La feuille de cire n3 - Le Mouvement de l\`Agriculture Bio
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La feuille de cire n3 - Le Mouvement de l\`Agriculture Bio
La feuille de cire n°3 Des nouvelles du rucher et du projet Bio-dynapis Le projet Biodynapis, pour une apiculture plus respectueuse de l’abeille et de son environnement, est actuellement soutenu par plus de 50 parrains (pour environ 3000€). C’est un vrai soutien moral que de vous sentir mobilisés et concernés par cette problématique apicole, et un véritable soutien financier permettant de construire ce projet pas à pas. Quelles sont nos activités depuis la dernière Feuille de cire ? • Un séminaire pour échanger et travailler à une apiculture plus respectueuse a été organisé les 19 et 20 novembre derniers à Bennwihr en Alsace : ce fut un succès ! Une quarantaine d’apiculteurs, professionnels et amateurs ont participé à rendre cette rencontre riche et chaleureuse. Après l’importante intervention de Johannes Wirz, chercheur au Goetheanum, une multitude d’interventions courtes (1/2h) de participants ont amené un éclairage personnel et passionnant sur tel ou tel aspect : témoignage pratique, expériences, observations, sur le varroa, les formes de ruches, le lien aux abeilles, l’influence des rythmes… vécus et questionnements se sont croisés, enrichis, discutés, à la recherche de voies nouvelles pour être au plus près des abeilles. Quelques extraits en page 2. • Deux formations d’introduction à l’apiculture biodynamique ont eu lieu ce printemps, l’une sur le domaine St-Laurent en Saône-et-Loire en mai animée par Anne Wanner et Thierry Bordage, l’autre sur une ferme en bio-dynamie qui accueille quelques ruches dans la Drôme en avril. • Une nouvelle formation de 2 journées est programmée à la mi-octobre dans la Drôme à la Ferme de Baume Rousse, sur la visite d’automne et la préparation à l’hivernage. • Cette année à vu se conforter la mise en place et le suivi du petit rucher sur le domaine St-Laurent : vous trouverez le bilan en page 6. • Un deuxième petit rucher expérimental devrait voir le jour rapidement en Alsace. • Un nouveau séminaire sera proposé les 4 et 5 novembre 2010 en Saône et Loire. Le programme sera organisé autour d’apports extérieurs et d’échanges entre les apiculteurs. Nous nous réjouissons à l’idée de retrouver les participants présents au dernier séminaire et de rencontrer de nouvelles personnes qui se préoccupent des abeilles. Vous pouvez donc réserver dès à présent la date et en parler autour de vous. Biodynapis – Maison de l’Agriculture Bio-Dynamique – 5 place de la Gare – 68000 Colmar – 03.89.24.36.41 – [email protected] Séminaire apicole « Pour une apiculture respectueuse de l’abeille et de l’homme » Les 18 et 19 novembre 2009 à Bennwihr- Alsace Organisé par la Maison de l’Agriculture Bio-Dyanmique – 5 place de la gare – 68000 COLMAR Extraits Cantique du Miel F. Garcia Lorca (extraits) Le miel est la parole du Christ L’or fondu de son amour L’au-delà du nectar Le jour figé du Paradis. La ruche est une chaste étoile Un puits d’ambre alimenté aux rythmes vivants De ces abeilles, le sein des campagnes Vibrant d’arômes et de bourdonnements. Le miel est le cantique de l’amour La substance de l’infini, L’âme et le sang plaintif des fleurs Condensés à travers un autre Esprit Oh ! divine liqueur d’humilité Aussi sereine qu’un ver primitif Oh ! divine liqueur de l’espérance Où l’âme et la matière se marient Dans un équilibre parfait Comme le corps et l’âme du Christ en l’hostie. Tu es des fleurs l’achèvement suprême Oh ! liqueur en qui les âmes s’unissent. Qui te goutte ne sait qu’il absorbe avec toi L’essence dorée du lyrisme. Extraits de Santé et Maladie de Rudolf Steiner Ainsi, la plupart des abeilles renonçant à un amour individuel elles déploient l’amour dans toute la ruche si bien que l’on commence à comprendre la vie des abeilles lorsque l’on devient conscient que c’est comme si l’abeille vivait un air