Télécharger le fichier PDF - UNSA

Transcription

Télécharger le fichier PDF - UNSA
N°92 - Mai 2006
LE TRAIT D’UNION
Informer et agir pour construire
www.syndicat-unifie.net
Quels lendemains
pour les Caisses d’épargne?
Photo D.R.
En ce printemps 2006, écrire un article sur les évolutions stratégiques des Caisses d’épargne est un véritable
défi, tant les épisodes sont nombreux et inattendus. Il faut nous y risquer pourtant, car derrière les jeux de
monopoly se cachent des enjeux qu’un syndicat ne peut pas ignorer, de conditions de travail, de pérennité de
l’entreprise, de maintien de l’emploi.
Jusqu'au début du mois de mars
dernier, les choses étaient
claires – pas très rassurantes,
mais claires. L’ensemble du
monde des Caisses d’épargne
paraissait décidé à coter en
bourse la Caisse nationale, sur
le modèle de ce qu’avait fait le
Crédit Agricole, il y a quelques
années. Notre actionnaire de
référence d’abord, la Caisse des
dépôts, qui poussait à la roue
depuis longtemps, persuadé
que son placement n’en serait
que plus rentable. Le directoire
de la CNCE ensuite qui s’y était
résigné bien que peu enthousiaste et avait inventé le concept
de cotabilité (“je me mets en
situation d’être cotable et je
prétends ne pas être obligé de
l’être même si je sais que je
n’y couperai pas”). Les Caisses
d’épargne, qui de toute façon
ont depuis longtemps le petit
doigt sur la couture du pantalon,
et même la falote Fédération
Nationale des Caisses d’épargne
qui faisait contre mauvaise
fortune bon cœur.
(suite page 2)
sommaire
élections professionnelles
Un nid de sarkozystes (page 6)
Une victoire à valeur de symbole ! (page 3)
vos droits en pratique
Interpro - fédération Unsa
Un écureuil à la tête du secteur Banques (page 3)
L’arrêt maladie fait-il perdre les congés payés acquis
s’ils ne sont pas pris lors de la période de référence ? (page 6)
échos du réseau
les salariés au quotidien
La Caisse et le président du directoire
condamnés pour publicité mensongère (page 4)
Piqués par une mouche (page 4)
Concours de lux (page 5)
Chargé de clientèle : vendeur et plus que ça ! (page 7)
coup de gueule
« Engagez-vous qu’ils disaient ! » (page 5)
échos du groupe
Dirigeants à court d’idées cherchent … (page 6)
échos des plateformes téléphoniques
« Direct Écureuil, Jessy, bonjour… »
(page 7)
Portrait Passion – Détente
Maud et sa peinture
(page 8)
éditorial
MENER
LES COMBATS
D’AUJOURD’HUI
Il y a six ans, nous étions quelques milliers de
salariés à nous battre pour que les Caisses
d’épargne conservent un rôle spécifique dans
l’économie du pays. Nous avons dû constater,
qu’au-delà de nos rangs, ce combat intéressait
peu de monde. Les Politiques ont alors tranché
les derniers liens qui retenaient l’Ecureuil de
bondir vers les cimes capitalistiques.
Depuis, la bestiole a frénétiquement cabriolé de
branche en branche : Eulia, Refondation,
Cotation, Champion !
Il est évident que le monde dans lequel nous
évoluons désormais impose pour nos entreprises
des changements de stratégie et des évolutions
conséquentes. Dans cet environnement, des
regroupements nationaux et transfrontaliers
s’opèrent ; la réglementation, en perpétuelle
évolution, définit de nouveaux standards et
imposent des tailles conséquentes…
Dans ce contexte, l’examen d’un projet de
développement de nos activités ou de nos structures
ne peut se limiter aux effets de sa mise en œuvre,
mais doit également porter sur les effets de sa
non mise en œuvre.
La réduction des charges d’exploitation visée
par ces restructurations, a des conséquences
sociales facilement perceptibles, notamment,
en terme d’emplois. Est-il pour autant suffisant,
pour s’en prémunir, de dire « non » à chaque
projet qui se présente ? Ce refus n’est-il pas un
peu court en matière de défense des intérêts
des salariés ?
Nous ne sommes plus dans l’avant 1999 et les
Politiques d’aujourd’hui n’ont nulle envie de faire
quoi que ce soit pour changer la donne pour les
Caisses d’épargne. La poignée de parlementaires
ayant demandé la mise en place d’une Commission
d’étude sur le projet Champion, en atteste.
Continuer de miser sur le retour à un statut
spécifique, aboli en 1999, n’est-il pas la pire des
positions pour l’avenir des salariés ?
Pour notre part, nous nous inscrivons dans l’étude
des dossiers qui nous sont présentés, sans a priori.
Nous voulons mener la réflexion qui s’impose
pour être en mesure d’apprécier le sens du projet,
son contenu, sa faisabilité et les conséquences
pour nos entreprises, leurs clients et leurs salariés.
Ce n’est que sur la base de cette étude sérieuse
que nous serons en mesure de dresser un
tableau pertinent et d’exiger les garanties
nécessaires en matière d’activités et d’emplois.
Pour que nous soyons, durablement, des milliers de
salariés à mener ensemble
les combats d’aujourd’hui
et ceux de demain.
Serge Huber
En français dans le texte
Sauvez « Carabistouille » et les autres ! (page 8)
LE TRAIT D’UNION
Le journal du Syndicat-Unifié/Unsa
N°92 - Mai 2006
(…) Quels lendemains pour les Caisses d’épargne ?
Le Syndicat-Unifié/Unsa
lui-même, pas très enthousiaste, mesurait la difficulté qu’il y aurait à
mobiliser et réfléchissait
déjà aux batailles à mener
pour que cette cotation
se fasse sans dégâts
sociaux, sans perte d’âme
de nos établissements,
sans risque de prise en
main du Groupe par des
prédateurs extérieurs…
Un coup de théâtre
Et puis patatras, le 10 mars,
pressées par des fuites, les
Caisses d’épargne et les
Banques populaires reconnaissent des tractations –
qu’elles auraient aimées
garder encore secrètes –
pour fusionner leurs
structures d’investissement
Natexis et Ixis, qui, proximité sémantique oblige,
deviendraient NatIxis. Au
moment où nous écrivons
ces lignes, la plupart des
activités nationales des
deux groupes seraient
concernées. Le Crédit
Foncier, Océor et Palatine,
qui faisaient partie du deal
initial, en ont finalement
été exclus car l’apport des
Caisses d’épargne était
beaucoup plus important
que celui des Banques
populaires. Or, le schéma
suppose une parité parfaite
entre les deux banques,
chacune détenant 34 %
de NatIxis, le reste étant
constitué en grande partie
de « flottant », c'est-àdire distribué dans le public.
La Caisse des dépôts est
une fois de plus mise au
pied du mur.
