Formation Médicale Continue

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Formation Médicale Continue
Universités Paris V, VI, XI et XII
Année 2007-2008
Mémoire
du
Diplôme Inter Universitaire de Pédagogie Médicale
Formation Médicale Continue
Etat des lieux et Conséquences Pratiques
Dr Grégoire JEANNIARD
Dr Diane DESCAMPS
Directeur de Mémoire : Monsieur le Pr GRIMALDI
Table des Matières
1. Introduction
4
2. En France la formation médicale continue est obligatoire
4
2.1 Pourquoi ?
4
2.2. Par quels moyens ?
4
2.3 Selon quelles modalités ?
5
3. Etat des lieux de la formation médicale continue de 1998 2008
6
3.1 En
6
3.2 A l’échelle européenne
7
4. Industrie Pharmaceutique et la formation médicale continue
8
5. Influence de l’Industrie Pharmaceutique
9
6. Conclusion
10
7. Proposition
11
7.1 Méthodologie
11
7.2 Pré Projet
11
8. Références
14
2
Résumé
La Formation Médicale Continue (FMC) est une obligation déontologique et
légale pour les médecins français. Elle a pour objectif d'adapter les pratiques
médicales aux données scientifiques validées et aux progrès technologiques et
thérapeutiques afin de proposer aux patients les meilleurs soins aux meilleurs coûts et
de maintenir la compétence et l’expertise professionnelle du corps médical.
En France, divers débats ont été engagés à propos de son mode d’organisation
et sur le contrôle de son financement. Les financements de la FMC sont limités et
ciblés; De nombreuses associations et des structures dites de FMC ont mis en œuvre
des méthodes et des programmes de formation avec le soutien financier de l'Industrie
pharmaceutique. Cette dernière consacre de plus en plus une part importante de ses
revenus à la formation des médecins, tant initiale que continue. Cependant, ces
activités de formation ne font l'objet d'aucun contrôle qualité et plus globalement, la
compétence des médecins après la fin de leur cursus universitaire n’est jamais
réévaluée.
Au cours des dernières années, les dispositions légales en rapport avec la FMC
n’ont cessé et ne cessent encore d’évoluer. Le bénéfice en est certainement que le
système imaginé s’optimise à chaque nouvelle proposition, mais l’inconvénient majeur
qui en résulte est qu’il n’est concrètement toujours pas opérationnel.
L’objet de ce travail est, après avoir dressé un état des lieux de l’avancée de la FMC
en France et de l’influence de l’industrie pharmaceutique, de proposer aux médecins
sollicités par l’industrie pour élaborer et animer un programme de formation, un outil
pragmatique d’évaluation de leur niveau de maîtrise de l’opération par rapport à celui
du financeur.
3
1. Introduction
La Formation Médicale Continue (FMC) a pour objectif d'adapter les pratiques
médicales aux données scientifiques validées et aux progrès technologiques et
thérapeutiques afin de proposer aux patients les meilleurs soins aux meilleurs coûts et
de maintenir la compétence et l’expertise professionnelle du corps médical1.
En France, divers débats ont été engagés à propos de son mode d’organisation
et sur le contrôle de son financement. Les financements de la FMC sont limités et
ciblés; l'obtention des fonds nécessite des procédures administratives lourdes et
décourageantes. Il en résulte que les bénéficiaires sont le plus souvent des initiés
professionnels ou semi-professionnels de la FMC. De nombreuses associations et des
structures dites de FMC ont mis en œuvre des méthodes et des programmes de
formation avec le soutien financier de l'Industrie pharmaceutique. Cependant, ces
activités de formation ne font l'objet d'aucun contrôle qualité et plus globalement, la
compétence des médecins après la fin de leur cursus universitaire n’est jamais
réévaluée1.
Au cours des dernières années, les dispositions légales en rapport avec la FMC
n’ont cessé et ne cessent d’évoluer en France. Les enjeux de la réglementation de la
FMC sont devenus considérables. Le plus important d’entre eux reste celui de fournir
au public une garantie de contrôle de qualité du praticien2.
2. En France la Formation Médicale Continue est obligatoire
2.1 Pourquoi ?
La formation médicale initiale dure entre 9 et 13 ans selon la spécialisation. On
estime qu’il faut 7 ans pour que 50% des connaissances scientifiques médicales et
techniques acquises lors de la formation médicale initiale soient obsolètes. La FMC,
menée en parallèle à l’exercice professionnel, s’avère donc indispensable, pour
garantir la qualité de l’exercice médical3.