pénétré d’amour. p. 111 La vie amoureuse des fleurs se retrouve dans le miel et à l’instant où l’on mange du miel celui-ci favorise le bon rapport entre l’élément air et l’élément liquide. La ruche, par l’intermédiaire de son miel, redonne à l’homme l’activité de l’âme dont l’homme a besoin pour son corps. L’élevage des abeilles est par conséquent un bien pour la civilisation parce qu’il donne de la force aux hommes. p. 112 A la vue d’une ruche, nous devrions nous dire presque remplis de dévotion. Par l’intermédiaire de la ruche, l’Univers entier pénètre dans les hommes et en fait des hommes capables. p. 113 Dans mon rucher - Grace ALLEN apicultrice 1919 J'aimerai que le monde agité et malheureux Puisse venir s'asseoir ici avec moi Et regarde au loin s'écouler le jour Et voit les choses que je vois. Oh, ce n'est pas un horizon grandiose. Non, seulement des ruches alignées Et le bleu du ciel au-dessus de l'arbre Hier soir en dormant, J’ai rêvé – illusion bénie – que j’avais une ruche au dedans de mon cœur. Et que des abeilles dorées y faisaient avec mes vieilles amertumes de la cire blanche, du miel doux. Mais tandis que vous êtes assis et que vous jetez Le regard vers les ruches et le ciel, Un sentiment furtif, venu d'ailleurs Vous apporte la sensation Que de vieux rêves sont réalisés. Hier soir en dormant, J’ai rêvé – illusion bénie – qu’au-dedans de mon cœur luisait un soleil brûlant. Il était brûlant parce qu’il donnait une chaleur de brasier flamboyant, et c’était un soleil parce qu’il éclairait et faisait pleurer. J'aimerais que le monde fatigué et malade Puisse venir de partout Pour écouter sous les arbres Les abeilles à leur retour Ca les guérirait jusques au fond de l'âme Alors, plus de lassitude, fini l'épuisement. De quoi leur donner le repos parfait. Hier soir en dormant, J’ai rêvé – illusion bénie ! – que c’était Dieu que j’avais dans mon cœur. Car pendant que vous écoutez tranquilles Sous les arbres gentiment penchés Ne sentez-vous pas un léger souffle? C'est la paix de Dieu qui vous touche En écoutant le murmure de la ruche. Antonio Machado, 1991 *** Gestion apicole respectueuse de l’abeille, avec une attention particulière pour la lutte contre le varroa. Expérience d’un rucher situé dans les Préalpes de Suisse à 900 m d’altitude. d’altitude Pratique apicole de Philippe MORIER-GENOUD, Rossinière, Suisse. Apiculteur depuis 1975, Biologiste. Zone de récolte printanière sur Dents de Lion et fruitiers et sans miellat (ou peu). Ruches Dadant 12 cadres. Principes généraux : - Favoriser une mise en hivernage précoce qui permet aux colonies de constituer elles-mêmes leurs réserves d’hiver. - Préparer pour le traitement à l’acide oxalique par la constitution d’essaims artificiels (ce qui permet simultanément de renouveler les reines). - Réunir ruches mères et ruches filles après le début de ponte. - Contrôler le poids des ruches et compléter les réserves d’hiver si nécessaire. - Tout laisser construire les cires (mettre un cadre nu entre deux cadres bâtis) Plan de la saison apicole : - Début avril, réunir les ruches faibles aux ruches fortes pour avoir des colonies prêtes à la récolte dès le 20 avril (tuer la reine de la ruche faible, mettre tout le couvain nu dans la ruche forte, mettre une moustiquaire entre le corps et la hausse, mettre toutes les abeilles de la ruche faible dans la hausse, laisser pendant trois jours la moustiquaire). - Vers le 20 avril, pose des hausses et premiers cadres à mâles. - Mai, suivi de la récolte et ajout des hausses si nécessaire. Ajout et gestion des cadres à mâles. - 1er au 15 juin, selon la phénologie, constitution des nucléis et début de récolte en fonction de l’operculation (si les cadres à miel ne sont pas operculés, on les met dans la ruche fille qui reçoit l’acide oxalique plus tard). Constitution des nucleis : - Trouver la reine et s’assurer qu’elle reste dans la ruche mère. - Sortir tous les cadres avec couvain operculé et les mettre dans