Un spécialiste
du coup bas
Sur la méthode, tout a
été dit. La CDC s’est en
particulier offusquée qu’on
ait commis à son égard une
indélicatesse au moment
même où son patron,
Francis Mayer, était hospitalisé. Pour être certain
que le secret serait bien
gardé, Charles Milhaud
n’a mis au courant qu’un
seul de ses membres de
directoire, écartant en particulier de la confidence
ses deux proches collaborateurs issus de la CDC.
Seuls ceux qui ne connaissent pas le bonhomme
peuvent être étonnés
d’un tel comportement.
Charles Milhaud a toujours
fonctionné comme cela :
ses coups de poignard sont
d’autant plus douloureux
et brutaux qu’ils suivent
toujours une période où
il cajole, adule, monte en
épingle, rassure et promet
beaucoup. Depuis l’épopée
Marseillaise jusqu’à l’épisode actuel, en passant par
le cas le plus « pur »,
Philippe Whal, remarqué
au cabinet de Michel
Rocard, monté aux nues,
présenté comme un dauphin, instrumentalisé pour
dresser le groupe et sacrifié
en quelques jours, ils sont
nombreux à avoir vécu
des expériences similaires.
Ne les plaignons pas trop
cependant, les blessures
d’amour propre sont
difficiles à cicatriser, mais
les chèques sont d’excellents remèdes. Celui de
Philippe Whal dépassait
paraît-il largement le million
d’euros. Et puis dans le
fond, n’est-ce pas la logique
cruelle du monde des
affaires ? Il n’empêche,
beaucoup considèrent que
sur ce coup-là certaines
limites ont été franchies.
Le vocabulaire employé
dans la presse est significatif :
« trahison », « forban »,
« méthode de soudard »,
«abracadabrantesque», etc.
Daniel Lebègue, Président
de l’Institut Français des
administrateurs, ancien
patron de la CDC, et qui
fait partie de la longue
liste des « victimes » de
Charles Milhaud, rappelle
justement
que
pour
l’agrément des patrons de
groupe (et rappelons que
le notre est agréé par le
ministère des Finances)
les critères sont plus flous
que pour un chef d’agence,
il faut être « compétent »
et « honorable ». Pour la
compétence de Charles
Milhaud, et n’en déplaise
à la propagande de la CNCE,
il est trop tôt pour s’exprimer. Pour le moment les
choix stratégiques opérés
donnent des résultats
plutôt médiocres. Quant
à l’honorabilité, apparemment ceux qui croient à
des balivernes comme le
respect de la parole donnée,
le sens de l’éthique ou la
transparence, semblent
considérer qu’il en est
largement dépourvu.
page 2 - LE TRAIT D’UNION
Concernant le fond, il est
difficile à ce stade de se
prononcer clairement.
La presse économique est
en général laudative. La
Bourse a salué le projet
par un plus 15 % en deux
jours pour le titre Natexis.
Principe de précaution
Sans écarter a priori un
éventuel intérêt stratégique, nous nous intéresserons plutôt, par principe
de précaution, aux risques
potentiels d’une telle
opération. Tous les observateurs se sont félicités
des « synergies » promises
par cette fusion. Or
«synergie » est un joli mot
technocratique que l’on
peut facilement traduire
par compression de personnel, pression accrue
sur les salaires et dégradation des conditions de
travail. Bien sûr, il n’est
pas question pour le
moment que les réseaux
commerciaux fusionnent.
Il y aura toujours les Caisses
d’épargne d’un côté, les
Banques Populaires de
l’autre. Mais il est prévu
que la fabrication industrielle des produits et
services soit commune.
Les deux groupes vendront
les mêmes SICAV et les
mêmes packages, peut-être
sous des noms différents,
comme on le fait pour des
lave-vaisselles. Sans doute
également des plateformes communes pour
certains métiers serontelles montées. Il y aura
donc des doublons et des
personnels en trop dans
les structures de back office
et dans la banque d’investissement elle-même.
L’inquiétude est forte en
particulier pour l’emploi
des informaticiens, déjà
durement touchés dans
notre Groupe. D’ailleurs
« Le Monde » du 6 avril
dernier annonçait 2000 suppressions d’emplois, chiffre
maladroitement démenti
par les deux banques.
Le second risque est celui de
la banalisation du livret A.
Danger pour le livret A
Les Banques Populaires
sont à la tête du « syndicat »
bancaire qui depuis des
mois s’insurge avec virulence contre le « privilège
scandaleux » que constitue
le monopole de distribution
du Livret A. Quel sens y a
t–il à jouer « Embrassonsnous Folleville » avec un
monsieur qui hier encore
nous vouait aux gémonies
et nous menaçait des
foudres judiciaires pour
« abus de position dominante »? Beaucoup pensent qu’en réalité Charles
Milhaud a tiré un trait sur
le livret A et accepte
l’idée soit de sa banalisation, soit du maintien de
son privilège à la seule
Banque postale. Le problème
est que même si nos entreprises ont « désensibilisé »
ces dernières années leurs
résultats du livret A, elles
en sont encore très dépendantes et que cette perte
pourrait être économiquement fatale. Surtout,
le livret A, financeur du
logement social, c’est
notre legs historique,
c’est la trace la plus
ancienne de nos missions
d’intérêt général. Le
perdre, ce serait perdre
notre âme. Dernier problème enfin : nous nous
retrouvons aujourd’hui
dans la situation qui était
celle, pas si ancienne, de
Eulia. À l’époque, il s’agissait
de créer une structure
« entre égaux » où
chaque entité – Caisses
d’épargne et CDC – serait à
parité. Beaucoup pensaient
que cela ne pouvait pas tenir
et cela n’a effectivement pas
tenu. Est-on certain que
l’accord « entre égaux »
actuel a plus de chance de
tenir ? Et s’il ne tenait pas,
quel signe doit-on voir
dans le fait que Charles
Milhaud, 63 ans, très attaqué, haï désormais par
beaucoup de monde, très
critiqué par les politiques,
identifié comme très partisan politiquement, se
contente du poste de président du Conseil de
Surveillance, pendant que
Philippe Dupont, dix ans
de moins, plus neutre,
bénéficiant d’une meilleure
image, est le véritable
patron opérationnel de la
nouvelle entité ?
Michel HARDULAS
Élections Délégués du Personnel
et Comité d’Entreprise c’est clair !
N°92 - Mai 2006
Élections professionnelles
MNCE
Une victoire
à valeur
de symbole !
Le 13 mars se sont déroulées les élections professionnelles à la MNCE.
Petite structure (51 inscrits), le résultat du scrutin était pourtant attendu.
Chacun voulait savoir
comment les salarié(e)s
de la mutuelle allaient
réagir au moment de
glisser le bulletin de vote
dans l’urne moins de
quatre mois après la
signature des accords sur
la protection sociale dans
le Groupe. Le signataire –
le Syndicat-Unifié/Unsa –
allait-il être sanctionné
ou serait-il conforté dans
ses choix ?
Une reconnaissance
de l’action menée
De sanction, il ne fut rien,
bien au contraire. Le
dépouillement a accordé
deux sièges sur trois à
notre organisation syndicale qui devient par là
même majoritaire au
Comité d’entreprise à la
place de la CFDT.
