Saint Arnoult en Yvelines, le 21 février 2016 Monsieur Didier

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Saint Arnoult en Yvelines, le 21 février 2016 Monsieur Didier
Saint Arnoult en Yvelines, le 21 février 2016
Association Loi 1901 Monsieur Didier MIGAUD
Président de la Cour des comptes
13, rue Cambon
75001 Paris
Monsieur le Président,
C’est avec intérêt que nous avons pris connaissance du rapport 2016 de la Cour.
Nous nous sommes déjà adressés à vous le 1er août 2013 dans le cadre du rapport
consacré aux relations entre l’Etat et les sociétés concessionnaires d’autoroutes.
Aujourd’hui, c’est le chapitre relatif aux transports ferroviaires en Île-de-France,
qui concerne plus particulièrement notre action, qui a retenu notre attention.
En introduction la Cour affirme : Le réseau des transports en commun d’Île-deFrance est l’un des plus importants d’Europe tout en mentionnant la persistance
d’insuffisances d’autant plus préoccupantes que les perspectives d’amélioration
demeurent aléatoires. Le rapport poursuit avec une énumération des progrès accomplis
depuis 2010 dans le fonctionnement et l’organisation du réseau.
Il nous semble que le diagnostic manque de précision. D’une part parce que les
progrès accomplis sont pour le moins très contrastés selon les territoires et, d’autre part,
parce que les perspectives affichées sont elles aussi empreintes de grandes disparités
territoriales.
En effet, à la lecture des progrès réalisés et des infrastructures nouvelles on
constate qu’ils concernent uniquement le centre de l’agglomération. Si les lignes A et B
du RER, très structurantes pour le cœur de région car reliant les aéroports et les centres
d’affaires, retiennent particulièrement l’attention du rapport, la situation des autres
lignes est à peine mentionnée.
Pourtant, et pour prendre l’exemple du RER C, l’enquête relative au dramatique
accident de Brétigny a mis en évidence l’état de délabrement des infrastructures et la
chute des moyens attribués à la maintenance du réseau. Savez vous que l’on met plus de
temps pour aller de Dourdan ou d’Etampes à Paris aujourd’hui qu’il y a 50 ans ?
Il est dommage que les rédacteurs du rapport n’aient pas mentionné les différentes
études comparatives européennes qui observent que Paris bénéficie d’un réseau de
transports collectifs parmi les plus denses des capitales européennes, alors que sa
banlieue est parmi les plus mal desservies.
Dans ces conditions, peut-on s’étonner de la croissance de l’insatisfaction des
usagers quotidiens, à l’exception notable du métro ?
A10 Gratuite – 8 Rue du Lavoir – 78730 Saint Arnoult en Yvelines – 06 07 29 85 35 Web : http://a10gratuite.free.fr – courriel : [email protected] Concernant les perspectives, vous les jugez contradictoires. D’un côté des projets
ambitieux, de l’autre, des améliorations très aléatoires pour les usagers. En effet, les
priorités restent focalisées sur le tourisme, les expositions et les grandes manifestations
internationales et quelques pôles dits d’intérêt national. Les transports du quotidien,
particulièrement dans les territoires périphériques, resteront les parents pauvres des
ambitions de l’Etat et de la Région.
Ainsi que nous l’avons dénoncé dans l’enquête publique, le SDRIF aujourd’hui
couplé au Grand Paris Express, témoignent de l’ignorance programmée sur le long
terme des territoires péri urbains. A l’exception d’Eole, aucun investissement ferroviaire
significatif n’est envisagé au-delà de la francilienne. La création d’une métropole,
noyau central régional, risque encore d’accentuer les disparités actuelles. Le GPE serat-il aux transports franciliens ce qu’a été le TGV pour le réseau SNCF ?
Nous ne demandons pas que les territoires péri urbains ressemblent demain au
cœur de région, Nous demandons qu’ils soient considérés avec leurs nécessaires
différences, non par le mépris. En prônant la gratuité des tronçons franciliens des
autoroutes A10 et A11, notre association préconise une utilisation rationnelle des
infrastructures de transports existantes dans un contexte de saturation et de faiblesse
avérée et durable des transports collectifs.
De ce point de vue nous nous félicitons que la Cour ait fait apparaître les
contradictions entre les ambitions affichées et la réalité. Nous regrettons cependant
qu’elle n’ait pas procédé à un examen territorial plus approfondi, notamment entre le
centre et la périphérie francilienne, qui aurait permis d’éclairer les profondes inégalités
territoriales préjudiciables à l’équilibre et à l’avenir de nos territoires.
Enfin, certaines recommandations de la Cour ne nous semblent pas de nature à
encourager l’usage des transports collectifs même s’ils sont à la limite de la saturation et
que le risque d’une dégradation de la qualité du service est bien réel. La solution n’est
pas de dissuader les franciliens de prendre les transports collectifs mais de les rendre
efficients. Elle n’est pas de punir les banlieusards par des péages sur les infrastructures
autoroutières quand ils n’ont pas d’alternatives pour leurs déplacements quotidiens.
Vous remerciant par avance pour l’attention que vous porterez à ce courrier, nous
vous prions de croire, Monsieur le Président, à toute notre considération.
Jean Claude LAGRON
Président de A10 GRATUITE
Copies à :
Madame Ségolène ROYAL, Ministre de l’environnement, de l’énergie, de la
mer, chargée des relations internationales sur le climat.
Monsieur Alain VIDALIES, Secrétaire d’Etat chargé des transports
Madame Valérie PECRESSE, Présidente de la région Île-de-France
A10 Gratuite – 8 Rue du Lavoir – 78730 Saint Arnoult en Yvelines – 06 07 29 85 35 Web : http://a10gratuite.free.fr – courriel : [email protected]