Portrait sensible
Transcription
Portrait sensible
Portrait sensible 2 février 2015, Suzanne Dubois et Thaïs Weishaupt Un jour avec, un jour sans. Thaïs c'est une question perpétuelle. Bougonnant le menton rentré, les yeux accusateurs ou alors dans une joie effervescente, les yeux à peine visible, riant et bullant. Pas confiante, non. Mais quand elle tient une idée, elle s'y accroche. Contrariée ? On a le droit à une jolie façade qui se voudrait neutre, en la connaissant bien on peut en réalité déchiffrer toutes ses pensées et variations d'humeurs. Simplement heureuse ? C'est dans les détails du quotidien qu'elle trouve toujours matière à rire, à s'émerveiller, à s'intéresser. Mais Thaïs c'est aussi un nez avec un léger grain de beauté juste en son milieu. Je le voyais immobile mais en étant plus attentive je me rends compte qu'il a vraiment la bougeotte. Il se retrousse, s'allonge, se ride et se dilate c'est le carrefour de ses émotions, par où tous les tics passent. Thaïs c'est aussi une voix grave qui peut se rengorger jusqu'à l'inaudible, ou des bruits bizarres, autrement inaudibles, dans le prolongement d'un rire. Les odeurs de Thaïs c'est toute une histoire. Je me plonge dedans : dans son pull je retrouve l'odeur familière de sa chambre : mélange de chaud, de lessive et d'humidité. Aujourd'hui il y a une surprise, une dominante de maroilles se fait sentir. Était-elle bonne cette tarte ? Ses cheveux corrigent cette odeur par la douce note du shampoing matinal. Le goût de sa peau n'est pas désagréable, il est frais et neutre. Thaïs c'est aussi un dos. Harmonieux, musclé et lisse mes mains en ont vite fait le tour, il paraît petit, un dos de bébé. Pour me raconter un souvenir Thaïs à ramené ses chaussettes de danse préférées. Elle prend plaisir à me montrer comme elles sont épaisses, confortables, drôles, visibles et moches. Dans sa tenue académique du conservatoire, la touche chaussettes angry birds c'est l'exposition de son grain de folie. Elles se fond dans la masse avec la globalité de sa tenue, mais reste elle même grâce à ce petit détail qui la fait bien rire. Ses chaussettes c'est aussi le souvenir des dernières répétitions avant un spectacle, dans le théâtre, où on s'échauffe en coulisse et pour s'échauffer au top il faut des chaussettes au top.