De Beukelaer Notes prises lors de l`exposé de l`Abbé Eric De

Transcription

De Beukelaer Notes prises lors de l`exposé de l`Abbé Eric De
De Beukelaer
Notes prises lors de l’exposé de l’Abbé Eric De Beukelaer
Le 23 septembre 2008 à Enghien (ARC)
L’Eglise à l’aube de 3e millénaire ?
L’auteur : né à Anvers, attaché au diocèse de Liège, secrétaire épiscopal (porte-parole
francophone des Evêques de Belgique), prof au Séminaire de Louvain-la-Neuve…
Intro
Ce monde a changé. Comment se situe l’Eglise, comment se situent les chrétiens ?
Tous ces changements … est-ce bien ou pas bien ?
Soit une parabole moderne (Jésus parlait souvent en paraboles, en images) : l’Eglise est
comme une entreprise. Elle perd des parts de marché, son image de marque faiblit, ses cadres
sont souvent démoralisés … que faire ? En management – marketing – packaging … ?
Questions fondamentales (posées depuis Vatican II) : a-t-elle encore un bon produit ?
La réponse sera OUI. Oui l’Evangile est toujours une bonne nouvelle, pour nous, pour les
jeunes, pour tous. Oui l’Evangile a un sens. Non, le message de Jésus, homme – Dieu, ne se
démodera pas. Mais cette réponse est un acte de FOI. Serein, sans crispation. Et ne cherchons
pas de boucs émissaires, ne nous culpabilisons pas.
Le monde a très fort changé en 50 ans. Les jeunes (et moins jeunes) vivent devant des écrans,
sur ordinateur, sur Internet. La maturité vient bien plus tard. Adolescence : de 18 à 24 ans ;
post-adolescence de 24 à 35 ans … il est plus difficile de devenir adulte.
(Alors que dans le village de nos parents, centré sur l’église, qqn de 17 ans allait travailler et
était aussitôt adulte de fait.)
Parcours de l’histoire de l’Eglise
L’Eglise de ses origines à aujourd’hui, vis-à-vis de la Société. 4 grandes périodes.
De l’an 30 jusqu’en 380. Le message de Jésus : Alliance de Dieu et des hommes, place faite
aux rejetés. Ce message se répand. Les pionniers doivent se battre, risquent leur vie.
Engagement. Séparation d’avec les Juifs. Expansion dans un Empire Romain déraciné.
L’Eglise : start-up. PME. Produit nouveau. Répond à un besoin.
Ce qui est beau : engagement, pureté des intentions, persécution pour l’Evangile.
Moins beau : c’est dur, cela crée des conflits avec d’autres, et aussi à l’intérieur.
En 380 l’empereur Théodose décrète le christianisme (seule) religion d’Etat. (Constantin en
313 avait ordonné l’arrêt des persécutions.) Religion = Monopole d’Etat. L’acte de foi = acte
du citoyen. Conséquences ?
Le bon côté : religion garantie par l’Etat, est pour tous. Avec ses bienfaits.
(Car nos CPAS, Mutuelles, et autres oeuvres d’entraide ont été créées dans cet état d’esprit
partagé par tous, tourné vers le bien car baignant dans ‘Christianisme = Constitution’.)
Moins bon côté : ‘le sabre et le goupillon’ ; évêques et pape à l’égal des rois (Même Luther ou
Calvin baignent encore dans cet esprit.)
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Jusque l’an 1000, OK : l’Eglise a porté la culture, la civilisation occidentale.
1100, 1200 : début des villes. Bourgeois = dissidents. On les réprime. Les Cathares aussi.
Première Inquisition, pontificale. Persécution des Juifs. (NB ‘seulement’ 2000 morts en 2
siècles.) Puis tout va dérailler.
En 1342 terrible épidémie de peste, 1/3 des Européens meurt en 2 ans !
Comment trouver une explication ? (Sinon on devient fou.) L’image de Dieu était celle d’un
père … féodal. Ce fléau est une punition ! Mais pourquoi punit-il ? A cause des méchants ?
Naissance des Etats – Nations. Même Jeanne d’Arc : ‘boutons les Anglais dehors’ ! Guerres
incessantes. Entre 2 guerres les mercenaires (pas payés) pillent. Souffrances.
L’image de Dieu est donc celle d’un père terrible. On voit le Diable partout. On recherche des
boucs émissaires : chasse aux sorcières, chasse aux Juifs (qui ont tué le Christ), surtout en
Espagne où on condamne même les Juifs convertis (même s’ils sont franciscains ou évêques).
Cette nouvelle Inquisition va faire 200 000 morts ! Règne de la Peur.
Bouc émissaire : l’homme lui-même. Inflation du péché. Hordes de pénitents. Image de
l’homme terriblement pessimiste chez Calvin. Sexualité = péché mortel (jugé pire que
l’injustice sociale…).
Peu à peu des intellectuels vont se séparer de l’Eglise, à partir des humanistes (après Erasme).
Vers le siècle des Lumières. Longue évolution. La mémoire collective est longue.
1789, la révolution française. Liberté – Egalité – Fraternité. Fini le monopole d’Etat. L’Eglise
va s’en relever, se réorganiser. Mais devient un Monopole de fait. (qu’est-ce ? Rappelonsnous la guerre. Dans le village l’unique épicier avait un monopole de fait. Il fixait les prix.)
Dans la Belgique de 1830, 98% des Belges sont catholiques pratiquants. (Jusqu’en 1900 le
recteur de l’ULB est catholique.)
