À propos Fruit d`incessants frottements, l`être qui embrasse la saveur
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À propos Fruit d`incessants frottements, l`être qui embrasse la saveur
À propos Fruit d’incessants frottements, l’être qui embrasse la saveur, l’humble et sauvage sensualité du monde, épouse aussi l’immensité qu’il vient habiter, l’inconnue où il va se perdre. Les apparences n’ont pas le dernier mot, elles sont le lieu d’un obscur devenir, l’abri d’une secrète agitation où la finitude éprouve et se confond avec l’ouvert, ou encore un épiderme ténu sur lequel viennent s’inscrire les frémissements d’une trouble et chaude nudité qui voudrait se dire mais ne consent à aucune fin. Aussi, cette nudité est-elle plus qu’un corps dévêtu, elle est le dévoilement de ses pulsations intimes, la mise au jour de ce qui tremble en lui, des forces qui le traversent de part en part et en pulvérisent l’image, de l’abîme qui lui fait face et qu’il va devoir défier. La sensation d’être là, traversé, conjugue en moi un double sentiment de fleuve et de braises : une sensibilité arborescente aux prises avec les exigences du désir et les nuances furtives de la perception. Voilà un corps entrainé par ce courant qui conduit vers les cimes ou les gouffres de l’impondérable, de ce non-savoir dont nous naissons en chair et en pensée. J’entends que ça respire, je voudrais m’accorder avec cela qui me caresse les nerfs, tisse et orchestre, emporte et disperse, avec cela qui ne me semble guère plus qu’un souffle bruissant. op 2016