Lamia EL-SaaD HEnry Laurens

Transcription

Lamia EL-SaaD HEnry Laurens
VI
Portrait
C
Marc Levy, à l’ombre du père
’est en 2000, année symbolique, que Marc Levy a
publié son premier livre,
Et si c’était vrai…, presque à son corps défendant,
parce que sa sœur l’a harcelé jusqu’à ce
qu’il envoie son manuscrit à un éditeur.
Il a souvent raconté cette histoire, pour
la plus grande irritation de ceux qui
sont jaloux de son succès. Ce récit, écrit
au départ pour son fils, est en effet devenu un best-seller immédiat, et les six
suivants (le dernier s’intitule Toutes ces
choses qu’on ne s’est pas dites) ont eu
le même destin, totalisant plusieurs millions d’exemplaires vendus.
Après six ans passés à la Croix-Rouge,
une création d’entreprise aux ÉtatsUnis – et son échec, qui l’avait laissé
« sans le sou » –, puis un travail réussi,
à Paris, avec des amis, dans un cabinet
d’architecture, cet homme qui avait
alors 39 ans ne s’attendait pas à devenir célèbre en écrivant. « Je suis avant
tout un conteur, dit-il avec cette modestie non feinte qui a séduit ses lecteurs, et je prends ce métier au sérieux,
je suis un artisan. Soit on est une sorte
de Mozart, on a un don, soit on ne l’a
pas, mais cela n’interdit pas de faire de
la musique. »
Après six livres, Marc Levy pouvait
penser qu’il maîtrisait sa partition et
qu’il était inutile de prendre des risques. Mais il est héritier d’une histoire
qui lui a été longtemps cachée, celle de
son père, Raymond Levy, de Claude,
le frère de celui-ci, et de leur groupe de
Résistance, la brigade FTP-MOI Marcel Langer, de Toulouse.
Raymond Levy avait 18 ans quand
Tour à tour secouriste, entrepreneur, architecte à succès, Marc Levy passe tardivement à l'écriture.
Il a 39 ans en 2000 quand il publie Et si c'était vrai, son premier roman. Traduit en 41 langues,
adapté au cinéma, romancier le plus lu en France, il a déjà vendu plus de 15 millions d'exemplaires
dans le monde. Un phénomène !
il a rejoint cette brigade, au début
de 1943, son frère avait deux ans de
moins. Tous deux ont survécu, contrairement à beaucoup de leurs camarades,
et n’ont jamais raconté leur guerre.
« Je savais seulement que mes grandsparents étaient morts à Auschwitz, dit
Marc Levy, jusqu’à ce jour où, à Toulouse, j’ai vu un ministre décorer mon
père et quelques autres. Mais même
alors, il a refusé de m’expliquer ce qui
s’était passé. Il s’est contenté de dire :
“Beaucoup de mes copains sont morts,
on a tué des gens, et la seule chose qui
compte c’est que je sois ton père.”
Heureusement, un autre membre de
la brigade, Claude Urman, m’avait
donné, à Toulouse, sa carte de visite en
me disant de venir le voir si je voulais
connaître l’histoire de mon père. » En
allant chez Urman, Marc Levy a appris
comment son père était devenu « Jeannot » et comment « ces vingt mômes,
dont l’un était mon père, vingt adolescents privés de tous les droits, étrangers absolus, et pas seulement parce
qu’ils étaient juifs, mais parce qu’ils
étaient hongrois, espagnols, et venus
d’ailleurs encore, avaient mis leur vie
en jeu pour être, en quelque sorte, les
gardiens d’une étincelle d’humanité ».
« À ce moment-là, je venais d’avoir 20
ans et je n’imaginais pas que j’écrirais
Des années plus tard, Marc Levy, en dépit du succès de ses livres, doutait d’être
« capable de restituer cette histoire ».
« Il ne s’agissait pas pour moi de faire
un récit historique, et pour raconter
mon père, je devais respecter l’humilité
qui l’a toujours habité. Il fallait de la
délicatesse, et une certaine maîtrise. »
Alors, sans rien dire à son père, Marc
Levy a constitué une documentation,
a enquêté auprès des survivants, et a
commencé à écrire son roman. Avec la
complicité de sa mère, qui, lorsqu’il lui
manquait un détail, essayait de l’obtenir en interrogeant son mari, et, le lendemain, appelait son fils en cachette.