la ruche fille avec les ouvrières qui sont dessus (les vielles ouvrières retourneront à la ruche mère). Intercaler les cadres vides non gaufrés et cadres bâtis soit 6 à 8 cadres de couvain dans la ruche fille (la ruche fille ne bâtit pas du temps qu’elle n’a pas une nouvelle reine en ponte. On ne lui donne donc pas de cadres à bâtir). Il reste 4 à 6 cadres bâtis sans couvain operculé pour la ruche mère auxquels on ajoute 4 ou 5 cadres à bâtir. - Traiter la ruche mère le jour même à l’acide oxalique par dégouttement, 100ml par ruche ( 35g/l de sirop 1/1 ). - Après 28 jours minimum (naissance des mâles) et 40jours maximum (avant operculation du couvain de la jeune ruche, enlever la hausse et extraire, puis traiter par dégouttement à l’acide oxalique, 100ml. - Fin juillet, réunions (critères) : Remplacement des vieilles reines Sélection des meilleures reines (celles qui répondent le mieux à vos critères de sélection). Suppression des reines de colonies piquantes ou agressives, Remplacement des reines de colonies n’ayant pas ou peu récoltées, etc…. Pour réunir ; - On fait de la place dans la ruche qu’on garde en enlevant des cadres sans couvain, - On tue une des reines des deux colonies à réunir (selon les critères esquissés ci-dessus) - On prend tous les cadres de couvain de la ruche qu’on supprime en balayant soigneusement les abeilles sur des cadres de hausse. - On met les cadres de couvain dans la ruche dont on garde la reine, - Toutes les abeilles de la ruche orpheline sont maintenant sur des cadres de hausse nus. On place une moustiquaire sur le corps de la ruche dont on a gardé la reine et on pose la hausse dessus. - Laisser la moustiquaire au minimum 48 heures, - Après 48 heures minimum, enlever la moustiquaire et quand les abeilles sont descendues, enlever la hausse. Ne pas attendre que les abeilles y mettent du miel. Les abeilles sont prêtes pour l’hivernage, mais vérifier le poids des ruches en mi-septembre. Si une ruche est alors trop légère (manque de provisions), la réunir ou la nourrir. Pour les colonies non partagées et qui n’ont pas bénéficié d’un traitement à l’acide oxalique et en absence de couvain, on peut traiter à l’acide oxalique en trois fois à intervalles de cinq jours (l’acide oxalique agit sur 5 à 7 jours avec un pic de chute de varroas entre 3 et 4 jours). Avec 3 traitements, on touche tout le couvain operculé d’ouvrières. Pour toucher tous les varroas du couvain de mâles, il faudrait un 4ème traitement. Cette méthode de traitement a été testée avec succès depuis 5 ans sur une ruche de type Warré. Elle doit par contre encore faire ses preuves sur d’autres ruches. Cette ruche de type Warré utilise des cadres de dimension ruche suisse. Pratiquée entre 1988 et 2000 sur 10 ruches avec surtout un bon état sanitaire (à l’époque, un traitement annuel à l’acide formique, avec parfois des pertes de reines) et peu ou pas de nourrissage hivernal. Les résultats étaient cependant mauvais de point de vue de la production de miel ; les reines ne passaient que difficilement d’un étage à l’autre et l’essaimage était de ce fait très précoce. Je n’ai jamais eu l’idée d’enlever complètement la barrette inférieure des cadres. Même diminués d’épaisseur, ils étaient un obstacle à l’installation du couvain sur plusieurs étages. *** « Le parrainage comme moyen de créer des liens fraternels avec les abeilles » de Thierry Bordage Fleurs, mammifères et abeilles sont étroitement liés et entretiennent des rapports d’échanges fraternels depuis des millénaires. L’abeille visite les fleurs, prélève du pollen qu’elle transporte de fleur en fleur, pollinisant ainsi plus de 80% des végétaux. En butinant, l’abeille récolte le nectar que les fleurs offrent, et dépose des levures sur les trèfles et autres légumineuses afin que les animaux qui les broutent ne météorisent pas. En échange de leur fécondation les fleurs offrent le pollen pour que l’abeille nourrisse son couvain, et le nectar pour produire