des places de concerts!! palmarès des lecteurs

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des places de concerts!! palmarès des lecteurs
DES PLACES DE CONCERTS!!
PALMARÈS DES LECTEURS
WALLON EST LE CHEMIN
Lorsque nous misions sur Ghinzu au moment de la sortie de
Blow voilà quelques mois, notre instinct ne se trompait pas. Les
Belges sont en train de connaître en France le succès que
mérite leur superbe deuxième album entre beauté pop et
énergie rock'n'roll. Et ce n'est qu'un début...
Texte : Patrick Haour Photos : Philippe Mazzoni Disco: Atmosphériques
A
I
h! mais c'est horriiible II Tu
peux pas porter ça /"Trois
des cinq membres de
Ghinzu s'esclaffent avec horreur à la
vue du col à l'italienne, un peu dans
le style affectionné par Karl
Lagerfeld, de la chemise que John
Stargasm, distingué chanteur et
claviériste du quintet bruxellois, vient
d'enfiler. Nous sommes dans un
hangar de la Plaine-Saint-Denis,
dans l'un des coins les plus moches
d'Ile-de-France, dans les loges du
studio où le groupe s'apprête à
enregistrer un miniconcert pour la
nouvelle émission musicale de
Canal+. Tandis que nous tentons une
interview avec les cinq musiciens
d'humeur décidément très joviale, les
marionnettistes des "Guignols de
l'info" procèdent aux ultimes
répétitions pour l'émission du soir. Le
groupe - et son entourage - navigue
entre les deux loges fune, fumeur, et
l'autre, non-fumeur, règle établie par
les musiciens lorsqu'ils sont en
tournée), fumant Ijustement), buvant,
mangeant et rigolant. Autant dire que
l'ambiance est aussi agitée que
détendue.
ON ROULE- SUR L'OR
I
s
"On est extrêmement surpris, on ne
s'attendait pas que ça marche aussi
bien", confesse Stargasm, dans un
instant de sérieux, au sujet du
succès remporté en France par
Ghinzu depuis quelques mois. Une
tournée d'un mois cet automne, une
presse dithyrambique (suivez notre
regard) et des ventes plus
qu'encourageantes ont déjà fait du
groupe l'un des espoirs rock les plus
suivis du moment dans l'Hexagone.
"On a fait une tournée d'un petit
mois, quand même, et on a
rencontré des gens formidables
dans des villes formidables... On a
été jusqu'à Marseille. On a été
surpris parce qu'on a fait quelques
concerts complets dans des villes
où on n'était jamais allés. On a
même reçu des soutiens-gorge sur
scène dans des villes inconnues. "
Ah oui! quand même...
"On était complètement inconnus en
France avant. Quand on a rencontré
notre label, ils nous ont dit "écoutez,
on ne va pas faire de clip, vous
comprenez, c'est du développement
/terme de maison de disques
désignant un projet aux moyens
réduits et aux objectifs modestes ndlr), ça va prendre quelques
années avant de vendre trois
albums..." (sourire sardonique). Et
puis maintenant on roule sur l'or, j'ai
plusieurs voitures décapotables et
on se porte très bien. Non, vraiment,
on est très contents." En outre, une
réédition de fî/ow vient de sortir,
agrémentée d'un remix, d'un titre
acoustique et de quatre inédits issus
de leur premier album, Electronic
Jacuzzi- sorti uniquement en
Belgique en 2000, seulement un an
après la formation du groupe.
Sympa.
Alors, évidemment, on comprend
que les Ghinzu se réjouissent que
leur musique soit appréciée par un
nombre croissant de gens, et a
fortiori un nombre plus grand que ce
à quoi ils s'attendaient. Mais l'étape
française, premier territoire
sérieusement travaillé en dehors de
la Belgique, est aussi un test réussi,
annonciateur d'un avenir prometteur.
Explications de John: "La sortie de
l'album en France n'a pas été la
même qu'en Belgique. Il y a eu plus
de moyens ici. On voulait savoir si
notre musique pouvait être adéquate
pour ce genre de lancement. Et en
définitive, on remarque que, oui, on
ne fait pas spécialement une
musique que de 'développement'. La
France aura été notre territoire test,
en quelque sorte. " Un essai
transformé, qui est sans doute pour
beaucoup dans la signature
imminente de Ghinzu pour les pays
Scandinaves (ils sont récemment
allés jouer en Suède) et l'Allemagne,
sur un label "dont je ne peux pas
encore donner le nom, mais c'est un
très bon label. Notre succès en
France encourage d'autres maisons
de disques à s'intéresser à nous, ça
fait boule de neige. Mais on ne
cherche pas forcément à aller
toujours plus haut, on est contents
comme ça aussi. Si on ne va pas
plus loin, c'est pas grave. Même si
on se réjouit d'avoir plus de confort
dans les tournées, plus de beaux
hôtels, des croupies refaites à la
silicone, des gardes du corps, des
comptes en banque en Suisse, des
paquebots, des parties de billard
avec Puffy... (ricanement général).
Il y a plus haut, clairement."
Et
IWEAU.CAF
La question est de savoir jusqu'où
pourra aller la musique de Ghinzu,
combien de milliers, centaines de
milliers, voire de millions de
personnes sont susceptibles d'y
adhérer (quoi qu'il en soit, répétonsle, elle méritera amplement tout le
succès qu'elle pourra connaître).
