Retour sur les rencontres chercheurs

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Retour sur les rencontres chercheurs
Retour sur les Rencontres 2015 Agriculteurs-Chercheurs 13 Juin 2015
AU CENTRE D’ETUDES BIOLOGIQUES DE CHIZE CNRS,
en partenariat avec le CONSEIL DEPARTEMENATAL DES DEUX-SEVRES
FAVORISER LA BIODIVERSITE POUR AMELIORER L’AGRICULTURE
Depuis 2010, le CNRS de Chizé, en partenariat étroit avec l’INRA et des chercheurs européens,
réalise un programme de recherche ambitieux sur la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre1 pour comprendre
comment gérer la biodiversité, les auxiliaires, les pollinisateurs, pour améliorer les rendements ou
diminuer la dépendance aux intrants. Lors de cette rencontre, nous avions souhaité aborder les thèmes
suivants :
*Le Plan ECOPHYTO et les fermes du réseau DEPHY: premiers bilans et perspectives à mi-parcours.
*Comment réduire les traitements herbicides en maintenant le revenu et les rendements en blé ?
Retour sur deux ans d’expérimentation en plein champ.
*Pollinisation du Colza et du Tournesol par les abeilles : Quels effets sur les rendements ? Comment
favoriser la présence des pollinisateurs ?
La journée qui s’est déroulée au CNRS a débuté par des conférences des chercheurs de la Zone
Atelier Plaine & Val de Sèvre qui ont présenté des résultats parmi les plus marquants de nos recherches en
agroécologie. Un repas servi au CNRS a suivi la réunion de restitution du programme de recherche. Puis les
agriculteurs et leur famille ont pu découvrir en avant-première le futur Espace BIODYSSEE, dédié à
l’agriculture et à la Biodiversité, dans le Parc animalier de Zoodyssée. Cet espace sera ouvert au public en
2016 et présentera sur 6 hectares, l’agriculture, ses enjeux et sa biodiversité.
Cette journée a rassemblé près d’une centaine d’agriculteurs. Nous remercions chaleureusement
Mme la députée Delphine Batho, Mme la conseillère départementale Séverine Vachon, ainsi que
l’ensemble des agriculteurs pour leur présence et leurs interventions lors des discussions.
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Depuis 20 ans, le CNRS de Chizé mène un vaste programme de recherche, en partenariat étroit avec les exploitants agricoles, sur l’évolution de
l’agriculture et des paysages, ses conséquences environnementales (biodiversité), et plus récemment en Agro-écologie, sur la Zone Atelier « Plaine & Val de
Sèvre » (45 000 ha). Au-delà des recherches pour la conservation des oiseaux (outarde canepetière, œdicnème criard, busard cendré…), le programme s’est
enrichi de nouvelles problématiques grâce notamment au partenariat avec les collectivités, les organismes socio-professionnels, les citoyens et l’ensemble des
acteurs locaux.
Que retenir de cette journée
Le Plan ECOPHYTO et les fermes du réseau DEPHY
Présentation de Nicolas Munier-Jolain, Ingénieur de recherche à l’INRA UMR Agroécologie de Dijon et membre de la Cellule
d’Animation Nationale Ecophyto-DEPHY
Le Plan Ecophyto 2018 est en France l'une des mesures phares issues du Grenelle de l’environnement (2007) et reprise par le
PNSE 2 (second Plan national santé environnement) en 2009. Ce plan confié par le président de la République au ministre de
l’Agriculture et de la Pêche vise à réduire l’usage des pesticides et à sécuriser l’utilisation des produits
phytosanitaires (y compris pour des usages non agricoles). L'un de ses objectifs est de diviser par
deux, si possible, l'usage de pesticides avant 2018. En 2013, cet objectif est révisé et le Plan Ecophyto
2018 devient le Plan Ecophyto (qui deviendra en 2015, le Plan Ecophyto v1).
Le réseau DEPHY, réseau de Démonstration, Expérimentation et Production de références sur les systèmes économes en
phytosanitaires constitue une action majeure du plan Écophyto 2018. Il existe deux dispositifs :
 Le dispositif EXPE encourage les expérimentations de pratiques et systèmes de cultures
économes en pesticides, en stations expérimentales ou sites ateliers.
 Le dispositif FERME, réseau de production de référence et de démonstration, est composé de
groupes d’exploitations (1 900 fermes) qui couvrent les cinq types de productions que sont
la polyculture-élevage, les grandes cultures, l’arboriculture fruitière, les productions
légumières ainsi que la viticulture.
Plan Ecophyto v1, premier bilan: Le Député Potier a remis un rapport à mi-parcours du plan ECOPHYTO. Le bilan est mitigé ;
d’une part, le plan a échoué dans son objectif initial de faire baisser, de manière conséquente, l’usage des pesticides en France,
en particulier les herbicides. De fait, l’usage des herbicides a augmenté au niveau national entre 2008 et 2014, d’environ 13 %.
Dans le même temps, le réseau des fermes DEPHY a enregistré des avancées très positives et encourageantes : près de 2000
fermes se sont engagées, et sur celles-ci, au contraire des tendances au niveau national, le recours aux herbicides a diminué,
toute en étant économiquement viable, ce qui démontre que le pari ECOPHYTO est réaliste.
