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N°92 - Mai 2006 LE TRAIT D’UNION Informer et agir pour construire www.syndicat-unifie.net Quels lendemains pour les Caisses d’épargne? Photo D.R. En ce printemps 2006, écrire un article sur les évolutions stratégiques des Caisses d’épargne est un véritable défi, tant les épisodes sont nombreux et inattendus. Il faut nous y risquer pourtant, car derrière les jeux de monopoly se cachent des enjeux qu’un syndicat ne peut pas ignorer, de conditions de travail, de pérennité de l’entreprise, de maintien de l’emploi. Jusqu'au début du mois de mars dernier, les choses étaient claires – pas très rassurantes, mais claires. L’ensemble du monde des Caisses d’épargne paraissait décidé à coter en bourse la Caisse nationale, sur le modèle de ce qu’avait fait le Crédit Agricole, il y a quelques années. Notre actionnaire de référence d’abord, la Caisse des dépôts, qui poussait à la roue depuis longtemps, persuadé que son placement n’en serait que plus rentable. Le directoire de la CNCE ensuite qui s’y était résigné bien que peu enthousiaste et avait inventé le concept de cotabilité (“je me mets en situation d’être cotable et je prétends ne pas être obligé de l’être même si je sais que je n’y couperai pas”). Les Caisses d’épargne, qui de toute façon ont depuis longtemps le petit doigt sur la couture du pantalon, et même la falote Fédération Nationale des Caisses d’épargne qui faisait contre mauvaise fortune bon cœur. (suite page 2) sommaire élections professionnelles Un nid de sarkozystes (page 6) Une victoire à valeur de symbole ! (page 3) vos droits en pratique Interpro - fédération Unsa Un écureuil à la tête du secteur Banques (page 3) L’arrêt maladie fait-il perdre les congés payés acquis s’ils ne sont pas pris lors de la période de référence ? (page 6) échos du réseau les salariés au quotidien La Caisse et le président du directoire condamnés pour publicité mensongère (page 4) Piqués par une mouche (page 4) Concours de lux (page 5) Chargé de clientèle : vendeur et plus que ça ! (page 7) coup de gueule « Engagez-vous qu’ils disaient ! » (page 5) échos du groupe Dirigeants à court d’idées cherchent … (page 6) échos des plateformes téléphoniques « Direct Écureuil, Jessy, bonjour… » (page 7) Portrait Passion – Détente Maud et sa peinture (page 8) éditorial MENER LES COMBATS D’AUJOURD’HUI Il y a six ans, nous étions quelques milliers de salariés à nous battre pour que les Caisses d’épargne conservent un rôle spécifique dans l’économie du pays. Nous avons dû constater, qu’au-delà de nos rangs, ce combat intéressait peu de monde. Les Politiques ont alors tranché les derniers liens qui retenaient l’Ecureuil de bondir vers les cimes capitalistiques. Depuis, la bestiole a frénétiquement cabriolé de branche en branche : Eulia, Refondation, Cotation, Champion ! Il est évident que le monde dans lequel nous évoluons désormais impose pour nos entreprises des changements de stratégie et des évolutions conséquentes. Dans cet environnement, des regroupements nationaux et transfrontaliers s’opèrent ; la réglementation, en perpétuelle évolution, définit de nouveaux standards et imposent des tailles conséquentes… Dans ce contexte, l’examen d’un projet de développement de nos activités ou de nos structures ne peut se limiter aux effets de sa mise en œuvre, mais doit également porter sur les effets de sa non mise en œuvre. La réduction des charges d’exploitation visée par ces restructurations, a des conséquences sociales facilement perceptibles, notamment, en terme d’emplois. Est-il pour autant suffisant, pour s’en prémunir, de dire « non » à chaque projet qui se présente ? Ce refus n’est-il pas un peu court en matière de défense des intérêts des salariés ? Nous ne sommes plus dans l’avant 1999 et les Politiques d’aujourd’hui n’ont nulle envie de faire quoi que ce soit pour changer la donne pour les Caisses d’épargne. La poignée de parlementaires ayant demandé la mise en place d’une Commission d’étude sur le projet Champion, en atteste. Continuer de miser sur le retour à un statut spécifique, aboli en 1999, n’est-il pas la pire des positions pour l’avenir des salariés ? Pour notre part, nous nous inscrivons dans l’étude des dossiers qui nous sont présentés, sans a priori. Nous voulons mener la réflexion qui s’impose pour être en mesure d’apprécier le sens du projet, son contenu, sa faisabilité et les conséquences pour nos entreprises, leurs clients et leurs salariés. Ce n’est que sur la base de cette étude sérieuse que nous serons en mesure de dresser un tableau pertinent et d’exiger les garanties nécessaires en matière d’activités et d’emplois. Pour que nous soyons, durablement, des milliers de salariés à mener ensemble les combats d’aujourd’hui et ceux de demain. Serge Huber En français dans le texte Sauvez « Carabistouille » et les autres ! (page 8) LE TRAIT D’UNION Le journal du Syndicat-Unifié/Unsa N°92 - Mai 2006 (…) Quels lendemains pour les Caisses d’épargne ? Le Syndicat-Unifié/Unsa lui-même, pas très enthousiaste, mesurait la difficulté qu’il y aurait à mobiliser et réfléchissait déjà aux batailles à mener pour que cette cotation se fasse sans dégâts sociaux, sans perte d’âme de nos établissements, sans risque de prise en main du Groupe par des prédateurs extérieurs… Un coup de théâtre Et puis patatras, le 10 mars, pressées par des fuites, les Caisses d’épargne et les Banques populaires reconnaissent des tractations – qu’elles auraient aimées garder encore secrètes – pour fusionner leurs structures d’investissement Natexis et Ixis, qui, proximité sémantique oblige, deviendraient NatIxis. Au moment où nous écrivons ces lignes, la plupart des activités nationales des deux groupes seraient concernées. Le Crédit Foncier, Océor et Palatine, qui faisaient partie du deal initial, en ont finalement été exclus car l’apport des Caisses d’épargne était beaucoup plus important que celui des Banques populaires. Or, le schéma suppose une parité parfaite entre les deux banques, chacune détenant 34 % de NatIxis, le reste étant constitué en grande partie de « flottant », c'est-àdire distribué dans le public. La Caisse des dépôts est une fois de plus mise au pied du mur. Un spécialiste du coup bas Sur la méthode, tout a été dit. La CDC s’est en particulier offusquée qu’on ait commis à son égard une indélicatesse au moment même où son patron, Francis Mayer, était hospitalisé. Pour être certain que le secret serait bien gardé, Charles Milhaud n’a mis au