l`œuvre - L`Oeuvre des Campagnes
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l`œuvre - L`Oeuvre des Campagnes
L’ŒUVRE DES CAMPAGNES FONDÉE EN 1857 AIDE AU CLERGÉ RURAL ÉTÉ 2011 TRIMESTRIEL n° 238 L’ŒUVRE des CAMPAGNES FONDÉE EN 1857 2, rue de La Planche - 75007 PARIS Tél. et Fax : 01 45 48 25 83 e-mail : [email protected] AIDE FINANCIÈRE AUX PRÊTRES RURAUX pour : – – – – – acheter ou réparer une voiture ou une moto ; sortir de difficultés exceptionnelles ; améliorer leurs conditions de vie (chauffage du presbytère) ; améliorer les salles de réunion (catéchisme...) ; maintenir les établissements privés d’enseignement catholique ; – disposer d’ornements liturgiques convenables ; – organiser des missions dans nos campagnes. [Toute demande d’aide doit être apostillée soit par le Conseiller ecclésiastique, soit par le (ou la) Délégué(e) diocésain(e).] HONORAIRES DE MESSES pour les prêtres ruraux qui en manquent. Tout prêtre demandant des Messes doit y être autorisé par son Ordinaire. DANS VOTRE DIOCÈSE VOUS POUVEZ VOUS ADRESSER AU (A LA) DÉLÉGUÉ(E) DONT LE NOM FIGURE SUR LA LISTE PUBLIÉE A LA FIN DE CE BULLETIN. Dans les diocèses qui en sont dépourvus, acceptez de devenir DÉLÉGUÉ ou DÉLÉGUÉE de l’Œuvre pour – faire connaître et recruter des Associés, – recueillir les cotisations et les dons et les transmettre au siège à Paris, – faire connaître au siège les besoins des prêtres de campagne. LA TACHE EST URGENTE ET IMMENSE LE SEIGNEUR LUI-MÊME VOUS APPELLE A AIDER SES PRÊTRES Le mot du Président le 8 juin 2011 Le bilan en étant désormais connu, je reviens sur la Journée d’Entraide et d’Amitié de L’Œuvre du 24 mars dernier. Ce bilan est tout à fait satisfaisant et fait apparaître un résultat en légère progression par rapport à celui de l’année dernière. Je renouvelle mes remerciements très chaleureux à nos nombreux visiteurs ainsi qu’à tous ceux qui ont œuvré à la réussite de cette manifestation qui demeure un moment essentiel de la vie de l’Œuvre. Je vous donne dès à présent rendez-vous à l’année prochaine, le 22 mars 2012, pour notre prochaine Vente. L’été arrive et comme chaque année , « la rue de la Planche » fermera ses portes pour quelques semaines. Cet été 2011 sera marqué par un événement important pour l’Eglise. Du 16 au 21 août, des jeunes du monde entier se rassembleront autour de Benoît XVI pour les JMJ à Madrid : « Enracinés et fondés en Christ, enracinés dans la foi », voilà qui peut être pour chacun de nous un thème de réflexion et de méditation personnelle durant ce moment propice des vacances. Bonnes vacances à tous ! Louis d’Astorg E Avis Nos bureaux seront fermés du samedi 30 juillet au lundi 5 septembre 2011. 1 Béatification de Jean-Paul II « Un pèlerinage éclair » : c’est sans doute l’impression de tous ceux qui se sont précipités de tous les pays du monde pour participer à ce grand moment de la vie de notre Église qu’a été la béatification de Jean-Paul II. Rares sont ceux qui se sont attardés à Rome : quelques heures volées à nos emplois du temps chargés pour aller nous ressourcer auprès de ce témoin des temps modernes qu’est Jean-Paul II. Nous étions une trentaine de pèlerins bourguignons à prendre la route ce vendredi 29 avril, pour nous engouffrer dans le Palatino transformé pour l’occasion en train de pèlerinage. Une expérience de catholicité Notre groupe a dû se constituer, apprendre à se connaître par-dessus les frontières diocésaines, au milieu des chrétiens de tous horizons animés d’une même joie. Entre les Chaldéens de Sarcelles et les Martiniquais de Pontoise, nous nous échauffons pour la grande expérience de catholicité que nous allons vivre à Rome. À l’arrivée, il nous faut accepter de croiser des merveilles sans nous y arrêter et aller droit au but spirituel de ce pèlerinage. À travers les célébrations, les temps de réflexion, de très courtes visites, nous avons fait l’expérience d’une Église qui se construit. Il était assez remarquable de voir à quel point nous nous sommes laissés façonnés comme « petite Église », en particulier par la liturgie. En effet, notre journée du samedi, sous la pluie et dans la foule, a été marquée par la fatigue et un léger découragement des uns et des autres. Et c’est finalement dans la veillée du samedi soir et dans la célébration de la béatification, vécue par le groupe aux quatre coins de Rome, que nous nous sommes rapprochés les uns des autres. Une joie profonde Le dimanche après-midi, notre groupe de pèlerins n’était plus le même. Nous étions animés d’une joie profonde, palpable, qui avait atténué nos différences du départ et qui avait renforcé notre unité en Jésus Christ. Il s’agit peut-être là du plus beau témoignage que Jean-Paul II a offert et continue d’offrir à l’Église : celui de la communion entre les hommes. Jean-Paul II, six ans après sa mort, continue d’être un instrument d’unité que le Christ offre à son Église. Puissions-nous ne pas en rester au phénomène de médiatisation, mais puiser dans cet événement la volonté et la force d’être à notre tour des artisans de communion pour une Église plus vivante, plus jeune et plus belle. P. Arnaud Montoux Extrait avec autorisation de « Église dans l’Yonne » Bi-mensuel – 14 mai 2011 – n° 8 2 Quand le Ciel rencontre la terre Rocamadour ou repartir amoureux Au cœur des parcs naturels des Causses du Quercy, la cité sacrée de Rocamadour accueille des milliers de visiteurs chaque année. Dès le XIIe siècle, les papes parlent de Rocamadour comme l’un des plus grands sanctuaires de la chrétienté avec Rome, Jérusalem et saint Jacques de Compostelle. Parce que c’est un lieu de prières exaucées. « L’espérance ferme comme le roc », c’est la grâce donnée et reçue à Rocamadour. Amadour, c’est l’amoureux. Et Roc, le rocher. Roc Amadour, c’est donc le Rocher de l’Amoureux ou l’Amoureux du Rocher. Mais qui est donc cet amoureux ? La légende raconte qu’il y a longtemps, dans les premiers temps apostoliques, un homme, petit de taille et collecteur d’impôts, dont parle l’évangile (Lc19, 1-10), aurait traversé la Méditerranée pour atterrir en ce lieu sauvage et se retirer dans une grotte. Ici Zachée – vous l’aviez reconnu – devenu ermite, trouve tout simplement, à admirer, à contempler, à prier Dieu. Mais très vite, c’est la Vierge Marie que l’on vient consulter en haut de la falaise. En 1105, la chronique parle d’une « chapelle en l’honneur de la Vierge Marie » blottie dans la roche. Le Pèlerinage prend de l’importance. Des abbayes voisines se disputent le lieu et en 1150, se bâtit la cité religieuse, le « fort ». Rocamadour compte aujourd’hui 35 habitants l’hiver et est, depuis le Haut Moyen-Age, le second site le plus visité en France après le Mont Saint-Michel. Pour l’abbé Ronan de Gouvello, chapelain des sanctuaires, l’essentiel est de « mettre Jésus au centre du dispositif, dans ce lieu hallucinant de grâces ». Une falaise qui invite à l’émerveillement, les 150 marches d’un escalier qu’il faut gravir. Chacune des marches laisse le pèlerin fatigué, las et sceptique, se dépouiller de tout ce qui l’encombre. Au sommet, suspendu entre Ciel et terre, un sanctuaire serti de sept chapelles où les pierres racontent une Histoire Sainte. Le pèlerin, lui aussi, traverse sa propre histoire pour s’enraciner dans celle du Christ. Et là, le voici devant la Vierge Noire à l’allure frêle et naïve, là où de saint Louis de France à Henri II d’Angleterre, d’Alphonse III du Portugal à Edmond Michelet, de saint Antoine de Padoue à Jacques Cartier, de Francis Poulenc au pèlerin anonyme du XXIe siècle, chacun est venu, vient et viendra chercher secours. Ici la Mère de Dieu a sauvé plus d’un pécheur en danger. On dit que lorsque la petite cloche du sanctuaire se mettait à tinter toute seule, c’était pour annoncer le sauvetage de marins en périls. On trouve ainsi 3 en ex voto les maquettes de bateaux de ceux qui ont supplié Notre Dame de les sauver du naufrage. En pénétrant dans la chapelle où l’ombre des bougies fait danser sur le mur les anges qui entourent la Vierge, on est saisi par la présence du monde invisible qui fait se côtoyer en ce lieu l’histoire de France et l’Évangile, la suite des siècles et le temps présent. Il y a des lieux où le Seigneur accorde plus abondamment sa grâce. Goûter à celle de Rocamadour, c’est repartir léger de sa souffrance, enraciné dans l’espérance, guidé par l’Étoile de la Mer. Réussir son ascension, c’est repartir « amoureux ». Laetitia Trémolet de Villers Extrait avec autorisation de « Sub Signo Martini », revue de la Communauté Saint-Martin n° 31 – Mai 2011 4 Un chemin de relations avec nos frères Parce qu’elle est souvent confondue avec la continence et encore plus fréquemment regardée comme une simple privation, la chasteté reste une notion obscure, dans le