POLKA : Plus ou moins de prison en France aujourd`hui ?

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POLKA : Plus ou moins de prison en France aujourd`hui ?
POLKA : Plus ou moins de prison en France aujourd’hui ?
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Octobre 2016 , 19h30-21h30. Alternatibar.
Actualités - chiffres :
 Budget de l’Administration pénitentiaire, un budget qui ne connaît pas la crise :
1,976 milliard d’euros en 2009 -> 2,636 milliards d’euros en 2015
 Répartition des personnes placées sous main de justice :
 surpopulation carcérale, nouveau record au 1er juillet 2016 : 69.375 personnes incarcérées,
pour 58.311 places disponibles dans les prisons.
1515 matelas au sol au 1er août 2016.
Juin 2014 – juin 2015 : + 2.8% de détenus incarcérés
 La France, cancre européen ? Mars 2016, un rapport du Conseil de l'Europe a établi que, sur
les 47 Etats que compte l'organisation paneuropéenne, la France se situe à la 7e place de ceux
dont les prisons sont le plus surpeuplées, derrière la Hongrie, la Belgique, la Macédoine, la
Grèce, l'Albanie et l'Espagne.
 Dimanche 11 Septembre 2016, annonce de Manuels Valls de la construction d’environ 10
000 places de prison d'ici 2026. 3 milliards d’euros seraient déboursés pour ce plan.
LE PLAN PRISON 2016 a pour objectif selon Manuel Valls :
- Lutter contre la surpopulation carcérale : une forme de torture selon l’ONU
- Encellulement individuel, impératif de sécurité, eu égard à la vague d’attentats en France et
au problème de la radicalisation en prison.
Problématiques diverses liées à la surpopulation carcérale :

Des établissements différemment affectés par le manque de place : la surpopulation pénale est un
problème qui touche en particulier les maisons d’arrêt (des établissements qui accueillent les personnes
prévenues, en attente de jugement, et les condamnées à de « courtes peines »)
Août 2016 - Densité carcérale pour les maisons d’arrêts : environs 140%

Respect difficile des droits des détenus au quotidien :
Droit à l’intimité : 2-3 personnes dans une cellule de 12m^2 parfois, pas de séparation effective celluletoilettes
Respect de la dignité humaine : entassement, accès aux douches limité, 1515 matelas au sol en août
2016
Droit à la formation : moins d’un détenu sur trois inscrit en formation en prison
Droit au travail : un détenu sur trois a accès à un travail rémunéré en prison
7 fois plus de suicide en prison qu’ailleurs sur le territoire national (94 suicides en prison en 2014 et plus
de 1000 tentatives )

Personnels de surveillance assez démunis face à :
- la violence qui peut naître de cette situation de surpopulation carcérale (agressions, tensions)
- A la détérioration de leurs conditions de travail : augmentation de la charge de travail, sous-effectif
chronique, accumulation de la fatigue et du stress.
Apprendre les leçons de l’Histoire ?
 Construire des prisons ne résout pas le problème de surpopulation carcérale : plus on
construit, plus on remplit
Propos de Adeline HAZAN, Contrôleure Générale des Lieux de Privations de Liberté. "L'Histoire a montré
que plus on construisait de places, plus elles étaient remplies". Soutient le développement des alternatives à
la détention et plaide pour que la "prison soit véritablement, comme la loi l'indique, le dernier recours."
Sources : Observation international des prisons , page facebook, publication du 12 septembre suite à
l’annonce de M.Valls de la construction de 10 000 places de prison
« Entre 2005 et 2014, près 7 000 places de prison ont été créées.
Le nombre de prisonniers, lui, a augmenté quasiment dans la même mesure, passant de 58 000 à 67 000
personnes détenues.
Contrairement à ce que l’on pense, l’augmentation du nombre de personnes incarcérées n’est pas corrélée
à une augmentation de la délinquance, celle-ci est relativement stable.
En fait, cette hausse est concomitante de la création de nouveaux dispositifs de sanction par la prison ces
10 dernières années. La durée moyenne de détention est passée de 8,6 mois en 2006 à plus de 12 mois en
2013. Depuis début 2015, on a constaté une hausse de 20 % des détentions provisoires. Le climat général
pèse sur les magistrats : ils incarcèrent plus facilement et libèrent moins facilement en aménagement de
peine. Entre 2010 et 2014, le nombre de permissions de sortir accordées a reculé de 22,14%. Elles sont
pourtant essentielles pour préparer la sortie des condamnés (aller à des entretiens pour un travail, maintenir
ses liens familiaux).
Moins d'aménagements de peine, c'est aussi plus de récidive. Non accompagnée, une sortie de prison se
solde par une récidive, dans 65% des cas.
C'est pourtant en réduisant la récidive qu'on limitera le nombre de détenus. C'est-à-dire en réussissant la
sortie de prison, la rupture avec la délinquance. »
 Un plan de construction de prison ne doit pas éclipser tous les constats /études faits sur la
nécessité d’augmenter le budget et les moyens allouées à la réinsertion et l’aménagement
des peines des détenus afin de prévenir la récidive.
63% des personnes sortants de prison aujourd’hui sont recondamnées sous 5 ans. Les allers-retours en
prison sont fréquents, notamment pour les personnes condamnées à des courtes peines. Sortir de la
délinquance suppose un accompagnement de personnels d’insertion et de probation très difficile à mettre
en place sur des durées courtes.
ET AILLEURS, qu’est ce qui se passe ?
 Punir autrement que par la prison : limiter le recours à l’incarcération au « strict
nécessaire » et développer les mesures alternatives à la prison
FINLANDE : 2 stratégies mises en place :
- réduction du nombre de peines de prison prononcées
- libération anticipées des prisonniers en procédant à une politique d’évitement de l’incarcération
(dépénalisation de certains comportements) et d’autre part une politique d’extension des sanctions
en milieu ouvert.
 Réfléchir à une « autre » prison : les prisons ouvertes scandinaves
FINLANDE, DANEMARK et SUEDE font le choix de développer des prisons « ouvertes » : des prisons sans
dispositifs défensifs visant à prévenir la sortie des personnes condamnées d’un périmètre donné. La
sélection des détenus à l’entrée de ces établissements ne se fait pas selon l’infraction commise par les
condamnés, mais à partir de leur profil et leur capacité à s’investir dans un projet professionnel.
Avec des moyens et personnels de sécurité réduits, l’organisation de ces prisons sans barreaux est tournée
vers la réinsertion et la responsabilisation des détenus par le travail (activités agricoles souvent)
Combien coûte la prison ?
Coût moyen annuel par détenu en 2011 : 32 000 euros -> mais fortes disparités selon le type
d’établissement et le mode de gestion
Le coût de journée en maison centrale (196€ / jour / personne) est deux fois plus élevé que celui des
autres établissements pénitentiaires pour adultes. Les maisons centrales, qui prennent en charge les
détenus condamnés à de longues peines et ayant un pronostic de dangerosité élevé, disposent d’un
personnel de surveillance plus nombreux que les autres établissements et supportent des investissements
lourds en matériel de sécurité (postes protégés, miradors, surveillance périphérique).
Les personnes ayant été condamnées à une peine alternative à la prison ou ayant bénéficié d’un
aménagement de peine coûtent beaucoup moins cher à la société.
Sources : fiche de la Conférence de consensus sur la prévention de la récidive « Combien coûte la
prison ? », disponible sur le site du Ministère de la Justice.

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