courant qu’un seul de ses membres de directoire, écartant en particulier de la confidence ses deux proches collaborateurs issus de la CDC. Seuls ceux qui ne connaissent pas le bonhomme peuvent être étonnés d’un tel comportement. Charles Milhaud a toujours fonctionné comme cela : ses coups de poignard sont d’autant plus douloureux et brutaux qu’ils suivent toujours une période où il cajole, adule, monte en épingle, rassure et promet beaucoup. Depuis l’épopée Marseillaise jusqu’à l’épisode actuel, en passant par le cas le plus « pur », Philippe Whal, remarqué au cabinet de Michel Rocard, monté aux nues, présenté comme un dauphin, instrumentalisé pour dresser le groupe et sacrifié en quelques jours, ils sont nombreux à avoir vécu des expériences similaires. Ne les plaignons pas trop cependant, les blessures d’amour propre sont difficiles à cicatriser, mais les chèques sont d’excellents remèdes. Celui de Philippe Whal dépassait paraît-il largement le million d’euros. Et puis dans le fond, n’est-ce pas la logique cruelle du monde des affaires ? Il n’empêche, beaucoup considèrent que sur ce coup-là certaines limites ont été franchies. Le vocabulaire employé dans la presse est significatif : « trahison », « forban », « méthode de soudard », «abracadabrantesque», etc. Daniel Lebègue, Président de l’Institut Français des administrateurs, ancien patron de la CDC, et qui fait partie de la longue liste des « victimes » de Charles Milhaud, rappelle justement que pour l’agrément des patrons de groupe (et rappelons que le notre est agréé par le ministère des Finances) les critères sont plus flous que pour un chef d’agence, il faut être « compétent » et « honorable ». Pour la compétence de Charles Milhaud, et n’en déplaise à la propagande de la CNCE, il est trop tôt pour s’exprimer. Pour le moment les choix stratégiques opérés donnent des résultats plutôt médiocres. Quant à l’honorabilité, apparemment ceux qui croient à des balivernes comme le respect de la parole donnée, le sens de l’éthique ou la transparence, semblent considérer qu’il en est largement dépourvu. page 2 - LE TRAIT D’UNION Concernant le fond, il est difficile à ce stade de se prononcer clairement. La presse économique est en général laudative. La Bourse a salué le projet par un plus 15 % en deux jours pour le titre Natexis. Principe de précaution Sans écarter a priori un éventuel intérêt stratégique, nous nous intéresserons plutôt, par principe de précaution, aux risques potentiels d’une telle opération. Tous les observateurs se sont félicités des « synergies » promises par cette fusion. Or «synergie » est un joli mot technocratique que l’on peut facilement traduire par compression de personnel, pression accrue sur les salaires et dégradation des conditions de travail. Bien sûr, il n’est pas question pour le moment que les réseaux commerciaux fusionnent. Il y aura toujours les Caisses d’épargne d’un côté, les Banques Populaires de l’autre. Mais il est prévu que la fabrication industrielle des produits et services soit commune. Les deux groupes vendront les mêmes SICAV et les mêmes packages, peut-être sous des noms différents, comme on le fait pour des lave-vaisselles. Sans doute également des plateformes communes pour certains métiers serontelles montées. Il y aura donc des doublons et des personnels en trop dans les structures de back office et dans la banque d’investissement elle-même. L’inquiétude est forte en particulier pour l’emploi des informaticiens, déjà durement touchés dans notre Groupe. D’ailleurs « Le Monde » du 6 avril dernier annonçait 2000 suppressions d’emplois, chiffre maladroitement démenti par les deux banques. Le second risque est celui de la banalisation du livret A. Danger pour le livret A Les Banques Populaires sont à la tête du « syndicat » bancaire qui depuis des mois s’insurge avec virulence contre le « privilège scandaleux » que constitue le monopole de distribution du Livret A. Quel sens y a t–il à jouer « Embrassonsnous Folleville » avec un monsieur qui hier encore nous vouait aux gémonies et nous menaçait des foudres judiciaires pour « abus de position dominante »? Beaucoup pensent qu’en réalité Charles Milhaud a tiré un trait sur le livret A et accepte l’idée soit de sa banalisation, soit du maintien de son privilège à la seule Banque postale. Le problème est que même si nos entreprises ont « désensibilisé » ces dernières années leurs résultats du livret A, elles en sont encore très dépendantes et que cette perte pourrait être économiquement fatale. Surtout, le livret A, financeur du logement social, c’est notre legs historique, c’est la trace la plus ancienne de nos missions d’intérêt général. Le perdre, ce serait perdre notre âme. Dernier problème enfin : nous nous retrouvons aujourd’hui dans la situation qui était celle, pas si ancienne, de Eulia. À l’époque, il s’agissait de créer une structure « entre égaux » où chaque entité – Caisses d’épargne et CDC – serait à parité. Beaucoup pensaient que cela ne pouvait pas tenir et cela n’a effectivement pas tenu. Est-on certain que l’accord « entre égaux » actuel a plus de chance de tenir ? Et s’il ne tenait pas, quel signe doit-on voir dans le fait que Charles Milhaud, 63 ans, très attaqué, haï désormais par beaucoup de monde, très critiqué par les politiques, identifié comme très partisan politiquement, se contente du poste de président du Conseil de Surveillance, pendant que Philippe Dupont, dix ans de moins, plus neutre, bénéficiant d’une meilleure image, est le véritable patron opérationnel de la nouvelle entité ? Michel HARDULAS Élections Délégués du Personnel et Comité d’Entreprise c’est clair ! N°92 - Mai 2006 Élections professionnelles MNCE Une victoire à valeur de symbole ! Le 13 mars se sont déroulées les élections professionnelles à la MNCE. Petite structure (51 inscrits), le résultat du scrutin était pourtant attendu. Chacun voulait savoir comment les salarié(e)s de la mutuelle allaient réagir au moment de glisser le bulletin de vote dans l’urne moins de quatre mois après la signature des accords sur la protection sociale dans le Groupe. Le signataire – le Syndicat-Unifié/Unsa – allait-il être sanctionné ou serait-il conforté dans ses choix ? Une reconnaissance de l’action menée De sanction, il ne fut rien, bien au contraire. Le dépouillement a accordé deux sièges sur trois à notre organisation syndicale qui devient par là même majoritaire au Comité d’entreprise à la place de la CFDT. Ce résultat positif traduit la reconnaissance