de l`instauration du sentiment de sécurité chez les prégénitaux

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de l`instauration du sentiment de sécurité chez les prégénitaux
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D E L ’ INSTAURATION
DU SENTIMENT DE SÉCURITÉ
CHEZ LES PRÉGÉNITAUX 1
Colette B RAUN
Nous voyons depuis bien des années que les problématique s
rencontrées sont beaucoup plus archaïque s que ce lle s des p lu s
célèbres patientes de Fre ud. S ans doute est -ce lié aux
changements de la soc iété, y compris à " l’interdit d’interdire "
qui e st en lui-même insécur isant (contrairement au " tout est
permis " gidien o ù le dépassement de l’in terdit était source d e
jouissance). Insécurisant donc, et engendrant une souffrance lié e
à l’absence o u à l’inconsistance de la " colonne vertébrale
psychique ", et à l’enve loppe psychique dépourvue de ce " pôle
masculin ", au sens de D. Anzie u et Houze l, originant le Surmoi.
Manque de limite s, manque de repères, toujours évidents chez le s
préœdipiens, et sources d’ angoisse. J’y reviendrai dan s
l’introduction à la part ie clinique de cet e xposé. L’abolit ion de s
frontières dans tous les domaines en est -elle l’illustrat ion ?
Or ces patients restent frileusement et douloureusement
enfermés dans une re lation dy ad ique et anaclit ique d’où se ul le
sentiment de sécurité leur permettra d’émerger et d’affronter les
risque s œdipiens, dans le diffic ile va-et-vient entre leur s
tentatives d’accès à la triangulation nécessaire, et leur s
régressions. Ce sont les " frontaliers " de Fr. Roustang.
Je crois être fidèle à M. Klein en mettant l’accent sur la nécessité
de restaurer ou d’ instaurer le sentiment de séc urité, avec ce que
cela comporte de réparation narcissique .
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Article paru dans Les CAHIERS du G.I.R.E.P., numéro 42, automne 2002
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Il s’agit donc, semble-t-il, à l’ inverse des patients hystérique s,
pour lesquels la str icte cure-type est adaptée, de proposer aux
préœdipiens, dans la cure à la fois souplesse et limite s
sécurisantes et constituantes. Je parle ici d e la sit uat ion créée par
la psychanalyse rêve-é veillé, bien entendu.
Dans cette optique, je vo us présenterai donc une vignette
clin ique : il s’ agit d’ un patient à fix ation s archaïques puisqu’ il
présente des manife stations psychoso matiques, et partic ulièrement dermatologiques. Par lant d’optique, le regard ne cesse
de m’apparaître fondate ur et fondamental : je par le du regar d
constituant de la mère good eno ugh de Winnicott, du regar d
contenant de la mère à la rée lle capacité de rêverie de Bion, – ce qu i
me semble d’ aille urs correspondre à ce qui sous-tend le rê ve éveillé –, enfin à la Mère acceptante, réceptive se lon Vittoz.
D’où la nécessité qui m’apparaît que le patient ne soit pas
impérativement allongé sur le d ivan, mais face au thérapeute ,
avec la possib ilité de se laisser glisser plus ou moins allongé dan s
le fauteuil. Le patient, dont je vous parlerai, a adopté une
position assez décontractée : mon aut orisation tac ite était
porteuse de sens, nous le verrons.
Par aille urs le pat ient a beso in, du fait de sa problématique
archaïque, du sentiment de continuité de présence engendrant le
sentiment de cont inuité d’être qui pour Winn icott équivaut au vrai
self. On retrouve la même notion avec Masud Kh an, dan s
l’optique kle inienne d’ individuation qui co rrespond, d’aille urs, à
la demande plus ou moins explic ite de ces patients en quête
d’identité ; il m’est arrivé à plusieur s reprises d’entendre
verbaliser : " Je suis un imposteur ", – ce qui a introduit un
thème de rêve -éve illé. Cec i e st tout à fait cohérent avec la
personnalité lab ile de ces p atients, qu’H. Deutsch qualifie d e
comme si.
Ces références théoriques m’ont amenée à constater le b ienfait,
confirmé par la clinique, de séances hebdomadaire s plus longue s
que la normale mais exp lic itement fixées, et où l’attention n’est
jamais flottante, où tout le Dit du patient est transcrit, ce qui le
rassure en ce qui concerne son besoin de continuité de présence.