le miel dont elle se nourrira, les fleurs ainsi fécondées en grand nombre, offriront des fruits et des légumes aux animaux et aux hommes. Tout pourrait s’arrêter là « dans le meilleur des mondes », la nature généreuse donnant toujours en abondance. Nous pressentons qu’il se passe autre chose dans le rapport de l’Homme avec l’Abeille. Le monde des abeilles fascine, comme si un mystère l’entourait. C’est précisément le sujet qui nous intéresse et sans développer trop loin cette réflexion nous pouvons envisager qu’un lien particulier, subtil, sensible, relie l’Homme et l’Abeille. En référence aux conférences que R. Steiner donna aux ouvriers du Goethéanum, il précise dans la 4eme que « …le miel est quelque chose de si précieux que de toute façon on ne saurait le payer. » Est-il possible pour un apiculteur professionnel de donner tout le miel qu’il récolte ? Oui, mais il ne restera pas longtemps professionnel. Non bien sûr, mais une part, certainement. Peut-on recevoir du miel de la part d’un apiculteur ? Oui mais au bout d’un certain temps s’il n’y a plus d’apiculteur…Il faudrait traduire cette phrase autrement, comme par exemple : « Tout le monde ne peut pas élever des abeilles et certains le font mieux que d’autres (pour les abeilles) ». En achetant du miel à quelqu’un que je connais et en participant au maintient d’une apiculture respectueuse de l’Abeille je rends précieux le travail de l’apiculteur, par l’amour qu’il dispense aux Peuple des Abeilles. Elles peuvent ainsi offrir un miel enrichit d’humanité. » Le parrainage est un don et un moyen de relier des personnes autour d’une idée. L’argent donné permet de réaliser des projets et de libérer l’apiculteur de la rentabilité de son travail. L’abeille se trouve de nouveau au centre et c’est elle qui agit de manière à ce que les Hommes se mobilisent. Le syndrome d’effondrement des colonies est le résultat d’un processus matériel certes, c’est aussi par ce sacrifie que le Peuple des abeilles nous révèle ce qui arrivera, si nous ne changeons pas de comportement et en même temps nous montre comment nous devrions agir, de quelles façons mettre nos énergies en commun. Elle a toujours servi de modèle de société, ce n’est pas de la société dont il s’agit mais de l’être humain et de son évolution. Dans la ruche chaque abeille effectue une tâche pour l’ensemble de la colonie suivant ses besoins et en rapport avec l’environnement. Le bien être de chacun dépend de celui des autres. Le parrainage c’est un don d’argent mais ce peut être le jardinier ou l’agriculteur qui cultive une partie de ses terres pour le besoin des abeilles. Il accepte donc de réduire la surface de production et de son revenu, dans l’intention de l’offrir aux insectes. Les abeilles principalement trouvent ainsi de quoi se nourrir et élever leur couvain, en prospérant harmonieusement. Les plantes visitées produisent des aliments en quantité et de meilleur qualité. Le bourdonnement des abeilles autour de la bourrache, de la phacélie dans nos jardins et des fleurs en général, créée une ambiance lumineuse et chaleureuse, nous pouvons ressentir la joie des abeilles au son de leurs battements d’ailes et à la lumière qui les entoure. La joie soulève des montagnes et éloigne les orages de la haine de la peur, de l’égoïsme et de la discorde. L’abeille est capable de se régénérer alors que tout l’accable si un seul d’entre nous agit fraternellement pour elle. On peut imaginer ce qu’elle ressent quand plusieurs s’unissent autour d’un projet comme le nôtre. A l’origine l’Abeille a été créée par la sagesse des dieux et c’est avec sagesse que nous devons agir envers elle. Créer des liens fraternels entre nous par le parrainage bien sûr et avec le Peuple des Abeilles, par une pratique apicole respectueuse de l’abeille. L’Abeille retrouvera de cette façon sa place ou centre du Temple et dans le Cœur des Hommes. La fraternité c’est le chemin que nous montre l’Abeille pour le devenir de