Gazette n°24 - AstroBREUILLET

Transcription

Gazette n°24 - AstroBREUILLET
Club d'Astronomie
de Breuillet
Breuillet
http://astrobreuillet.free.fr
La Gaz
Gazette
n° 24 du 1er février 2006
Sommaire
• Éditorial ........................... p. 1
• La vie du club .................. p. 2
• Les images du trimestre .. p. 4
• Les conférences du club .. p. 5
• Les éphémérides .............. p. 9
Revivez la bataille de Buthiers !
p. 2
Des images exceptionnelles
p. 4
«Je ne suis pas un spécialiste de cette question, mais...». Modeste, Claude, notre astronome,
commençait souvent ainsi ses brillantes explications, dont nous étions friands...
C
Des plafonds très astronomiques p. 5
Balade dans la Grande Ourse.
Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet
p. 7
Éditorial
La perte d’un ami …
laude Ghesquière est décédé
en octobre 2005.
Je me fais, en ce début d’année, le
porte-parole des cent membres du
Club d’Astronomie de Breuillet
pour regretter le départ de notre
ami Claude et souhaiter à tous ses
proches le courage d’affronter ce
deuil.
La discipline que nous partageons
nous place constamment devant le
silence des espaces infinis et nous
habitue à élever nos regards au-delà
du visible et de l’immédiat. Nous
sommes peut-être mieux préparés
à faire face aux grandes questions
et aux mystères, mais nous avons
tendance à rationaliser et canaliser
les énigmes. Nous savons que tout est
appelé à évoluer et donc à disparaître
après un petit tour dans ce monde
matériel.
L’astronomie nous rapproche des
grandes questions philosophiques,
mais ne nous apporte aucune certitude
et ne nous dit rien sur ce que nous
faisons ici. Profitons de la vie pendant
que nous pouvons le faire.
Ce n’est rien, tu es juste derrière la
porte, écoute, nous parlons de toi, nous
sommes encore à t’écouter nous parler
de l’arc-en-ciel...
Jean-Antoine Bloc-Daudé
Page 1
Président d’honneur : M. Claude GHESQUIÈRE
Président : M. Jean-Antoine BLOC-DAUDÉ
21, hameau de la Goélette 91650 Breuillet
Tél. : 01 64 58 50 68 / portable 06 07 18 24 09
e-mail : [email protected]
Vice-Président : M. Christophe GHESQUIÈRE
22, rue Elysée Reclus 91120 Palaiseau
Tél. : 01 60 14 80 45
e-mail : [email protected]
Secrétaire : Mlle Dominique MARCHAIS
15, impasse des Petits Sels 91650 Breuillet
Tél. : 01 64 58 93 83 / portable : 06 66 43 74 44
e-mail : [email protected]
Secrétaire-adjoint : M. Jean-François D’ALBERTO
24, hameau de la Gondole 91650 Breuillet
Tél. : 01 64 58 67 95 / portable 06 88 06 22 03
e-mail : [email protected]
Trésorier : M. Philippe GOURGEOT
23, rue des Berges 91650 Breuillet
Tél. : 01 64 58 62 75 / portable : 06 72 06 01 81
e-mail : [email protected]
Trésorier-adjoint : M. Olivier RIANT
15, impasse des Petits Sels 91650 Breuillet
Tél. : 01 64 58 93 83
e-mail : [email protected]
La vie du club
Gazette : M. Jean-Luc GOUDET
44, rue du Docteur Louis Babin 91180 Saint-Germain-lès-Arpajon
Tél. : 01 64 90 14 38
e-mail : [email protected]
Relations extérieures :
Mme Martine GOURGEOT
23, rue des Berges 91650 Breuillet
Tél. : 01 64 58 62 75 / portable : 06 68 20 11 38
e-mail : [email protected]
M. Jean-Claude PIGNOUX
51, hameau de la Goélette 91650 Breuillet
Tél. : 06 85 60 92 37
e-mail : [email protected]
Soutien logistique : M. Thierry PRE
25, hameau de la Gondole 91650 Breuillet
Tél : 08 70 74 71 18
e-mail : [email protected]
Etudes et prospectives : M. Frank LEHOT
1, rue de Bourgogne 91380 Chilly-Mazarin
Tél. : 01 60 49 29 75 / portable 06 07 72 32 46
e-mail : [email protected]
Ateliers Observations :
• M. Olivier RIANT
(voir coordonnées ci-contre)
• Mme Christine BREISTROFFER
7, rue du général Delestraint 91290 Arpajon
Tél. : 01 64 90 27 21
e-mail : [email protected]
• M. Jean-François D’ALBERTO