grand public, et même chez les chrétiens. Or le vœu de chasteté que prononcent les religieux concerne à plus d’un titre tous les baptisés. Si la spécificité de la vie religieuse est de vouloir être chaste dans le célibat consacré, il existe aussi un appel à vivre de manière chaste lorsque l’on est célibataire ou lorsque l’on est marié. Au fond, la chasteté est à la fois une vertu (c’est-à-dire une force, une capacité) et un don, qui nous permet de nouer des relations harmonieuses avec les autres. En quoi consiste cette harmonie ? Nous évoquerons ici quatre conditions nécessaires pour tisser entre nous des relations qui portent du fruit, sans prétendre pour autant être exhaustif. En premier lieu, les relations humaines doivent, pour être belles, apprendre l’acceptation de la différence, qui est le propre justement de notre condition d’être sexué. A ce propos, remarquez que la sexualité fait partie de la création de l’homme à la ressemblance de Dieu, dans l’Écriture. Dans le premier récit de la création, au 6e jour, Dieu crée l’homme à son image et à sa ressemblance et le texte dit : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. » (Gn 1, 27). La différence sexuelle, qui nous fait homme ou femme, mystérieusement inscrite jusque dans chacune de nos cellules (notre ADN est différent selon qu’on est de sexe masculin ou de sexe féminin, différence située sur la 23e paire de chromosome), fait donc partie de notre être en tant qu’image et ressemblance de Dieu. Nous ne sommes pas seulement à l’image de Dieu par nos facultés les plus hautes, mais par tout notre être. Et toute notre personne est marquée par notre identité sexuée. Il est sûr qu’en ce domaine, nous revenons de loin, tant a pu être forte parfois, dans les mentalités, pas seulement chrétiennes, mais tout autant laïques, aux siècles passés, une confusion entre péché et sexualité, entre sexualité et faute morale. Nous avons certainement gagné en une perception plus positive de la sexualité, mais ce n’est pas certain qu’à l’avenir, notre société, qui n’est plus chrétienne, retombe, après une période de libéralisation excessive, à une nouvelle forme de rigorisme ou de peur vis-à-vis de la réalité sexuée de notre existence humaine. La différence des sexes reste toujours en effet une menace pour ceux qui voudraient maîtriser la vie, elle défie les volontés de puissance de l’être humain. Accepter la différence, c’est aussi accepter que les manières d’exprimer l’amour soient différentes entre nous. Les uns sont plus sensibles aux cadeaux, les autres aux gestes de tendresse. Certains veulent entendre des paroles bienveillantes qui les valorisent et les encouragent, d’autres vibrent aux moments de détente ou de silence partagés à deux. Nous sommes tou- 5 chés chacun à notre manière. Or bien souvent, nous avons à accepter notre limite et celle de l’autre, qui est de ne pouvoir combler exactement la manière d’aimer qui nous touche. Quand la crise survient, dans un couple, entre frères et sœurs, entre membres d’une même communauté, la tentation est grande de dire « il ou elle ne m’aime pas ; un autre ne pourrait-il pas m’aimer ? » Or il faudrait pouvoir dire non pas « tu ne m’aimes pas » mais « tu ne m’aime pas comme je le désire. » Il faut un grand travail sur soi, fait de renoncement et de don de soi, pour parvenir à faire ce passage, à purifier notre désir pour passer de la convoitise à la pureté du cœur, du cœur partagé au cœur unifié. Un deuxième aspect des relations harmonieuses se trouve dans le respect de l’intimité : la sienne, c’est ce qu’on appelle, d’un terme bien dévalué, mais qui a son sens, la pudeur. Celle des autres : c’est ce qu’on appelle la discrétion, et qui, chez les auteurs spirituels anciens, est une véritable vertu qui a à voir avec la tempérance, l’humilité et la douceur. La pudeur est quelque chose d’essentiel, un sentiment inné et connaturel à la personne humaine. Même les prostituées et les libertins ont habituellement conservé quelques traces de pudeur. Bien sûr, cette pudeur a une dimension culturelle très forte : elle diffère selon les générations, elle diffère selon les pays : au Moyen Orient, au Danemark, en France ou en Amérique latine, les gestes corporels ou les coutumes vestimentaires ne sont pas interprétées de la même manière. Ce qui est impudique en un lieu passe pour de la pudibonderie ailleurs. Mais la valeur de la pudeur est de cacher et protéger l’intimité jusqu’au moment où l’on se sent aimé et accepté totalement. Quand l’amour rencontre les garanties d’une véritable relation interpersonnelle, la pudeur disparaît tout en restant assumée et intégrée au sein de l’amour. La pudeur fait aussi partie de la séduction. Un homme ou une femme impudique est bien moins attirant qu’une personne pudique. Bien sûr, il faut distinguer ici la pudeur d’un sentiment de honte, lié à la perte de sa propre dignité devant les autres. La discrétion a un rapport étroit avec l’intériorité. La vie spirituelle n’estelle pas, au fond, l’apprentissage de l’intériorité ? Plus on découvre que l’on est, soi-même, une demeure à habiter, et un temple où Dieu vient demeurer, plus on est capable de reconnaître et de respecter chez les autres leur propre intériorité. Les Pères du désert, qui sont les premiers moines du christianisme, au IVe siècle, ont beaucoup médité sur ce thème. Notre cœur est comme une ville qu’il faut garder. Elle possède des portes. A nous de décider ce qui peut entrer et ce qui peut sortir par ces portes : sentiments, pensées, passions. Nous avons alors à vivre la vigilance du cœur. En gardant les commandements du Seigneur, en faisant mémoire de sa parole, nous laissons le Seigneur habiter notre ville intérieure. Le Seigneur lui-même est le premier gardien de notre cœur. Garder son cœur revient à protéger l’espace intérieur de notre être, qui en son intimité la plus profonde est le sanctuaire même de Dieu. Il s’agit alors de veiller à ce que l’on laisse entrer en soi, et à ce qu’on laisse sortir de soi : à qui et à quoi nous ouvrons-nous, à qui et à quoi nous fermons-nous ? Dans l’unique sermon que nous possédons de lui, saint Norbert donne ce conseil : « n’oubliez pas la garde du cœur, mère de la pureté de l’âme ». Il y a des gens chez qui la ville intérieure ressemble à un carrefour, à un vrai courant d’air. Ces gens-là en souffrent, souvent, et ils ont besoin 6 qu’on les aide à découvrir et à respecter leur intimité. D’autres au contraire sont comme une ville bien bâtie, bien ordonnée, mais n’arrivent pas à y vivre vraiment : c’est une ville morte, un peu comme ces beaux centres villes qu’ont toutes les grandes agglomérations, de nous jours, parfaitement restaurées, mais si coûteuses à habiter que personne n’y vit : le soir et le week-end, le quartier est désert, vide et comme mort. Ces gens-là vont vouloir vivre chez les autres, au risque d’être indiscrets. Le cœur chaste ressemble, à mon avis, à une ville où il fait bon vivre, parce qu’elle est à la fois ouverte, mais pas à tout et pas n’importe quand, une ville habitée par l’Esprit de Dieu. Le discernement de la distance et des gestes appropriés constitue une troisième dimension des relations humaines. La psychologie pointe du doigt toute l’ambiguïté des relations fusionnelles. Le fameux complexe d’Œdipe est une manière de rendre compte de la nécessité pour les enfants de reconnaître le choix premier et fondamental des parents l’un pour l’autre. Et c’est dans une relation symbolique à trois : le père, la mère et l’enfant, qu’un véritable espace peut exister, espace où chacun peut grandir et aimer. Avant cela, la théologie nous avait aussi indiqué l’importance de la distance, pour éviter la confusion. Ainsi en va-t-il de l’humanité et de la divinité du Christ : sans confusion, sans séparation, sans division, dit le concile de Chalcédoine en 451. L’union du Verbe de Dieu à la nature humaine se fait de telle sorte que sont intégralement respectées sa divinité et son humanité. La Trinité n’est-elle pas, en elle-même, modèle des relations harmonieuses ? La relation entre le Père et le Fils n’est pas une relation duelle, narcissique, mais elle est parfaitement accomplie dans la procession de l’Esprit Saint, qui est en personne l’Amour du Père et du Fils. Apprendre à trouver les gestes appropriés est une dimension importante, elle aussi, des relations harmonieuses. Ici, il est difficile d’en rester à des généralités tant les relations sont diverses : homme-femme, époux-épouse, parents-enfants, frères-sœurs, entre membres d’une même communauté, dans l’accompagnement spirituel, dans le travail, etc. Je me contenterai de poser ici simplement quelques questions. Suis-je le centre de la relation que j’établis avec autrui ? Suis-je attentif à ne pas prendre