hydrogen jukebox

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hydrogen jukebox
HYDROGEN JUKEBOX
Poème opéra
avec six chanteurs, un narrateur (distribution en cours)
et Ars Nova ensemble instrumental (sept musiciens)
Musique Philip Glass
Livret Allen Ginsberg
Direction musicale Philippe Nahon
Mise en scène Joël Jouanneau
Créé au Spoleto Music Festival de Charleston, le 26 mai 1990
Création française Angers Nantes Opéra janvier 2009
en coproduction avec Ars Nova ensemble instrumental
Tournée janvier – mars 2009
DOSSIER DE PRÉSENTATION
IRON HORSE
Trop tard, trop tard
Le cheval de fer galope vers la guerre
Trop tard pour les lamentations
Trop tard pour sonner l’alarme
Me voilà une fois encore un étranger isolé au pays
Allen Ginsberg
Hydrogen Jukebox est un portrait radical de l'Amérique
des années 50 aux années 80, une œuvre pour sept
musiciens, six chanteurs et un narrateur, dont la création se
fait au printemps 90 en Caroline du Sud, et qui ne fut jamais
présentée en France.
de
guerre ou du cygne, d’humour aussi, un livret au ton
prophétique, à la parole libre, où se croisent l'intime et le
collectif.
Hydrogen Jukebox est une suite de seize chants,
Joël Jouanneau
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PHILIP GLASS (né en 1937)
« Lorsque je créais des pièces musicales à caractère social,
j’utilisais souvent des langages inusités, voire obscurs, comme le
sanskrit pour Satyagraha, l’égyptien ancien pour Akhnaten, le
latin pour The Civil Wars ou juste quelques syllabes et nombres
pour Einstein on The Beach. Avec Jukebox, j’ai travaillé avec le
langage vernaculaire que nous pratiquons tous. Et la poésie d’Allen
semble faite pour cela, car il puise dans les sons et les rythmes qui
nous entourent pour façonner son langage poétique, un langage
américain qui est logique, sensuel parfois abstrait mais toujours
expressif. Fondre langage et musique ensemble apporte un
sentiment de puissance, de plénitude sensorielle au sens propre,
comme seul l’opéra en procure. »
Philip Glass
Né en 1937 à Baltimore, Philip Glass appartient, à la suite de
Tery Riley et Steve Reich, au mouvement minimaliste et
répétitif de la musique contemporaine. Passionné par le
photographe Muybridge, élève de Nadia Boulanger, il
s'intéresse également à la musique indienne, fera même des
transcriptions de Ravi Shankar, avant de former en 1970 son
propre ensemble.
Son œuvre est aujourd'hui considérable : de la musique de
chambre, des symphonies, une douzaine d'opéras, une
vingtaine de musiques de films, des collaborations avec Bob
Wilson, David Bowie et Brian Eno.
Philip Glass par Robert Mapplethorpe en 1976
Après la mort de Ginsberg il composera une musique pour
son poème Ode au plutonium.
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ALLEN GINSBERG (1926-1997)
« En définitive, l’objet d’Hydrogen Jukebox, ses fondements, son
message secret, est de soulager la souffrance humaine par une
prise de conscience aigue des obsessions, névroses et problèmes
que nous rencontrons en cette fin de millénaire.
Ainsi ce “mélodrame” est un aperçu millénariste de ce qui se
passe, de ce que nous pensons, des nouvelles percutantes des
Etats-Unis et du monde. En construisant cette pièce, nous
pensions au déclin de l’empire, la chute de l’Amérique en tant
qu’empire et même à la destruction de la planète dans les
prochains siècles. Nous avons dressé la liste des choses que nous
voulions couvrir – Philip et moi ainsi que Jerome Serlin le
scénariste, quelques sujets communs. Il y avait, bien sûr, le
Bouddhisme, la méditation, le sexe, la révolution sexuelle. Il y avait
la notion de corruption en politique, à la tête de l’état. On y
trouvait aussi des thématiques sur l’art, le voyage, les rapports
Orient Occident ainsi que l’écologie, dont tout le monde parlait. Et,
bien entendu, la guerre, la paix et le pacifisme.
