Analyse documentaire sur les traumatismes

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Analyse documentaire sur les traumatismes
L’Initiative pour
les femmes
autochtones
Analyse documentaire
Analyse documentaire sur les traumatismes intergénérationnels,
la santé mentale, la violence contre les femmes, les dépendances
et l’itinérance parmi les femmes autochtones du Nord
(ASRPFNO)
L’Initiative pour
les femmes
autochtones
Analyse documentaire
Analyse documentaire sur les traumatismes intergénérationnels,
la santé mentale, la violence contre les femmes, les dépendances
et l’itinérance parmi les femmes autochtones du Nord
(ASRPFNO)
Remerciements
Auteure : Ghislaine Goudreau, avec l’aide de Joey-Lynn Wabie, directrice de l’initiative ASPEPFNO
L’ASRPFNO, l’initiative d’Amélioration des services de rapprochement et de partenariat pour les
femmes du nord de l’Ontario, avait pour objectif principal de réduire l’impact et l’ampleur de
l’itinérance parmi les femmes autochtones ayant des problèmes de santé mentale et de bien-être en
utilisant les interventions pour comprendre la violence faite aux femmes et améliorer la collaboration
et les capacités des services locaux. Lancée par YWCA Canada et financée par Ressources humaines
et Développement des compétences Canada, dans le cadre de la Stratégie des partenariats de lutte
contre l’itinérance, et par Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, l’ASRPFNO a été
dirigée depuis Sudbury par la YWCA de Sudbury.
De nombreuses personnes ont contribué au succès de cette initiative. Quand une communauté réussit
à utiliser toutes ses ressources, ses expériences et de nouvelles idées de manière aussi constructive,
tout le monde y gagne. Nous remercions d’abord les femmes autochtones qui ont fait part de leur
propre expérience dans les groupes de discussion Our Sisters’ Voices et ainsi vu à faire entendre leur
voix, ainsi qu’à celles qui ont participé au Cheminement pour le mieux-etre des femmes, puis formé, de
leur propre chef, le cercle des Northern Sisters’ Voices.
L’Initiative des femmes autochtones tient à exprimer sa reconnaissance aux organismes qui ont
participé aux groupes de discussions, aux consultations communautaires, aux séances de Formation
réciproque intersectorielles et au Cheminement pour le mieux-être des femmes. Votre savoir et votre
disposition à travailler ensemble ont été remarquables.
Centre d’amitié autochtone N’Swakamok
Centre de santé Shkagamik-Kwe
Stratégie de l’Ontario relative au VIH et au sida
Sudbury Action Centre for Youth
Programmes autochtones de l’Université Laurentienne
Centre Wabnode du Collège Cambrian
Aboriginal Peoples Alliance of Northern Ontario
Projet de dépistage de la violence faite aux femmes de
Sudbury-Manitoulin
Centre de toxicomanie et de santé mentale
Northern Initiative for Social Action
Centre Iris de rétablissement pour femmes toxicomanes
Ministère des services sociaux et communautaires
Hôpital régional de Sudbury
Service de santé publique de Sudbury et du
district
Conseil de planification sociale
Services policiers de Sudbury
Centre de l’enfant et de la famille
Atikameksheng Anishinabek
Service correctionnel du Canada
Foyer Notre-Dame
Armée du Salut
Manitoulin Family Resources
Société Elizabeth Fry
Corner Clinic
Enfin, nous remercions bien sincèrement Winnifred Pitawanakwat, aînée du Cercle consultatif
de l’Aboriginal Women’s Initiative, de ses sages et patients conseils tout au long du projet, et
les membres suivants du Cercle consultatif qui ont guidé la directrice de l’initiative et
contribué à l’atteinte des objectifs :
Cynthia Belfitt, Barbara Burton, Carmen Leduc, Laura Pitura, Ann-Marie Recollet, Wanda Beaudry, Christina Agawa, Gail
Charbonneau, Andrea Manitowabi, Marlene Gorman, Melanie Nabigon, Lise Armstrong, Ghislaine Goudreau, Marcella
Guerin, Cindy Bertolo, Emily Fleming, Shelly Moore-Frappier, Sandra Fox, Rachel Noel-de-Tilly, Vivienne Martin, Kathryn
Irwin-Seguin, Susan Manitowabi, Cristine Rego, Laura Hall, Jeff Westlake, John Keating, Ann Decter et Amélie Roy.
Une version électronique du guide est disponible à www.ywcacanada.ca et à www.ywcacsubdury.ca
Analyse documentaire
de l’Initiative pour les femmes autochtones
Analyse documentaire sur les traumatismes intergénérationnels, la santé
mentale, la violence contre les femmes, les dépendances et l’itinérance parmi
les femmes autochtones du Nord
La femme est au cœur même de la roue de la vie. Elle est le pouls du peuple. Elle
n’est pas seulement au foyer; elle est aussi la communauté, elle est la Nation.
Une de nos grands-mères.
La femme est le fondement des Nations. Elle est au cœur même de sa Nation. Si ce
cœur est faible, le peuple sera faible. Si son cœur est fort et son esprit est tranquille,
la Nation sera alors forte et saura quelle est sa raison d’être. La femme est au centre
de toute chose.
Tiré de The Woman’s Part
Art Solomon
Aîné ojibway du Nord de l’Ontario
Introduction
La présente analyse est un parcours des documents sur les femmes autochtones et sur celles qui
ont été victimes de violence. Nous espérons que ce parcours permettra de mieux saisir les besoins
et les lacunes à cet égard, afin d’aider les personnes dans le besoin. La première partie donne des
renseignements généraux sur la situation et débute par l’histoire des femmes autochtones et
l’incidence que la colonisation a eue sur elles au fil des années. Vient ensuite l’opinion de femmes
autochtones sur la santé, la guérison et les déterminants sociaux, puis d’un examen des
recherches sur les femmes autochtones d’aujourd’hui qui montre que leur santé est gravement
menacée. Nous accordons une attention particulière au sort des femmes en milieu urbain, car les
femmes autochtones sont maintenant nombreuses à habiter les villes. Nous traitons en outre de
leur accès aux services et voyons lesquels leur sont disponibles. La deuxième partie examine en
détail la violence faite aux femmes autochtones (causes profondes, facteurs de risque, obstacles à
son signalement, obstacles systémiques) et les points de vue de femmes autochtones qui ont été
victimes de violence (lacunes, problèmes, obstacles à la guérison, besoins). Nous présentons
notamment les écrits décrivant les défis que ces femmes doivent relever, tels que problèmes
mentaux, toxicomanie et itinérance. Enfin, dans la troisième partie, nous nous penchons sur la
documentation dans l’optique de la prévention de la violence contre les femmes autochtones,
ainsi que sur les refuges qui leur sont offerts.
1
Il est important de reconnaître que l’expérience des femmes et des peuples autochtones
varie dans les différentes régions de l’Amérique du Nord (Rude et Deiter, 2004) et même au sein
d’une même province comme l’Ontario. On constate également de la diversité entre les divers
groupes autochtones du Canada (Voyageur et Calliou, 2000-2001). Il faut aussi reconnaître que le
degré d’assimilation varie au sein de la population féminine autochtone (Garrett et Pichette,
2000), de sorte que des femmes auront été très occidentalisées tandis que d’autres sont restées
très traditionnelles. Dans le cadre de la présente analyse, le terme « femmes autochtones » réfère
aux femmes inuites, métisses et des Premières nations en tant que groupe. Néanmoins, quelques
avertissements s’imposent. Par exemple, une grande partie des recherches antérieures ont porté
sur les Autochtones habitant les réserves, tandis que très peu se sont penchées sur les peuples
autochtones vivant à l’extérieur des réserves, et encore moins sur les femmes en particulier
(Jaccoud et Brassard, 2001, Kurtz, Nyberg, Van Den Tillaart et Mills et l’Okanagan Urban
Aboriginal Health Research Collective, 2008). Qui plus est, les métisses, les inuites, les femmes
non inscrites et celles des régions rurales ne sont presque jamais incluses dans les études. Cela dit,
nous avons cherché à examiner, autant que possible, la situation des femmes autochtones du
Nord ontarien. Cependant, en raison du manque de recherches sur les femmes de cette région,
nous avons souvent retenu des études nationales et provinciales afin qu’il soit possible de saisir le
problème dans une optique englobant la population des femmes autochtones dans son ensemble.
Les écrits sur les femmes autochtones étant peu nombreux, et surtout sur celles qui vivent hors
réserve ou dans le Nord ontarien, la présente analyse documentaire a également porté sur des
rapports et documents non universitaires.
Colonisation
Selon Mitchell et Maracle (2005), les différences flagrantes entre la santé actuelle des
Autochtones et celle des non-Autochtones sont liées aux incidences de la colonisation et aux
traumatismes historiques et intergénérationnels qui ont résulté du racisme systémique, des
politiques d’assimilation et du génocide culturel (p. 14). Selon les Autochtones, la séparation des
familles causée par les pensionnats est l’un des éléments qui a contribué pour beaucoup à leur
mauvaise santé actuelle (Institut canadien d'information sur la santé, 2004). Les enfants qui ont
grandi dans les pensionnats ont souvent été victimes de mauvais traitements sexuels, physiques et
psychologiques (Voyageur, 2000). Sans l’amour et les conseils de leur mère, ils n’ont souvent pas
appris comment être à leur tour des parents et veiller sur leurs propres enfants (Voyageur, 2000).
Les incidences des politiques et des pratiques coloniales se font sentir depuis des générations, et
ont eu des répercussions sur plusieurs générations comme en témoignent l’itinérance, la
toxicomanie, la pauvreté, la violence conjugale, le dysfonctionnement familial et un état de santé
affaibli qui sont le lot de nombre d’autochtones (Commission royale sur les peuples autochtones
[1996a]), et surtout des femmes (Boyer, 2006). La colonisation a aussi condamné cette population
2
au silence en supprimant ses langues et en favorisant la désintégration de ses structures
culturelles et sociales, ce qui a entraîné une oppression persistante et lui a dérobé ses pouvoirs
(Boyer, 2006; Kurtz et autres, 2008; CRPA, 1996a; Voyageur, 2000).
Ouvrons les yeux (Histoire des femmes autochtones)
Traditionnellement, les « femmes jouaient un rôle dominant dans la vie politique et
culturelle de nombreuses sociétés autochtones traditionnelles. Elles étaient avant tout honorées
parce qu'elles étaient la source de la vie » (CRPA, 1996b). Ce rôle au sein de la famille et de la
communauté inspirait beaucoup de respect (Anderson, 2000). Les premiers rapports
d’explorateurs à décrire les Premières nations ont fait état de structures sociétales égalitaires
(Brodribb, 1984) qui favorisaient l’harmonie dans la communauté (Haslip, 1999). Il n’y avait pas
de systèmes hiérarchiques pour dresser des limites entre les hommes et les femmes (Popick,
2006).
Les femmes autochtones du territoire ojibway se qualifient elles-mêmes de NishnaabeKwek (Corbiere et Hardy, 1996; Goudreau, Weber-Pillwax, Cote-Meek, Madill et Wilson, 2008).
L’identité culturelle anishnaabe (autochtone) du nord de l’Ontario attribue traditionnellement
aux femmes le rôle de prendre soin de l’eau sur la Terre mère pour symboliser l’eau qu’elles
portent en elles pour nourrir leur bébé pendant la grossesse (Lavalley, 2006). Selon les
enseignements des aînés, ces rôles traditionnels doivent être respectés et pris au sérieux. Le rôle
traditionnel des hommes anishnaabe est de prendre soin du feu (AHWS, 2003). D’après
Caibaiosai (2008), ces rôles découlent de traditions autochtones où les familles et les
communautés étaient saines, et au sein desquelles les hommes et les femmes remplissaient des
rôles importants et égaux. Elle soutient en outre que cette égalité dans la communauté est
nécessaire à la survie, laquelle exige que chaque personne partage les importantes responsabilités
de prendre soin de la famille, de la communauté et de la Terre mère. Ces rôles traditionnels
aident aussi à réaliser et à maintenir l’équilibre (Caibaiosai, 2008). Avant l’arrivée des Européens,
les cas de violence dans la communauté autochtone entraînaient de graves conséquences pour
l’agresseur, lequel pouvait notamment être frappé d’ostracisme et perdre son honneur (Bohn,
1993).
Selon Anderson (2000), « nous possédions un sentiment commun de pouvoir, un pouvoir
qui ne faisait pas partie de l’expérience européenne » (p. 57, traduction libre). Par exemple, les
chefs et les guérisseurs pouvaient être des hommes ou des femmes dans la communauté
autochtone (Abbott, 2003; Deiter et Otway, 2001). Anderson (2000) a beaucoup écrit sur les
pouvoirs politiques équilibrés dont bénéficiaient autrefois les femmes autochtones dans leurs
relations avec les hommes de leurs communautés. Elle explique qu’en raison de l’influence des
colonisateurs européens, le statut de la femme autochtone est bientôt devenu moins qu’égal.
Dans le rapport de la CRPA (1996b), les femmes autochtones rapportent « qu'à l'arrivée des
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puissances coloniales, une nouvelle attitude […] inquiétante s'est peu à peu infiltrée dans leurs
sociétés ». L’asservissement de la femme à l’unité familiale patriarcale et l’envoi des enfants dans
les pensionnats ont eu un effet dévastateur sur les valeurs, les traditions et les rôles culturels des
femmes autochtones (Deiter et Otway, 2001). La colonisation a causé la désintégration de l’unité
familiale en détruisant les structures traditionnelles de coopération qui valorisaient l’équilibre des
sexes (Boyer, 2006).
Nombreux sont les enfants des Anishnaabe à avoir été envoyés au pensionnat de la ville
de Spanish (Ontario), lequel a ouvert ses portes en 1913 (Corbiere et Hardy, 1996). Pendant les
nombreuses années que les enfants ont fréquenté ces écoles, souvent contre le gré de leurs
familles, les mères ont perdu leur rôle qui consistait à prendre soin d’eux et à les éduquer
(Popick, 2006). C’est principalement en attaquant directement les pouvoirs et le rôle fondamental
de la femme au sein de la famille qu’on a privé les peuples autochtones de leurs pouvoirs
(Armstrong, 1996). Wesley-Esquimaux (2010) montre bien clairement qu’en soustrayant aux
femmes les rôles fondamentaux qu’elles exerçaient, les efforts du colonialisme ont entraîné la
division et la déstabilisation des communautés, de sorte qu’elles sont devenues plus violentes.
Enfin, il faut rappeler que la Loi sur les Sauvages de 1876 a enlevé aux Autochtones nombre de
leurs droits; plus particulièrement, les droits des femmes ont été supprimés de telle sorte qu’elles
se sont retrouvées avec encore moins de droits que les hommes autochtones (Goudreau, 2006).
Par exemple, la Loi a retiré le « statut d’Indienne » à celle qui se mariait avec un non-Autochtone
(Deiter et Otway, 2001). Selon le rapport de la CRPA (1996b), les « politiques et les lois imposées
par les gouvernements étrangers ont détruit les traditions culturelles et introduit la
discrimination à l'égard des femmes » (p. 100). Les femmes avaient dorénavant peu de choix et la
plupart ont été obligées de partir des réserves et de perdre ainsi leurs droits à une éducation
subventionnée, à l’accès aux terres et ainsi de suite (Deiter et Otway, 2001). L’importance et le
respect accordés autrefois à la femme autochtone ont alors grandement diminué, et le temps et le
processus de colonisation, ainsi que l’imposition des lois étrangères, allaient les éradiquer
systématiquement (Brodribb, 1984; Monture-Angus, 1995) 1995). Ces lois n’ont été abrogées
qu’avec l’introduction du projet de loi C-31 en 1985 (CRPA, 1996b), lequel supprimait la
définition « trilinéaire » de l’admissibilité au statut d’Indien et rendait leur statut d’Indienne aux
femmes qui l’avaient perdu du temps de la Loi sur les Indiens. Malgré les incidences de la
colonisation, nombre des Nishnaabe-Kwek (femmes autochtones) ont réussi à conserver les
valeurs autochtones fondamentales des sept enseignements ancestraux (sagesse, amour, respect,
bravoure, honnêteté, humilité et vérité) (Corbiere et Hardy, 1996).
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Perspective autochtone sur la santé, la guérison et les déterminants de la santé
Santé
Selon Svenson et Lafontaine (1999), malgré la diversité culturelle des populations
autochtones traditionnelles du Canada, elles envisagent la santé dans une optique plus globale
qu’on ne le fait dabs le monde occidental. Pour nombre d’Autochtones, le concept de la santé
provient de la « roue médicinale », qui porte aussi le nom de « cercle de vie » (Deiter et Otway,
2001; Kinnon, 2002; Shestowsky, 1993). Chaque culture autochtone présente le cercle de vie à sa
manière; mais chacune compte les mêmes concepts de base (Svenson et Lafontaine, 1999). Selon
un enseignement particulier, le Cercle de vie décrit les gens en fonction des quatre éléments de
l’être : physique, mental, affectif et spirituel. Pour qu’une personne soit en santé ou équilibrée, il
faut que les quatre éléments soient développés et nourris en même temps (Deiter & Otway, 2001;
Kinnon, 2002; Shestowsky, 1993). Si on favorise ou néglige un élément plus qu’un autre,
l’équilibre (la santé) est détruit (Kinnon, 2002; Reynolds, 1997). Dans le rapport de la CRPA
(1996c), on explique que la santé, pour les peoples autochtones, est l’équilibre que visent les
systèmes de soutien de la vie en favorisant le bien-être mental, affectif, physique et spirituel. En
ojibway, Mino-Bimaadiziwin signifie « Mener une vie saine » et décrit la façon dont les Ojibway
envisagent la santé. C’est d’ailleurs ainsi que les femmes autochtones du nord de l’Ontario
conçoivent la santé (Goudreau et autres, 2008).
Guérison
Pour que les femmes autochtones mènent une « vie saine », elles doivent souvent guérir
des blessures causées autrefois par la colonisation et les actes de violence (Goudreau, 2006).