Ce résultat positif traduit la
reconnaissance du personnel de la mutuelle sur la
pertinence de la signature
par le Syndicat-Unifié/Unsa
de l’accord frais soins de
santé. D’une part sur les
garanties apportées à
l’ensemble des bénéficiaires, en prenant en
compte les obligations
d’équilibre budgétaire qui
s’imposent à la mutuelle.
D’autre part sur la reconduction à la MNCE de ce
contrat groupe national
qui apporte une sécurité
quant au maintien de
l’activité même de la
mutuelle et de ses
emplois. Il confirme par
là même le bien fondé de
la mise en place d’Écureuil Protection Sociale
(EPS) dont le SyndicatUnifié/Unsa a été un des
moteurs et qui concerne
directement la MNCE et
ses salariés.
Un signe fort
Cette majorité accordée
au Syndicat-Unifié/Unsa
par le personnel de la
mutuelle a certes valeur
de symbole après les
violentes attaques portées
à notre encontre par nos
adversaires suite à la
signature des accords sur
la protection sociale.
Elle couronne également
le travail fait localement
au quotidien par Nora
Saadallah, notre déléguée
syndicale à la MNCE.
Michel Ricard
Élections professionnelles,
de bons résultats
Depuis le 1er janvier, beaucoup de nos entreprises renouvellent les instances délégués
du personnel et comité d’entreprise. Les premiers résultats sont encourageants pour
le Syndicat-Unifié/Unsa au lendemain de sa signature sur les accords Retraite,
Prévoyance et Frais Soins de Santé. N’en déplaisent à certaines organisations syndicales
qui nous ont traités « pis que pendre », « félons » et autres noms d’oiseau, les électeurs
savent bien faire la différence entre engagement responsable et démagogie.
Qu’ils persistent dans cette voie…
Résultats par sièges titulaires en Comité d’entreprise :
CE Alsace
6 sièges sur 8
(en progression d’1 siège)
CE Centre Val de Loire
3 sièges sur 10
(moins 1 siège dans le collège cadre
pour 5 voix d’écart – stabilité en voix)
CE Flandre
1 siège sur 10 (en progression d’1 siège)
MNCE
2 sièges sur 3
(en progression d’1 siège – devient majoritaire au CE)
CE Midi-Pyrénées
1 siège sur 10 (identique aux dernières
élections mais progression en voix)
CE Lorraine
4 siège sur 11
(moins 1 siège dans le collège cadre
– redevient 1 ère OS après les élections au Conseil de
Surveillance de la Cnce – majoritaire au CE)
CE VFO
6 sièges sur 9 (résultats identiques à 2004)
VOTEZ !
Interpro
Un écureuil à la tête du secteur Banques
La fédération, agissant en
soutien de ses structures
adhérentes, consacre une
grande part de son budget en
frais d’avocats, les procédures
à l’encontre de syndicats
affiliés à l’UNSA dans le
secteur des banques et assurances étant nombreuses.
Nouveaux statuts,
nouveau bureau
À peine élus déjà au travail ! (de gauche à droite Jean Pierre Dubessay de la GMF, Luc Martin-Chauffier Secrétaire
Général de la Fédération et Patrick Mellul des Caisses d’épargne)
La Fédération Banques Assurances et Sociétés Financières de l’UNSA a tenu son
congrès annuel les 6 et 7 décembre 2005 à Bagnolet. Les représentants du SyndicatUnifié/Unsa du Groupe Caisse d’Épargne y participaient pour la première fois.
Si la croissance des effectifs
de la fédération est régulière,
son développement est
contrarié et freiné par
les actions conjointes des
directions d’entreprises et
des cinq confédérations
syndicales qui contestent
régulièrement la représentativité de l’UNSA devant
les tribunaux.
Agir de la sorte de la part
des employeurs, on pourrait
le comprendre. Ça l’est
beaucoup moins venant de
ces confédérations syndicales
qui bénéficient du caractère
irréfragable de leur représentativité que leur accorde
un décret de 1966. À l’évidence, l’UNSA dérange.
Pour exister, elle doit faire
preuve de sa représentativité
entreprise par entreprise.
Ce congrès fut l’occasion
d’adopter de nouveaux statuts
fédéraux qui définissent
deux secteurs bien identifiés,
banques et assurances, avec
chacun à leur tête un
Secrétaire général adjoint
de la fédération. Un nouveau
bureau de 13 membres a
été élu à l’unanimité,
Luc Martin-Chauffier étant
reconduit dans sa fonction
de Secrétaire général. Patrick
Mellul (Caisse Nationale)
et Jean-David Camus (CE
Lorraine), en sont membres,
le premier devenant Secrétaire général adjoint chargé
du secteur Banques. Marc
Grégoire (Val de France
Orléanais) est élu à la
commission de contrôle
des comptes et Jacques
Monnier (Loire Drôme
Ardèche) à la commission
des conflits.
S’implanter dans les
banques AFB
Le secteur Assurances de
notre fédération a affirmé
sa volonté d'être un acteur
majeur dans une profession
où l’UNSA vient d'obtenir
sa représentativité. Le secteur
Banques s'est quant à lui fixé
comme objectif de se développer dans les Banques AFB,
là où la présence de l’UNSA
reste symbolique. Bien que
déjà implanté au Crédit
Mutuel, dans certaines
Banques Populaires et
bien sûr dans les Caisses
d'Épargne, le déficit de
représentants à BNP-Paribas,
au Lyonnais ou à la Société
Générale est un handicap.
Un travail de consolidation
des points de vue sur
les grands sujets bancaires
(Livret, Exclusion, service
bancaire universel, Banque
postale, ...) va être effectué pour permettre à
la Fédération d'intervenir
rapidement sur ces sujets,
lorsque le besoin, notamment vers la presse, s'en
fera sentir. Lors de ce
congrès, la présence de
représentants de l’UNSA
Poste a permis aux congressistes de débattre de l'avenir
de la Banque Postale. Son
intégration au sein de la
Fédération fait partie des
objectifs à court terme.
Jean-David Camus
LE TRAIT D’UNION - page 3
N°92 - Mai 2006
échos du réseau
Caisse d’épargne de Picardie
La Caisse et le président du directoire
condamnés pour publicité mensongère
La Caisse d’épargne de Picardie a été condamnée par le Tribunal correctionnel d’Amiens, le 7 février dernier, au motif de publicité mensongère pour avoir inséré une annonce sur la carte Téoz dans un annuaire sans que soient inscrites les mentions légales. Elle avait également publié une publicité sur les crédits
à la consommation, par affichage, sans que les mentions légales soient suffisamment lisibles.
Assignée par une organisation
de consommateurs locale,
la CE a été condamnée à
30 000 €. Mais surtout, le
président du directoire,
Jean-Paul Ducept a lui aussi
été condamné par une
inscription au casier judiciaire
n°2. La Caisse d’épargne a
également été condamné
à verser des dommages et
intérêts à l’association. La
communication de la direction
a été quasi inexistante sur
cette affaire. La plupart des
collègues l’ont appris par la
presse ou par les clients, ce
qui est toujours agréable !
