Sujet M2 Recherche « Ecologie, Evolution, Biométrie
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Sujet M2 Recherche « Ecologie, Evolution, Biométrie » Hybridation entre le chat domestique errant (Felis silvestris catus) et le chat sauvage Européen (F. s. silvestris) : apport de la morphométrie géométrique appliquée au crâne Encadrement : - Sébastien DEVILLARD – MCU UCBL – [email protected] Sabrina RENAUD – DR CNRS - sabrina.renaud@univ‐lyon1.fr UMR CNRS 5558 Biométrie et Biologie Evolutive, équipe « Ecologie évolutive des populations » Contexte scientifique : Outre la disparition et la fragmentation de l’habitat naturel du chat forestier, l’hybridation avec le chat domestique errant, par l’introgression de son génome par du génome de chat domestique, a été proposée comme une menace importante pesant sur son intégrité génétique et ses spécificités écologiques. L’identification des individus domestiques, hybrides et sauvages se fait actuellement au moyen d’analyses génétiques, notamment par l’utilisation de marqueurs microsatellites. Cependant, ces analyses présentent de claires limitations dans la profondeur du niveau individuel d’hybridation détectable par l’analyse moléculaire. Des critères morpho-anatomiques ont également été développés (Ruette et al. 2011, Devillard et al. soumis), mais ces études ont surtout mis en évidence la difficulté d’identifier des critères morphologiques fiables, le plus prometteur étant l’indice crânien, i.e. la plus grande longueur du crâne divisée par le volume crânien. L’analyse de la signature morphologique de l’hybridation sur d’autres espèces a cependant montré de manière récurrente une différentiation des individus hybrides, qui apparaissent soit intermédiaires entre les deux espèces parentales, soit caractérisés par une morphologie particulière, fruit d’un mélange de traits propres aux deux espèces parentales (Renaud et al. 2012). Grâce aux méthodes modernes de morphométrie géométrique, les variations de forme peuvent être analysées finement et l’étude des patrons morphologiques de l’hybridation peut devenir une fenêtre sur les mécanismes morphologiques sous-tendant la différenciation inter-spécifique, combinant modularité et intégration. Dans ce contexte, le sujet de stage propose de mobiliser les techniques de morphométrie géométrique pour analyser la variation morphologique crânienne dans le contexte de l’hybridation entre chats domestiques et sauvages, en s’appuyant sur le développement de marqueurs moléculaires plus performant, les « single nucleotide polymorphism » (SNP). Les échantillons proviendront de populations de chats domestiques errants et de chats sauvages du grand quart Nord-Est de la France (Léger et al. 2008, O’Brien et al. 2009, Say et al. 2012). Questions et objectifs du travail de recherche : Trois objectifs sont clairement identifiés. - 1er objectif : étude de la forme des crânes des trois classes de chats (domestique, hybride et sauvage) au moyen de méthodes de morphométrie géométrique, au regard des classifications génétiques obtenues par l’analyse moléculaire des génotypes multilocus microsatellites et SNPs. Dans quelle mesure la morphométrie géométrique peut-elle prédire la classification génétique et le niveau individuel d’introgression ? - 2ème objectif : analyser la signature morphologique de l’hybridation. Les hybrides sont-ils strictement intermédiaires entre les groupes parentaux, ou montrent-ils des morphologies caractéristiques (transgressivité). Le second cas pourrait pointer des cas d’évolution modulaire du crâne en fonction des différentes pressions de sélection s’exerçant dessus. - 3ème objectif : dans l’éventualité où des zones du crâne seraient apparues comme prédictives du taux d’hybridation, dans quelle mesure pourrait-on mobiliser cette information dans le cadre de la gestion et de la conservation sur le terrain des chats forestiers en développant des critères d’identification applicables sur des têtes d’individus vivants (avec peau et poils) ? Cet aspect sera abordé grâce à un échantillon de chats non préparés qui pourront aider à faire le transfert entre quantification sur crânes préparés et individus vivants. Outils et faisabilité : Le 1er objectif du stage s’appuiera sur la collection de crânes nus de l’ONCFS. De l’ordre d’une centaine de crânes sont disponibles. Pour ces crânes l’indice crânien, le génotype microsatellite à 19 locis, et la classification génétique sont d’ores et déjà connus. Le génotype à 48 SNPs diagnostiques sera disponible d’ici la fin de l’année 2013 (collaboration avec Béatrice Nussberger, Université de Zurich, Nussberger et al. 2013). Le travail du stagiaire consistera donc à effectuer l’étude de morphométrie géométrique sur cette centaine de crânes et à analyser les données en découlant, en relation avec le taux estimé d’introgression (objectif 1) afin de décrypter les patrons de variation morphologique occasionnés par le mélange des deux génomes parentaux (objectif 2) Pour le 3ème objectif, une vingtaine de cadavres charnus sont déjà disponibles en mai 2013 et cet échantillon devrait être complété d’ici la fin 2013. Pour ce 3ème objectif, le stagiaire devra réaliser la totalité des analyses morphométriques (panel de mesures externes, puis préparation des individus, mesure de l’indice crânien et morphométrie géométrique du crâne selon le protocole développé pour l’objectif 1) et analyser les données produites. L’ensemble du stage se déroulera en étroite collaboration avec l’ONCFS et les personnes impliquées dans le projet. Compétences recherchées : Ce sujet interdisciplinaire est basé sur une double approche d’écologie moléculaire et de morphométrie. Nous recherchons des candidat(e)s motivé(e)s par le travail en laboratoire et l’analyse de données, ayant le goût du travail minutieux nécessaire à la réalisation de mesures morphométriques, ainsi que des connaissances conceptuelles et un intérêt pour l’écologie des populations, la biologie évolutive, et la biologie de la gestion et de la conservation. Collaborations : Le projet de stage entre dans le programme de suivi et d’évaluation de l’état de conservation du chat sauvage européen (ou chat forestier, Felis silvestris silvestris) en France mené conjointement par l’ONCFS et le laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive depuis une dizaine d’années. - Sandrine Ruette, chef de projet « petits carnivores », CNERA PAD, ONCFS - François Léger, technicien, CNERA PAD, ONCFS Publications : Léger F, Stahl P, Ruette S, Wilhelm JL (2008) La répartition du chat forestier en France : évolutions récentes. Faune Sauvage, 280, 24-39. O'Brien J, Devillard S, Say L, Vanthomme H, Léger F, Ruette S, Pontier D (2009) Preserving genetic integrity in a hybridising world: are European Wildcats (Felis silvestris silvestris) in eastern France distinct from sympatric feral domestic cats? Biodiversity and Conservation, 18, 2351-2360. Ruette S, Germain E, Léger F, Say L, Devillard S (2011) Identification du chat Forestier en France: apport de la génétique pour détecter les " hybrides ". Faune Sauvage, 292: 10--16. Say L, Devillard S, Léger F, Pontier D, Ruette S. (2011) Distribution area and spatial genetic structure of European wildcat in France. Animal Conservation, 15:18-27. Renaud S, Alibert P, Auffray JC. (2012) Modularity as a source of new morphological variation in the mandible of hybrid mice. BMC Evolutionary Biology, 12, 141. Nussberger B, Grminger MP, Grossen C, Kelle LF, Wandeler P (2013) Development of SNP markers identifying European wildcats, domestic cats, and their admixed progeny. Molecular Ecology Resources, 13, 447-460. Devillard S, Jombart T, Léger F, Pontier D, Say L, Ruette S (Soumis). How reliable are morphological and anatomical characters to distinguish European wildcats, domestic cats, and their hybrids in France?