Cinq formations pour des éleveurs plus autonomes !

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Cinq formations pour des éleveurs plus autonomes !
Dossier
Stratégie d’entreprise
Cinq formations pour des
éleveurs plus autonomes !
La formation est essentielle pour que les éleveurs retrouvent un pouvoir de décision
sur leur exploitation. Pour cela, les connaissances et les gestes pour l’éleveur
« infirmier », l’identification des maladies courantes et des facteurs de risque par
l’observation et la maîtrise des points critiques en élevage sont des apprentissages
clefs. Sans oublier l’échange de pratiques entre éleveurs, forme pédagogique
complexe mais très efficace.
P Sulpice, Fevec
Des éleveurs en
formation sur les
enregistrements
sanitaires en
janvier 2006.
V
oici 5 types de formations fondamentales sur
les soins vétérinaires et la démarche sanitaire.
Ils sont particulièrement utilisées au sein des
groupes d’éleveurs en convention avec des vétérinaires (GVC), mais ils s’adaptent parfaitement à tout
public d’éleveurs.
Il doit aussi connaître ses limites et ne pas jouer à
l’apprenti vétérinaire ou l’apprenti sorcier : dans les
cas douteux, complexes, ou ne relevant pas de sa
compétence d’éleveur, il doit contacter très vite son
vétérinaire pour décider avec lui de la conduite à
tenir.
« L’éleveur est le premier infirmier
du troupeau »
Les formations « L’éleveur premier infirmier du
troupeau » ont pour objectif l’apprentissage des
connaissances et des gestes pour l’éleveur infirmier.
Elles visent l’acquisition de connaissances, compétences et gestes techniques pour que l’éleveur
puisse d’une part, prendre en charge une partie
de la santé animale sur son exploitation, et puisse
travailler en partenariat avec le vétérinaire sur l’ensemble de la problématique santé animale. L’éleveur doit savoir observer l’animal, faire un premier
diagnostic et pour les cas simples avec un diagnostic certain, intervenir seul dans les meilleures conditions d’efficacité technique et économique. Pour
cela, il doit disposer de tous les éléments nécessaires, matériel, médicaments et, avant tout, compétences pour les soins.
« Comprendre, soigner
et gérer les maladies du quotidien »
Ces formations ont pour objectif de permettre aux
éleveurs de savoir identifier les maladies courantes à
partir de l’observation, de connaître l’attitude à avoir
pour les soigner : moyens de détection, symptômes
et protocoles de traitement.
Ces sessions de formation sont
assez classiques : partie théori- LA CONSTRUCTION DES
que en salle avec présentation FORMATIONS IMPLIQUE
de la pathologie, suivi, traitement, et quelques éléments de EXPÉRIMENTATION
prévention ; aspects pratiques
DE MÉTHODES, ENVIE
sur le terrain (visites, gestes techniques, organisation de l’éleveur D’INNOVER, ET UNE
pour gérer au quotidien cette
CERTAINE PRISE DE
maladie…). La formation s’appuie notamment sur une série RISQUE.
MARS 2006 - TRAVAUX & INNOVATIONS NUMÉRO 126
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Cinq formations pour des éleveurs plus autonomes !
Des formations
idéales pour
les groupes
« L’éleveur premier infirmier du troupeau » :
c’est le leitmotiv des
groupes vétérinaires
conventionnés depuis
près de 30 ans. Cette
formation lancée en
1978 est par exemple à l’origine de la
création des groupes
vétérinaires conventionnés dans le
Forez (Loire). C’est
une formation qui attire aussi les groupes
de développement
agricole, comme l’a
démontré le Festival
National des Groupes
à Avignon en décembre 2004 (cf. Travauxet-Innovations n°113)
et les demandes en
cours des Geda. Cette
formation est aussi
largement diffusée
par les Groupements
de défense sanitaire.
XIV
de fiches « pense-malin » qui reste à disposition de
l’éleveur dans son classeur sanitaire, pour un usage
lorsqu’il intervient seul. Le but de cette formation
est aussi d’acquérir un vocabulaire commun entre éleveurs et vétérinaires qui sera utile dans leurs
échanges (notamment téléphoniques).
« Construire le plan de prévention
des maladies »
Il s’agit de former les agriculteurs à l’identification
des facteurs de risque d’une maladie d’élevage et
de mettre en œuvre des mesures préventives.