Nul ne peut se réjouir d’une
telle condamnation. Elle
démontre une fois encore que
les associations de consommateurs sont de plus en plus
réactives et n’hésitent pas à
assigner les établissements
bancaires qui ne respectent pas
la loi. Ce jugement rappelle
le devoir de bonnes pratiques
bancaires. Celui-là même qui
figure dans les codes de déontologie ou autres règlements
intérieurs que les caisses
imposent à leur personnel.
Cela ressemble en l’occurrence
fort à la maxime : « Faites ce
que je dis pas ce que je fais ! ».
Qu’adviendrait-il, en effet,
en cas de condamnation d’un
collègue par exemple pour
défaut de conseil ? Malgré
la pression commerciale et
l’obligation de résultat, nous
n’avons pas la certitude que
l’entreprise « couvrirait » le
salarié. Assurément, cette
décision de justice nous
appelle tous à la plus grande
prudence dans notre activité
au quotidien.
Didier Boury
Délégué syndical central,
CE Picardie.
Caisse d’épargne de Lorraine
Piqués par une mouche
On ne reconnaît décidément
plus la Lorraine. Non pas que
les paysages aient changé
récemment. Le changement,
c’est à la Caisse d’Épargne de
Lorraine qu’il convient de le
relever. Pas que les résultats
commerciaux (28ème place à
fin 2005) traduisent et récompensent l’investissement des
1600 salariés, car la politique
commerciale qui fait la preuve
de son inefficacité depuis des
années demeure.
« licencier »
à tous les modes
moral de la part de son directeur d’agence : il se voit muté
d’office dans une autre agence.
Ayant refusé, il reçoit sa
notification de licenciement
sec. Un chef de service, accusé
d’être allé naviguer dans des
fichiers informatiques « secret
d’État » après qu’il ait alerté le
directoire d’une faille dans le
système de sécurité, est mis à
pied à la manière des GI avec
saisie des clés et changement
des serrures… il échappera
finalement au licenciement
pour une rétrogradation.
Là où ça change, c’est sur la
fièvre du licenciement qui
gagne nos dirigeants depuis
quelques temps. Si par le
passé la CE Lorraine, et auparavant les ex-CELN et CEPL,
avaient une certaine pratique,
cela se limitait à des situations
spécifiques en cas de détournements ou de vols. Pas grand’chose à redire quand les
faits étaient avérés.
Aujourd’hui, la donne a changé.
Ça flingue à vue, et quel que
soit le niveau hiérarchique, du
T1 au CM9 ! Quant aux motifs,
ils sont parfois étonnants.
Quelques exemples récents.
Un conseiller se plaint (oralement) à la DRH de harcèlement
page 4 - LE TRAIT D’UNION
Une responsable d’unité qui
informe par mail sa hiérarchie
qu’elle ne pourra assister à
une séance de formation
faute de disposer des fichiers
nécessaires, est présente à son
poste de travail et se voit
convoquée en vue d’une
sanction, le licenciement n’étant
pas exclu. Un conseiller
Patrimoine, à quelques années
de la retraite qui, après un
échange verbal quelque peu
houleux avec son directeur
d’agence, voit le directoire
exiger son licenciement,
exigence qui, au final, se
soldera par une mise à pied
de cinq jours. D’autres cas
encore, connus ou non des
organisations syndicales, souvent pour des « fautes »
futiles et pas toujours avérées,
pourraient alimenter à foison
la liste.
Le Conseil de Discipline
s’oppose
Le dernier exemple est celui
de ce CM9 de 57 ans qui est
mis à pied avec saisie des clés
et récupération de ses effets
personnels sous la garde rapprochée des « forces spécialisées » de l’entreprise. Il lui est
reproché une accumulation
d’agissements qualifiés par le
directoire d’inacceptables de
la part d’un cadre de l’entreprise, le tout justifiant son
licenciement ! Notre collègue
savait qu’il était dans la ligne
de mire de M. Bouvier, directeur général, et la démarche
ne l’étonna qu’à peine. La
direction alimenta son dossier
pour le Conseil de discipline
national (CDN) d’une liasse de
pièces destinées à l’enfoncer.
Que croyez-vous qu’il arriva
lorsque ce cas d’une clarté
sans faille fut présenté devant
le CDN ? Eh bien, à l’unanimité de ses membres, représentants des salariés comme des
employeurs, le CDN prononça
un avis défavorable au licenciement, allant même à demi
mots jusqu’à évoquer la remise par l’employeur de pièces à
charges dont la véracité pourrait être douteuse ! Rien que
ça. Un tel positionnement de
la délégation des employeurs,
que nous souhaiterions plus
fréquent, revient comme une
gifle pour le Directoire de la
CE Lorraine.
Que dire aussi de licenciements
opérés ces trois dernières
années qui, contestés par les
salariés concernés, ont vu les
juridictions saisies donner raison
aux victimes en allant pour
certains jusqu’à exiger leur
réintégration !
Bouvier,
un drôle d’oiseau !
Sérieux camouflet pour une
direction qui se targue de
mener une politique sociale
élevée. C’est la facture des
indemnités à verser aux victimes qui risque d’être salée !
Coïncidence fortuite ou constat
accablant : c’est depuis l’arrivée
en terre lorraine du directeur
général, en provenance de Côte
d’Azur, que le licenciement est
devenu pour le Directoire un
mode de gestion des ressources humaines. Il doit être
en concurrence avec le Sieur
Grandjean, Duc de Bretagne,
cité dans notre dernier Trait
d’Union pour être de loin
premier de la classe en matière
de licenciements abusifs !
Jean-David Camus
N°92 - Mai 2006
échos du réseau
Caisse d’épargne Île de France-Nord
Concours de lux
En cette fin d’année 2005,
dans la dernière ligne droite
pour vendre du « EDF ». un
challenge s’impose ! Inutile
de s’inscrire, le concours
est ouvert à tous les commerciaux du 26 octobre au
23 novembre. Un règlement
très explicite est proclamé
par la direction du développement.
Un réglement
bétonné
Pas moins de dix articles
sont nécessaires pour tout
prévoir dans le « Challenge
Privatisation EDF » – jusqu’au cas de litige qui doit
être tranché par un jury
composé d’un représentant interne du Contrôle
Général et du Secrétariat
Général. Le règlement
n’oublie pas de mentionner
que « la Caisse ne saurait
être tenue responsable si,
pour des raisons indépendantes de sa volonté, la
présente opération était
reportée ou annulée ». Des
fois qu’un salarié porterait
plainte ! L’objectif est évident :
placer un maximum d’actions
EDF. En quelque sorte un
challenge pour donner du
jus aux commerciaux !
Relevé de compteur
Sont détaillés des objectifs
à réaliser en nombre avec
une partie individuelle plus
une partie collective. Tous
les commerciaux sont
comptabilisés pour 1 ETP
et doivent être présents
pendant toute cette période.
Les directeurs de groupe
sont chargés – comme ils
savent si bien le faire –
d’effectuer le suivi des
effectifs et valident le nom
des gagnants. Un suivi
hebdomadaire des résultats est assuré par la direction du marketing.
