Extrait PDF - Prologue Numérique
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Jacques-Louis Colombani Cyberdépendances Enjeux criminologiques Collection Dikè DIKÈ Collection dirigée par Josiane Boulad-Ayoub et Bjarne Melkevik « Le soleil ne transgressera pas son orbe (métra). Ou alors les Érinyes, aides de la justice, le découvriront. » (Héraclite, Aphorisme 94) Les Érinyes, déesses de la vengeance, dont Héraclite fait les auxiliaires de la justice, se métamorphosent à la fin de l’Orestie d’Eschyle en bienveillantes Euménides. Fille de Thémis dans la mythologie, DIKÈ, alliée cependant aux nouvelles divinités Athéna et Apollon, s’humanise dans la tragédie, se laïcise, se politise en s’associant aux progrès de la démocratie, du débat juridique et politique, du développement des lois. DIKÈ n’était pas, à Athènes, la mimésis d’une essence de la justice, elle était à la fois l’idée abstraite du droit et, sous de multiples formes, l’action judiciaire. La collection « DIKÈ », comme la Pnyx et l’Agora athéniennes, offre un espace public, un lieu de rencontre pour penseurs venus d’horizons et de disciplines différents, du droit, de la philosophie du droit, de la philosophie politique, de la sociologie, prêts à débattre des questions juridiques urgentes et disposés à une critique aussi polymorphe et diverse que les structures complexes du droit contemporain qu’ils tenteront de mettre à jour. Penseurs persuadés que DIKÈ, élevée à la dignité autonome du concept, est toujours enchaînée au juste et à l’injuste et que, privée de déterminations concrètes, la justice n’est qu’une forme vide. Persuadés aussi que l’ambivalence des structures juridiques invite à procéder à une enquête sur la généalogie des formes historiques du droit. CYBERDÉPENDANCES ENJEUX CRIMINOLOGIQUES Petit manuel pratique, liberté de pensée et droit pénal sur Internet Jacques-Louis COLOMBANI CYBERDÉPENDANCES ENJEUX CRIMINOLOGIQUES Petit manuel pratique, liberté de pensée et droit pénal sur Internet Les Presses de l’Université Laval reçoivent chaque année du Conseil des Arts du Canada et de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec une aide financière pour l’ensemble de leur programme de publication. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition. ISBN 978-2-7637-2622-9 PDF 9782763726236 © Les Presses de l’Université Laval 2015 Tous droits réservés. Imprimé au Canada Dépôt légal 2e trimestre 2015 Les Presses de l’Université Laval www.pulaval.com Toute reproduction ou diffusion en tout ou en partie de ce livre par quelque moyen que ce soit est interdite sans l'autorisation écrite des Presses de l'Université Laval. Table des matières Dédicace.......................................................................................... IX Préface............................................................................................. XI Merci............................................................................................... XIII Introduction..................................................................................... 1 Chapitre 1 « Le monde sans fil et sans toi » : écrans et nouveaux comportements sociaux ?.......................................................................................... 7 Les Jeux................................................................................... 15 Le cybersexe : « Bloguer ce n’est pas tromper ? ».................... 24 Les réseaux sociaux................................................................. Chapitre 2 Dépendance(s) sans drogues : de la détection au passage à l’acte.. Chapitre 3 Crimes de « geeks »......................................................................... 22 27 59 Chapitre 4 Politiques internationales, européennes et nationales, une approche comparative de la prévention.................................... 75 La Corée et la Chine : la « grande muraille pare feu » !............ 