du personnel de la mutuelle sur la pertinence de la signature par le Syndicat-Unifié/Unsa de l’accord frais soins de santé. D’une part sur les garanties apportées à l’ensemble des bénéficiaires, en prenant en compte les obligations d’équilibre budgétaire qui s’imposent à la mutuelle. D’autre part sur la reconduction à la MNCE de ce contrat groupe national qui apporte une sécurité quant au maintien de l’activité même de la mutuelle et de ses emplois. Il confirme par là même le bien fondé de la mise en place d’Écureuil Protection Sociale (EPS) dont le SyndicatUnifié/Unsa a été un des moteurs et qui concerne directement la MNCE et ses salariés. Un signe fort Cette majorité accordée au Syndicat-Unifié/Unsa par le personnel de la mutuelle a certes valeur de symbole après les violentes attaques portées à notre encontre par nos adversaires suite à la signature des accords sur la protection sociale. Elle couronne également le travail fait localement au quotidien par Nora Saadallah, notre déléguée syndicale à la MNCE. Michel Ricard Élections professionnelles, de bons résultats Depuis le 1er janvier, beaucoup de nos entreprises renouvellent les instances délégués du personnel et comité d’entreprise. Les premiers résultats sont encourageants pour le Syndicat-Unifié/Unsa au lendemain de sa signature sur les accords Retraite, Prévoyance et Frais Soins de Santé. N’en déplaisent à certaines organisations syndicales qui nous ont traités « pis que pendre », « félons » et autres noms d’oiseau, les électeurs savent bien faire la différence entre engagement responsable et démagogie. Qu’ils persistent dans cette voie… Résultats par sièges titulaires en Comité d’entreprise : CE Alsace 6 sièges sur 8 (en progression d’1 siège) CE Centre Val de Loire 3 sièges sur 10 (moins 1 siège dans le collège cadre pour 5 voix d’écart – stabilité en voix) CE Flandre 1 siège sur 10 (en progression d’1 siège) MNCE 2 sièges sur 3 (en progression d’1 siège – devient majoritaire au CE) CE Midi-Pyrénées 1 siège sur 10 (identique aux dernières élections mais progression en voix) CE Lorraine 4 siège sur 11 (moins 1 siège dans le collège cadre – redevient 1 ère OS après les élections au Conseil de Surveillance de la Cnce – majoritaire au CE) CE VFO 6 sièges sur 9 (résultats identiques à 2004) VOTEZ ! Interpro Un écureuil à la tête du secteur Banques La fédération, agissant en soutien de ses structures adhérentes, consacre une grande part de son budget en frais d’avocats, les procédures à l’encontre de syndicats affiliés à l’UNSA dans le secteur des banques et assurances étant nombreuses. Nouveaux statuts, nouveau bureau À peine élus déjà au travail ! (de gauche à droite Jean Pierre Dubessay de la GMF, Luc Martin-Chauffier Secrétaire Général de la Fédération et Patrick Mellul des Caisses d’épargne) La Fédération Banques Assurances et Sociétés Financières de l’UNSA a tenu son congrès annuel les 6 et 7 décembre 2005 à Bagnolet. Les représentants du SyndicatUnifié/Unsa du Groupe Caisse d’Épargne y participaient pour la première fois. Si la croissance des effectifs de la fédération est régulière, son développement est contrarié et freiné par les actions conjointes des directions d’entreprises et des cinq confédérations syndicales qui contestent régulièrement la représentativité de l’UNSA devant les tribunaux. Agir de la sorte de la part des employeurs, on pourrait le comprendre. Ça l’est beaucoup moins venant de ces confédérations syndicales qui bénéficient du caractère irréfragable de leur représentativité que leur accorde un décret de 1966. À l’évidence, l’UNSA dérange. Pour exister, elle doit faire preuve de sa représentativité entreprise par entreprise. Ce congrès fut l’occasion d’adopter de nouveaux statuts fédéraux qui définissent deux secteurs bien identifiés, banques et assurances, avec chacun à leur tête un Secrétaire général adjoint de la fédération. Un nouveau bureau de 13 membres a été élu à l’unanimité, Luc Martin-Chauffier étant reconduit dans sa fonction de Secrétaire général. Patrick Mellul (Caisse Nationale) et Jean-David Camus (CE Lorraine), en sont membres, le premier devenant Secrétaire général adjoint chargé du secteur Banques. Marc Grégoire (Val de France Orléanais) est élu à la commission de contrôle des comptes et Jacques Monnier (Loire Drôme Ardèche) à la commission des conflits. S’implanter dans les banques AFB Le secteur Assurances de notre fédération a affirmé sa volonté d'être un acteur majeur dans une profession où l’UNSA vient d'obtenir sa représentativité. Le secteur Banques s'est quant à lui fixé comme objectif de se développer dans les Banques AFB, là où la présence de l’UNSA reste symbolique. Bien que déjà implanté au Crédit Mutuel, dans certaines Banques Populaires et bien sûr dans les Caisses d'Épargne, le déficit de représentants à BNP-Paribas, au Lyonnais ou à la Société Générale est un handicap. Un travail de consolidation des points de vue sur les grands sujets bancaires (Livret, Exclusion, service bancaire universel, Banque postale, ...) va être effectué pour permettre à la Fédération d'intervenir rapidement sur ces sujets, lorsque le besoin, notamment vers la presse, s'en fera sentir. Lors de ce congrès, la présence de représentants de l’UNSA Poste a permis aux congressistes de débattre de l'avenir de la Banque Postale. Son intégration au sein de la Fédération fait partie des objectifs à court terme. Jean-David Camus LE TRAIT D’UNION - page 3 N°92 - Mai 2006 échos du réseau Caisse d’épargne de Picardie La Caisse et le président du directoire condamnés pour publicité mensongère La Caisse d’épargne de Picardie a été condamnée par le Tribunal correctionnel d’Amiens, le 7 février dernier, au motif de publicité mensongère pour avoir inséré une annonce sur la carte Téoz dans un annuaire sans que soient inscrites les mentions légales. Elle avait également publié une publicité sur les crédits à la consommation, par affichage, sans que les mentions légales soient suffisamment lisibles. Assignée par une organisation de consommateurs locale, la CE a été condamnée à 30 000 €. Mais surtout, le président du directoire, Jean-Paul Ducept a lui aussi été condamné par une inscription au casier judiciaire n°2. La Caisse d’épargne a également été condamné à verser des dommages et intérêts à l’association. La communication de la direction a été quasi inexistante sur cette affaire. La plupart des collègues l’ont appris par la presse ou par les clients, ce qui est toujours agréable ! Nul