PREVENTION interne - étude de cas option prévention

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PREVENTION interne - étude de cas option prévention
SUJET NATIONAL POUR L’ENSEMBLE DES CENTRES DE GESTION ORGANISATEURS
TECHNICIEN SUPERIEUR TERRITORIAL
CONCOURS INTERNE ET DE 3EME VOIE et EXAMEN PROFESSIONNEL
SESSION 2010
ETUDE DE CAS
portant sur l'option choisie par le candidat
au sein de la spécialité au titre de laquelle il concourt.
Durée : 4h00
Coefficient : 4 (interne et 3ème voie)
SPECIALITE : PREVENTION, GESTION DES RISQUES, HYGIENE
OPTION : PREVENTION DES RISQUES
INDICATIONS DE CORRECTION
Question 1 (6 points) :
En utilisant le document 1, résumez la chronologie de la catastrophe, puis décrivez
simplement les causes directes et les facteurs aggravants.
Le document 1 est basé sur l’analyse de l’accident de Feyzin de 1966.
L’usine Mega exploite des hydrocarbures et est implantée le long d’une autoroute.
Chronologie
Le X mai 1998 une fuite de gaz sous une sphère de propane provoque un incendie de la
nappe gazeuse, et une heure après, l’explosion par B.L.E.V.E d'une sphère de stockage de
gaz liquéfié réchauffée de manière brutale.
12345-
L’opérateur manœuvre les vannes inférieures et supérieures ;
Fuite de gaz ;
Impossibilité de refermer les vannes ;
Le gaz se propage vers l’autoroute ;
Monsieur Z est présent sur l’autoroute, le véhicule prend feu, puis la sphère 433
s’enflamme ;
6- Intervention des secours inefficace ;
7- Explosion et généralisation de l’incendie.
Causes directes et indirectes
L’opérateur manœuvre dans le désordre deux vannes de purge de la sphère de propane.
Une fuite se produit et ne peut être colmatée. Leur givrage simultané provoque leur blocage
et la fuite du propane.
Causes :
ƒ Mauvaise manoeuvre des vannes, provoquant la fuite du propane ;
ƒ Givrage de la vanne donc impossibilité de la fermer ;
ƒ Défauts de conception observés ;
ƒ Consignes de sécurité non respectées ;
ƒ Entrée de Monsieur Z sur l’autoroute par un accès non fermé qui sert de détonateur
pour enflammer la nappe de gaz et déclencher l’incendie. Le feu remonte jusqu’à la
sphère d’où le gaz s’échappe.
Facteurs aggravants :
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
ƒ
Mauvaise maîtrise du sinistre par les autorités et les pompiers ;
Commandements successifs générant une confusion ;
Insuffisance des moyens des sapeurs pompiers / Secours appelés trop tard ;
Insuffisance des moyens de secours de l’usine ;
Deux usines utilisent le même réseau d’eau.
Eléments supplémentaires :
ƒ un ouvrier avait eu la main gelée dans une même opération de prélèvement le X
juillet 1997.
Question 2 (8 points) :
a) Définissez les termes suivants :
- étude de dangers. Vous en préciserez les contenus ;
- danger ;
- risque ;
- aléa technologique.
b) Depuis 2003, une politique de prévention basée sur la loi du 30 juillet 2003 relative à
la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des
dommages, est mise en place pour certains établissements.
Cette politique se décline en plusieurs axes, dont les principaux sont les suivants :
• Premier axe :
la maîtrise du risque à la source comprenant les études de dangers
et les actions de prévention et de protection ;
• Deuxième axe : la maîtrise de l'urbanisation ;
• Troisième axe : l'organisation des secours ;
• Quatrième axe : l'information préventive et la concertation.
Précisez ces 4 axes en donnant quelques exemples liés à la question 1 et en vous appuyant
sur les termes définis à la question a).
L’étude de dangers :
L’étude de dangers expose de façon détaillée les risques que peut présenter une installation
et décrit la nature et les conséquences d’un accident éventuel
3 phases :
- La caractérisation des dangers (retour d’expérience et avis d’experts) ;
- L’évaluation préliminaire des risques ;
- La quantification et la hiérarchisation des risques : analyse détaillée de la gravité et
de la probabilité, analyse de l’acceptabilité des risques.
L'étude de dangers doit permettre de déterminer les accidents susceptibles de se produire
dans l’installation, d’en évaluer les conséquences : identification des sources de risque, les
scénarios d'accident envisageables et leurs effets sur les personnes et l'environnement, pour
ensuite proposer des dispositions afin de prévenir ou maîtriser ces accidents potentiels.
L’étude de dangers doit justifier les mesures permettant de réduire la probabilité ou la gravité
des accidents. Son objectif est de vérifier que les mesures de réduction du risque à la source
sont mises en oeuvre pour réduire le risque à un niveau aussi bas que possible, compte tenu
de l’état des connaissances et des pratiques et de la vulnérabilité de l’environnement de
l’installation
Les études de dangers constituent la base indispensable pour l'établissement des Plans
d'Opération Interne (POI) et des Plans Particuliers d'Intervention (PPI).