Bons côtés : on peut remettre son frère, sa sœur, sur le droit chemin ; au chevet du mourant
une religieuse prie. (Pour remplacer 1 religieuse, très disponible, il faut 3 infirmières.)
Moins bons : manque d’ouverture (un seul parti, un seul côté est bon) ; on construit des
églises, des monastères forteresses (voir le Mont César à Louvain).
Des ‘contre–églises’ se forment. Les Faucons Rouges. Les Loges Maçonniques…
Changement dès 1920 (après la grande guerre, qq intellectuels ; crash de 1929-1932), puis
mai 1968 (par la première génération qui n’a pas connu la guerre).
Plus de monopole du tout. Choc entre pères et fils, chacun peut choisir.
La concurrence ‘parfaite’ s’instaure. Carrefour, Delhaize, Colruyt, Aldi, etc. ‘Pick and
choose’ RTL-RTBF-FR2-… Un peu de tout. Baptiser ? Messe de Minuit puis rien ? Zen,
soufi… L’Eglise au milieu de la Société.
Bon côté : les religions doivent être authentiques. Sel de la terre. Sommes- nous du sel ? Alors
le message passera. Si nous sommes fades ou tristes, non. (Et les chiffres de l’Eglise en
baisse ? Ce n’est pas essentiel. Un peu de sel donne beaucoup de goût.)
Côté moins bon : toujours choisir (dans une multitude d’options), c’est très stressant ! On
n’approfondit plus rien, on papillonne. Pour apprendre à jouer de la guitare, il faut se
concentrer, travailler, c’est difficile – mais sinon cela ne vaut rien.
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Conclusions ?
1. Excellence ou sainteté ? Ce dernier mot ne dit plus rien aux jeunes Les ados sont dans
un monde de compétitivité (faut être le meilleur – devenir plus riche – plus bronzé –
connaître plus de langues, etc.). C’est le dogme. Mais l’élastique, ça casse. Il faut être
‘in’ ? Résultat, aujourd’hui beaucoup sont ‘out’ !
- jeûner, cela ne dit rien ? Mais il faut une diététique saine…
- se mortifier, c’est quoi ? Mais la ‘fitness’ est de rigueur…
- se confesser, oh là ? Mais on va chez le thérapeute, chez un ‘coach’…
Le dogme de la compétitivité rend malheureux. Le message du Christ : Dieu aime l’homme, il
devient l’un d’entr’eux. – Ne rêvons pas, mais faisons la paix avec notre vie. Se plaindre ? (ah
j’aurais tant voulu être ceci ou cela) : non. Accepte-toi tel que tu es, tu trouveras Dieu.
Message de l’Incarnation : soyez vous-mêmes.
Les saints, des surhommes ? Non, des gens fragiles mais devenant rayonnants de Dieu. Ils
avaient accepté leurs limites.
2. Etat de grâce, pas de péché mortel… on ne dit plus guère. Mais ‘il faut être bien dans
sa peau, se sentir zen’… ‘Si tu n’es pas bien dans ton couple, tu quittes ! Si ton boulot
ne te plaît plus, tu pars ! Etc.
Résultat ? Il n’y a jamais eu autant de dépressions, de suicides. ‘Tu dois être heureux ?’
Cela ne se commande pas.
L’intuition forte du christianisme : le chemin de la Pâque.
Deux façons de concevoir la vie. L’une est biologique : on naît pour mourir. L’autre porte un
regard spirituel : nous mourons pour vivre ! (Naissance, première mort à un nid douillet. Aller
à l’école et quitter maman, c’est dur. Aimer telle jeune fille, c’est renoncer aux autres.)
Il faut mourir à l’accessoire pour vivre l’essentiel.
Jésus, par Amour, meurt. Rencontre d’un chrétien : amour donné, partagé.
3. Dire des prières ? On dit que cela relève de la sphère privée. Cela ne regarde personne
d’autre. Vraiment ?
Mais envoyer des fax, des mails tout azimut, ça c’est bien. Com-mu-ni-quer !
On n’a jamais autant parlé de communication. (Et même ce qui a donné de l’ampleur aux
attentats du 11 septembre, c’est qu’on a pu les voir aussitôt à la télé, en direct.)
- On n’a jamais vu autant de solitudes.
Dieu est relation : Dieu est Trinité.
Ce sont nos relations qui nous constituent. Je crois en Toi, Seigneur.
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Questions
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sur la messe (ennuyeuse, répétitive, à rénover ?) ; oui mais … un beau film on va le
voir une fois, ça suffit ; ‘la messe que je dis chaque jour, j’en vis’.
Sur la réaffectation d’églises abandonnées : problème, à bien gérer par les chrétiens ;
(on ne peut pas en faire une discothèque !) ; mouvements des ‘églises ouvertes’.
Sur l’ordination éventuelle de femmes à la prêtrise : sujet délicat, difficile sur le plan
théologique (?), EDB renvoie, pour cette question et d’autres encore, à un petit livre
qu’il a écrit : ‘Lettre ouverte aux déçus du christianisme’.
Sur la parabole des ouvriers de la dernière heure, choquante : Y voir surtout l’appel du
patron (Jésus) à ceux qui n’ont pas trouvé de travail, aux laissés pour compte.
EDB signale pour terminer l’existence du Service Interdiocésain de Presse et
d’Information (SIPI) ; envoyer un mail à [email protected] pour recevoir lettre
électronique chaque jour, nouvelles d’Eglise.
SP
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