ne peut se réjouir d’une telle condamnation. Elle démontre une fois encore que les associations de consommateurs sont de plus en plus réactives et n’hésitent pas à assigner les établissements bancaires qui ne respectent pas la loi. Ce jugement rappelle le devoir de bonnes pratiques bancaires. Celui-là même qui figure dans les codes de déontologie ou autres règlements intérieurs que les caisses imposent à leur personnel. Cela ressemble en l’occurrence fort à la maxime : « Faites ce que je dis pas ce que je fais ! ». Qu’adviendrait-il, en effet, en cas de condamnation d’un collègue par exemple pour défaut de conseil ? Malgré la pression commerciale et l’obligation de résultat, nous n’avons pas la certitude que l’entreprise « couvrirait » le salarié. Assurément, cette décision de justice nous appelle tous à la plus grande prudence dans notre activité au quotidien. Didier Boury Délégué syndical central, CE Picardie. Caisse d’épargne de Lorraine Piqués par une mouche On ne reconnaît décidément plus la Lorraine. Non pas que les paysages aient changé récemment. Le changement, c’est à la Caisse d’Épargne de Lorraine qu’il convient de le relever. Pas que les résultats commerciaux (28ème place à fin 2005) traduisent et récompensent l’investissement des 1600 salariés, car la politique commerciale qui fait la preuve de son inefficacité depuis des années demeure. « licencier » à tous les modes moral de la part de son directeur d’agence : il se voit muté d’office dans une autre agence. Ayant refusé, il reçoit sa notification de licenciement sec. Un chef de service, accusé d’être allé naviguer dans des fichiers informatiques « secret d’État » après qu’il ait alerté le directoire d’une faille dans le système de sécurité, est mis à pied à la manière des GI avec saisie des clés et changement des serrures… il échappera finalement au licenciement pour une rétrogradation. Là où ça change, c’est sur la fièvre du licenciement qui gagne nos dirigeants depuis quelques temps. Si par le passé la CE Lorraine, et auparavant les ex-CELN et CEPL, avaient une certaine pratique, cela se limitait à des situations spécifiques en cas de détournements ou de vols. Pas grand’chose à redire quand les faits étaient avérés. Aujourd’hui, la donne a changé. Ça flingue à vue, et quel que soit le niveau hiérarchique, du T1 au CM9 ! Quant aux motifs, ils sont parfois étonnants. Quelques exemples récents. Un conseiller se plaint (oralement) à la DRH de harcèlement page 4 - LE TRAIT D’UNION Une responsable d’unité qui informe par mail sa hiérarchie qu’elle ne pourra assister à une séance de formation faute de disposer des fichiers nécessaires, est présente à son poste de travail et se voit convoquée en vue d’une sanction, le licenciement n’étant pas exclu. Un conseiller Patrimoine, à quelques années de la retraite qui, après un échange verbal quelque peu houleux avec son directeur d’agence, voit le directoire exiger son licenciement, exigence qui, au final, se soldera par une mise à pied de cinq jours. D’autres cas encore, connus ou non des organisations syndicales, souvent pour des « fautes » futiles et pas toujours avérées, pourraient alimenter à foison la liste. Le Conseil de Discipline s’oppose Le dernier exemple est celui de ce CM9 de 57 ans qui est mis à pied avec saisie des clés et récupération de ses effets personnels sous la garde rapprochée des « forces spécialisées » de l’entreprise. Il lui est reproché une accumulation d’agissements qualifiés par le directoire d’inacceptables de la part d’un cadre de l’entreprise, le tout justifiant son licenciement ! Notre collègue savait qu’il était dans la ligne de mire de M. Bouvier, directeur général, et la démarche ne l’étonna qu’à peine. La direction alimenta son dossier pour le Conseil de discipline national (CDN) d’une liasse de pièces destinées à l’enfoncer. Que croyez-vous qu’il arriva lorsque ce cas d’une clarté sans faille fut présenté devant le CDN ? Eh bien, à l’unanimité de ses membres, représentants des salariés comme des employeurs, le CDN prononça un avis défavorable au licenciement, allant même à demi mots jusqu’à évoquer la remise par l’employeur de pièces à charges dont la véracité pourrait être douteuse ! Rien que ça. Un tel positionnement de la délégation des employeurs, que nous souhaiterions plus fréquent, revient comme une gifle pour le Directoire de la CE Lorraine. Que dire aussi de licenciements opérés ces trois dernières années qui, contestés par les salariés concernés, ont vu les juridictions saisies donner raison aux victimes en allant pour certains jusqu’à exiger leur réintégration ! Bouvier, un drôle d’oiseau ! Sérieux camouflet pour une direction qui se targue de mener une politique sociale élevée. C’est la facture des indemnités à verser aux victimes qui risque d’être salée ! Coïncidence fortuite ou constat accablant : c’est depuis l’arrivée en terre lorraine du directeur général, en provenance de Côte d’Azur, que le licenciement est devenu pour le Directoire un mode de gestion des ressources humaines. Il doit être en concurrence avec le Sieur Grandjean, Duc de Bretagne, cité dans notre dernier Trait d’Union pour être de loin premier de la classe en matière de licenciements abusifs ! Jean-David Camus N°92 - Mai 2006 échos du réseau Caisse d’épargne Île de France-Nord Concours de lux En cette fin d’année 2005, dans la dernière ligne droite pour vendre du « EDF ». un challenge s’impose ! Inutile de s’inscrire, le concours est ouvert à tous les commerciaux du 26 octobre au 23 novembre. Un règlement très explicite est proclamé par la direction du développement. Un réglement bétonné Pas moins de dix articles sont nécessaires pour tout prévoir dans le « Challenge Privatisation EDF » – jusqu’au cas de litige qui doit être tranché par un jury composé d’un représentant interne du Contrôle Général et du Secrétariat Général. Le règlement n’oublie pas de mentionner que « la Caisse ne saurait être tenue responsable si, pour des raisons indépendantes de sa volonté, la présente opération était reportée ou annulée ». Des fois qu’un salarié porterait plainte ! L’objectif est évident : placer un maximum d’actions EDF. En quelque sorte un challenge pour donner du jus aux commerciaux ! Relevé de compteur Sont détaillés des objectifs à réaliser en nombre avec une partie individuelle plus une partie collective. Tous les commerciaux sont comptabilisés pour 1 ETP et doivent être présents pendant toute cette période. Les directeurs de groupe sont chargés – comme ils savent si bien le faire – d’effectuer le suivi des effectifs et valident le nom des gagnants. Un suivi hebdomadaire des résultats est assuré par la direction du marketing. Qui dit challenge dit bien sûr récompenses. Et là c’est le bouquet. Le premier gain revient évidemment au meilleur vendeur et représente le remboursement de quoi, devinez ! De sa facture EDF 2004 dans la limite de 1.000 € ! Il fallait quand même la trouver celle-là ! D’autres petits lots viennent récompenser les suivants. 