Presse 15-07-10 En Grece AdC LaLibre
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LaLibre.be "En Grèce, il ne s’agit plus, à ce stade, de régler les comptes du passé" Contribution externe Publié le vendredi 10 juillet 2015 à 14h52 - Mis à jour le vendredi 10 juillet 2015 à 14h54 Opinions : La priorité de ce dimanche est donc un accord sur la réouverture des banques. Le second point – qui peut être simultané – est un accord sur les finances publiques. Il faut bien comprendre cependant que ces deux points peuvent être séparés et devraient l’être à l’avenir pour le bon fonctionnement de l’union monétaire. OPINION Les Grecs se mobilisent pour le maintien de leur pays dans la zone euro Édito: Just do it, Alexis Edito: une dernière chance Opinions Une opinion de Alain de Crombrugghe, professeur d’économie à l’Université de Namur. La première chose dont la Grèce a besoin est une reprise de l’activité économique, seul moyen de satisfaire les besoins de sa population et d’assurer les indispensables recettes de l’Etat. Depuis le 29 juin, la fermeture des banques pèse bien plus sur l’économie grecque que toutes les contraintes d’austérité budgétaire. La réouverture des banques est prioritaire, accompagnée de perspectives aussi solides que possible pour des services publics fiables et durables. La modeste reprise d’activité économique de la zone euro est menacée par une nouvelle crise de confiance dans la pérennité de la participation de certains pays et dans le bon fonctionnement de son système financier. Pour elle, comme pour la Grèce, la question de la stabilité des banques apparaitra comme le premier test d’une éventuelle mise en cause de la monnaie commune. Les banques grecques sont fermées pour empêcher des retraits massifs d’euros en billets. Ces retraits sont motivés par la crainte des déposants de ne pas retrouver leurs dépôts pour deux motifs. Le premier est le problème de liquidité des banques dont les dépôts sont prêtés, et ne peuvent donc jamais être remboursés tous en même temps. Le second est un risque d’insolvabilité des banques, qui se réalise si la valeur des prêts est inférieure à celle des dépôts, en particulier quand certains débiteurs des banques sont en difficulté. La banque centrale européenne (BCE), comme toute banque centrale, a le devoir d’assurer la liquidité des banques grecques comme de toutes les banques de la zone euro. Malheureusement, depuis l’annonce du referendum, la BCE estime qu’il pourrait aussi il y avoir un risque de solvabilité, des débiteurs des banques, y compris de l’Etat Grec lui-même. Ce dernier est effectivement déjà en retard de paiement d’une tranche d’un prêt du Fonds Monétaire International (FMI) depuis la fin juin. La BCE limite donc la fourniture de liquidités aux banques grecques, qui se voient contraintes de limiter les retraits. Ces restrictions ne font qu’augmenter le désir de retraits des déposants, alors qu’une simple promesse massive de liquidité pourrait arrêter l’hémorragie. L'accès au crédit Quand la banque centrale n’assure plus la liquidité des banques, et quand les actionnaires ne recapitalisent pas leurs banques, c’est l’Etat qui intervient, soit en recapitalisant la banque sous conditions, soit en en prenant le contrôle. Les Etats ont généralement accès à des fonds à de bonnes conditions. En intervenant à temps et à des conditions strictes vis-à-vis des actionnaires et des créanciers des banques d’une part et vis-à-vis des débiteurs d’autre part, ils peuvent restaurer la solvabilité et la rentabilité de la banque et revendre leurs parts ou prêts avec bénéfice. L’Etat Grec, lui, n’a plus les moyens de recapitaliser les banques grecques et son propre statut de débiteur incertain pourrait être problématique pour ces banques. Ni la BCE, ni les autres Etats membres ne souhaitent qu’elles puissent encore faire crédit à un Etat en défaut de paiement. Dans une union monétaire sans union fiscale, chaque Etat qui fait