statut de « pédé rouge » lui valut d'être persécuté par la « Main
noire », incarnation de la dictature franquiste (1939-1975). En 1942, Miguel de Molina est emmené
dans un terrain vague et torturé.
On le force à avaler une bouteille d'huile de ricin, on le bat --- « Je sentais des perles dans ma
main, des perles, mais c'était mes dents, mes dents », dans la version d'Arias. On le laisse pour
mort.
Parmi ses agresseurs, il reconnaît José María Finat y Escrivá de Romaní, comte de Mayalde,
sombre type qui fut ambassadeur d'Espagne en Allemagne. De Molina s'exile en Argentine, la
« Main noire » le rattrape, le fait expulser pour homosexualité, le voilà à Mexico, tout va mal. C'est
Eva Perón, l'icône du peuple, qui le sauve, lui demandant de revenir à Buenos Aires, où elle le
protégera.
Bien sûr, Alfredo Arias n'a pas renoncé au baroque : dans un scénario et une mise en scène stricts,
menée avec trois chaises et un tambour, on trouvera la trace de ces exagérations superposées :
dans le maquillage des cinq acteurs par exemple, lèvres rouges, paupières abusives, bleus
intenses, blancs clownesques, dans les fanfreluches et rubans multicolores ou dans un costume
de vache normande réservée à l'emmerdeuse, la « femme ventouse » (Alejandra Radano) qui
voulait épouser l'idole travestie.
Alfredo Arias a triplé le chanteur : déjà mort (Alfredo Arias), en exil (Marcos Montes), trublion
(Carlos Casella). Devant ces trois exemplaires de dissidence, il faut parfois se frotter les yeux.
Rigoureuse, à l'image de sa perruque blonde en chignon, Eva Perón (Sandra Guida), raide et dure,
trouve en Miguel de Molina un compagnon de provocation. « Vous avez été un pédé pour le
franquisme, je suis une pute pour l'oligarchie de mon pays », dit Eva Perón, garce, malade, rejetée
par le général, adulée par la foule, et qui avait changé de religion en mutant Dios en Dior.
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Dans leur grande élégance, ces acteurs chantent. Bien, fort. Des tangos (Noche de abril, de
Discepolo, Cuando tu no estas, un classique de Carlos Gardel, Preludio para el ano 3001, d'Astor
Piazzola et Horacio Ferrer), des chansons populaires espagnoles, de la nueva-trova cubaine
(magnifique Oh Melancolia de Silvio Rodriguez), un zest de Caetano Veloso (Nao Enche), du
music-hall américain (Diamonds Are a Girl's Best Friend, de Leo Robin et Jule Styne, la chanson du
film Les hommes préfèrent les blondes), et, évidemment, du Bowie, autre double des tourments
de Miguel de Molina (Under Pressure, écrite en 1981 par Queen et David Bowie), en habit disco à
paillettes, seule infraction au noir des trois Molinas.
Le Nouvel Observateur, du 3 au 9 décembre 2009, O. Qt
Vive le music-hall d’Arias
Alfredo Arias va au charbon : il joue Tatouage, qu'il a écrit, avec l'élégante insolence qui sied à son
sujet, ancienne « boniche de bordel». Soit Miguel de Molina, un chanteur espagnol né en 1908,
«pédé rouge» traqué par le franquisme qui se réfugia en Argentine dans les jupes d'Eva Peron.
Visage inquiétant grimé de blanc, corps de mime, Arias dédouble son personnage (avec deux
chanteurs impeccables) sur une musique de Diego Vih. Toute sa distribution, née à Buenos Aires,
possède l'énergie qui sied au music-hall. « Eva del Sur » trône dans une vaste robe banche, une
grande bourgeoise argentine passe en costume de peau de vache. On craque pour cet insolent et
mélancolique Tatouage, charmant pavé dans la mare des bienpensants.
Le Figaro et vous, Armelle Héliot, le 27 novembre 2009
Viva Arias
On l'a toujours aimé. Depuis son arrivée en France, en 1968, avec la bande du TSE qui fuyait
comme lui la dictature en Argentine, on a suivi les travaux et les jours de cet homme frêle et
doux, au regard mélancolique et profond. Alfredo Arias, c'est Peter Pan et la Fée Clochette qui
auraient fait leur paradis dans la bibliothèque de Borges et en auraient lu tous les livres. Alfredo
Arias est un elfe léger et un clown bien triste, un enchanteur qui lutte contre la cruauté du monde
en inventant de vertigineux univers dont les étoiles sont des paillettes de music hall et dans
lesquels les brumes grisantes sont l'encens des églises de l'enfance.
Un magicien, Alfredo Arias, un garçon qui peut mettre en scène Balzac et Grandville (Peines de
cœur d'une chatte anglaise), Maeterlinck ou Rameau, Shakespeare, Goldoni, Stravinsky, Offenbach,
imaginer une revue aux Folies Bergère, vivifier l'acidité de son ami Copi, s'étourdir de gamineries
de plateau avec Marilu Marini, faire vivre un monde dans lequel les vivants et les morts, les
humains et les animaux, les beaux et les laids, les divas et les ringards se croisent, échangent,
s'entendent.
Alfredo Arias, depuis quelques années, séjourne longuement dans son pays. Monte des spectacles,
joue, et revient en France avec des joyaux pleins les poches.