Ces séances p lus longues autorisent une sorte de latence
permettant de dépasser les leurres œ dipien s, jusque- là utilisés d e
manière défensive.
Si la symbiose thérapeut ique de H. Searle s me paraît nécessaire à
l’inst aur ation du sentiment de sécur ité, je pense indispensable d’ y
mettre des limites : rester à une seule séance par semaine pour
éviter la peur fantasm atique d’être dominé par le thérapeut e, et le
risque réel de dépendance.
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Le transfert avec ces patients étant évidemment d’une tout autre
nature que ce lui de s pat ients œdip iens, il découle l’abso lue
nécessité pour le thérapeute d’être authentique, d'être dans une
neutralité qui ne soit pas trop bienveill ante. La distance doit être
adaptée à ce transfert particulier, et c omme toujours, à la
singularité de chacun.
Le silence de l’analyste devr a lui aussi être adapté. L’intervention
verbale de ce lui-ci, imagée, métaphorique p arfois, évitant la jout e
intellect uelle et la confusion entre l’imagin ation mentale et ce qui
est proprement de l’Imaginaire, autorisera, activera l’Imaginair e
du patient d ans ce qui est senti, ressenti. Ceci est
particulièrement vrai pour les patients psychosomatique s, le s
alexythymiques de J. Mac Dougall, dont l’Imaginaire est glacé par
les évitements familiaux signant les risques d’associat ions ave c
les représentations " taboue s " et autres secrets. Les fantasme s
d’agre ssivité consécut ifs à cette amputation de l’Imaginaire n e
seront apprivoisés que dans le sentiment de sécurité.
Il s’ensuit, pour moi, l’ut ilité d’une approche vittozienne, avant
d’entrer dans le rê ve -éve illé, la proposition d’images mentale s e t
d’appels d’états ser vant d’introduction. Pourquoi ?
°- Parce que l’ét at de présence sensorie lle donne au pat ient la
sécurité de quitter le rêve quand il le dé cide en revenant à la
réalité du présent :sécurité et
liber té qui fac iliteront
l’épanouissement de l’Imaginaire.
2° - Parce que la proposition d’accue illir le s limites de la pièce e t
ses ouvertures induit la sensation rassuran te, à la fois de limite s
et de liberté.
3° - Parce que la sensation de la glo balité corporelle, d e
l’enve loppe corporelle, de la respiration à son rythme, signe de
vie, r assure le p atient su r son Je suis Je et permet, sans peur,
l’émergence des fantasmes dangere ux, des affects interdit s ; et
particulièrement ce qui concerne l’agressivité. L’Imaginaire ser a
dit.
Avec cette parole, nous sommes ici dans l’ exacte ligne de la règle
fondamentale.
VIGNETTE CLINIQUE (janvier 2001 – mars 2002)
Bernard, public itaire brillant d’une petit e quarantaine, marié ,
trois enfants ; dernier garçon dans une famille de sept enfant s
"engluante " ( im age de glaise à ses soulie rs qui l’ amènera à de s
assoc iations anales : l’argent, faire, impossibilité de donner,
relation au temps, etc.)
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Il habite une maison avec une grotte où il aime se retrouver seu l
: " Quand je serai riche, j’y inst allerai un très beau piano. "
La Mère apparaît comme très dépressive. " E lle voulait que je
sois p ape. " (référence à son prénom réel) (projection maternelle,
donc archaïque, entraînant un Idé al du Moi grandiose
inatteign able ; d’où le rêve -é veillé : " Il y aurait Zorro ")
Père ancien offic ier, très ab sent, aujourd’h ui gentleman -farmer, a
sans doute eu une aventure extraconjugale :un des secrets d e
cette famille où la sexualité était un suje t tabou. Bernard, lui,
insiste sur l’ importance de ses besoins sexuels et de ses pulsions
; il a beauco up fréquenté les prostituée s. Un rêve -éveillé asse z
récent, sur le thème : il y aurait un volcan sera exploité pendant
plusie urs sé ances, l’aidant à désintriquer le s pulsions sexue lles e t
les pulsions agressives, dans une relation transférentielle d e
sécurité.