© Cédric Martigny / Opale
un jour, mais je pensais que tout cela
devait être raconté. Je ne savais même
pas que mon père et son frère avaient
écrit juste après la guerre Une histoire
vraie, un premier témoignage sur cette
aventure. »
Essais
Info ou Intox ?
Sommes-nous victimes du prêt-à-penser-le-monde ? Le dernier ouvrage de Pascal Boniface lève le voile
sur ces certitudes qui nous abusent, histoire de tordre le cou à 50 idées reçues sur l'état du monde.
Dans son dernier ouvrage, 50 idées
reçues sur l’état du monde, il choisit de traiter cinquante idées reçues
parmi les plus répandues sur les affaionfrontés à la complexité res mondiales et entreprend de mond’un monde de plus en plus trer « l’autre face du décor, la réalité
difficile à décrypter, nous qui se cache derrière l’apparence ».
pouvons être tentés de re- Ainsi, il est aujourd’hui largement
noncer à le comprendre. À l’inverse, admis que la mondialisation s’impose
nous pouvons aussi être tentés par à tous. Mais en réalité, cet argument
une simplification extrême.
de l’impuissance face à la mondialisation est destiné à faire
« Les questions interpasser des décisions qui ne
Pascal Boniface
nationales n’échappent
relèvent pas d’obligations
signera son livre
pas aux idées reçues ! »
incontournables mais bel
au stand de la
Pascal Boniface souligne
et bien de choix politiques
librairie Orientale
avec justesse le fait qu’elparticuliers. Bien souvent, la
le
les encombrent aussi bien
mondialisation est invoquée
29 octobre
l’esprit des non-initiés
pour « contraindre ceux qui
à 20h
que celui des professionsont le moins payés à modénels. Si d’aucuns les font
rer leurs revendications », et
circuler à dessein parce qu’elles ser- permettre à ceux qui sont en haut de
vent leurs intérêts, elles sont la plu- la hiérarchie d’augmenter considérapart du temps propagées de bonne blement leurs revenus.
foi. Comme elles ne sont pas complètement fantasmatiques et semblent De même, il est de bon ton de prétendre
relever d’un certain bon sens, elles que le 11-Septembre a changé la face
finissent par prendre l’apparence du du monde. Peut-on raisonnablement
vraisemblable. À force de circuler, soutenir le contraire ? Oui ! Il s’agit
elles passent pour des évidences. Et tout simplement de ne pas confondre
l’erreur est aisée ; car ces idées reçues l’apparence terrifiante des événements
ont bel et bien une racine de réalité du 11 septembre 2001 et leur impact
à partir de laquelle se développe un réel sur l’ordre mondial. Contrairecontresens. L’erreur est d’autant plus ment à la chute du mur de Berlin et à
aisée que ces idées reçues se trouvent l’éclatement de l’Union soviétique qui
parfois là où on les attend le moins… ont entraîné la création d’un monde
dans des livres… voire même des nouveau avec la fin de l’ère bipolaire
ouvrages censés faire autorité. Mais bloc contre bloc, le 11-Septembre n’a
« croire que ce qui est dans un livre pas bouleversé la structure des relane peut qu’être la vérité est une er- tions internationales ; les rapports
reur », comme le rappelle si justement de force entre les grandes puissances
Pascal Boniface.
n’ont pas été modifiés et les États-
les nombreuses résolutions de l’ONU
sur le sujet ». Mais « au-delà des divergences que les deux pays entretiennent sur le conflit israélo-palestinien,
la France a des relations très développées avec Israël ».
50 idées reçues sur l’état du monde de
Pascal Boniface, Dalloz, 157 p.
C
Enseigner la vérité à l’école ? Quels
enjeux ? de Dominique Borne, Armand Colin, 2007,
160 p.
D
ominique Borne, historien
de formation, a été doyen de
l’inspection générale de l’enseignement en France. Il nous livre ici
un petit livre au contenu très dense,
certainement le fruit d’une sérieuse
réflexion liée à sa longue expérience
de l’enseignement. Très ambitieusement, il commence par nous donner
un parcours historique de l’idée de
vérité des Grecs anciens à nos jours.
