discours_du_25_aout_2016

Transcription

discours_du_25_aout_2016
PRÉFET DE LA DRÔME
Allocution d'Eric SPITZ, Préfet de la Drôme
Cérémonie à la mémoire de Jean LOUBET
Jeudi 25 août 2016
(Seul le prononcé fait foi)
Le 20 août 1944, Jean LOUBET, agent de la préfecture de la Drôme, après avoir été arrêté
par les Nazis à Lyon le 9 août et torturé, est fusillé par eux...
C'est à cette haute figure de la Résistance drômoise, mais aussi à cet homme au courage
admirable et à ce grand patriote que nous rendons aujourd'hui hommage.
- Résistant de la première heure, Jean LOUBET le fut assurément, puisque c'est dès 1941, après
avoir rencontré Jean MOULIN à Valence, alors en zone dite “libre”, qu'il décide d'entrer dans la
lutte clandestine contre l'occupant. Il en fut aussi l'une des principales chevilles ouvrières, en
organisant cette lutte à l'échelle de notre département, tout particulièrement dans le domaine du
renseignement.
Ayant rejoint en juillet 1942 le réseau “Nestlé-Andromède” (service de renseignements des Forces
Françaises Combattantes de la Drôme et l'Ardèche), Jean LOUBET devient son chef pour les
administrations publiques. Il met aussitôt à profit ses fonctions à la préfecture de la Drôme, pour
remplir les missions d'informateur administratif pour l'ensemble du département, recueillant les
informations utiles aux Alliés et les transmettant lui-même à Londres où il se rendra à 8 reprises.
De même, membre du réseau clandestin de renseignements “Gallia”, il organise le service des fauxpapiers pour favoriser l'action des maquisards ou faciliter la fuite des personnes recherchées. Il
prend aussi en main la diffusion départementale de la presse clandestine de la Résistance. Il est à
l'origine de la disparition des archives de la préfecture du fichier des jeunes de la classe 1944.
Nombreux sont ceux d'entre eux, ayant ainsi échappé au S.T.O. qu'il orientera ensuite vers les
maquis et les réseaux de Résistance déjà constitués.
Il participe à la création, dans le département de la Drôme, des mouvements de résistance
“Combat”, “Franc-Tireur” et “Libération”.
- C'est aussi à l'homme de courage admirable qu'il fut, au héros mort sous la torture, que
nous rendons hommage en ce jour :
Une première fois, le 24 février 1944, Jean LOUBET était parvenu à échapper à la Gestapo. Il part
alors sur Lyon.
Mais le 8 août 1944, et alors même qu'il remplissait ses fonctions de Chargé de mission sur Lyon
dont les autorités nationales de la Résistance l'avait investi, les Nazis, avec le concours des
miliciens, réussirent cette fois à s'emparer de lui.
3, boulevard Vauban – 26030 VALENCE cedex 9 – Téléphone : 04.75.79.28.00 - Télécopie : 04 75 42 87 55
Site Internet de l’État en Drôme : www.drome.gouv.fr
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Emprisonné au fort de Montluc, il est torturé par les hommes de la Gestapo de Lyon, sous les ordres
de Klaus Barbie. Malgré les souffrances atroces endurées, il ne délivre aucun renseignement. Le 20
août 1944, avec 120 autres patriotes résistants, français et étrangers, hommes et femmes, il est
fussillé au fort de Côte-Lorette à Saint Génis-Laval.
Afin de faire disparaître les traces des mauvais traitements endurés, les Nazis brûlèrent son corps
qui n'a jamais pu être identifié...
13 jours plus tard, Lyon était libérée par la Première Armée Française Libre commandée par le
Général de Lattre de Tassigny.
- C'est le patriote authentique, enfin, que nous saluons aujourd'hui en lui :
Jean LOUBET avait trente-quatre ans et était père de famille. Il était un fonctionnaire de préfecture
comme des milliers d'autres en France... Il était un simple citoyen de ce pays mais il était un citoyen
qui nourrissait la plus haute idée de sa Patrie et qui était habité par les plus belles valeurs
républicaines.
Il a rejoint ceux qui ont dit non à l'occupant, ceux qui ont refusé la défaite, la capitulation et la
négation des idéaux républicains.
C'est en tant que citoyen patriote, dont il voyait les idéaux piétinés, que Jean LOUBET s'est
courageusement levé pour lui rendre son vrai visage.
Et c'est en patriote qu'il est mort, pour rendre à la France son âme et sa liberté, cette Liberté dont le
général de Lassus Saint-Geniès, chef de la Résistance drômoise, disait "qu'elle n'est pas un don
mais, de toutes les choses précieuses, celle qui s'achète toujours le plus cher".
Fait "Compagnon de la Libération" à titre posthume par le Général de Gaulle, Jean LOUBET, a
porté au plus haut l'amour de son pays. Au même titre que ses camarades tombés les armes à la
main, un peu partout dans les maquis de la Drôme, il a incarné l'honneur sauvegardé de notre Patrie.
C'est une admirable leçon de citoyenneté qu'il nous a offert, une leçon qui doit, aujourd'hui encore,
pour nous et pour nos compatriotes de ce département et de ce pays, demeurer un exemple et un
symbole. Le combat pour la liberté est le plus beau des combats. Rien n'est jamais acquis.
Inclinons-nous devant sa mémoire et gardons-là toujours présente au plus profond de nous-même.
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