possession de l’autre (physiquement, affectivement, moralement ou spirituellement) ? Est-ce que je sais porter mon affection sur ceux qui la suscitent le moins ? Est-ce que je prends parfois le temps de relire mon comportement ? Est-ce que ma manière d’être occasionne de la confusion, du trouble, en moi ou chez les autres ? L’important est de reconnaître encore une fois qu’il n’y a pas d’amour strictement spirituel. Il ne peut pas y avoir d’accueil véritablement chaleureux des autres sans des gestes concrets du corps et de l’affectivité. Les gestes renforcent les sentiments. Mais en même temps, il est très difficile de faire marche arrière et extrêmement facile de continuer avec des gestes plus démonstratifs. Il faut donc une bonne dose de connaissance et d’acceptation de soi, en un mot de maturité affective, pour vivre dans la chasteté. Ici, il suffirait de contempler les relations que Jésus a vécues avec tant de personnes différentes, dans l’évangile, pour se laisser instruire sur le chemin de la chasteté. Je pense simplement à quelques scènes, qui ne peuvent pas être séparées les unes des autres : Jésus se laisse laver et essuyer les pieds par une femme prostituée. Mais Jésus lavera aussi les pieds de ses disciples, au soir du 7 Jeudi Saint. Jésus se laisse approcher et toucher par une femme qui souffre de pertes de sang, mais Jésus, au jour de Pâques, dit à Marie-Madeleine : « ne me retiens pas ! » Jésus appelle Matthieu et lui dit « viens, suis-moi », il va manger chez lui avec les pécheurs. Mais Jésus, après avoir libéré le démoniaque au pays des Géraséniens, refuse sa demande de venir avec lui, lui dit « retourne chez toi » et l’invite à rester dans son pays pour témoigner de sa guérison. Enfin, la chasteté, dans les relations humaines, consiste à rechercher la communion de personne à personne. Elle est un chemin pour répondre à une de nos aspirations les plus profondes : l’universalité. L’amour est infini, il est une puissance extatique, jamais rassasiée. Le besoin d’aimer qui habite le cœur de chaque être humain est aussi un désir d’élargir toujours davantage notre amour. Mais nous n’aimons pas des idées, des groupes, des ensembles, mais bien des personnes dans leur singularité. N’est-ce pas aussi le mystère de notre baptême ? Nous avons alors reçu chacun ce nom nouveau, ce caillou blanc dont parle l’Apocalypse : « au vainqueur, je donnerai de la manne cachée et je lui donnerai aussi un caillou blanc, un caillou portant gravé un nom nouveau que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit. » Nous sommes tous appelés par Dieu, il prononce notre nom, un nom mystérieux qui nous dépasse infiniment, parce que nous ne sommes pas la source de notre vie, de notre être. Nous sommes nés de Dieu et nous avons toute notre vie pour apprendre à découvrir le mystère de notre être, de notre vocation ! Car l’appel de Dieu ne change pas. Il est fidèle, et par delà les réductions dans lesquelles, inévitablement, nous enfermons, par moment, notre personnalité, Dieu nous appelle à devenir vraiment qui nous sommes dans son projet à lui. La chasteté est donc cette clarté, cette pureté du regard, dans laquelle nous regardons nous-mêmes et les autres comme un mystère aimé de Dieu. Les vœux religieux ont pour but de nous mettre sur le chemin de l’Évangile, radicalement, sans détour. La chasteté y est à la fois comme un don et une tâche à accomplir. Mais quelque soit notre état de vie, nous sommes tous appelés à la fécondité, à grandir dans la communion filiale et fraternelle. La chasteté peut être un rude combat spirituel. Mais cette longue épreuve nous fait découvrir la tendresse et la miséricorde de Dieu, l’appel du Seigneur à marcher à sa suite, pour porter un fruit qui demeure. Frère François-Marie Extrait avec autorisation du Courrier de Mondaye n° 232 d’Avril 2011 Abbaye Saint-Martin de Mondaye Ordre de Prémontré - 14250 Juaye-Mondaye Tél. : 02 31 92 60 26 8 EUCHARISTIE – Pourquoi tant de personnes qui se disent chrétiennes ne vont-elles que très rarement à la messe ? Leur difficulté à comprendre ce qui s’y passe est une des explications. Michel Souchon invite à entrer dans le lumière du mystère de l’Eucharistie, en expliquant la place capitale tenue par l’Esprit Saint. QU’EST-CE QUI SE PASSE À LA MESSE ? Au début du IVe siècle, accusés de s’être réunis le dimanche malgré l’interdiction de Dioclétien, les chrétiens d’Abytène, près de Carthage, disent : « Nous ne pouvons vivre sans le repas du Seigneur » (1). Aujourd’hui, une forte proportion des personnes qui, interrogées dans les sondages, se disent catholiques, avouent n’aller que rarement à l’eucharistie dominicale. L’eucharistie, disait hier le concile Vatican II, est « source et sommet de toute la vie chrétienne » (2). Aujourd’hui, les trois quarts des jeunes chrétiens qui viennent demander un mariage à l’Église se présentent comme « croyants mais pas pratiquants ». D’où vient ce grand écart ? On peut incriminer, bien sûr, nos manières de célébrer. Trop de sacré (ou pas assez), la beauté rare, des lectures parfois difficiles à entendre et à comprendre, des sermons souvent jugés ennuyeux… Ces critiques n’expliquent qu’en partie le désintérêt pour les célébrations dominicales. L’essentiel ne serait-il pas ailleurs ? Dans la difficulté de beaucoup de chrétiens à comprendre ce qui se passe à la messe. Mystère, bien sûr, mais la foi permet d’habiter le mystère comme un monde de lumière, non d’obscurité. Essayons d’entrer dans le mystère eucharistique par la porte de l’Esprit Saint. De montrer pourquoi les prières d’épiclèse (c’est-à-dire les appels de l’Esprit) ont une place capitale dans la messe. D’expliquer finalement le pourquoi de ce titre : « L’eucharistie, nourriture spirituelle ». Corps et sang du Christ : comment est-ce possible ? En des circonstances très différentes, une question identique est posée à deux reprises dans les évangiles : « Comment est-ce possible ? ». C’est la question de Marie à l’Annonciation lorsque l’ange lui annonce qu’elle va avoir un enfant : « Comment est-ce possible puisque je n’ai pas de relations conjugales ? » (Luc 1,34). Avec moins d’humilité et d’ouverture sur l’impossible qui est le possible de Dieu, c’est aussi, la question des auditeurs dans la synagogue de Capharnaüm lorsque Jésus annonce qu’il donnera le pain de 1) Cité par Jean Paul II, Dies domini, 1998, n° 46. 2) Lumen Gentium 11. 9 vie, sa « chair pour le salut du monde » : « Comment est-ce possible qu’il nous donne sa chair à manger ? » (Jean 6,51-52). Dans les deux cas, la réponse renvoie à l’action de l’Esprit Saint. L’ange dit à Marie : « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre » (Luc 1,35). Jésus dit à ses auditeurs de Capharnaüm : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie » (Jean 6,63). Comment est-ce possible ? C’est notre question à la messe lorsque le prêtre nous présente le pain et le vin en disant : Le corps du Christ. Le sang du Christ. Nous pouvons répondre avec les mots de l’ange : L’Esprit Saint est venu sur eux et la Puissance du Très-Haut les a couverts de son ombre. Et c’est bien ainsi que s’expriment les prières eucharistiques dans les épiclèses, ces demandes de l’Esprit Saint qui sont placés avant et après le récit de l’institution. Elles disent avec des formulations variées la même prière au Père : « Envoie ton Esprit sur la coupe, envoie ton Esprit sur le pain » ; « Envoie ton Esprit sur ton peuple, envoie ton Esprit sur ton peuple rassemblé » (chants souvent utilisés par l’assemblée pour faire écho aux épiclèses de la prière eucharistiques). LE PAIN PARTAGÉ FAIT DE NOUS LE PEUPLE DU PARTAGE L’eucharistie aussi nécessaire que le pain et le vin Aussi pouvons-nous dire que le « pain de la vie » et la « coupe du salut » que nous recevons dans nos eucharisties sont nourriture spirituelle, au sens fort : pain et vin saisis par l’Esprit pour devenir corps et sang du Christ, vie du Ressuscité qui a donné sa vie pour nous. Saint Augustin dit cela très clairement, lorsqu’il commente le dialogue ente Jésus et ses disciples dans la synagogue de Capharnaüm : « Le Seigneur instruisit les douze et leur dit : “C’est l’Esprit qui donne la vie, la chair ne sert de rien ; les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie.” Comprenez spirituellement ce que j’ai dit : ce n’est pas ce corps que vous voyez que vous allez manger, et vous ne boirez pas ce sang que vont faire couler ceux qui me crucifieront ; c’est un sacrement que je vous ai confié ; compris spirituellement, il vous fera vivre. Même s’il est nécessaire qu’il soit célébré visiblement, il faut qu’il soit compris invisiblement » (3). Un peu plus tôt (au début du IVe siècle), en Asie mineure, Saint Éphrem écrit : « Il appela le pain son corps vivant, il le remplit de lui-même et de son Esprit. [...] Et celui qui le mange avec foi mange le Feu et l'Esprit [...]