l’humanité. « Une des mission de l’abeille est d’accompagner l’homme dans son développement social. la mission sociale de l’abeille est de mettre de la vie entre les hommes. » Visites Visites du rucher de Saint Laurent (71) de Jean-Louis Jarry et Pierre Dagallier CompteCompte-rendu de la visite du 18 mars 2010 Nous avions à l’automne 3 ruches en état, abondamment garnies et parées pour l’hiver. Le 18 mars, visite de printemps. L’hiver a vu alterner plusieurs périodes assez froides avec des redoux. Le dernier froid a eu raison des chatons de noisetiers qui ont gelé, privant ainsi nos abeilles d’un des premiers pollens. Les saules commencent à fleurir, déjà quelques pissenlits ouvrent leurs fleurs, véroniques et lamiers pourpres émergent également timidement. Météo du moment : Soleil un peu voilé, vent du Sud assez régulier. 18 mars , 14 H 30 – 15 H : Fin période « feuille », début « fruit ». Aucune agressivité. Ruche 1 (en haut) : Rentrée abondante de pollen (l’un jaune d’or, le plus fréquent, l’autre jaune pâle) Nombreux cadavres d’abeilles au pied de la ruche. Ruche 2 Peu d’activité, pas de rentrée de pollen, pas de cadavres au pied de la ruche. Du miel un peu partout dans les cadres. Présence de pollen, moisi blanc. Nettoyage de la ruche, brûlage. Ruche 3 Activité moyenne, avec rentrée de pollen. 3 ruelles habitées, réserves de pollen et de miel. Un couvain de 8 cm de diamètre sur le cadre 7, bien groupé (sur les deux faces) Prochaine visite du rucher programmée début avril : proposition de faire à cette occasion un traitement homéopathique du varroa avec distribution de tisane des plantes des préparations biodynamiques, et saupoudrage avec les cendres de varroa dynamisées. CompteCompte-rendu de la visite du 28 avril 2010 14 heures, rucher à l’ombre. Très beau temps, chaud -22°- pas de vent. Extérieur : Bonne activité des deux ruches, R1 sup à R3 Pollen assez pâle, jaune- blanc crème (colza ?) Pissenlit (bientôt la fin), pommiers, bois de Sainte Lucie, colza, …. Ruche 1 : Seulement 6 cadres sont occupés. Les cadres 7 8 9 sont en construction, le 11 n’est pas habité. Le couvain est principalement sur le cadre 3 (plein aux ¾) ; le cadre 4 convient 1/3 de couvain. Abeilles douces. Nourrissage avec le traitement homéo varroa. Pas encore de hausse envisagée. Ruche 3 : Occupation totale du corps de ruche. Couvain centré sur le cadre 6, empli au 2/3. Beau couvain groupé. Cadre 5 :couvain 10 cm de diamètre. Les cadres latéraux sont encore peu garnis de miel (1/3) Nourrissage avec ½ litre de sirop (50% miel, 50% décoction des plantes des préparations biodynamiques) contenant le traitement homéopathique contre le Varroa (Formica + Silicea) Retrait du limitateur d’entrée. Abeilles très douces. Il est décidé de ne pas poser de hausse pour l’instant. Celle-ci sera posée lors du retrait du nourrisseur (d’ici 4 ou 5 jours). Suite… En fait une période relativement fraîche a suivi le retrait des nourrisseurs (le 3 mai). Nous reportons donc la pose des hausses ; Lors du stage apiculture MCBD (les 8 et 9 mai), Thierry Bordage et Anne Wanner ont estimé nécessaire l’apport de sirop. Chaque ruche a reçu trois fois 700 grammes de sucre, dans la semaine de l’Ascension (entre le 10 et le 17 mai) Lors de la dernière visite, le 22 mai, le couvain se présentait bien dans les deux ruches, les corps de ruches pratiquement remplis : nous avons donc posé les hausses. Les acacias commençaient tout juste à fleurir. Biodiversité et abeilles Quand on considère le rôle très important des abeilles dans la pollinisation des végétaux, on comprend mieux son impact sur la biodiversité. Le manque de biodiversité florale des cultures, les prairies artificielles, les désherbages et des pratiques agricoles (sans oublier les ondes électromagnétiques) sont des facteurs qui ont considérablement contribués à affaiblir les abeilles. Les pertes sont de plus en plus nombreuses et les apiculteurs ont recourt à l’importation de colonies mais