BBC News - Comment une tradégie a inspiré la fondation d`une

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BBC News - Comment une tradégie a inspiré la fondation d`une
Comment une tragédie a inspiré la fondation d’une entreprise
multimilliardaire
Andreane Williams – BBC News, le 16 janvier 2017
http://www.bbc.com/news/business-38594679 (en anglais seulement)
Serge Godin se souvient de l’événement qui lui a donné la motivation et la détermination
nécessaires pour réussir dans la vie : être témoin de l’incendie de la scierie de son père.
Il n’avait que 17 ans en 1966, année de cette tragédie qui s’est déroulée au Canada. Étant
donné que l’entreprise de son père n’était pas assurée, sa famille a tout perdu.
M. Godin est issu d’une famille de neuf enfants, lui et ses frères et sœurs ont alors dû trouver
un emploi pour aider leurs parents à payer les factures et à conserver leur logement situé dans
une région rurale du Québec.
M. Godin a d’abord travaillé dans un supermarché le soir après l’école, puis chez un
nettoyeur les samedis.
Désireux de diriger sa propre entreprise, il a utilisé ses économies de 5 000 $ (3 800 $ US,
3 100 £) pour lancer une entreprise en TI, Conseillers en Gestion et Informatique (CGI), alors
qu’il n’avait qu’une vingtaine d’années.
Aujourd’hui, CGI est un géant mondial dans le secteur des services en TI dont le chiffre
d’affaires annuel s’élève à 10 G$. Quant à M. Godin, sa fortune personnelle est estimée à 1,5
G$.
Aujourd’hui âgé de 67 ans, le président de l’entreprise se remémore : « Je ne voulais pas
revivre la même situation que lorsque nous avons tout perdu. C’est probablement ce qui m’a
incité à bâtir CGI. »
Une croissance exponentielle
Après avoir obtenu un diplôme en sciences informatiques, il a étudié à l’Université Laval à
Québec et travaillé pour deux entreprises pendant quelques années, M. Godin fonde CGI en
1976 à l’âge de 26 ans.
À la manière de nombreuses nouvelles entreprises du secteur de l’informatique, l’histoire de
CGI débute dans le garage de M. Godin. Après avoir géré l’entreprise seul pendant quelques
mois, M. Godin embauche un de ses amis. Pendant sa première année d’existence, CGI
génère des recettes de 138 000 $.
Bien qu’il soit peu connu à l’extérieur du Canada, M. Godin fait souvent les manchettes dans les
journaux canadiens.
Depuis ses débuts modestes, CGI a connu une expansion progressive stimulée par pas moins
de 81 acquisitions, une approche qui s’inscrit dans la politique de croissance ambitieuse de M.
Godin.
Parmi les acquisitions les plus récentes de CGI figure Logica, sa concurrente européenne
rachetée pour la somme de 2,7 G$ en 2012. Le nombre d’employés de CGI a alors plus que
doublé, passant de 31 000 à 68 000.
Aujourd’hui, CGI compte parmi ses clients plusieurs entreprises de renom telles que le géant
minier Rio Tinto, le fabricant de pneus Michelin, les compagnies aériennes Air France-KLM et
l’aéroport de Londres-Heathrow. Elle offre également des services à 22 des plus grandes
banques du monde et détient pas moins de 2 000 contrats gouvernementaux dans le monde
entier.
M. Godin, a réduit sa charge quotidienne en 2006 lorsqu’il a quitté son poste de chef de la
direction pour devenir président, soutient que l’entreprise n’a jamais renoncé à la croissance
rapide.
« Nous croyons pouvoir doubler la taille de l’entreprise [à nouveau] d’ici cinq à dix ans »,
ajoute-t-il.
Cette entreprise montréalaise a toutefois connu des difficultés au cours des dernières années.
En 2013, CGI a fait les manchettes pour les mauvaises raisons. Elle a été critiquée pour les
problèmes techniques qui ont perturbé le lancement du site Web américain où les gens à
revenu modeste ou nul pouvaient s’inscrire pour adhérer à la nouvelle assurance maladie
appelée « Obamacare ».
CGI a un siège social impressionnant au cœur de Montréal.
Il est vrai que CGI jouait un rôle central dans l’élaboration du site Web, mais M. Godin a
déclaré que l’entreprise s’était retrouvée au cœur d’une controverse opposant les deux
principaux partis politiques des États-Unis.
Avec du recul, il explique : « Nous sommes restés et nous avons terminé le travail. Les médias
ont présenté notre entreprise comme étant l’intégrateur du système, ce qui n’était pas le cas.
CGI était l’une des 52 entreprises qui participaient au projet. Nous n’avons pas répliqué dans
les médias, car nous avons un code d’éthique et nous ne critiquons jamais nos clients. »
Même si ce différend n’avait alors rien de plaisant, M. Godin et CGI ont toujours soutenu que
la réputation de l’entreprise ne serait pas ternie à long terme.
Un rêve axé sur les membres
Lorsqu’on lui demande comment il dirige CGI au quotidien, M. Godin répond qu’il voit
l’entreprise comme une grande famille et qu’il souhaite le bonheur de tous.
« Chez CGI, nous avons un rêve, et ce rêve est axé sur le cœur de l’entreprise, soit nos
membres, déclare M. Godin. Ce sont eux qui prennent l’ascenseur au quotidien pour venir
travailler. Nous devons faire en sorte qu’ils aient envie de revenir et qu’ils aiment leur milieu de
travail. En tant qu’employeurs, nous avons des droits, mais aussi des obligations envers nos
employés. »
L’entreprise a fait son entrée à la Bourse de Montréal en 1986.
CGI prend soin de ses employés, notamment en les encourageant à devenir actionnaires de
l’entreprise. Pour chaque action qu’un employé achète, CGI égale le montant.
M. Godin précise : « Cette idée de partage est très importante pour moi, puisque je viens
d’une grande famille. »
Robert Young, analyste pour le groupe de recherche Canaccord Genuity, affirme que
« Serge Godin est considéré comme le fondateur d’une entreprise ayant une forte culture
organisationnelle et entretenant des relations étroites avec sa clientèle.
Il a d’ailleurs instauré une discipline au sein de l’entreprise qui se traduit par des contrôles
financiers stricts et une approche rigoureuse des Assises de gestion de CGI, un ensemble de
méthodes et de processus éprouvés qui encadrent les ententes de CGI. »
Le devoir de donner au suivant
Lorsqu’il ne dirige pas CGI, M. Godin se concentre sur ses activités caritatives.
En 2000, il a lancé la fondation Jeunesse-Vie, qui a pour mission de réduire la pauvreté, de
favoriser l’éducation et d’améliorer la santé d’enfants canadiens provenant de milieux
défavorisés. Jusqu’à présent, il y a investi plus de 60 millions $.
Déjà membre du Temple de la renommée de l’entreprise canadienne, M. Godin a reçu l’une
des plus hautes distinctions honorifiques du pays l’an dernier. Il a en effet été nommé officier
de l’Ordre du Canada en reconnaissance de ses réalisations au sein de son entreprise et de
ses actions caritatives.
M. Godin déclare à ce sujet : « Quand on a l’occasion d’avoir une entreprise prospère, il est
de notre devoir de donner au suivant. Mes origines sont pour moi un rappel constant qu’il
est important d’aider les autres.

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