Les frères aînés ont dominé physiqueme nt B. dans des jeux
vio lents. " Moi, j’ét ais fragile, avec une figure d’an ge et mes
cheveux bouclé s. "(d iscour s maternel). À l’école, je n e
comprenais pas ce qu’on attendait de moi, j’étais nul ; je ne
comprenais pas non plus les rè gle s des jeux à la récréation, ave c
les petits p aysan s. Quand j’ ai été mis en pension, ça a été d e
terribles humiliations et des vio lences physiques et psychiques. Je
n’ai jamais compris comment j’ai passé mon bac. Je travaillais d e
toutes mes forces, mais ne comprenais toujo ur s pas « les règle s
du je u (cf 2 è m e rêve -éve illé de Zorro où apparaît Zorro assis à
une table de poker). Ce fut ainsi jusqu’à Sciences-Po. Dans le
monde des affaires, je ne comprends souvent pas le s règles d u
jeu, alors je fonctionne toujours dans la séduct ion ; je cherche
tout le temps à savoir que l regard le s autres portent sur moi et à
être aimé. J’en ai asse z de ne pas savoir qui je suis vr aiment
(self), si j’ ai ma p lace (rêve -éve illé : il y aurait une tablée), si je suis
en accord avec moi-même dans m a profession qui ne correspond
pas vraiment à mon éthique (rire) : je suis un chevalier ! (d’où un
rêve -éveillé récent : Il y aurait un tourno i de chevaliers ) ; assez de
jouer au clown, de surfer dans tous les dom aines : le piano etc. et
même l’amour : suis - je cap able d’ aimer vraiment ? (Narcisse). Je
ne sais pas que l e st mon désir dans la vie : je cherche à être dans
le désir de l’autre. Depuis toujo urs, je n'ai ma place qu’en étant
le clown (rêve -éve illé)… Le se ul truc qui me fait ple urer : un
gamin qui a été séparé de sa Maman, et qui la retrouve.
J’ai de l’urtic aire… Quand j’ét ais tout petit, j’ai e u de l’ec zéma,
ça a duré longtemps, je me so uviens de m oi tout bleu : ble u d e
méthylène (Moi-Peau, relation à la Mauvaise-Mère ; d’où un rê ve éveillé très ré gressif dont je vo us par lerai, et qui a été possib le
du fait du sentiment de sécur ité, lors d’ une autre sé ance : " Vo us
mettriez en couleur un scoubidou ", " Vo us choisiriez une couleur. – L e
rouge (qu’il associe aux organes féminins) et le bleu (assoc ié à
l’eczéma.) "
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Je souligne que j’ ai été très attentive au r isque, lié à la profession
de ce patient, qu’ il ne dérape vers l’ imagination mentale au lie u
de l’émergence active de l’Imaginaire. S a t rès grande sensorialité
constatée au cour s de la brève cure Vi ttoz l’a très vite protégé d u
risque d’ intellect ualisat ion.
Les séances sont d’une heure et quart (latence). Assis dans un
faute uil, il a pris l’hab itude d’ allonger les jambes en appuyant la
tête sur le dossier. À la 3 e séance, il a beaucoup baillé poliment ;
à la suite de ma rem arque – vo us n’êtes pas ic i pour être poli,
vos exc use s sont enregistrées une fo is pour toutes, – va déco ule r
à chaque sé ance une incoercible suite de larges bâillements ; ce
qui a permis un lâcher-prise à la fois des tensions et, surtout, de s
injonctions fam iliales : " On ne se lâche pas. On ne sent pas. On
n’exprime pas, etc. " À ma que stion : " Q ue lâchez- vous dans vo s
bâillements ? ", il répond : " Ce qui n’est pas moi… J’ai envie
d’avo ir envie. Les envie s de mes frères avaient plus de p lace que
les m iennes ". " Votre envie de bailler, de dormir ic i ? Oui, je me
sens en sécurité. En plus, je sais qu’ ici, il y a une place pour
moi… "
Lors des deux dernières sé ances : plus de bâillements et une
réelle présence à Soi avec des assoc iations moins archaïques.