Rogers (2001) décrit la guérison comme le retour de l’équilibre ou de l’harmonie dans la vie de
quelqu’un et explique que cette guérison constitue les premiers pas que franchit l’Autochtone sur
le chemin du bien-être. Il ajoute que pour s’engager de la sorte, il faut d’abord participer à la
guérison, ce terme signifiant pour les Autochtones le rétablissement personnel et sociétal après
avoir souffert pendant des générations des effets persistants de l’oppression et du racisme
systémique (CRPA, 1996c, chap. 3). Cette guérison est généralement une reconnexion spirituelle
ayant pour but d’améliorer le bien-être général de la personne par la réintégration des quatre
éléments spirituel, affectif, physique et mental (McLennan et Khavarpour, 2004). McLennan et
Khavarpour (2004) ont fait remarquer qu’il nous faut reconnaître que la spiritualité peut
constituer l’élément moteur de la guérison des Autochtones. Restoule (2000) soutient que la
guérison est un processus de croissance qui nécessite l’énergie, le temps et la communion de tous
les membres de la communauté (p. 21). Il faut du temps pour guérir et le processus peut s’avérer
intense (Association des femmes autochtones du Canada [AFAC], 2007). Les communautés
autochtones sollicitent souvent l’aide d’aînés ou de guérisseurs pour aider au déroulement du
processus (Hardy, Apaquash et Butcher, 2000). Pour nombre de femmes, la guérison est un mode
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de vie (AFAC, 2007). Cependant, au fil d’années de politiques d’assimilation, des femmes
autochtones en sont venues à croire que les pratiques traditionnelles de guérison sont de second
ordre (AFAC, 2007a) La majorité des femmes ont tout de même recours à une forme ou à une
autre du processus de guérison traditionnel (Organisation nationale de la santé autochtone
[ONSA], 2003).
Déterminants de la santé
Depuis quelques années, en matière de santé, on travaille surtout à réduire les iniquités
dans les conditions socio-économiques qui déterminent la santé des personnes et des
communautés (Santé Canada, 2007). Selon Rapheal (2004), la qualité et la quantité des diverses
ressources qu’une société met à la disposition de ses membres influent sur les déterminants
sociaux comme les expériences en début de vie, les pratiques de santé personnelles, les habiletés
d’adaptation, le sexe, le patrimoine culturel et le statut d’Autochtone (p. 1). Ces ressources
varient, allant des possibilités de logements, d’éducation et d’emplois à l’accès aux services
sociaux et de santé, et à la qualité de ces services. Lorsqu’il y a des difficultés d’ordre socioéconomique telles que la pauvreté, le chômage, le surpeuplement des logements, la
discrimination et le racisme, les cas de mauvaise santé sont plus fréquents (Brunen, 2000; Kurtz
et autres, 2008). Cela fait aussi partie de l’approche en matière de santé qui prédomine
aujourd’hui au Canada et dans laquelle on considère que les soins de santé primaires jouent un
rôle limité dans la santé des êtres humains (AFAC, 2007a). Cette approche trouve son parallèle
dans celle qu’ont adoptée les Autochtones par rapport à la santé (CRPA, 1996b; Goudreau et
autres, 2008, Dion-Stout, 1996) et elle concorde par conséquent avec les lois ancestrales et les
croyances spirituelles qui ont pour principes fondamentaux que les liens entre les éléments et
leur appréhension holistique constituent la clé de la guérison et de la santé (AFAC, 2007a).
Lorsqu’il est question de santé, la femme autochtone adopte une approche holistique :
une approche qui intègre les éléments physique, mental, affectif et spirituel à sa situation, à sa
nature et à son environnement propres, ainsi qu’à ses relations avec sa famille, sa communauté et
les autres personnes, et à ses réalités et interactions sociétales (Goudreau et autres, 2008, AFAC,
2007a). Selon Goudreau (2006), comme dans la toile de l’attrape-rêves, de nombreux facteurs
relationnels se croisent et jouent un rôle tout aussi important dans la santé d’une personne.
Les femmes autochtones d’aujourd’hui
De nos jours, les femmes autochtones n’ont pas la stature ni les pouvoirs politiques dont
elles jouissaient autrefois (Anderson, 2000). Dans le cadre de l’étude de Recollet (2009), celles du
Nord-est ontarien ont déclaré qu’elles avaient le sentiment d’avoir été transplantées et coupées
des communautés traditionnelles. Elles ont aussi parlé de leurs sentiments par rapport à la perte
de leur culture et de leur spiritualité; à la honte et à la colère qu’elles ressentaient après avoir vécu
6
des expériences individuelles, familiales et communautaires de violence et de toxicomanie; à une
bien piètre estime de soi; et à des relations dysfonctionnelles. Bien des femmes habitant leur
communauté d’origine ont avoué ne pas vivre dans une saine communauté (Deiter et Otway,
2001) et ont fait état d’antécédents familiaux d’alcoolisme, de mauvais traitements et de
négligence (Dieter et Otway, 2001; FitzMaurice et McCaskill, 2007a; Jaccoud et Brassard, 2001;
McGillivray et Comaskey,1999). En plus de vivre ces difficultés, les femmes ont été retirées de
leur foyer lorsqu’elles étaient enfant ou à l’adolescence, et ce, en raison des situations
mentionnées ci-dessus ou d’autres circonstances comme la séparation de leurs parents, la
détérioration de leur situation économique ou des activités criminelles. (FitzMaurice et
McCaskill, 2007a; Mosher, Morrow, Boulding et VanderPlaats,
Les nombreuses pertes que
2004). Elles ont alors été placées soit chez d’autres membres de
les Autochtones ont accusées
en raison du colonialisme
leur famille (grands-parents, frères, sœurs), soit dans des foyers
semblent avoir occasionné la
nourriciers ou des établissements comme des centres de
chute en spirale de la santé
réadaptation. Certaines d’entre elles affirment que ces
des femmes et entraîné dans
problèmes vécus durant leur enfance les ont empêchées de
les familles et dans nombre
de communautés autochtones
surmonter les obstacles et d’aller de l’avant à des moments
de nombreuses formes de
importants de leur vie (FitzMaurice et McCaskill, 2007a). Pour
violence physique,
sa part, Amnistie Internationale, (2004) prétend que les
psychologique et sexuelle
(CRPA, 1996c).
politiques gouvernementales du Canada ont historiquement
déchiré les familles et les communautés autochtones, et ont astreint un nombre disproportionné
de femmes à des situations dangereuses, notamment à la pauvreté, à l’itinérance et même à la
prostitution.
De nos jours, les femmes autochtones sont nombreuses à vivre à l’extérieur des réserves et
les écrits témoignent du fait qu’elles ont autant de difficulté que celles qui y vivent encore. Dans
notre société contemporaine, par exemple, les femmes
Le cas des femmes autochtones
portées disparues et
autochtones doivent lutter contre le racisme et le sexisme
l’indifférence du Canada à leur
(Browne et Fiske, 2001; AFAC, 2007b), ce qui veut dire qu’elles
égard constituent le témoignage
sont victimes des mêmes préjugés qu’on a contre la population
le plus flagrant de l’iniquité et du
autochtone en général ou les femmes et, plus particulièrement,
racisme réservés aux femmes
autochtones (AFAC, 2010).
les femmes autochtones, ou contre les femmes chefs de famille
monoparentale (Cornet, 2001). Amnistie Internationale (2004)
et l’AFAC (2010) ont souligné que plus de 500 femmes autochtones ont disparu (et sont
présumées mortes) au cours des deux ou trois dernières décennies. Les recherches de l’AFAC
(2010) ont fait ressortir que dans plus de la moitié des cas, il s’agissait de jeunes femmes et de
filles de moins de 31 ans et que 17 % d’entre elles avaient 18 ans ou moins. De plus, la majorité
des femmes portées disparues ou assassinées avaient des enfants. Bien que la majeure partie des
disparitions ou assassinats se soient produits dans les villes de l’Ouest, 70 des 582 cas sont
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survenus dans le nord de l’Ontario, dont le cas de Shirley Taylor, femme autochtone qui a été
tuée à Sudbury, en 1999, par son conjoint de fait (Sinclair, 2003). L’AFAC (2010) s’indigne du fait
que peu de ces cas ont jusqu’à maintenant fait l’objet d’enquêtes rigoureuses par la police ou
attiré l’attention des médias. Même actuellement, les femmes autochtones risquent davantage de
trouver une mort violente que les femmes non autochtones (AFAC, 2010). Non seulement ces
crimes violents sont-ils rejetés, mais on porte peu attention au fait que les femmes autochtones
sans abri sont bien plus nombreuses que les non autochtones à se trouver dans la même situation
(Browne, McDonald et Elliott, 2009).
Les femmes autochtones sont dans bien des cas dénuées d’amour-propre. Et nombre
d’Autochtones, y compris les femmes, ont bien peu d’estime de soi (CRPA, 1996d). Ces luttes
internes ont entraîné de nombreux problèmes sociaux et de santé, comme la consommation
abusive d’alcool et de drogues (Caibaiosai, 2008). De nos jours, les femmes autochtones
commencent seulement à apprendre à reconnaître la force de leurs antécédents ancestraux et à
l’utiliser pour guérir (Goudreau, 2006, Urbanoski, 2001).
Les femmes autochtones et la santé
Chez les femmes autochtones, en particulier, les taux de mortalité, de blessure, de suicide,
d’obésité et de maladies chroniques sont bien plus élevés que chez les autres Canadiennes (Dion
Stout, Kipling et Stout, 2001). Les taux de fertilité des Autochtones sont également bien plus
élevés que chez les autres femmes : de 1996 à 2001, le taux de fertilité des femmes autochtones
était en moyenne de 2,6 enfants (nombre d’enfants qu’elles pouvaient s’attendre à avoir durant
leur vie) par comparaison avec la moyenne de 1,5 enfant chez toutes les Canadiennes (Statistique
Canada, 2006a). Dans le rapport sur la situation à Kenora de la Commission d'étude sur les
Autochtones vivant en milieu urbain, on explique qu’il n’est pas rare que des filles autochtones
tombent enceintes à l’âge de 12 ans. Par conséquent, de nombreuses jeunes filles finissent par
quitter l’école et par descendre en vrille dans un cycle de pauvreté dont il est pratiquement
impossible de sortir sans aide. (FitzMaurice et McCaskill, 2007b). Dans le rapport du Groupe de
travail sur les Autochtones vivant en milieu urbain au sujet de Sudbury (FitzMaurice et
McCaskill, 2007c), un intervenant clé souligne le stress que ces jeunes filles doivent endurer :
Les femmes ont des enfants à un jeune âge et vivent beaucoup de stress à cause de cela,
parce qu’elles ont alors besoin de services de garde abordables afin de pouvoir continuer
d’étudier et de travailler. Ces jeunes mères monoparentales connaissent la pauvreté ainsi
que le sexisme et le racisme en général. Elles ont besoin de beaucoup de services de
soutien, d’un logement sécuritaire, de moyens de transport et de services de garde (p. 105,
traduction libre).
8
En 2001, chez les Autochtones, l’espérance de vie était
Il existe d’importantes
de 77 ans pour les femmes et de 71 ans pour les hommes,
différences entre les
Autochtones et les nonenviron 5 ans de moins que pour le reste de la population
Autochtones du Canada en ce
(Statistique Canada, 2006a). De plus, les femmes autochtones
qui concerne la santé et les
inscrites, plus que le reste des Canadiennes en général, risquent
taux de morbidité et de
mortalité (Dion Stout et
davantage de mourir des conséquences de l’alcoolisme ou
Downey, 2006; Wardman,
d’une cirrhose du foie (Grace, 2003).
Clement et Quantz, 2005).
Les femmes autochtones ont des problèmes de santé
qui ne sont pas courants chez les autres femmes (Bent, 2004). Ces différences découlent en partie
des inégalités sociales et économiques auxquelles nombre d’Autochtones font face aujourd’hui,
telles que des logements insalubres et surpeuplés, la pauvreté et les séquelles du système colonial
(Institut canadien d’information sur la santé, 2004; Kurtz et autres, 2008). Le racisme et le
sexisme sont aussi à blâmer (Walters et Simoni, 2002). Bien que nombre de ces questions soient
courantes pour les femmes autochtones, maints problèmes de santé sont largement inconnus ou
mal compris des non-Autochtones (Dion Stout et Downey, 2006; Kurtz et autres, 2008,
Wardman, Clement et Quantz, 2005). Encore aujourd’hui, malgré les statistiques qui démontrent
un besoin pressant de se pencher sur la situation des femmes autochtones, les services et les
programmes de santé ne répondent souvent pas adéquatement à leurs besoins (Bent, 2004). Par
exemple, les groupes de l’étude de Bent (2004) ont reconnu que le stress et la dépression
représentent de réels problèmes; toutefois, les chercheurs ont remarqué que les professionnels de
la santé considèrent rarement ces facteurs comme étant des problèmes de santé majeurs. Outre la
santé mentale, les femmes autochtones soulignent, dans le cadre de l’étude de Goudreau (2006),
que la santé spirituelle est également importante.
Dans le rapport de l’étude de Dion-Stout et autres (2001), on signale que les femmes
autochtones ont dit que nombre de services de santé ne sont pas appropriés à leur culture, ces
services étant élaborés sans les consulter. De nombreux écrits valident l’importance et les
avantages de la culture autochtone et de sa vision globale des pratiques concernant la santé
(Bartlett, 2005, Bent, 2004 Goudreau, 2008, Walters et Simoni, 2002) et le travail social (Nabigon
et Mawhiney, 1996, Recollet, 2009). Selon Mecredi et Turpin (1993), la santé des peuples
autochtones est intimement liée à la préservation et à la revitalisation de leur culture et de leur
langue. De même, d’après les recherches, les peuples autochtones sont persuadés que vivre selon
leurs traditions améliora leur santé et leur bien-être (Anderson, 2005; Enquête régionale sur la
santé des Premières nations et des Inuits, 1999).
Pour les femmes autochtones, les cérémonies et le pouvoir de la foi et de la croyance sont
des éléments importants de la santé (AFAC, 2007c). Des cérémonies comme celles de la cabane à
suer et de la pleine lune (Hardy et autres, 2000) offrent de l’aide et enclenchent la guérison ou la
facilitent (AFAC, 2007). Goudreau (2006) a aussi constaté que les femmes autochtones utilisent
9
l’humour comme agent de guérison. Napoli (2002) abonde dans le même sens, disant que, quand
le cœur des Autochtones est lourd d’émotion ou que la situation
Restoule (2000) affirme que
est difficile, ils ont recours à l’humour comme moyen de guérison.
la participation à des
D’après elle, «l’humour aide la personne à se sentir quelque peu
activités traditionnelles joue
soulagée» (p. 1573, traduction libre). Recollet (2009) décrit
un rôle important dans le
processus de guérison
l’utilisation des méthodes reposant sur les arts holistiques comme
moyen de guérison.
Stevenson (1999) traite des cercles de guérison, des cercles de discussion et des cercles de
partage auxquels nombre de communautés autochtones, de groupes en milieu urbain et
d’organisations ont souvent recours dans le domaine du travail social. L’étude d’Urbanoski
(2001) donne un excellent exemple de ce qui se passe dans un cercle de guérison pour les femmes
autochtones victimes de violence. Goudreau (2006) décrit comment les cercles de tambour des
femmes autochtones dans une ville du nord de l’Ontario peuvent aider à former des réseaux
d’appui social et des familles élargies. Dans les cercles et durant les cérémonies, on transmet
souvent des enseignements traditionnels (Goudreau, 2006). Dans le nord de l’Ontario, les
femmes autochtones suivent communément les enseignements traditionnels de la roue
médicinale (Goudreau et autres, 2008; Hardy et autres, 2000, Recollet, 2009) et ceux des sept
enseignements sacrés des Anishnaabe (Goudreau, 2006, Hardy et autres, 2000, WesleyEsquimaux et Snowball, 2010).
Les études susmentionnées mettent en évidence le besoin d’avoir des programmes
appropriés aux cultures des femmes autochtones et comprenant des pratiques traditionnelles.
Toutefois, certaines femmes de communautés autochtones du nord du Canada sont encore très
divisées entre ces traditions et le christianisme (Bopp, 2009); c’est pourquoi il faut tenir compte
de tous les points de vue. On a aussi démontré que les programmes de santé doivent prendre en
considération la vision des femmes autochtones sur la santé (Bartlett, 2005, Bent, 2004,
Goudreau, 2006). Dans d’autres rapports de recherche, on a souligné que les femmes autochtones
des milieux urbains, en particulier, veulent s’impliquer davantage de manière à influer sur les
décisions prises au sujet des services liés à leur santé (Benoit, Carroll et Chaudhry, 2003).
Anderson (2005) et Goudreau (2006) ont examiné comment les femmes autochtones envisagent
le concept de la vie saine ou Mino-Bimaadiziwin. D’après
Il est clair que les interventions
Anderson, pour avoir une bonne santé et une vie saine, les
ordinaires n’ont pas été suffisantes
pour résoudre les problèmes
Autochtones doivent se sentir de nouveau en sécurité dans
sociaux et économiques que
leur culture et dans leur identité. Elle précise en outre que
vivent les femmes autochtones en
les femmes autochtones sont en train de récupérer les
raison de la colonisation et de la
discrimination (Benoit, Carrol et
traditions culturelles et de se recréer des images positives
Chaudhry, 2003; Bent, 2004; Dion
d’elles-mêmes (Anderson, 2000). Les participantes à l’étude
Stout, Kipling et Stout, 2001).
et les co-chercheures de Goudreau (2006) sont d’avis que
10
les activités traditionnelles, comme le tambour, ont ramené la saine vie ou Mino-Bimaadiziwin.
Elles ont aussi expliqué comment le fait de jouer du tambour les a aidées à retrouver la santé
spirituelle. Comme le fait remarquer Wilson (2004), la façon dont les femmes autochtones se
tournent vers les valeurs, les enseignements et les connaissances culturels pour trouver la
guérison peut aider les professionnels de la santé à mieux comprendre comment les aider.
De plus, on a trouvé qu’il faut examiner les causes fondamentales des écarts socioéconomiques chez les Autochtones (Santé Canada, 2007). Quand on travaille avec les femmes
autochtones en particulier, il faut se pencher sur l’ensemble des déterminants sociaux afin d’aller
à la source des inégalités sociales (AFAC, 2007a). Comme nous le verrons plus loin dans la
documentation, il faut aborder les déterminants de la santé tels que le revenu, le logement et la
violence contre les femmes autochtones. Un récent rapport de l’Association des femmes
autochtones du Canada (2007a) sur les déterminants sociaux de la santé des femmes
autochtones, préparé pour la Commission des déterminants sociaux de la santé de l’OMS, porte
la violence contre les femmes au nombre des déterminants majeurs de la santé.
