Un bon plan pour sécuriser la relève et les cédants

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Un bon plan pour sécuriser la relève et les cédants
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 6 mars 2013
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TRANSFERT
Un bon plan pour sécuriser la relève et les cédants
JULIE MERCIER
Pour un agriculteur, le transfert de
l’entreprise qu’il a mis une vie à bâtir
peut engendrer son lot de stress. Afin
de limiter les désagréments, mieux vaut
tout planifier au quart de tour. « Transfert
réfléchi engendre paix d’esprit », résume
Chantal Bourgeois, première directrice
principale chez Raymond Chabot Grant
Thornton (RCGT) à Saint-Hyacinthe.
« Faire un transfert, ce n’est pas facile »,
lance d’entrée de jeu Mme Bourgeois, que
RCGT a choisie comme porte-parole
agricole, étant donné son expertise. En
effet, elle est Commandeure de l’Ordre
national du mérite agricole (ONMA)
puisque la Ferme Saint-Ours, entreprise
qu’elle dirige avec sa sœur Martine
et son beau-frère Serge, a remporté la
médaille d’or de l’ONMA en 2010.
« J’ai aussi vécu le transfert avec mon
père, et nous sommes déjà en train de
réfléchir à la prochaine génération »,
affirme la comptable agréée dont l’employeur vient de mettre au point un pro-
gramme d’assistance au transfert en sept
étapes spécifiques.
« C’est vraiment une approche centrée sur les propriétaires et la relève,
souligne-t-elle. Nous visons à amener
tous ces gens à communiquer, avec au
centre le coach en gestion de relève
qui se veut neutre. Il n’y a pas que des
chiffres. L’aspect humain ne doit pas être
négligé, car il facilite le reste. À la fin, on
récolte. »
En sept étapes
La première étape du plan permet,
d’une part, de brosser le portrait de la
situation et des acteurs et, d’autre part,
d’écouter les préoccupations des cédants
et de la relève. « C’est le moment de
s’asseoir pour voir où on est. On ne parle
pas de chiffres », explique la directrice.
Vient ensuite le temps de mobiliser
tous les gens impliqués dans le transfert
et de dresser la liste des professionnels
nécessaires à la réalisation du projet. La
troisième étape vise à analyser l’entreprise. Dans quel état se trouve-t-elle?
Quels sont les besoins des enfants? Des
Préparation
Comme toute transaction impliquant
des actifs importants, le transfert non
apparenté nécessite une bonne préparation « du terrain ». « Ça prend
beaucoup de temps, d’information et
de planification. Il faut s’y prendre
d’avance, conseille Michel Jetté.
Si vous voulez faire un transfert,
consultez votre Centre régional d’établissement en agriculture, un notaire,
un fiscaliste. Ça ne coûte pas cher et ça
rapporte de l’argent. » L’agriculteur a
d’ailleurs présenté sa réflexion et son
plan de transfert à la dernière Journée
agricole 2013 Montréal-LavalLanaudière, « Vendre ou transférer
l’entreprise? Comprendre, planifier
pour mieux agir ».
La transaction semble servir d’inspiration autour de lui. « Les gens me
disent : “C’est plaisant, il y a toujours
des vaches dans ton étable.” Mais ce
n’est pas seulement ça.
C’est surtout que j’ai aidé un jeune
à démarrer en agriculture. Il faut penser à ceux qui nous suivent », conclut
Michel Jetté.
parents? « C’est le moment de déterminer si l’on procède à un transfert total ou
progressif », ajoute Mme Bourgeois.
Le processus se poursuit avec la
réflexion stratégique, qui permet d’établir la vision à long terme de la ferme.
L’exercice s’apparente à l’élaboration
d’un plan d’action. « Il faut prendre le
temps de s’asseoir et de parler de sa
vision de l’agriculture. Encore ici, l’aspect humain est important », précise la
comptable agréée.
Les trois dernières étapes s’avèrent
plutôt cartésiennes puisqu’elles abordent
les chiffres liés au transfert, soit l’aspect
fiscal, le plan de financement et la réalisation du projet. « La dernière étape n’est
pas une fin en soi, et c’est important de
continuer de communiquer. C’est un
processus très sécurisant, parce que tout
le monde a la chance de s’exprimer »,
résume Mme Bourgeois. Bien évidem-
ment, tout le processus se mesure en
années et fait appel à une équipe multidisciplinaire d’experts créatifs. « En
agriculture, l’harmonie familiale est très
importante, soumet-elle. Pour assurer
la pérennité de nos entreprises, il faut
accepter de se faire aider. »
De plus, l’exercice demeure accessible
et abordable, soutient Mme Bourgeois.
Le ministère de l’Agriculture du Québec
offre d’ailleurs de l’aide financière.
« C’est un investissement dans notre
avenir agricole », assure-t-elle.
Pour visualiser toutes les étapes du
processus, RCGT a mis au point un napperon plastifié. « Cela permet de réfléchir
au transfert pendant le petit déjeuner,
de se préparer mentalement, indique
Chantal Bourgeois. Notre objectif, c’est
que ce napperon fasse réfléchir à l’importance de la pérennité de nos entreprises agricoles », conclut-elle.

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