Les patrons sont-ils tous des menteurs ? Stéphane SIMARD 2

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Les patrons sont-ils tous des menteurs ? Stéphane SIMARD 2
Les patrons sont-ils tous des menteurs ?
Stéphane SIMARD
2 octobre 2012
Un brin provocateur, l’intitulé de la première conférence de la saison organisée par le
Groupe Sup de Co La Rochelle, n’a pas manqué de susciter la curiosité d’un large public
d’étudiants, de chefs d’entreprise, et de professeurs. Le 2 octobre dernier l’amphithéâtre de
l’Ecole affichait complet. Le conférencier canadien, Stéphane Simard, est un spécialiste du
management et l’auteur de nombreux ouvrages, dont le best-seller « Génération Y ». La
question du jour, « Les patrons sont-ils tous des menteurs ? », qui a également donné
naissance à un ouvrage éponyme, est en fait celle que se pose cette fameuse génération Y
avide de transparence et de reconnaissance, face à des managers parfois déconcertés par
les attentes de leurs jeunes collaborateurs. A la fois pragmatique et malicieux, Stéphane
Simard s’est attaché à décrypter cette nouvelle génération tout en éclairant les patrons sur
les façons d’appréhender leurs salariés de demain. A la clef : regagner la crédibilité sans
laquelle il ne peut y avoir d’efficacité professionnelle.
Génération Y
En s’appuyant sur un quizz humoristique et interactif, Stéphane Simard a esquissé une sorte
de portrait-robot de ces nouveaux salariés issus de la génération Y. Moins carriériste que la
génération précédente, cette jeunesse est davantage attachée à sa qualité de vie et vise, avant
tout, l’équilibre entre sphère professionnelle et vie personnelle. Ayant parfaitement assimilé
l’idée de l’allongement de durée de la vie active, elle aspire à y trouver plus de sens et
confronte inévitablement ses idéaux à ceux de l’entreprise dans laquelle elle s’investit.
Habituée à être consultée, à donner son avis sur tout et n’importe quoi, cette génération en
devenir entretient un rapport à l’information qui a radicalement changé au cours de la dernière
décennie. Dans un monde où l’accès à l’information est instantané et totalement libéré, ces
jeunes adultes sont retors à une organisation traditionnelle et opaque qui ne prend pas en
compte leurs aspirations profondes de transparence. Soulignant la tendance de cette
génération à s’engager pour des personnes davantage que pour des causes ou des entreprises,
Stéphane Simard insiste sur le besoin collaboratif et relationnel qui conduit à éprouver l’autre
dans sa bienveillance, sa capacité de soutien, sa réciprocité et sa sincérité. Le pouvoir et
l’autorité se méritent et ne s’imposent plus.
Avec des exigences très différentes de celles de leurs parents, l’attente vis-à-vis du travail ne
se limite pas à une simple rémunération en échange d’un service. Faute de saisir ces attentes
et d’y répondre clairement, l’employeur passera pour un menteur. Les entreprises qui vont
nécessairement bâtir leur développement sur ces forces vives au cours des prochaines années
vont impérativement devoir intégrer ces nouveaux ressorts et cela constitue un défi majeur.
« Pourquoi est-ce que je me défoncerais pour un patron qui ne sait même pas qui je suis,
ce que je veux ou ce que je peux faire pour l’entreprise ? »
Voilà la question que se pose chaque matin la nouvelle génération de salariés en arrivant au
travail. Et Stéphane Simard d’insister pour que les patrons se posent aussi cette question. En y
répondant avec franchise et authenticité, ils progresseront vers les attentes de leurs
collaborateurs, rétabliront une relation de confiance indispensable et redonneront du sens au
travail.
Pour atteindre ses objectifs, un patron doit savoir se définir, savoir ce qu’il veut et enfin ce
qu’il doit mettre en place et transmettre à ses salariés. Il faut jouer la transparence, la
reconnaissance et générer ainsi l’esprit d’équipe et le sens du travail, tant recherchés par la
génération Y.
Pour favoriser ce principe d’engagement, patrons et salariés doivent partager la raison d’être
de l’entreprise. Pour ce faire, il faut se concentrer sur ce qu’on a de commun, ce que l’on
partage.
Construire l’engagement
Stéphane Simard encourage les managers à s’interroger et à travailler sur l’image qu’ils
renvoient à leurs collaborateurs, il les incite à rassurer leurs équipes, à les accompagner. Son
mot d’ordre : « intéressez-vous aux autres, plutôt que de vouloir être intéressant ». Un
manager qui se soucie du bien-être et de l’épanouissement de ses salariés, mobilisera et
fédérera son équipe. C’est précisément la réponse aux attentes de la génération Y. Le premier
pas vers une relation de confiance s’effectue dès les premiers entretiens d’embauche qui
doivent être le plus transparents possible. C’est en multipliant ensuite les occasions de fédérer
les équipes de façon informelle ou plus formellement (entretiens d’évaluation) que les
relations s’ajusteront autour d’une écoute à même de faire vivre cette confiance et la
transparence qui l’accompagne.
Avec un enthousiasme communicatif, Stéphane Simard de conclure positivement : « la crise
que nous traversons actuellement est aussi l’occasion d’apprendre à parler plus vrai à ses
salariés et d’instaurer un dialogue intergénérationnel constructif ».