Accès des femmes autochtones aux services sociaux et de santé
Certains peuples autochtones, surtout dans le nord du pays, n’ont pas accès aux services
sociaux et de santé parce qu’ils habitent des réserves isolées (Hardy et autres, 2000). Nombre
d’ouvrages à ce sujet ont démontré la marginalisation des femmes autochtones dans l’accès aux
services des soins de santé ordinaires (Benoit, Carroll et Chaudhry, 2003; Browne et Fiske, 2001;
Brunen, 2000; Dion Stout, Kipling et Stout, 2001). Comme l’a énoncé Tait (2008), des pratiques
profondément ancrées de subordination due au sexe combinées à une marginalisation
économique et culturelle ont fini par s’entrecroiser de façon à opprimer de façon toute
particulière les femmes autochtones de toutes les régions du Canada et à les réduire au silence. (p.
2, traduction libre) Heureusement, des études ont permis de découvrir certaines des anomalies
qui subsistent et que les femmes autochtones doivent surmonter (Kurtz et autres, 2008). Dans le
cadre de l’étude de Kurtz et autres (2008), les femmes ont dit avoir été victimes de
marginalisation et de racisme de la part de fournisseurs de soins de santé; elles ont raconté
comment on les a souvent forcées au silence ou on a fait fi de ce qu’elles disaient. Dans son étude,
Donner (2000) remarque que certains des problèmes d’inégalité des femmes autochtones les
privent essentiellement du droit de parole. Quand elles ont recours aux services de santé, on
ignore leurs propos ou on n’en tient pas compte (Dodgson et Stuthers, 2005). Kurtz et autres
(2008) sont d’avis qu’en raison du silence qui leur est ainsi imposé, les femmes en viennent
souvent à négliger leurs problèmes de santé ou à attendre avant de faire appel aux services de
santé afin d’éviter les interactions racistes. Les auteurs font également remarquer que ces
décisions mettent en danger la santé personnelle des femmes.
11
Les femmes autochtones en milieu urbain
Jusqu’à récemment, les études portant sur les femmes autochtones en milieu urbain
étaient rares (Williams, 1997), mais les femmes sont
Les femmes autochtones en
maintenant beaucoup plus nombreuses à vivre à l’extérieur des
milieu urbain vivent moins
longtemps, sont plus souvent
réserves (Association nationale des centres d’amitié [ANCA],
victimisées et agressées, ont
2007, ANCA, 2008). Statistique Canada a en effet révélé, en
moins de chances d’obtenir un
2006, que 50 % des femmes inscrites des Premières Nations
emploi et un revenu sûr, risquent
vivaient hors des réserves, comparé à 45 % des hommes de
davantage de vivre dans un
logement inadéquat et ont un
même statut. Parmi les membres des Premières Nations qui
accès restreint aux services de
vivaient en milieu urbain, 68 % étaient inscrits et les autres
santé (ANCA, 2008).
32 % ne l’étaient pas (Statistique Canada, 2008a).
Malheureusement, la présente analyse documentaire montre que les femmes vivant en milieu
urbain sont bien plus à risque que la population autochtone en général, car elles ne jouissent pas
de la même qualité de vie que le reste de la population canadienne (AFAC, 2008).
Nous allons faire voir ci-après certains des facteurs socio-économiques qui augmentent
ces risques. D’après Statistique Canada (2009), les enfants autochtones de 14 ans et moins qui
résident en milieu urbain en Ontario sont plus susceptibles que les non autochtones de vivre
dans une famille monoparentale, le plus souvent avec la mère. Dans plusieurs villes, surtout dans
le nord de l’Ontario, certaines de ces mères prennent soin de trois enfants ou plus. C’est le cas de
6 % de ces femmes à Sudbury et de 12 % à Thunder Bay, mais de 2 % pour les familles non
autochtones (FitzMaurice et McCaskill, 2007c; FitzMaurice et McCaskill, 2007d). Ces facteurs
augmentent les risques d’inégalité en matière de santé, plus que pour les autres Canadiens.
Raisons de quitter la réserve
Raisons positives
Les femmes autochtones de Barrie, Midland et Orillia ont dit vouloir s’installer dans un
milieu urbain pour, entre autres raisons, trouver un meilleur travail, parfaire leur éducation,
obtenir un logement plus convenable et s’émanciper (FitzMaurice et McCaskill, 2007a).
Raisons négatives
D’après l’étude d’Abbott (2003) ayant porté sur une réserve de la Colombie-Britannique,
la violence est la raison déterminante pour laquelle les femmes quittent la réserve. Jaccoud et
Brassard (2001) argumentent que les efforts que font les femmes pour échapper à la violence dans
les communautés autochtones est l’une des raisons principales de leur surreprésentation dans le
phénomène migratoire. Cela dit, aucune des femmes interrogées n’a admis avoir déménagé à
Montréal en quête d’un refuge contre la violence. L’étude d’Abbott (2003) révèle que nombre de
femmes ont invoqué, en particulier, les mauvais traitements quand on leur a demandé quelle était
12
la raison principale pour laquelle elles avaient quitté la réserve. Par ailleurs, une femme a dit être
partie à cause du manque de services ou de soutien pour les victimes de violence conjugale.
Parmi les autres grandes raisons, notons le manque de logements (19 %) et les questions
financières (10 %). Échapper à l’alcoolisme régnant dans la réserve était un autre facteur
significatif. Dans le rapport sur Barrie, Midland et Orillia du Groupe de travail sur les
Autochtones vivant en milieu urbain, on avance que les femmes
Toutefois, suffisamment
partent à cause de facteurs négatifs comme l’éclatement de la famille
de preuves attestent que
les femmes autochtones
ou l’abus d’alcool, la discrimination dans la loi, le manque de
quittent souvent les
sécurité personnelle et le besoin de sortir les enfants d’un milieu
réserves pour les villes,
négatif (FitzMaurice et McCaskill, 2007a). Dans le rapport sur la
parce qu’elles ont été
victimes de violence
situation à Kenora, les participantes ont cité les raisons suivantes de
conjugale ou d’autres
quitter la réserve : le manque de services, de soutiens, de logements
formes de violence
et d’emplois; la possibilité d’une meilleure qualité de vie; des
(Abbott, 2003, Smye,
2007).
problèmes de violence et de sécurité; des occasions de parfaire leur
éducation; et la chance d’offrir une vie meilleure et plus sécuritaire à
leurs enfants (FitzMaurice et McCaskill, 2007b).
Expériences positives
Les participantes à l’étude d’Abbott (2003) ont vécu des expériences positives en quittant
la réserve. Cinq d’entre elles (17 %) « ont mentionné que leur sécurité personnelle constituait l’un
des changements positifs immédiats suscités par leur départ de la réserve : "Je me sentais en
sécurité, comme une enfant. Je pouvais aller n’importe où et dormir sans que personne ne
vienne"; "La peur de marcher dehors s’est évanouie. Il m’a fallu trois mois pour vaincre une telle
peur. Je n’avais jamais joui de la vie avant ce jour. "; et "Je vivais moins de stress. Je n’avais plus à
craindre ses dépendances, ni à me demander s’il allait arriver drogué ou ivre" (p. 59). Bon
nombre d’expériences positives relatées par ces participantes ne correspondaient pas facilement à
une catégorie donnée, les raisons allant « des conditions de vie de base, telles que l’eau courante
et l’électricité, à la sobriété en passant par l’accessibilité aux ressources urbaines. Une femme à
dit : "Dieu merci, je suis en vie. J’ai été frappée à la tête avec un marteau quatre fois et poignardée
dans le ventre, sur les jambes et sur les bras. Je sais que je ne suis pas seule; beaucoup de femmes
sont passées par là" » (Abbott, 2003, p. 60).
Certaines participantes à cette étude ont aussi indiqué que leur situation financière s’était
améliorée. Toutefois, toutes les réponses étaient liées à l’indépendance gagnée en quittant le foyer
conjugal : « Je subviens désormais à mes propres besoins. »; « L’argent que j’ai entre les mains
m’appartient maintenant. »; « Ma situation s’est améliorée, parce que personne ne viendra me
battre. »; et « L’argent que je touche est sainement gagné (il ne vient pas du trafic de drogue) » (p.
61). Les femmes dont la situation financière avait empiré ont invoqué les raisons suivantes : « J'ai
13
hérité des dettes de mon conjoint lorsque nous vivions ensemble. »; « Je n’ai pas le choix.»; et
« Dans la réserve, on avait accès aux poissons, aux fruits de mer et aux aliments traditionnels » (p.
61). Dans le cas de 10 % des participantes, la situation financière n’avait pas changé.
Expériences négatives
Bien que l’étude d’Abbott (2003) ait relevé des expériences positives dans le
déménagement en milieu urbain, les recherches démontrent que les conditions de vie des
femmes autochtones sont souvent tout aussi précaires. Par exemple, Jaccoud et Brassard (2001)
font remarquer que « bien qu’une des répondantes ait laissé derrière elle un contexte familial
violent, des parents alcooliques et de multiples passages d’une famille d’accueil à l’autre, en fin de
compte, au moment de l’entrevue, elle dépendait de l’assistance sociale, éprouvait des problèmes
avec les services de protection de la jeunesse et avait recours aux banques d’alimentation » (p.136,
traduction libre). Plusieurs études ont révélé que la vie en milieu urbain avait des aspects négatifs
pour les femmes autochtones, comme la pauvreté et le risque de se retrouver sans abri. Pour une
étude qui portait sur Toronto, la plus grande ville du Canada, on a examiné l’appauvrissement
social et économique que vivaient les femmes autochtones en milieu urbain, surtout les femmes
monoparentales (Williams, 1997). Dans le rapport de la Commission d’étude sur les Autochtones
vivant en milieu urbain pour Barrie, Midland et Orillia, on invoque les problèmes de pauvreté
chez les femmes autochtones (FitzMaurice et McCaskill, 2007a); et dans les rapports sur Ottawa
(FitzMaurice et McCaskill, 2007e) et sur Sudbury (FitzMaurice et McCaskill, 2007c), on cite la
pauvreté comme obstacle au succès des femmes autochtones en milieu urbain. Une des femmes
d’Ottawa a dit que « nombre de femmes quittent la réserve pour échapper à la violence familiale,
mais elles finissent dans un refuge d’urgence en milieu urbain, puis risquent de ne pas pouvoir
trouver de logement » (FitzMaurice et McCaskill, 2007e, p.77, traduction libre). Pour la majorité
des participantes à l’étude de Jaccoud et Brassard (2001), les conditions de vie étaient les mêmes;
pour d’autres, elles s’étaient améliorées et pour d’autres encore, elles s’étaient détériorées. Par
exemple, « certaines participantes jouissaient de conditions de logement plus stables au moment
de l’entrevue comparé à une période antérieure dans leur vie (amélioration), mais leur situation
socio-économique continuait d’être précaire et elles avaient reproduit l’alcoolisme qui
caractérisait leur famille et leur communauté (maintien) ou souffraient de problèmes de santé
graves (détérioration) » (p.137, traduction libre).
Dans le rapport du Groupe de travail au sujet de Thunder Bay, la majorité des
participantes du nord de l’Ontario ont invoqué comme problème majeur la violence faite aux
femmes par des hommes autochtones et non autochtones. Elles ont parlé plus particulièrement
de la violence contre les femmes autochtones travaillant dans l’industrie du sexe (FitzMaurice et
McCaskill, 2007d). Les participantes au rapport de Kenora ont discuté de l’exploitation des
jeunes femmes autochtones tant par les hommes autochtones que non autochtones (FitzMaurice,
14
et McCaskill, 2007b). Elles ont dit, entre autres, qu’on s’en prend souvent aux jeunes femmes
dans les bars de Kenora et qu’elles sont parfois forcées de se prostituer par leur petit ami afin de
payer ses dettes liées à la drogue. Les participantes ont dit qu’il était courant de profiter des
jeunes femmes autochtones et que des activités du genre ont lieu dans la vie de tous les jours et
rendent ces jeunes femmes vulnérables (p. 100).
Il faut examiner de plus près le lien entre la prostitution et la violence (AFAC, 2010).
Selon l’AFAC (2010), « les femmes qui travaillent comme prostituées ou dans d’autres domaines
de l’industrie du sexe rapportent souvent qu’elles subissent les agressions violentes d’étrangers,
de clients, de connaissances, de partenaires et de la police » (p. 13, traduction libre).
Services dans les villes du nord de l’Ontario
Dans le cadre des recherches du Groupe de travail sur les Autochtones vivant en milieu
urbain, nombre de femmes de Kenora (FitzMaurice et McCaskill, 2007b) et de Thunder Bay
(FitzMaurice & McCaskill, 2007d) ont exprimé les frustrations qu’ont occasionnées leurs
tentatives pour accéder aux services de base, mentionnant le manque de coordination entre les
services à la famille, de santé ou d’alimentation, et le problème d’avoir à se déplacer en fonction
de rendez-vous fixés à des dates et à des heures particulières. À Thunder Bay, la difficulté de se
déplacer est un problème pour un grand nombre de ces femmes. Le racisme a aussi été
mentionné par les femmes de Kenora comme étant « caché et destructif », ainsi que systémique.
Dans cette ville, les femmes qui utilisent les autobus ressentent le racisme et le sexisme des
chauffeurs d’autobus et des passagers qui se plaignent du fait qu’elles voyagent avec des
poussettes. Toutes les participantes de Thunder Bay qui ont utilisé ces services ont parlé de la
nécessité de coordonner davantage les services et de les réunir dans un seul édifice.
Dans le rapport de la Commission sur la situation à
Les femmes autochtones
Kenora, on peut lire que les participantes des groupes de
ont besoin de soutiens qui
soient culturellement
discussion ont fait remarquer qu’il n’existe pas de programmes
pertinents et respectueux
conçus précisément pour les femmes autochtones. FitzMaurice et
de leur vie privée.
McCaskill (2007b) notent en particulier « que la plupart des
services sont des programmes destinés à la population non autochtone que les femmes
autochtones se sentent mal à l’aise d’utiliser, ou qu’ils sont offerts par des organisations
féministes dont l’idéologie ne concorde pas vraiment avec les enseignements traditionnels, ou
encore qu’ils s’adressent aux « femmes à risque » (p. 98, traduction libre). Les participantes ont
ajouté qu’il serait utile pour les mères célibataires d’avoir un endroit où se retrouver. Enfin, on
rapporte bien clairement dans le rapport de Kenora qu’un groupe de soutien parental serait utile
pour enseigner aux femmes à élever leurs enfants de la manière traditionnelle, c’est-à-dire
comme on le faisait avant la fracture des familles survenue en raison des pensionnats.
15
Dans les discussions de Kenora (FitzMaurice et McCaskill, 2007b), les participantes ont
relevé le besoin de formation interculturelle et parlé d’un atelier antérieur sur les « perceptions
des Autochtones » qui a remporté quelque succès. Elles ont exprimé le sentiment qu’il y a
beaucoup de racisme systémique et que les non-Autochtones ne comprennent pas la situation ni
l’histoire des peoples autochtones. À Sudbury, les répondantes ont dit qu’elles sentaient que les
gens des agences de services et les autorités entretenaient de bien piètres relations avec les
femmes autochtones, et plus particulièrement avec celles qui ont des démêlés avec la justice et qui
ont des problèmes de violence conjugale (FitzMaurice et McCaskill, 2007c). À Sudbury
(FitzMaurice et McCaskill, 2007c), les femmes des groupes de discussion autochtones ont insisté
sur le besoin d’un plus grand nombre de programmes de promotion de la santé et du bien-être.
Il nous faut des programmes de promotion de la santé et du bien-être, mais il n’y en a
presque pas. Nous ne savons plus comment nous occuper de nous-mêmes comme il faut, parce
que nos moyens ont diminué ou nous ont été retirés. Il y a tellement de violence dans notre
communauté et d’utilisations inappropriées de médicaments d’ordonnance; même nos enfants se
droguent; c’est devenu une épidémie (p. 105, traduction libre).
Services et soutiens pour les Autochtones en milieu urbain
On reconnaît de plus en plus que les modèles usuels de prestation des services de santé
n’ont pas été suffisants pour les femmes autochtones (Adelson, 2005; Dion Stout, Kipling et
Stout, 2001; Organisation nationale de la santé autochtone, 2002, 2003). Les recherches ne
cessent de montrer que des pratiques et politiques discriminatoires, tant tacites que manifestes,
continuent de marginaliser nombre de femmes autochtones au sein du système de soins de santé
(Benoit et autres, 2003; Browne et Fiske, 2001; Dion Stout et Kipling, 1998; Dion Stout et autres,
2001).
Les femmes autochtones qui vivent en milieu urbain n’ont qu’un accès limité à des
services pertinents tant sur le plan culturel que spirituel (Hardy et autres, 2000). Recollet (2009)
reconnaît que nombre de femmes autochtones qui habitent en milieu urbain sont séparées des
soutiens de leur famille élargie et de leur culture. Dans son étude, elle rapporte que les femmes
autochtones qui ont vécu la majeure partie de leur existence, voire toute leur vie, en milieu
urbain ont dit avoir besoin d’en apprendre davantage sur leurs antécédents et sur les pratiques
ancestrales. En réponse aux inquiétudes concernant le manque d’accès à des services et du
soutien culturellement pertinents dans les villes, on a commencé à élaborer dans certaines
provinces d’autres modes de prestation des soins de santé primaires conçus expressément pour
satisfaire aux besoins des Autochtones qui n’obtiennent pas de bons services dans le système
ordinaire (Organisation nationale de la santé autochtone, 2002). Hardy et autres (2000),
discutent de l’historique et du développement de l’Aboriginal Health Access Centre d’une ville
du nord de l’Ontario. Ils traitent de la colonisation et du lien entre la pauvreté et la santé. Ils
16
montrent en outre que l’objectif du Centre est de créer du matériel culturellement pertinent et
d’utiliser des outils d’enseignement traditionnels, ainsi que des cérémonies et des peuples
traditionnels de manière à ce qu’ils fassent partie intégrante des programmes. Enfin, les auteurs
décrivent les approches qui correspondent aux valeurs, aux croyances et aux normes culturelles
autochtones locales (p. 11), et montrent, par des exemples, comment on peut améliorer la santé
physique, mentale, affective et spirituelle en ajoutant des pratiques culturelles et spirituelles
comme complément aux pratiques occidentales actuelles.
