Àl`Ironmand`Hawaïendeuxefforts

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Àl`Ironmand`Hawaïendeuxefforts
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SAMEDI 6 OCTOBRE 2012 LA MONTAGNE
CÉLESTIN
L’IRON MAN, UNE PASSION QUI A SON PRIX… PARTAGÉ
… se dit que c’est
pour bientôt
GROS BUDGET. Aidé par les sponsors. L’Iron Man est
Célestin se souvient bien du premier Challenge Vichy.
La course l’avait tourneboulé, lui qui amorçait la crise
de la trentaine. Il s’était dit : « Et si je m’entraînais
pour la prochaine édition ». Il paraissait tellement
sérieux que sa femme lui avait même offert une
tenue. Un an plus tard, l’étiquette est toujours dessus.
Célestin n’a pas eu le courage de se préparer. Voir les
résultats de Lionèle Baroux le réconforte. Comme elle
est son aînée, il se dit qu’il va encore laisser son corps
prendre de la bouteille… il pourra peut-être
l’emmener à Hawaï.
une passion légèrement plus coûteuse que la pétan­
que. Participer à l’Iron Man de Zurich avait déjà coûté
450 € à Lionèle, hors prix des vacances. Pour Hawaï :
« Il faut payer 740 francs suisses, environ 620 €, cash,
dès qu’on est qualifié, explique­t­elle. Après la course,
on a commencé à réunir l’argent, au cas où. Cyrille et
Anaïs se sont cotisés, parce qu’on n’avait pas prévu de
débloquer une telle somme. » Puis s’est ajouté le coût
du voyage : 6.300 € pour elle et son mari. Du coup,
elle a démarché des sponsors. Au final, le Pyl Pyl
(photo), Carauto, GEM courir, Central Optique, AUV
Auvergne, CLVI Iveco, DV sport, la Ville de Vichy et Vi­
chy triathlon l’aident dans son challenge. ■
Vichy
Championne
SPORTIVE ■ Le troisième triathlon longue distance de Lionèle Baroux sera celui des championnats du monde
À l’Iron man d’Hawaï en deux efforts
Avant-hier, Lionèle Baroux
a pris l’avion pour Hawaï.
Pour participer à l’Iron
man le plus couru au
monde. Elle qui a
commencé la longue
distance il y a un an.
H
■ HAWAÏ, C’EST…
Le plus vieil Iron Man
Le format Iron Man (3,8 km de
natation, 180 km de vélo et un
marathon), est né à Hawaï, à la
fin des années 1970. Depuis,
c’est la course mythique de la
spécialité.
Yann Bayssat
awaï. Mecque du triath­
lon longue distance.
Certains consacrent une
partie de leur vie à se
qualifier pour cette épreuve. Pas
Lionèle Baroux.
Ancienne basketteuse, triathlè­
te depuis peu, elle ne s’était ja­
mais frottée à une épreuve lon­
gue distance avant l’an dernier.
Elle participe alors, pour (se)
faire plaisir, au premier Challen­
ge Vichy. Où elle est la surprise
de la course : 5 e féminine, de­
vant bien des pros, et première
vétérane. « J’ai vraiment aimé
l’effort, alors je me suis dit, on
va en faire un par an. »
« Je suis frileuse,
j’avais prévu
une veste… »
Pour 2012, avec son mari, ils
cochent Zurich… pour les va­
cances. « On est parti avec Cy­
rille Routier (*), sa compagne
Anaïs, et les enfants. On a loué
un camping­car, et on a passé
quinze jours en Suisse. » Et, en­
tre une fondue et une visite de
lac, un petit Iron Man, sans
Le plus important Iron Man
Alors que les Iron man se sont
développés un peu partout dans
le monde, sous la licence
officielle ou sous d’autres,
comme le Challenge Vichy, celui
d’Hawaï reste le roi. Car il est le
support des championnats du
monde. Pour y participer, il faut
se qualifier sur un des 14
circuits officiels au monde.
Le plus dur Iron Man ?
JOIE. Malgré un parcours moins bon que sur le Challenge l’an passé, Lionèle Baroux pouvait savourer sa joie : elle
était qualifée pour les championnats du monde.
pression. « Cyrille me disait que
je pouvais faire un bon temps et
me qualifier pour Hawaï, mais
franchement, je n’y pensais pas.
Surtout qu’on s’est pris quinze
jours de pluie pendant les va­
cances, et que je n’aime pas
trop ça pour courir. »
Le jour J, ça ne s’arrange pas.