la peur de voir de nouveaux pathogènes en limite un peu la pratique entre continents. On pourrait penser que l’organisation de cette biodiversité chez les abeilles est aussi liée aux différentes races d’abeilles. La reproduction des abeilles diffère notablement de celle des mammifères ; dans une colonie, un seul individu assure la descendance qui passe sa vie à pondre. La reine aura été fécondée une fois, dans les airs, en vol et dans des lieux de rassemblements des faux bourdons de toutes les colonies. L’apiculteur ne maîtrise donc pas l’origine des faux bourdons qui vont féconder les reines. S’il utilise des procédés artificiels de reproduction (élevage de faux bourdons), le résultat reste incertain et heureusement car si l’efficacité de ce système était bonne, il y aurait un risque de consanguinité à terme. Ce n’est donc pas pour rien que les reines vont chercher les mâles loin de la colonie ! Si on considère la biodiversité raciale des abeilles, si on met en présence plusieurs races d’abeilles dans un même lieu, les mâles vont se rassembler et suite aux fécondations successives, les races vont finir par s’homogénéiser ; elles perdront leurs caractères propres. Comment se différencient les abeilles en race distinctes alors que leur reproduction naturelle tend à les homogénéiser ? Grâce à l’étude du génome de l’abeille, on arrive à reconstituer l’histoire de l’abeille dans l’aspect de la généalogie. Il existe 4 espèces d’abeilles sur terre (Apis cérana, Apis dorsata, Apis floréa et Apis mellifica). Notre abeille, Apis mellifica, est d’origine africaine et les 26 races qui la composent se regroupent en 4 lignées évolutives nettement différenciées : -la lignée africaine, la lignée ouest européenne (l’abeille « noire »), la lignée italienne et carnica et la lignée caucasienne. On observe que ces lignées se sont constituées par isolement les unes des autres par des barrières naturelles (mers, montagnes, déserts). La Mer Méditerranée a séparé la lignée africaine des autres lignées et l’arc alpin a isolé l’abeille « noire ». L’abeille caucasienne s’est développée entre la Mer Noire et la Mer Caspienne. A l’intérieur de ces lignées, un isolement géographique a permis aux autres races de se constituer. La barrière pyrénéenne a fait apparaître une sous lignée espagnole de l’abeille « noire », mais des Pyrénées jusqu’à l’Oural, c’est la même race puisque sans grandes montagnes ni mers intérieures. Dans les autres lignées, la différence de races s’explique par le relief plus tourmenté ou des situations insulaires du Sud de l’Europe. On peut aussi noter qu’il existe des écotypes à des échelons régionaux comme l’abeille cévenole ou landaise. Pour maintenir les différentes races d’abeilles, il faut retenir que l’isolement géographique est nécessaire. Aujourd’hui, l’abeille est victime de la mondialisation ! La cause principale de brassage génétique est l’introduction de reines importées. Cette pratique a commencé à se développer au XIXe siècle et elle s’intensifie au point de passer d’une pratique exceptionnelle à celle de courante. Actuellement, des apiculteurs qui travaillent avec des abeilles locales, les abandonnent au profit de races plus homogènes car pour pouvoir conduire des dizaines de ruches, ils préfèrent des colonies qui soient plus « stables » et ont besoin d’abeilles dont la descendance conserve bien les caractères. D’autre part, l’origine des abeilles « introduites » a un impact sur la génétique de notre abeille. La transhumance d’abeilles « noires » mélangera les écotypes locaux mais la lignée ou la race ne sera pas perturbée. Par contre, l’introduction de reines d’une lignée ou race évolutive apportera une perturbation génétique plus importante, de sorte que si pratiquée à répétition, la race locale disparaît. Le varroa est l’une des causes principales qui ont amené à cette situation, les colonies sont affaiblies en permanence par ce parasite de l’abeille. Il a fait disparaître une