Giono, Un roi sans divertissement, test de lecture n° 2 Propositions
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Giono, Un roi sans divertissement, test de lecture n° 2 Propositions
Giono, Un roi sans divertissement, test de lecture n° 2 Propositions de réponse 1°) Quelles explications Langlois donne-t-il au curé du village à propos de la belle cérémonie de Noël ? Langlois explique que si l’assassin vient rôder autour du village cette nuit, le spectacle très lumineux, coloré, de la procession et de la messe de minuit sera un divertissement suffisant, avec la musique et les flambeaux, et qu’il ne tuera personne. Il explique aussi que c’est sans doute un homme comme les autres, et que la solution serait la messe de minuit permanente, du premier de l’an jusqu’à la SaintSylvestre. 2°) Quel lien psychologique pouvez-vous faire entre M. V. et le loup, en vous appuyant sur les faits racontés et les interprétations proposées ici ou là dans le roman ? Deux loups-garous ? M. V. est un homme qui agit comme un animal de proie, la nuit ou au petit matin, qui guette, capture, conserve ses proies, et mène une vie normale d’homme comme les autres en parallèle, avec femme et enfant, maison, respectabilité. Le loup du val de Chalamont est humanisé, appelé le Monsieur, présenté comme très supérieur aux louvards par la ruse et la force. Dans les deux cas, on a affaire à quelqu’un de supérieur, qui cherche un adversaire à sa taille, et qui accepte par avance la mort. 3°) Quel rapport Langlois entretient-il avec l’équipe de gendarmes qu’il emmène à Chichilianne ? Autoritaire et cassant, Langlois mène sa petite troupe comme il ferait un commando, prend l’initiative de toutes les responsabilités, menace ses subordonnés s’ils désobéissent, mais marque une certaine sollicitude bienveillante et bourrue pour ses hommes. Chef, organisateur, il est suivi aveuglément par sa troupe, ce qui fait de lui un roi absolu. 4°) Comment pouvez-vous décrire, comprendre, interpréter, le cérémonial qui entoure la battue au loup ? La battue est un divertissement collectif, mais organisé par Langlois. Divertissement en hommage au loup, aux villageois, puisque Langlois les fait partie prenante de cette journée, hommage à Saucisse et à Madame Tim, ce qui constitue une sorte de provocation aux habitudes. Ce cérémonial est mené du début à la fin pour aboutir à une sorte d’exécution publique et spectaculaire, devant une muraille évoquant un décor de théâtre. La musique, mélange de militaire et de religieuse avec les cors et les crécelles, les robes de dimanche des deux dames, la présence du procureur royal, tout cela ressemble à une grande fête. C’est en quelque sorte le droit de tuer rendu officiel et public, manifestation de toutes les envies de meurtre qui sont réfrénées chez Langlois, envies que le procureur connaît très bien compte tenu de son métier. 5°) Que pouvez-vous dire à propos du « Bongalove » ? Le « Bongalove » est le refuge inventé par Langlois pour se retirer du monde et en même temps voir la marche du monde : situé en hauteur, dominant la vallée, il est comme un trône ou un palais. Le labyrinthe de buis n’est pas seulement la reproduction de celui de Sainte-Baudille, c’est le symbole de ce qui est tortueux dans un esprit : on le parcourt, on s’y perd, on s’y retrouve car on réfléchit aux moyens d’en sortir. Il illustre donc Langlois et ses ambiguïtés. L’originalité bourgeoise d’un tel bâtiment et d’un labyrinthe dans un village de paysans est aussi une manière de se singulariser. Le choix d’une position dominante s’explique aussi rétroactivement, par la volonté de rendre évident le suicide de Langlois : une explosion visible de toute la vallée, « l’énorme éclaboussement d’or qui éclaira la nuit », divertissement ou feu d’artifice donné au monde, à l’univers. La « tête de Langlois qui prenait, enfin, les dimensions de l’univers », c’est bien la marque de la royauté.