81 Consensus international ?......................................................... Les Emirats ont censuré Internet !........................................... En Belgique ; une fois… n’est pas coutume !.......................... Suisse : pragmatisme et précision de rigueur !......................... Les USA : précurseurs ?........................................................... En France : On assure !............................................................. Formation des usagers : un défi pour l’éveil des consciences !...................................................................... 76 83 84 85 87 87 96 VIII CYBERDÉPENDANCES • ENJEUX CRIMINOLOGIQUES Chapitre 5 Evolutions souhaitées en France : indépendance des experts, flexibilité des normes......................................................................99 Revoir les Codes….................................................................. 106 Question pratique: la prise en charge effective....................... 108 Une politique globale de prévention des infractions commises à l’occasion d’addictions aux écrans...................... 110 Vers un code des autoroutes de l’information ?....................... 112 Une vision de la république qui devra s’exprimer par la jurisprudence............................................................................ 115 ANNEXES...................................................................................... 119 1 – Second essai de questionnaire pour les joueurs de WoW.. 119 2 -Echelle d’auto-évaluation du risque de cyberdépendance d’Orman (1996), Internet Stress Scale..................................... 122 3 – Critères nosographiques de la cyberaddiction .................. 124 BIBLIOGRAPHIE.......................................................................... 127 Dédicace A la formidable mémoire de Claude CHERKI-NICKLES à qui je dédie cet essai. Elle qui parlait souvent par l’image et qui avait saisi non seulement mon projet universitaire mais au-delà le trouble que me causaient les écrans et ce qui j’y découvrais à l’époque m’avait dit, pour illustrer la relation importante qu’elle entretenait avec son fils Pascal, au travers de leurs échanges par SMS, étant précisé que les SMS n’étaient pas son mode usuel de communication : Elle avait eu besoin de joindre son fils Pascal et avait peur d’avoir perdu son numéro. Elle m’expliqua que le « facétieux » appareil avait eu « l’idée lumineuse », suite à un séjour dans la cuvette des toilettes, de ne conserver que le téléphone de son fils ! C’est à ce moment qu’elle me dit cette phrase qui m’a mis en chemin : « Même les téléphones portables ont un inconscient ». Cette simple phrase renferme la solution peut-être à la problématique posée dans la présente étude : éduquons nos machines, n’y laissons séjourner que des données qui nous relient réellement à un monde de construction, de respect des autres, de soi et de liberté ! CYBERDÉPENDANCES • ENJEUX CRIMINOLOGIQUES IX Préface Monsieur COLOMBANI est un homme qui a l’ambition d’irriguer le désert. Ce n’est pas impossible, mais c’est long. À l’heure où l’on se plaint d’une pénalisation de la République, il cherche à pénaliser l’anarchie. Internet, en effet, se présente à nous tous comme un magma qui, tour à tour, nous donne des informations encyclopédiques parfois ou bien nous jette dans l’abîme des erreurs et des monstruosités. Il y est impossible de démêler le vrai du faux, car ils sont étroitement entrelacés. On peut aujourd’hui se passer de télévision, mais on ne peut plus se passer d’Internet. Accusé souvent d’être Big Brother, on chercherait en vain le génie ou le diable manipulateur à l’origine de la toile. Le réseau est aujourd’hui si étendu et si permanent que ce serait une erreur de chercher le stratège nocif d’un côté et la blanche victime de l’autre. C’est l’erreur dans laquelle ne tombe pas Monsieur COLOMBANI. L’internaute n’est jamais ni tout blanc ni tout noir, le réseau le transforme en une zone grise à l’infini. Plutôt que de se contenter de la simple description, de la passivité et de la démission, Monsieur COLOMBANI propose de punir et de soigner. Il traite l’addiction pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une maladie, mais il recherche également le trafiquant de drogue, étant entendu que celui-ci est souvent un intoxiqué également. Son entreprise est aussi difficile que la lutte contre la toxicomanie, et