L’obligation de FMC pour les médecins a été introduite et précisée dans divers
textes de loi et notamment, l’Ordonnance du 24 avril 1996 (complétée par l’arrêté du 6
mai 1997 et confirmée dans la loi du 4 mars 2002) qui stipule que : « La FMC a pour
objectif le perfectionnement des connaissances et l’amélioration de la qualité des soins
et du mieux être des patients, notamment dans le domaine de la prévention, ainsi que
l’amélioration de la prise en compte des priorités de santé publique. Elle est devenue
une obligation légale pour les médecins… »4
À partir de 2004, une obligation nouvelle et complémentaire concernant
l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP) apparaît (2) précisant que « l’EPP,
avec le perfectionnement des connaissances, fait partie intégrante de la formation
médicale continue ». Elle devait être effective le 1er juillet 20055.
2.2. Par quels moyens ?
La FMC doit se donner les moyens3 :
- d’assurer le perfectionnement des connaissances c'est-à-dire la transformation et
l’acquisition de nouvelles connaissances
- de permettre l’évaluation de l’impact de ces acquisitions sur la pratique médicale.
Or, comme le souligne, J.M. Chabot (3) :« …l’évolution la plus importante de ces
dernières années est ailleurs ; elle concerne le glissement progressif, lancé par les
pays anglo-américains, du concept de Continuing Medical Education (CME) vers celui
4
de Continuing Medical Development (CMD). Au-delà des mots, la finalité se déplace
donc de la pédagogie et de l’actualisation des connaissances vers l’exercice
professionnel et tout ce qui permet de l’améliorer. Cela inclut (entre autres) une
perception supérieure des attentes/besoins des patients ou encore une meilleure
connaissance du système de soins, de l’environnement professionnel et de ses
ressources»6.
2.3 Selon quelles modalités?
La procédure de validation de l’obligation de FMC est résumée dans le schéma
ci-après3 :
Le tableau ci-dessous, présente les différentes modalités possibles pour acquérir
des crédits de formation. A chaque action de FMC suivie par le médecin, correspond
une attribution de points. Il est noté que la part attribuée à une FMC présentielle est
importante (100-150/250 points dont 100 points d’EPP).
La FMC présentielle s’inscrit dans divers cas de figure (symposium lors de
congrès internationaux et nationaux, réunions sous l’égide de sociétés savantes).
5
3. État des lieux de la FMC de 1998 à 2008
3.1 En France
Du point de vue législatif et réglementaire, on l’a vu précédemment, le décret qui
a suivi l’ordonnance d’avril 1996, a institué l’obligation de la FMC des médecins
libéraux. Avec un délai de quelques mois, la FMC des médecins hospitaliers est
également devenue obligatoire en 1997.
En Avril 2000, JM Chabot fait le constat suivant :
« En fait, après que des propositions eurent été faites tout au long de l’année
1997 par les instances professionnelles (Conseil National pour la Formation Médicale
Continue CNFMC) prévues par les textes de 96, aucune décision des tutelles
ministérielles n’est venue et le dispositif de FMC n’a pas été mis en route.
« Il est vrai que la complexité de l’organisation à mettre en route (identification de
l’ensemble des actions de FMC et vérification de leur qualité, suivi du «carnet de FMC
» de chaque praticien, gestion des éventuelles insuffisances) et l’absence d’un
financement suffisant et transparent encourageaient à l’absence de décision ; d’autant
qu’il n’était pas certain que les médecins accueillent cette nouvelle contrainte de FMC
avec enthousiasme.
« Ainsi donc, l’obligation de FMC mise en œuvre depuis le 1er janvier de 1997
est toujours valide.… »6
En juilllet 2000, le même auteur publie un nouvel état des lieux concernant le
projet de loi Santé qui circule depuis quelques semaines où il précise les faits
suivants7 :
- trois conseils nationaux (libéraux, salariés, hospitaliers) sont crées ; ils respectent
le quadripartisme et comportent de plus des personnalités qualifiées.
- un comité de coordination des trois conseils est également mis en place.
- ces conseils fixent les orientations de FMC, agréent les organismes formateurs
(par programme) et évaluateurs (après avis de l’ANAES) et évaluent la FMC.
6
- il revient aux conseils régionaux d’adapter localement la politique de FMC et de
valider les efforts de formation des médecins tous les 5 ans.