Les femmes autochtones et l’itinérance
Autrefois, on parlait surtout des hommes sans abri, mais depuis les années 1980, les
discussions se sont faites plus inclusives, de sorte qu’on reconnaît de plus en plus que les
hommes, les femmes, les adolescents, les enfants, les personnes âgées et, plus particulièrement, les
Autochtones et des familles entières sont sans abri ou presque (Mione, 1994; Waldbrook, 2008).
Jusqu’à présent, une grande partie des recherches sur les problèmes de pauvreté, d’itinérance et
de manque de logements abordables des femmes ont porté surtout sur ce qu’elles vivent dans les
plus grands centres urbains canadiens, mais pas dans les régions du Nord (Mione, 1994; Kauppi
et Reitsma-Street, 1996; Kauppi et autres, 2003; Leipert et Reutter, 2005).
L’itinérance des femmes autochtones découle des nombreux obstacles qui se recoupent et
qui résultent de racisme et de préjugés systémiques lorsqu’elles cherchent un logement ou un
emploi (Waldbrook, 2008). Ces femmes font aussi face à la pauvreté, au stress relié à la difficulté de
trouver un logement abordable et à l’itinérance parce qu’elles n’ont
La Fédération ontarienne
pas d’emploi ou qu’elles sont le plus souvent chef de famille
des centres d’amitié
autochtones (2000) a
nombreuse et monoparentale. Ces circonstances sont familières aux
découvert que 40 % des
femmes autochtones du nord de l’Ontario (FitzMaurice et
mères de famille
McCaskill, 2007). Les récentes statistiques révèlent que plus de 40 %
monoparentale autochtones
gagnent moins de 12 000 $
des femmes autochtones vivent dans la pauvreté (AFAC, 2009a). De
par année.
nombreuses femmes autochtones dépendent des paiements de
transfert gouvernementaux pour vivre (bien-être social, prestations fiscales pour enfants, etc.). En
2001, ces paiements comptaient pour 21 % des revenus des Autochtones par rapport à 13 % pour
les non-Autochtones (FitzMaurice et McCaskill, 2007). Les femmes autochtones ont déclaré que les
paiements de transfert étaient leur source de revenu principale (42,2 % par rapport à 20,8 %)
(Dion-Stout et Kipling, 1998). Soulignons en outre qu’un fort pourcentage de femmes autochtones
ont de faibles revenus. En 2000, par exemple, 36 % des femmes autochtones âgées de 15 ans et plus
ont déclaré avoir un revenu inférieur au seuil de faible revenu (SFR), comparé à 32 % chez les
hommes autochtones et à 17 % chez les femmes non autochtones. La même année, 73 % des
femmes autochtones monoparentales ont déclaré vivre sous le SFR (Statistique Canada 2006b).
17
En 2006, 13,5 % des femmes autochtones étaient sans emploi par rapport à 6,4 % chez les
femmes non autochtones; les données de 2001 indiquent que les
Mecredi (2010) fait
femmes autochtones habitant les réserves affichent le taux de
remarquer que les femmes
chômage le plus élevé (22 %) (AFAC, 2009). Dans le contexte des
autochtones en particulier
ont de la difficulté à trouver
communautés du Nord, la structure économique des villes
leur place dans un modèle
tributaires des ressources naturelles limite souvent les possibilités
de marché où l’échange
d’emploi pour les femmes et augmente les risques de pauvreté
d’argent est la seule activité
économique reconnue.
(Kauppi et Reitsma-Street, 1996; Leipert et Reutter, 2005). Le
travail qu’accomplissent les femmes pour donner la vie et
s’occuper de la famille n’est souvent pas reconnu dans notre économie basée sur l’argent
(Mecredi, 2010). Par conséquent, les femmes autochtones font face à de la discrimination
économique non seulement en raison de leur race et de leur culture, mais aussi de leur sexe
(Mecredi, 2010). Parmi celles qui ont un emploi, 60 % se retrouvent à travailler à temps partiel ou
pour une partie de l’année, et la plupart occupent des postes peu rémunérés, comme dans la
vente, les services, les finances commerciales ou l’administration (AFAC, 2009))
De plus, le manque de possibilités de formation et d’accès aux services sociaux, ainsi que
les attitudes et les conditions sociales existant dans les communautés du Nord rendent les
femmes vulnérables à la violence conjugale et à l’itinérance (Kauppi et Reitsma-Street, 1996;
Leipert et Reutter, 2005). Kauppi et autres (2003) ont en outre déterminé que l’itinérance des
femmes découle habituellement de problèmes familiaux, de violence conjugale et du divorce.
Dans le nord de l’Ontario, la résolution des problèmes d’itinérance, de pauvreté et de
violence présente certaines complexités. Par exemple, la prestation de services sociaux dans les
régions du Nord est une tâche difficile pour les fournisseurs de services (Slack, Borne et Gertler,
2003), lesquels, soulignent Slack et autres (2003), ont la responsabilité de fournir des services à
une population relativement importante et dispersée sur un vaste territoire. Il peut s’avérer
difficile, tant pour eux que pour les travailleurs des services d’approche, de joindre les sans-abri
qui habitent à l’extérieur du centre de la communauté (Waldbrook, 2008). Waldbrook (2008) a
également fait remarquer que les agences et organisations peuvent avoir de la difficulté à
dénombrer les sans-abri, ainsi qu’à promouvoir et à fournir les services qu’ils offrent à la
population dans le besoin.
Le logement
Les incidences de l’insécurité économique se reflètent dans les conditions de logement
minables qui sont le lot de nombreux peuples autochtones, lesquels sont près de quatre fois plus
susceptibles que les non-autochtones de vivre dans un logement surpeuplé et se retrouvent trois
fois plus souvent dans des logements nécessitant des réparations majeures (Statistique Canada
2008a). Les logements en mauvais état sont chose courante dans les réserves où quelque 44 % des
18
Premières nations vivent dans des logements nécessitant des réparations majeures (Statistique
Canada, 2008a).
Dans le Rapport sur le logement des Premières nations qui a résulté de l’Enquête
longitudinale régionale sur la santé des Premières nations (ERS) de 2002-2003, il semble y avoir
un lien entre le surpeuplement des logements et une situation socio-économique inférieure
(ONSA, 2006). Le surpeuplement, qui est fréquent dans la plupart des réserves, crée un stress
accru dans les foyers et pourrait causer de la violence dans les familles (Cercle national
autochtone contre la violence familiale [CNACVF], 2006). La Loi sur les Indiens ne comporte
aucune stipulation sur les biens réels matrimoniaux dans les réserves qui puisse aider la femme
victime de violence dans une réserve qui se voit contrainte de partir de chez elle (Abbott, 2003).
En cas de dissolution du mariage, la cour de justice provinciale n’a pas le pouvoir d’accorder une
part de la valeur du logis familial, lequel est habituellement la possession légale du mari. Cette
situation force souvent les femmes à partir de la réserve, surtout lorsque les communautés n’ont
pas de politiques de logement relatives à ce genre de situation (Société canadienne d'hypothèques
et de logement et ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, 2004). Ainsi dans les
réserves, les femmes peuvent être forcées de choisir entre rester dans une relation abusive ou
quitter la communauté (AFAC, 2010). Aux difficultés d’accès à un logement que vivent les
femmes dans les réserves ou les régions rurales du Nord vient souvent s’ajouter le manque de
logements (AFAC, 2007b, Waldbrook, 2008).
Le logement et l’itinérance
Les Autochtones des centres urbains gagnent les salaires les plus bas et habitent souvent
dans les quartiers où se trouvent les logements les moins
Parmi les femmes autochtones
en milieu urbain, 5 % vivent dans
désirables (Caragata, 2006). Près de la moitié des personnes
les logements surpeuplés, 14 %
ayant répondu au sondage du Groupe de travail sur les
dans des logements nécessitant
Autochtones vivant en milieu urbain ont déclaré des revenus
des réparations majeures, par
annuels inférieurs à 20 000 $ (FitzMaurice et McCaskill,
comparaison aux pourcentages
respectifs de 3 % et de 7 % de la
2007c). En 2005, à Sudbury, un Autochtone sur quatre (27 %)
population urbaine dans son
vivait sous le SFR par rapport à 12 % des non-Autochtones
ensemble (AFAC, 2008).
(Statistique Canada, 2009). L’AFAC (2010) soutient que les
femmes autochtones qui habitent dans les villes ou les centres urbains vivent dans les quartiers
marginalisés où les logements ne satisfont pas aux normes de sécurité, et ne sont ni abordables ni
convenables.
Le fait d’avoir les moyens d’être propriétaire de son logement plutôt qu’être obligé de
louer est un bon indicateur de succès financier et de stabilité. À Sudbury, seulement 29 % des
femmes autochtones sont propriétaires de leur logement, tandis que 71 % sont locataires
(FitzMaurice et McCaskill, 2007c). La situation est particulièrement précaire chez les femmes
19
chefs de famille monoparentale qui cherchent à échapper à la violence. En 2001, plus de la moitié
des femmes chefs de famille monoparentale disposant d’un seul revenu avaient un besoin
impérieux de logement (AFAC 2009). Malheureusement, lorsque ces femmes cherchent à louer
un logement, elles font souvent face à de la discrimination (Waldbrook, 2008), laquelle se traduit
par de l’instabilité pour nombre de personnes et de ménages (Commission ontarienne des droits
de la personne, 2007). On rapporte que les taux de déménagement et de conditions de logement
instables sont les plus élevés chez les jeunes femmes autochtones en milieu urbain (Norris et
Clatworthy, 2003). Pour une personne du Centre d’amitié autochtone N’Swakamok qui a
participé à l’étude de Waldbrook (2008), ce problème est familier :
Le groupe le plus à risque est celui des jeunes femmes qui ont des enfants. Les mères de
famille monoparentale se heurtent à des obstacles. De nombreux propriétaires refusent
les enfants et il y a bien des femmes autochtones qui arrivent avec cinq ou six enfants. La
maternité est un don culturel. Ce sont ces femmes qui ont le plus de difficulté à trouver
un logement et aussi à le conserver. Les femmes qui bénéficient de l’aide de la Société
d’aide à l’enfance sont stigmatisées. Par exemple, elles sont ciblées par la Société pour des
raisons de négligence. Il faut régler ce problème (p.125, traduction libre).
Les femmes autochtones en milieu urbain sont victimes de beaucoup de racisme
lorsqu’elles font une demande d’aide sociale, cherchent un logement ou essayent d’accéder à
d’autres services (Mosher, Morrow, Boulding et VanderPlaats, 2004). Dans le cadre de l’étude de
Walbrook (2008), une femme habitant le Grand Sudbury a parlé du racisme et de la
discrimination des propriétaires et des employeurs dont elle a été la cible parce qu’elle était
autochtone. Voici ses propos :
C’était difficile [de trouver un logement], et même si je suis enseignante, je ne pouvais pas
trouver d’emploi. Il fallait que je travaille où j’habitais. Parce que je suis membre des
Premières nations, j’ai eu à affronter de la discrimination sur le marché du travail et aussi
en ce qui a trait au logement. Et c’est évident que cette discrimination découle du fait que
je suis une personne des Premières nations. C’est toujours prometteur quand je vais voir
le logement, mais ils veulent des références. Il n’y a rien pour simplifier les choses. C’est le
monde dans lequel on vit aujourd’hui. Je ne peux pas dire quelle pourrait être la solution :
plus d’édifices et des prix moins élevés? C’est ça, la vie (p. 122, traduction libre).
La discrimination pourrait contribuer à de nombreux cas d’itinérance chez les femmes,
car elle dresse des obstacles à l’obtention d’un logement et pourrait injustement entraîner
l’expulsion (Waldbrook, 2008). Au Centre d’amitié N’Swakamok, une intervenante clé de l’étude
de Waldbrook (2008) a décrit ses inquiétudes à ce sujet :
20
De nombreux clients ne savent pas quels sont leurs droits lorsqu’ils louent un
appartement. Il y a beaucoup d’expulsions injustes. Le racisme demeure un problème
majeur. Le racisme n’existe pas seulement pour les Autochtones, mais aussi pour les sansabri. Mes propriétaires me disent qu’un appartement a été loué quand en fait il ne l’est
pas, parce qu’ils ne veulent pas le louer à des Autochtones ou à des prestataires d’aide
sociale (p. 122, traduction libre).
Mione (1994) a découvert qu’à Sudbury, la vie des femmes était une suite de périodes
d’itinérance. Par exemple, elles pouvaient avoir déjà été propriétaire ou locataire d’un logement,
et s’être retrouvées plus tard dans un refuge. En 2006, la population autochtone du Grand
Sudbury déménageait beaucoup plus que la population générale. La moitié seulement (50 %)
habitait le même logement depuis cinq ans, en comparaison des deux tiers (64 %) de la
population totale. Plus du tiers (35 %) des Autochtones ont dit avoir déménagé d’un endroit à
l’autre dans le Grand Sudbury, tandis que 13 % étaient venus d’une autre municipalité
ontarienne; chez la population tout entière, 25 % avaient déménagé plusieurs fois au sein de la
ville, tandis que 8 % étaient venus d’ailleurs en Ontario (Statistique Canada, 2008b). Les
Autochtones comptaient en outre pour une grande proportion des migrants sans abri et des sansabri en général dans la ville de Sudbury (Kauppi, Gasparini et Pallard,
Les recherches
2009). On a constaté que les migrants constituent entre un cinquième
indiquent que les
personnes d’origine
et un quart des sans-abri de Sudbury.
autochtone sont surOn a découvert qu’il y a plus de femmes parmi les sans-abri
représentées parmi
autochtones que dans le reste de la population (Browne, McDonald er
les sans-abri de la
ville du Grand
Elliott, 2009). En examinant plusieurs rapports sur l’itinérance parus
Sudbury (Kauppi et
entre 2000 et 2009, on a constaté une différence statistiquement
Gasparini, 2007).
importante dans le sexe des sans-abri, les femmes autochtones y
comptant pour un pourcentage supérieur (48 %) que les femmes anglophones non autochtones
(38 %) (C. Kauppi, communication personnelle du 26 septembre 2010). Malgré les fortes
proportions de femmes autochtones parmi les sans-abri, les services et les programmes
s’adressent plus souvent aux hommes (Browne et autres, 2009).
Lorsqu’elles quittent une relation abusive, les femmes autochtones ont souvent de la
difficulté, pour des raisons financières, à trouver un nouveau logis (Urbanoski, 2001). Mosher,
Morrow, Boulding et VanderPlaats (2004) décrivent comment les femmes victimes de violence
sombrent souvent dans la pauvreté et l’itinérance. Voici un exemple fourni par les auteurs :
Après avoir quitté un mari violent, elle a eu beaucoup de mal à trouver un logement et a
vécu dans les rues un certain temps. Durant cette période, elle n’avait aucune pièce
d’identité, de sorte que, lorsqu’elle a fait une demande d’aide sociale, elle lui a été refusée
parce qu’elle n’avait aucune preuve d’identité. Le centre d’amitié autochtone local a plaidé
21
sa cause, et l’a aidée à sortir de la rue et à obtenir de l’aide sociale. Elle souffrait aussi de
dépendance à l’héroïne et suit maintenant le programme de traitement par la méthadone.
Son conjoint actuel a été accusé d’agression et fait de la prison. Elle croit qu’elle va
probablement finir par habiter avec lui quand elle sortira du refuge parce qu’elle n’a pas
pu trouver de logement. Ce système d’aide sociale n’a pas fait grand-chose pour aider
cette femme à quitter une relation violente et à trouver un logement sûr (p.75, traduction
libre).
À cause des options limitées et des choix inadéquats, trop de femmes et de filles
autochtones sont forcées d’adopter des façons de vivre ou des stratégies pour surmonter les
difficultés qui les rendent davantage vulnérables à la violence, comme l’auto-stop, la toxicomanie,
l’itinérance, la prostitution et les autres activités de l’industrie du sexe, les gangs ou les relations
violentes (AFAC, 2010).
Violence contre les femmes autochtones
L’Ontario Native Women’s Association (ONWA, 1989) a porté au premier plan la
violence faite aux femmes autochtones. Selon l’association, il serait impossible de trouver une
Autochtone dont la vie n’a pas été touchée d’une façon ou d’une autre par la violence familiale.
On peut lire dans la préface de son rapport : « que ce soit comme témoin de violence conjugale
ou comme victime de mauvais traitements alors que nous étions enfant, comme victime adulte
des agressions de notre mari ou « petit ami » ou comme grand-mère témoin des blessures
physiques et psychologiques infligées à notre fille ou petite-fille, nous sommes toutes victimes de
violence familiale » (préface iii, traduction libre). On y ajoute qu’il s’agit là d’une réalité
commune aux femmes autochtones des réserves et hors réserve. Dans le cadre de leurs
démarches pour ouvrir un refuge pour les femmes autochtones de Sudbury, les membres de
l’Association ont défini la violence contre les femmes et leur famille comme étant toute action
portée contre le bien-être physique, mental, émotionnel et spirituel d’une personne (MacDonald,
Lemieux et Peltier, 2000). Dans le rapport sur le forum communautaire, on déclare que la
violence envers les femmes et les familles n’est pas seulement un problème individuel ou familial,
mais qu’il s’agit d’un problème communautaire (MacDonald et autres).
L’Association des femmes autochtones du Canada a inscrit la violence contre les femmes
autochtones à la liste des déterminants sociaux de la santé parce qu’il s’agit d’un problème qui a
eu et qui continue d’avoir un impact considérable sur les femmes autochtones et sur leurs
familles (AFAC, 2007a). Par conséquent, on a déterminé que la violence familiale constitue l’un
des plus grands problèmes des Autochtones au Canada (Bopp et autres, 2003; LaRocque, 1994).
Le Cercle national autochtone contre la violence familiale (CNACVF) a déclaré dans un rapport
(2006) que les stratégies pour régler les problèmes de violence familiale dans les communautés
autochtones sont très limitées et qu’elles en sont à peine à leurs débuts. Les auteurs font en outre
22
remarquer que l’une des principales raisons est le fait que les gens ne sont pas au courant des
conséquences de la situation. Une autre raison constitue le manque de ressources qui existe
depuis longtemps. Ils avancent également qu’une autre explication possible serait que la violence
familiale est acceptée comme étant normale dans de nombreuses communautés. (CNACVF,
2006). Malheureusement, les recherches sur la violence contre les femmes autochtones accusent
des lacunes (Larocque, 1994, ONWA, 1989, Urbanoski, 2001), surtout dans le nord de l’Ontario.