bien plus encore, car il n’y a plus d’enfant ou d’adolescent qui n’y a pas touché, alors que fort heureusement beaucoup d’entre eux ne connaissent pas les dérivés de l’opium ou de la coca. Comment faire d’Internet un bon usage ? La réponse est apparemment simple : en sanctionnant les mauvais usages. Mais CYBERDÉPENDANCES • ENJEUX CRIMINOLOGIQUES XI XII CYBERDÉPENDANCES • ENJEUX CRIMINOLOGIQUES ce principe moral est inapplicable en ce qui concerne Internet. Ce n’est pas seulement qu’il est un monde sans loi, c’est le procédé technique inventé par l’homme qui le dépasse. Ce n’est pas une image rebattue de science-fiction du robot qui s’autonomise, devient indépendant et finit par dominer son créateur, c’est une réalité d’aujourd’hui. Internet n’est pas l’électricité ou le cheval-vapeur, instruments techniques qui ont révolutionné l’industrie et la vie des hommes, mais qui sont restés des moyens techniques de transport et de production d’énergie. Internet est tout simplement et diaboliquement un moyen de communication qui fait qu’il a changé de langage et donc, qu’il a changé l’homme. Personne ne sait où nous irons avec lui. Ce qui est sûr c’est que nous n’irons plus sans lui. Dieu a voulu punir Nemrod qui, construisant la Tour de Babel, voulait atteindre le ciel. Il modifia la langue des bâtisseurs les faisant étrangers les uns aux autres, si bien qu’ils ne pouvaient se comprendre. Mais une autre traduction de cette allégorie a été proposée par les exégètes du Talmud qui ont suggéré l’idée selon laquelle Dieu punissait les hommes en les faisant tous parler de manière identique. C’est pourquoi ils ne pouvaient se comprendre. Avec Internet, nous sommes tour à tour dans une traduction ou dans l’autre : chacun parle un langage différent ou bien tout le monde dit la même chose, mais de toute manière, il n’y a aucune vérité et souvent aucun sens à ce moyen de communication mondial. Chacun peut y trouver ce qu’il veut et comme Narcisse se mirer dans la toile, s’amouracher de lui-même et finir par s’intoxiquer. Monsieur COLOMBANI, répétons-le, a pour ambition, non pas de légiférer, mais d’entamer un processus d’ordonnancement, si cela est réalisable. Souhaitons qu’il réussisse, sans lui donner une échéance impossible à prévoir ou à deviner, mais il serait bon qu’on le suive sur ce chemin qui devrait être l’oeuvre de tous, sans attendre une catastrophe qui obligerait à créer un tribunal pénal. Dr Michel Dubec Expert Psychiatre Merci Je remercie les professeurs Phillipe Conte, directeur de l’institut de criminologie de Paris, Patrick Morvan et Stamatios Tsitsis, sans qui rien n’aurait été possible. Merci à mes amis : Arno, André, Fabien, Eric, Frédérique, Hayem, Jean, Marc, Nathalie, Olivier, Pierre, Richard, Thomas, Serge, Sylvie... Jean-François, Paul et les autres… Merci à mes petits « mutants » avec mon amour de père Pour leur patience et leurs relectures… CYBERDÉPENDANCES • ENJEUX CRIMINOLOGIQUES XIII « Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus, au-dessus d’eux, l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté, et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. » Platon, 429-347 avant J.C. Introduction « Un malin génie rendit visite au premier ministre d’un certain pays et lui proposa le marché suivant : « Je sais que votre économie est languissante, je suis désireux de vous aider à la raffermir. Je puis mettre à votre disposition une invention technologique fabuleuse qui doublera votre PIB et le nombre d’emplois disponibles. Mais il y a un prix à payer. Je demanderai chaque année la vie de 20 000 de vos concitoyens dont une forte proportion de jeunes gens et de jeunes filles. » Le premier ministre recula d’effroi et congédia son visiteur sur le champ. Il venait de rejeter l’invention de l’automobile. »1 Que cela soit posé comme une pierre d’angle dans ce travail : nous considérons Internet comme un outil extraordinaire. Nous nous souvenons pour certains, du télex, du minitel, des premières connexions sur les sites universitaires vers la fin des années 80. Quel chemin parcouru en trente ans ! Quel prix à payer aujourd’hui ? Michel DUBEC évoque la tour de Babel et les sens possibles donnés par l’Ancien Testament. Quel défi pour l’Homme ! L’enjeu serait de maîtriser cette création comme il en fut des autres créations ! Le « Créateur » a-t-il pensé à Internet en créant ? Le rapport qui existe entre l’homme et le cyber espace est, pour reprendre l’expression de Marc Favero,2 « vertigineux ». Si l’on admet que dans les rapports qu’entretient l’homme avec son écran, le réel se virtualise , alors, quand le virtuel devient réel, il ne reste, pour ne pas chuter, que le libre arbitre, la raison, l’espoir et le travail qui 1. DUPUY J.