Qui dit challenge dit bien
sûr récompenses. Et là c’est
le bouquet. Le premier
gain revient évidemment
au meilleur vendeur et
représente le remboursement de quoi, devinez ! De
sa facture EDF 2004 dans la
limite de 1.000 € ! Il fallait
quand même la trouver
celle-là ! D’autres petits
lots viennent récompenser
les suivants. 100 € pour
chaque « collaborateur »
des 5 premières agences et
ensuite 50 € aux « collaborateurs » de la meilleure
agence de chaque groupe.
Le règlement ne précise
pas si les sommes
sont versées en
petites coupures.
Sûr qu’avec de tels
prix éblouissants les
commerciaux sont
survoltés !
Martine Laurent,
Déléguée du
Personnel à la CE
IdFN.
Coup de Gueule
« Engagez-vous qu’ils disaient »
Les notes de service fleurissent d’un jargon
assez surprenant. Il y est question « d'objectif
stratégique». De mots d’ordre forts : « Repartir
en conquête » « l'arme Caisse d'épargne pour la
guerre sur la rémunération des comptes ».
Objectif, stratégie, conquête, arme, guerre ...
Sommes-nous en temps de guerre ?
C’est à craindre, nos directions envoient sur le front
tous les employés pour
combattre. Elles communiquent avec un vocabulaire
qui trahit leurs instincts
belliqueux. Notre entreprise
– et par là même notre
métier – a radicalement
et rapidement évolué. On
nous parle de campagnes,
de cibles, d’impacts ...
Comme dans toutes les
guerres, certains gardent
les mains propres. Nos dirigeants sont tout bonnement
devenus des militaires. Ils
dirigent, commandent les
opérations, mais laissent
les soldats dans la boue.
Notre boue, c'est le stress,
la pression commerciale. Et
l'ennemi n'est pas celui
qu'on croit. Il n'est plus
uniquement notre banque
voisine, celle dont l'enseigne brille sur le trottoir
d'en face. Désormais, notre
ennemi c'est aussi le client,
la cible sur laquelle il faut
viser, et plus tristement
notre collègue avec qui les
conflits risquent d’être plus
fréquents pour espérer
une fois par an une solde
plus arrondie. Si nos directions découvrent depuis
peu une nouvelle forme
d'agressivité dans nos
agences, appelée hypocritement "incivilité", c'est
sans doute que nos clients
ont remarqué qu'ils ne
s'adressent plus à leur
ami financier mais à des
vendeurs armés.
il faut lutter seul !
Sur le front, on aperçoit
en premières lignes les
plus jeunes, les plus
téméraires. Les premières
classes montées à bloc, à
peine sortis du système
scolaire ou sortant d’une
expérience tout aussi brutale chez un voisin. Ils
foncent, courageux, malgré une solde insultante
et le « chacun pour soi »
pour ligne de conduite.
Se battre pour qui ?
Pour quoi ?
Le temps commercial est
si cher à nos directions
qu’elles en oublient, audelà des journées d’instruction formatées pour
l’endoctrinement, de préserver le temps précieux
que nous accordaient les
plus expérimentés pour
nous révéler les ficelles
du métier. Aujourd’hui,
pendant le combat, il
faut lutter seul et l’esprit
d’équipe est malheureusement mis à mal.
Dans cette lutte, il faut
être un bon serviteur,
c'est la raison pour
laquelle désormais notre
direction aime nommer
leurs employés, des collaborateurs. Le mot n’est
pas tombé par hasard.
Au-delà de sa sinistre
connotation, ce terme
implique une adhésion
sans alternative qui ne
trompe personne. Que
cette même direction ne
s'étonne pas si certains
de ses employés ont des
scrupules à participer à
cette compétition. Ils ont
tout simplement envie
d’échapper à cette guerre
et de fuir cette course de
leader. Ils déclarent alors
forfait ou dépensent leur
énergie et se motivent
ailleurs, hors du temps
de travail, pendant que nos
dirigeants préfèrent loucher
sur leurs galons comme
on reluque le magot.
Nadia Peschard,
CE Centre Val de Loire
Lu
pour
vous :
« Le capitalisme
est en train de
s’autodétruire»
Dans le milieu universitaire et
médiatique, Patrick Artus est plus
connu que son patron Charles
Milhaud. Notre collègue (directeur
des études économiques du
Groupe) est un auteur très prisé et
un conférencier hors pair, un analyste fin et pédagogue de la réalité
économique. Son patron au
demeurant devrait lire son dernier
ouvrage. Cela lui permettrait d’y
réfléchir à deux fois avant de
succomber à la tentation frénétique de la cotation en bourse.
Dans ce petit ouvrage d’une centaine
de pages au titre qui résume bien
le propos, Patrick Artus montre
comment le capitalisme mondialisé
actuel – soumis à la dictature d’un
actionnariat organisé (fonds de
pensions, fonds d’investissement,
hedge funds), obsédé par des
normes de rendements sur fonds
propres (15 %) irrationnelles et
contre-productives – produit des
effets mécaniques qui risquent de
nous conduire à la catastrophe :
délocalisations, pression à la baisse
sur les salaires, absence d’investissements, vision de court terme,
recul des politiques de recherche et
développement, comportement
moutonnier des investisseurs (passages passionnants sur le « mimétisme rationnel »), inflations perverses des rémunérations des dirigeants, prises de risques systémiques, constitutions de bulles, etc.
Le passage sur les nouvelles normes
comptables IFRS et leur rôle dans ce
nouveau capitalisme est synthétique et lumineux. L’auteur, au
demeurant, ne condamne pas le
capitalisme, il veut alerter sur l’impasse dans laquelle il s’est engagé.
« Tout cela, dit-il dans sa conclusion,
ne peut que déboucher inexorablement sur une économie de
croissance faible, sur des faillites, et
in fine sur un rejet du capitalisme
par les opinions ». Les Caisses
d’épargne ont la chance, aujourd’hui
encore, d’échapper à cette dictature
suicidaire. Oui, décidément Charles
Milhaud devrait lire le livre de son
collaborateur.
Agathe Prévost
«Le capitalisme est entrain
de s’autodétruire »
Patrick Artus et Marie-Paule Virard
Édition la découverte
11,40 €
LE TRAIT D’UNION - page 5
N°92 - Mai 2006
échos du groupe
Caisse d’épargne de Martinique
Dirigeants à court d'idées
cherchent Livret A à tarifer
« C'est un véritable coup
de génie » se sont écriés
les membres du COS de
la Caisse d'épargne de
Martinique lorsque le président du directoire, fier de
sa trouvaille, leur a présenté
ses prévisions pour l'année
2006. Pour autant qu'il faille
trouver une issue à deux
années d'errance sans aucune
politique de développement
commercial, est-ce le bon
choix ? Résultats bien
médiocres pour une équipe
de direction acculée à tarifer
l'épargne de nos clients
pour tenter de rattraper un
coefficient d'exploitation
qui explose !
