Trust, réalisé par David Schwimmer. Par Serge Goffinet. Une jeune

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Trust, réalisé par David Schwimmer. Par Serge Goffinet. Une jeune
Trust, réalisé par David Schwimmer. Par Serge Goffinet.
Une jeune fille de 14 ans chate avec Charlie, 15 ans. Elle vit avec ses parents, sa
petite sœur et son frère aîné, qui va bientôt quitter la maison pour l’université. Elle
fait partie de l’équipe de volley-ball et est une bonne élève. Mais Charlie n’a pas 15
ans mais 20 puis 25, elle téléphone maintenant avec lui et les propos prennent des
allures coquines. Finalement, elle décide de le rencontrer : il a au moins 35 ans. En
la manipulant, il va la violer. Grâce au témoignage d’une amie, les faits vont venir
au jour, l’enquête policière va démarrer mais la jeune fille est très amoureuse. Il lui
faudra tout un parcours personnel, accompagnée d’une psy, pour parvenir à
admettre qu’elle a été dupée. En même temps, la mère est brisée et le père rêve de
se venger, ce qui complique la situation de la jeune fille. L’amour familial permettra
à la jeune fille de dépasser l’épreuve et le professeur pédophile sera identifié.
L’intérêt réside dans la sobriété de la description de la démarche du pédophile, son
emprise progressive qui suscite chez le spectateur un dégoût intense.
La dépersonnalisation péri-traumatique est bien illustrée, quoique brièvement. Le
viol de cette jeune ne la détruit pas elle dans son contexte scolaire seulement mais
aussi dans l’atmosphère familiale.
Adolescence et psychotraumatisme sont ici illustrés avec une très grande pertinence
et le film montre bien comment s’enchevêtrent le phénomène du Réel traumatique
de l’adolescence sous forme de non-événement et le Réel traumatique du viol sousforme d’événement. L’intrigue policière souligne surtout la temporalité si différente
entre le vécu de la victime et de ses proches et le temps nécessaire à pister les
prédateurs sexuels. C’est un film américain mais l’héroïne pourrait d’être n’importe
quelle internaute teenager.
L’évocation de la psychothérapie est faite sans outrances et montre le travail
empathique des psychothérapeutes juvéniles face à la détresse déniée, puis
reconnue et partagée. Etre victime de viol est terrible, se sentir idiote parce que le
phénomène d’emprise est redoutable peut déprimer encore plus fortement une
adolescente, qui s’interroge sur son identité et son identité sexuelle.
Film américain de 2010, assez réussi par son évitement du glauque, du voyeurisme
ou du larmoyant.
Un film au ton juste.