100 € pour chaque « collaborateur » des 5 premières agences et ensuite 50 € aux « collaborateurs » de la meilleure agence de chaque groupe. Le règlement ne précise pas si les sommes sont versées en petites coupures. Sûr qu’avec de tels prix éblouissants les commerciaux sont survoltés ! Martine Laurent, Déléguée du Personnel à la CE IdFN. Coup de Gueule « Engagez-vous qu’ils disaient » Les notes de service fleurissent d’un jargon assez surprenant. Il y est question « d'objectif stratégique». De mots d’ordre forts : « Repartir en conquête » « l'arme Caisse d'épargne pour la guerre sur la rémunération des comptes ». Objectif, stratégie, conquête, arme, guerre ... Sommes-nous en temps de guerre ? C’est à craindre, nos directions envoient sur le front tous les employés pour combattre. Elles communiquent avec un vocabulaire qui trahit leurs instincts belliqueux. Notre entreprise – et par là même notre métier – a radicalement et rapidement évolué. On nous parle de campagnes, de cibles, d’impacts ... Comme dans toutes les guerres, certains gardent les mains propres. Nos dirigeants sont tout bonnement devenus des militaires. Ils dirigent, commandent les opérations, mais laissent les soldats dans la boue. Notre boue, c'est le stress, la pression commerciale. Et l'ennemi n'est pas celui qu'on croit. Il n'est plus uniquement notre banque voisine, celle dont l'enseigne brille sur le trottoir d'en face. Désormais, notre ennemi c'est aussi le client, la cible sur laquelle il faut viser, et plus tristement notre collègue avec qui les conflits risquent d’être plus fréquents pour espérer une fois par an une solde plus arrondie. Si nos directions découvrent depuis peu une nouvelle forme d'agressivité dans nos agences, appelée hypocritement "incivilité", c'est sans doute que nos clients ont remarqué qu'ils ne s'adressent plus à leur ami financier mais à des vendeurs armés. il faut lutter seul ! Sur le front, on aperçoit en premières lignes les plus jeunes, les plus téméraires. Les premières classes montées à bloc, à peine sortis du système scolaire ou sortant d’une expérience tout aussi brutale chez un voisin. Ils foncent, courageux, malgré une solde insultante et le « chacun pour soi » pour ligne de conduite. Se battre pour qui ? Pour quoi ? Le temps commercial est si cher à nos directions qu’elles en oublient, audelà des journées d’instruction formatées pour l’endoctrinement, de préserver le temps précieux que nous accordaient les plus expérimentés pour nous révéler les ficelles du métier. Aujourd’hui, pendant le combat, il faut lutter seul et l’esprit d’équipe est malheureusement mis à mal. Dans cette lutte, il faut être un bon serviteur, c'est la raison pour laquelle désormais notre direction aime nommer leurs employés, des collaborateurs. Le mot n’est pas tombé par hasard. Au-delà de sa sinistre connotation, ce terme implique une adhésion sans alternative qui ne trompe personne. Que cette même direction ne s'étonne pas si certains de ses employés ont des scrupules à participer à cette compétition. Ils ont tout simplement envie d’échapper à cette guerre et de fuir cette course de leader. Ils déclarent alors forfait ou dépensent leur énergie et se motivent ailleurs, hors du temps de travail, pendant que nos dirigeants préfèrent loucher sur leurs galons comme on reluque le magot. Nadia Peschard, CE Centre Val de Loire Lu pour vous : « Le capitalisme est en train de s’autodétruire» Dans le milieu universitaire et médiatique, Patrick Artus est plus connu que son patron Charles Milhaud. Notre collègue (directeur des études économiques du Groupe) est un auteur très prisé et un conférencier hors pair, un analyste fin et pédagogue de la réalité économique. Son patron au demeurant devrait lire son dernier ouvrage. Cela lui permettrait d’y réfléchir à deux fois avant de succomber à la tentation frénétique de la cotation en bourse. Dans ce petit ouvrage d’une centaine de pages au titre qui résume bien le propos, Patrick Artus montre comment le capitalisme mondialisé actuel – soumis à la dictature d’un actionnariat organisé (fonds de pensions, fonds d’investissement, hedge funds), obsédé par des normes de rendements sur fonds propres (15 %) irrationnelles et contre-productives – produit des effets mécaniques qui risquent de nous conduire à la catastrophe : délocalisations, pression à la baisse sur les salaires, absence d’investissements, vision de court terme, recul des politiques de recherche et développement, comportement moutonnier des investisseurs (passages passionnants sur le « mimétisme rationnel »), inflations perverses des rémunérations des dirigeants, prises de risques systémiques, constitutions de bulles, etc. Le passage sur les nouvelles normes comptables IFRS et leur rôle dans ce nouveau capitalisme est synthétique et lumineux. L’auteur, au demeurant, ne condamne pas le capitalisme, il veut alerter sur l’impasse dans laquelle il s’est engagé. « Tout cela, dit-il dans sa conclusion, ne peut que déboucher inexorablement sur une économie de croissance faible, sur des faillites, et in fine sur un rejet du capitalisme par les opinions ». Les Caisses d’épargne ont la chance, aujourd’hui encore, d’échapper à cette dictature suicidaire. Oui, décidément Charles Milhaud devrait lire le livre de son collaborateur. Agathe Prévost «Le capitalisme est entrain de s’autodétruire » Patrick Artus et Marie-Paule Virard Édition la découverte 11,40 € LE TRAIT D’UNION - page 5 N°92 - Mai 2006 échos du groupe Caisse d’épargne de Martinique Dirigeants à court d'idées cherchent Livret A à tarifer « C'est un véritable coup de génie » se sont écriés les membres du COS de la Caisse d'épargne de Martinique lorsque le président du directoire, fier de sa trouvaille, leur a présenté ses prévisions pour l'année 2006. Pour autant qu'il faille trouver une issue à deux années d'errance sans aucune politique de développement commercial, est-ce le bon choix ? Résultats bien médiocres pour une équipe de direction