Les études de dangers réalisées sous la responsabilité de l’exploitation et examinées par la
Direction Régionale de l'Industrie de la Recherche et de l'Environnement (DRIRE) et ont
pour objet de rendre compte de l'examen effectué par l'exploitant.
Contenu :
-
-
-
Description de l'établissement, des installations et de leur fonctionnement ;
Description et caractérisation de l’environnement et du voisinage ;
Identification et caractérisation des potentiels de danger ;
Réduction des potentiels de danger ;
Evaluer l'étendue et la gravité des conséquences des accidents et incidents majeurs
identifiés ;
Identifier et analyser les risques, que leurs causes soient d'origine interne ou externe
à l'installation concernée ;
Justifier les paramètres techniques et les équipements installés où à mettre en place
pour la sécurité des installations permettant de réduire le niveau des risques pour les
populations et pour l'environnement ;
Exposer les éventuelles perspectives d'amélioration en matière de prévention des
accidents majeurs ;
Contribuer à l'information du public et du personnel ;
Fournir les éléments nécessaires à la préparation des Plans d'Opération Interne
(POI) et des Plans Particuliers d'Intervention (PPI) ;
Permettre une concertation ultérieure entre acteurs locaux en vue d'une définition des
zones dans lesquelles une maîtrise de l'urbanisation autour de l'établissement est
nécessaire pour limiter les conséquences des accidents ;
Représentations cartographiques ;
Résumé non technique de l’étude de dangers :
Présentation du système de gestion de la sécurité (SGS).
Danger : propriété intrinsèque d’un élément, d’une substance, d’une source d’énergie, etc.,
susceptible de causer un dommage (pour un agent, pour l’environnement ou un matériel).
Risque : c’est la probabilité d’occurrence d’un accident combinée à la gravité des
conséquences.
Aléa technologique : désigne la probabilité qu’un phénomène dangereux produise en un
point donné du territoire, des effets d’une intensité physique définie.
Premier axe : la maîtrise du risque à la source comprenant les études de dangers et
les actions de prévention et de protection
Etude de dangers (réponse courte admise et à mettre en relation avec la réponse cidessus)
L’étude des dangers est le premier élément réglementaire d’une chaîne de mesures
destinées à protéger les agents, les riverains et l’environnement. C’est une démarche
d’analyse approfondie par la loi de 30 juillet 2003. Cette loi et les textes pris pour son
application ont permis de réaffirmer et de préciser les notions d’approche probabiliste et de
maîtrise des risques.
Les études de dangers permettent que l’évaluation du risque tende vers une approche
homogène d’un site à l’autre, en faisant l'état des lieux des installations, de leur conception
et de leur fonctionnement.
Ces études recensent les types de phénomènes dangereux possibles, leurs extensions et
leurs conséquences. Elles permettent d’identifier les dispositifs de prévention et de lutte
contre les accidents existants, ainsi que les moyens complémentaires à mettre en place.
Mesures de prévention et de protection :
Mesures de prévention (quelques exemples) :
-
Rédaction des modes opératoires et de procédures ;
Rédaction de consignes de sécurité et de consignes d’intervention ;
Organiser la formation et l’information du personnel ;
Maîtriser les procédés et l'exploitation ;
Mettre en œuvre des contrôles du Système de Gestion de Sécurité (SGS), des audits
internes et des revues de direction ;
Etc.
Mesures de protection (quelques exemples) :
Deux types de sécurité :
- les sécurités passives, qui agissent par leur seule présence, sans intervention
humaine, ni besoin d'énergie (exemple : bâtiment de confinement, cuvette de
rétention, éloignement, etc.);
- les sécurités actives, qui nécessitent une action, une énergie, un entretien (exemple :
détecteur, vannes, etc.).
En lien avec la question 1)
-
Intervention technique sur l’installation ;
Conception des sphères ;
Formation des opérateurs aux consignes de sécurité ;
Retour d’expérience concernant les accidents et incidents, mises en œuvre de
solutions correctives ;
Réseaux d’eau de secours différents pour les deux usines ;
Moyens de secours internes à l’usine adaptés.
Deuxième axe : la maîtrise de l'urbanisation (1,5 points)
La loi risques du 30 juillet 2003 instaure des changements importants dans la gestion des
risques majeurs technologiques, et notamment dans la maîtrise de l’urbanisation autour des
sites AS (Autorisation avec Servitude), avec la possibilité d’instaurer des servitudes d’utilité
publique lors de modifications d’installations et la mise en place d'un Plan de Prévention des
Risques Technologiques (PPRT).
Les PPRT consistent à définir, en fonction du niveau de risque, des secteurs dans lesquels
des mesures d’urbanisme doivent être prises. Ces mesures peuvent consister en
l’expropriation, le délaissement ou encore l’imposition de mesures constructives sur le bâti.
Les PPRT sont élaborés après un processus de concertation impliquant un grand nombre
d’acteurs de tout les horizons (Etat, collectivités, exploitants, riverains, salariés, etc.).
