la prière du "Notre Père" - C4 (Aumonerie ENS Cachan)

Transcription

la prière du "Notre Père" - C4 (Aumonerie ENS Cachan)
« Notre Père »
10 septembre 2009
Dans la Bible, il y a plusieurs traductions de la prière du « Notre Père ». Les deux
références sont les suivantes : Mt 6, 9-13 et Lc 11, 2-4. Chez Matthieu, le « Notre Père »
s’inscrit dans une partie concernant l’instruction à la prière. Il faut également noter que
Matthieu s’adresse aux Juifs. Chez Luc, le texte est plus court et le public n’est pas le même.
Il s’agit des païens, d’où l’emploi d’un langage plus simple.
La prière est ainsi introduite : « Voici donc comment vous devez prier : … » (Mt) et
« Il leur dit : "quand vous priez, dites : …" ».
« Notre » est un élément très général, répété tout au long de la prière. Le fait qu’il soit
dit par Jésus également fait prendre conscience de la puissance de l’expression.
« Père » est un terme vraiment affectueux. Il est la traduction du mot « Abba » dont le
sens est proche de « Papa ». La différence est notable avec « Yahvé ». Ainsi, nous sommes les
enfants de Dieu à travers Jésus (Ep 1, 5).
« Qui est aux cieux » est une référence divine.
« Que ton nom soit sanctifié » peut être mis en perspective avec la traduction de la
TOB : « Fais connaître à tous qui tu es ». Il s’agit de reconnaitre sa volonté et d’être ainsi
libéré de toute réalité mauvaise et sanctifié par l’action de la Parole et de l’Esprit de Dieu. Il
faut noter que l’expression est au passif. Il convient de comprendre que cette sanctification
doit provenir de toute chose.
« Que ton règne vienne » peut être compris en référence à l’Apocalypse : que la terre
devienne meilleure et que ton règne vienne en nous également.
« Sur la terre comme au ciel » évoque l’idée de projection du bien du ciel sur la terre.
Le corps du Christ est le pont établi entre ces deux réalités. Il s’agit de se dépouiller du vieil
homme pour devenir une nouvelle créature, meilleure (Ep 4, 5).
« Que ta volonté soit faite » relève de la recherche et de l’interprétation de sa volonté.
Il faut y voir aussi le sens de projet en tant que Dieu a des projets pour nous. Faire la volonté
de Dieu revient à marcher selon l’Esprit, c’est-à-dire à le laisser agir en nous. Nous en avons
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l’assurance par la prière. Pour le Père Varillon, il s’agit d’accomplir son devoir du moment
présent.
« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » évoque une vision à la fois concrète
et spirituelle. Dans l’Exode, le peuple d’Israël reçoit de la manne chaque jour mais il a à faire
l’effort d’aller la chercher tous les jours. Il en est de même de la nourriture spirituelle. Il s’agit
de chercher chaque jour à retrouver Dieu. Il faut aussi avoir le souci du pain des autres. Les
ordres mendiants se sont en outre appuyés sur la parole suivante : « Ne vous inquiétez pas de
ce que vous mangerez » (Mt 6, 25). Le principe fondamental est celui-ci : « L’homme ne vit
pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». L’Eucharistie
procure le pain spirituel essentiel à la vie.
« Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs » (Bible de
Jérusalem) ou « Pardonnes-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous
ont offensés ». Le « comme » a le sens d’un « car ». Il y a donc une exigence par rapport à
notre capacité à pardonner aux autres. Le péché est une atteinte à la liberté. Il faut alors
pardonner pour être libéré et ne pas céder à la rancœur. Il peut être important de se réconcilier
avec Dieu avant de pardonner aux autres. Il faut se souvenir de la parabole du débiteur
impitoyable, de l’idée que la mesure dont on se sert pour les autres servira aussi pour soi et de
l’exigence de pardonner soixante-dix fois sept fois par jour. Pardonner à son frère est
essentiel.
« Ne nous soumets pas à la tentation » est à comprendre au sens de « Ne nous laisse
pas entrer en tentation ». On a toujours le choix. De fait, Dieu ne tente personne (Jc 1, 13).
Dieu ne permet pas que nous soyons tentés au-delà de nos capacités (1Co 10, 13). Nous
faisons tous l’expérience du désert en tant que période difficile de notre vie. Dieu nous
apprend alors par l’épreuve à le rejoindre.
« Mais délivre-nous du mal ».
Avant le don du « Notre Père », on trouve en Mt 6, 8 : « Car votre Père sait de quoi
vous avez besoin avant que vous ne le demandiez ». Dieu connaît nos désirs qui sont comme
un soupir inexprimable pour l’Esprit. Toute demande est un acte de foi. Dieu nous donne ce
dont nous avons vraiment besoin.
Le « Notre Père » est la seule prière donnée par le Christ. Il est par là même un modèle
de prière (étapes : action de grâce, demandes…).
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