acculée à tarifer l'épargne de nos clients pour tenter de rattraper un coefficient d'exploitation qui explose ! Que peut-on bien vouloir cacher avec un PNB composé à plus de 40 % de tarification ? Une situation qui fait de la plus petite des caisses (87 salariés) le plus cher des établissements financiers de la place. Cher Écureuil Quasiment tous les postes ont augmenté, jusqu'aux célèbres Livret A, Codevi et Livret B qui, jusqu'ici intouchables, se voient débiter de 35 euros de « frais de tenue de compte ». Certes le directoire observe avec attention les demandes de remboursement de frais. Un de nos conseillers explique : « …nous perdons jour après jour des parts de marché car la concurrence qui a déjà en main cette information ne se gène pas pour mettre en avant un tel argument de vente. Nous passons nos journées à affronter des réclamations et tenter de rattraper nos clients bien souvent sans succès…quoi qu’il nous en coûte, nous devons arrêter l’hémorragie, nous sommes tous sur la défensive et il n’y a plus de place pour l’action commerciale… ». Caisse nationale Un nid de sarkozystes La presse a largement expliqué ces derniers mois comment Charles Milhaud s’est distingué en devenant le plus gros employeur de Sarkozystes de France. On a même rebaptisé la Caisse nationale « sarkoland ». Pierre-Matthieu Duhamel ancien directeur du budget, venu prendre la direction de la financière OCEOR, n’est que le dernier d’une longue liste dans laquelle on trouve une kyrielle d’anciens collaborateurs du ministre de l’intérieur (Thierry Gaubert, Didier Banquy, Michel Gonnet, etc.) et parfois même des épouses de ses proches (Mme Hortefeux). Un véritable nid ! Nicolas Sarkozy est un homme politique aussi respectable que d’autres, et nous ne ferons pas reproche à Charles Milhaud de ses choix ! Nous ne le traiterons pas d’opportuniste, comme certains le font. Nous le croyons sincère. Vraiment. Il est tout aussi sincère aujourd’hui qu’il l’était en 1983 lorsqu’il était socialiste, en 1991 lorsqu’il était rocardien, à Marseille lorsqu’il était proche de Gaudin, en 1999 lorsqu’il était fabiusien, et lorsqu’il était chiraquien en 2002. Il a simplement des sincérités successives – ce que ne peut sans doute pas comprendre le commun des mortels… page 6 - LE TRAIT D’UNION Mais allez , dans ces conditions, expliquer, au N+1 de votre agence, la décollecte sur l’épargne réglementée. Déjà que les salariés de la CEM ne s’attendent pas à des chiffres record pour cette année ! 31% seulement des objectifs ont été atteints en 2005. Cela s’explique : aucune politique ni plan de développement n’ont été mis en œuvre depuis plus de deux ans. Pendant que nos dirigeants pensent à leur salaire ou à leur carrière, la CEM dérive. Faire payer la clientèle Devant un tel désastre en terme de gestion, le possible rapprochement avec la Caisse d’épargne de Provence Alpes Corse vient comme un soulagement. En fin d’année dernière, la direction a essuyé, pour sa gestion et les conditions de travail, trois semaines d’un mouvement de contestation, suivi par 80% du personnel. Un tel niveau de mobilisation est un véritable désaveu pour notre directoire. On dit que l’Écureuil révolutionne le paysage bancaire français. Son rôle social est en tout cas sérieusement remis en cause à la CEM. Les clients qui nous confient leurs avoirs n’ont pas à payer les erreurs ni les manquements de nos dirigeants. La tarification des produits réglementés est un vrai scandale ! Samuel Grandson et Willem Vélasques Syndicat-Unifié/Unsa CE Martinique vos droits en pratique L’arrêt maladie fait-il perdre les congés payés acquis s’ils ne sont pas pris lors de la période de référence ? Valérie Livory Le salarié acquiert un droit à congés durant la période de référence courant du 1er juin de l’année précédente au 31 mai de l’année en cours – du 1er janvier au 31 décembre si des accords ARTT sont signés. Il arrive parfois que des collègues nous interpellent à la suite d’un arrêt de travail consécutif à une maladie – parfois de longue durée. Ils s’étonnent de la suppression par certains employeurs du reliquat des congés payés non pris. Nous rappelons que l’article 55 du statut du personnel des Caisses d’épargne dispose : « Le congé annuel n'est pas reporté sur les années suivantes lorsque, volontairement, l'agent n'a pas demandé à en bénéficier dans l'année au cours de laquelle il est dû ». Le report : un principe de droit Sauf à considérer que la maladie soit un acte volontaire du salarié, ce texte très clair trouve à s’appliquer. Le report sur l’année suivante des congés non pris est de droit. C’est le principe qui a été normalement réaffirmé par la cour d’appel d’Aix en Provence (24 février 2005, 9ème Chambre A, n° 2005/298) dans une affaire opposant un salarié à la Caisse d’épargne de Provence Alpes Corse. La cour a porté un éclairage jurisprudentiel en cas de mise en invalidité du salarié. Une indemnité compensatrice lui sera allouée par subrogation des congés reportés non pris. De plus, elle rappelle que les six premiers mois de maladie – avec le salaire statutairement maintenu par l’employeur – génèrent aussi des droits à congé payé (2,5 jours par mois soit 15 jours pour 6 mois). Si vous êtes concernés, sachez que le délai, durant lequel vous pouvez faire valoir vos droits, est de 5 ans à partir du jour de la reprise du travail. Réclamez votre dû et faites vous assister ! À défaut d’accord avec l’employeur, le SyndicatUnifié/Unsa vous aidera dans vos démarches et interviendra à titre volontaire devant les prud’hommes en réclamant systématiquement des dommages intérêts pour application déloyale d’accord. Christian Vitale. N°92 - Mai 2006 Les salariés au quotidien Chargé de clientèle : vendeur et plus que ça ! Si dans certaines Caisses d’épargne, comme en Basse Normandie, la politique de développement sur le marché des particuliers est aussi axée sur le crédit immobilier, vecteur de fidélisation par excellence de la clientèle et synonyme de collecte, sa mise en œuvre devient de plus en plus exigeante. Le PNB généré par le crédit immobilier stagnant, nos dirigeants orientent aujourd’hui les actions vers de nouveaux clients à potentiel en mettant en place une gestion de portefeuilles pointue. Cela engage fortement, en temps et en responsabilité, les conseillers. Jusque là, rien d’alarmant pensera-t-on ! Personne ne nie la vocation commerciale de nos entreprises et son objectif est bien de maintenir et développer ses parts de marché. Le bémol, car