extraits de presse la serva amorosa - Théâtre de Saint-Malo

Transcription

extraits de presse la serva amorosa - Théâtre de Saint-Malo
Extraits de presse :
LE FIGARO MAGAZINE
Philippe TESSON
16/10/2009
Il y a une image que l'on n'est pas près d'oublier et qui figurera dans les anthologies
du théâtre : Robert Hirsch dans la partie de mistigri qu'il joue avec Claire Nadeau,
dans La Serva Amorosa, de Goldoni, que propose le Théâtre Hébertot dans une très
fidèle et intelligente mise en scène de Christophe Lidon. Hirsch au sommet de son
génie. Une perfection d'invention, de précision et de drôlerie, depuis le mouvement
fébrile des doigts qui rangent les cartes jusqu'à la variété des grimaces qui agitent le
visage du vieillard. C'est de l'artisanat d'art, de la haute couture, de l'orfèvrerie. Un
chef-d'œuvre.
Quel bonheur, ce spectacle ! Simple, limpide, léger et vif. Tout Goldoni, avec son
innocence et sa malice, son regard généreux sur la société de son temps et ses
stéréotypes humains : l'épouse cupide (Claire Nadeau est parfaite), la servante,
justicière au cœur tendre (Clémentine Célarié, très touchante), le fils modèle
(adorable Benjamin Boyer), le fils nigaud (excellente composition de Manuel
Durand), la jeune fille soumise mais futée (la charmante Emilie Chesnais), bref tout
un peuple de Vérone dans sa vérité et son appétit de vie et d'amour. Ajoutons les
très jolis costumes de Claire Belloc, l'ingénieux décor de Catherine Bluwal. Nous
sommes à la fête, entraînés dans un tourbillon de bons sentiments, un joyeux
carnaval mené par un pitre magistral, Robert Hirsch.
LE FIGARO
À lui seul, le décor en bois très soigné de Catherine Bluwal plonge le public dans
l'ambiance de La Serva amorosa, de Goldoni. Un riche négociant, M. Pantalon,
essaie de convaincre le vieil Ottavio, un bourgeois aisé de Vérone, de reprendre
chez lui Florindo, son fils légitime qu'il a chassé. Mais le barbon subit la désastreuse
influence de Béatrice, épousée en secondes noces. Il se croit aimé et est loin de
se douter que l'intrigante cherche à s'approprier son héritage au profit de Lélio, son
propre enfant. Heureusement, Coraline, la servante entièrement dévouée à Florindo,
va l'aider à retrouver ses droits. Dans sa quête de justice, Arlequin, le serviteur
d'Ottavio, sera son allié. Revisitée avec simplicité par Christophe Lidon,
cette comédie écrite en 1752 par le grand dramaturge italien réjouira les amateurs
de travail bien fait.
Il y a quelque chose du conte dans cette pièce d'un auteur souvent comparé à
Molière. La pièce met en scène une belle-mère machiavélique - Claire Nadeau, au
mieux de sa forme - qui ne songe qu'à son profit et à l'avenir de son fiston chéri, et
une servante aimante, aussi généreuse qu'honnête, Clémentine Célarié, qui trouve le
ton juste (même si le soir où on l'a vue, elle était hésitante). L'échelle sociale
est respectée et la morale et la bonté, peut-on ajouter, triomphent. Avec l'aval de
Danièle et Pierre Franck, les directeurs du Théâtre Hébertot, Christophe Lidon s'est
entouré d'une troupe de dix acteurs de talent, Robert Hirsch en tête. En bas rose
foncé qui détonnent sous un costume sombre, le sociétaire honoraire de la ComédieFrançaise est épatant en « vieux croûton », cousin du Bouzin qu'il interpréta dans Un
fil à la patte. Les autres acteurs - Benjamin Boyer, Guilhem Pellegrin, Manuel
Durand, Thierry Monfray, Pierre Zaoui, Denis Berner et Émilie Chesnais sont au diapason.Comme chez Molière, les cœurs se trouvent après s'être égarés.
En filigrane, avant La Locandiera, Goldoni dessine un portrait de femme, délicat et
grâcieux, qui a donc ici les traits de Clémentine Célarié. Courageuse, fière et
désireuse de conserver l'intégrité de son honneur, Coraline sacrifie ses sentiments
pour le bonheur de son jeune maître, qu'elle marie à Mlle Rosaura, « digne de lui par
sa naissance et sa fortune ». Admirable !
Christophe Lidon, metteur en scène éclectique
C'est la cinquième fois que Christophe Lidon monte une pièce de Goldoni, mais le
metteur en scène excelle également avec des pièces contemporaines. Fondateur de
la compagnie La Nuit et le Moment Théâtre en 1991, éclectique, il s'intéresse autant
à Racine qu'à Éric-Emmanuel Schmitt ! On lui doit le remarquable Diable rouge avec
Claude Rich. Pour La Serva amorosa, il a fait appel à trois complices douées : la
décoratrice Catherine Bluwal, la créatrice de lumière Marie-Hélène Pinon et la
costumière Claire Belloc.
Nathalie Simon