-P., Petite Métaphysique des Tsunamis, Seuil, 2005 2. FAVERO M., Axiomatique du vertige, J.-J. COLONA D’ISTRIA Editions et l’Age d’Homme, 2015 CYBERDÉPENDANCES • ENJEUX CRIMINOLOGIQUES 1 2 CYBERDÉPENDANCES • ENJEUX CRIMINOLOGIQUES font remettre à sa juste place la relation aux autres dans ce qu’elle recèle de beau et de bon. Nous sommes convaincus que le sacrifice est inutile et que le progrès peut venir de l’intelligence et des bonnes pratiques qui vont, sur Internet comme ailleurs en se perfectionnant. Aujourd’hui pour ne citer qu’un exemple, certaines assurances proposent des polices qui couvriraient les données qui sont mises en ligne sur des « clouds ». Il faut précisément lire ce qui est couvert par la police mais la sécurité des données et l’indemnisation des « vols » constitue une vraie garantie. Autant dire que de bonnes pratiques doivent être observées pour que la garantie soit acquise. Ainsi, l’initiative du Conseil National des Barreaux français de fournir aux avocats une plateforme sécurisée tant avec leurs confrères qu’avec les juridictions ainsi qu’un espace de stockage « sécurisé » des données personnelles contenues dans leurs cabinets, constitue un pas audacieux vers « Big Data » et le progrès… Dans le présent essai, nous montrerons plutôt certains travers de l’utilisation d’Internet. Le Sénateur Alex Turk3 expose bien par exemple le « Cloud Computing » et ses travers. Il désigne comme déchets « infoactifs » des masses de données personnelles qui circulent de serveur en serveur placés en miroirs les uns par rapport aux autres. Ces déchets « infoactifs » menacent à terme la vie privée des citoyens européens sans qu’une véritable réponse politique n’ait été trouvée. À ce propos, s’il prône le « droit à l’oubli », nous dirons qu’il est nécessaire de nuancer l’efficacité d’une telle approche. Car le « droit à l’oubli », s’il était systématisé, permettrait aux infracteurs d’effacer leurs traces à bon compte. 3. TÜRK A., sénateur et président de la CNIL (2004-2011), allocution lors de sa démission de la CNIL, 2011. [en ligne] http ://www.dailymotion.com/video/ xl7vyr_alex-turk-demissionne-de-la-cnil-et-met-en-garde-contre-une-societebig-brother_news (page consultée en juin 2013) CYBERDÉPENDANCES • ENJEUX CRIMINOLOGIQUES 3 Internet comme outil, prolongement du génie humain, n’est pas une invention tout à fait inoffensive. Ce livre ne fera ni le tour des bienfaits, ni le recensement des dangers. L’enjeu est celui de la relation de l’homme et de l’écran qui passe du stade « préoccupant » à celui de la désocialisation puis au franchissement de la loi pénale . Un rapport de la Documentation Française de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale sur les jeux de hasard et les addictions, pose le problème4 : Internet dans sa forme pathogène. Cette forme seule sera étudiée ici comme un vecteur de danger pour l’équilibre des individus. La prise de conscience collective du risque qui finit par peser sur chaque cellule du corps social pose une question irritante : celle de la liberté et de ses limites ! Pas question de croisade contre la modernité ou de refus du changement ! L’homme, confronté à sa propre liberté s’expose. Dans son rapport avec Internet, le danger apparaît sous une forme très spécifique : en ouvrant son intimité au monde sans mettre de limites raisonnables. En effet, c’est à domicile, dans l’intimité de chacun, que le processus opère. C’est simple et efficace : l’internaute accroc susceptible de commettre des infractions suit en général un parcours que l’on peut détecter. L’individu s’isole dans sa bulle, sa « blogosphère », il rejoint une communauté d’avatars, et ses proches qui n’entrent pas dans le jeu, ses collègues et employeurs, peuvent pour lui devenir des suspects. La confiance glisse dans l’écran au lieu de rester à sa place première. L’entourage est évincé. Dès lors, il est fondamental de comprendre le sentiment que nous avons selon lequel si délinquance numérique il y a – faite d’addiction et de passage à l’acte – alors l’addiction n’est rendue possible que par des méthodes employées sur la toile. Il sera largement question des manipulations effectuées indépendamment de la personne, voire des manipulateurs eux-mêmes. La menace 4. Rapport de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale sur les jeux de hasard et les addictions, 2008 Disponible sur : http ://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/084000697/index.shtml 4 CYBERDÉPENDANCES • ENJEUX CRIMINOLOGIQUES ne porte plus uniquement sur les disques durs comme au temps des premières attaques virales des débuts d’Internet – temps où nous craignions pour nos données seules – mais également sur nos cercles intimes, notre équilibre personnel. En effet, avec l’arrivée de la webcam et des amis « en ligne » dans nos cuisines, c’est bel et bien l’intimité de nos foyers qui est en jeu. « L’espace virtuel » n’est pas toujours bienveillant…5 Les « mots de passe » fleurissent sur « l’open space » d’hier. Internet devient un espace formidable de « liberté artificielle ». C’est ce cycle qui peut potentiellement conduire au passage à l’acte délictuel. Le présent essai est voulu comme une sorte d’antivirus ! Une fois intégré dans le « disque dur » du lecteur, il devrait permettre la mise en place de réflexes protecteurs de ce qui est désormais directement menacé : la liberté de conscience. Il ne s’agit pas d’une ambition à la limite de « Don Quichotte », telle qu’elle peut être prêtée par l’auteur de la préface mais un défi d’auteur. Nous partons du constat qu’il existe des addictions ou usages préoccupants d’Internet. On retrouve cet usage excessif principalement dans la consommation excessive de jeux en lignes, sites pornographiques, réseaux sociaux ou sites d’achats dont la consultation peut devenir compulsive. Internet peut être à la source d’addictions qu’il faut savoir détecter. Elles sont susceptibles de dégénérer en passages à l’acte en termes de commission d’infractions. Il permet également une réflexion sur la réponse sociale à apporter. Il sera d’abord question du glissement d’un usage problématique d’Internet à l’infraction. Pour la présente étude en criminologie, nous sommes partis du constat que le « World Wide Web » peut, au lieu de créer des passerelles entre les hommes, les isoler dans une solitude narcissique susceptible d’engendrer la marginalité et la délinquance et ainsi se muer en « World Wild Web ». Les acteurs « pousse au crime » d’Internet se révèlent être 5. C.f. le spot publicitaire d’Orangina, Mission 404 : Internet doit rester vivant [en ligne] http ://www.youtube.com/user/orangina ?v=fOrr2RbB0-0 CYBERDÉPENDANCES • ENJEUX CRIMINOLOGIQUES 5 tout à la fois les promoteurs d’une mine inouïe de savoirs de partages et de profit, et l’araignée tapie derrière la toile qui tisse ses liens en entrant dans l’intimité des foyers. J’ai eu cinquante ans le 11 janvier 2015, en ce jour j’étais pris d’un immense vertige pendant que la capitale de la France manifestait son indignation contre des criminels qui avaient commis des actes aussi monstrueux que diaboliquement relayés sur internet. Enfant, mes parents et grands-parents étaient pétris des souffrances de la guerre et j’avais pensé que ma génération et celle de mes enfants seraient épargnées. Et voici que point l’hydre de la pensée unique et brutale qui fanatise les foules et désigne des coupables à la vindicte ! Face à cette réalité, une réflexion sur la réaction sociale dans un État libéral sera poursuivie. On ne peut rien effacer ou presque de ce qui a existé sur Internet. À nous de réfléchir sur les politiques publiques de préventions et les sanctions à prévoir face à ce phénomène. Un pari pour que les machines restent soumises au génie de l’esprit humain !