(voir coordonnées ci-contre)
• M. Christophe GHESQUIÈRE
(voir coordonnées ci-contre)
• M. Cyril GOURGEOT
71, avenue de Verdun 91209 Arpajon
Tél. : 01 64 90 10 71 / portable 06 70 81 13 65
e-mail : [email protected]
Ephémérides et ciel du soir :
• M. Jacques WALLIANG
12, rue du Clos du Caprice 14123 Cormelles-le-Royal
Tél. : 02 31 34 65 99
e-mail : [email protected]
• M. Jacques DHENAUT
15, rue des Capucines 91630 Marolles
Tél. : 01 64 56 89 31
e-mail : [email protected]
Site Internet : M. Didier WALLIANG
25, rue du 17 Novembre 25350 Mandeure
Tél. : 06 77 41 61 95
e-mail : [email protected]
Plus d’infos ? http://astrobreuillet.free.fr/animateurs.php
Les rendez-vous du trimestre
Conférences les vendredis, à 20h30, salle des Larris :
10 mars : L’astronomie maya et aztèque, Jean-Antoine Bloc-Daudé
7 avril : Le retour de l’Homme sur la Lune, par Frank Léhot et Jean-Luc Goudet
9 juin : William et Caroline Herschel, par Florian Gourgeot
Ateliers les vendredis,
à 20h30, au PAJ:
24 février, 24 mars, 28 avril
Sorties :
Nuit à l’observatoire de Buthiers,
samedi 4 mars
Ciel d’Austerlitz à Buthiers
En décembre, à l’observatoire de Buthiers et malgré une météo décourageante, un
commando est parti à l’assaut de la voûte céleste armé du télescope de 600 mm.
Récompense d’une victoire méritée : Orion comme beaucoup ne l’avait jamais vue.
Colonel d’Alberto
L
e vendredi 2 décembre 2005, bicentenaire de la bataille
d’Austerlitz, le Club d’astronomie de Breuillet a enfin
gagné la bataille de Buthiers.
Cela faisait au moins trois fois que nous étions rentrés
vaincus de cet endroit maudit, les problèmes techniques et
les intempéries nous ayant toujours fait battre en retraite
après quelques heures.
Pourtant ce jour-là, partant sous des trombes d’eau, nous
étions près de la Bérézina. De plus, peu de courageux
avaient osé nous suivre dans cette campagne. Mêmes les
maréchaux Gourgeot et Ghesquière nous avaient lâchement
abandonnés. La pluie nous a accueillis, cela tombait comme
à Gravelotte. Qu’était-on venu faire dans cet enfer…
Trahis par l’artillerie lourde
Dès la première accalmie nous avons mis en batterie notre
grosse Bertha, le 600 mm, mais comme il en a l’habitude, il
s’est enraillé dès la première salve sur Mars (pourtant Dieu
de la guerre). Tandis que notre force de frappe s’enlisait
avec un fusible grillé et un embrayage qui patinait, nous
sommes montés à l’assaut de la plateforme et, grâce aux
modestes jumelles du club, nous avons pris Andromède,
puis le double amas de Persée. Tandis que Mars ricanait
bêtement, le LX 90 fut mis en batterie, et, malgré les obus
qui tombaient et qui faisaient vibrer la plateforme, Mars
Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet
Cellule de crise au camp retranché de Buthiers...
a été pris. Mais les nuages revenait et il fallut battre en
retraite et rentrer aux abris.
Cela sentait la défaite. L’empereur Bloc-Daudé 1er s’était
réfugié dans le bunker. Il se vengeait, comme d’habitude,
sur le saucisson et le gros rouge (1). La bataille semblait
bien définitivement perdue...
Suite page 3
(1) Nous tenons à mettre en garde les lecteurs de la Gazette
sur le fait que l’équipe rédactionnelle n’est en aucun cas
responsable du contenu des articles qui lui sont transmis.
Page 2
La vie du club
Orion verte de rage
Mais que sommes-nous venus faire dans cette galère ?
C’est durant ce moment de profond désespoir que le général
Riant entra en criant « l’artillerie est réparée et les nuages
reculent ». C’était inespéré !
Tout le monde s’est remis en disposition de combat,
l’empereur a abandonné son litron et il est monté en tourelle
avec le général Marchais. Entre deux passages de nuages,
Mars a été pris en embuscade sous le double feu du 600 et
du C8.