majorité des colonies sauvages alors que ses abeilles représentaient un réservoir important de la diversité locale d’abeilles (notamment dans les Cévennes). Aujourd’hui ces réserves « bio-génétiques » ont quasiment disparu et par conséquent, l’avenir génétique de l’abeille dépend des pratiques apicoles. N’oublions pas le coté morbide des pesticides ; les ruchers décimés sont remplacés par des abeilles achetées ailleurs et issues d’autres terroirs. Beaucoup d’apiculteurs se tournent vers des races productives mais ce sont des races issues de lignées différentes de nos abeilles locales. Tous ces changements ont un impact quasi immédiat sur la diversité génétique des abeilles mais restons optimistes ! Notre abeille « noire » résiste à l’hybridation ; les caractères de l’abeille « noire » réapparaissent lorsque l’introduction d’abeilles étrangères est arrêtée et des scientifiques ont fait des constats sur les écotypes d’abeilles. Des conservatoires se mettent en place ainsi qu’une prise de conscience dans la profession. Un travail de sélection sur leurs propres abeilles est entamé par des apiculteurs sensibilisés à la perte de la biodiversité génétique. La préservation de notre abeille locale passe par la recherche d’autonomie et est le fruit d’une sélection naturelle datant de millénaires à ne pas discréditer par les apiculteurs ! Anne Wanner, animatrice et apicultrice. Notes du séminaire «Biodiversité animale» à Bagnolet. Mars 2010. Photo Laurence Riegel Rencontre avec Raimund Remer sur le thème de la forêt Cette visite a eu lieu lors du voyage d’étude en Allemagne des stagiaires du BPREA polyculture élevage adapté à la bio-dynamie (CFPPA d’Obernai -67). Nous avons eu la chance de rencontrer ce grand monsieur de la recherche en bio-dynamie sur son lieu d’expérimentation, la ferme du Bauckhof. Mieux que cela, il nous a présenté sa forêt. Et pour nous parler de forêt, nous avons marché, pour découvrir non seulement les arbres, mais surtout les abeilles, les fourmis, les oiseaux… Pour Raimund Remer, pas de forêt sans insectes. Extrait sur l’apiculture Raimund Remer considère la présence de ruchers comme indispensable. Il aime les mettre par petits groupes, pas trop petits, pas trop importants : 7 serait un bon chiffre par exemple. Le lieu d’implantation du rucher est à réfléchir avec attention, il faut chercher les endroits favorables. Les ruches que nous voyons sont protégées sous des abris de bois sur pilotis. Raimund Remer fait quelques expérimentations : certaines ruches ont des doubles toits rempli avec de la tourbe, d’autres avec des orties. L’objectif ? Trouver des pistes pour protéger les ruches contre les pollutions atmosphériques. Le lien entre les abeilles et les fourmis Raimund Remer traite ces ruches contre le varroa avec de l’acide formique, et est assez satisfait du résultat. Etant toujours à la recherche de nouveaux terrains à explorer, il a installé des ruches à côté de fourmilières. Les abeilles volent au-dessus pour entrer et sortir de la ruche, elles traversent donc des ambiances « imbibées » d’acide formique : tout à fait judicieux ! Ces ruches ne reçoivent donc plus de traitement à l’acide formique. Il faudra analyser l’état de ces ruches sur plusieurs années pour voir si cet essai est intéressant ou non. Par contre il faut éviter que les fourmis n’aillent dans la ruche, car elles font des dégâts dans certains cas. Les pieds du rucher sur pilotis ont donc tout d’abord été mis dans des pots emplis d’huile de colza et d’eau, créant ainsi une barrière physique aux envies colonisatrices des fourmis. Mais cela n’était pas une solution réjouissante pour Raimund Remer, qui a imaginé favoriser la présence du fourmilion en amenant du sable meuble devant et sous la ruche : les fourmis chutent ainsi dans le piège en forme de cône inversé que met en place la larve du fourmilion dans la terre afin de capturer les petites proies qui tombent dans ce trou. Inventif non ? Soazig Cornu.