il y en a un, est dans la méthode : les principes théoriques chers à nos élites, développés notamment au travers de Fréquence client, sont en total décalage avec ce qui occupe la journée des commerciaux. de la gestion de portefeuille… Pour s’en convaincre, il suffit d’interroger un chargé de clientèle sur son emploi du temps au quotidien, où activités multiples et exigence de résultat cohabitent. D’abord, notre collègue doit en priorité honorer les rendez-vous clients fixés de longue date, souvent depuis deux, trois voire quatre semaines. Ces entretiens, que certains stratèges de la vente appellent « Rendezvous qualifiés », doivent, de manière quasi obligatoire, se conclure par une vente, que ce soit auprès d’une clientèle déjà inscrite en portefeuille, ou de nouveaux clients. Sinon… Un tel objectif, représentant plus de 1000 ventes annuelles, ne laisse guère de place à l’à-peu-près, d’où la nécessité pour notre chargé de clientèle de préparer ses rendez-vous, d’étudier le profil du client, et, pour ne pas rater une opportunité commerciale, d’enrichir son dossier de toute sorte de renseignements permettant à distance de mieux cerner ses besoins et ses moyens. Voilà la face visible de la journée de notre chargé de clientèle. Mais ses obligations ne s’arrêtent pas là. Car, après la concrétisation de la vente d’un produit ou d’un crédit, il reste à « administrer » le contrat ou le dossier, tâche dont le commercial se passerait bien, car empiétant largement sur son temps de vente. Vient se greffer là-dessus le service après-vente qui voit notre collègue traiter les réclamations, recherches ou autres dysfonctionnements souvent sujets à perturber la bonne relation de confiance établie entre le client et notre établissement De quoi bien remplir une journée de travail. Mais ça n’est pas tout. Dans la perspective de capter de nouveaux clients, notre chargé de clientèle se voit contraint de se constituer son lot de rendez-vous pour les prochaines semaines, avec une part conséquente de nouveaux clients. …aux séances de phoning en dehors des horaires ! Il s’accole alors à des séances de phoning (plusieurs heures par semaine), trop souvent placées aux heures où les clients sont joignables, donc en débordant sur ses horaires de travail. Le phoning peut aussi servir de support à des entretiens de vente par téléphone, en particulier quand il s’agit de solder un contingent d’OPCVM difficile à placer, auprès de clients à potentiel « mis en réserve ». Voilà une journée bien ordinaire pour un chargé de clientèle. Elle ne laisse guère de temps à l’évasion … D’autant plus qu’après la vente, il faut rendre compte, tous les jours, toutes les semaines, tous les mois. Des tableaux de suivi sont à renseigner pour informer, presque en temps réel, la hiérarchie de ses performances commerciales. On est drôlement suivi ! Alors, fort de ces chiffres et soucieuse de placer son « collaborateur » dans les meilleures dispositions de vente – c’est ainsi qu’est présenté le dispositif –, la hiérarchie mettra en place une série d’entretiens individuels de suivi où un bilan des ventes de la semaine écoulée sera mené, mais surtout où seront déclinés au chargé de clientèle ses objectifs de la semaine à venir, domaine par domaine. L’opération se répétant ainsi de semaine en semaine. Ces suivis d’activité alimenteront d’autres entretiens avec la hiérarchie, de régulation et d’appréciation. Prendre le temps de s’occuper du client Admettons que ces suivis et entretiens qui s’empilent répondent à un dispositif dont le principal critère recherché serait l’efficacité : vendre, encore et toujours plus. Sauf que de la théorie à la réalité, il y a des impondérables qui viennent entraver la bonne marche. Que dire du dossier de crédit refusé par le comité des engagements … et qui fera le bonheur de la concurrence après avoir coûté quelques heures de travail inutiles au conseiller Caisse d’épargne? Comment réagir devant ce client qui sollicite un rendezvous immédiat pour placer une importante somme d’argent et qui, devant les délais de rendez-vous pratiqués… n’hésitera pas à traverser la rue pour rendre visite à une autre enseigne ? Quoi faire pour répondre aux attentes d’une famille désireuse de régler au plus vite une succession ? Comment expliquer à un client mécontent d’une tarification qu’il juge abusive que ça n’est pas plus cher qu’ailleurs ? Que faire pour adoucir le courroux d’un client victime d’un incident sur un ordre de bourse ? Voilà des exemples concrets d’éléments perturbateurs d’une journée théorique de notre chargé de clientèle qui influent forcément sur ses ventes, donc sur son appréciation et sa part variable. C’est une réalité. D’autres métiers de la branche y retrouveront d’ailleurs des similitudes. Et pourtant, pour cela il n’y a ni tableau d’activité, ni coefficient correcteur. Vends et tais toi. T’es suivi ! Pascal Binet-Wasilewski. échos des plateformes téléphoniques GIE Direct Écureuil Inter Loire « Direct Écureuil, Jessy, bonjour…» Les Caisses d’épargne CVL*, VFO* et PDL* ont créé un plateau téléphonique : mais quel sort réservent-elles à nos collègues de "Direct Écureuil" répartis sur 2 sites, Blois et Nantes ? Aujourd'hui, une centaine de collègues (75 à Blois et 25 à Nantes) accueillent la clientèle d'environ 190 agences. 75% des "assistants de clientèle multimédia" sont des femmes, jeunes (- de 30 ans) et diplômées (niveau bac +2 mini). Les embauches se font avec une période d'essai de 2 mois, renouvelable éventuellement… Le sort que nos directions leur imposent : une honte ! Malgré des conditions d'embauche sélectives, la majorité de nos jeunes collègues sont classés en T2, (et le restent) pour un rythme de travail très soutenu : il faut assurer une quinzaine d'appels par heure, le suivi commercial, et réussir à caser 4 ventes par jour pour prétendre à une part variable (individualisée à 100 %). Ainsi, nos collègues renseignent la clientèle (parfois très incorrecte au téléphone…), vendent des livrets, de l'IARD, des assurances téléphones mobiles, des alertes écureuil, bancarisent, font les déblocages Téoz,… Et pour que Direct Écureuil puisse assurer l'accueil téléphonique du lundi au samedi, de 8h à 20h (18h le samedi), nos collègues n'ont pas droit aux fermetures pour veille de fête ou pour "pont". Petite com- pensation cependant, leur direction se montre assez arrangeante pour les demandes de temps partiel. Bref, nos collègues produisent du PNB (entrant dans les compteurs des agences) dans