Perspectives à mi-parcours : Le Plan Ecophyto v2 vise à étendre le réseau DEPHY Ferme (3000 exploitations), et atteindre la
réduction de recours aux pesticides d’ici 2025.
Pour en savoir plus :
Résultats fermes DEPHY : http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/documents/201411_Synthese_Resultats_DEPHY_cle438e79.pdf
Rapport D. Potier : http://www.dominiquepotier.com/UserFiles/File/rapport-dpotier-pesticides-et-agro-ecologie-basse-def.pdf
Plan Ecophyto v2 : http://agriculture.gouv.fr/telecharger/72576?token=89a5517158521dc7df979aad9d0e4059
Rendement en Blé & Herbicides
Présentation de Sabrina Gaba, Chargée de recherche à l’INRA UMR Agroécologie de Dijon
Menée en 2013 et 2014, avec & chez 23 exploitants (56 parcelles en céréales d’hiver au total), cette expérimentation
avait pour objectif de tester la faisabilité du Plan Ecophyto 2018 (réduction de 50% d’herbicides). En collaboration avec les
exploitants agricoles, nous avons manipulé les apports de fertilisation azotée, les doses de traitements herbicides, ainsi que la
présence de culture pour quantifier l’impact des plantes adventices sur la production agricole dans des conditions de réduction
d’intrants.
Photographie de l’expérimentation
Nov. 2014.
On aperçoit les zones sans présence
de culture. Les piquets signalent les
différentes zones de traitement.
Les premières analyses montrent que :
De fortes doses d’herbicides ne se traduisent pas par une
augmentation de rendement :
Chaque point représente une parcelle. Les couleurs indiquent les modes
de production (•AB, • Agri. Conservation, • MAE et • conventionnel).
La culture est plus efficace que les herbicides pour réguler les
plantes adventices
Ce graphique représente la biomasse de plante adventice mesurée sur
1m² dans les traitements expérimentaux sans et avec culture. La présence
de culture réduit de ~80% la biomasse adventice. Les boites 3 et 4
correspondent aux mesures de biomasse dans les zones avec herbicide et
sans culture. En absence culture, le traitement herbicide ne suffit pas à
réduire la biomasse adventice (3,4) au niveau de la biomasse en présence
de culture et ce même sans herbicide (5 et 6).
Remerciements : Nous remercions chaleureusement les agriculteurs qui ont participé activement à cette expérimentation. Ce travail
est issu d’une collaboration entre le CNRS CEBC et l’INRA UMR agroécologie et a bénéficié des financements du département
Environnement & Agronomie de l’INRA et l’Agence Nationale de la Recherche ANR AgroBioSE. Un grand merci également à l’ensemble
des participants à l’expérimentation.
Production de Colza & de Tournesol : quel est l’effet de la pollinisation par les insectes ?
Présentation de Vincent Bretagnolle, Directeur de recherche au CNRS Centre d’Etudes Biologiques de Chizé et Directeur de la ZA
Plaine & Val de Sèvre
Dans les milieux agricoles, la production agricole de nombreuses cultures dépend des pollinisateurs : la pollinisation par les
insectes a un poids économique estimé à 159 milliards d’euros pour l’année 2005 toutes cultures confondues . Notre objectif ici
est de quantifier l’effet de la pollinisation entomophile sur la production agricole (colza et tournesol). Nous avons mis en place
une expérimentation en « plein champs » (grâce au partenariat étroit avec les exploitants qui nous ont suivi) depuis 2013 sur la
Zone Atelier « Plaine & Val de Sèvre ». Cette expérimentation consiste à la mise en place de filets sur les fleurs pour exclure la
pollinisation. Sur les mêmes parcelles, l’abondance des pollinisateurs est estimée par des captures par piège colorés.
Fleurs de tournesol et de colza « ensachées » afin d’empêcher
les pollinisateurs (abeilles) de les atteindre et les polliniser.
Filet
Sans filet
Les résultats de premières analyses montrent un effet significatif de la pose des filets sur différentes composantes du
rendement chez le colza et le tournesol suggérant que la pollinisation entomophile. Chez le Tournesol, en l’absence de
pollinisateurs, le nombre de graines fécondées est diminué de moitié.
Remerciements : Merci à l’ensemble des participants aux expérimentations. Ce projet de recherche bénéficie des financements de l’Agence
Nationale de la Recherche Eranet Farmland & ANR AgroBioSE et du soutien du méta-programme EcoServ INRA. Thomas Perrot est en thèse sur
ce sujet, et a réalisé ces analyses.
Les recherches menées sur la ZA-PVS par l’équipe Agripop et ses
partenaires contribuent à l’acquisition de connaissances et solutions
pour améliorer l’Agriculture.
Nous vous donnons rendez-vous l’année prochaine pour de
nouveaux échanges sur l’agriculture & la biodiversité
En attendant vous pouvez retrouver les actualités de la ZA-PVS sur twitter @ZA_PVS
Et sur le site http://www.za.plainevalsevre.cnrs.fr

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