Le titre Hydrogen Jukebox vient d’un vers du poème Howl :
…listening to the crack of doom on the hydrogen jukebox…
(...tout en écoutant le crash apocalyptique d'un jukebox à
hydrogène). Cela renvoie à un état de technologie hypertrophiée,
un état psychologique dans lequel les gens sont à la limite de leur
apport sensoriel face à la civilisation de jukeboxes militaires, face
au puissant grondement industriel ou face à une musique qui vous
secoue les os et pénètre votre système nerveux, comme le ferait
un jour un bombe à hydrogène, en annonçant l’apocalypse. »
Allen Ginsberg
Poète américain, Allen Ginsberg est membre fondateur de la
Beat Generation, complice de Jack Kerouac, Lawrence
Ferlinghetti, William S. Burroughs, Neal Cassady, Bob Dylan.
Il grandit dans une famille juive d'origine russe, dont le père
est instituteur, et la mère, membre active du Parti
Communiste. Profondément libertaire, usant des drogues
comme Henri Michaux, afin d'explorer certains modes de
conscience, il vit l'Amérique d'Eisenhower comme modèle
d'aliénation.
En 1955, la publication de Howl, au langage cru et explicite,
écrit sous amphétamines, provoque un scandale littéraire, le
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livre se voit condamné et retiré de la vente pour obscénité. Il
est alors considéré par le FBI comme un ennemi de
l'intérieur.
En 1961, il écrit Kaddish, poignante méditation sur sa vie,
l'Amérique, la souffrance puis la mort de sa mère Naomi. Sa
poésie par la suite se veut une recherche analogue à celle du
free-jazz, ce dont témoigne les textes courts, tranches de vie
et carnets de voyages de Reality sandwiches. Avec la Chute de
l'Amérique, dédié à Walt Whitman, il reprend le grand souffle
épique et contestataire qui était le sien à l'origine.
HURLEMENT
Peter Orlovsky, William S. Burroughs, Allen Ginsgerg, Alan Ansen, Gregory Corso,
Jan Somerville, invités par Paul Bowles à sa villa Murinia de Tanger en 1961. Photo
de Michael Portman avec l’appareil d’Allen Ginsberg qui a annoté le cliché.
Moloch dont l’amour est pétrole et pierre infinis ! Moloch dont
l'âme est électricité et banques ! Moloch dont la pauvreté est le
spectre du génie ! Moloch dont le sort est un nuage d'hydrogène
asexué ! Moloch dont le nom est Pensée ! [...]
Moloch ! Moloch ! Appartements robots ! Banlieues invisibles !
Trésors squelettiques ! Capitales aveugles ! Industries
démoniaques ! Nations spectres ! Asiles invincibles ! Queues de
granit ! Bombes monstres !
Vrai rire sacré dans le fleuve ! Ils ont vu tout cela ! Les yeux fous !
Les hurlements sacrés ! Ils ont dit adieu ! Ils ont sauté du toit !
Vers la solitude ! Gesticulant ! Portant des fleurs ! En bas vers le
fleuve ! Dans la rue !
Allen Ginsberg
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« ... tout en écoutant le crash apocalyptique
d'un jukebox à hydrogène. »
Histoire d'une création française
par Joël Jouanneau
Trop jeune, sur mon Marconi, j'écoutais trop d'opéras.
La guitare de Jimmy Hendrix coupa court à cette passion à
peine plus qu'adolescente, et la voix cassée de Robert Plant
m'aida vite à oublier celle de Jon Vickers. Plus tard, devenu
homme de théâtre, du moins du mien, un homme alors
encore assez svelte me demanda, dans un café très Napoléon
III, si la mise en scène d'un opéra... je lui répondis avec le ton
désinvolte que je cultivais alors que je n'étais pas assez vieux
pour ça, nous ne nous sommes jamais revus. Une petite
décennie ensuite, dans sa cantine lyonnaise et après que je lui
eus fait la même réponse, Alain Durel, amusé lui, me
commanda un livret pour la Maîtrise d'enfants de l'Opéra. Je
lui remis l'Indien des neiges dont l'ami Jacques Rebotier
composa la musique. L'aventure fut belle. Bien après, à
Nantes et ne sachant rien de l'anecdote Napoléon III, (si tant
est qu'elle soit plus vraie que moi) Jean-Paul Davois me
proposa de nouveau une mise en scène. Ecoutant l’œuvre
devant mon miroir et remarquant ainsi la couleur cendrée,
disons gris-os, de mes cheveux, j'en conclus que l'heure était
venue. Je dis donc oui, un oui trop rapide qui fut, comme cela
arrive, suivi d'un presque-non qu'accompagnait un disque que
je remis non sans arrière-pensée : c'était Hydrogen Jukebox.