face à un simple risque de déficit peut faire face à un risque de taux d’intérêt élevé. Le rôle de garant en dernier ressort du système financier en même temps que celui de premier débiteur de celui-ci, crée pour les Etats membres et leurs banques une interdépendance potentiellement fatale qu’il importe de briser. Quand toutes les règles de prévention n’on pas suffi à éviter un accident, une intervention de l’Union monétaire s’impose. L’Espagne a bénéficié d’une telle intervention en 2012. Logiquement, l’Europe met enfin en place un mécanisme de supervision bancaire unique et aussi un mécanisme de résolution d’insolvabilité unique. Les nouveaux mécanismes européens, quoiqu’encore inachevés, tombent à point pour les banques grecques. Leur mise sous tutelle et leur recapitalisation par un fonds européen doit permettre la reprise immédiate de la fourniture de liquidité par la BCE. Contrôle et refinancement peuvent garantir la fin de tout risque de crédit implicite à l’Etat grec. Ils peuvent garantir la solvabilité des banques par une récupération active de dettes, par des fonds propres suffisants et des actifs de qualité. Rassurés, les déposants cesseront immédiatement leurs retraits. Mieux, le crédit et les paiements pourront reprendre, facilitant toutes les transactions privées et publiques solvables et donc la reprise de l’activité économique. La Grèce peut parfaitement rester dans la zone euro si ses banques peuvent fonctionner, même si l’Etat est en défaut de paiement. De grandes villes et des états des Etats-Unis d’Amérique se sont trouvés en défaut partiel de paiement sans que cela mette en danger l’usage du dollar ni le fonctionnement des banques, mêmes locales, ni l’économie, si ce n’est via la réduction de dépenses publiques ou sociales, pour lesquelles il faut aussi trouver une solution, mais séparément. Report des échéances Sans prêts bancaires, l’Etat grec doit équilibrer ses comptes sur base de caisse au jour le jour, ou obtenir un prêt du marché ou d’autres Etats qui, eux, ont accès au marché. Le minimum, sur lequel il y a consensus, est le report des échéances des intérêts et des remboursements de la dette grecque. Reste à voir si l’égalité entre dépenses courantes et recettes courantes est gérable ou si l’Europe veut assouplir les choses et surtout aider l’Etat grec à investir dans une réforme fiscale et administrative qui apporterait des bénéfices futurs. C’est là qu’apparaît toute l’importance d’un plan budgétaire crédible des autorités grecques. Il s’agit moins d’austérité que de crédibilité, pour obtenir, comme le mot le dit, du crédit sur base de la conviction que la croissance économique et l’efficacité de l’Etat apporteront les revenus futurs attendus. Il ne s’agit plus, à ce stade, de régler les comptes du passé, ni de sanctionner qui que ce soit, mais il s’agit de voir le redressement de l’économie grecque et de l’Etat grec comme un investissement bénéfique pour tous. Dans une telle logique, les créanciers pourraient même comprendre qu’une remise partielle de dette suite à la baisse non anticipée de 25% du PIB grec ces dernières années pourrait leur apporter un rendement attendu plus élevé que leur inflexibilité actuelle. Mais quoi qu’il en soit de la dette de l’Etat grec et de sa capacité de se réformer, l’Europe pourrait, dimanche, au moins remplacer le lien entre l’Etat-membre et les banques domestiques par un mécanisme bancaire de la zone euro et assurer ainsi l’activité de crédit privé et les paiements publics et privés. La sanction actuelle sur l’économie grecque est disproportionnée. Ne pas la lever pourrait menacer toute la zone Euro, fut-ce par étapes, de la même sanction. Faire fonctionner l’union bancaire, éviterait d’autres crises et faciliterait la résolution future de celles qui n’auront pas pu être évitées. http://www.lalibre.be/debats/opinions/en‐grece‐il‐ne‐s‐agit‐plus‐a‐ce‐stade‐de‐regler‐les‐comptes‐ du‐passe‐559fc01a3570c68585416682