. Prenez-en, mangez-en tous, et mangez avec lui l'Esprit Saint. C'est vraiment mon corps et celui qui le mange vivra éternellement » (4). 3) Commentaire sur le psaume 98,9. 4) Homélie IV pour la Semaine sainte, citée dans l’encyclique de Jean Paul II Ecclesia de eucharistia, n°17. 10 Le récit de l’institution, aussi bien dans les évangiles synoptiques (Matthieu 26,26-29 ; Marc 14,22-25 ; Luc 22,15-20) que dans la 1re Lettre de Paul aux Corinthiens (11,23-26), mentionne le pain et le vin, aliments ordinaires des repas et des célébrations juives. Ce pain et ce vin, nous les consommons comme les aliments ordinaires de nos repas, mais nous les recevons comme des aliments qui, sortis de l’ordinaire de nos repas, sont devenus corps et sang du Christ livrés pour notre vie. J’insiste d’abord sur la consommation du pain et du vin : nous buvons le vin et mangeons le pain comme la nourriture ordinaire de nos repas. Il est nécessaire de ne pas négliger la vérité des signes qui nous sont donnés dans l’eucharistie : Jésus se donne à nous sous la figure d’une nourriture pour notre vie. Le signe de l’eucharistie, ce n’est pas seulement le pain et le vin, mais la consommation du pain et du vin : « Prenez et mangez, prenez et buvez ». En signe de sa vie donnée, Jésus nous donne du pain à manger et du vin à boire. Ce signe, le plus incroyable, est en même temps, dans son humilité, le mieux choisi pour nous faire comprendre que l’eucharistie, notre nourriture spirituelle, est aussi nécessaire à la vie que le pain et le vin. Le changement eucharistique Mais bien sûr, il faut dire aussi – ou mieux : en même temps – que ce pain et ce vin, nous les recevons comme du pain et du vin qui ont été changés : ils ne sont plus seulement le pain et le vin ordinaires de nos repas. Comment parler de ce changement ? Plutôt que d’utiliser le grand mot de « transsubstantiation », référons-nous plus modestement à un théologien du 2e siècle, un « Père de l’Église », saint Justin. Celui-ci parle des « dons sur lesquels a été prononcée l’action de grâces », littéralement « les dons qui ont été eucharistiés », le pain et le vin pris et changés dans la prière « eucharistique », la « prière d’action de grâce » : « Ils sont entrés dans un nouveau système de relations qui s'appelle l'histoire du salut », commente le P. Bernard Sesboüé (5). Une autre façon de parler du changement eucharistique consiste à faire référence aux paroles d’offrande du pain et du vin : ils sont, dit le prêtre à l’offertoire, « fruits de la terre et du travail des hommes ». En paraphrasant ces mots, nous pouvons dire que le pain et le vin eucharistiés sont fruits de la terre et du travail du Christ en sa passion. Je prends ici le mot travail dans le sens qu’il a lorsqu’on parle du « travail » de l’accouchement, de la « table de travail »... Et il s’agit bien ici d’une « nouvelle naissance » dans l’Esprit, comme celle dont parle Jésus à Nicodème. Revenons une fois encore au dialogue dans la synagogue de Capharnaüm. Au début de la scène, Jésus, voyant une foule accourir à la suite du miracle de la multiplication des pains, dit : « Vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés, dit Jésus. Travaillez non pour la nourriture qui se perd, mais pour la 5) Pour une théologie œcuménique, Cerf, 1990, p. 219. 11 nourriture qui demeure en vie éternelle » (Jean 6, 26-27). Ce travail, nous croyons que Jésus l’a effectué dans sa Passion et que son Père l’a parfait en lui donnant la Résurrection. Pour lui, mais aussi « pour nous les hommes et pour notre salut ». Le pain et le vin ont été changés. Nous aussi qui les recevons, nous sommes changés. Ce qu’exprime fortement la deuxième épiclèse, celle qui se place dans les prières suivant le récit de l’institution. Nous y demandons au Père qu’il envoie son Esprit sur le peuple : « Accorde à tous ceux qui vont partager ce pain et boire à cette coupe d’être rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps » (prière eucharistique IV). Saint Paul affirme avec force la réalité de ce changement : « La coupe de bénédiction que nous bénissons n’estelle pas une communion au sang du Christ ? Le pain que nous mangeons n’est-il pas une communion au corps du Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps ; car tous nous participons à cet unique pain » (1 Corinthiens 10,16-17). Les implications du changement eucharistique dans le peuple chrétien sont immenses. Ceux qui, nourris d’un même corps, sont devenus membres du corps du Christ, ne peuvent se replier dans une vie centrée sur eux-mêmes, ni refuser de vivre la solidarité : le pain partagé fait de nous le peuple du partage. Michel Souchon, s.j. Extrait avec autorisation de Croire Aujourd’hui Hors Série N° 3- « La Foi en questions » Ed. Bayard 12 DONS A L’ŒUVRE DES CAMPAGNES Les dons à l’Œuvre des Campagnes ouvrent droit à une réduction d’impôt égale à 66 % du montant du don (dans la limite de 20 % du revenu imposable). Les entreprises peuvent prétendre à une déduction, de leur bénéfice imposable, du montant de leurs versements, dans la limite de 0,5 % de leur chiffre d’affaires. Vous pouvez, si vous le désirez, joindre le formulaire ci-après à votre envoi à votre délégué ou au siège de l’Œuvre à Paris, 2, rue de la Planche, 75007 Paris. E-mail : œ[email protected] Nous regrettons de ne pouvoir tenir compte de dates précises pour la célébration des messes. Nous prions nos associés d’établir tous leurs envois d’argent : mandats, chèques postaux, chèques bancaires, au nom impersonnel de l’Œuvre des Campagnes. ✂ J’envoie à l’Œuvre des Campagnes un don de Je règle ma cotisation annuelle (3 € minimum) Je règle mon abonnement annuel (5 €) Je règle mon abonnement de soutien (8 € voire davantage) Je demande la célébration de messes Messe : 16 € Neuvaine : 175 € Trentain : 580 € Total ............ ............ ............ ............ } € € € € ............ € ............ € Date : ......................................................................................................... Nom : ......................................................................................................... Prénom : ......................................................................................................... Adresse : ......................................................................................................... ........................................................................................................................... Adresse e-mail :............................................................................................... Moyen de paiement : chèque bancaire □ chèque postal □ Pour obtenir un reçu à usage fiscal pour le don, cochez ici □ NB : Les offrandes de messes n’ouvrent pas droit à la réduction d’impôt. 13 « Certaines personnes ou Associations de laïcs s’appliquent aussi à aider les prêtres isolés et pauvres, comme l’Œuvre des Campagnes. C’est très louable. » Jean-Paul II Ars, le 6 octobre 1986 PAR DES DONS ET DES LEGS, AIDEZ L’ŒUVRE DES CAMPAGNES A SECOURIR LES PRÊTRES DÉMUNIS. LEGS ET DONATIONS L’Œuvre des Campagnes est autorisée à recevoir legs et donations en exonération de droits. Pour le testateur, le plus simple est d’inscrire dans son testament une formule du genre : « Je lègue à l’Œuvre des Campagnes, 2, rue de La Planche, à Paris 7e, une somme de ................... € (en toutes lettres puis en chiffres) pour venir en aide à des prêtres dans le besoin. » Rappelons qu’un testament dit olographe est rédigé sur papier libre ; il doit être entièrement écrit, daté et signé de la main du testateur qui peut le conserver en lieu sûr ou, ce qui est préférable, le remettre à un notaire. Le dépôt et la conservation par le notaire sont gratuits. www.oeuvredescampagnes.fr L’Œuvre des Campagnes se modernise. Vous pouvez désormais accéder à toutes les informations concernant l’Œuvre sur notre site internet et dont l’adresse figure ci-dessus. Vous pourrez ainsi consulter les derniers bulletins, vous inscrire ou inscrire en ligne un de vos proches en utilisant le formulaire d’inscription. Enfin, vous pourrez désormais faire vos dons en ligne. Pour cela, il suffit de cliquer sur le bouton : Faire un don qui se trouve sur chacune des pages du site. Ce moyen de paiement est entièrement sécurisé : il n’y a aucun risque de détournement de votre don ni de vos informations personnelles et bancaires. Si vous souhaitez nous apporter vos commentaires et vos remarques, merci de nous les adresser par mail à : [email protected] Nous en profitons pour vous signaler que notre ancienne adresse [email protected] n’est plus valide. 