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Synthèse départementale - compte
rendu des tables rondes
Mardi 16 novembre 2010 – COMPIEGNE
 Faut-il modifier les rythmes scolaires ?
Cette synthèse est réalisée à la suite de la consultation publique qui s’est tenue à
Compiègne, en présence de Monsieur DRI, inspecteur pédagogique régional,
Monsieur Philippe VRAND, président national de la fédération des PEEP, Monsieur
PETREMENT, maire d’Ermenonville, Monsieur Freddy ADDA, représentant du
district Oise football, Monsieur Denis TROISBE-BAUMANN, proviseur du Lycée P.
d’Ailly.
Monsieur Alain CHEVREL, Inspecteur d’académie introduit le débat et rappelle en
propos préliminaires les données relatives aux rythmes scolaires en comparaison
avec d’autres pays.
La France est l'un des pays d’Europe où le nombre de jours de classe est le plus
bas mais également le plus concentré sur l’année (144 jours/an pour près de 190 en
Europe), où la journée scolaire est la plus longue (6 heures en France pour 4,5
heures en Europe). La France présente ainsi des originalités par rapport aux autres
pays, elle est rarement dans la moyenne européenne.
Repenser les rythmes scolaires c’est avant tout placer l’enfant au cœur de la
réflexion. Le débat s’articulera autour de 3 questions qui sont posées à
l’assemblée :
1. Est-il nécessaire de modifier les rythmes scolaires ?
2. Quelles sont les priorités à prendre en compte ?
3. Quels sont les principaux axes d’amélioration pour un meilleur équilibre des
rythmes scolaires ?
Les personnalités présentes à la table ronde s’exprimeront sur ces trois entrées.
Monsieur P. VRAND rappelle que la PEEP, en qualité de fédération de parents, est
force de propositions pour que les enfants s’épanouissent à l’école et que l’égalité
des chances soit une réalité pour tous. Elle ne cesse depuis 1930 de faire des
propositions qui reposent sur le bon sens au regard du nombre le plus faible de
jours d’école, de la journée la plus longue de classe, du nombre important d’élèves
décrocheurs et des emplois du temps chargés dans le second degré. Elle exprime
une volonté de changement de rythmes, plus annuel qu’hebdomadaire.
Monsieur P. VRAND, interpellé par l’exemple des pays étrangers, expose les
observations qu’il a faites lors de sa visite avec Monsieur Luc CHATEL du système
éducatif danois : des journées courtes qui se terminent de bonne heure pour
permettre la pratique d’activités culturelles, éducatives et sportives.
Monsieur DRI complète le propos pour préciser qu’il s’agit donc des rythmes de
l’élève et de l’enfant qu’il faut définir.
Monsieur F. ADDA qui représente l’association qui compte le plus grand nombre de
licenciés de l’Oise précise que ces questions sont récurrentes depuis très
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longtemps et que les associations s’interrogent sur comment faire pour que les
enfants soient épanouis. À cette fin, les 249 clubs de l’Oise qui accueillent des
enfants se sont adaptés pour pouvoir les prendre en charge et souhaitent le
maintien du mercredi en activité sportive.
Monsieur ADDA pose la question au regard du constat de la fatigabilité extrême des
enfants s’il faut considérer le temps passé dans la classe, ou celui passé à l’école ?
Monsieur PETREMENT, en qualité de maire et en charge des affaires scolaires,
expose la situation d’une collectivité territoriale. Il déclare voir l’évolution du rythme
des enfants dans les écoles et dans les activités extra scolaires. Sa commune de
913 habitants fonctionne en RPI sur un rythme de 4 jours dont l’amplitude
journalière a augmenté. Cette organisation est la garantie d’un week-end prolongé
qui permet notamment une meilleure organisation des familles séparées. Elle
permet aussi un moindre coût des prises en charge au niveau des transports
scolaires, de la sécurité des entrées et des sorties d’école, de l’entretien des
classes, des charges de chauffage ; autant de charges de personnels en moins.