- un fond national constitué de dotations publiques est mis en place.
- les médecins sont soumis à l’obligation de FMC et qu’ils peuvent y satisfaire soit
en participant à des programmes/activités de formation soit en choisissant une
procédure d’évaluation adaptée à la spécialité. Le non-respect de cette obligation
est « de nature à entraîner des sanctions disciplinaires ».
Plus récemment, en 2008, on peut lire sur le site du CNFMC, ce communiqué
des Conseils8 :
« Les trois Conseils nationaux de la formation médicale continue, les libéraux, les
salariés et les hospitaliers, réunis solennellement le 2 avril 2008 en séance plénière,
contestent le report de la date de début de la première période quinquennale
d’obligation de formation médicale continue. Les trois CNFMC considèrent que le
dispositif actuel est opérationnel et que rien n’interdit de proclamer immédiatement la
date de début de l’obligation légale ».
Dans un autre communiqué le CN FMC évoque les orientations que prendrait la
nouvelle loi9 :
« Le gouvernement souhaite modifier le dispositif en supprimant les CRFMC.
Pour ce faire, une nouvelle loi serait nécessaire.
« La ministre chargée de la santé a décidé en début d’année de remodeler le
dispositif réglementaire de FMC et d’EPP dans le cadre de la prochaine loi « Patients,
santé et territoires » qui sera présentée au Parlement à la session d’automne 2008.
De ce fait, la nouvelle phase du dispositif FMC/EPP doit s’orienter vers :
- une redéfinition des missions et des champs d’intervention des CNFMC, de la
Haute Autorité de Santé (HAS)
- le recensement et l’élargissement des fonds publics, leurs modalités
d’affectation, ainsi que les conditions d’utilisation des fonds privés ;
- la simplification pour les médecins du circuit de validation
3.2 À l’échelle européenne
La quasi-totalité des pays européens ont mis en œuvre au cours des vingt
dernières années des dispositifs de FMC dont la responsabilité est confiée aux
professions médicales, et qui permettent aux praticiens d’accumuler des crédits
horaires souvent dans le cadre de plans pluriannuels10.
Les formes de FMC sont largement diversifiées mais répondent de plus en plus à
une série de critères de qualité qui, à peu de choses près, sont les mêmes d’un pays à
l’autre.
Dans le respect de l’organisation des systèmes de santé propres à chaque pays
et du statut professionnel des médecins, diverses mesures ¯ incitatives ou coercitives
ont été envisagées afin de motiver les médecins (de la liste publiée des anglais à la
sanction financière des norvégiens)10.
Au plan Européen, aucune disposition ni réglementation spécifique pour la
communauté Européenne n’ont été jusqu’à ce jour proposées.
L’Union Européenne des Médecins Spécialistes (UEMS) est une association
fondée en 1958. Elle comporte une section dédiée à la FMC, l’European Accreditation
Council for Continuing Medical Education (EACCME)10. Cet organisme qui n’a pas de
reconnaissance directe au niveau des instances communautaires trouve sa valeur
dans l’ancienneté de son association – créée à l’aube de la fondation de l’Union
Européenne – mais aussi dans son unicité. L’EACCME a passé de nombreux accords
7
avec plusieurs organismes officiels de pays Européens dont, selon un document fourni
sur leur site en date du 26 avril 2004, le Conseil National de l’Ordre Français. Des
règles détaillées, consensuelles entre les différents organismes nationaux, sont
proposées pour favoriser l’équivalence entre pays des prestations de FMC donnant
lieu à crédits. Un même type d’accord a été passé entre l’UEMS et l’American Medical
Association (AMA)10.
C’est bien évidemment dans le cadre des congrès internationaux que ces
équivalences semblent aujourd’hui le plus nécessaires et peuvent s’appliquer10.
4. L’industrie pharmaceutique et la FMC
Comme le souligne, Marcia Angel dans son ouvrage « la vérité sur les
compagnies pharmaceutique »11, une part importante du budget de l’industrie
pharmaceutique est consacrée à l’éducation des médecins et du public. De plus, une
grande partie de la FMC est dispensée lors des congrès des associations
professionnelles partiellement financées par des compagnies pharmaceutiques11.
Le Pr Philippe Even rappelle dans cet ouvrage que, depuis 30 ans, malgré
plusieurs lois jamais appliquées, la France n’a réussi ni à exiger une recertification des
médecins, ni à mettre sur pieds une formation médicale continue, indépendante et
obligatoire, et qu’elle a laissé entièrement la formation continue des médecins à
l’industrie11.