14 Nos amis défunts NANTES : Madame FLEITOUR, notre déléguée, démissionnaire pour raison de santé, qui n’avait pas trouvé de remplaçante. Nous n’oublierons pas sa joie de vivre et son dévouement. Madame Odile BOUCHAUD. E Nouvelles des diocèses DIJON : Notre Conseiller ecclésiastique l’abbé François TOUVET a été remplacé dans cette fonction par l’abbé Éric MILLOT à qui nous souhaitons la bienvenue. 15 Les livres Par Marie-Annick de la Genardière Veuillez noter que, désormais, nous ne prendrons plus en charge vos demandes de livres. Merci de passer vos commandes : • soit à votre libraire local ; • soit à LA PROCURE (ventes par correspondance) : 1, route de Creil 60552 Chantilly Cedex Tél. : 03 44 67 38 00. Erratum : Monique de Savignac nous signale que son livre « Peintures d’églises à Paris au XVIIIe siècle » est en vente à 20 € chez l’auteur et non à 40 € comme indiqué précédemment. JE SUIS AVEC VOUS TOUS LES JOURS Méditations et fioretti sur l’Eucharistie L’AMI DU PRINCE Journal inédit d’Alfred de Gramont (1892-1915) Louis-Marie Boivineau Texte présenté par Éric Mension-Rigau Lethielleux 110 p. - 9 € Fayard 718 p. - 30 € Ce petit ouvrage original par sa forme est l’œuvre d’un laïc lié au Renouveau Charismatique. Il se compose de 3 parties : la première est consacrée à 25 prières de l’auteur en forme de poèmes, la seconde nous propose quelques réflexions de papes ou de saints sur l’adoration et enfin une troisième partie plus fournie rassemble des fioretti de provenance très variée mais tous en rapport avec le culte eucharistique. Ce petit livre sans prétention et d’une lecture très facile, s’inscrit dans le cadre du renouveau que connaît en France l’adoration eucharistique à l’initiative des papes Jean-Paul II et Benoît XVI. Loin des grandes réflexions théologiques, il s’adresse dans sa fraîcheur et sa simplicité à cette âme d’enfant que le Seigneur demande à chacun de nous pour avoir part au Royaume des Cieux... Alfred de Gramont vécut à cheval sur le XIXe siècle finissant et sur le début du XXe. Le monde qu’il décrit est celui de Proust : en effet, son appartenance à l’antique famille des Gramont comme ses fonctions dans le service d’honneur du duc d’Orléans lui permettent d’approcher un certain nombre de têtes couronnées et de fréquenter beaucoup de ces grands seigneurs mondains et fastueux qui constituent la « haute société » de l’époque. Son journal constitue un remarquable témoignage sur une société finissante qui va sombrer avec la guerre de 14 mais qui brille encore de mille feux. Nous croisons ainsi au long des pages de grands noms de France qui cherchent par des alliances fortunées dans la banque et l’industrie à redorer leur blason et à assurer la continuité d’un 16 train de vie déjà mis à mal par la pression des impôts... Sans illusion sur le prétendant à la Couronne de France qu’il sert néanmoins avec une fidélité à toute épreuve à travers les multiples intrigues de la cour de ce prince exilé, sans illusion également sur les chances d’un parti royaliste mesquin et divisé, le narrateur garde son indépendance de jugement et pressent sans trop d’amertume qu’il se dévoue à une cause perdue... L’aveu de ses désillusions politiques et ses malheurs familiaux nous le rendent profondément humain et sympathique... Ce journal inédit, truffé de noms connus dont beaucoup ont servi ou continuent à servir l’Œuvre des Campagnes, comblera par la précision de ses annotations le lecteur érudit soucieux de pénétrer cet univers proustien à l’apparence flamboyante, si proche et si éloigné à la fois de celui de notre XXIe siècle... L’ASSASSINAT D’HENRI IV Mystères d’un crime Jean-Christian Petitfils Perrin 330 p. - 20,90 € Beaucoup d’écrivains se sont penchés depuis les faits sur le mystérieux assassinat d’Henri IV à Paris le 14 mai 1610 par le nommé Ravaillac. Plusieurs thèses ont été avancées sans qu’aucune n’ait vraiment prévalu... Historien réputé, JeanChristian Petitfils reprend l’ensemble du dossier. Il enquête à la fois sur les faits, le climat politique de l’époque et sur la personnalité de l’assassin et de sa victime. Celui-ci a-t-il agi seul, influencé par des prêches incendiaires ou sciemment télécommandé à son insu ou au contraire faisait-il partie d’un complot et avait-il été bel et bien recruté pour cette sinistre mission et par qui ? Ils étaient en effet nombreux ceux qui pouvaient souhaiter la disparition du roi !... On trouve pêle-mêle un mari jaloux, une favorite évincée, des grandes puissances inquiètes à l’idée d’une nouvelle guerre, des représentants de l’Église catholique qui n’ont jamais vraiment accepté ce roi parjure, et pourquoi pas, Marie de Medicis ellemême, ulcérée des perpétuelles infidélités de son époux... S’appuyant sur le contexte historique de l’évènement et une nombreuse documentation d’archives, l’auteur propose une nouvelle piste pour éclairer une des grandes énigmes de l’histoire de France. C’est une véritable enquête policière qu’il nous propose en faisant revivre pour notre bonheur la France de l’époque d’une manière à la fois vivante et érudite. MOINE DES CITÉS De Wall Street aux quartiers Nord de Marseille Henry Quinson Nouvelle Cité 222 p. - 22 € Henry Quinson qui fut le conseiller ecclésiastique du réalisateur du film « Des hommes et des dieux » nous raconte dans ce livre son étonnant parcours... Jeune banquier français élevé aux USA dans une famille aisée, il décide un beau jour de démissionner pour rejoindre le monastère cistercien de Tamié en Savoie... Il se trouve là-bas en contact avec les moines de Tibhirine dont le prieuré est en relation avec son monastère... Petit à petit se creuse en lui le désir d’aller vivre dans une de ces cités de banlieue où coexistent pour le meilleur et pour le pire des habitants d’origine étran- 17 gère et de religions différentes avec une présence très forte de l’Islam... Après une quête méticuleuse des différentes organisations existantes qui ne correspondent jamais tout à fait à son projet, il se lance dans la fondation de la « Fraternité SaintPaul », petite communauté de prière et de travail installée dans une cité HLM des quartiers-Nord de Marseille... C’est le quotidien dépaysant de ce voisinage qu’il nous présente, la difficile cohabitation entre chrétiens et musulmans, riches et pauvres, enfants et adultes... Petit à petit les barrières des préjugés tombent, notamment grâce au soutien scolaire qui constitue le pilier de la mission de la petite communauté, et une véritable amitié voit le jour pour le bonheur de tous... Ce livre est un ardent plaidoyer pour un « nouveau monachisme » au cœur de la ville, qui a démarré dans les années 90 avec entre autres les célèbres « Franciscains du Bronx » et nous propose enfin une amorce de solution pour répondre à la fameuse « crise des banlieues » qui fait la une de l’actualité… LES NAUFRAGÉS DE L’ILE TROMELIN Irène Frain Michel Lafon 374 p. - 20 € S’inspirant de faits réels mis au jour par Max Guérout, un spécialiste d’archéologie navale, la romancière à succès qu’est Irène Frain nous entraîne dans une aventure à la Robinson Crusoë où s’illustre pour notre fierté nationale un gentilhomme pyrénéen nommé Castellan... Nous sommes en 1761, un navire français « L’Utile » qui transportait une cargaison clandestine d’esclaves 18 fait naufrage sur la côte d’un minuscule ilôt, mal répertorié sur les cartes au large de Madagascar dans l’Océan Indien... Le capitaine du bateau dont l’incapacité a provoqué la catastrophe semblant y avoir perdu l’esprit, c’est son second, Castellan, qui organise la survie des rescapés ; ceux-ci comptent aussi bien des blancs de l’équipage que des esclaves noirs de la cale dont la cohabitation ne va pas sans méfiance réciproque... S’ils échappent à la tragédie de la solitude, leurs conditions de confort dans l’île sont bien éloignées de celles de Robinson... Les provisions récupérées sont vite épuisées et il leur faut de toute urgence trouver de l’eau en creusant un puits... Pas d’arbre et quasiment pas de végétation sur ce morceau de corail rongé par les tempêtes mais heureusement un grand nombre d’oiseaux de mer qui fourniront le quotidien de la nourriture. Sous la direction avisée de Castellan, les naufragés réussissent à construire avec les moyens du bord une barque pour s’enfuir. Comme cette embarcation de fortune n’est pas assez grande, seuls les blancs montent à bord en jurant solennellement de revenir chercher les noirs... Arrivés à bon port à Madagascar, Castellan et ses passagers ne parviendront jamais malgré leurs efforts à obtenir l’organisation d’une expédition de secours : ces esclaves noirs survivants, dérangeants et qui n’intéressent personne sont abandonnés à leur triste sort... Quinze ans plus tard, Tromelin retrouvera