En ce moment, il est au Théâtre du Rond Point avec trois bijoux, liés et autonomes, délétères,
cocasses, spirituels. Le dimanche, un Cabaret Brecht Tango Broadway, avec les deux délicieuses
Sandra Guida, la blonde, et Alejandra Radano, la brune, et le pianiste Ezequiel Spucches ; dans la
semaine, un double programme Trois Tangos avec couple de danseurs parfaits et des artistes
hyperdoués qui reviennent pour certains dans Tatouage, chef d'œuvre bref dans lequel l'acteur
Arias déploie son art singulier de conteur et d'interprète. II y a là une grâce, un charme vénéneux,
un mystère diffus, un humour cristallin qui renouent avec le tout jeune artiste qui montait Eva
Perón, Luxe et autres folies avec sa bande. Evita est justement là, dans ses beaux vêtements
d'apparat blancs, ses vêtements de jeune icône emportée par la camarde.
C'est Sandra Guida qui l'incarne, tandis qu'Alejandra Radano compose jolie fille ou taureau et que
Marcos Montes est une pauvre Carmelita.
L'autre grande figure de cette pièce baroque est l'Espagnol Miguel de Molina Ce grand chanteur,
venu d'un milieu modeste, fut la cible des sbires de Franco. Le superbe Carlos Casella lui prête sa
très belle voix. Le destin lia Evita et Miguelito, et Arias brode leur histoire en images singulières,
narrateur à la fois candide et roué, espiègle et inquiet. Aux saluts, c'est un triomphe… et sous les
paupières bleues, c'est un peu le regard de Buster Keaton qui nous effleure.
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Télérama, du 5 au 11 décembre 2009, Fabienne Pascaud
[…]Spectacle diablement épicé aussi que celui conçu par Alfredo Arias, Tatouage.
Le célèbre Argentin parisien y recrée, met en scène et interprète les authentiques relations
amicales et passionnées d'une victime du franquisme exilée à Buenos Aires - le chanteur espagnol
Miguel de Molina (1908-1993) - et de sa protectrice : Eva Perón en personne. Ce face-à-face
politico-artistique entre mémoires historiques, tango et gay folklore hispano-argentin permet à l'expatron et fondateur du groupe TSE de retrouver l'excentricité follement sophistiquée,
l'extravagance insolente et mélancolique de la troupe très audacieuse qui fit sa gloire dans les
années 70-80. Maquillages outrés façon cirque, Fellini ou Murnau, costumes délirant d'excès et de
fantaisie : Arias et ses acteurs-chanteurs débridés lorgnent à la fois sur l'esthétique cabaret, la
stylisation sud-américaine et le grand rituel nô. Cet éclectisme outrepassant les normes, se
moquant des tabous politiques ou sexuels avec une liberté tout en clins d’œil complices, est mené
avec une enchanteresse maestria.
Dans ce spectacle tragi-comique à l'énergie musicale, les « quasi-numéros » s'enchaînent avec
une élégance tout ensemble perverse et bon enfant.
Alfredo Arias est parvenu au sommet de son art : clown blanc et auguste, masculin et féminin,
drôle et tragique, phénoménal Monsieur Loyal...
Le Figaro magazine, le 24 décembre 2009, Philippe Tesson
Alfredo Arias, ce génial sorcier
Alléluia, Arias est ressuscité, l'extravagant Alfredo des années 70-80, sorcier génial, divin Satan
qui arriva un beau jour à Paris, venu des trottoirs de Buenos Aires, et longtemps nous enchanta de
ses prodiges sulfureux sur des airs de tango, avant de se révéler un metteur en scène inspiré. On
se souvient de La Bête dans la jungle, de La Tempête, des Indes galantes, des Bonnes et de Copi
bien sûr et de tant d'autres bonheurs.
Le voilà revenu, à 65 ans, à ses folies de jeunesse, et le temps n'a rien altéré de son audace, de
son humour, de son immense talent. Une extraordinaire fidélité à soi-même, à ses révoltes
généreuses et à ses exigences artistiques. Arias est un poète : d'un grimage de clown il fait une
tragédie, d'un chiffon une féerie, d'un rythme une cérémonie. Parmi les trois spectacles qu'il nous
propose au Rond-Point, Tatouage est le plus intéressant. A cette poésie s'ajoute ici en effet un
formidable défi à l'oppression. Dans cette joyeuse et mélancolique revue, qui tient du music-hall,
Arias fait revivre et se rejoindre deux destins historiques, excentriques et tragiques : celui d'un
grand chanteur espagnol homosexuel qui fut la cible des franquistes avant de se réfugier en
Argentine, Miguel de Molina, et celui d’Eva Perón.
Rien de commun à première vue entre la femme du dictateur et l’artiste espagnol, familier des
bordels à matelots et qu’on surnommait « la folle rouge », à cette réserve près qu’ils furent l’un et
l’autre, chacun à sa façon, l’idole des réprouvés. Eva Perón, à qui son passé dissolu valait la haine
de l’establishment de son pays, ne s’y trompa pas. Se reconnaissant en lui, elle accorda sa
protection à Molina dès qu’il arriva en Argentine et lui conserva son amitié jusqu’à sa mort
tragique. C’est cette complicité dans la marginalité et la damnation que nous montre Arias qui,
par des artifices esthétiques d’une extravagante théâtralité, crée entre les deux personnages des
effets miroirs savoureux, auxquels la danse, la musique et le chant ajoutent un parfum
étourdissant.
Quatre formidables artistes argentins, acteurs, chanteurs et danseurs entourent Arias, tendre figure
de clown triste, dans cette fantasmagorie délirante et terriblement provocatrice, hymne baroque à
la liberté et à la transgression, et une grâce passe, à laquelle aucune prévention ne peut résister,
parce que c’est sincère, douloureux, drôle… et merveilleux.
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Autour de Tatouage
Riches heures
[Rencontre] le mercredi 5 à l’issue de la représentation
12 Trident
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