Même si les choses ne font que
commencer pour le groupe, c'est
une question déjà présente dans
l'esprit de John. "On ne sait pas si
notre musique est grand public, mais
on s'est rendu compte que ce n'était
pas une musique tout à fait
underground. Dans le fond on a
toujours eu un côté variât'. On a ce
côté Clayderman... "Greg Remy,
guitariste, le coupe: "Non,tu as un
côté Clayderman."John: "Non parce
que toi tu as un côté Meaî/oaf (éclats
de rire)."Reprenant son sérieux:
"On peut s'insulter avec certaines
références. Clayderman etMeatloaf
en font partie. Mais la pire qu'on
puisse évoquer, c'est Offspring. "
C'est vrai que de punk à roulettes,
chez Ghinzu, il n'est pas question.
Mais il y a beaucoup d'autres choses
dans les chansons de Blow. de la
pop d'une beauté renversante, du
rock fiévreux d'une intensité
incandescente, et un sens de la
mélodie qui n'a rien à envier ni à
Muse ni à dEUS, pour balayer le
spectre dans toute sa largeur. Greg:
"C'est le résultat des goûts de
chaque individu dans le groupe. Il y a
des gens qui écoutent des trucs plus
acceptables, d'autres qui écoutent
des trucs carrément pas du tout
acceptables Irires), donc il y a un
petit peu des deux dans Ghinzu. "
Composées à l'origine
principalement par John et Mika
Nagazaki (bassiste et guitariste), les
chansons sont travaillées par tout le
groupe, collégialement, par la suite,
"selon les spécialités de chacun".
^
•«!
MACNH-ER LA MUSIQUE
Reste à aborder un sujet de prime importance chez Ghinzu, musique mise
à part: les énormes perruques afro
dont le groupe s'affuble sur ses
photos (sauf celles-ci) et sur scène,
véritable signe distinctif du groupe
lorsqu'on a affaire à lui pour la première fois, que ce soit dans un magazine ou sur une scène. Tandis que
John est aux prises avec les boutons
de manchettes de sa fameuse chemise, Fabrice George, le batteur, nous
en dit un peu plus long sur l'étrange
gimmick: "À une époque, une partie
du groupe voulait qu'on arrête les
perruques, Us trouvaient ça naze.
C'était la peur primate du ridicule qui
parlait Moi, je trouve que quand tu
vois, au début d'un concert cinq types en énormes perruques débarquer sur scène, ça a un effet impressionnant qui magnifie la musique. Ça
a commencé un jour où John devait
ROCK SOUMD
janvier 2005 PAGÇ 3 7 i
I
i
faire une interview pour une télé lo- ve ça super. "Fabrice, interloqué :
cale à Bruxelles. Or, la fille qui pré- "Mais alors, la fois où on a fait ce "
sentait l'émission était sa cousine, et concertée premier avec les peril voulait lui faire une blague en arri- ruques, à Bruxelles - ndlr), tu savais
vant avec cette grosse perruque sur qu'il y avait une perruque dans les
la tête,.. "John rétorque; "Non, c'est coulisses... ? Tes un salopard, t'as
pas ça, c'était une caméra cachée tout fait exprès, tout était calculé,,. "
pour piéger ma cousine, je devais
Remis de ses émission;;, il poursuit:
avoir l'air d'un débile qui louait dans "On avait arrêté de les porter sur
un groupe de rock inconnu. On était scène en Belgique, parce que c'était
déguisés, moi je portais cette grosse devenu trop prévisible, les gens nous
perruque et pendant une demi-heure connaissaient Us savaient qu'on était
elle m'a interviewé, je parfais n'im'le groupe avec tes perruques'. Mais
porte comment avec un faux traduc- c'est revenu sur la table au moment
teur et, à un moment, je commence, àoù on a sorti l'album en France et
m'exciter et à devenir violentjusqu'à qu'on nous a dit que c'était un atout,
ce que la sécurité arrive et, là, j'enlè- qu'il fallait les garder." Certainement,
ve la perruque et tout le monde trou-^ qu'il faut les garder {'Quiconque a dé-
jà eu l'occasion de voir un concert de V
Ghinzu n'a pas oublié l'effet visuel
saisissant qu'elles ne manquent pas
de produire. Mais d'où viennent-elles,
au juste, ces incroyables perruques?
Réponse de Mika: "Celles qu'on a
actuellement, on les a achetées à
Londres, sauf qu'on en a perdu une
au Printemps de Bourges. Greg a fait
tomber la sienne sur ses pédales, or
il est arrivé un moment où il devait
absolument faire des réglages au
pied, c'était comme le cowhpoy qui
doit abattre son cheval, même si
c 'est son ami il />'g pas le choix: il a
été obligé de donner un coup de pied
dedans et de l'envoyer dans le public
pour pouvoir finir le morceau. On a
"ûh hé soif"pas s/ Hûfo friMsi
appris, par la suite, qu'elle avait fini
chez le chanteur des Têtes (laides. Il |
a fait la fête avectoutela nuit et elle *
était pleine de vomi.:.' .
Croustillante anecdote. S'ensuivront.
d'autres, à propos du vin en poudre I
(f) servi lors des tournées aux Pays- I
Bas, ou encore sur les similitudes
frappantes entre les facéties narrées 'M
dans le film Spinal Tap, et la vraie via 1
de Ghinzu. Seul détail qui diffère:
Ghinzu fait de là bonne musique. Allez:%
donc les applaudira Paris le
f'fçvriër, sfvousne Pavez^as
• I
encore fait Car après gaffe reste dé 1 ^
l'Europe va nous les piquer! C'est '
d'ailleurs tout le mai qu'on leur .
souhaite.. •- . - . . . / * .

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