Les pathologies d’élevage majeures sont récurrentes
d’une exploitation à l’autre : mammites, problèmes
de reproduction, boiteries, en élevage laitier, diarrhées de veaux, problèmes respiratoires, alimentation… Après la quantification du problème, l’éleveur doit pouvoir chercher (et trouver) des solutions
aux problèmes posés. La formation est un des outils
contribuant à la résolution des problèmes sanitaires.
Après la description de la maladie et son traitement
curatif individuel, il faut aborder la gestion préventive de la pathologie au niveau du troupeau : facteurs de risque connus et échanges entre éleveurs
sur les mesures préventives envisageables. Les éleveurs acquièrent des compétences en écopathologie (conception multifactorielle de la pathologie) et
deviennent acteurs dans la construction d’actions
préventives, en prenant en compte la faisabilité et
en se questionnant sur le rapport coût-bénéfice des
mesures.
« Organiser la maîtrise des maladies :
HACCP en élevage »
Ces formations ont pour objectif la construction
personnalisée d’une stratégie de maîtrise des maladies en appliquant une adaptation de la méthode
HACCP (Hazard Analysis for Critical Control Point) :
analyse des risques pour la maîtrise des points critiques) en élevage. Ce type de formation nécessite
une participation active des éleveurs qui sont réunis
régulièrement en petit groupe (6 à 10) où le vétérinaire joue un rôle d’animateur ou d’expert à la demande. Les éleveurs réfléchissent ensemble au problème posé : quel est le « danger » concerné, quels
sont leurs « objectifs » ? Ils présentent leur « schéma
de production », leurs méthodes de travail. Ils analysent ensemble les « causes de danger », les « mesures préventives », le « risque » pour aboutir aux
« points critiques » et à la « surveillance des points
critiques ». L’analyse est commune et permet un
échange très intéressant d’expériences d’éleveurs
(l’expérience d’un autre éleveur est parfois mieux
perçue que le conseil du vétérinaire, ou plutôt la
parole d’un pair confirme efficacement le discours
technique que tient le vétérinaire parfois depuis
plusieurs années !). L’éleveur personnalise ensuite la
démarche au niveau de son propre élevage.
Outre l’échange entre éleveurs, cette démarche permet d’aboutir à deux ou trois points très précis, très
concrets, très pratiques pour progresser.
Il faut calibrer la durée de la formation pour assurer
une bonne assiduité des éleveurs. Elle implique fortement l’éleveur, mais aussi le vétérinaire qui doit
assurer un certain suivi individuel pour mener l’analyse à son terme.
Ces formations collectives sont valorisantes pour le
vétérinaire, animateur d’une démarche de prévention, mobilisant à la fois de l’animation et de l’expertise, mais également pour les éleveurs qui ont
peu l’occasion d’échanger sur le cœur de leur métier.
« Confronter les pratiques d’élevage dans
des groupes d’échanges de pratiques »
Le groupe d’échanges de pratiques (GEP) est un
mode pédagogique combinant l’utilisation des résultats, ressources et savoirs personnels de l’agriculteur, articulée à un travail de groupe : l’objectif est
de favoriser les échanges entre pairs, la confrontation des connaissances avec la réalité des pratiques
de gestion du vivant, des contraintes de l’élevage
moderne et de la vie personnelle.
Le GEP permet de réaliser des formations davantage
centrées sur la personne et orientées sur le « cœur
du métier » d’éleveur. Le GEP est un peu le contraire
de la recherche de recettes simples et « prêtes à porter », souvent difficiles à utiliser pour une approche
globale de la situation et la résolution de questions
multifactorielles.
Cette forme pédagogique se traduit souvent par
des formations plutôt longues (de 14 à 35 heures)
pour décrire, analyser, comprendre et atteindre le
fond des choses, notamment à l’endroit où les pratiques s’entrechoquent avec des enjeux non explicités, des représentations du métier ou du couple
maladie / santé.
Il y a bien sûr différentes dimensions de GEP, différentes modalités en fonction du sujet : par exemple
l’élevage des veaux est un GEP sur un processus,
des gestes techniques, plutôt court. Si on choisit
des sujets plus complexes, par exemple en abor-
TRAVAUX & INNOVATIONS NUMÉRO 126 - MARS 2006
dant les questions d’alimentation et de santé, on se
trouve dans une situation qui interroge sur la conduite globale de l’exploitation avec des dimensions
quasi stratégiques : les GEP sont alors plus longs sur
3, 4 ou 5 jours, pratiquement toujours sous forme
de séquences d’une demi-journée.