Comme le fait remarquer Urbanoski (2001), des recherches plus approfondies sur les mauvais
traitements que subissent les femmes autochtones et sur leur expérience des refuges
amélioreraient grandement notre compréhension du phénomène.
Aperçu des statistiques
En Ontario, on manque de statistiques fiables, récentes et
Les femmes autochtones
probantes sur la violence faite aux femmes autochtones (ONWA et
ont dit avoir été victimes de
la violence d’un mari ou
OFIFC, 2007). Il en existe néanmoins qui montrent que le taux de
conjoint de fait actuel ou
femmes autochtones victimes de violence est considérablement
ancien. Ce pourcentage est
plus élevé que chez les femmes non autochtones (Statistique
trois fois plus élevé que
chez les non-Autochtones
Canada, 2006b).
de l’ensemble du pays.
Dans le rapport de Statistique Canada (2006b) intitulé La
violence familiale au Canada, on précise que 24 % des femmes autochtones ont dit avoir été
victimes de la violence d’un mari ou conjoint de fait actuel ou ancien pendant les cinq années se
terminant en 2004. La gravité et l’étendue de la violence conjugale étaient en outre plus
prononcées chez les femmes autochtones; ainsi, elles étaient plus susceptibles de déclarer qu’elles
avaient subi les formes de violence les plus sérieuses, soit d’avoir été battues, étranglées, menacées
à l’aide d’un couteau ou d’une arme à feu, ou encore agressées sexuellement (54 % des femmes
autochtones par rapport à 37 % chez les femmes non autochtones). Enfin, elles étaient plus
nombreuses que les non-Autochtones à avoir subi des blessures en raison de violence conjugale,
tandis que le taux d’homicide conjugal s’est révélé plus élevé chez elles que chez les femmes non
autochtones ou les hommes autochtones.
Selon d’autres rapports, les femmes autochtones sont huit fois plus susceptibles d’être
maltraitées que les non autochtones, et 87 % d’entre elles avaient subi des blessures physiques
tandis que 57 % avaient été agressées sexuellement (ONWA, 1989).
De 1997 à 2000, le taux
Les enfants autochtones sont témoins de plus de la moitié des actes
d’homicide chez les femmes
de violence perpétrés par des adultes à domicile et sont eux-mêmes
autochtones était sept fois
plus élevé que chez les
la cible de mauvais traitements et surtout de viols, près des trois
femmes non autochtones
quarts des jeunes filles autochtones de 18 ans ou moins ayant été
(AFAC, 2010).
violées (ONWA et OFIFC, 2007). Des cas connus où des
accusations ont été portées contre l’agresseur (261), on a découvert que 23 % des femmes avaient
23
été tuées par un partenaire actuel ou ancien; que 17 % des accusés étaient des connaissances de la
femme ou de la fille, c’est-à-dire un ami, un voisin ou quelqu'un qu’elle connaissait; et que 16,5 %
étaient des étrangers sans lien antérieur avec la victime. Les femmes autochtones étaient trois fois
plus susceptibles d’être tuées par un étranger que les non autochtones (AFAC, 2010)
En Ontario, huit femmes autochtones sur dix ont été victimes de violence familiale
(ONWA, 1989), tandis que chez la population autochtone du nord de la province, on croit que ce
pourcentage se situe entre 75 % et 90 % (ONWA et OFIFC, 2007). De plus, dans le nord de
l’Ontario, les femmes se disant autochtones étaient plus susceptibles de rapporter qu’elles avaient
été victimes de violence conjugale au cours de l’année précédente ou à quelque moment de leur
vie que les femmes non autochtones (Cox, Bota, Care, Bretzlaff-Michaud, Sahai et Rowe, 2004).
Limite des statistiques
L’échantillonnage utilisé dans le cadre de l’Enquête sociale générale (ESG) était
insuffisant pour estimer de façon statistiquement fiable le taux de viol chez les femmes
autochtones (Brozowski, Taylor-Butts et Johnson, 2006). De plus, les « méthodes statistiques
mises au point par Statistique Canada pour mesurer la violence à l’endroit des femmes n’ont pas
été expressément conçues pour tenir compte des différences culturelles entre les groupes
minoritaires, incluant les femmes autochtones. Par exemple, l’Enquête sociale générale (ESG) a
été réalisée par téléphone, et uniquement en français et en anglais; par conséquent, les femmes
autochtones qui vivent dans des collectivités éloignées sans service téléphonique ou qui ne
parlent pas couramment le français ou l’anglais ne peuvent y participer. Les femmes autochtones
peuvent aussi faire face à d’autres obstacles qui tiennent à des différences culturelles lorsqu’il
s’agit de mentionner la violence à un intervieweur. Il est donc probable que l’ESG sous-estime
l’étendue réelle de la violence faite aux femmes autochtones » (Statistique Canada, 2006b, p. 70).
L’examen des études communautaires (2003) a permis à Brownridge de constater que le taux de
violence envers les femmes autochtones était beaucoup plus élevé que ne l’indiquent les enquêtes
gouvernementales, allant de 48 % de l’échantillonnage des femmes des régions rurales du sud de
l’Ontario à 80 % des 104 femmes du nord-ouest de l’Ontario, et de 70 à 100 % des femmes
micmaques habitant les réserves de la Nouvelle-Écosse (AFAC, 2010).
Causes profondes de la violence envers les femmes
On peut envisager la violence faite aux femmes autochtones de la même manière qu’on le
fait pour les femmes de l’ensemble du Canada. Toutefois, à un niveau plus profond, de
nombreuses caractéristiques les distinguent, de sorte que la situation des Autochtones est unique
en son genre (Bopp, Bopp et Lane, 2003). Selon l’ONWA (1989), l’incapacité pour les
Autochtones de déterminer qui ils sont, les préjugés raciaux et les antécédents de contrôle
gouvernemental de la vie sociale, économique et politique des peoples autochtones au moyen
24
d’instruments de réglementation fédérale opprimante (la Loi sur les Indiens) ont été une source
de frustration pour les Autochtones, hommes et femmes, ne leur laissant nulle part où se tourner.
L’Association explique que « la colère et la frustration continuent de monter, entraînant sur son
sillage alcoolisme et violence familiale. Tous ces facteurs contribuent à une faible estime de soi,
qui amène à son tour un manque de respect envers les femmes et les enfants » (ONWA, 1989,
préface iii, traduction libre). Dans le rapport de la Commission royale sur les peuples
autochtones (CRPA, 1996c), on mentionne parmi les facteurs contribuant au taux élevé de
violence dans les communautés autochtones l’éclatement d’une saine vie familiale en raison des
pensionnats, le racisme à l’endroit des Autochtones et les incidences du colonialisme sur les
valeurs et les cultures traditionnelles.
Les mauvais traitements physiques et psychologiques
Les causes profondes de cette
ainsi que l’abus sexuel dont un grand nombre d’Autochtones
violence seraient liées, estime-ton, à de nombreux facteurs tels
ont souffert dans les pensionnats ont eu sur eux des
que l’érosion de l’identité et la
conséquences persistantes et les ont empêchés d’être exposés à
disparition du mode de vie des
des exemples de bonne éducation familiale (CRPA, 1996a). Les
Autochtones, l’impact prolongé
des pensionnats et l’existence
incidences intergénérationnelles des traumatismes sont
d’un "cycle acquis" (AINC,
souvent à la source de la violence dans les communautés
2006, p. 4), etc.
autochtones (FADG, 2005) et sont plus difficiles à mesurer
(Brownridge, 2003). Dans le rapport d’AINC (2006), republié en 2008 par le Centre national
d’information sur la violence dans la famille sous le titre Les femmes autochtones et la violence
familiale, on explique que les peoples autochtones ont perdu différentes choses en raison des
pensionnats, comme le rôle traditionnel de l’homme au sein de la communauté et de la famille.
Au dire des intervenantes et intervenants clés ayant participé à l’étude d’AINC (2006), les
agresseurs souffriraient d’une piètre estime de soi en raison de l’érosion de l’identité et des rôles
traditionnels, et parfois d’expériences directes ou indirectes au sein du système de pensionnats.
Voici certains de leurs propos à cet effet : « En s’éloignant du mode de vie traditionnel, les
hommes autochtones dans la collectivité ont perdu une partie de leur identité et de leur estime de
soi. Les pensionnats ont eu des effets à la fois favorables et nuisibles sur les hommes tout
particulièrement […] La perte ici est considérable […] Ils n’ont guère de responsabilités
maintenant, alors l’effritement de ces valeurs traditionnelles est courant » (p. 12). Des
participantes ont confirmé cette perception des principaux intervenants et déclaré que la perte de
l’identité et des modes de vie traditionnels autochtones pourraient aussi constituer une autre
cause profonde de violence (AINC, 2006).
Dans le rapport d’AINC (2006), on note que la question des pensionnats a semblé susciter
des réactions différentes de la part des intervenantes et intervenants clés, et des femmes ayant
pris part aux groupes de discussion. Ainsi, certains intervenants croient que, si elle compte parmi
les facteurs contribuant à la violence des partenaires intimes, l’expérience des pensionnats ne
25
constitue généralement pas un grave problème, du moins pas pour les générations présentes. Par
contre, ajoutent-ils, cette expérience pourrait expliquer dans une certaine mesure la piètre qualité
des compétences parentales que possèdent les victimes et les auteurs de la violence des
partenaires intimes. Quant à elles, les participantes des groupes de discussion ont nettement plus
tendance à faire valoir les répercussions de l’expérience des pensionnats sur les hommes violents
et sur les femmes battues. À leurs yeux, de décennie en décennie, le système de pensionnats a eu
des effets induits sur la structure familiale et sur les compétences parentales (AINC, 2006).
L’AFAC (2010) abonde dans le même sens et ajoute :
Par conséquent, les garçons n’ont pas bénéficié des enseignements traditionnels et des
rites de passage, et n’ont pas appris quelles étaient leurs responsabilités envers les femmes
et comment leur rôle contribuait à un équilibre sacré. En outre, de nombreux garçons
n’ont pas appris à être des parents ou à interagir correctement avec les femmes et d’une
manière correspondant à leur culture et à leurs traditions. Enfin, certains hommes
autochtones ont intériorisé une compréhension patriarcale de la masculinité qui va à
l’encontre des enseignements et qui valorise le pouvoir, la domination et le contrôle
(p. 33, traduction libre).
Dans leur étude de femmes autochtones habitant à Montréal, Jaccoud et Brassard (2001)
avancent que la colonisation a déstabilisé la fonction traditionnelle de soutien de famille tout en
préservant la majeure partie des rôles féminins de la femme au sein de la famille. Les auteurs sont
d’avis que cette transformation a donné lieu à des tensions et à des frustrations, et mené
directement à la violence familiale et conjugale (Jaccoud et Brassard, 2001). L’AFAC (2010)
ajoute sur ce point : « Bien que l’histoire n’excuse pas les comportements violents, il faut
envisager la violence perpétrée par les hommes autochtones dans le contexte de la colonisation,
de la dévalorisation et du sentiment d’impuissance » (p. 33, traduction libre).
Facteurs de risque
Il existe un rapport étroit entre les raisons de la forte incidence de violence familiale et les
conditions sociales, politiques et économiques qui sont celles des peoples autochtones (ONWA,
1989). À partir des résultats de l’Enquête sociale générale de 1999, Brownridge (2003) explique
que le taux élevé de violence conjugale à l’endroit des femmes autochtones pourrait découler de
l’occurrence élevée de certains facteurs de risque chez la population autochtone. Nombre de ces
facteurs sont considérés comme étant des déterminants sociaux de santé (Rapheal, 2004). Ces
facteurs sont notamment un statut socioéconomique inférieur et le fait que la population
autochtone est plus jeune que la population générale, qu’elle est plus susceptible de vivre en
union de fait et qu’elle consomme une quantité excessive d’alcool. Cependant, toutes
considérations prises de ces facteurs de risque, ils comptent pour une partie et non pas toutes les
26
différences dans les taux enregistrés chez les femmes autochtones et non autochtones
(Brownridge, 2003), ce qui veut dire qu’il pourrait y avoir d’autres causes fondamentales que
celles mentionnées ci-dessus.
AINC (2006) relève également la consommation d’alcool et de drogues (des hommes et
des femmes) comme facteur de risque, tandis que la CRPA (1996c) mentionne les logements
surpeuplés et inférieurs aux normes comme facteur de risque de violence. Amnistie
Internationale (2009) soutient que ce surpeuplement signifie souvent que les femmes
autochtones n’ont aucun endroit où se réfugier dans leur logis pour échapper à la violence. Vivre
dans une réserve pourrait aussi être un facteur de risque. Les statistiques des forces policières qui
comparent la criminalité dans les réserves et hors réserve montrent que les agressions sexuelles et
autres crimes violents ont tendance à se produire davantage dans les réserves (Brzozowski et
autres, 2006). De plus, si la femme quitte son agresseur, elle perd souvent son logement (ONWA,
1989). Amnistie Internationale (2009) souligne que la difficulté de trouver un logement à prix
abordable dans les villes expose les femmes à l’exploitation des propriétaires et des hommes.
D’autres facteurs de risque mentionnés dans divers écrits sont l’appartenance à une
famille monoparentale ou à une famille nombreuse (nombre d’enfants), une union de fait ou un
mariage antérieur (indicateur de stabilité familiale), la mobilité, l’itinérance, vivre en institution
et la toxicomanie (Brownridge 2003; AFAC 2008). On a découvert que la mobilité des femmes
autochtones, en particulier lorsqu’elles quittent les petites communautés pour aller vivre dans les
grands centres urbains, les rend plus vulnérables à la violence (AFAC, 2010). Comme le fait
remarquer l’AFAC (2010), « des membres des familles et des communautés, ainsi que les
principaux intervenants, ont relaté des incidents qui illustrent que les femmes et les filles élevées
dans les communautés rurales et isolées sont souvent mal préparées à leur transition en milieu
urbain » (p. 37, traduction libre). Certaines sont parties sans pouvoir compter sur un moyen de
transport sûr et ont été victimes de violence en faisant de l’auto-stop (AFAC, 2010). Muhajarine
et D’Arcy (1999) soulignent en outre que les femmes autochtones enceintes risquent davantage
d’être victimes de mauvais traitements physiques que les femmes non autochtones.
Dans le rapport de l’AFAC, (2010), on fait voir que la maltraitance affective et
psychologique constitue l’un des éléments prédictifs de violence physique et sexuelle dans une
relation conjugale. Statistique Canada (2006b) rapporte que le taux d’agressions conjugales est
vingt fois plus élevé chez les femmes autochtones dont les partenaires masculins témoignent de
ces comportements. L’étude de McGillivray et Comaskey (1999) montre que toutes les
répondantes avaient été victimes de violence psychologique dans une relation adulte. Elles se
souvenaient toutes de cette violence : humiliation, se faire traiter de tous les noms, rabaissement
culturel et brutalité spirituelle. Une répondante a dit : « Il me manipulait par notre culture, car il
était « guérisseur » (p. 68). Une autre a raconté : « …il me sermonnait dans ma propre langue
27
[ojibway] » (p. 68). Des incidents de maltraitance émotionnelle ont été causés par de la jalousie et
se sont parfois manifestés sous forme de menaces de mort (McGillivray et Comskey, 1999).
L’AFAC souligne en outre (2010) que les enfants qui font l’expérience de la violence
risquent de commettre plus tard des actes de violence ou, comme l’indique l’étude de McGillivray
et Comaskey (1999), d’en être victime. Les 26 femmes autochtones, sauf une, avaient toutes été
victime ou témoin de violence dans leur enfance. Enfin, la majorité des répondantes avaient été
victimes de mauvais traitements de diverse nature et aux mains de plus d’une personne
lorsqu’elles étaient jeunes.
La violence envisagée comme étant normale dans les communautés autochtones?
Une recherche effectuée, pour le compte d’Affaires indiennes et du Nord Canada, auprès
de dix Premières nations de l’ensemble du pays avait pour but d’examiner les attitudes et
opinions des femmes autochtones et des professionnels qui travaillent avec elles sur les
problèmes de violence (AINC, 2006). Les participantes à l’étude étaient d’avis que la violence est
un comportement qui s’acquiert. Les victimes et les agresseurs ont grandi dans un foyer violent,
ont appris à associer la violence à l’amour (AINC, 2006). Le rapport d’AINC (2006) explique que,
pour ces personnes, la violence peut sembler normale, peut-être même incontournable et
inévitable. Elles ont dit : « La fille observe son père et croit que c’est ainsi que doivent être les
choses. On ne lui montre pas la bonne voie à suivre. » (AINC, 2006, p.15). Urbanoski (2001)
rapporte que les femmes qui ont participé à son étude croient que leurs conjoints sont violents
parce qu’ils ont vu leur père battre leur mère ou qu’ils ont eux-mêmes subi des mauvais
traitements lorsqu’ils étaient jeunes. Dans les écrits, on nomme ce phénomène le cycle de
violence transgénérationnelle (CRPA, 1996c, AFAC, 2010), laquelle prend sa source dans les
traumatismes qui ont résulté des pensionnats (AFAC, 2010). Ainsi, jusqu’à quatre générations
d’enfants autochtones ont été élevés dans un climat de violence et de maltraitance (Bopp et
autres, 2003).
Selon un rapport rédigé par David (1993), des délégués auraient parlé de la violence
comme s’il s’agissait d’un mode de vie, d’un moyen de passer sa frustration et d’un signe de
désespoir. Ils ont en outre parlé du fait qu’on les a obligés à garder le silence pendant des années,
tant à titre de victimes que d’agresseurs. Selon certaines participantes à l’étude d’AINC (2006),
« la violence faite aux femmes se serait passablement estompée au cours des dernières années.
Pareille diminution pourrait témoigner d’une évolution progressive des attitudes à l’égard de
l’acceptabilité de tels mauvais traitements. D’autres participantes affirment que la violence se
poursuit, mais que les agresseurs veillent maintenant davantage à la camoufler » (p. 11). Voici
certains de leurs commentaires : «Autrefois, battre une femme allait davantage de soi »; et « Ça
existe encore, c’est pas plus caché, mais c’est encore caché. C’est pas tout le monde qui parlerait
de ça » (p. 11).