Le rythme journalier est ainsi conditionné par la mise en place d’activités
périscolaires et de la cantine. L’amplitude journalière est importante car le temps de
repas s’étend sur une plage horaire qui permet la mise en place d’un service et
demi de restauration.
Pour une petite commune comme la sienne, cela représente le 1er poste de
dépenses. Il conclut en précisant que les finances gouvernent ainsi le rythme à
imposer à l’enfant et que les critères à prendre en compte sont le choix des parents
puis des élus, des enseignants et le bien-être des enfants.
Avant de donner la parole à l’assemblée, Monsieur l’inspecteur d’académie résume
les déclarations précédentes en précisant que la situation de l’élève est impactée
par les transports, les parents et qu’il y a beaucoup d’autres éléments qui viennent
percuter ce qui pourrait être l’emploi du temps des élèves : les emplois du temps
des nourrices, les attentes des organismes de vacances, les temps de catéchèse
qui sont autant de microréalités qui se confrontent.
Les avis exprimés par l’assemblée, constituée de parents d’élèves, d’enseignants,
d’élus, de personnels de direction divergent, un certain nombre de constats sont
relevés :
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Certains exprimeront l’intérêt de l’enfant et mettront en question l’évaluation
CM2 placée trop tôt en milieu d’année, la suppression du samedi matin qui
selon eux était une des meilleures matinées de la semaine, la différence
d’attention des élèves entre le matin et l’après midi, des vacances trop
longues.
En réponse à ces constats, d’autres interrogeront l’assemblée sur la
pertinence d’estimer le nombre de demi journées de classe. Ne convient-il pas
de définir ce que l’on propose aux élèves pour leur donner envie de faire, et
donc de réussir ? Il convient selon eux de privilégier la qualité au profit de la
quantité.
Ne faut-il pas distinguer les rythmes en tant que temps passé à l’école et
temps organisationnel ? Il ne semble pas nécessaire de modifier le rythme
scolaire temporel mais d’agir sur le niveau organisationnel et de recentrer sur
les fondamentaux.
Ainsi, conserver le mercredi pour les activités et la catéchèse, conserver le
samedi pour faciliter les déplacements des familles recomposées, garantir une
alternance de 7 semaines puis de 2 semblent souhaitables mais incompatibles
avec les lobbies touristiques.
La volonté des parents de garder les grandes vacances est exprimée.
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La semaine des 4 jours répond à l’absentéisme constaté le samedi. Par
ailleurs, quand les élèves doivent travailler en continu, ils sont fatigués au
terme de 2 jours et demi. Pour ces raisons, le maintien de la coupure du
mercredi est souhaitable.
Dès la fin de la 4è semaine de classe, les enfants subissent une panne
importante dans leur dynamisme. Proposition d’alternance de 6 semaines et
non de 7.
Des emplois du temps chargés au collège et au lycée, des temps de
déplacement élevés au regard du nombre d’heures de cours à suivre
occasionnent une grande fatigue chez les élèves.
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Les Enseignants ne veulent pas travailler le samedi.
Au regard de ces constats, il apparaît nécessaire de modifier quelques rythmes
mais il semble difficile de dégager un consensus sur les axes à prioriser au regard
du nombre important de paramètres à prendre en considération. Il s’agit de croiser
le rythme des vacances (alternance de 7 semaines, 2 semaines), le rythme
hebdomadaire, le rythme journalier avec les intérêts économiques des collectivités
territoriales. Comment concilier tous ces éléments ? Vouloir changer un élément
occasionne souvent des conséquences multiples : exemple de la plage méridienne
qui cible la cantine, les horaires d’entrées et donc les cars qui sont de la
responsabilité du conseil général.
Pour ces raisons, ne faut-il pas réfléchir à quelle organisation des horaires dans les
horaires existants ?
L’enjeu est de faire en sorte que les enfants ne soient pas dans la rue, qu’ils aient
envie d’aller à l’école et s’y sentent bien.
Des propositions émergent :
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Modifier les rythmes au niveau des programmes.
Veiller aux effectifs des classes, notamment en RPI
Raccourcir le temps de journée et des vacances mais garder le mercredi.
 2ème point : quelles priorités ?