Il est également possible d’aborder des questions
d’organisation du travail (thème de la conduite
grands troupeaux…), voire de développement personnel.
Expérimenter et innover en formation
De la formation « L’éleveur premier infirmier du
troupeau » de 1978 aux groupes d’échanges de
pratiques de 2004, se cachent 25 ans d’évolution
de la formation. Les 5 formations présentées ici se
sont construites progressivement par l’expérimentation de méthodes (écopathologie en 1984, HACCP
en 1995), l’envie d’innover, avec une certaine prise
de risque assumée au niveau de la Fevec (Fédération des éleveurs et vétérinaires en convention).
Dernièrement, dans le cadre du Programme d’Initiative Communautaire Equal, la Fevec a conduit de
2002 à 2005 des expérimentations en matière de
personnalisation de la formation. Les objectifs généraux de ce projet nommé Kaléinove, conduit à
10 partenaires de la région Rhône-Alpes, étaient
d’identifier les facteurs de fragilisation en agriculture, puis de construire et d’expérimenter de nouveaux dispositifs de formation. Kaléinove présente
de nombreux résultats sur la compréhension du
processus de fragilisation et du rapport à la formation des agriculteurs, ainsi que sur la conception de
nouvelles formes de formation (personnalisation,
méthodes centrées sur les personnes) ●
Dossier
Stratégie d’entreprise
Philippe Sulpice
Animateur Fevec
Fédération des éleveurs et vétérinaires en convention
69850 Saint-Martin-en-Haut - [email protected]
Guitty Pichard
VIVEA Délégation Sud-Est - 5, rue Hermann Frenkel - 69364
Lyon cedex 07 - Tél. : 04 37 65 14 05 – [email protected]
Annie Dufour
Isara Lyon - 31, place Bellecourt - 69288 Lyon cedex 02
Tél.: 04 72 77 32 32 - Fax : 04 72 77 32 35 - [email protected]
POUR EN SAVOIR PLUS
● Les résultats de Kaléinove 2005 feront l’objet
d’un prochain dossier de Travaux-et-Innovations. Des résultats sont déjà disponibles sur le
site : www.vivea.fr, rubrique « Nous connaître »
● Classeur « AEML ». Le carnet sanitaire des
groupes vétérinaires conventionnés (fiches
pratiques et théoriques, outils de suivi). Editions Fevec
Former les éleveurs aux médecines alternatives
L’Afpasa (Accompagner, former, perfectionner, animer, susciter, analyser) est une association loi
1901 de Saône-et-Loire, présidée par un agriculteur-éleveur. Elle met en place de nombreux stages à destination des agriculteurs, et en particulier les éleveurs.
Une formation de base :
conduire son troupeau
Une formation « Conduite du troupeau et médecines alternatives » déjà suivie par plus de
300 éleveurs a pour objectif d’améliorer l’efficacité du rationnement des animaux, de diminuer
le coût de l’alimentation et de réduire les frais de
médicaments et d’honoraires vétérinaires. Sur
3 jours en salle et en visites, les éleveurs découvrent les principes fondamentaux de la physiologie des ruminants, des règles de l’alimentation
bovine, des techniques d’élevage des veaux, et
des méthodes de soin préventif et curatif par
médecine alternative.
Des formations modulaires
à destination des éleveurs
La formation à la conduite du troupeau est un
module de base qui peut être complété par de
nombreux autres modules complémentaires :
améliorer l’alimentation du troupeau ; parasitisme, mammites, fécondité et vêlage, avec des
méthodes alternatives ; initiation (ou perfectionnement) à l’ostéopathie, la phytothérapie, l’aromathérapie et l’homéopathie en élevage ; diagnostics partagés en élevage ; éleveur infirmier
de ses bovins ; prévention des risques sanitaires en élevage ; utilisation raisonnée du médicament. Ces formations sont complétées par des
modules plus agronomiques sur conduite du pâturage, l’installation et la conduite des prairies,
la récolte des fourrages herbagers et la flore des
prairies.
Les formations sont organisées par l’Afpasa,
avec la participation ponctuelle ou régulière de
vétérinaires du GIE Zone Verte.
Contact : Philippe Passard - Maison des agriculteurs
17 quai Yves Barbier - 70000 Vesoul
[email protected]
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