Sésame du Mali

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Sésame du Mali
Sésame du Mali,
La longue marche vers la compétitivité.
L’opportunité
Eléments de réponses
Au cours des six dernières années, le prix au producteur
de sésame est passé d’une moyenne de 125 F CFA à
600 F CFA le kg, avec des percées de 800 F CFA en
2012 et 950 F CFA en 2013.
Pour le Mali, ce marché émergeant représente une
importante source de devise et pour ses entreprises,
une opportunité d’affaires sans précédent,
difficilement quantifiable, en raison de l’absence
de statistiques consolidées. En revanche et pour
l’exemple, en Ethiopie, il est établi que l’industrie du
sésame apporte 300 millions £ à l’économie du pays
et emploie 500 000 personnes.
Malgré ce potentiel et des avantages comparatifs
conséquents, les sociétés maliennes d’exportation
de sésame (au premier rang desquelles PROSEMA),
peinent encore à couvrir 10% de leur commande,
sur un marché qui s’élargit autant qu’il se diversifie,
tiré par l’Inde, Israël, le Japon, les pays de l’Union
Européenne et surtout la Chine. Développés ou
émergeants, ces pays comptent désormais «des
millions de nouveaux consommateurs issus d’une
classe moyenne au pouvoir d’achat sismique, et pour
laquelle, consommer de l’huile de sésame, ce n’est
plus un luxe, mais un réflexe quotidien de bon goût»,
explique Soumaila Coulibaly, Directeur général de
PROSEMA. Mais comment convertir une opportunité
en succès commercial durable ?
Les défis
La première réaction à cette croissance du marché
devrait être l’augmentation de la production du Mali,
mais selon FAOSTAT, elle
n’a évolué que de 4 500
Toutefois, au
tonnes en 2006 environ
niveau des 17
et 12 000 tonnes en 20091.
Pôles d’Entreprises
D’autres contraintes à la
Agricoles (PEA)
compétitivité du sésame
appuyés par l’IFDC
malien, mises en lumière
et spécialisés
par deux études réalisées
sur le sésame,
courant 2011 par l’IFDC
l’intensification
et le KIT, ont trait à la
observable
faiblesse des rendements,
autoriserait
de l’ordre de 300 kg/ha,
une estimation
due notamment au nonnettement plus
respect de l’itinéraire
importante,
technique du sésame
les superficies
et à la difficulté d’accès
emblavées étant
aux intrants spécifiques
passésd’une
et aux semences de
moyenne de 0, 25 ha
qualité. A cela s’ajoute
à une moyenne de 1
ha au cours des trois
une kyrielle de facteurs
dernières années.
connus et reconnus :
le fort taux d’impureté
du sésame, la mauvaise connaissance du marché,
la froideur des banques (du fait principalement des
risques économiques et climatiques associés au
financement de l’agriculture) et plus généralement, la
faiblesse des liens de collaboration entre les acteurs,
en raison du très faible n iveau de structuration de la
filière sésame .
Ambassade des Pays-Bas au Mali
ACTE 1 : Soutenir les champions
«Aujourd’hui, au niveau de PROSEMA, le sésame est
tracé depuis le niveau OP. Des emballages appropriés
ont été conçus, qui permettent non seulement une
meilleure conservation du produit mais aussi sa
codification. Cela permet d’établir l’origine de chaque
sac de sésame, de contrôler la qualité de son contenu
et de situer les responsabilités au niveau de chaque
maillon. C’est un pas en avant vers des marchés plus
intéressants », observe Coulibaly.
Mais «La qualité, c’est d’abord un état d’esprit»
Avec 10 000 tonnes de sésame exportées entre 2006 et 2012, et
un chiffre d’affaires estimé à 6 400 000 000 F CFA, la société de
Promotion du Sésame du Mali (PROSEMA) se positionne comme une
locomotive qui, bon-an-mal-an, tire vers les marchés internationaux
plus de 13 000 petits producteurs répartis entre 270 villages maliens.
Son plus grand défi ? Assurer la matière première hautement
convoitée par une concurrence qui ne s’exercerait pas toujours
dans le règles de l’art: en effet, plus de 80% du sésame produit au
Mali serait exporté à l’état brut, vers des pays voisins, avant d’y être
nettoyé, épuré par des machines ultra modernes, et réexporté vers
les marchés internationaux, sous un nouveau label plus vendeur.
‘’ Ce n’est pas un manque à gagner que pour PROSEMA. C’est une
importante fuite de devise pour l’Etat », constate Coulibaly.
En 2011, appuyée par l’Ambassade Royale des Pays-Bas au Mali,
PROSEMA s’engage à faire face à cette brûlante question, en hissant
le sésame du Mali à la hauteur des normes et standards d’un marché
dont la dynamique et l’attractivité sont proportionnelles à l’exigence
de qualité.