À plusieur s reprises, il s’est donc endormi, ouvrant un œil pour
vérifier si j'étais là, et si je continuais à écrire. " Vo us écr ive z sur
moi, même quand je ne dis r ien ? "ou " Vo us êtes toujo urs là ? "
continuité de présence, séc urité. Ces séan ces ont été marquée s
d’importantes régressions dans les rê ves-éve illé s. " C’est
incroyable, yeux fermés, il n’y a pas d’espace-temps ; on est à
l’intérie ur de soi ; comme s' il n’y avait plus d’enve loppe. " C e
serait de que lle co ule ur ? – Noir et rouge, plutôt chaud. Il n’y a
pas de lum ière, comme un fœtus. Il n’y a pas de vertic alité. – Il y
aurait des sons ? – Pas tellement. Surtout des sensations, une
manière de bouger complètement libérée de toute loi de la
physique ; parfois il y a de s lumières qui p euvent se projeter sur
les parois : des diapositives. Il y a quand m ême des parois. "
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Sur la proposition : " Vo us mettriez en images… une chose très
biz arre. – On ne sait pas si c’est une tête de poisson ou un sein
de femme.– Fermez le s ye ux et écoutez ce qui se passe (i l
s’endort brièvement, ronflotte) – Oh! là, là ! Je suis bien ! etc. –
La tête de poisson, le sein, ça é voquerait quoi ? – C’est la même
image, alors que c’e st l’opposé total. La tête de poisson, ça mord,
le sein, c’est l’inve r se – C’est en même temps l’un ET l’autre. " –
On en ferait quoi ? – C’e st un drôle de sein, un sein pointu,
comme un obus, très perçant, très agressif, y compris dans le
sein. On a envie d’y aller, de le prendre dans sa bouche, mais i l
est bizarre : c’est un se in qui attaque. C’ est pour ça que c ’est
pareil tous les deux : ils attaquent tous les de ux.– On
l’attaquer ait ? – Non, je ne suis pas en danger, ni par le poisson
ni par le sein, etc… Je me sens refroidi.
J’ai aussi noté, avant les vac ances de Noël, son : " Vous êtes pas
là ? Quand ? ", sur un ton infantile. Sont apparues également de s
manifestat ions d’envie et de jalousie – au sens kle inien (le cheva l
qui m’ a été offert – ou – ils sont meilleurs que moi vos autre s
patients ? "
QUELQUES " INTRUSIONS COMPLÉMENTAIRES "
" Pendant toute mon enfance, je poussais des hur lements, des
colères que ma mère n’arrivait pas à contenir ; elle était dé passée ,
et me maintenait sous une douche froide ; je me sentais coincé,
enfermé. "
Je propose une rapide installation en V ittoz ; puis, en rê ve éveillé : " O n serait coincé… " Après avo ir développé des image s
d’escalier, de vide, de cie l, etc. " Ah ! Il y a quelqu’ un :un e
femme, comme une sorcière, mais une très jolie femme. Elle e st
nue… On vole en formation… On a été pris dans de s remous et
on est tombés dans la neige de montagne et je n’ai r ien pour
qu’e lle n’ait pas froid ; elle a très très fr oid. Ça ne va plus d u
tout… On s’assie d sur un banc très froid. Je la trouve un peu
moins belle. (Mère dépressive, mère morte qu’ il a été impuissant
à ranimer, etc.) J’ adore qu’on me touche, qu’on me masse, le s
bains chaud s, la chale ur enveloppante. Froid et chaud, ce sont
des sentiments. Le froid, ça va avec la solit ude. Je dis que je vais
bien, mais je ne sais pas si je vais bien ou mal. On a le droit d e
dire qu’on va mal ? C’est génial d’être malade :on est au lit, au
chaud, soigné… Je ne me souviens pas d’avoir jam ais pleuré. M a
mère nous laissait pleurer : nous ét ions se pt… Ça ne sert à rien
de ple urer, puisque personne ne vient… " C’est de l’ordre du
vital ? Exactement. "
Il exprime souvent ses fantasme s de toute-puissance : défense
contre les frères aînés, douloure use impuissance infantile, etc. Je
suis un imposteur. "
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Je lui propose : " Il y aurait une scène de théâtre. " Il déve loppe : "
Bruit de la mer sur le s petits cailloux qui résonnent, bruit
formidable, on a envie de l’emmener dans un panier. Je le fais et
je revien s sur la terre ferme. Je vais prendre la main d’un e
femme. Elle a un petit panier avec des légumes :carottes,
poireaux. Elle s’élo igne. Je marche tout seul. Je rentre dans une
sorte de grotte ; un vagin gé ant avec ple in de lèvres succe ssiv e s.
Je vais ded ans, il fait très chaud. Il fait b le u et rouge (peau ble ue
de l’eczém a). Petit esc alier qui monte. J’ai t rempé dans un liquide
rouge. Je m’égoutte, ça me permet de laisse r tomber le rouge ; c e
n’est pas du sang : c’e st de l’eau. Passage dans une sorte d e
jac uzzi rouge.
