Réforme bancaire : autant en emporte le temps

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Réforme bancaire : autant en emporte le temps
Réforme bancaire : autant en
emporte le temps
L’année 2008 a vu le monde financier s’effondrer sous le poids
de l’une des plus grosses bulles spéculatives jamais créée à
coup de subprimes et autres produits dérivés. On découvrait,
atterrés, que les grandes banques auxquelles nombre de
citoyens avaient confié leur épargne avaient également joué…
et perdu. Gorgées de titres sans plus aucune valeur, la
banqueroute menaçait. Mais elles étaient « trop grandes pour
tomber » : les finances publiques furent donc mises à
contribution, creusant ainsi les déficits. Les profits ayant
été privatisés, les pertes furent quant à elles socialisées.
Afin d’éviter qu’à nouveau les Etats ne se retrouvent pris en
otage par le monde financier, nombre d’experts et
d’organisations demandèrent d’en revenir à une stricte
séparation
entre
banques
de
dépôt
et
banques
d’affaires.Situation qui prévalait d’ailleurs encore au début
des années ’90. Cinq ans ont passé et… on n’a rien vu. Le
temps et le lobbying bancaire sont passés par là.
Pour nos grandes banques « universelles », quoi de plus
agréable en effet que de voir leurs activités spéculatives,
les plus risquées mais également les plus lucratives,
couvertes de fait par la protection des Etats ?
Elles semblent avoir été entendues par le gouvernement Di Rupo
: la séparation stricte des activités de banques d’affaires et
de dépôt a tout simplement été abandonnée. En lieu et place,
il est proposé de loger les activités de négoce pour compte
propre dans une autre société mais qui résiderait au sein de
la société mère. Qui peut imaginer que les graves problèmes
que rencontrerait ladite société ne mettent pas en danger tout
le groupe et donc également la banque universelle qui s’y
trouve logée ? Qui plus est, selon les banquiers eux-mêmes,
les activités visées dans le cas précis ne concernent que 0,5
% à 1 % de l’activité des grandes banques. Rien de fondamental
donc.
L’activité de négoce pour compte de tiers restera quant à elle
bel et bien logée au sein de la banque « universelle » et avec
elle le risque qui y est attaché, seules quelques limites
ayant été fixées. À nouveau, aucune différence fondamentale.
Le Mouvement VEGA dénonce cette réforme de façade et demande
une stricte séparation des activités de banque de dépôt et de
banque d’affaires. À l’heure où les produits dérivés dépassent
leur niveau d’avant la crise des subprimes (693.000 milliards
de dollars selon les rapports de la Banque des Règlements
Internationaux), il est indispensable de protéger le citoyen
et les finances publiques. Une stricte séparation des activité
bancaires obligera la banque de dépôt à se concentrer
entièrement sur son activité de crédit, pour le plus grand
bénéfices des citoyens et des PME.
De manière plus générale, le Mouvement VEGA souhaite un
contrôle public effectif sur le secteur bancaire en vue de
favoriser le financement des entreprises locales, dont le
financement s’avère aujourd’hui des plus difficiles, afin de
contribuer à la relocalisation d’activités dans le respect de
critères sociaux et écologiques. Certes, les profits seront
moindres en termes financiers mais ils seront beaucoup plus
importants pour les citoyens. Ce type d’investissement est en
effet beaucoup moins exposé au risque et il soutient le
développement économique local.
Le gouvernement Di Rupo a choisi les intérêts des banquiers au
dépends de ceux des citoyens. Le Mouvement VEGA sera au côté
de ces derniers dans les luttes à venir pour la nécessaire
refonte d’un système financier qui a démontré sa capacité à
nuire au plus grand nombre pour le profit de quelques-uns.