huit survivants sur l’île qui porte désormais son nom, sept femmes et un bébé... leur survie restera toujours mystérieuse. Cette histoire contribua par l’indignation qu’elle suscita à pousser Condorcet à entreprendre son long combat pour l’abolition de l’esclavage... Elle a fourni à Irène Frain le sujet d’un livre d’aventures aussi dépaysant que passionnant dominé par le personnage charismatique de Castellan, qui rachète à lui seul le comportement peu édifiant de nos compatriotes de l’époque... Cet ouvrage, très pudique, a l’avantage de pouvoir être mis entre les mains d’adolescents... LES MAINS DU MIRACLE Joseph Kessel A Vue d’Œil 454 p. - 23 € Réédition uniquement vendue par correspondance chez l’éditeur : 27 avenue de la Constellation, BP 78264 Cergy 95801 Cergy Pontoise Cedex. Beaucoup d’entre nous qui avions eu la chance de lire ce passionnant récit de Joseph Kessel, paru dans les années 60 et disparu depuis des rayons des librairies se réjouiront de le voir réédité pour le bonheur et l’instruction des jeunes générations... Le grand reporter que fut Kessel se penche dans cet ouvrage sur une période noire de l’Histoire de l’Allemagne, le Reich nazi. C’est avec le scandale de la Shoah un thème souvent traité par les historiens, récits de survivants et romanciers de tout poil qui tentent sans succès de comprendre comment un peuple civilisé a pu en arriver là... Le mérite de Kessel est d’aborder ce sujet d’une manière totalement originale à travers l’histoire authentique du Dr Kersten. De nationalité hollandaise, ce médecin s’était spécialisé dans le massage médical. Il avait reçu des cours d’un masseur thibétain qui l’avait initié à des pratiques incon- nues en Occident mais particulièrement efficaces. Devenu célèbre dès avant la seconde guerre mondiale, Kersten devient à la demande de celui-ci, le médecin particulier de Himmler, le puissant et redoutable chef de la Gestapo, bras droit de Hitler. Himmler souffrait d’intolérables douleurs que seul Kersten parvenait à apaiser... Utilisant ce pouvoir miraculeux qu’il détient pendant le court moment où son patient n’est plus qu’un pauvre homme qui souffre, le médecin réussit, souvent au péril de sa vie, à arracher de nombreuses victimes aux bourreaux de la Gestapo et des SS... A travers son incroyable aventure, nous pénétrons dans cet univers de folie qu’était le Reich allemand finissant... et nous constatons une fois de plus que les pires individus sont capables dans des circonstances favorables de faire preuve d’un peu d’humanité. Sans doute le parti-pris de l’auteur de refuser tout manichéisme partisan a-t-il valu à cet ouvrage d’avoir attendu si longtemps une réédition... Félicitons-nous de l’initiative d’un petit éditeur courageux et faisons lire ce récit aux jeunes qui n’auront eu sur cette période que les éclairages convenus et politiquement corrects de leurs livres d’Histoire... ANSELM GRÜN, UNE SAGESSE POUR TOUS Freddy Derwahl Albin Michel 254 p. - 18 € Qui n’a pas eu un jour entre les mains un des 300 petits traités de spiritualité souriante du moine bénédictin allemand Anselm Grün ? Pour tous ceux qui ont apprécié « L’art de bien vieillir » ou « Petit traité de spiritualité au quotidien », deux de ses 19 best-sellers, Freddy Derwahl retrace le parcours original de ce moine hors du commun. Né en 1945, au moment de l’effondrement du régime nazi, Willi Grün grandit dans une famille de 7 enfants de la petite bourgeoisie bavaroise de tradition fortement catholique : un oncle et deux tantes sont déjà dans les ordres... Très tôt, il entend l’appel à la vie monastique et entre au couvent au nom bien allemand de Münsterschwarzach auquel il appartient encore aujourd’hui... Le noviciat du jeune homme en pleine période conciliaire et postconciliaire se déroule dans un climat de rébellion générale : ils sont nombreux ceux qui quittent alors les ordres, y compris parmi les responsables de l’abbaye... Willi qui a pris le nom monastique d’Anselm fonde avec son cousin et quelques amis un groupe de réflexion pour comprendre la raison de tous ces départs et tenter d’y remédier... Il est aidé dans cette tâche par la redécouverte des Pères de l’Église d’une part et par l’étude de la psychanalyse jungienne d’autre part. Passionné de lecture et extrêmement érudit, Anselm va être rapidement amené à faire profiter le maximum de personnes de ses découvertes et réflexions. Nommé cellerier de son énorme couvent de 90 moines qui compte aussi un lycée et des fermes, il n’a de cesse de moderniser et de rentabiliser ce Cluny allemand, fondant dans son enceinte « Recollectio » une maison pour recevoir ecclésiastiques et religieux en difficulté qui sont pris en charge par des pères spirituels et des psychothérapeutes spécialement formés. Agé aujourd’hui de 65 ans, moine heureux dans sa vocation, Anselm 20 n’entend pas ralentir le rythme d’une vie qui l’entraîne à travers le monde pour de multiples prestations et conférences... Une biographie passionnante qui donne envie de mieux connaître la pensée et les écrits de ce compatriote de Benoît XVI !... DOUZE FEMMES QUI SOULÈVENT LE MONDE Annick Lacroix Albin Michel 234 p. - 17 € Annick Lacroix, grand reporter dans la presse féminine nous présente douze femmes exceptionnelles que son métier lui a donné de rencontrer et de suivre... Ces douze femmes très différentes ont en commun d’avoir été un jour « brûlées » au cœur par une injustice, la détresse d’une personne rencontrée ou par leur propre passé de souffrance... Loin d’en rester à une émotion passagère comme nous faisons tous, elles se sont lancées dans l’action avec audace pour rendre notre monde un peu plus humain... Nous croisons ainsi une Libanaise préoccupée par le sort des enfants handicapés de son pays entre deux guerres, une expatriée suisse en Côte d’Ivoire qui va consacrer sa vie aux malades du sida, très nombreux dans ce pays, une jeune Colombienne des bidonvilles de Bogota qui met sur pied un programme de scolarisation pour les enfants des rues, une ancienne enfant martyre qui se bat avec son association « L’enfant bleu » (bleu de coups !...) contre le silence complice de la société toute entière... et quelques autres, toutes aussi convaincues et dévouées... Leurs actions se situent souvent à l’opposé de celles entreprises par les grandes ONG, mais, conçues sur le terrain avec la participation des gens du cru et une grande économie de moyens, leurs résultats sont impressionnants même s’ils ne constituent qu’une goutte d’eau dans la mer et n’échappent pas à une certaine fragilité dans des pays à risques... Cette lecture redonne envie de croire en la bonté de l’homme et démontre la force d’un idéal qu’il soit explicitement ou non sous-tendu par des croyances religieuses... A notre époque si sensible à « l’humanitaire », ce livre édifiant peut être lu avec profit par nos grands adolescents. SAINT-ANTOINE DE PADOUE Neuvaine pour la protection des distraits et des affligés P. Bernard-Marie, o.f.s. Salvator 44 p. - 3,50 € Beaucoup d’entre nous ont déjà eu recours à l’intercession de Saint Antoine de Padoue lors de la perte d’un objet et ont été exaucés. Cette fois, c’est à une découverte plus approfondie de ce grand saint et à une prière développée sur 9 jours que nous convie le P. BernardMarie... Né le 15 août 1195 à Lisbonne, le jeune Fernando de Bulôes, de son nom d’état civil, est ordonné prêtre après 10 années passées chez les moines augustiniens. En 1220, très impressionné par le martyre en terre infidèle de 5 frères mineurs, il rejoint l’ordre franciscain à l’ermitage de Saint Antoine d’Olivares dont il prend le nom. Après un essai de mission au Maroc et un naufrage sur les côtes de Sicile, il se rend à Assise auprès de Saint François pour le chapitre général de Pentecôte où l’on découvre son éloquence et sa ferveur extraordinaire qui sont remarquées par le pape Grégoire IX lui-même... Il meurt à 36 ans le vendredi 13 juin après avoir passé 7 ans comme provincial de son ordre à Padoue en Italie du Nord, séjour dont lui est restée l’appellation de Saint Antoine de Padoue. Notre saint est souvent représenté avec un lys, symbole de pureté et un enfant Jésus assis sur un livre... Il s’agit du rappel d’un événement miraculeux observé par un de ses contemporains qui entrevit cette scène une nuit par accident... Dans une vive lumière, Jésus enfant était assis sur le livre d’heures du saint qui le caressait. On attribuait déjà à Saint Antoine 44 miracles quand il fut canonisé en 1232 par son ami le pape Grégoire IX. Il n’a cessé d’en faire depuis... aussi n’hésitons pas à lui adresser cette neuvaine en la terminant de préférence le 13 juin et dans une église où est révérée sa statue ! POIDS-PLUME Mon enfant prématuré Du handicap à l’essentiel Anne