Chacun a sa propre représentation de ses priorités, suivant qu’on est maire,
nourrice, parents, …
La priorité est de réaménager le temps de présence à l’école avec pour objectif de
mener à l’amélioration des conditions de vie des enfants et à la réussite des élèves.
Pour certains parents, la 1ère priorité c’est le rythme professionnel qui correspond à
la réalité de la vie.
Monsieur Vrand précise que si l’école idéale peut correspondre à une arrivée entre
8 et 9 h en primaire, et une sortie entre 14 et 15 h, heure à laquelle l’école est finie
mais où les élèves peuvent rester dans l’établissement, encadrés par les
enseignants (plus de devoirs à faire), la problématique est différente au collège et
au lycée. Il convient donc de définir un rythme scolaire en fonction de la tranche
d’âge de l’élève. Les enfants en bas âge n’ont pas les mêmes rythmes qu’un
adolescent.
Un représentant des collectivités territoriales exprime sa conviction de la nécessité
de réduire les vacances scolaires même si la mesure est impopulaire. Il apparaît
que les communes sont de plus en plus confrontées à la garderie des enfants.
Pour d’autres représentants, l’enfant ne peut pas s’adapter à l’emploi du temps de
ses parents au risque d’être fatigué. Or quand il est à l’école, il doit être disponible
pour apprendre et pour cela il faut qu’il ait eu du repos. C’est aux parents à
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envisager le rythme de garde et le rythme scolaire de l’enfant. Ils doivent veiller à
l’heure du coucher.
En revanche, ne plus avoir de devoirs n’est pas forcément une bonne chose, car
s’intéresser au travail de ses enfants contribue à leur réussite.
Si la priorité est le rythme de l’enfant, a-t-on demandé aux principaux intéressés ce
qu’ils voulaient ?
Un maire présent dans l’assemblée rapporte les conditions d’accueil qu’il a
envisagées pour les enfants qui arrivent très tôt en maternelle par la mise à
disposition de chauffeuses. Il traduit ainsi la grande priorité qu’il accorde aux enfants
au regard de la réelle contrainte des parents. L’objectif visé étant l’arrêt de
l’hémorragie des départs d’enfants qui n’allaient plus à l’école du village.
Des parents confirment que des élèves qui « subissent » la garderie du matin et du
soir ne sont pas pour autant traumatisés. Par contre ce qu’ils mettent en question
c’est ce qu’ils appellent le saupoudrage des contenus.
Une présidente d’association de parents insiste sur le bien fondé du rythme des 4
jours et souhaite laisser plus de souplesse au rythme organisationnel : nos priorités,
dit-elle ne sont pas celles des autres, il faut distinguer la priorité des parents de celle
des enfants et des communes.
Ces trois priorités ont du mal à cohabiter.
Monsieur l’Inspecteur d’académie parle de paradigme médical -ce qui est bon pour
l’enfant- de paradigme économique -l’intérêt notamment des parents qui veulent
vivre des loisirs- le paradigme politique. Il écarte l’aspect pédagogique qui relève
encore d’une autre sphère.
 3ème point : quels axes proposer ?
Pour les parents, il conviendrait de changer ce que l’on fait à l’école, le contenu, les
programmes trop lourds, avec 2 h de moins par semaine pour les mettre en place.
Ils évoquent la question des fondamentaux au niveau du CP et le stress ressenti par
tout le monde.
Pour les enseignants, il s’agit de repenser le calendrier, le saupoudrage, la lourdeur
des programmes, les effectifs des classes (double niveau) sont à revoir.
Monsieur Vrand rappelle que le rythme scolaire ne concerne pas que le primaire. Il
précise que la notion de classe est abandonnée au Danemark au profit de groupes
de niveau. Il préconise de revoir le calendrier de septembre à septembre, de gagner
quelques jours d’école pour diluer les programmes chargés (nombreuses options au
lycée).
Monsieur Dri conclut les échanges en situant le débat dans un cadre plus général :
est ce que l’on ne se pose pas les questions sur l’école pour éviter de se poser les
questions sur la société ?
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