Dans les pays industrialisés, les firmes pharmaceutiques subventionnent plus de
la moitié de la formation médicale continue, le schéma ci-dessous montre que la
situation dans notre pays 12,13:
DEPENSES PROMOTIONELLES EN FRANCE
ANNEE
CHIFFRE
D’AFFAIRES (M)
DEPENSES
PROMOTIONNELLES
1999
16 045
2000
17 263
2003
21 320
2004
22 760
2005
23 838
1 957
2 2209
2 622
2 777
2 908
%
du
CHIFFRE
d’AFFAIRES
12,1
12,2
12,2
12,2
12,2
Source LEEM (citée dans la référence 14)
L’IGAS, dans son rapport de 2006 (7), évalue les dépenses en FMC de l’industrie
entre 300 et 600 millions d’euros (soit de 10% à 20% du Chiffre d’Affaires) pour 117
millions de fonds publics14.
Les dépenses promotionnelles représentent 14:
- les dépenses d’information médicale : visite médicale (salaires, frais divers…),
congrès, échantillons, réunions de médecins, réunions hospitaliers, sites internet,
mailing d’information, conférence de presse…
- les dépenses publicitaires : presse médicale, publipostage, PLV, achat
d’espace TV…
La taxe de publicité pharmaceutique est calculée sur les charges de
rémunération des visiteurs médicaux, leur frais de transport, de repas et
d’hébergement ainsi que sur les dépenses de publicité pour des médicaments hors
celles dans la presse médicale14.
8
La frontière entre information et publicité est parfois assez floue. La visite
médicale est par exemple classée dans la rubrique “information” mais mise au registre
de la “publicité”14.
La répartition des dépenses promotionnelles en France s’opère comme suit :
Répartition des dépenses promotionnelle
En % des dépenses
promotionnelles
Information
86,6
médicale
Visite médicale
75,8
Congrès
8,6
Echantillons
2,2
Publicité
Presse
Autres
13,4
5,7
7,7
100
Cette répartition est assez proche de celle observée dans d’autres pays
occidentaux. Si la visite médicale représente encore en France un investissement
important, on observe une tendance à la remise en cause de sa suprématie14.
Ces changements répondent certes, aux évolutions des règles du jeu en matière
de contrôle de la communication des firmes sur leurs médicaments mais aussi au
constat que dans certains domaines thérapeutiques la promotion quantitative est
arrivée à saturation14.
La France est en effet le pays d’Europe où le taux de visiteurs médicaux par
médecins est le plus élevé. Les tendances évolutives observées dans la répartition des
investissements sont les suivantes14 :
- réduction de la place de la visite médicale ;
- diminution de la distribution gratuite d’échantillons (désormais interdite) ;
- développement des relations publiques et des congrès ;
- recherche croissante par les laboratoires du soutien d’experts hospitalouniversitaires et leaders d’opinion ;
- augmentation des actions auprès des patients pour agir indirectement sur les
prescripteurs (site internet, presse, associations de patients, programmes patients…).
On constate donc que l’investissement se déplace vers le concept anglo-saxon
de “medical education ” à la fois pour les raisons évoquées précédemment mais aussi
peut être parce que cet investissement est difficilement mesurable.
5. Influence de l’Industrie Pharmaceutique
Un des points central de la FMC est celui de son financement et de la
participation ou non de l’industrie pharmaceutique à ce financement. Cette question est
soulevée dans de nombreux pays occidentaux en particulier aux USA12,13.
Une série d’articles publiés tant dans la presse médicale que grand public anglo
saxonne, révèle l’implication croissante de l’industrie dans la FMC et l’incapacité de
garantir une certaine indépendance vis-à-vis de celle-ci12,13. Le cadre législatif et
réglementaire national et européen donne des limites et définit, qualitativement et
quantitativement, le champ des relations entre entreprises du médicament et
9
prescripteurs. Au-delà de ce cadre, que complètent diverses chartes ou conventions
spécifiques, les firmes pharmaceutiques se sont pour la plupart dotées de règles
internes contraignantes15.
Largement internationale, l’industrie du médicament se doit en effet d’édicter de
telles règles internes dites de “corporate governance ”, applicables dans l’ensemble
des filiales, et reflétant la politique de l’entreprise en matière de déontologie et de
conduite responsable15.