28
Défis systémiques des femmes autochtones
Selon l’AFAC (2010), une grande partie des écrits universitaires sur la maltraitance des
femmes autochtones porte principalement sur la violence familiale ou conjugale plutôt que sur
celle qui prend sa source dans le racisme systémique et sexuel que vivent les femmes autochtones.
D’après le Groupe de travail sur les Affaires autochtones (GTAA) qui rassemble les premiers
ministres provinciaux et territoriaux, et les dirigeants de cinq organismes autochtones nationaux
(Assemblée des Premières Nations, Congrès des Peuples Autochtones, Inuit Tapiriit Kanatami,
Ralliement national des Métis et Association des femmes autochtones du Canada), on doit se
pencher sur les défis systémiques, notamment le racisme et le sexisme, ainsi que la nécessité
d’améliorer la santé et les conditions sociales et économiques des femmes autochtones (ANCA,
2010). L’Association nationale des centres d’amitié (ANCA) a relevé d’autres défis dont la
discrimination dans la loi, les séquelles intergénérationnelles du colonialisme et des pensionnats,
et des niveaux élevés d’intervention des organismes de protection de la jeunesse et du système
juridique. (ANCA, 2010).
Racisme
Plusieurs femmes autochtones se souviennent du racisme dont elles ont été victimes dès
leur sortie des pensionnats (Corbiere et Hardy, 1996). Les recherches suggèrent que plus de six
Canadiens sur dix (61 %) pensent que le racisme sépare les peuples autochtones du reste de la
société; et environ la même proportion (59 %) est d’avis que ces peuples sont victimes de
discrimination de la part d’autres Canadiens (Patrimoine canadien, 2005). Les statistiques tirées
d’une étude sur le racisme à Sudbury en 2003-2004 indiquent que les habitants de Sudbury ont
tendance à exercer de la discrimination contre les Autochtones plus que contre toute autre
minorité visible. Plus de la moitié des Autochtones ont déclaré qu’ils avaient entendu au travail
ou à la maison des commentaires négatifs sur leur race. Sept sur dix ont été témoins de racisme
dans un magasin ou un restaurant à Sudbury (Kauppi, Nangia, Gaspirini, Faries, Euphasie, et
Garg, 2004). Dans l’étude d’Urbanoski (2001), sur dix femmes autochtones, huit ont été victimes
de racisme à un certain moment de leur vie avant d’aller dans un refuge.
Sexisme
Dans les textes et les médias populaires, la représentation de la femme autochtone en tant
que personne paresseuse, ivre et sexuellement disponible remonte loin (Mosher, Morrow,
Boulding et VanderPlaats, 2004). La façon dont les princesses autochtones ont été
hypersexualisées dépasse de beaucoup la représentation des filles blanches (LaRocque, 1994).
Selon Mosher et autres (2004), on considère qu’une femme autochtone ivre est la proie idéale des
hommes violents, et surtout qu’elle n’est pas digne de recevoir de l’aide.
29
L’AFAC (2010) se demande si les femmes et les filles autochtones sont persécutées à cause
de leur race et de leur sexe, et si c’est justement à cause de cela que les cas de violence passent
inaperçus aux yeux de la police, du système judiciaire, du gouvernement et de la société. Les
organisations de première ligne ont confirmé que les attitudes racistes et sexistes envers les
femmes autochtones continuent de les rendre vulnérables aux agressions sexuelles dans les villes
canadiennes. (Amnistie Internationale, 2004). Amnistie Internationale (2010) prétend que le
racisme et la discrimination étaient des facteurs importants dans des douzaines de meurtres
violents de femmes autochtones à l’étude :
Le racisme et la misogynie des agresseurs, le rôle que jouent des tierces parties pour
faciliter ou dissimuler les crimes, la répugnance de certaines forces de l’ordre à enquêter
rapidement et soigneusement les cas où l’on soupçonne l’enlèvement d’une femme
autochtone, et la façon dont ces crimes manquent de provoquer l’indignation de la société
sont autant de facteurs qui illustrent le besoin de comprendre la maltraitance des femmes
autochtones dans un contexte socio-historique plus large (p. 5, traduction libre).
Expériences des femmes autochtones
Conséquences pour les femmes autochtones victimes de violence
Santé mentale et toxicomanie
La vie de nombre de femmes autochtones est complètement bouleversée, car celles-ci
doivent souvent s’éloigner de leur communauté et de leur famille afin d’échapper à la violence.
Par conséquent, certaines d’entre elles traversent une crise temporaire et beaucoup d’autres
deviennent émotionnellement paralysées (Urbanoski, 2001). D’après Urbanoski (2001), les
femmes victimes de violence conjugale réagissent psychologiquement de diverses manières :
refus d’admettre leur situation, engourdissement psychologique, peur, dépression, idées
suicidaires, tentatives de suicide et consommation abusive d’alcool ou de drogues. Les problèmes
de santé mentale et de toxicomanie sont fréquents chez les femmes ayant survécu à la violence, à
un traumatisme et à la maltraitance, souvent de façons complexes et indirectes, et propres à
s’aggraver mutuellement (Réseau canadien pour la santé des femmes et Centres d’excellence pour
la santé des femmes, 2006). Comme Nahanee le fait remarquer (1995), la majorité des femmes
autochtones dissimulent le fait qu’elles sont maltraitées et n’en parlent que si la maltraitance est
prolongée et qu’elle a des conséquences sur leur bien-être mental. Le CNACVF (2006) abonde
dans le même sens en déclarant que l’anxiété et la dépression chez les femmes maltraitées
peuvent venir du fait qu’elles sont privées de la parole, laquelle est nécessaire au bien-être
émotionnel. Nahanee (1995) explique que les femmes autochtones maltraitées, et ce, souvent
toute leur vie, consomment abusivement de l’alcool et de la drogue, en quête d’un état d’esprit où
elles se sentent en sécurité. Elle fait également remarquer que certaines partent pour vivre dans le
30
respect et la dignité, tandis que d’autres se tournent vers la violence, les agressions et même le
meurtre.
Il existe peu d’écrits sur la détresse psychologique extrême et la toxicomanie chez des
femmes autochtones victimes de maltraitance (Urbanoski, 2001). Toutefois, on relève quelques
études sur les femmes autochtones des États-Unis. Par exemple, la majorité d’entre elles disent
qu’elles se sentent déprimées et stressées depuis que leur conjoint les a battues pour la première
fois (Norton et Manson, 1995). Bien que la consommation d’alcool soit un facteur propre à
entraîner de la violence conjugale, nombre de ces femmes ont senti que leurs propres problèmes
d’alcool avait empiré depuis le premier épisode de violence (Evans-Campbell, Lindhorst, Huang
et Walters, 2006; Norton et Manson, 1995). Dans une étude américaine sur les femmes
autochtones victimes de violence conjugale et ayant demandé du counseling, Norton et Manson
(1995) ont trouvé que la dépression et le stress s’étaient accrus en raison de la maltraitance. De
plus, les auteurs ont examiné les résultats d’un sondage sur l’évaluation des besoins en santé
mentale de 198 femmes autochtones américaines. Celles qui ont révélé qu’elles avaient été
victimes de maltraitance conjugale étaient plus susceptibles d’être séparées ou divorcées, et
avaient plus de problèmes d’alcool que les femmes n’ayant pas souffert de violence conjugale. Les
recherches ont également souligné que, comparé aux femmes non autochtones, les femmes
autochtones victimes de maltraitance aux États-Unis avaient des taux plus élevés de dysphorie,
avaient moins recours au counseling (peut-être à cause de l’occidentalisation du traitement) et
qu’elles étaient plus susceptibles de tenter de se suicider et d’adopter un comportement sexuel
risqué (Campbell et autres, 2006; Norton et Manson, 1995).
Dans l’étude d’Urbanoski (2001), la toxicomanie était un problème de taille pour nombre
des participantes, lequel était lié aux problèmes de dépendance de leur partenaire. Waldbrook
(2006) fournit un exemple flagrant qui illustre comment la toxicomanie est liée à la violence
familiale et conjugale. Une participante à l’étude a déclaré, en parlant de la mission d’Elgin Street
de Sudbury :
Je me rappelle toujours d’un cas particulier, et c’était vraiment une triste histoire. Cela
montre combien on a besoin d’une maison de transition à Sudbury. C’était une femme
autochtone qui vivait avec sa famille, ses oncles et ses frères. Et ils étaient tous
alcooliques… au point où ils buvaient de la Listerine. Ils avaient donc de gros problèmes
de toxicomanie. Elle en est venue à un point où, avec notre aide et celle d’autres
personnes, elle a voulu arrêter de boire. Elle a voulu mettre fin à ce style de vie et elle a
alors pris une décision. On l’a appuyée autant que possible, mais elle est venue à
comprendre qu’elle ne pouvait plus vivre avec sa famille. Ils l’ont tellement battue qu’elle
a dû avoir une tomographie, tout ça parce qu’ils pensaient qu’elle se croyait meilleure
qu’eux. C’était terrible à voir. Elle essayait de changer sa vie, mais il y avait tellement
d’obstacles sur son chemin (p. 128, traduction libre).
31
Obstacles au signalement de la violence
Malgré leur taux plus élevé de victimisation criminelle, les Autochtones ne sont pas plus
enclins que les non-Autochtones à signaler à la police les agressions dont ils sont coupables ou
victimes. Des crimes violents perpétrés contre les Autochtones, environ six sur dix ne sont pas
rapportés à la police (Statistique Canada, 2006b). Dans le rapport d’AINC (2006), on peut lire
que les femmes autochtones se heurtent à une variété d’obstacles psychologiques, sociaux et de
logistique lorsque vient le moment de signaler les actes violents dont elles ont été victimes, de
solliciter de l’aide ou d’avoir recours à la justice. Des participantes d’un groupe de discussion ont
dit qu’en cas de violence, il faut que ce soit très grave, et souvent presque fatal, pour qu’une
femme le signale à la police ou qu’elle parte de chez elle. Les intervenantes et intervenantes clés
de l’étude d’AINC (2006) ont confirmé qu’une femme n’appelle souvent la police qu’après avoir
vécu une suite d’incidents de plus en plus violents, dont le dernier est souvent très grave.
On précise en outre dans le rapport que « [l]’éloignement de la police et des ressources
d’appui, la qualité souvent mauvaise des rapports avec la police et la crainte de représailles sont
autant d’éléments qui freinent les signalements » (p. 18). Et on ajoute que ces « représailles ou la
menace qu’elles font planer sont imputables non seulement aux conjoints violents, mais aussi aux
membres de leur famille. Souvent, ces derniers font pression sur les femmes pour qu’elles
s’abstiennent de signaler un incident ou pour qu’elles réintègrent une relation » (p. 18). Voici des
commentaires illustrant la peur de représailles de quelques femmes ayant participé à l’étude :
« Un membre de la famille risque de se fâcher et de s’en mêler. La famille est contre toi. Tu as
l’impression d’être en désaccord avec toute la famille plutôt qu’avec la personne que tu
fréquentes. » (p. 18) Comme l’a expliqué un intervenant clé : « Elles voudront peut-être éviter de
s’attirer les foudres de toute la famille du conjoint dans la collectivité. La localité compte à peine
200 ou 300 personnes, et si tu provoques la colère de la moitié d’entre elles, tu risques d’avoir
toutes sortes d’ennuis. Les raisons qui poussent à ne pas dénoncer l’emportent sans doute sur
celles qui poussent à dénoncer. » (p. 19). Des participantes à l’étude d’Urbanoski (2001) ont aussi
parlé de la peur de représailles dans leur communauté, l’une d’elles expliquant que, si on portait
des accusations contre son conjoint, tout le monde saurait qu’elle est maltraitée. Cette femme
autochtone avait l’impression que toute la communauté lui en voudrait d’avoir mis son conjoint
en prison.
On prétend aussi, dans le rapport d’AINC, que le manque de confiance que les femmes
ressentent envers les fournisseurs de services et d’autres membres des communautés est un
obstacle de taille qui les empêche d’agir et de signaler des actes de violence. Une participante a
déclaré : « On trouve dans certaines collectivités des travailleurs provenant d’ailleurs, ce qui évite
les conflits, mais amenuise la confiance. Si des services sont dispensés au sein de la collectivité, tu
retrouveras nécessairement là diverses personnes qui te sont apparentées » (p. 36). Une autre a
dit : « Ici la confidentialité est un enjeu majeur. Au fil des ans, nous avons eu de mauvais
32
travailleurs qui ont laissé fuir de l’information après avoir quitté le centre. Il nous faut vraiment
respecter la confidentialité [des clients] lorsque nous cessons de travailler là. Il s’agit vraiment
d’un sérieux problème » (p. 36). Au sujet de la communauté, une autre a expliqué : « Il est risqué
de connaître un membre du cercle de discussion. Cette personne pourrait divulguer le cours de la
séance » (p. 38).
Ailleurs dans le rapport d’AINC (2008), on souligne qu’un autre obstacle au signalement
des actes de violence « est lié à la crainte que le bureau de protection de l’enfance ne retire les
enfants du foyer, une fois divulgués les actes violents » (p. 19). Des intervenantes et intervenants
clés expliquent que, « par le passé, il était fréquent que les enfants soient retirés de leur foyer à la
suite d’une intervention de la police en réponse à un incident avec violence. C’est pourquoi la
crainte d’un tel retrait est encore fort répandue, même si bon nombre de collectivités ont changé
leur approche de façon à laisser les enfants avec leurs parents dans toute la mesure du possible.
Aujourd’hui les […] intervenants s’efforcent autant que possible de préserver et soutenir la
cellule familiale. Dans les familles autochtones, cependant, ils dénotent une perception — plus ou
moins fondée sur les pratiques passées, mais néanmoins courante — à l’effet que le signalement
d’un cas de violence risque d’entraîner la prise en charge des enfants par les services sociaux,
auquel cas il pourrait être ardu de les récupérer par la suite » (p. 20). Des participantes ont
déclaré : « On ne le signale pas parce qu’il faut garder la famille ensemble — c’est une valeur
importante chez les Autochtones » et «[t]rès certainement, [les femmes] pourraient vouloir éviter
l’intervention des services à l’enfance. Selon la politique qui prévaut ici, les services à l’enfance se
mêlent d’un dossier si les enfants sont témoins d’actes violents. Il pourrait en résulter une
aggravation de la violence » (Canada, 2008, p. 20). Amnestie Internationale (2009) confirme que
de nombreuses femmes autochtones qui ont été victimes de violence leur ont dit qu’elles
hésitaient à solliciter de l’aide des gouvernements ou de la police de peur qu’on leur enlève les
enfants. Dans le rapport sur Thunder Bay du Groupe de travail sur les Autochtones vivant en
milieu urbain, une participante a expliqué que des travailleuses de l’industrie du sexe lui ont dit :
Il faut une amnistie pour les femmes de l’industrie du sexe. […] Lorsqu’elles sont
agressées, elles ne peuvent pas le signaler à la police de peur de se retrouver en prison
pour violation d’ordonnance de sursis, et ces hommes violents (autochtones et non
autochtones) ont ainsi le feu vert pour attaquer encore et encore sans jamais craindre
d’être appréhendés, accusés et emprisonnés. Certaines de ces femmes ont été si
violemment battues qu’on pourrait qualifier ces actes de torture, et elles ne peuvent
demander de l’aide par crainte des représailles. Il faut établir, avec l’aide des
communautés et des conseils de femmes, une sorte d’amnistie permettant aux jeunes
filles, aux adolescentes et aux femmes adultes de révéler ce qui leur est arrivé ou ce
qu’elles vivent présentement. Il faut établir des lieux sûrs et des forums où elles seront
protégées des représailles de leur parenté et des prédateurs qui habitent dans leur
33
communauté d’origine ou dans la ville (FitzMaurice et McCaskill, 2007d, p. 91-92,
traduction libre).
Services disponibles pour les femmes autochtones victimes de violence
La police est souvent la seule source d’aide dans les réserves (McGillivray et Comskey,
1999). Selon Statistique Canada (2006b), les femmes autochtones sont plus susceptibles que les
autres de communiquer avec la police en raison de violence conjugale et d’utiliser les services
sociaux. Cette réalité concorde avec l’extrême gravité des actes de violence dont elles sont
victimes. On précise, dans le rapport d’AINC (2006), que les principales ressources disponibles
dans les réserves pour les femmes autochtones victimes d’agressions violentes sont : les réseaux
informels de proches et d’amis; des professionnels de la santé (infirmiers et infirmières, RSC);
aiguillage aux centres de santé (du lundi au vendredi, de 9 à 17 h) vers une myriade de ressources
urbaines et hors réserve, dont du counseling, des refuges et des programmes; et la police. Pour les
femmes autochtones qui vivent dans les villes et les grands centres urbains, les ressources
comprennent les centres de détresse et les refuges; les services d’assistance téléphonique; les
centres d’amitié; les centres d’accès aux services de santé pour les Autochtones; les réseaux
informels de parents et d’amis; et les services de counseling.
Nombre de femmes ayant participé à l’étude de McGillivray et Comaskey (1999), qui s’est
tenue à Winnipeg, ont dit être allées à des refuges pour femmes afin de solliciter de l’aide et de la
protection (p. 81). Malgré les différences dans la disponibilité et dans la capacité d’aider des
services, les participantes ont parlé en bien des organismes dont elles utilisaient les services au
moment de l’étude. Parmi ces services mentionnons les refuges, les services de counseling, les
centres de traitement pour les toxicomanies, les centres de guérison et les lignes secours.
Néanmoins, on a découvert que même si une femme a accès à des services, « de
nombreux facteurs peuvent [la] pousser […] à reprendre une relation de violence, qu’il s’agisse
de l’éloignement par rapport à la famille étendue, aux enfants ou aux amis, de l’incapacité de se
tirer d’affaire à l’extérieur de la collectivité d’origine — faute de ressources financières, d’un
emploi ou d’aptitudes à la vie quotidienne — ou encore, tout simplement, d’une profonde
solitude » (AINC, 2006).
