Bourse - Square Strategy

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Publié dans Les Echos
BOURSE : L'ARABIE SAOUDITE PRETE A S'OUVRIR AUX INVESTISSEURS
ETRANGERS
Pierrick Fay – Les Echos
21 mai 2014
L’Arabie Saoudite pourrait prochainement autoriser les étrangers à investir en
direct sur les actions à la bourse de Ryad. La région, en forte croissance, ne
manque pas d’attrait, mais le régulateur veut aussi se prémunir contre les flux
spéculatifs.
C’est l’un des marchés boursiers phares de 2014. La bourse de Ryad gagne 14 % depuis le début de
l’année et l’indice Tadawul All Share gagne même plus de 33 % sur un an. Les marchés du golfe
persique sont devenus cette année un refuge pour les investisseurs, attirés notamment par la manne
énergétique de pays par ailleurs peu endettés. Un atout dont les dirigeants de la Bourse d’Arabie
saoudite, le plus important marché de la région (532 milliards de dollars de capitalisation), aimerait
bien profiter un peu plus. Objectif : permettre les investissements étrangers directs sur les actions
cotées à Ryad. Le Conseil économique suprême du royaume serait en passe de donner son aval à ce
projet présenté par L’Autorité des marchés de capitaux (CMA), qui y travaille depuis plus d’un an.
Actuellement, seuls les investisseurs membres du conseil de coopération des six pays du golfe
persique sont autorisés à investir en direct en bourse. Les autres ne peuvent le faire que via des ETF
(fonds indiciels cotés) ou des produits dérivés. Selon Bloomberg, trois banques, dont HSBC et
Deutsche Bank, auraient participé à une série de test pour vérifier notamment le bon
fonctionnement du système (transfert de cash, bonne exécution des ordres d’achat et de vente etc.).
Attirer les investisseurs étrangers
L’ouverture du marché des capitaux d’Arabie saoudite ne doit rien au hasard. Le pays est engagé
dans un vaste plan d’investissement, de 130 milliards de dollars, pour élargir son activité économique
au-delà du pétrole et du gaz. Et avec une croissance estimée à 4,2 % en 2014, le royaume ne manque
pas d’attrait. « Cette ouverture va renforcer l’attractivité du pays et attirer de nouveaux investisseurs
encore trop frileux. Des milliards de dollars sont déjà prévus en terme d’investissement. Les grandes
entreprises saoudiennes fonctionnent très bien et elles vont encore grandir grâce à cet intérêt
nouveau. Les opportunités sont nombreuses (construction, transport, santé, tourisme religieux, etc.)
pour les entreprises étrangères, mais ce sont surtout les entreprises locales qui en profitent le plus »,
explique Frédéric Paquay, consultant aux Emirats arabes unis pour Square Strategy. Selon lui, « la
rente pétrolière de l’Arabie Saoudite ne devrait pas nécessiter de rechercher des capitaux directs
étrangers. Cependant les autorités ont entrepris une politique de diversification de l’économie locale
car ils ont compris depuis longtemps que cette rente ne suffirait plus à l’avenir et qu’il était surtout
risqué de n’avoir que cette source d’approvisionnement financier. Dès lors, cette volonté de moindre
dépendance, ajoutée au désir d’une plus grande compétitivité des entreprises saoudiennes et du
besoin de créer des emplois locaux (politique de nationalisation de la force de travail – « saudization
») ont poussé les autorités à ouvrir leur marché aux étrangers alors qu’ils ont besoin d’impliquer le
secteur privé dans leur stratégie globale. En outre, ouvrir le marché va permettre au pays de se
structurer et de se discipliner aux réglementations internationales, lui permettant de plus facilement
grandir dans le monde globalisé ».
Devenir un marché émergent comme le Qatar
Mais la pression internationale a aussi pu jouer un rôle. Un exemple ? Le groupe Franklin Templeton
avait indiqué en novembre dernier qu’il pourrait doubler, voire tripler ses investissements en Arabie
Saoudite en cas d’ouverture du marché. Par ailleurs, le spécialiste des indices MSCI pourrait, en
réaction, réfléchir à faire passer le pays du statut de marché frontière à celui de marché émergent, à
l’instar des Emirats Arabes Unis et du Qatar. Deux pays dont les bourses ont fortement progressé ces
derniers mois en partie grâce à ce changement de dénomination, fondamental pour de nombreux
investisseurs institutionnels. C’est donc aussi une question de suprématie régionale.
Lutter contre les flux spéculatifs
Pour obtenir l’accord des autorités, la CMA pourrait imposer certaines règles pour réduire
notamment les risques de spéculation sur les marchés actions. Seuls les investisseurs gérant plus de
5 milliards de dollars d’actifs se verraient ouvrir les portes du royaume. Ils devront aussi opérer
effectivement dans le pays au moins depuis 5 ans. Enfin, l’investissement dans les compagnies
locales pourrait être limité à un certain pourcentage du capital. Des conditions qui doivent encore
être officialisées. « L’Arabie Saoudite ne va pas devenir les Etats-Unis du jour au lendemain »,
reconnaît Frédéric Paquay de Square Strategy. « Les autorités gouvernementales et du Tadawul (la
bourse de Ryad) ont peur de dérégler le marché et vont refuser de voir leur marché devenir la proie
des spéculations. Ouvrir le marché aux étrangers est un sujet politique très sensible dans le pays. Il
faudra s’attendre à de nombreuses réactions négatives de personnalités locales (notamment
religieuses) qui n’acceptent pas qu’on brade les richesses nationales aux étrangers ».
Source : Les Echos.fr – 21 mai 2014 http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/financemarches/0203509079439-bourse-l-arabie-saoudite-veut-s-ouvrir-un-peu-plus-aux-etrangers672266.php