Le porc en RDC

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Le porc en RDC
Agriculture • Entreprenariat
Le porc en RDC
Mots clés : élevage de porc
Disposant d’un territoire à la dimension d’un sous-continent, de sols fertiles et de climats généreux, la RDC
importe l’essentiel des protéines animales nécessaires pour nourrir ses populations urbaines.
Auteur(s) : Alain Huart et collaborateurs du CAVTK
Date de publication : 2003
Catégorie(s) : Élevage et pêche • Dynamique paysanne
Province(s) : K
inshasa • Bandundu • Équateur • Province orientale • Nord-Kivu • Sud-Kivu •
Maniema • Katanga • Kasaï-Oriental • Kasaï-Occidental • Bas-Congo
Partenaire(s) : F
aculté de Médecine Vétérinaire de l’Université de Liège •
Ministère de l’Agriculture et du Développement rural (RDC)
Nombre de pages : 2
Identification : F-EP-A5-P1-8
Le nombre d’éleveurs augmente, mais pour envisager un avenir radieux, il est nécessaire de baisser le coût de l’alimentation et d’importer des géniteurs performants. Le point sur l’élevage du porc en RDC.
Depuis plus de trois décennies, la production
porcine en RDC est concentrée entre les mains
de producteurs privés (villageois, industriels
et moyens). Contrairement à l’élevage bovin
où cohabitaient les privés et les structures
étatiques telles que l’ONDE (Office National
de Développement de l’Élevage).
de l’habitation familiale servent de logement. Les porcs dans ce type d’élevage sont
généralement dégénérés, vu le haut degré de
consanguinité. Mélange incontrôlé de races
locales et importées, ces porcs ont des performances fort faibles en matière de prolificité
et de production de viande.
L’alimentation fournie est déséquilibrée car
constituée par de la drêche, du son de blé
et autres tourteaux palmistes sans apport
de compléments minéraux vitaminés (CMV).
Quelque fois, les restes de l’alimentation
humaine et quelques fourrages sont les seuls
repas à la portée du cheptel.
Une enquête récente (2001) du Ministère
de l’Agriculture et de l’Élevage, nous donne
une estimation de 20 à 25 000 porcs en RDC,
alors que la ville de Kinshasa aurait entre 8 et
10 000 porcs.
TYPES D’ÉLEVAGES
Il faut noter que l’élevage porcin quitte de
plus en plus le « village » et « l’industriel » pour
s’installer dans des exploitations de taille
moyenne en milieu urbain et périurbain. Ainsi,
trois principaux types d’élevages cohabitent
dans notre pays.
Il y a d’abord les petites fermes unifamiliales ou communautaires (villageoises ou
urbaines). Leur cheptel va de 2-3 porcs à une
quinzaine. Ces fermes appartiennent à un
individu, une famille, une ONG ou un regroupement de producteurs. Le logement est très
souvent rudimentaire, précaire. Quelquefois
un chantier (maison inachevée) ou une pièce
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Agriculture • Entreprenariat
Ces élevages sont généralement considérés
par leurs propriétaires comme une « épargne
sur pied » et les ponctions se font en fonction
des événements (rentrée scolaire, mariage,
hospitalisation…). Le suivi du cheptel est
assuré par la famille elle-même ou un
membre de l’organisation dans le cas des
O.N.G. Le cheptel ne fait l’objet d’aucun
suivi sanitaire.
Le second type d’élevage qu’on peut qualifier de « moyen » est généralement l’œuvre
de personnes qui possèdent une vingtaine
à une centaine de porcs, voire plus. Un ou
plusieurs ouvriers agricoles employés à plein
temps s’occupent de la porcherie et un assistant vétérinaire (ou un médecin) passe régulièrement pour le suivi sanitaire du troupeau ;
quant à l’alimentation, elle est généralement
dépendante des moyens du promoteur, mais
peu nombreux sont ceux qui utilisent régulièrement les aliments des Usines d’Aliment
Bétail (U.A.B.). Par manque de fonds de roulement, le fermier passe aisément de l’aliment commercial à la drèche et son de blé
entraînant ainsi des déséquilibres et des
baisses de gain quotidien moyen (G.Q.M.)
assez marqués.
Dans ce cas, il existe un certain programme
de développement de l’élevage sans pour
autant être trop rigoureux. Les animaux sont
vendus à divers âges et le choix des animaux
de départ ou de renouvellement n’est pas
strict. Au fil des accouplements successifs,
on aggrave généralement le problème de
consanguinité. Les animaux sont généralement vendus sur pied au client.
La troisième catégorie d’élevages se retrouve
aux abords des grandes villes, voire en son
sein (Sebo ou Prieuré à Kinshasa/Kimwenza,
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S.A.B. et Number One à Lubumbashi, exception faite de J.V.L. Kolo situé à plus de 150 km
de Kinshasa). Ce sont souvent des entités
intégrées, allant de l’élevage à la boucherie-charcuterie, en passant par l’abattoir et
la découpe. Ces fermes possèdent d’une centaine à quelques milliers de porcs. L’aliment
utilisé provient des commerces ou des unités
de fabrication propres à la ferme. Cet aliment
est bien équilibré.
Le suivi sanitaire et zootechnique est rigoureux. Les performances de production et
reproduction sont recherchés et on veille
à renouveler régulièrement les géniteurs afin d’éviter la
consanguinité. Une
bonne partie des produits est valorisée en
charcuterie.
Malheureusement,
la situation socioéconomique avec le
non accès aux crédits
pour le secteur agropastoral, les guerres
et pillages, les épidémies et autres catastrophes et la concurrence de plus en plus
forte de produits carnés importés, subventionnés dans leur pays d’origine ont mis à mal
le secteur. On retrouve donc de nombreuses
fermes porcines à l’arrêt aux abords des
grandes villes (Massamba fils, Kitobola, Mona
Paradis, Dokolo…).
L’État a donc essayé via des projets spécifiques de reprendre, réhabiliter et relancer
certaines de ces entités (Fepakin, Fepalu,
Fepik…) avec des succès divers selon les cas.
CONCLUSION
Par une politique volontariste visant à permettre l’accroissement de la production
nationale, il y a de plus en plus d’éleveurs
et ils seraient encore plus nombreux si le
coût élevé de l’aliment (0,45 à 0,52 USD/
kilo), le manque de crédit à l’investissement
et de fonds de roulement n’étaient pas un
handicap.
Il est donc nécessaire que tout soit mis en
œuvre pour baisser le coût de l’alimentation
et importer des géniteurs performants en
R.D.C., sans oublier de mettre des crédits
à disposition des fermiers. Un avenir radieux
du secteur de la production porcine peut dans
ce cas être envisagé.

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