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Compte rendu de la table ronde du 13 décembre 2013 à 10 h.« Que deviennent vos
photos ? » au Club de la Presse de Bordeaux.
Autour de la table : Brigitte Bloch, directrice du CRT Aquitaine, Marie-Claire Fauveau,
communicante pour FH Conseil Aquitaine, Jorge Alvarez, photographe, membre de la commission
juridique et vice-président de l’UPP, vice-président de la SAIF, Philippe Roy, représentant de l’UPP
pour la région Aquitaine-Charentes.
Objectif la table ronde « Que deviennent vos photos ? »:
Partant du principe que très souvent les services de communications imposent aux photographes
des cessions globales de droits pour pouvoir diffuser très largement les photos des reportages
commandés, y compris en libre accès sur internet, sans mesurer les conséquences de cette
dérive, le but de cette table ronde entre photographes et communicants était de faire prendre
conscience à tous des dangers de cette diffusion sans contrôle.
Un constat : l’arrivée du numérique a bouleversé nos modes de fonctionnement.
Pour communiquer, une entreprise éditait des documents imprimés. L’impression se faisait à partir
de positifs transparents, donc de diapositives, dont les tolérances d’exposition ne dépassaient pas
le demi-diaphragme.
La photo argentique demandait de gros moyens techniques pour faire un reportage destiné à la
communication d’une entreprise : Remplacer par des flashs de studio tout l’éclairage néon d’un
atelier par exemple. Les diapositives étant uniques le client ne les faisait pas circuler. De ce fait, la
cession à des tiers était rare.
Avec la photo numérique, il est facile d’équilibrer ses lumières à la prise de vue, de les corriger à
l’ordinateur et les fichiers peuvent être dupliqués à l’infini. La communication sur internet ne
nécessite pas une grande qualité d’image et tout le monde peut se croire photographe. On assiste
à une banalisation de la photo. Résultat de nombreuses entreprises ne font plus appel à des
professionnels pour leurs visuels de communication.
Brigitte Bloch nous confirme que le CRT Aquitaine éditait ses plaquettes touristiques à 250.000
ex, et qu’aujourd’hui, l’impression papier n’excède pas 25.000 ex. Toute la communication se fait
par le web, et les schémas classiques de rémunération des auteurs ne sont plus adaptés : Les
photos sont changées souvent sur le site, les lettres d’informations se multiplient et les images
tournent beaucoup. Compte tenu des restrictions de personnel et de budget, (celui du CRT
Aquitaine est le 18ème de France) il est difficile pour ces organismes de gérer des comptes
photographes (avec des « tarifs par 1.000 clics » par ex) et que l’idéal est un forfait global de
cession de droits qui permette au client d’utiliser les photos sans se poser de questions. Les
communicants ont besoin de deux types d’images : le tout venant, destiné entre autre à internet,
qui représente la grande majorité des utilisations, et qui doit être très bon marché et la belle image
d’accroche pour laquelle ils sont prêts à payer, mais qui ne représente qu’une infime part des
besoins. Le CRT souhaiterait collaborer avec plusieurs photographes mais ils n’ont pas trouvé
comment mettre en place un tel appel d’offre, distinguant ces deux catégories d’images.
Marie-Claire Fauveau constate que peu de personnes connaissent réellement le travail du
photographe et surtout du temps passé au traitement des images : un jour de reportage implique
au minimum une journée passée derrière l’ordinateur en postproduction, si on veut livrer un travail
sérieux. Les photographes doivent mieux communiquer sur leur métier et sur ses coûts. La photo
numérique n’est pas « gratuite » !
Une forte réduction des effectifs et un manque de moyen dans les institutions et les entreprises,
amènent à une perte de compétences. D’où une méconnaissance par les personnes responsables
de la législation sur le droit d’auteur et la multiplication des contrats récupérés sur internet est
fortement inspirée par la propriété industrielle.
Jorge Alvarez fait le point sur la dérive des contrats constatés ces dernières années ( voir les
actualités du site de l’ UPP http://www.upp-auteurs.fr/actualites.php ) qui imposent des cessions
de droits pratiquement illimités avec des budgets tenant tout juste compte de la prestation de
prises de vues.
Certains demandent même une exclusivité totale sur les clichés produits, et le contrat du CRT
Poitou-Charentes mentionne une pénalité de 1.000 € par photo que le photographe aurait l’audace
de diffuser par lui-même !
En laissant sa photothèque en libre accès ou en diffusant « ses » visuels sur internet, sans les
protections minimales, le commanditaire de reportage peut avoir des publications contreproductives, voir récupérées par des concurrents. Ex : la scène d’un couple au restaurant réalisée
pour un organisme de tourisme de province peut être récupérée pour la promotion d’un « club de
rencontre » parisien, avec les conséquences juridiques que cela entraîne !
Présentations d’exemples de campagnes publicitaires, ratées à cause de photos piochées sur
internet ou achetées à bas prix dans des micro-stocks : campagne du CRT Bretagne utilisant une
photo de plage d’Afrique du Sud, montagnes de Slovénie publiées dans les brochures du CDT des
hautes Pyrénées, portrait du Petit Grégory annonçant la garderie du Festival de jazz de Montreux,
etc.
Autre dérive, le D.R. qui garni gratuitement les pages de magazine, au détriment des
photographes et parfois des commanditaires : Exemple d’un « spécial vin » du Nouvel Observateur
dans lequel 4 photos issues de reportages commandés par des syndicats viticoles bordelais, à un
confrère local, signées DR et publiées, pour vanter les mérites d’appellations concurrentes ! D’où
la nécessité pour les commanditaires comme pour les photographes de maîtriser la diffusion de
ses images.