Leyrisset L’apart 220 p. - 15 € Ce titre attendrissant est celui du témoignage émouvant d’une jeune maman d’enfant grand prématuré... Depuis la naissance de Claire dont le pronostic de vie est alors très faible, jusqu’à l’adolescence où l’amour et la persévérance de ses parents et particulièrement de sa mère l’ont amenée, nous suivons les étapes de ce sauvetage sans cesse recommencé malgré l’incompréhension de certaines structures médicales, le rejet du handicap de beaucoup d’institutions et surtout les lésions définitives 21 provoquées par une naissance trop prématurée... Claire, malgré tous les efforts ne marchera pas, elle devra renoncer à aller à l’école à l’extérieur parce que le moindre rhume peut devenir mortel pour elle. Ses parents doivent petit à petit faire le deuil de leurs projets sur elle pour accepter leur fille telle qu’elle est en admirant ce qu’elle possède, un grand courage et un grand cœur et en « oubliant » tout ce qui ne fonctionne pas selon les critères de la normalité. L’ouvrage, plein d’espérance, est complété par une réflexion de spécialiste sur la prématurité et ses problèmes. Il touchera particulièrement celles d’entre nous qui sont mères ou grand-mères et constitue un bel hymne à la vie... UN PRINCE FRANÇAIS Entretiens avec Fabrice Madouas Jean de France Pygmalion 238 p. - 19,50 € Descendant de Saint Louis, François Ier et Henri IV, le prince Jean appartient à cette famille des Capétiens qui a régné pendant 9 siècles sur la France... Il se situe au fil de ces entretiens en éventuel prétendant pour une monarchie constitutionnelle inspirée de celle de son aïeul Louis-Philippe... Le Prince commence par évoquer son enfance et sa jeunesse marquées par la présence d’un frère et d’une sœur handicapés qui ont été pour lui « une leçon de vie »... Puis, après avoir pris dans un premier temps la défense de cette dynastie capétienne qui a construit la France et réfuté au passage beaucoup d’idées reçues sur l’Ancien Régime dont fourmillent, hélas, les manuels d’Histoire de nos enfants, le 22 Prince Jean nous expose sa pensée sur la manière dont il envisage le gouvernement de notre pays. On découvre alors un prince moderne très formé sur le plan politique, en grande partie par son grand-père le défunt comte de Paris, et qui n’a pas peur de se définir comme « prince français et prince chrétien »... La pensée politique du Prince Jean est en effet nettement inspirée du magistère des papes, comme eux il place l’homme au cœur de sa réflexion, et se réfère explicitement aux racines chrétiennes de la France... Il voit dans l’élection au suffrage universel du chef de l’état et dans la brièveté de son mandat les causes de son inefficacité à affronter valablement les problèmes et y oppose la continuité dynastique... L’Europe, telle que nous la connaissons, n’a pas non plus son approbation, entraînant de son point de vue une perte grave de souveraineté pour notre pays... il plaide en effet pour le principe de subsidiarité qui consiste à donner aux petites communautés naturelles : famille, entreprise, association, province ou région, le maximum de pouvoir de décision, ces structures étant plus à même de faire face efficacement aux problèmes. Pour le moment, le Prince se contente de proposer ses idées, notamment à travers son association « Gens de France ». Brûlant de servir son pays, il ne nie pas toutefois la possibilité d’un engagement politique plus précis à l’avenir... Qu’on soit ou non monarchiste, son ouvrage a le mérite non seulement de nous faire mieux connaître un jeune prince convaincu et attachant mais aussi d’apporter un regard chrétien et souvent neuf sur beaucoup de questions contemporaines. JÉSUS DE NAZARETH De l’entrée à Jérusalem à la Résurrection Joseph Ratzinger-Benoît XVI Éditions du Rocher 350 p. - 22 € Cet ouvrage, à la différence du dernier livre d’entretiens publié par notre Saint-Père ne s’adresse pas au tout-venant. Il fait suite à un premier tome sur la vie de Jésus qui était plutôt d’un abord plus facile. Comme il l’a, semble-t-il, laissé entendre dans l’intitulé, il s’agit plus de l’œuvre du théologien Joseph Ratzinger que du pape Benoît XVI... Je n’aurai pas la prétention d’analyser le contenu de cet ouvrage extrêmement érudit, de plus compétents l’ont fait et l’on nous annonce d’ailleurs la sortie prochaine d’un guide de lecture, mais je voudrais donner quelques conseils au lecteur non spécialiste en théologie. Il faut lire ce livre en se laissant porter par l’élan du texte, souvent magnifique, comme l’on ferait pour une lecture continue de la Sainte Écriture... et surtout éviter de s’arrêter sur un mot ou un passage que l’on ne comprend pas : le lecteur qui cherche à tout moment une référence dans sa Bible ou une définition dans son dictionnaire de théologie n’avance pas, perd le fil de la pensée de l’auteur, et se décourage. Certains passages comme le lavement des pieds sont lumineux, d’autres où notre Saint Père confronte les opinions de grands exégètes allemands contemporains aux noms aussi imprononçables qu’inconnus pour le lecteur moyen non germaniste, constituent de sérieuses pierres d’achoppement... Si l’on a le courage de l’affronter, on ressort de la lecture de cet ouvrage avec une vision plus éclairée de ces derniers moments de la vie du Christ et plus à même de répondre aux objections qui courent, y compris chez les chrétiens, sur le Mystère de la Rédemption et sur la Résurrection de Notre-Seigneur... Enfin, on aura répondu à la demande réitérée de nos derniers papes de se former pour mieux faire face à l’incroyance de notre époque. Il est d’autre part recommandé de garder cet ouvrage en bonne place dans sa bibliothèque pour y revenir à l’occasion afin d’approfondir un passage précis... M. A. de la Genardière Deux BD pour mieux croire et mieux aider à croire : LE MYSTÈRE DU SOLEIL FROID (TOME I) UN OS DANS L’ÉVOLUTION (TOME II) Brunor Éd. du Jubilé. Dif. Hachette Chaque exemplaire : 48 p. - 13 € Vanter des BD dans un bulletin sérieux, drôle d’idée, n’est-ce pas ?... Mais les BD de Brunor ont d’abord paru en feuilleton dans « France catholique », hebdomadaire assez austère et qui mérite pleinement son titre. Car Brunor veut montrer qu’il y a, aujourd’hui plus que jamais, de bonnes raisons de croire en Dieu, de croire au Dieu de la Bible. Il sait combien les jeunes qui dans l’enfance ont entendu raconter « l’Histoire sainte » peuvent être bouleversés lorsqu’ils reçoivent de leurs professeurs un enseignement qui, au nom de la science, semble pulvériser l’histoire de l’humanité racontée par la Genèse. Pour peu que personne ne réponde à leurs questions, ils ont vite fait de « plaquer » une religion qui leur semble fondée sur un mythe. 23 Or Brunor prend la science au sérieux, la Bible, dit-il, est en cohérence avec l’univers réel... et l’a été avec 2 500 ans d’avance. La BD n° 1 s’appelle : « Le mystère du soleil froid », la seconde : « Un os dans l’évolution » : Deux titres accrocheurs, qui intriguent et que l’on comprend peu à peu. On apprend dans l’une que l’univers n’a pas toujours existé et qu’il n’est pas éternel... et dans l’autre que ce qui fait l’évolution du vivant n’est pas le hasard mais l’information... l’information qui suppose une INTELLIGENCE, c’est-à-dire DIEU... mais non pas « un dieu ». On peut aimer ou ne pas aimer les dessins caricaturaux de Brunor. Ce qui est certain, c’est qu’ils sont efficaces, par exemple le minuscule bonhomme qui figure le peuple hébreu... 24 Ou, interrogé à la télévision, le savant en tenue blanche qui, lorsqu’il parle de la science, garde sa blouse mais l’enlève s’il doit tenter de répondre à une question philosophique, montrant ainsi qu’il y a deux modes de pensée qui peuvent se rejoindre. Quel bon cadeau à faire pour des confirmations ou des anniversaires à partir de 12 ans ! Mais les grandsparents peuvent, eux aussi, prendre plaisir à lire Brunor. Derrière les plaisanteries, ils trouveront des questions... Et des RÉPONSES fort nécessaires aujourd’hui. M. Madeleine Martinie (qui a été pendant 20 ans catéchiste en classe de 1re et qui regrette de ne pas avoir eu un pareil outil de travail. Elle a offert les BD à plusieurs de ses petits-enfants). Liste des délégués AGEN : Mlle Anne-Marie Muller, Cazabeth, 47270 St Romain le Noble. AIRE ET DAX : M. Gérard de La Tousche, « Lavielle », 256 route de Tyrosse, 40300 Pey. AIX : Mme R. de Roux, Domaine de l’Attilon, 13104 Mas Thibert. AJACCIO : Mme de La Picquelière-Gandolfi, « Le Belvédère », Village Haut, 20620 Biguglia. ALBI : M. Xavier de Boisséson, « La Poussarié », 81490 Noailhac AMIENS : M. Arnaud de Monclin, 8 Grand’ Rue, 80160 Courcelles sous Thoix. ANGERS : Mme de Livonnière, Le Val d’Or, 7 place Maréchal Juin, 49240 Avrillé. ANGOULÊME : M. Jacques Coupillaud, La Vergne, rue Victor-Hugo, 16450 St Claud. ANNECY : Pas de délégué. ARRAS : Mme Hervé de la Bretesche, 62770 Willeman. AUCH : Pas de délégué. AUTUN : Mme G. Colmant, Les Vieilles-Pierres, 13 place Saint-Julien, 71240 Sennecey le Grand. AVIGNON : Mme Uzac-Saint Martin, Chemin du Long Pont – 84800 Lagnes BAYEUX : M. Patrick d’Aubigny, 2 rue François-Couperin, 92400 Courbevoie et Château d’Aubigny, 14700 Aubigny. BAYONNE : Général et Mme Michel Clavery, Olmathory, 7, allée Leventenia, 64500 Ciboure. BEAUVAIS : Mme de Kersaint, 110 rue Charles de Gaulle, 60440 Versigny et Mme Denis Harlé d’Ophove, Château du Marais, 60710 Chevrières BELLEY : M. Louis-Jacques Le Seigneur, Evêché, 31, rue du DocteurNodet, BP 154, 01004 Bourg en Bresse Cedex. BESANÇON : Mlle Geneviève Faivre, 25440 Chay. BLOIS : Mme Antoine Heurteau, Cigonneau, 41320 Maray. BORDEAUX : Pas de délégué. BOURGES : Pour l’Indre : Mme François Chombart de Lauwe, 6, place StGermain-des-Prés, 75006 Paris et Prieuré de N.D. de Longefont, 36800 Oulches. Pour le Cher : Mme Christian de La Rochefoucauld, Les Souillats, 18600 Mornay sur Allier. CAHORS : Pas de délégué. CAMBRAI : M. François Duverger, 14, rue des Pochonnets, 59400 Cambrai. 