Que peut-on bien vouloir
cacher avec un PNB composé
à plus de 40 % de tarification ? Une situation qui fait
de la plus petite des caisses
(87 salariés) le plus cher des
établissements financiers de
la place.
Cher Écureuil
Quasiment tous les postes
ont augmenté, jusqu'aux
célèbres Livret A, Codevi et
Livret B qui, jusqu'ici intouchables, se voient débiter de
35 euros de « frais de tenue
de compte ».
Certes le directoire observe
avec attention les demandes
de remboursement de frais.
Un de nos conseillers explique :
« …nous perdons jour après jour des parts de marché car la
concurrence qui a déjà en main cette information ne se gène pas
pour mettre en avant un tel argument de vente. Nous passons
nos journées à affronter des réclamations et tenter de rattraper
nos clients bien souvent sans succès…quoi qu’il nous en coûte,
nous devons arrêter l’hémorragie, nous sommes tous sur la
défensive et il n’y a plus de place pour l’action commerciale… ».
Caisse nationale
Un nid de
sarkozystes
La presse a largement expliqué ces
derniers mois comment Charles
Milhaud s’est distingué en
devenant le plus gros
employeur de Sarkozystes
de France. On a même
rebaptisé la Caisse nationale
« sarkoland ».
Pierre-Matthieu Duhamel
ancien directeur du budget,
venu prendre la direction de
la financière OCEOR, n’est que
le dernier d’une longue liste dans
laquelle on trouve une kyrielle d’anciens collaborateurs du ministre de l’intérieur (Thierry
Gaubert, Didier Banquy, Michel Gonnet, etc.) et parfois
même des épouses de ses proches (Mme Hortefeux). Un
véritable nid !
Nicolas Sarkozy est un homme politique aussi respectable
que d’autres, et nous ne ferons pas reproche à
Charles Milhaud de ses choix ! Nous ne le traiterons pas
d’opportuniste, comme certains le font. Nous le croyons
sincère. Vraiment. Il est tout aussi sincère aujourd’hui
qu’il l’était en 1983 lorsqu’il était socialiste, en 1991
lorsqu’il était rocardien, à Marseille lorsqu’il était
proche de Gaudin, en 1999 lorsqu’il était fabiusien,
et lorsqu’il était chiraquien en 2002. Il a simplement des
sincérités successives – ce que ne peut sans doute pas
comprendre le commun des mortels…
page 6 - LE TRAIT D’UNION
Mais allez , dans ces conditions, expliquer, au N+1 de
votre agence, la décollecte
sur l’épargne réglementée.
Déjà que les salariés de la
CEM ne s’attendent pas
à des chiffres record pour
cette année ! 31% seulement des objectifs ont été
atteints en 2005. Cela s’explique : aucune politique
ni plan de développement
n’ont été mis en œuvre
depuis plus de deux ans.
Pendant que nos dirigeants
pensent à leur salaire ou à
leur carrière, la CEM dérive.
Faire payer la clientèle
Devant un tel désastre
en terme de gestion, le
possible rapprochement
avec la Caisse d’épargne de
Provence Alpes Corse vient
comme un soulagement.
En fin d’année dernière,
la direction a essuyé, pour sa
gestion et les conditions de
travail, trois semaines d’un
mouvement de contestation, suivi par 80%
du personnel. Un tel
niveau de mobilisation
est un véritable désaveu
pour notre directoire.
On dit que l’Écureuil
révolutionne le paysage
bancaire français. Son
rôle social est en tout
cas sérieusement remis
en cause à la CEM.
Les clients qui nous
confient leurs avoirs
n’ont pas à payer les
erreurs ni les manquements de nos dirigeants.
La tarification des
produits réglementés
est un vrai scandale !
Samuel Grandson
et Willem Vélasques
Syndicat-Unifié/Unsa
CE Martinique
vos droits en pratique
L’arrêt maladie fait-il perdre les congés
payés acquis s’ils ne sont pas pris lors de
la période de référence ?
Valérie
Livory
Le salarié acquiert un droit à
congés durant la période de
référence courant du 1er juin
de l’année précédente au 31
mai de l’année en cours – du
1er janvier au 31 décembre si
des accords ARTT sont signés.
Il arrive parfois que des
collègues nous interpellent à
la suite d’un arrêt de travail
consécutif à une maladie –
parfois de longue durée. Ils
s’étonnent de la suppression
par certains employeurs du
reliquat des congés payés
non pris.
Nous rappelons que l’article
55 du statut du personnel des
Caisses d’épargne dispose :
« Le congé annuel n'est pas
reporté sur les années suivantes
lorsque, volontairement, l'agent
n'a pas demandé à en bénéficier dans l'année au cours de
laquelle il est dû ».
Le report :
un principe de droit
Sauf à considérer que la maladie soit un acte volontaire du
salarié, ce texte très clair trouve à s’appliquer. Le report sur
l’année suivante des congés
non pris est de droit. C’est le
principe qui a été normalement
réaffirmé par la cour d’appel
d’Aix en Provence (24 février
2005, 9ème Chambre A, n°
2005/298) dans une affaire
opposant un salarié à la Caisse
d’épargne de Provence Alpes
Corse. La cour a porté un éclairage jurisprudentiel en cas de
mise en invalidité du salarié.
Une indemnité compensatrice
lui sera allouée par subrogation
des congés reportés non pris.
De plus, elle rappelle que les six
premiers mois de maladie –
avec le salaire statutairement
maintenu par l’employeur –
génèrent aussi des droits à
congé payé (2,5 jours par mois
soit 15 jours pour 6 mois).
Si vous êtes concernés, sachez
que le délai, durant lequel
vous pouvez faire valoir vos
droits, est de 5 ans à partir du
jour de la reprise du travail.
Réclamez votre dû
et faites vous assister !
À défaut d’accord avec
l’employeur, le SyndicatUnifié/Unsa vous aidera dans
vos démarches et interviendra à titre volontaire devant
les prud’hommes en réclamant systématiquement
des dommages intérêts
pour application déloyale
d’accord.
Christian Vitale.
N°92 - Mai 2006
Les salariés au quotidien
Chargé de clientèle : vendeur et plus que ça !
Si dans certaines Caisses d’épargne, comme en Basse
Normandie, la politique de développement sur le marché
des particuliers est aussi axée sur le crédit immobilier,
vecteur de fidélisation par excellence de la clientèle et
synonyme de collecte, sa mise en œuvre devient de plus
en plus exigeante. Le PNB généré par le crédit immobilier
stagnant, nos dirigeants orientent aujourd’hui les actions
vers de nouveaux clients à potentiel en mettant en place
une gestion de portefeuilles pointue. Cela engage fortement, en temps et en responsabilité, les conseillers.
Jusque là, rien d’alarmant
pensera-t-on ! Personne ne
nie la vocation commerciale
de nos entreprises et son
objectif est bien de maintenir et développer ses parts
de marché. Le bémol, car il y
en a un, est dans la méthode : les principes théoriques
chers à nos élites, développés notamment au travers
de Fréquence client, sont en
total décalage avec ce qui
occupe la journée des commerciaux.
de la gestion
de portefeuille…
Pour s’en convaincre, il suffit
d’interroger un chargé de
clientèle sur son emploi du
temps au quotidien, où activités multiples et exigence
de résultat cohabitent.