Lacunes et problèmes dans les services
McGillivray et Comaskey (1999) soulignent combien l’isolement et le manque de services
constituent la réalité des communautés du Nord. Une des répondantes a dit : « Quand il m’a
emmenée chez lui [dans une réserve] dans le Nord, je me suis sentie prise au piège. Je n’avais
personne à qui parler et je me sentais vraiment seule. Je me sentais comme en prison. J’avais
l’impression de ne pas pouvoir m’échapper (p. 80, traduction libre). Les auteurs poursuivent en
expliquant que les retards occasionnés par la lenteur des services à répondre aux demandes d’aide
34
donnent à l’agresseur le temps de convaincre la victime de lui pardonner et d’oublier ce qu’il a
fait. Qui plus est, le transport pour sortir des communautés des Premières nations est
problématique, ont expliqué les répondantes. Trente-et-un pour cent des femmes ayant participé
à l’étude de l’ONWA (1989) ont déclaré qu’elles ne bénéficiaient pas de moyen de transport
adéquat pour partir de chez elle si elles avaient besoin d’aide. Comme on le souligne dans le
rapport d’AINC (2006), la solution idéale pour les petites réserves et les localités du Nord serait
de miser sur des ressources communautaires; cependant, elles n’ont pas les moyens de soutenir
des centres de détresse ou des refuges. Et comme l’ont fait remarquer les intervenantes et
intervenants clés, ainsi que les participantes aux groupes de discussion, la protection de la vie
privée et de la sécurité constitue une importante préoccupation dans ces communautés.
Dans certaines localités, on n’offre les services que de 9 h à 17 h ou ils sont situés si loin
qu’ils sont pratiquement inaccessibles au moment de l’agression (AINC, 2006). Au forum de
Sudbury, les participantes ont déclaré qu’il existe très peu de ressources pour répondre sur le
moment à des besoins particuliers (MacDonald, Lemieux et Peltier, 2000, p. 4). Dans certaines
communautés, on contingente l’admission aux services. Les participantes des groupes de
discussion ont fait état de situations épisodiques où des femmes sont renvoyées sans recevoir
d’aide (AINC, 2006). L’une d’elles a précisé : « Vous ne pouvez simplement vous présenter à
l’improviste, même si vous êtes une femme battue. Si toutes les places sont prises, on vous
refusera l’accès » (p. 35). Un intervenant clé de Kenora participant à l’étude du Groupe de travail
sur les Autochtones en milieu urbain a rapporté qu’« il y a trop peu de services pour trop de gens.
Les refuges pour les femmes sont toujours pleins, et c’est rare qu’ils acceptent que d’autres
services leur envoient de nouvelles clientes » (FitzMaurice et McCaskill, 2007b, p. 97, traduction
libre).
Selon le rapport d’AINC (2006), le recours à ces ressources et services est quelque peu
entravé par :
leur éloignement de la communauté d’origine;
le manque de moyens de transport;
la piètre qualité des rapports avec la police;
l’ignorance des ressources existantes;
le doute concernant l’efficacité des ressources;
l’absence de vie privée dans les collectivités et la honte qu’occasionne le recours aux
ressources;
les rapports complexes entre les victimes, les agresseurs, leur famille et les autres membres
de la communauté;
la volonté de préserver à tout prix l’intégrité de la famille (fondée sur la peur de l’inconnu,
la crainte du déshonneur et la perspective de perdre ses enfants, son domicile et ses
biens).
35
Les écrits montrent en outre que les professionnels de la santé ne sont souvent pas conscients
des problèmes et des difficultés qui se dressent devant les femmes autochtones (Campbell et
autres, 2006). Cox et autres (2004) relatent que, dans un service d’urgence du Nord ontarien, le
personnel de triage n’a pas l’habitude de faire de dépistage de violence conjugale et encore moins
de poser des questions validées à cet effet. Les écrits font souvent état du manque de personnel
spécialisé et de ressources en ce qui a trait à la violence (LaRocque, 1994) et du fait que l’on
s’inquiète des qualifications du personnel et du petit nombre d’employés autochtones dans
certaines communautés (AINC, 2006). Dans le cadre de l’étude d’Urbanoski (2001), plusieurs
femmes ont affirmé que la police et le système judiciaire sont une source d’ambivalence.
Dans le cadre de l’étude d’AINC (2006), les participantes des groupes de discussion ont
dit qu’elles se sentaient moins à l’aise avec le personnel non autochtone des refuges et qu’elles
préféreraient avoir affaire à des conseillères et à des travailleuses sociales autochtones. Elles
expliquent que « ce malaise tient de différences culturelles et linguistiques ainsi que du sentiment
de dislocation qui accompagne le relogement dans une collectivité urbaine » (AINC, 2006). Des
intervenantes et intervenants clés parlent dans le même rapport du choc culturel que subissent
des Autochtones lorsqu’elles quittent leur communauté pour trouver de l’aide. Au dire d’une
participante : « La peur de l’inconnu représente un gros obstacle si vous êtes une femme
traditionnelle issue d’une petite collectivité dans le Nord et si vous n’avez jamais visité un grand
centre » (p. 36).
Cette déclaration a été confirmée par des femmes de la
Morrisette, McKenzie et
communauté autochtone de Sudbury qui ont été victimes de
Morrisette (1993)
violence (MacDonald, Lemieux et Peltier, 2000). Les refuges
soutiennent qu’une
grande proportion de
ordinaires envisagent souvent les problèmes de violence conjugale et
femmes autochtones se
d’itinérance dans l’optique de la « justice », laquelle ne tient pas
sentent marginalisées par
compte de l’importance de la guérison dans l’approche autochtone
les services ordinaires
destinés à la population
(AFAC, 2007b). Maintes femmes autochtones ayant participé à
en général auxquels
l’étude d’Urbanoski (2001) ont exprimé leur malaise par rapport aux
peuvent recourir les
règles, règlements et attentes des refuges, ce qui ajoute à leur anxiété.
femmes maltraitées par
Leurs réserves pourraient expliquer pourquoi des intervenantes et
leur conjoint.
intervenants de l’étude d’AINC (2006) ont fait remarquer que les
femmes ne font pas appel aux soutiens et services disponibles chaque fois qu’elles sont victimes
de violence et qu’elles ont tendance à n’y recourir qu’en dernière ressource.
Le rapport sur le forum de Sudbury souligne en effet que les services ordinaires comptent
peu d’employés autochtones pour aider les clients autochtones sur les questions délicates comme
l’expérience des pensionnats (MacDonald, Lemieux et Peltier, 2000). Par ailleurs, LaRocque
(1994) déclare que la plupart des conseillers ne tiennent jamais compte de l’histoire des peuples
autochtones, ni de leurs antécédents sociaux et politiques. Morrisette et autres (1993)
36
soutiennent que les pratiques ethnocentriques des travailleuses sociales témoignent de préjugés
occidentaux et contribuent à victimiser et à marginaliser davantage les femmes autochtones
victimes de mauvais traitements. Selon l’étude d’AINC (2006), cette marginalisation entraîne le
repli des femmes autochtones, de sorte qu’elles ne s’ouvrent pas aux travailleuses sociales ou aux
employées du refuge. Urbanoski rapporte (2001) que les femmes autochtones ne se sentent pas
respectées par les employées du refuge, et qu’au lieu de se sentir plus fortes à leur contact, elles
avaient l’impression de se faire traiter comme des enfants. Enfin, la moitié des répondantes ont
dit qu’elles avaient le sentiment que le personnel se croyait meilleur qu’elles (Urbanoski, 2001).
On précise également, dans le rapport d’AINC (2006), que le manque de formation du
personnel sur les services disponibles pour les Autochtones risque de poser problème. Voici les
propos de participantes : « En majorité, le personnel s’y connaît peu en matière d’aide sociale ou
de localisation des autres services […] Il peut être très compliqué de bien cerner des éléments tels
que le traitement différent que réserve le système aux femmes inscrites et non inscrites ou encore
la marche à suivre pour faire appel des décisions relatives au financement » (p. 38).
Les directrices générales des agences autochtones de Sudbury reconnaissent la nécessité
de donner davantage de soutien et de services aux femmes autochtones qui sont victimes de
violence conjugale. Elles ont en outre avoué qu’il n’y a pas de soutien à long terme à Sudbury
pour les femmes autochtones qui ne veulent plus se prostituer, qui souhaitent mettre un terme à
une relation violente ou qui veulent faire quelque chose au sujet de leur dépendance à la drogue
ou à l’alcool (FitzMaurice et McCaskill, 2007c).
Autres obstacles à la guérison
En lisant les écrits, on constate que la femme qui tente de quitter une relation abusive a
souvent plus de difficulté à le faire que les autres si elle habite une localité éloignée, et ce, en
raison du manque de soutien communautaire pour les femmes maltraitées (Bryce, Dungey et
Hirshman, 1992). Comme l’explique Dumont-Smith (1995), les Autochtones hésitent souvent à
intervenir lorsqu’ils sont apparentés aux deux membres du couple, la violence étant considérée
dans plusieurs collectivités comme étant une affaire personnelle et familiale qu’il faut garder
confidentielle. Urbanoski (2001) parle aussi de l’importance de la confidentialité des questions
familiales dans la société autochtone.
McGillivry et Comaskey (1999) mentionnent que les femmes qui habitent une réserve ou
sont venues y vivre après leur mariage manquent souvent de ressources en raison de leur
conjoint. L’une des répondantes a déclaré : « J’ai demandé de l’aide à de nombreuses personnes
que je considérais comme des amis, mais vu qu’il était un « homme de médecine », bien des gens
se disaient incapables de m’aider en raison de la situation de mon mari. Il y en a beaucoup qui
pensaient que je mentais à cause de ce qu’il m’arrivait » (p. 80, traduction libre). Une participante
à l’étude d’Urbanoski (2001) a souligné que, dans les communautés plus petites, les hommes
37
connaissaient des agents de police, de sorte qu’aucune mesure n’était prise pour que l’homme
prenne la responsabilité de ses gestes.
David (1993) précise que la façon d’agir des dirigeants des communautés a parfois pour
effet d’aggraver le sentiment de détresse des victimes. Dans le cadre de l’étude d’AINC (2006),
des participantes ont rapporté que les chefs de bande et les leaders des communautés ne
s’occupaient pas assez de la question de la violence familiale, en général. Certaines ont cependant
fait remarquer que des signes encourageants donnent à penser qu’ils sont de plus en plus
conscients du caractère répréhensible de la violence des hommes envers les femmes. Comme l’a
dit une répondante : « Ils s’intéressent de plus en plus aux besoins dans leur propre collectivité, et
les efforts s’accentuent pour aborder ces problèmes sociaux … Ils sont en quête de guérison au
sein de la collectivité et reconnaissent que la violence familiale constitue un élément » (AINC,
2006, p. 39).
L’étude d’Urbanoski (2001) montre que nombre de femmes qui logeaient en ville dans un
refuge pour Autochtones et qui venaient de l’extérieur de la ville n’avaient aucun soutien social
ou familial. Plusieurs d’entre elles ont dit qu’elles restaient avec leur conjoint violent parce
qu’elles n’avaient pas assez de liens sociaux ou familiaux dans la ville, et qu’à l’idée de partir était
associée la peur de vivre seule dans la ville, sans contacts sociaux.
Besoins des femmes autochtones victimes de maltraitance
Besoins particuliers
Dans le rapport de Sudbury, les participantes voulaient que les services actuels soient
annoncés afin qu’on en soit plus au courant dans la communauté. EIles ont suggéré que des
rassemblements comme des pow-wow, des fêtes ou des repas à la fortune du pot seraient une
occasion pour les fournisseurs de services de faire circuler l’information. Les participantes ont
aussi souligné le besoin d’offrir des services 24 heures par jour, car « les situations de crise ne
surviennent pas seulement durant les heures de bureau » (MacDonald, Lemieux, et Peltier, 2000,
p. 4, traduction libre). De plus, elles ont déclaré qu’il fallait un système d’appui comme des
services de garde ainsi que des moyens de transport pour aider les parents à assister aux ateliers
offerts dans la communauté ou à aller aux rendez-vous nécessaires (MacDonald et autres, 2000).
Enfin, elles croient qu’on a bien besoin d’un refuge d’urgence qui accueille et comprenne non
seulement les victimes de maltraitance, mais aussi les gens ayant des problèmes familiaux et
économiques (MacDonald et autres, 2000).
Dans le cadre de l’étude d’Urbanoski (2001), les femmes autochtones ont parlé des
besoins particuliers qui surgissent une fois qu’elles sont au refuge, dont un moyen de transport
pour se rendre en ville. Elles ont aussi parlé du besoin d’apprendre à traiter avec le système
judiciaire et les services sociaux, ainsi qu’à trouver un logement, des meubles et des vêtements.
Urbanoski fait remarquer que les femmes autochtones qui laissent une relation violente ne
38
veulent pas forcément laisser définitivement leur partenaire. Elles expliquent qu’il est possible
qu’elles veuillent s’informer pour savoir comment il pourrait parvenir à la guérison afin qu’ils
puissent tous guérir, en famille (Urbanoski, 2001). D’après le CNACVF (2006), le personnel des
refuges d’urgence ne devrait pas juger les clientes mais leur permettre de prendre la
responsabilité de leurs décisions.
Transition
Dans le rapport d’AINC (2006), les participantes ont mentionné le besoin d’hébergement
pour les enfants pendant que les mères reçoivent du counseling ou un autre traitement à
l’extérieur de la réserve. Les personnes interrogées pour l’étude de McGillivray et Comaskey
(1999) ont parlé des besoins qui se manifestent après qu’elles ont quitté un partenaire violent,
dont du soutien et de la protection, ainsi que la garantie que les services continueront d’être
disponibles afin qu’elles puissent guérir et se sentir en sécurité. La plupart des participantes à
l’étude d’Urbanoski (2001) ont dit qu’elles avaient besoin d’une période de détente après leur
arrivée à un refuge d’urgence pour réfléchir à ce s’était passé. Elles ne voulaient pas se sentir
forcées de faire du counseling tout de suite, mais avaient besoin d’appui et d’encouragement.
Dans la communauté de Sudbury, les personnes interrogées ont suggéré qu’il fallait trouver des
façons d’aider les femmes autochtones à créer des réseaux d’appui social (MacDonald et autres
2000). Les femmes qui ont participé à l’étude d’Urbanoski ont dit combien la camaraderie était
importante et qu’elles ressentaient le besoin d’aider celles d’entre elles qui avaient plus de
difficulté à s’en sortir.
Dans le document du CNACVF (2006) intitulé Fin à la violence dans les communautés
autochtones : pratiques exemplaires dans les centres d’hébergement autochtones et
communautaires, on explique que, quand une femme arrive dans un refuge pour la première fois,
il est important qu’elle et ses enfants se sentent les bienvenus. On suggère qu’il faudrait
demander à d’autres clientes d’accueillir la nouvelle venue pour la mettre à l’aise.
Des services culturellement pertinents
Les concepts de guérison et de services culturellement pertinents étaient présents dans les
treize recommandations de l’Ontario Native Women’s Association (1989) énoncées dans son
document Breaking Free: A Proposal for Change to Aboriginal Family Violence. Pour leur part,
Norton et Manson (1997) soutiennent que les services doivent être conçus en fonction des
besoins, des valeurs et croyances des Autochtones, puisqu’ils sont moins susceptibles d’utiliser les
services ordinaires. Au cours des séances de consultation à Sudbury, maintes personnes ont dit
que les services aux femmes autochtones victimes de maltraitance devraient être fournis dans le
respect des cultures. Dans le rapport d’AINC (2006), les participantes se sont dit contentes de
constater que certains services avaient recours à des femmes sensibles aux questions culturelles et
39
qui avaient elles-mêmes été maltraitées par des hommes. Le rapport de la communauté de
Sudbury abonde dans le même sens en soutenant que l’élaboration de services qui tiennent
compte des réalités culturelles les rend plus accueillants (MacDonald, Lemieux, et Peltier, 2000).
Toutes les participantes à l’étude d’Urbanoski (2001) pensaient qu’il était important que la
conseillère connaisse bien les antécédents culturels de ses clientes.
Urbanoski prétend qu’embaucher du personnel autochtone peut aider les refuges
d’urgence à refléter la communauté qu’ils servent d’ordinaire (2001). Toutefois, nombre de
participantes à son étude ne semblaient pas se soucier d’avoir une conseillère qui soit autochtone,
et voulaient seulement une personne qui les écoute (Urbanoski, 2001). Par contre, une
participante autochtone a exprimé sa frustration d’avoir à expliquer ses pratiques et croyances
(Urbanoski, 2001). Les participantes de Sudbury pensent que les travailleuses sociales ordinaires
devraient être formées pour trouver des solutions transculturelles qui conviennent davantage aux
traditions des femmes autochtones (MacDonald et autres, 2000). Dans l’étude d’Urbanoski, il
était important pour nombre de participantes de s’identifier à leur héritage autochtone afin
d’établir une certaine communion avec les autres et avec leur propre spiritualité. Norton et
Manson (1997) décrivent des interventions réussies aux États-Unis dans un centre de santé
urbain pour Autochtones, lequel organise des visites à domicile et possède un groupe d’appui
contre la violence conjugale incorporant des pratiques et des valeurs autochtones traditionnelles.
L’étude de Murphy, Risley-Curtiss et Gerdes (2003) montre que la spiritualité et le retour aux
traditions culturelles ont joué un grand rôle pour surmonter la violence conjugale chez les
femmes autochtones des États-Unis. Il en a été de même pour les femmes autochtones de l’étude
d’Urbanoski (2001).
Pour ce qui est du counseling individuel, les participantes à la consultation de Sudbury
ont souligné que seuls les fournisseurs de services bien portants peuvent aider les clients à
devenir en bonne santé (MacDonald, et autres, 2000). Bohn (1993) explique que les conseillers et
conseillères devraient examiner leurs préjugés et partis pris, et la façon dont ceux-ci influent sur
le counseling. Elle explique aussi l’importance d’établir un rapport pour inspirer la confiance.
Dans le rapport d’AINC (2006), on avance que la confiance est un facteur très important pour la
communauté autochtone et qu’il faut du temps pour établir cette confiance, mais que, dans une
situation de crise, un visage autochtone amical et familier peut susciter ce genre de confiance et
plus encore si la personne a aussi vécu l’expérience de la violence. Dans ce rapport, les membres
du groupe de consultation n’étaient pas tous d’accord pour dire que les centres d’accueils en cas
de crise devaient être gérés par un personnel autochtone. On a aussi trouvé que les femmes
autochtones qui ne vivent pas dans des réserves sont plus susceptibles de donner la priorité à la
compétence et à l’expérience. Par contre, on note dans ce rapport que les femmes autochtones
qui vivent dans les réserves ont tendance à penser qu’une femme autochtone amicale et
expérimentée serait mieux équipée pour s’occuper de femmes autochtones.