Les Grecs ont séparé le mythe de la
raison pour permettre l’émergence du
premier exposé intelligible du savoir.
Le christianisme y a ajouté la vérité
révélée, la bonne nouvelle des Évangiles. Le mythe est porteur de vérité, la
révélation et la raison aussi, mais dans
l’évolution de la pensée, ces trois termes ne s’opposent pas nécessairement
comme le montre l’histoire longue de
la rhétorique.
Jeudi 23 octobre 2008
D.R.
Unis, au lieu d’en être affaiblis, ont
même affirmé leur leadership.
Et que dire de la peur de la Chine ?
La Chine qui va dominer le monde…
Il est vrai que la croissance économique actuelle chinoise est remarquable,
mais maintenir durablement des courbes de croissance économiques aussi
fortes n’est pas chose aisée. De plus,
la Chine doit gérer le vieillissement de
sa population et les dépenses sociales
qu’il induit ; ainsi que la difficulté de
concilier durablement le communisme
avec l’économie de marché.
À tort ou à raison, la France a la réputation d’être pro-arabe. Face au soutien indéfectible des États-Unis à Israël et au silence de certains, la France
reprend « les positions qui sont celles
du droit international et notamment
Parmi les idées reçues qui font autorité, celle avancée par Samuel Huntington sur le choc des civilisations ;
celle qui prédit qu’ « entre le monde
occidental, dominant mais en recul, et
le monde musulman, dominé mais en
expansion, l’affrontement est inévitable ». Boniface reproche à Huntington de commettre l’erreur de penser
que l’histoire est écrite à l’avance ;
que ces deux civilisations vont nécessairement se faire la guerre. Il estime
au contraire que tout dépendra des
décisions politiques qui seront prises
de part et d’autre par les dirigeants.
Ainsi, « ce serait une erreur de penser
que la guerre des civilisations est inéluctable. Cela en serait une autre de
croire qu’elle ne surviendra jamais ».
Égrenant l’une après l’autre nos idées
reçues sur l’état du monde, Pascal
Boniface passe au crible chaque information, chaque détail ; et avec un
impressionnant souci de précision et
une vigilance à toute épreuve, remet
en cause les certitudes les mieux assises pour atteindre enfin une certaine
vérité. La vérité d’un monde qui n’est
pas celui que l’on voudrait, que l’on
imagine ou que l’on croit connaître ;
mais bien la vérité de ce monde méconnu qui est le nôtre.
Lamia EL-SAAD
Le résultat, Les Enfants de la liberté,
est un roman souvent émouvant, parfois drôle, écrit avec une simplicité qui
n’est pas de la naïveté, car ces enfants
trop vite jetés dans une réalité d’adulte
effrayante avaient perdu leur naïveté.
C’est un récit au premier degré, témoignant, sans réinventer à ces jeunes héros une psychologie, de leur courage,
de leur inconscience parfois, et de cet
instinct de vie qui les fait tenir, malgré
les camarades mourant les uns après
les autres de mort violente – guillotiné,
comme Marcel Langer, fusillés, comme
beaucoup d’autres –, malgré la torture,
l’enfermement, et, finalement, ce train
de déportés, dont Raymond Levy, son
frère et quelques camarades pourront
sauter, sans savoir s’ils sont encore en
France ou déjà en Allemagne. On était
le 25 août 1944, le jour même où Paris a été libérée. « Et dans ce champ de
chaumes, dit le Jeannot du roman, mon
petit frère et moi étions et resterions à
jamais deux enfants de la liberté, égarés
parmi soixante millions de morts. »
« Avant tout, ce que je voulais faire,
c’est un livre sur l’esprit de résistance »,
insiste Marc Levy. Et c’est là sa réussite,
dépasser le témoignage ponctuel pour
dire « l’envie de résister ». « Je le répète, je ne m’attribue pas la compétence
de faire un livre d’histoire, ni de remplir un devoir de mémoire, conclut-il.
