Il suffit de

Transcription

Il suffit de
Il suffit de…
Soyons honnêtes : ce début de locution se comprend selon nos humeurs
ou nos émotions (cfr la fleur des émotions, articles sur l’été). Souvent
jeté comme un reproche, fréquemment fruit de quiproquos, est-ce qu’il
suffit de parler pour se faire comprendre ?
Rangeons nos mouchoirs, le soleil est toujours là, et il suffit de le laisser
briller pour avoir du baume au cœur ☺ !
Nous aimons toutes et tous ponctuer notre communication par de
nombreux gestes (nous y reviendrons dans un article qui leur sera
consacré) et de nombreuses affirmations, nos évidences. Il serait fort
aisé de vivre dans une société où chacun pense, dit et fait la même
chose, mais je crains que nous ne nous y embêtions quelque peu…
Nous faisons des sports différents, écoutons des musiques différentes,
mangeons en formes et quantités différentes… Cuisiner, c’est facile, il
suffit de mettre des ingrédients dans une poêle !
Derrière nos « suffisances » se cachent souvent deux choses :
" nos savoirs
" nos limites
« Aujourd'hui, je me dis qu'on ne peut être sûr de rien, surtout quand il
s'agit de quelqu'un d'autre. C'est une évidence, mais j'avais besoin d’une
piqûre
de
rappel. »
Harlan Coben
Ainsi, et soyons TOUS riches du cadeau, si je peux dire qu’il suffit de…
quelque chose, cela fait de moi un expert en la matière (Personne apte
à juger de quelque chose, selon le Larousse.) Celle ou celui qui
m’indique le bon chemin quand je me suis perdu est un expert, POUR
MOI. Nous avons donc bien plus d’expertise et de talents que
présupposés par… quoi ? Qui ? Nos C.V., nos bulletins, notre profil
twitter ?
Les évidences, dès lors, nous sont propres, d’où la beauté et
l’importance des partages, justement. Nous confondons souvent nos
fonctions et nos capacités, ou encore nos qualités d’être humain.
Partager nos savoirs nous aide fréquemment à en comprendre les
limites, et c’est là que se trouve le cadeau : je peux ainsi apprendre à
me dépasser, ou apprendre à déléguer des choses dictées plus par
l’ego que la sagesse.
Nos passions nous stimulent à découvrir des nouvelles choses qui ne
nous définissent pas professionnellement. Elles nous invitent à
accepter plus facilement nos limites afin de pouvoir progresser. Avec
moins de pression (que nous nous mettons régulièrement nousmêmes), moins de volonté de performance, beaucoup de personnes
découvrent ainsi de nouveaux revirements dans leurs métiers ou leur
vie relationnelle. Se sentir grandir, pour le plaisir, aide grandement à
relativiser ce que savent faire ou non les autres.
Un métier définit des connaissances communes indispensables à sa
pratique.
La vie, nos envies nous permettent d’entreprendre quelque chose avec
des prérequis différents.
En sortant de nos affirmations, nous nous offrons de nouveaux points
de vue, sources d’une diminution de l’anxiété.
C’est grâce à la patience et l’expérience que nous récoltons nos plus
beaux fruits.
Finalement, à la source de nos il suffit de…, il y a d’abord eu beaucoup
de fruits !