Accédez au bilan des fouilles conduites en été 2016

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Accédez au bilan des fouilles conduites en été 2016
« Le complexe monumental antique de La Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) :
principaux résultats de la campagne de fouilles 2016 »
Ph. Barral, F. Ferreira, M. Glaus, Y. Goubin, M. Joly, Y. Labaune (coord.), P. Nouvel, M.
Thivet
Le complexe antique suburbain de La Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) est situé à
quelques encablures de l’enceinte d’Augustodunum, à la confluence entre les rivières
Arroux et Ternin. Il est l'objet d'un projet collectif de recherches qui a démarré en 2012
et qui bénéficie du soutien de la DRAC, de la ville d’Autun, de l’Inrap et de Bibracte. Il
repose sur une collaboration scientifique qui associe plus particulièrement deux équipes
universitaires / CNRS (Université de Franche-Comté – UMR 6249 Chrono-environnement,
Université Paris-Sorbonne – UMR7919 Orient et Méditerranée) et le service archéologique
d’Autun.
Ce programme cherche à répondre à quelques questions essentielles :
- Quel rôle le substrat d’occupation pré-protohistorique joue-t-il dans la genèse du
complexe antique ?
- Suivant quels rythmes et selon quelles modalités le complexe antique se développe-t-il
et s’organise-t-il ?
- Quelle est la part des facteurs naturels (notamment de la dynamique de la plaine
alluviale) et des transformations humaines dans cette organisation ?
- Quels liens fonctionnels le complexe suburbain entretient-il avec la ville intra-muros ?
Le temple de Janus (resp. M. Joly, Ph. Barral)
Les fouilles menées depuis 2013 ont principalement concerné l’espace situé à l’est de la
tour conservée en élévation, où se situait le dispositif d’entrée à l’époque antique.
Elles ont montré la présence de vestiges d’occupation laténienne, c’est-à-dire de la fin de
l’époque gauloise, contemporains de Bibracte et antérieurs à la fondation de la ville
romaine d’Augustodunum. Ils suggèrent la présence d’un lieu de culte pré-romain, dont
l’aspect reste difficile à préciser dans l’état actuel des recherches.
Il semblerait que les éléments structurants principaux dans l’organisation du sanctuaire
se mettent en place à une date précoce, contemporaine des premières occupations
d’Autun, et soient pérennisés par la suite.
Un premier temple entouré d’une galerie périphérique (péribole) délimitant l’espace sacré
est construit dans les années 50 ap. J.-C. Sa durée de vie semble plutôt courte puisque
quelques décennies plus tard (vers la fin du Ier s. ou le début du second) un second
temple, plus grand, est reconstruit. Il comporte semble-t-il de grandes similitudes avec le
précédant : les vestiges de sa tour centrale sont ceux que nous pouvons encore
apercevoir.
Ce grand temple apparaît ainsi enfermé dans un espace clos interne très étroit de 60 m
de long par 40 m de large, où prennent place de surcroît différents bâtiments annexes.
La fréquentation cesse vers les années 250.
Le site est réoccupé à l’époque médiévale aux alentours de l’An Mil (XIe-XIIe s. ?) : un
large fossé est creusé autour de la tour centrale du temple, utilisée de manière
opportune comme fortification, ce qui a certainement permis sa conservation. Les fossés
sont comblés et la tour très certainement abandonnée à la fin du Moyen-Age.
Enfin, la fouille a également montré la présence d’un bâtiment de la fin du Moyen-Age,
construit sur sous-sol, muni d’une forge. Il s’agit probablement d’un petit établissement
rural.
Le théâtre du Haut du Verger (resp. F. Ferreira)
Présentation générale
Le monument visible est construit sur un premier espace monumental pour lequel nous
n’avons que quelques indices mais aucune identification n’est possible. S’agit-il d’un
autre théâtre ? (construction dans la première moitié du Ier siècle pour ce monument
inconnu).
Un premier « petit » théâtre d’environ 70-80 m de diamètre est construit entre 50-80
après J.-C.
Entre la fin du Ier siècle et le début du IIe siècle, il est agrandi (116m de diamètre) et
prend un caractère très monumental avec des nouvelles entrées notamment. Au début
du IIIe siècle de nouveaux espaces d’accueil, montrant un lien très net avec le temple de
Janus, sont construits.
Les découvertes de 2016
Les parties inférieures du théâtre ont été dégagés pour la première fois, ce qui nous a
permis de raisonner sur son élévation et son plan de façon générale. Les structures
observées offrent un excellent état de conservation. Le théâtre bénéficiait de rangs de
gradins inférieurs pour les notables de la ville d’Autun, ce qui explique leur
embellissement et leur réorganisation à une date indéterminée. On perçoit une gestion
organisée des eaux pluviales, par la présence d’une canalisation.
Comme dans la plupart des grands monuments publics, on ne retrouve que très peu de
mobilier archéologique, ces édifices font l’objet d’un « nettoyage systématique » et les
matériaux sont récupérés dès l’Antiquité.
L’étude du théâtre d’Autun confirme le « haut-standing » de vie qui était offert par les
élites à l’ensemble de la population et Autun constitue un des rares exemples de ville où
l’on retrouve deux fois le même type d’édifice de spectacle.
Le quartier artisanal (resp. M. Thivet)
Les résultats cumulés des prospections géophysiques et des sondages ciblés réalisés
depuis 2012 en périphérie des édifices monumentaux attestent du développement vers
l’ouest d’un vaste quartier d’artisans inédit à la Genetoye. Les opérations de 2013 et
2014 avaient permis d’une part, d’obtenir une première image de la structuration spatiale
du quartier, et d’autre part, de confirmer la présence de plusieurs ateliers de potiers au
sein de ce vaste quartier artisanal. La production semblait alors majoritairement orientée
vers les services à boire et les figurines en terre cuite blanche, malgré quelques indices
ténus de métallurgie. D’un point de vue spatial, la limite Est du quartier (seul secteur
sondé) apparait bordée d’un ensemble de bâtiments implantés le long d’un axe Nord-Sud
permettant de relier le théâtre au temple de Janus.
La fouille réalisée en 2016, centrée sur un de ces bâtiments, a permis de confirmer la
relation étroite qu’entretiennent ces édifices avec le quartier artisanal proche et dont la
fonction pourrait correspondre à un ensemble de « boutiques/ateliers » destinés à la
commercialisation d’une parties des productions. Parallèlement, la présence cette année
de plusieurs témoins de métallurgie du bronze confirme la présence d’artisanats mixtes à
la Genetoye.
D’un pont de vue chronologique, s’il est désormais possible d’attester de la fondation
précoce (durant la première moitié du Ier s.) du quartier, l’important arasement des
vestiges ayant détruit les occupations les plus récentes, nous ne disposons que de peu
d’indices sur les phases d’abandon. Néanmoins les quelques observations réalisées en
2013 sur ces niveaux, conservés sous la démolition du théâtre, situe l’abandon définitif
du quartier artisanal de la Genetoye vers le milieu du IIIe s..
Vue générale des fouilles réalisées au temple de Janus en 2014. © Bibracte / Antoine Maillier.
Les gradins du théâtre du haut du Verger dégagés en 2016. © Ville d’Autun / Yannick Labaune
Orthophotographie de la fouille 2016 réalisée en bordure du quartier artisanal. (Photogrammétrie : Q. Verriez, M. Thivet)

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