40
Bohn (1993) souligne qu’une atmosphère ouverte et détendue ainsi qu’un peu d’humour
profiteraient au processus de counseling. L’auteure déclare aussi que les questions devraient être
ouvertes, car si une femme autochtone se sent poussée, elle aura tendance à dire à ses
interlocuteurs ce qu’ils veulent entendre au lieu de ce qu’elle ressent ou pense vraiment. De plus,
elle affirme que le silence est important et qu’on a besoin de le respecter. Norton et Manson
(1997) ont trouvé que le counseling avait plus de chance de réussir si les conseillères se rendaient
au domicile de la femme autochtone, car le bureau était un lieu trop formel et intimidant.
Les femmes autochtones des États-Unis qui ont participé à l’étude de Norton et Manson (1997)
ont aussi dit que leur détresse diminuait quand elles participaient à du counseling de groupe. Les
auteures expliquent que les séances de groupe étaient semblables au cercle de discussion
traditionnel au cours duquel chaque participant peut parler sans interruption. Un grand nombre
de femmes dans l’étude d’Urbanoski ont dit qu’elles avaient aimé s’exprimer et recevoir de la
rétroaction dans un cercle de guérison. Une participante a déclaré : « Il semble que je tire plus des
autres femmes que des conseillères… parce qu’elles parlent de leurs expériences et que nous
vivons toutes plus ou moins la même chose… » (p. 121, traduction libre). Les participantes ont
aussi dit combien elles se sentaient réconfortées d’être entourées de femmes autochtones
(Urbanoski, 2001). Morrisette, McKenzie et Morrisette (1993) disent que les services aux femmes
autochtones victimes de maltraitance devraient aborder non seulement la conceptualisation de la
violence contre les femmes autochtones selon une approche holistique, mais aussi les solutions
pour contrecarrer la violence. Comme on l’explique dans le rapport d’étude du CNACVF (2006),
« dans une approche holistique, les individus ne peuvent être sains que s’ils grandissent
physiquement, mentalement/intellectuellement, émotionnellement et spirituellement » (p. 50).
Le groupe de consultation de la communauté de Sudbury a insisté sur l’importance de
faire appel aux aînés (MacDonald et autres, 2000). Deiter et Otway (2001) pensent que l’on peut
utiliser les aînés comme une importante source de guérison. Par le biais d’enseignements
traditionnels, les aînés peuvent transmettre l’importance des rôles traditionnels que joue la
famille (MacDonald et autres, 2000). Les membres du groupe de Sudbury ont aussi expliqué qu’il
faut inclure des services pour les hommes, car ceux-ci ont besoin de s’investir dans le processus
de guérison pour mettre fin à la violence contre les femmes autochtones (MacDonald et autres,
2000).
Gestion de nos propres programmes et services
Tel qu’on le déclare dans le rapport sur le forum communautaire de Sudbury, la
communauté autochtone est la mieux placée pour traiter les problèmes de violence familiale
(MacDonald, Lemieux et Peltier, 2000). Cependant, pour qu’elle puisse le faire, de nombreuses
participantes ont affirmé qu’il faut l’apport de tous les membres de la famille et de la
communauté (MacDonald et autres, 2000, p. 2). Une autre participante a mentionné que « la
41
communauté doit prendre la responsabilité d’aider les familles et les enfants » (p. 2, traduction
libre).
Dans le rapport d’AINC (2006), les participantes ont tenu les propos suivants :
« Nous aimerions que [le refuge] soit dirigé par l’un des nôtres et non par les Blancs. »; « C’est
très important que ce soit une femme autochtone. Je n’ai rien contre les Blanches, mais je ne
pense pas qu’elles comprennent et des fois elles jugent. » (p. 36). La communauté autochtone de
Sudbury a aussi fait savoir qu’elle a besoin de son propre refuge pour les femmes autochtones
(MacDonald et autres, 2000). Une participante à l’étude du Groupe de travail sur les Autochtones
vivant en milieu urbain de Kenora a déclaré : « Les femmes autochtones disent qu’elles ne se
sentent pas à l’aise là [un refuge ordinaire], qu’elles ont besoin d’un refuge pour les
Autochtones » (FitzMaurice et McCaskill, 2007b, p. 97, traduction libre). La chef du programme
culturel du Minwaahin Lodge, à Ottawa, a fait remarquer que :
Il faut des solutions réelles et durables à la violence contre les femmes autochtones, et ces
solutions peuvent et devraient être fournies par des organisations autochtones et gérées
par des autochtones. Notre organisation n’est probablement qu’un petit morceau du
casse-tête, mais je peux vous dire que ce que nous faisons… fonctionne. C’est parce que
tout notre travail se fonde sur une compréhension historique des incidences de la
colonisation, de la Loi sur les Indiens et des pensionnats. Nous comprenons les femmes
qui viennent nous demander de l’aide. Nous avons vécu leur expérience, et elles nous
connaissent et nous font confiance. Ces femmes ont intériorisé une honte de leur identité
et de leur culture qui les mène à vivre une vie remplie de violence, de dépendances et de
maladies mentales. Elles peuvent s’être perdues, s’être écartées de leur esprit, de leur
culture, de leur langue, de leur famille et de leur communauté. Lorsque les femmes
autochtones sollicitent de l’aide et demandent à apprendre à se connaître elles-mêmes,
elles méritent d’être accueillies par des femmes qui sont comme elles, qui ont vécu la
même réalité et qui comprennent (Compton, 2010, traduction libre).
Dans un document de présentation de sa position de principe sur la violence contre les
femmes et les filles autochtones, l’Association nationale des centres d’amitié réitère la nécessité
d’engager la participation des peuples autochtones et, plus particulièrement, celle des femmes.
L’Association réclame que les femmes soient impliquées à tous les niveaux et à toutes les étapes
de la mise en œuvre des programmes et des politiques à ce sujet (ANCA, 2010). Il faut en outre
solliciter la participation des hommes des communautés autochtones, pour qu’ils s’engagent à
long terme à isoler et à éliminer les facteurs qui favorisent la violence envers les femmes
(CNACVF, 2006).
42
Prévention
Comme on l’a dit à l’occasion du forum communautaire de Sudbury, il faut non
seulement des interventions pour mettre un terme à la violence faite aux femmes autochtones et
à leurs familles, mais aussi des méthodes de prévention (MacDonald et autres, 2000). La
prévention peut résulter d’un apprentissage des causes profondes du problème, ce qui est la
première étape d’une démarche propre à changer les comportements menant à la violence
(Witco, Martinez et Milda, 2006). Il faut sensibiliser davantage les gens, y compris les
fonctionnaires, et mieux leur faire comprendre le contexte historique de la violence contre les
femmes autochtones et les rôles traditionnels des femmes dans les sociétés autochtones (ANCA,
2010). Les personnes qui ont participé au forum communautaire de Sudbury ont proposé la
tenue d’ateliers sur l’autoguérison et insisté sur l’importance de se concentrer sur les
traumatismes intergénérationnels, tels que ceux que les gens ont vécus durant la période des
pensionnats (MacDonald et autres, 2000). Enfin, on mentionne dans le rapport que de bonnes
méthodes d’éducation des enfants aideraient les parents à apprendre les conséquences des
comportements et gestes.
Dans le rapport de Sudbury, on mentionne le besoin de créer des programmes pour les
enfants et les jeunes, en précisant que « les enfants ont besoin d’apprendre des résolutions non
violentes aux problèmes et des comportements positifs » (MacDonald et autres, 2000, traduction
libre). De plus, les jeunes doivent retrouver leur identité culturelle au moyen d’enseignements
pratiques sur les remèdes tels que la sauge et le foin d’odeur (MacDonald et autres, 2000).
Urbanoski (2001) décrit la manière dont les mères et les grands-mères autochtones peuvent
raconter la violence qu’elles ont vécue et utiliser ces histoires comme outil d’enseignement.
Enfin, il est important d’utiliser les programmes qui existent déjà et qui se sont avérés
efficaces. Par exemple, les programmes Kizhaay Anishinaabe Niin (initiative Je suis un homme
bon) et Kanawayhitowin (initiative Prenons mutuellement soin de notre esprit) de l’Ontario
Federation of Indian Friendship Centres sont considérés comme étant des pratiques exemplaires.
La première de ces initiatives fournit un modèle holistique et culturel de guérison
communautaire pour les hommes et les jeunes autochtones visant à leur enseigner comment ils
peuvent contribuer à mettre un terme à la violence faite aux femmes et aux filles autochtones. La
seconde initiative est un programme parallèle complémentaire qui « reflète une approche
traditionnelle et culturelle de sensibilisation aux signes avant-coureurs et aux facteurs de risque
de violence envers les femmes afin que les proches des femmes à risque et des hommes abusifs
puissent les aider » (ANCA, 2010, traduction libre). Dans une Première nation, le chef a créé un
programme visant à mettre fin à la violence contre les femmes autochtones le jour de la Fête des
mères durant lequel les hommes ont fait à manger et ont servi les femmes. La communauté croit
que ce programme aide à donner un exemple de la manière dont les hommes devraient traiter
leur femme (CNACVF, 2006). Il s’agit là de travail important pour aider à éliminer l’opinion que
43
la violence est « normale » dans la société autochtone. Les programmes de prévention doivent
être élaborés à partir de différents points de vue et de visions diverses afin d’orienter les
communautés autochtones vers de saines relations (CNACVF, 2006).
Refuges pour les femmes autochtones victimes de violence
Circonstances entourant l’accès à un refuge
Urbanoski (2001) précise que les femmes vont à un refuge surtout à cause de la violence d’un
conjoint, de conflits familiaux et d’itinérance. Nombre de femmes autochtones qui fuient une
situation violente lui ont dit que, sans refuge, elles se seraient retrouvées à la rue (Urbanoski,
2001). McGillivray et Comaskey (1999) ont découvert que les femmes autochtones sont
nombreuses à aller à un refuge pour protéger leurs enfants.
Refuges et services d’urgence
Les services de refuges ou de maisons d’hébergement sont rares, surtout pour les femmes
autochtones de l’Ontario. Pour obtenir de l’aide à un refuge, certaines d’entre elles doivent partir
de leur communauté et souvent parcourir de longues distances. Le fait qu’il n’y a pas de refuge
dans le Nord de l’Ontario constitue une situation épouvantable étant donné la quantité
d’incidents de violence familiale et le fait que les régions éloignées du Nord comptent la majeure
partie de la population autochtone ontarienne (ONWA, 1989). Le CNACVF (2006) se demande
néanmoins si les refuges pour femmes devraient constituer le véhicule principal de lutte contre la
violence familiale dans les communautés autochtones, suggérant qu’il serait peut-être préférable
que les refuges fassent partie de plusieurs organisations clés qui travaillent dans ce sens au sein
des communautés.
Refuges non autochtones accueillant des femmes autochtones
Bien qu’il arrive souvent que des refuges pour non-Autochtones accueillent
temporairement les femmes autochtones, les écrits rendent compte de la problématique des
lacunes et du bien-fondé des services. Le commentaire, dans un rapport de l’ONWA (1989),
d’une employée d’un refuge (non autochtone) témoigne de ce problème : « Les femmes
autochtones ne se sentent pas chez elles ici. Elles viennent lorsqu’elles n’ont pas d’autre endroit
où aller, mais elles ne nous font pas vraiment confiance… Elles ont toujours peur que nous
appelions le Service d’aide à l’enfance… » (p. 14, traduction libre). L’ONWA (1989) prétend que
le grand problème, c’est que de nombreux refuges autochtones n’on pas été conçus pour les
femmes autochtones en particulier, que leur personnel n’est pas autochtone et qu’ils ne visent pas
la réhabilitation des femmes autochtones, surtout celles qui vivent dans le nord de l’Ontario.
Depuis les dernières années, on reconnaît de plus en plus qu’il faut établir des refuges qui
répondent aux besoins des femmes autochtones (Urbanoski, 2001). L’analyse documentaire fait
44
voir qu’on encourage l’établissement de refuges qui intègrent des aspects de la culture et de la
spiritualité autochtones, et qui sont culturellement sensibles à sa clientèle. (Fairchild, Fairchild et
Stoner, 1998; Norton et Manson, 1995, Urbanoski, 2001). On a en outre découvert que les deux
tiers des refuges de l’ensemble du Canada offrent des services culturellement sensibles aux
femmes autochtones, tandis qu’un quart offrent leurs services dans une langue autochtone.
Enfin, le tiers des refuges offrent des programmes visant à pallier les effets des pensionnats
(ANCA, 2010).
Refuges conçus pour les femmes autochtones
Depuis la fin des années 1980, on a ouvert au Canada des refuges pour les femmes
autochtones (Urbanoski, 2001). À cette époque, cependant, on ne disposait pas des fonds
nécessaires pour former les directrices et employées des refuges, de sorte qu’on y allait surtout
par tâtonnements (CNACVF, 2006). Ce n’est que récemment qu’on a étudié l’efficacité des
refuges pour les Autochtones (Urbanoski, 2001). L’idée d’ouvrir à Calgary un tel refuge est venue
d’une conseillère autochtone en intervention d’urgence qui travaillait dans un refuge pour nonAutochtones et qui a vu le racisme et la discrimination que manifestaient les conseillères non
autochtones à l’égard des clientes autochtones (Urbanoski, 2001). Elle s’est inquiétée aussi de voir
que rien ne pouvait répondre aux besoins de spiritualité et de prière des Autochtones. Elle a
relevé un certain nombre d’obstacles culturels et linguistiques, par exemple, que le port des
peintures traditionnelles était défendu dans les refuges non autochtones (Urbanoski, 2001). Le
refuge autochtone de Calgary compte un programme d’aînés, grâce auquel des aînés de la ville et
des réserves environnantes viennent au refuge pour guider les femmes dans des cercles de
guérison. Les aînés conseillent en outre les résidentes du refuge, leurs enfants et d’autres
personnes qui pourraient avoir besoin de leur aide. Certaines des femmes autochtones des
refuges utilisent la roue médicinale comme modèle de guérison (Urbanoski, 2001).
Le CNACVF (2006) a découvert que les refuges pour Autochtones sont nettement sousfinancés. Pour montrer la signification de cette situation, il explique dans son rapport qu’ils
disposent de peu de ressources et de temps pour planifier et développer des stratégies
communautaires plus étendues afin de régler les problèmes de violence familiale. Il ajoute que le
succès de n’importe quel refuge dépend énormément de sa directrice générale et qu’une
directrice générale solide amène la communauté à être plus consciente de la violence familiale et
de ses conséquences. Enfin, le rapport suggère que cette conscience a le pouvoir de motiver à une
action communautaire positive.
Conclusion
Le colonialisme a eu sur les communautés autochtones du Canada un effet profondément
néfaste, qui a non seulement marqué les rapports des femmes avec les hommes mais aussi écarté
45
nombre de femmes de leur propre culture et de la société autochtone dans son ensemble.
L’analyse documentaire témoigne de cette marginalisation des femmes autochtones. À l’heure
actuelle, un nombre disproportionné d’entre elles vivent en mauvaise santé, dans la pauvreté,
sans abri et dans la violence. Dans plus de 500 cas, des femmes autochtones ont disparu ou sont
mortes en raison d’actes de violence. Comme le montrent les écrits, les causes profondes et les
facteurs de risque associés aux divers problèmes auxquels elles font face sont les mêmes, à savoir
la colonisation, les divers déterminants de la santé (revenu, logement) et l’alcool. Souvent, un
problème en entraîne un autre et vice-versa. Par exemple, on a pu voir que l’itinérance peut
mener à la violence, mais on a aussi constaté que la violence peut causer l’itinérance.
Malheureusement, les lacunes et problèmes dans les services pour les femmes autochtones sont
souvent liés à l’attitude raciste et sexiste des fournisseurs de services. Et bien que les écrits
témoignent depuis des années de l’importance de programmes culturels, il existe encore des
lacunes, surtout dans les services destinés à la population en général.
Cette situation s’est traduite par l’aliénation des femmes autochtones et leur sousutilisation des services. Il est donc grand temps que les femmes autochtones proposent des
services qui répondent aux besoins des autres femmes autochtones. Il est temps aussi d’écouter ce
qu’elles ont à dire. Les femmes autochtones (Nishnaabe-Kwek) se soutiennent les unes les autres
depuis des années, et elles vont continuer de le faire si elles en ont l’occasion. Pour ce qui est des
refuges, les pratiques exemplaires présentées par le Cercle national autochtone contre la violence
familiale (CNACVF) constituent un bon point de départ lorsqu’il n’existe pas de services
culturels pour les femmes autochtones victimes de violence. La lacune la plus évidente dont
témoigne le présent document constitue le manque de financement stable pour ces programmes
et services. Une autre lacune que l’analyse documentaire a révélée se situe au niveau des
recherches sur divers facteurs de la santé des femmes autochtones, comme la violence, la santé
mentale, la consommation de drogues et l’itinérance. Il faut donc espérer que, dans un avenir
rapproché, l’on effectuera davantage de recherches sur ces sujets et qu’on prendra des mesures
pour combler les lacunes et répondre aux besoins des femmes autochtones qui sont victimes de
violence. Il est important de se souvenir que les femmes autochtones ont donné naissance aux
premiers peuples de l’Amérique du Nord. Et de leur rendre le respect et l’honneur dont elles
bénéficiaient jadis.
46
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À propos de YWCA Canada:
YWCA Canada est la plus ancienne et la plus importante organisation de services polyvalents
pour les femmes. Avec 34 associations membres, la YWCA offre des services dans neuf provinces
et un territoire. Au Canada, YWCA est le principal fournisseur de refuges pour femmes, lesquels
hébergent chaque année 25 000 femmes, enfants et adolescentes, dont 6 000 victimes de violence
conjugale. YWCA est aussi le principal fournisseur de programmes d’alphabétisation, d’aptitudes
à la vie quotidienne, de recherche d’emploi et de counseling dans le pays et le deuxième
fournisseur de services de garde d’enfants au Canada. YWCA Canada est membre de la YWCA
Mondiale qui réunit 25 millions de femmes et de filles de 125 pays.