L'origine de cet objet poétique et musical non identifié
remonte à 1988. Nous voilà rendus à New York et à
l'invitation du Théâtre des anciens du Viêt-nam. Là, Philip
Glass compose une partition pour piano qui accompagne le
poème Wichita Vortex Sutra lu par son auteur Allen Ginsberg.
A l'issue de cette performance, constatant tous deux être
fortement influencés par le bouddhisme et la philosophie
extrême-orientale, tous deux frontalement opposés à
l'impérialisme guerrier de Papa Bush, ils décident de
poursuivre leur collaboration par un cri d'alarme écologique
et pacifiste. Il en résultera Hydrogen Jukebox, un portrait
radical de l'Amérique des années 50 aux années 80, une
œuvre pour sept musiciens, six chanteurs et un narrateur,
dont la création se fait au printemps 90 en Caroline du Sud,
et qui, (pour des raisons que je ne puis qualifier que de
mystérieuses puisqu'elles ne m'apparaissent pas) ne fut jamais
présentée en France.
On ne devait pas attendre de l'auteur de Howl et de
Kaddish un livret comportant intrigues, actes et scènes. Pas
de dialogues ou de coups de théâtre, pas réellement de
personnages non plus, femme à barbe ou statue de
commandeur — ici la barmaid, la femme-flic, l'homme
d'affaires, le prêtre, le mécanicien et la pom-pom girl, sont
des archétypes de l'Amérique. C'est plutôt d'un opérapoème ou d'un poème-opéra dont il s'agit, et Hydrogen
Jukebox se présente comme une suite de seize chants, de
guerre ou du cygne, d'humour aussi, un livret au ton
prophétique, à la parole libre, où se croisent l'intime et le
collectif, le peyotl et le pluténium, Arafat et Ben Gourion,
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Hitler et Tante Rose, bref, un simple et humble petit
western, le nôtre, conçu comme un voyage qui aurait pour
point de départ le VietNam et pour point de chute l'Irak,
voyage hussard à bord d'un train fou qui se dirigerait, selon
Ginsberg, vers cette apocalypse que serait la grande bataille
de Jahweh et d'Allah, il le déclare, précisons-le, en 1990.
Heureusement les prophètes ne sont que prophètes,
Ginsberg nous a depuis quittés, et nous savons bien, nous qui
sommes encore là, que la bataille n'aura pas lieu et que la
planète, chaque jour que Jahweh et Allah font, (et bénis
soient-ils) se rapproche un peu plus de son Eden, mais nous
savons aussi que le poème reste le poème, et Hydrogen
Jukebox une œuvre majeure, simplement il serait temps pour
nous français de l'écouter.
A TANTE ROSE
La dernière fois que je t'ai vue tu étais à l'hôpital
Ton pâle crâne perçant une peau-parchemin
Fille aux veines bleues dans le coma
Sous une tente à oxygène
La guerre d'Espagne était loin alors
Tante Rose.
Allen Ginsberg
Je dois à ma sœur, américaine depuis quatre décennies,
de me l'avoir fait entendre, elle qui savait que Howl fut pour
moi en son temps un manifeste de vie aussi fort et fou qu'une
Saison en enfer, tout aussi sauvage et certes un peu plus
débraillé, sœur qui savait aussi que je devais à Bob Wilson et
Philip Glass, avec leur Einstein On The Beach, l'un de ces chocs
artistiques qui vous changent le regard et l'ouïe.
Ecoutant Hydrogen Jukebox j'ai modestement pensé que
c'était pour moi, mais vous dire si longtemps à l'avance ce
que sera le spectacle serait vous mentir, je le fais déjà trop
souvent, et surtout le savoir m'enlèverait tout désir de le
faire. Je ne puis donc avancer que ce qui suit : 1. Le peyotl
servait d'étincelle à Ginsberg, moi c'est la nuit blanche, et j'ai
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de la chance, d'ici janvier 2009, j'en ai beaucoup qui
m'attendent. 2. Je vais dédier la mise en scène à ma soeur, ça
lui permettra de revenir au pays.
