Les fleurs bleues, Excipit, R. Queneau

Transcription

Les fleurs bleues, Excipit, R. Queneau
Les fleurs bleues, Queneau
Excipit (chapitre 21)
Introduction : Ce dernier chapitre est extrêmement court et il rompt avec l’isométrie de la
taille des chapitres précédents. Il rompt également avec sa logique distributive : 5 séquences
de 4 chapitres avec une alternance et une progression. La 5ème séquence voit la fusion des
temps : le duc d’Auge et Cidrolin se retrouvent à la même époque et au même lieu : les deux
personnages qui ne communiquaient que par le rêve sont réunis = fusion dans l’espace.
Cidrolin s’en va sur son canot et le duc se stabilise sur la péniche : fusion des personnages. Il
y a par ailleurs la disparition du rêve : il n’y en a pas dans le chapitre 21.
Dans la 5ème séquence il y a également la fin de l’énigme policière et donc fin de l’aspect
policier du roman, mais également fin d’une romance, de l’aspect sentimental, bluette entre
Lalix et Cidrolin.
Au seuil du chapitre, il y a la réunion du versant historique et contemporain dans la péniche
car le véhicule du duc est endommagé dans la chute de l’immeuble.
Cette péniche s’appelle « L’arche » et peut faire référence à L’Arche de Noé et au déluge.
Axe I : Un texte qui fait référence à un épisode biblique.
En quoi Queneau est-il fidèle à la Bible et en quoi il s’en écarte ?
La pluie n’intervient que dans le dernier paragraphe et apparait plusieurs fois dans Les fleurs
bleues. « Il plut pendant des jours et des jours » qui est la formule exacte de La Bible.
Pour le lecteur, le nom de la péniche, L’arche, prend à présent tout son sens. Les hôtes se
multiplient comme dans La Bible et son des deux sexes. Les animaux sont également
représentés, par les chevaux.
L’échouage final : dans la Bible, l’arche s’échoue sur le mont Ararat et dans le roman, il
s’échoue sur le sommet d’un donjon.
Mais Queneau se livre à une relecture :
Dans la bile, il y a une alliance en Noé et Dieu pour laver une humanité pervertie. Ici, il n’y a
aucun substrat religieux, il n’y a pas l’idée d’une humanité qui doit être lavée.
Le couple, contrairement à la Bible, quitte l’arche et disparait : le début d’une nouvelle ère
pour eux, ils partent pour vivre leurs amours et disparaissent de la péniche et du roman.
Présence de termes prosaïques. On a recours à un lexique qui renvoi à une réalité très
« triviale », très terre à terre.
Les dialogues sont d’une banalité absolue, à la limite du registre familier.
En revanche, le dernier paragraphe se distingue par un style beaucoup plus noble. Il y a un
mélange de niveau de langue et de style très différents qui n’est pas présent dans la Bible qui
adopte un style soutenu.
Axe II : La fin de l’histoire (dans les deux sens).
On a le sentiment d’être parvenu à un terme. C’est la fin de l’histoire : la fin du roman, du
récit : une fusion avec les temps mêlés, une fusion dans l’espace aux abords et dans la péniche.
Il y a la disparition du rêve et la fusion des deux personnages qui sont les deux personnalités
très complexe d’un même personnage. Tous les personnages des deux versants sont réunis.
Cidrolin disparait du roman et tourne la page. Lui qui était passif devient actif : le sédentaire
devient nomade.
Cidrolin était victime d’une névrose obsessionnelle : il sort de cette période pour rentrer dans
une autre de bonheur et l’épanouissement. Les fleurs bleues, à la fin, peuvent symboliser
l’accès à la sagesse, au bonheur.
On ne parle plus d’eux : « Les gens heureux n’ont pas d’histoire » (expression).
La fin de l’histoire marque aussi la fin de la science historique. Le duc se retrouve au sommet
d’un donjon, comme au chapitre 1. Un même phrase réapparait « Il considère un tantinet soit
peu … ».
« Le lendemain » est un indice énonciatif mais on ne sait pas de quel jour de la date de
l’incipit ? Une impression de boucle : l’histoire est une éternelle répétition : idée que l’histoire
recommence.
?? Le duc entre dans une nouvelle vie en coupant les amarres ?
Ici, les restes du passé, qui sont symboles du malheur des hommes, sont engloutis (dans la
vase ??)
Les fleurs bleues représentent un renouveau.
Conclusion :
Queneau ne donne pas de morales définitives : il laisse le lecteur libre pour la trouver.
Il y a l’idée d’un roman qui s’efface petit à petit.
Le ton est plus neutre.
Au chapitre 21, on est à la fin d’un satyre (= un pot pourri).

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