Pour moi, écrire Les Enfants de la liberté n’avait de sens que si le récit de ce
qu’ont fait ces enfants-là pouvait avoir
un écho chez les éventuels enfants de la
liberté d’aujourd’hui, s’il pouvait être
lu comme un livre non seulement sur la
Résistance – ce qu’il est aussi, puisque
tous les personnages sont cités sous leur
véritable nom –, mais sur la résistance,
en général, en toute circonstance. » Et,
en ces temps de repli identitaire, on peut
assurément être heureux qu’un écrivain
promis à de gros tirages écrive que le
mot « Étranger » « est une des plus belles promesses du monde ».
Josyane SAVIGNEAU
Toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites
de Marc Levy, Robert Laffont, 425 p.
Les Enfants de la liberté de Marc Levy, Robert
Laffont, 440 p. Également disponible en poche chez
Pocket.
La démographie entre
lettre et religion
Le rendez-vous des civilisations, de Youssef
Courbage et Emmanuel Todd, Seuil, 2007,159 p.
L
’islam est-il irrémédiablement
affecté d’un blocage mental qui
le rend réfractaire aux autres
cultures ? Aux théologiens improvisés
qui véhiculent cette analyse pessimiste
et agressive, Emmanuel Todd, historien
et anthropologue, et Youssef Courbage, démographe à l’INED, apportent
une réponse par les statistiques. Non,
le monde n’est pas victime d’un « choc
des civilisations ». Il est plutôt promis à
un « Rendez-vous des civilisations ». Le
Rendez-vous des civilisations démontre
en effet qu’au lieu d’un affrontement,
c’est plutôt un mouvement de convergence qui se profile à l’échelle planétaire, auquel n’échappe pas le monde musulman. Si ce processus ne va pas sans
crispations et résistances, les auteurs affirment que « ces réactions sont moins
des obstacles à la modernisation que les
symptômes de son accélération ».
Partant d’une analyse de données historiques et actuelles axée sur la démographie et l’alphabétisation, les auteurs
constatent que l’alphabétisation des
femmes (qui suit toujours celle des hommes) a un impact certain sur le contrôle
des naissances. Par ailleurs, il apparaît
aux auteurs que dans toute société, le
fait religieux, en donnant un sens à la
vie, est ouvertement ou implicitement
nataliste. Une forte natalité n’est donc
pas une spécificité musulmane. Elle est
surtout liée au retard culturel, à la patrilinéarité et à l’endogamie.
Dans le cas précis du Liban, la communauté chiite qui représentait le groupe
le plus pauvre et le moins scolarisé
était quasiment vouée à la disparition
au XVIIIe siècle. Grâce à une fécondité
très élevée qui n’était comparable dans
la région qu’à celle des femmes juives
ultraorthodoxes d’Israël, les chiites ont
réussi à égaler en nombre les autres
communautés du pays. On constate
cependant que vers 1975, leur fécondité commence à baisser. Bien qu’élevé,
le taux de natalité des chiites du Liban
reste beaucoup plus faible que celui de
la Syrie, signe d’une différence d’évolution familiale et mentale. Les auteurs
en concluent que « si, par leur comportement démographique, les chiites rejoignent les autres Libanais, c’est qu’ils
partagent, plus qu’on ne le croit d’ordinaire et au-delà de ce qu’ils pensent
eux-mêmes, les mêmes valeurs ».
Le Liban n’est qu’un cas d’étude parmi
d’autres dans cet ouvrage dont le but
est surtout d’inviter le lecteur à se pencher sur l’efficacité des données démographiques. Touchant au plus intime
des comportements humains, à savoir
la reproduction, la démographie est
une science indiscrète qui révèle, loin
des discours adressés aux masses et
de la paranoïa organisée par les puissances, le degré réel d’évolution et
d’ouverture des populations. Ce qui
permet à Todd et Courbage de présager un futur proche où « la diversité
des traditions culturelles ne sera plus
perçue comme génératrice de conflit,
mais témoignera simplement de la richesse de l’histoire humaine ». La démographie est-elle le plus efficace des
auspices ? À la lecture de cette étude, il
fait bon y croire.