L’ANAES a réalisée en 2000 des études visant à évaluer les effets sur les
pratiques des actions entreprises afin de favoriser de meilleures pratiques médicales.
Les dispositifs fondés sur des audits avec retour d’information ainsi que la FMC
interactive (par exemple groupe de pairs) ont une efficacité démontrée mais un effet
limité. En revanche, les visites (démarches d’information/formation) sur le lieu de travail
et les dispositifs de rappel sont efficaces et ont un effet important. L’impact des
interventions est limité dans le temps et il est nécessaire d’associer plusieurs types
d’actions pour en augmenter l’efficacité.
L’efficacité de la formation a pu être estimée en comparant des groupes de
patients traités par des médecins ayant ou non suivi une FMC. Seuls 5% à 10% de
plus ont reçu des soins en conformité avec les recommandations par rapport aux
patients pris en charge par des médecins non formés.
L’absence de comparaison directe entre les différents modes d’action, ne permet
pas de déterminer le mode de formation optimale permettant d’améliorer la pratique
que lorsqu’un effet est observable il reste modeste et limité dans le temps16.
La visite médicale peut servir de base de réflexion, de modélisation, pour toutes
les autres formes d’actions d’information/publicité entreprises par les laboratoires.
Comme l’indique l’IGAS, son influence peut se manifester par une expansion globale
des prescriptions, une inflexion des stratégies thérapeutiques. Toutefois le plus
souvent: la promotion favorise une expansion globale de la prescription mais est aussi
un outil de la concurrence entre les entreprises14.
6. Conclusion
Malgré son caractère obligatoire – inscrit dans les textes de loi depuis plus de
ans –, malgré l’évolution du concept même de FMC – avec l’apparition de l’EPP –,
malgré le fait que la recertification – inenvisageable il y a peu –, commence à être
évoquée, la FMC n’est toujours pas mis en place dans notre pays.
Quoi qu’il en soit, la course aux crédits de FMC est déjà engagée. Ce besoin n’a
pas échappé à l’industrie qui subventionne largement les programmes de FMC. Des
médecins experts sont sollicités soit directement par le laboratoire soit par des sociétés
intermédiaires pour concevoir et légitimer par leur présence et leur intervention ces
opérations de formation. Dans l’attente d’un système le plus parfait possible, ne peuton souhaiter que l’énergie dépensée dans ces programmes de formation (subventions,
expertise et savoir-faire des formateurs, présence des médecins participants…) serve
in fine, à infléchir la pratique dans le bon sens ?
10
7. Proposition
Cette proposition s’adresse aux médecins hospitaliers sollicités par un industriel
du médicament ou une société intermédiaire pour participer à une opération de FMC
destinée à des confrères spécialistes ou généralistes.
En effet, par manque de temps ou d’expérience, certains médecins ayant
collaboré à de tels programmes – et bien qu’ayant pu délivrer à leurs confrères des
messages qu’ils jugent importants –, s’interrogent à posteriori sur l’efficacité du
programme pédagogique, ou encore ressentent une présence laboratoire ou produit
plus forte qu’ils ne l’auraient souhaitée a priori leur donnant ainsi le sentiment d’avoir
pu “cautionner” un produit. Il peut y avoir un certain nombre de raisons à cela dont
certaines sont contrôlables voire évitables.
Nous proposons l’élaboration d’une liste de points à vérifier concernant le fond et
la forme de l’opération de FMC pour laquelle ils sont sollicités. Les trois temps avant,
pendant et après l’opération seront explorés. L’objet de cet auto-questionnaire est
d’évaluer simplement et rapidement le degré de maîtrise de l’intervenant sur
l’opération.
7.1 Méthodologie
À partir d’un pré projet un groupe d’experts en pédagogie élaborera un projet qui
sera soumis à l’appréciation de médecins hospitaliers contactés par courriel. Le projet
de questionnaire leur sera adressé par cette voie et ceux qui le souhaiteront pourront y
répondre par retour de courriel. Le questionnaire sera ensuite finalisé et validé à partir
des appréciations des médecins.
Dans un second temps le questionnaire validé sera adressé aux médecins
hospitaliers et disponibles en lignes sur le net.
En fonction du succès de cet outil, des améliorations pourront être réalisées au
cours du temps.
7.2 Pré Projet
Le questionnaire développé ci dessous comporte différents points à vérifier lors de la
phase d’élaboration, du déroulé et du suivi de la formation.
