Murder in Mississippi ou Southern Justice Auteur : Norman Rockwell
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Murder in Mississippi ou Southern Justice Auteur : Norman Rockwell
Descriptif Titre: Murder in Mississippi ou Southern Justice Auteur : Norman Rockwell (1894 - 1978) Date de création : 1965 Dimensions : 57 x 46 cm Type : peinture, photo réalisme et illustration. Matériaux : Huile sur toile. Lieu de conservation: Norman Rockwell Museum, Stockbridge, Massachusetts. Analyse plastique La composition de l’œuvre est très sobre, Norman Rockwell concentre l’attention du spectateur sur le moment juste après le lynchage des deux premières victimes. Sur un fond sombre, se détachent les trois protagonistes. Au premier plan sur un sol terreux traînent quelques cailloux et des bâtons, situant l’action dans un lieu quasi désertique. Il y a aussi un personnage qui gît sur le sol. Il est allongé sur le ventre, tête la première vers le spectateur formant une diagonale qui dirige le regard vers le second plan où se trouvent deux autres personnages. Au second plan un homme est debout face au spectateur, il retient ou tente de relever un autre homme qui a les genoux au sol et qui nous tourne le dos. Cette figure de douleur rappelle La Pietà de Michel Ange qui montre une mère pleurant son enfant. Leurs têtes ainsi que le regard du personnage debout se dirigent vers la droite créant une intrigue, le spectateur ne sachant pas ce qu’il voit. Dans une construction classique de l’œuvre les trois personnages sont inscrits dans une composition pyramidale configurant un équilibre et une harmonie à l’ensemble. A droite sur le sol, du premier plan jusqu'à l’arrière plan, s’allonge une série d’ombres donnant ainsi un indice sur ce qu’il se passe hors du cadre. L’arrière plan formant la partie supérieure du tableau est peint en de larges coups de brosses horizontales donnant un caractère énergique, brut, non fini et abstrait accentuant l’aspect tourmenté de la scène. Les personnages ont des vêtements simples, de la vie de tous les jours, ancrant la scène dans le quotidien de gens normaux. Ils sont vêtus de jeans, de chemise, de tee-shirts et de simples chaussures blanches. Il y a très peu de couleurs. Elles sont terreuses. Une dominante de bruns foncés et clairs, de beige pour le sol et de blanc pour la lumière. Les couleurs les plus clairs sont au premier plan au fur et à mesure que l’on progresse vers le fond de la toile elles deviennent plus foncées. Seules quelques tâches rouges au centre de l’œuvre, bien visibles sur la manche blanche et sur le bras d’un personnage nous renseignent sur la violence de l’acte qui vient de se dérouler. La lumière est très vive car artificielle, elle provient de la droite, sa source se situe hors cadre : ce sont les phares d’une voiture qui éclairent les personnages centraux. La lumière crée un contraste très fort entre les blancs et les couleurs plus sombres accentuant le coté dramatique de la scène et surtout elle frappe sur la chemise blanche pour mettre en valeur le personnage. Le blanc de la chemise et des tee-shirts évoque l’innocence des personnages. Il y a une théâtralisation de la scène mettant en avant la posture du héros qui agit pour le bien et contre le mal en aidant les victimes d’un atroce lynchage raciste. Ici N. Rockwell s’inspire du Tres de Mayo de Goya. Le style réaliste à valeur de témoignage, l’artiste ne veut pas déformer la réalité, il n’exagère pas les expressions car il illustre un fait d’actualité. Norman Rockwell condamne cet acte raciste et sacralise le personnage central qui fait face courageusement aux ombres intimidantes qui ne sont autres que celles des bourreaux avec leurs armes qui viennent de lyncher les deux défenseurs des droits civiques gisants au sol. Il fige pour l’éternité la cruauté des actes racistes mais donne surtout un caractère optimiste à son œuvre en mettant en valeur le coté héroïque des victimes qui se battent pour une cause juste et noble. Michel ange, La Pietà, marbre, 1499, Vatican. Francisco de Goya, Tres de Mayo, huile sur toile, 1814, Madrid. C’est l’esquisse du tableau qui a été utilisée pour illustrer l’article de Charles Morgan intitulé « Southern Justice » dans le magazine Look du 29 juin 1969. L’article en pleine page fait face à l’illustration. Le redacteur en chef du magazine a choisi le dessin préparatoire car il le trouvait beaucoup plus enérgique, plus puissant que le tableau. Cela a fortement déplu à Norman Rockwell dans un premier temps refusant qu’une simple esquisse puisse être montrer au public. Cette esquisse est en effet plus expressive, le style n’a pas le rendu photographique recherché par l’artiste et donc possède un caractère moins réaliste. Cette étude montre, dans une composition horizontale qui fait référence au Tres de Mayo de Goya, l’ensemble de la scène avec les lyncheurs. L’attention du spectateur se porte moins sur les victimes que sur les bourreaux, diminuant l’intrigue.