des conditions de travail souvent limites et très astreignantes, mais n'ont, en revanche, ni participation ni intéressement ! Bons vendeurs mais pas d'intéressement ! En effet, les trois directions PDL-CVL-VFO*, complices, refusent de négocier un accord d'intéressement pourtant largement mérité. D'ailleurs, aucun accord d'entreprise n'a encore été trouvé en cinq ans d'existence, les directions des trois Caisses concernées voulant sans doute faire du plateau téléphonique une zone de non-droit ! Nos collègues restent malgré tout très impliqués dans leur travail. La concurrence l'a bien compris qui n'hésite pas à recruter ces collègues trop souvent "boudés" par nos Caisses d'épargne qui, étrangement, hésitent à les intégrer dans notre réseau commercial... Jean-Luc Thévennot * Caisses de Centre Val de Loire, Val de France Orléanais et Pays de la Loire LE TRAIT D’UNION - page 7 N°92 - Mai 2006 détente Portrait Passion – Détente Maud et sa peinture Maud Gassier a 26 ans, elle est employée à la CE de Basse-Normandie dans le réseau commercial. Depuis septembre 2000, elle travaille à Alençon. Peindre c’est son dada. Elle nous parle de sa passion avec chaleur. Le Trait d’Union : Depuis quand ton goût pour la peinture et le dessin ? À 16 ans, en classe de seconde, j’ai fait le choix d’une option arts plastiques. Ma rencontre avec un professeur talentueux issu des beaux arts et doué de charisme a fait le reste. Il m’a appris quelques techniques, mais il m’a surtout donné l’envie de peindre et de prendre confiance en moi, mais en fait je suis essentiellement autodidacte. Le TU : As-tu déjà eu l’occasion d’exposer ? J’ai eu cette chance assez tôt. Il y a 5 ans, j’ai présenté ma candidature à l’exposition des peintres du bocage à Flers et j’ai été retenue. Depuis j’expose régulièrement dans la région et j’ai même été invitée à Paris. J’ai pu faire quelques ventes ce qui, m’a encouragé à persévérer. Il faut dire que ces 10 années m’ont permis de mûrir, aussi bien dans la technique que dans les sujets abordés. Au départ, j’ai commencé par travailler la gouache, puis les pastels gras et secs, enfin l’huile et l’acrylique. Mais il me plait de mélanger les matériaux. Les supports varient eux aussi : le carton entoilé ou le bois. Il m’arrive fréquemment aussi de fabriquer le cadre qui constitue un prolongement du sujet. Le TU : Justement, à propos du sujet, quelle est ta préférence ? Les portraits sans conteste à condition qu’ils me plaisent. Il me plait de peindre dans un mélange d’abstrait et de figuratif à partir de corps et de visages. J’ai le souci du détail et de la précision. J’aime photographier mais je ne peux jamais rendre aussi bien les émotions et les expressions d’un visage qu’avec la peinture. Je travaille à l’instinct et à l’inspiration. Des moments d’activité intense et prolongée peuvent être suivis de « vides » de plusieurs semaines. Ceci dit l’exécution de portraits et les expositions me motivent pour me mettre ou me remettre en mouvement. Le TU : Quelle place tout cela tient-il dans ta vie ? Mon travail salarié me plait mais il est stressant et peindre est une échappatoire pour évacuer ce stress. Il se trouve que j’aime le renouveau aussi bien dans mon travail quotidien lui-même que dans la peinture. Passer de l’un à l’autre ou évoluer dans l’un et l’autre casse la monotonie et la routine. Propos recueillis par Jacques Paris, Caisse d’épargne de Basse Normandie. en français dans le texte Sauvez « carabistouille » et les autres ! Bernard Pivot, notre célèbre journaliste littéraire, ne se cantonne pas à sa dictée pour sauvegarder la grammaire et l’orthographe. Il marque un profond attachement à notre langue française et s’engage aujourd’hui dans un combat pour réhabiliter les mots qui disparaissent des dictionnaires. « On s’emploie avec raison, dit-il, à sauver toutes sortes d’espèces d’oiseaux, d’insectes, d’arbres et de plantes, de grosses et de petites créatures bien vivantes, mais menacées de disparition. Et si on travaillait à sauver des mots en péril ? » Aidons-le pour faire revivre quelques mots malheureusement mis au rebut. Barguigner : ce mot s’emploie lorsqu’on hésite, qu’on a du mal à se décider. Il s’emploie plus souvent dans une forme négative « sans barguigner », « Allons-y ne barguignons pas ! » Au XVIe et XVIIe, un barguigneur était quelqu’un qui mettait du temps à acheter, qui était capable de marchander longuement avant de se décider. En matière de conservation de la langue française, le torchecul a quand même un autre sens que le vulgaire PQ ! Carabistouille : « Quel mot truculent ! » dit Pivot « il n’est malheureusement plus présent que dans le Petit Larrouse. Par pitié, qu’on l’y laisse ! ». Les carabistouilles d’origines belges s’utilisent plutôt au pluriel et sont des fariboles, des bêtises, des propos anodins et un peu trompeurs. De ces mots sortis des dictionnaires, Bernard Pivot en a écrit un bouquin. Il est intitulé « 100 mots à sauver » édité chez Albin Michel au prix de 12 €. Vous pouvez l’acheter, il comporte même des pages blanches à la fin pour votre liste personnelle des mots en péril ! Michel Ricard. Gourgandine : Ce mot définit une femme légère à la fois rusée et dévergondée, qui n’a pas froid aux yeux. Rien à voir avec une catin ! La gourgandine ne vit pas du sexe même si elle aime à s’en servir à l’occasion. Torche-cul : on utilise encore ce qualificatif dans son sens figuré pour un écrit lamentable ou un livre abject. Son sens premier ne fait, lui, pas dans le figuratif. Il s’agit tout bonnement du papier toilette ou papier hygiénique. Scrogneugneu : ce mot peut être à la fois une interjection, un adjectif ou un nom masculin. Il désigne dans ce dernier cas un bougon, un vieux ronchon. Il est issu par altération du juron « Sacré nom de Dieu !». Ainsi, par exemple, le 10 mars dernier les salariés campés le soir devant le journal télévisé : « Quoi ? les Caisses d’épargne vont se marier avec les Banques populaires, SCROGNEUGNEU ! » pour tout savoir sur la nouvelle protection sociale : demandez-le ou téléchargez-le Découvrez-vite le Simulateur SU/Unsa LE TRAIT D’UNION - Le journal du Syndicat-Unifié/Unsa Pour toute information et contact : tel. : 06 07 15 91 47 - e-mail : [email protected] Directeur de la publication : Serge Huber — Caisse d’Epargne - 267, rue Giraudeau - 37000 Tours Cedex Maquette : Les Sophistes — Imprimerie : SPEI 54425 Pulnoy Dépôt légal : 2e trimestre 2006 — Commission paritaire N° 358 D 73 — ISSN 1149-1582