11
POINTS A VERIFIER
CONTENU
PRESENTATION
PHASE D’ ELABORATION DE LA FORMATION
THEME
Avez-vous déterminé le thème de la formation ? Allez-vous rédiger vous-même vos
diapositives de présentation ?
Avez-vous déterminé le thème de votre Allez-vous vous-même mettre en forme
intervention ?
votre présentation ?
Aurez vous accès au texte des autres Si le sponsor se charge de la mise en
intervenants ?
forme avez-vous connaissance de
Le sponsor a-t-il un médicament concerné par l’existence :
- du rappel du nom du sponsor sur les
le thème de la formation ?
diapositives
-de la présence d’un logo signifiant le
laboratoire ou le produit
-d’une mise en page « chartée »
(disposition et couleurs identiques à
celles des documents produits par le
sponsor).
OBJECTIFS
Les besoins des participants à former ont-ils été
définis ?
Des objectifs pédagogiques ont-ils été fixés ?
Le contenu de votre intervention répond il a-t-il
a ces objectifs
Existe-t-il
des
recommandations
professionnelles ?
PLACE DES TRAITEMENTS
La place du produit du sponsor a-t-elle été
clairement précisée par rapport à ces
recommandations ?
Le niveau de SMR et d’ASMR du produit du
sponsor et de ses principales alternatives ontils été rappelés ?
Si elles existent, avez-vous parlé des
alternatives ou compléments aux médicaments
dans la prise en charge des patients ?
12
DEROULE DE LA FORMATION
Une communication du laboratoire est elle Des
documents
informatifs/
prévue au cours de la formation (autre que les publicitaires seront-ils distribués aux
traditionnels mots de bienvenue) ?
participants (sacoche, stand…) ?
Une évaluation a-t-elle été prévue :
- pour chaque session ?
- pour la formation ?
SUIVI DE LA FORMATION
Un suivi de formation est-il envisagé par le Quelles
modalités
pratiques
sont
sponsor ?
envisagées pour ce suivi de formation ?
Participerez-vous à l’élaboration de son
contenu ?
• nouvelles réunions
Servira-t-il à :
• envois de documents par poste
• rappeler les objectifs de la FMC ?
• courriels
• faire une évaluation à distance de la
• Evaluation
par
téléphone
FMC ?
(« phoning »)
• délivrer un message publicitaire en
• visite médicale
exploitant le fichier des présents ?
Après vérification de ces différents points, avez-vous toujours envie de collaborer à cette
action de FMC ?
13
8. Références
1- Colin R. La formation médicale continue en France : le bout du tunnel ? Ped Med
2002 ; 69
2- IGAS. Mission relative à l’organisation juridique, administrative et financière de la
formation continue des professions médicales et paramédicales. Rapport N° 2006
002 ; Janvier 2006.
3- CN FMCH. L’obligation de formation médicale continue. Historique, état des lieux et
perspectives. Juin 2005. (www.cnfmc.fr)
4- Code de la santé publique. Article L 4133-1. Version consolidée au 27 septembre
2008. (www.legifrance.gouv.fr)
5- Code de la santé publique. Article L 4133-1-1. Version consolidée au 27 septembre
2008. (www.legifrance.gouv.fr)
6-Chabot JM FMC : Tour d’horizon, Avril 2000. (www.necker.fr)
7-Chabot JM FMC : Tour d’horizon, Juillet 2000 ; (www.necker.fr)
8- CN FMC. Communiqué des conseils. 29 04 2008 ; (www.cnfmc.fr)
9- CN FMC. Communiqué. 2008 ; (www.blogfmc.fr)
10- Baylé FJ . Place de la FMC dans les congrès internationaux. Mémoire pour le DIU
de pédagogie médicale. 2006.
11-Angel M. La vérité sur les compagnies pharmaceutiques. Traduction française
Philippe Even. Ed. du mieux être. 2006.
12- Pisacane A. Repenser la formation médicale continue. BMJ, 2008 ; 337 : a973
13- Relman A. Industry support of medical education. JAMA. 2008 ; 300 (9) : 1071-3
14-Rapport IGAS. L’information des médecins généralistes sur le médicament. sept
2007
15- LEEM : le CEMIP, la charte de la visite médicale, le code de déontologie de la
FMC.(www.leem.org)
16-ANAES. Efficacité des méthodes de mise en œuvre des recommandations de
pratiques médicales. Janvier 2000
14