Fifi ABOU DIB
Vérité et esprit critique dans l'enseignement
La question de l’enseignement est celle
de la transmission de la vérité. Les collèges jésuites s’attachaient essentiellement à la maîtrise des ordres du discours et mobilisaient les connaissances
dans ce but, le vrai étant réservé à l’immuable contenu des écritures saintes.
La pensée critique sape cet imposant
édifice. Descartes introduit le doute.
Molière fait dire à son Don Juan que
la seule chose certaine pour lui est que
deux et deux font quatre et que quatre
et quatre font huit.
L’école de Jules Ferry rejette l’instruction religieuse en dehors de ses murs et
travaille à établir une morale sans référence à un principe transcendant. Tout
en glorifiant la justice, elle cherche
moins à établir la vérité qu’à dissiper
les erreurs. Après 1914, la certitude
que la science fera le bonheur de l’humanité s’effrite après les horreurs de
la grande guerre. Le marxisme renoue
avec l’affirmation des vérités révélées.
Viendra plus récemment le temps des
soupçons, des dénonciations et des déconstructions.
Quelles en sont les conséquences pédagogiques ? Bien évidemment, l’élève ne
doit pas apprendre de façon passive,
mais il ne peut avoir les moyens de réinventer tout le savoir humain. Le savoir
scolaire se compose de contenus bien
définis et d’exercices d’apprentissage.
Il est distinct en soi de la vérité scientifique. Il faut enseigner des éléments de
connaissances scientifiquement vérifiés
ou considérés conventionnellement
comme tels : cela peut être l’orthographe et la grammaire, la géométrie ou
la numération. Il faut travailler pour
donner à l’élève les moyens de son
autonomie.
Dominique Borne prend quelques
exemples comme l’étude des textes et
la traduction : « La recherche de la
vérité est donc recherche de l’autre,
de cette communauté voisine qui
parle une autre langue. Comprendre
le texte, c’est comprendre l’autre dans
son contexte historique et culturel,
puis l’interpréter, le ramener dans sa
langue sans pour autant effacer les
différences. »
L’historien fournit moins des connaissances qu’il apprend à raisonner sur
des faits éclairant simultanément des
pans du passé et des morceaux du présent. Les sciences dites exactes, mêmes
expérimentales, sont d’abord enseignées comme des vérités établies. Pour
mieux faire comprendre la logique de
l’investigation scientifique, il faut généraliser l’histoire des sciences qui met
à leurs places respectives les théories
et les démarches expérimentales destinées à les éprouver. C’est indispensable
pour les sciences du vivant où il faut
montrer que la théorie de l’évolution
est le produit de la démarche scientifique alors que le créationnisme appartient au domaine de la croyance. Les
récits religieux de la création expriment comment des croyants pensent
les rapports entre un Dieu créateur et
ses créatures, ils relèvent de la littérature symbolique. Inversement un traité
scientifique sur l’évolution des espèces
n’est pas un traité métaphysique et ne
dit rien des origines et de la finalité de
l’univers où nous vivons.
En conclusion, l’auteur nous dit : « La
pédagogie de l’enseignement de la vérité repose sur deux piliers essentiels :
distinguer, sans jamais les opposer, les
démarches qui conduisent à la croyance et les démarches qui conduisent au
savoir. Les vérités qu’elles recherchent
sont d’un ordre différent. L’autre règle impérative : apprendre aux élèves
à se défier des vérités affirmées abso-
lument. Que ces vérités soient de l’ordre de la croyance ou qu’elles soient
de l’ordre des savoirs, ce sont toujours des vérités qui oppriment. Sans
relativisme aucun, l’école enseigne la
recherche d’une vérité qui libère. »
Ce petit traité au riche contenu humaniste et qui fait toujours référence
aux pratiques de l’école doit être lu
par tous ceux qui s’intéressent à ce
que doit être un enseignement. Le
maître détient l’autorité de celui qui
a à transmettre des vérités, mais cette
transmission ne peut se faire qu’en
introduisant de façon constante la
dimension critique. Il faut remercier
Dominique Borne de nous avoir ainsi rappelé cette vérité fondamentale
qu’il nous a présentée de la façon la
plus critique qu’il soit. Il est le premier exemple de son modèle.
Henry Laurens