25 CARCASSONNE : Mme Jacques de Saint-Exupéry, Domaine de PechCéleyran, 11110 Salles d’Aude. CHALONS : Voir Reims. CHAMBÉRY : Mlle Caroline Suchon, B.P. 107, 2 place Cardinal Garrone, 73001 Chambéry Cedex. CHARTRES : Mme Masson, 14 rue Saint Pierre, 28000 Chartres CLERMONT-FERRAND : M. Calixte de Montmorin, château de La Barge, 63120 Courpière. CORBEIL : Pas de délégué. COUTANCES : Mme Patrick de Septenville, château de La Foulerie, 50870 Plomb. CRÉTEIL : Pas de délégué. DIGNE : M. Maxime Duquennoy, B.P. 67, Evêché, 13 rue Paul Martin, 04002 Digne Cedex. DIJON : Mme Henri Darcy, 4, rue Fabert, 75007 Paris et Beauregard, 21460 Thoste. ÉVREUX : Mme Raynaud de Lage, 9, place Dupont-de-l’Eure, 27000 Evreux. FREÉJUS et TOULON : voir Toulon. GAP : Pas de délégué. GRENOBLE : Mme Brigitte Decaux, 1073 impasse des Cèdres, 38330 Montbonnot St Martin et Mme Chantal Cognet, 956 chemin des Arriots, 38330 Biviers. LANGRES : Mme Marie-Thérèse Borsuk, 3 rue Dehut, 52000 Verbiesles. LA ROCHELLE : Mme Edith Gala, 10 rue Clair Logis, 17100 Saintes. LAVAL : Mme de Vaujuas, Villiers, 53410 Launay Villiers. LE HAVRE : Pas de délégué. LE MANS : Mme Roger Huyghues-Despointes, 1, rue Pierre-Legrand, 75008 Paris et Le Paty 72500 Chenu. LE PUY : Mme Jean Grenier de Ruère, Censac, 43230 Paulhaguet. LILLE : Mme Philippe Lambert, 20, rue Gustave-Charpentier, 59170 Croix. LIMOGES : Mlle de Certeau, 23250 La Chapelle St Martial. LUÇON : Mlle Elisabeth Perruchot, 41B Résidence Léopold, 74 bd des Belges, 85000 La Roche sur Yon. LYON : Mme Nicolas de Perthuis, 31, montée de Carrouges, 01500 Ambutrix. MARSEILLE : Pas de délégué. MEAUX : M. Jacques Richez, 4 place d’Armes 77300 Fontainebleau. 26 MENDE : Mme Arnaud Azaïs, 110 bis avenue de Suffren, 75015 Paris et Le Moulin de La Baume, 481400 Marvejols. METZ : Pas de délégué. MONTAUBAN : Général Jean-Pierre Petit, Trauquebise, 82600 Savenes. MONTPELLIER : M. Jean Delbez, 18, rue Saint-Guilhem, 34000 Montpellier. MOULINS : Mme Camille de La Serre, Château d’Orvalet, 03230 Lusigny. NANCY : Mme Monique Briguet, - 6 rue du Dr Levy, 54500 Vandœuvre les Nancy et Mme Marie-Agnès Gendre, 14 rue Albert 1er, 54500 Vandœuvre les Nancy. NANTERRE : Pas de délégué. NANTES : Pas de délégué. NEVERS : Mme Bruno de Soos, Chalvron, 58190 St Aubin des Chaumes. NICE : Pas de délégué. NIMES : M. Pierre Daudé, Résidence l’Argensol, 26 a Boulevard Gambetta, 30100 Alès ORLÉANS : M. Cyril Duval, 9 boulevard de la Motte Sanguin, 45000 Orléans PAMIERS : Pas de délégué. PÉRIGUEUX : Mme Maggy de Sevin, 50 rue Gambetta, 24000 Perigueux. PERPIGNAN : Mme Daubin, 1, rue Joachim-du-Bellay, 66000 Perpignan et 14 boulevard de la Mer 66700 Argelès Plage. POITIERS : M. Henri de Stabenrath, 6 rue Gaston Hulin, 86000 Poitiers PONTOISE : M. et Mme Jacques de Maistre, Château de Guiry, 19 rue St Nicolas, 95450 Guiry en Vexin. QUIMPER : Mme de La Villemarqué, Kéransker, 29300 Quimperlé et 5 ter, rue Dosne, 75116 Paris. REIMS : Mme François de Varine-Bohan, château de Morainville, 28700 Auneau. RENNES : Mme Yves Vatar, Le Tertre des Bouillants, 35770 Vern sur Seiche. RODEZ : Mme J.-C. Ayrignac, Cornelach, 12330 Salles La Source. ROUEN : Mme E. Costa de Beauregard, 24, rue du Château, 76590 Sainte Foy et 11 rue Charles Tellier, 75016 Paris. SAINT-BRIEUC : Mme Philippe de Sainte-Foy, « Le Gollot », 22810 Plouvenez Moëdec. SAINT-CLAUDE : Pas de délégué. SAINT-DENIS : Pas de délégué. 27 SAINT-DIÉ : Pas de délégué. SAINT-ÉTIENNE : M. Christian Bonnard, 6 rue Buisson, 42000 St Étienne. SAINT-FLOUR : Mme Appert, « Le Boton », 15800 Polminhac. SÉES : Mme Jean-Louis Cardon, « La Dormie », 61250 Valframbert ou 72 rue de l’Assomption, 75016 Paris. SENS : M. et Mme Christian de Brabois, Rue du Château, 89130 Dracy sur Ouanne et 15 rue du Dr Lancereaux, 75008 Paris. SOISSONS : M. Dominique Dietsch, 3 place du 87e R.I., 02100 Saint Quentin. STRASBOURG : M. Jean-Daniel Luthringer, 24 boulevard Clémenceau, 67000 Strasbourg. TARBES : Mme Antoine de Montleau, rue de La Castelle, 65700 Castelnau Rivière Basse. TOULON : M. Philippe de Pierrefeu, château de Gairoird, 83390 Cuers. TOULOUSE : M. Philippe Chalufour, 3, rue d’Astorg, 31000 Toulouse. TOURS : Mme d’Ouince, 14, rue Emile Zola, 37000 Tours. TROYES : M. Régis Saucourt Harmel, 10, rue Lachat, 10000 Troyes ou 18, impasse de la Papeterie, 10800 Saint Julien les Villas. TULLE : Mme Elie de Cosnac, 2, rue Juliette-Lamber, 75017 Paris et Le Suc, 19510 Salon la Tour. VALENCE : Mme Françoise Paponaud, 15, allée Docteur Charcot, 26000 Valence. VANNES : Mme Y. Bruté de Rémur, 8 place Jean XXIII, 56000 Vannes. VERDUN : Mme Mangel, 3 rue de Cumières, 55100 Verdun. VERSAILLES : Mme François de Montmarin, 11, rue Maréchal Galliéni, 78000 Versailles. VIVIERS : Mme de Kermel, 1, place Georges-Couderc, 07700 Bourg St Andéol. 28 Petites Béatitudes Bienheureux ceux qui ne se prennent pas au sérieux, et savent rire d’eux-mêmes : ils n’ont pas fini de s’amuser. Bienheureux ceux qui savent distinguer une montagne d’une taupinière : il leur sera épargné bien des tracas. Heureux êtes-vous si vous savez regarder sérieusement les petites choses, et paisiblement les choses sérieuses : vous irez loin dans la vie. Heureux êtes-vous si vous savez admirer un sourire et oublier une grimace : votre route sera ensoleillée. Bienheureux ceux qui pensent avant d’agir, et ceux qui prient avant de penser : ils éviteront bien des bêtises. Heureux êtes-vous si vous savez vous taire et sourire même si l’on vous coupe la parole lorsqu’on vous contredit ou qu’on vous marche sur les pieds : l’Évangile commence à pénétrer dans votre cœur. Bienheureux surtout vous qui savez reconnaître le Seigneur en tous ceux que vous rencontrez : vous avez trouvé la vraie lumière vous avez trouvé la véritable sagesse. Joseph Folliet TABLE des MATIÈRES 1. Éditorial du Président, Avis ................................................................... Page 1 2. Béatification de Jean-Paul II (Père Arnaud Montoux) .............................................................................. Page 2 3. Rocamadour ou repartir amoureux (Laetitia Trémolet de Villers) .................................................................. Pages 3-4 4. Un chemin de relation avec nos frères (Frère François-Marie) .................................................................................. Pages 5-8 5. Qu’est-ce qui se passe à la messe ? (Michel Souchon, s.j.) ...................................................................................... Pages 9-12 6. Dons à l’Œuvre des Campagnes, Legs et donations Notre site internet ............................................................................................. Pages 13-14 .......................... Page 15 8. Les Livres (Marie-Annick de la Genardière)...................... Pages 16-24 9. Liste des délégués de l’Œuvre des Campagnes ............. Pages 25-28 10. Petites Béatitudes (Joseph Folliet) ............................................... 3e de couv. 7. Nos Amis défunts, Nouvelles des diocèses Imprimerie de Montligeon - 61400 St Hilaire le Châtel Dépôt légal : juin 2011 - N° 25742 - Gérant : M. de la Bouillerie N° Enreg. Comm. Parit. 1212 G 82530 - ISSN 1272-9604 Photographie de Couverture : Saintes Maries Jacobé et Salomé Pensez à votre cotisation, Merci ! Cotisation annuelle minimale : 3 € par an Abonnement : 5 € par an. Abonnement de soutien : 8 € voire davantage par an. L’Œuvre des Campagnes 2, rue de La Planche, 75007 Paris Tél./Fax : 01 45 48 25 83 E-mail : [email protected]