D’abord, notre collègue doit
en priorité honorer les rendez-vous clients fixés de
longue date, souvent depuis
deux, trois voire quatre
semaines. Ces entretiens,
que certains stratèges de la
vente appellent « Rendezvous qualifiés », doivent, de
manière quasi obligatoire,
se conclure par une vente,
que ce soit auprès d’une
clientèle déjà inscrite en
portefeuille, ou de nouveaux clients. Sinon… Un tel
objectif, représentant plus
de 1000 ventes annuelles,
ne laisse guère de place à
l’à-peu-près, d’où la nécessité pour notre chargé de
clientèle de préparer ses
rendez-vous, d’étudier le
profil du client, et, pour ne
pas rater une opportunité
commerciale, d’enrichir son
dossier de toute sorte de
renseignements permettant
à distance de mieux cerner
ses besoins et ses moyens.
Voilà la face visible de la
journée de notre chargé de
clientèle. Mais ses obligations ne s’arrêtent pas là.
Car, après la concrétisation
de la vente d’un produit ou
d’un crédit, il reste à « administrer » le contrat ou le dossier, tâche dont le commercial se passerait bien, car
empiétant largement sur
son temps de vente. Vient se
greffer là-dessus le service
après-vente qui voit notre
collègue traiter les réclamations, recherches ou autres
dysfonctionnements souvent sujets à perturber la
bonne relation de confiance
établie entre le client et
notre établissement
De quoi bien remplir une
journée de travail. Mais ça
n’est pas tout. Dans la perspective de capter de nouveaux clients, notre chargé
de clientèle se voit contraint
de se constituer son lot de
rendez-vous pour les prochaines semaines, avec une
part conséquente de nouveaux clients.
…aux séances
de phoning en dehors
des horaires !
Il s’accole alors à des séances
de phoning (plusieurs heures
par semaine), trop souvent
placées aux heures où
les clients sont joignables,
donc en débordant sur ses
horaires de travail. Le phoning
peut aussi servir de support
à des entretiens de vente
par téléphone, en particulier quand il s’agit de solder
un contingent d’OPCVM
difficile à placer, auprès de
clients à potentiel « mis en
réserve ».
Voilà une journée bien ordinaire pour un chargé de
clientèle. Elle ne laisse guère
de temps à l’évasion …
D’autant plus qu’après la
vente, il faut rendre compte,
tous les jours, toutes les
semaines, tous les mois. Des
tableaux de suivi sont à
renseigner pour informer,
presque en temps réel,
la hiérarchie de ses performances commerciales.
On est drôlement suivi !
Alors, fort de ces chiffres et
soucieuse de placer son
« collaborateur » dans les
meilleures dispositions de
vente – c’est ainsi qu’est
présenté le dispositif –, la
hiérarchie mettra en place
une série d’entretiens individuels de suivi où un bilan
des ventes de la semaine
écoulée sera mené, mais
surtout où seront déclinés
au chargé de clientèle ses
objectifs de la semaine à
venir, domaine par domaine.
L’opération se répétant ainsi
de semaine en semaine. Ces
suivis d’activité alimenteront
d’autres entretiens avec la
hiérarchie, de régulation et
d’appréciation.
Prendre le temps
de s’occuper du client
Admettons que ces suivis et
entretiens qui s’empilent
répondent à un dispositif
dont le principal critère
recherché serait l’efficacité :
vendre, encore et toujours
plus. Sauf que de la théorie
à la réalité, il y a des impondérables qui viennent entraver la bonne marche. Que
dire du dossier de crédit
refusé par le comité des
engagements … et qui fera
le bonheur de la concurrence
après avoir coûté quelques
heures de travail inutiles au
conseiller Caisse d’épargne?
Comment réagir devant ce
client qui sollicite un rendezvous immédiat pour placer
une importante somme
d’argent et qui, devant les
délais de rendez-vous pratiqués… n’hésitera pas à
traverser la rue pour rendre
visite à une autre enseigne ?
Quoi faire pour répondre
aux attentes d’une famille
désireuse de régler au plus
vite une succession ?
Comment expliquer à un client
mécontent d’une tarification
qu’il juge abusive que ça n’est
pas plus cher qu’ailleurs ?
Que faire pour adoucir le
courroux d’un client victime
d’un incident sur un ordre
de bourse ?
Voilà des exemples concrets
d’éléments perturbateurs
d’une journée théorique de
notre chargé de clientèle
qui influent forcément
sur ses ventes, donc sur
son appréciation et sa part
variable. C’est une réalité.
D’autres métiers de la branche
y retrouveront d’ailleurs des
similitudes. Et pourtant,
pour cela il n’y a ni tableau
d’activité, ni coefficient
correcteur. Vends et tais toi.
T’es suivi !
Pascal Binet-Wasilewski.
échos des plateformes téléphoniques
GIE Direct Écureuil Inter Loire
« Direct Écureuil, Jessy, bonjour…»
Les Caisses d’épargne CVL*, VFO* et PDL* ont créé un plateau
téléphonique : mais quel sort réservent-elles à nos collègues
de "Direct Écureuil" répartis sur 2 sites, Blois et Nantes ?
Aujourd'hui, une centaine de
collègues (75 à Blois et 25 à
Nantes) accueillent la clientèle
d'environ 190 agences. 75%
des "assistants de clientèle
multimédia" sont des femmes,
jeunes (- de 30 ans) et diplômées (niveau bac +2 mini).
Les embauches se font avec
une période d'essai de 2 mois,
renouvelable éventuellement…
Le sort que nos directions
leur imposent :
une honte !
Malgré des conditions d'embauche sélectives, la majorité
de nos jeunes collègues sont
classés en T2, (et le restent)
pour un rythme de travail
très soutenu : il faut assurer
une quinzaine d'appels par
heure, le suivi commercial, et
réussir à caser 4 ventes par
jour pour prétendre à une
part variable (individualisée à
100 %). Ainsi, nos collègues
renseignent la clientèle
(parfois très incorrecte au
téléphone…), vendent des
livrets, de l'IARD, des assurances téléphones mobiles,
des alertes écureuil, bancarisent, font les déblocages
Téoz,… Et pour que Direct
Écureuil puisse assurer l'accueil téléphonique du lundi
au samedi, de 8h à 20h (18h
le samedi), nos collègues
n'ont pas droit aux fermetures pour veille de fête ou
pour "pont". Petite com-
pensation cependant, leur
direction se montre assez
arrangeante
pour
les
demandes de temps partiel.
Bref, nos collègues produisent du PNB (entrant dans les
compteurs des agences)
dans des conditions de travail
souvent limites et très
astreignantes, mais n'ont, en
revanche, ni participation
ni intéressement !
Bons vendeurs mais
pas d'intéressement !