En lien avec la question 1)
-
Prendre en compte la présence de l’autoroute et des habitations
Troisième axe : l'organisation des secours (1,5 points)
Les industriels et l'Etat préparent des plans d'intervention incluant procédures d'alerte et
organisation des secours.
Pour les établissements classés Seveso seuil haut, un Plan d'Opération Interne (POI) et un
Plan Particulier d'Intervention (PPI) sont obligatoirement mis en place.
Le POI est appliqué dès lors qu'un accident se produit à l'intérieur de l'établissement.
Celui-ci concerne les moyens à mettre en place à l'intérieur de l'établissement en cas
d'accident pour remettre les installations dans un état sûr.
C'est le chef d'entreprise qui prend en charge la direction des opérations internes.
Les entreprises non concernées par la directive Seveso peuvent aussi être soumises à la
réalisation d'un POI.
En lien avec la question 1)
-
Mutualisation, coordinations et entraînements des secours ;
Définition des PPI et POI ;
Secours interne dans l’usine.
Quatrième axe : l’information préventive et la concertation (1 point)
Les modalités d’information des populations sont fixées par le décret n°2005-1158 du 13
septembre 2005 et l’arrêté du 13 mars 2006. Une information des populations sur les
risques, le signal d’alerte et la bonne conduite à avoir en cas d’accident doit être réalisée par
les industriels Seveso, au moins tous les cinq ans dans les zones à risques.
Par ailleurs, en matière d’information, la loi du 30 juillet 2003 et le décret n°2005-82 du 1er
février 2005 ont également institué les Comités Locaux d’Information et de Concertation
(CLIC).
En lien avec la question 1)
-
Information à la population locale
Question 3 (6 points) :
Le préfet compte examiner les situations des entreprises industrielles qui vont s’installer
dans le département. L’usine X s’apprête à s’implanter.
Réalisez une étude simplifiée sans calcul des scénarios d’accident possibles à partir des
éléments fournis dans le document 3.
Indiquez les mesures de prévention à mettre en œuvre.
Pour quelles raisons le chef d’établissement a-t-il décidé de diminuer les possibilités
d’utilisation de la sphère de 1 000 m3 à 300 m3 ?
Dangers associés aux GPL, 3 scénarios d’accidents sont associés à ces dangers :
Le BLEVE (Boiling Liquid Expanding Vapour Explosion) : explosion d’un réservoir de la
sphère suite à une agression thermique (ex : feu sous la sphère) ou mécanique (ex :
projectile).
Origine : explosion complète d’un réservoir sous pression contenant un liquide dont la
température est très supérieure à sa température d’ébullition.
Effets : thermique (brûlures), surpression (effet de souffle) et projections de débris.
L’UVCE (Unconfined Vapour Cloud Explosion= Explosion de gaz) : explosion d’un nuage de
gaz, suite à une fuite en présence d’une source d’inflammation (point chaud).
Susceptible d’engendrer des effets de surpression et des effets thermiques.
Origine : fuite de gaz suite à la rupture d’un élément de tuyauterie, formation d’un nuage puis
inflammation de celui-ci générant une explosion plus ou moins violente selon le niveau de
confinement de la zone.
Effets : onde de surpression (effet de souffle), projections de débris.
Feux de gaz (ou jets enflammés)
Origine : rupture de tuyauterie ou de bras de chargement/déchargement de camions et
inflammation de la fuite de gaz ainsi générée.
Effet : thermique (brûlures).
Ce sont ces scénarios extrêmes qui fixent le périmètre de la zone de danger. Celui-ci est
déterminé en calculant le rayon de la zone de danger de tous les accidents potentiels et en
retenant le rayon maximal.
Pour le site de l’usine X, le scénario majorant est le BLEVE de la sphère de propane de
1 000 m3 mais limité à 300 m3.
La zone de danger s’étend jusqu’à 600 m autour de la sphère, périmètre correspondant au
seuil des effets indirects par bris de vitre.
Mesures de prévention
Dispositifs techniques :
Des détecteurs gaz, feu et des boutons d’arrêts d’urgence sont repartis sur le site. Equiper la
sphère de capteurs de niveau et de température.
Mettre en sécurité le site dès qu’une anomalie est détectée, entraînant :
-
la coupure de l’électricité industrielle ;
l’arrêt de tous les transferts ;
la fermeture des vannes automatiques ;
le déclenchement de l’arrosage de la sphère, des postes camions et wagons.
Prévention : formation du personnel / mode opératoire et consignes / organisation des
secours / etc.
Les raisons de la limitation des possibilités d’utilisation de la sphère ?
Zone de danger = périmètre d’exposition aux risques retenus
La zone de danger s’étend jusqu’à 600 m autour de la sphère, périmètre correspondant au
seuil des effets indirects par bris de vitre.
Application du principe de réduction des risques à la source, la capacité de stockage de la
sphère est fortement réduite en passant de 1000 m3 à 300 m3. C’est sur la base de ces
limitations de stockage que les périmètres de danger peuvent être notablement réduits.
En réduisant les possibilités d’utilisation, on réduit la zone de danger et donc le
périmètre des effets.