Joël Jouanneau
Joël Jouanneau anime une compagnie de
théâtre amateur de 1965 à 1983. Artiste
associé au Théâtre de Sartrouville-CDN
depuis 1990, puis codirecteur de 1999 à la fin
2003, il participe également au collectif
pédagogique de l'école du Théâtre national
de Strasbourg de 1992 à 2000. Depuis 2000,
il est professeur au Conservatoire national
supérieur d'art dramatique de Paris.
Auteur de Nuit d'orage sur Gaza, le Bourrichon, Kiki l'indien, Mamie Ouate
en Papoâsie, Gauche uppercut, le Marin perdu en mer, le Condor, Allegria
Opus 147, les Dingues de Knoxville, l'Indien des neiges, Yeul le jeune,
l'Ebloui, l'Inconsolé, tous ces textes ont été mis en scène et sont publiés
chez Actes Sud-papiers.
Parmi ses nombreuses mises en scène, citons l'Hypothèse et l'Inquisitoire
de Robert Pinget, En attendant Godot, la Dernière Bande, Fin de partie, Oh,
les beaux jours de Samuel Beckett, Minetti de Thomas Bernhard ; les
Enfants Tanner et l'Institut Benjamenta de Robert Walser, l’Idiot de
Dostoïveski, Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, les Reines de
Normand Chaurette, la Concession Pilgrim de Yves Ravey, Rimmel et
Gouaches de Jacques Serena, Pit-Bull de Lionel Spycher, les Trois Jours de
la queue du dragon de Jacques Rebotier. Madame on meurt ici ! de LouisCharles Sirjacq, les Amantes d’Elfriede Jelinek, Dickie un Richard III
d'après Shakespeare, J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie
vienne de Jean-Luc Lagarce, Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas d'Inre
Kertész, Embrasser les ombres de Lars Norén…
Philippe Nahon, né en 1946, se dirige
vers la direction d’orchestre après des
études d’art et de piano. Il étudie avec
Louis Fourestier, Jean-Sébastien Béreau,
Pierre Dervaux, Roberto Benzi et suit un
stage avec Herbert Von Karajan.
Sa collaboration avec Marius Constant marque une période
d'enthousiasmantes
découvertes
de
la
création
musicale
contemporaine, du jazz et de l'improvisation, des happenings et du
théâtre expérimental. Sa rencontre avec Peter Brook l'engage ensuite
définitivement sur la voie de l'exploration des infinies possibilités
créatives qui peuvent s'inventer entre musique, théâtre, danse, cirque...
Aujourd'hui directeur musical de l'ensemble Ars Nova, Philippe Nahon
n’a de cesse de défendre la création et de proposer la musique et le
geste musical comme un acte théâtral.
L’ensemble Ars Nova est considéré comme un des plus ardents
défenseurs du pluralisme esthétique dans la création musicale
contemporaine. Composé de 26 musiciens, il s’attache à favoriser la
rencontre et l’échange tant entre artistes qu’entre artistes et publics, et
poursuit sans relâche un double objectif : créer et transmettre.
Au travers d’une politique de commandes audacieuse, l’ensemble Ars
Nova privilégie les collaborations de long terme avec des compositeurs
d’esthétiques très diverses. Avec près de 60 concerts par an, des
productions d’opéra et des spectacles pluridisciplinaires, il se produit
en France et à l’étranger. Il met en place autour de ces spectacles des
activités de sensibilisation et des ateliers pédagogiques afin de faciliter la
rencontre entre le public et les œuvres d’aujourd’hui.
Ars Nova est en résidence en région Poitou-Charentes et à Poitiers
(structure de création associée au Théâtre, scène Nationale de
Poitiers). Depuis 2000, une mission lui a été confiée sur la région Nord
– Pas de Calais.
Les activités d’Ars Nova sont subventionnées par le Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC
de Poitiers et de Lille), les régions Poitou-Charentes et Nord – Pas de Calais, la ville de Poitiers et
reçoivent le soutien de la SACEM.
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NAGASAKI DAYS
(Fantaisie pour tous)
2 000 000 : les morts du Viêt-nam.
13 000 000 : les réfugiés d'Indochine en 1972.
24 000 : la Grande Année de Babylone.
24 000 : la demi-vie d'un atome de plutonium.
2 000 : ma meilleure vente pour un recueil de
poèmes.
80 000 : les dauphins tués chaque année.
4 000 000 000 d'années : l'âge de la terre.
Allen Ginsberg
@ John Lowenstein, pour Time magazine - 2007
200 000 000 : les années de rotation d'une galaxie.
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