Les mots, c’est dangereux. La parole n’est jam ais pac ifique .
Quand on me dit :il faut que je te parle, ça me tétanise parce que
c’est forcément pour me balancer que lque chose. Parler, c’est se
mettre à nu, etc.
Je propose alors le thème de rêve -é veillé suivant : " Il y aurait un
sentier de montagne. " L ui : " Je sais pourquoi j’aime la montagne.
C’est un plaisir d’être ensemble et on est seul en même temps.
On ne peut pas se parler : on est en file indienne. C’est
formidablement ensemble et formidablement tout seul (fantasme
préverbal).
La proposition : " Il y aurait Zorro " a activé puissamment
l’Imaginaire, travaillant comme je l’ai signalé :
1° - l’Idé al du Moi grandiose originé dans les injonctions e t
projections maternell es, qui l’empêchaient d’accéder à son désir
propre,
2° -ses fantasmes maniaques de toute-puissance,
3° -son impuissance face à ses frères,
4° -sa méconnaissance invalidante des " r ègle s d u je u dans la
partie de poker ",
5° -sa nudité et son insignifiance (Je suis un nul) : quand Zorro
enlève son masque, ou quand il se trouve en ville, de scendu d e
son cheval, hors de son milie u, " dé zorroïfié ", comme il l’été
lui-même en arrivant en pension.
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Je terminerai par un rê ve -éve illé récent. La proposition était : " Il
y aurait un tourno i de cheval iers " "Je le vo is t rès bien : le décor, le s
tissus, les gens en tenue, trompettes de cavalier (son père
cavalier), bruits… De ux chevaliers se r uen t l’ un sur l’autre. .A u
premier contact, ils tombent tous les de ux à terre. Les chevaux
dispar aissent. Ils se relè vent tant bien que mal, engoncés dan s
leur arm ure (fréquente association) Ils se battent à l’épée.
Tournoi interminable. L’un recule tellem ent qu’il vient butter
contre la palissade au bout de l’ arène. Celui qui avance lu i plante
son épée et il reste accroché à la palissade. (C’est la première fois
qu’ apparaissent le s fantasmes agressifs). Le survivant revient ver s
la fo ule et salue. Quand il ôte son casque, la tête reste dedans. La
foule e st horrifiée. I l tombe à genoux, re met son casque avec la
tête : honteux (et non pas coupable ce qui signerait la né vrose).
Il s'en va par les sorties par où entrent les lions… (la défense
maniaque apparaît). Il sort par le souterrain et devient un homme
d’affaire contemporain, très important, etc. Il se met à appuye r
frénétiquement sur une machine à carte ble ue. Il rend la machin e
au restaurate ur, s’inst alle mains derr ière la nuque, coudes écarté s
et il s’endort (Il pousse un bâillement rugissant). Il est réveillé
par une femme qui lui dit un truc qui ne méritait pas de le
réveiller. Il est furie ux, etc.
Comme je lui demande : " La tête détachable ? " il reprend : " Je
pense que l’autre lui a co upé la tête et il fait comme si de rie n
n’était. Mais il est obligé de s’en aller vit e parce qu’il a quand
même la tête coupée. – Et l’ autre ? – I l n’ a pas fait long fe u. I l
n’a pas d’importance dans l’histoire. (ébauc he névrotique, déni ?)
" C’est marrant ces rêves-é veillé s ! Ça finit toujo urs par un e
femme, Ça commence par les hommes. "
Je crois qu’on ne peut pas m ieux verb aliser les montées et
descentes à traver s les co uches archéologique s de l’ inconscient :
c’est la durcharbeitung de Freud, non pas au sens premier de la "
perlaboration " se référant à un matériel né vrotique, mais dans la
traduction de l’allem and : " se frayer un chemin à travers ".
Dernière séance (13 mars) : " Ce qui me rassure beauco up, c’est
d’arriver à être à pe u près moi-même. Je dois me sentir moins e n
danger. (Il revient sur le danger de la parole.) C’est pour ça que
l’expérience de la parole, ic i, est tout à fait nouvelle : je n’ai pas
peur de me découvrir en parlant, et je n’ai jamais peur de votre
parole. On ne m’a jamais appris la place de la parole.
Une remarque pour conclure : cette approche du patient demande
un inve stissement et une constante évaluation du contre-transfert
de l’analyste plus importants que dans la cure-type.

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