« Il faisait froid. Je sors de l’eau,
et je prends le vent de face sur
30 km. Puis il s’est remis à pleu­
voir, à grêler en haut de la côte.
Mon mari, Dom, était tellement
gelé qu’il a dû se mettre la cello­
phane de son sandwich sur le
ventre pour se protéger. Heu­
reusement, je suis fr ileuse,
j’avais prévu une veste. » Mais
elle se voit quand même devoir
arrêter… « Au troisième tour du
marathon, il a commencé à ton­
ner, fort. Je me suis dit : ils vont
arrêter la course. »
L’orage passe. Et elle peut ral­
lier la ligne. En 11 h 06, deuxiè­
me vétérane. Raté, pour Hawaï ?
« Je le pensais. Cyrille m’a dit
que vu le nombre d’engagés, la
deuxième place serait qualifica­
tive, mais j’y croyais pas trop. »
Elle n’y pense plus, jusqu’au
lendemain, et à la remise des
prix. « On était attablés pour un
brunch. Les athlètes défilaient,
avec une réserve très suisse.
J’attendais pour ma médaille de
deuxième. Et là, on m’annonce
que je suis qualifiée. On s’est
tous mis à hurler. Ça a fait rire
le speaker, du genre «”ah, ces
français…” »
Pas forcément, son parcours
n’étant pas celui le plus
compliqué. Par contre, il faut
gérer la météo : une chaleur
étouffante, une humidité
écrasante, un vent tournant qui
peut souffler de face tout le
long du vélo, où de côté à en
incliner la bicyclette. Et la
natation se fait dans l’océan…
Sur le coup, elle a beau s’enga­
ger financièrement, elle ne réa­
lise pas. Et puis, une idée fait
son chemin… « Je me suis ren­
due compte qu’il fallait que je
me remette à l’entraînement !
Alors que j’avais prévu de me
reposer, de profiter des en­
fants ! » Si c’est pour finir cham­
pionne du monde, ils compren­
dront. ■
(*) Triathlète vichyssois, entraîneur et
kiné.
On ne part pas à Hawaï du jour au lendemain…
Si participer aux championnats
du monde n’était pas le rêve de
sa vie, Lionèle a quand même dû
préparer son voyage.
STAFF. Autour de Lionèle Baroux, une partie de son équipe : Emmanuel Piron, son coach, Eric Laboureyras, le président de Vichy triathlon et son mari,
Dominique (de g. à d.). PHOTO RAPHAËLE GIGOT
Des mois d’entraînement. Lionèle
s’est accordé quinze jours de re­
pos après Zurich. Après… « Ça a
été dur. Je n’étais pas sûre de
pouvoir enchaîner… mais mon
corps a bien suivi, même si ça a
été difficile en natation. »
D’autant que ses entraînements
ont été plus légers, son foncier
étant déjà un acquis. Un vrai
staff s’affaire autour d’elle pour
cette préparation, avec Emma­
nuel Piron, Anaïs Tardieu et Cy­
rille Routier. Tout ça pour viser ?
« La quinzième place, si ça sou­
rit » selon elle. « Elle peut faire
dans les 10, voire les 5 » rehaus­
se Cyrille Routier, moins mo­
deste et plus juste sur les per­
formances de Lionèle : depuis le
Challenge Vichy, il croit en son
potentiel et a quasiment prédit
ses résultats.
Des bagages contrôlés. Puis est
arrivé le difficile moment de fai­
re les valises… « Tout est pesé,
même le vélo. Il faut faire des
choix… Gaël Mainard, qui orga­
nise le voyage des Français et
sait que je suis frileuse, m’a dit
de me délester de mes ves­
tes… » Autant garder de la place
pour ramener une couronne de
fleurs aux enfants.
Quinze jours de « vacances »… en
couple. Car ces derniers ne parti­
ront pas. « Financièrement,
déjà, c’est compliqué. Et puis ils
ne vont pas manquer quinze
jours de collège pour aller voir
leur mère courir. » Car elle part
bien deux semaines, pour pou­
voir encaisser les vingt heures
d’avion, et le décalage horaire.
Mais pas toute seule : son mari
en sera.
Et après ? Lionèle ne pense
guère à l’après­Hawaï. Enfin,
quand on lui parle des paysages
lunaires de Lanzarote, aux Ca­
naris, elle s’exclame « Celui­là,
j’aimerais vraiment le faire. » ■
Vichy

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