En effet, les trois directions
PDL-CVL-VFO*, complices,
refusent de négocier un accord
d'intéressement pourtant
largement mérité. D'ailleurs,
aucun accord d'entreprise n'a
encore été trouvé en cinq ans
d'existence, les directions
des trois Caisses concernées
voulant sans doute faire
du plateau téléphonique
une zone de non-droit !
Nos collègues restent malgré
tout très impliqués dans
leur travail. La concurrence
l'a bien compris qui n'hésite
pas à recruter ces collègues
trop souvent "boudés" par
nos Caisses d'épargne qui,
étrangement, hésitent à les
intégrer dans notre réseau
commercial...
Jean-Luc Thévennot
* Caisses de Centre Val de Loire, Val de
France Orléanais et Pays de la Loire
LE TRAIT D’UNION - page 7
N°92 - Mai 2006
détente
Portrait Passion – Détente
Maud et sa peinture
Maud Gassier a 26 ans,
elle est employée à la
CE de Basse-Normandie
dans le réseau commercial.
Depuis septembre 2000,
elle travaille à Alençon.
Peindre c’est son dada.
Elle nous parle de sa
passion avec chaleur.
Le Trait d’Union : Depuis
quand ton goût pour la
peinture et le dessin ?
À 16 ans, en classe de
seconde, j’ai fait le choix
d’une option arts plastiques. Ma rencontre avec
un professeur talentueux
issu des beaux arts et
doué de charisme a fait
le reste. Il m’a appris
quelques techniques, mais
il m’a surtout donné
l’envie de peindre et de
prendre confiance en
moi, mais en fait je suis
essentiellement autodidacte.
Le TU : As-tu déjà eu
l’occasion d’exposer ?
J’ai eu cette chance assez
tôt. Il y a 5 ans, j’ai présenté ma candidature à
l’exposition des peintres
du bocage à Flers et j’ai
été retenue. Depuis j’expose régulièrement dans
la région et j’ai même
été invitée à Paris. J’ai
pu faire quelques ventes
ce qui, m’a encouragé à
persévérer. Il faut dire
que ces 10 années m’ont
permis de mûrir, aussi
bien dans la technique
que dans les sujets abordés. Au départ, j’ai commencé par travailler la
gouache, puis les pastels
gras et secs, enfin l’huile
et l’acrylique. Mais il me
plait de mélanger les
matériaux. Les supports
varient eux aussi : le carton entoilé ou le bois. Il
m’arrive fréquemment
aussi de fabriquer le
cadre qui constitue un
prolongement du sujet.
Le TU : Justement, à
propos du sujet, quelle est
ta préférence ?
Les portraits sans conteste
à condition qu’ils me plaisent. Il me plait de peindre
dans un mélange d’abstrait
et de figuratif à partir de
corps et de visages. J’ai
le souci du détail et de la
précision. J’aime photographier mais je ne peux
jamais rendre aussi bien
les émotions et les expressions d’un visage qu’avec
la peinture. Je travaille à
l’instinct et à l’inspiration.
Des moments d’activité
intense et prolongée peuvent être suivis de « vides »
de plusieurs semaines. Ceci
dit l’exécution de portraits
et les expositions me motivent pour me mettre ou me
remettre en mouvement.
Le TU : Quelle place tout
cela tient-il dans ta vie ?
Mon travail salarié me
plait mais il est stressant
et peindre est une échappatoire pour évacuer ce
stress. Il se trouve que
j’aime le renouveau aussi
bien dans mon travail
quotidien lui-même que
dans la peinture. Passer
de l’un à l’autre ou
évoluer dans l’un et l’autre
casse la monotonie et la
routine.
Propos recueillis par
Jacques Paris,
Caisse d’épargne
de Basse Normandie.
en français dans le texte
Sauvez « carabistouille » et les autres !
Bernard Pivot, notre célèbre journaliste littéraire,
ne se cantonne pas à sa dictée pour sauvegarder
la grammaire et l’orthographe. Il marque un
profond attachement à notre langue française
et s’engage aujourd’hui dans un combat pour
réhabiliter les mots qui disparaissent des
dictionnaires. « On s’emploie avec raison, dit-il, à
sauver toutes sortes d’espèces d’oiseaux, d’insectes,
d’arbres et de plantes, de grosses et de petites
créatures bien vivantes, mais menacées de disparition. Et si on travaillait à sauver des mots en péril ? »
Aidons-le pour faire revivre quelques mots
malheureusement mis au rebut.
Barguigner : ce mot s’emploie lorsqu’on
hésite, qu’on a du mal à se décider.
Il s’emploie plus souvent dans une
forme négative « sans barguigner »,
« Allons-y ne barguignons pas ! »
Au XVIe et XVIIe, un barguigneur était
quelqu’un qui mettait du temps
à acheter, qui était capable de
marchander longuement avant de
se décider.
En matière de conservation de la langue française, le torchecul a quand même un autre sens que le vulgaire PQ !
Carabistouille : « Quel mot truculent ! »
dit Pivot « il n’est malheureusement
plus présent que dans le Petit Larrouse.
Par pitié, qu’on l’y laisse ! ».
Les carabistouilles d’origines belges
s’utilisent plutôt au pluriel et sont des
fariboles, des bêtises, des propos anodins
et un peu trompeurs.
De ces mots sortis des dictionnaires, Bernard Pivot en a écrit
un bouquin. Il est intitulé « 100 mots à sauver » édité chez
Albin Michel au prix de 12 €. Vous pouvez l’acheter, il
comporte même des pages blanches à la fin pour votre liste
personnelle des mots en péril !
Michel Ricard.
Gourgandine : Ce mot définit une femme
légère à la fois rusée et dévergondée,
qui n’a pas froid aux yeux. Rien à voir
avec une catin ! La gourgandine ne vit
pas du sexe même si elle aime à s’en
servir à l’occasion.
Torche-cul : on utilise encore ce qualificatif dans son sens figuré pour un
écrit lamentable ou un livre abject.
Son sens premier ne fait, lui, pas dans
le figuratif. Il s’agit tout bonnement
du papier toilette ou papier hygiénique.
Scrogneugneu : ce mot peut être à la fois une interjection, un
adjectif ou un nom masculin. Il désigne dans ce dernier cas un
bougon, un vieux ronchon. Il est issu par altération du juron
« Sacré nom de Dieu !». Ainsi, par exemple, le 10 mars dernier
les salariés campés le soir devant le journal télévisé : « Quoi ?
les Caisses d’épargne vont se marier avec les Banques populaires, SCROGNEUGNEU ! »
pour tout savoir
sur la nouvelle protection sociale :
demandez-le ou
téléchargez-le
Découvrez-vite le Simulateur SU/Unsa
LE TRAIT D’UNION - Le journal du Syndicat-Unifié/Unsa
Pour toute information et contact : tel. : 06 07 15 91 47 - e-mail : [email protected]
Directeur de la publication : Serge Huber — Caisse d’Epargne - 267, rue Giraudeau - 37000 Tours Cedex
Maquette : Les Sophistes — Imprimerie : SPEI 54425 Pulnoy
Dépôt légal : 2e trimestre 2006 — Commission paritaire N° 358 D 73 — ISSN 1149-1582