Quelques pistes pour concilier « budget » et « cession de droits »
Est-il raisonnable de demander une cession de droits « à vie » alors qu’un visuel est obsolète au
bout de 5 ans et que les modes de communications évoluent très vite ? Autant limiter directement
les droits à 5 ans, quitte à prévoir dans le contrat initial un prix pour une extension de droits.
Pourquoi demander les droits pour de l’affichage, alors que les campagnes sont rares et ne
concernent que très peu de visuels. Mieux vaut demander un devis séparé pour un complément
de droits pour tout ce qui serait un éventuel achat d’espace.
Pourquoi interdire au photographe de réutiliser ses photos ? Au contraire toute publication positive,
fait du buzz pour le commanditaire. Se cantonner à limiter l’interdiction au secteur d’activité.
Pourquoi vouloir inclure des droits pour des produits dérivés vendus par le commanditaire ( teeshirt, boites etc ), si on n’envisage pas de développer ce type de produit ? Mieux vaut envisager
un avenant au contrat pour le jour où cette situation se présentera.
Comment travailler ensemble ? :
Jorge Alvarez présente les discussions en cours entre l’UPP et le Fédération des CRT, ainsi
qu’avec différentes institutions (dont le CDT-64) pour aboutir à des contrats équilibrés entre ces
organismes et les photographes.
L’UPP interpelle régulièrement les ministères concernés pour qu’ils rappellent à leurs services
leurs devoirs en matière de droit d’auteur.
Enfin, l’UPP a été convié à participer aux discussions pour l’élaboration de la nouvelle édition du
guide de l’APIE (Agence du patrimoine immatériel de l’Etat, http://www.economie.gouv.fr/apie )
dédié au droit d’auteur. Ces guides pratiques sont diffusées à l’ensemble des collectivités et des
services de l’Etat pour expliquer, dans les services, la législation et l’interprétation qui peut en être
faite.
Jorge Alvarez rappelle qu’en cas de conflit, il existe une alternative au procès: la médiation. Le
Centre Médiation Culture a été créé par des juristes et avocats.
De plus il relève qu’en France, le secteur de la photographie est le seul marché à n’avoir aucune
régulation.
Voir la publication faite dans la lettre du club de la presse de Bordeaux: http://www.clubpresse-bordeaux.fr/dialogue-fructueux-entre-photographes-et-communicants-au-club/
L’après midi était consacré à l’installation des jeunes photographes. Mélanie Mahoudo,
accompagnatrice à la création d’entreprise, nous a expliqué comment la coopérative d’entraide
Coopalpha qui suit la gestion administrative et comptable de ses adhérents peut accompagner et
conseiller les jeunes qui s’installent durant les premières années de leur activité (maximum 3 ans).
Initialement prévue pour aider les demandeurs d’emplois à monter un projet personnel et se mettre
à leur compte, Coopalpha est également de plus en plus sollicités par des auto-entrepreneurs.
De ce fait, Coopalpha prépare une nouvelle offre pour accompagner les AE, mais en attendant,
ceux-ci peuvent déjà rejoindre la coopérative après s’être désinscrit de leur activité.
Le principe est simple : Le nouvel entrepreneur qui rejoint Coopalpha fonctionne comme un
indépendant dans son travail et sa recherche de clientèle, il prépare ses devis qui sont contrôlés
par Coopalpha (ce qui évite les erreurs !) et facture en son nom à son client. Le règlement est
encaissé par Coopalpha qui reverse un « salaire » à son adhérent, avec un statut de CDI et les
avantages qui vont avec. Au-delà d’une société de portage classique, ce fonctionnement qui a l’air
complexe, permet au coopérateur d’avoir un véritable accompagnement et de pouvoir bénéficier
du chômage en cas d’échec de son entreprise.
Sur une facture de 2.500 euro, après déduction des frais de mise en œuvre de la commande, des
charges et cotisations sociales, Coopalpha reverse un salaire net de l’ordre de 1.000 €. Si on
compare à la marge bénéficiaire moyenne qui dans notre métier oscille entre 20 et 30% du chiffre
d’affaire, on est dans le ratio, avec l’avantage d’être payé en salaire. Pour info un autoentrepreneur paie plus de 20% de charges sur son CHIFFRE D’AFFAIRE, alors que dans ce cas,
les charges sociales sont calculée sur le bénéfice et elles sont minimisées de part les avantages
de la loi Fillon.
Comme pour les indépendants, on est payé que lorsque Coopalpha a encaissé le montant des
factures. Durant les premiers mois d’activités, les demandeurs d’emploi continuent de percevoir
leurs indemnités, et celles-ci se poursuivent en complément des premiers encaissements, jusqu’à
ce que le salaire moyen dégagé soit équivalent aux indemnités.
Au-delà de l’accompagnement comptable et administratif, qui forme à la gestion d’entreprise, la
coopérative met à disposition de ses adhérents :
- des cours de gestion.
- des bureaux à temps partagé dans différents secteurs de la CUB pour la demi-journée
(pour un RDV avec un client par ex), la semaine, ou le mois.
- des assurances professionnelles
- une mutualisation des services, création de pôles de compétences: communication, web,
etc.
- la possibilité de répondre à des appels d'offre collectivement
- des rencontres mensuels entre les adhérents autour d’un buffet convivial qui permettent
d’échanger et de monter des projets en commun (photographe + webmaster ou graphiste
par ex).
Toutes les informations auprès de Coopalpha http://www.coopalpha.fr/ tél 05.56.74.26.16
1 Avenue de la Libération, 33310 Lormont
Tous nos remerciements au Club de la Presse de Bordeaux pour son accueil toujours aussi
chaleureux.
David Helman et Philippe Roy

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