L’acte premier de ce pari est l’installation d’une chaine moderne
(nettoyage, décorticage, sélection et tri du sésame) d’une capacité
de traitement de 6t/h, pour un investissement total de plus de 1
500 000 000 F CFA , supporté à 50% par la société. Ce rattrapage
technique s’avère un préalable décisif pour rehausser l’image du
sésame du Mali, mais pas une panacée…
ACTE 2 : Promouvoir la qualité
Depuis 2005, l’UE, dont le marché est des plus attractifs, a inscrit
le sésame sur la liste des produits
sujets à un dépistage systématique
La plateforme
à la salmonelle ; de sorte qu’il n’était
multi-acteurs BENE
pas rare que des containers affectés
YIRIWALI BULON
par la salmonelle soient retournés à
(BYB)est tirée par
leur expéditeurs, ou désinfectés à la
PROSEMA, qui est la
vapeur, au point d’entrée dans l’UE,
porte d’entrée du PEA
aux frais des exportateurs africains.
sésame du même nom.
En réponse à ce défi de la qualité,
Le PEA regroupe des
l’IFDC a assuré, principalement au
professionnels de la
niveau du PEA BYB2, une série de
filière sésame ayant
formations en cascade sur les Bonnes
des intérêts partagés
Pratiques d’Hygiène (BPH) et la
(organisations de
traçabilité du sésame conventionnel.
producteurs, sociétés
Ces formations ont concerné 955
de commercialisation,
collecteurs,
producteurs, 45 agents techniques
transporteurs et
et 15 collecteurs de sésame. Par
banque) et vise
la même occasion, l’IFDC a aussi
à améliorer la
appuyé la réalisation de magasins
compétitivité du
de stockage dotés de palettes pour
sésame du Mali, en
mettre le sésame à l’abri des corps
favorisant la synergie,
étrangers. L’étape finale a été la mise
la transparence et
en place des équipes qualités, au sein
l’équitéentre les
de 18 centres de collecte gérés par
différents acteurs.
des OP qui fournissent à PROSEMA
une partie de la matière première.
Base of the Pyramid Innovation Center
En effet, contrairement à une idée bien ancrée,
les récentes expériences montrent que le taux
d’impureté du sésame, estimé jusqu’à 10% au
niveau producteur et 3% au niveau des OP, est
davantage une question de transparence (et donc de
changement de comportement) qu’une question de
machine : Paul Thienou, secrétaire général de l’Union
des Producteurs de Tominian, explique : ‘’ Ajouter
du sable et des cailloux à son sac de sésame n’est
pas une pratique très rare. Et ça, ce n’est pas la faute
aux machines ou à l’absence de machine. C’est une
question de comportement, et c’est une bataille de
longue haleine».
ACTE 3 : Renforcer la position des petits
producteurs
Accroitre le pouvoir de négociation des exploitations
familiales dans les chaines de valeurs agricoles
est une question prioritaire pour l’IFDC. Cela
implique d’améliorer leur accès aux informations
de marché afin d’équilibrer les rapports de force
jusqu’ici asymétriques entre producteurs et
commerçants. Ainsi, au-delà des rencontres multiacteurs d’envergure nationale et l’animation du site
www.senekunnafoniso.com, l’IFDC a contribué à
l’opérationnalisation de la plateforme multi-acteurs
BYB, avec PROSEMA comme locomotive, favorisant
ainsi la mise en relation de la demande et les prévisions
de production, le traitement des questions liées à la
qualité et au cours du sésame, le respect des contrats
et l’accès au crédit, notamment pour la collecte du
sésame au niveau producteur : Pour la campagne
2013-2014, si l’on constate une chuteremarquable du
taux d’impureté (passé de 10% à 3%, notamment dans
le cadre des ventes groupées réalisées au niveau des
Unions), cet acquis reste relativement fragile. En effet,
il subsiste toujours des questions brûlantes au sein de
l’industrie émergeante du sésame :Comment garantir
le respect des engagements contractuels dans un
contexte de concurrence exacerbé ? Sur quelle base
peut –on construire une relation durable entre petits
producteurs et grandes entreprises ? La faiblesse
des ventes groupées (à peine 14% du volume total
commercialisé en 2013) traduit-elle une faiblesse,
voire une crise de confiance au sein des OP ? Quel
est l’avenir du sésame bio, vendu au même prix que le
conventionnel ? Quel marché pour la transformation?
Quel modèle partenariat public-privé ? Faut-il
subventionner les engrais pour le sésame ? Le sésame
irrigué est-il une alternative durable ?
Lisez l’intégralité de cet article sur :
http://apf-mali.ning.com
International Centre for development oriented Research in Agriculture
International Fertilizer Development Center