Mais l’ennemi lança sa dernière
grande unité de la bataille Orion.
Les photons furent sans pitié et
ce fut le plus beau coup d’éclat
de la soirée. Quant au caporal
Goudet, il a fait son rapport,
comme d’habitude, en disant
Ce soir-là, pour les
que la tambouille n’était pas
courageux astronomes, bonne et ensuite il a lâchement
Orion avait
abandonné Marchais et Riant
mis sa robe verte.
aux corvées (2). Mais au cours
du dernier conseil de guerre du bureau, il a été condamné à
être le responsable de la Gazette.
L’histoire retiendra que Buthiers n’est pas une forteresse
imprenable et ainsi que la couardise des deux maréchaux
cités précédemment. Après cela, j’espère que l’on ne me
chargera plus d’écrire dans cette Gazette de « mot de
Cambronne ».
(2) Le Tribunal militaire a été saisi pour diffamation par
le caporal en question. Le colonel d’Alberto risque une
rétrogradation au rang de sergent et une affectation aux
épluchures.
Avec la rage de vaincre et l’énergie du désespoir, l’équipe s’attaque au 600 mm coincé, sous les directives de
l’officier de transmission Olivier Riant, en contact par ordinateur interposé avec un tacticien installé loin
derrière la ligne de front. Notons au passage que le nombre de combattants visibles sur cette photographie
invalide en grande partie la thèse simplificatrice développée par l’auteur de l’article.
Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet
Page 3
La vie du club
Les images du trimestre
Quelques très belles images réalisées par deux vétérans du club, Olivier Riant et Marc
Ricordeau...
Par hasard !
Une protubérance solaire 4 fois plus haute que le
diamètre de la Terre et soudain un intrus...
(23 octobre 2005)
PST Coronado et appareil photo Coolpix 4300
O. Riant
Vénus est à moins de 2,5° de la Lune
(5 novembre 2005)
Appareil photo Coolpix 4300
O. Riant
Jupiter et sa tache rouge
Celestron C9.25 (D235 mm, F/D= 10) et
webcam Toocam Pro 1 Philips. Traitements
d’images avec les logiciels Prism et Iris
M. Ricordeau
Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet
IC5146 : nébuleuse du Cocon
Constellation du Cygne (27 octobre 2005)
Caméra CCD Audine au foyer Meade SC,
(D 203 mm, F/D = 6,3)
Composition de 15 clichés de 30 secondes chacun,
traitement par le logiciel Iris
O. Riant
M27 : Dumbbell, nébuleuse de l’Haltère
Constellation du Renard (27 octobre. 2005)
Caméra CCD Audine au foyer
Meade SC (D 203 mm, F/D = 6,3)
Composition de 30 clichés de 60 secondes,
traitement par le logiciel Iris
O. Riant
Mars, le 22 septembre 2005
Même équipement que pour la photo de
Jupiter, ci-contre à gauche.
M. Ricordeau
Page 4
Les conférences du club
L’astronomie égyptienne
Jacques Dhenaut
Des étoiles numérotées pour construire un calendrier divisé jusqu’aux heures :
l’astronomie des Egyptiens, indispensable aux agriculteurs et aux momies dans leur
sarcophage, commence seulement à être décryptée.
S
ur certains sarcophages et quelques textes très
anciens, datant de 3800 ans à 1500 ans avant JésusChrist, figurent des inscriptions dont on a pu comprendre
la nature : ce sont des horloges stellaires. Douze ont été
trouvées sur les couvercles de sarcophages. Ces véritables
calendriers utilisent certaines étoiles quand elles se lèvent
en même temps que le Soleil. On parle de lever héliaque.
Les «astro-égyptologues» ont entrepris un long travail de
décryptage, de quoi mieux connaître les étoiles répertoriées
par les Egyptiens et les constellations qu’ils avait décrites.
L’étude de ces incriptions a permis de reconstituer l’ancien
calendrier égyptien mis en place entre 2800 et 2700 avant
notre ère (voir la Gazette n° 17).
L’origine de nos 24 heures
et de nos douze mois
La journée des Egyptiens comptait 24 heures. L’année
comportait 365 jours et se divisait en trois grandes
saisons :
• Akhet : la saison de l’inondation du Nil,
• Peret : la période des semailles,
• Chemou : le temps des récoltes.
L’année commençait le premier jour de la saison Akhet,
pendant notre actuel mois de juillet, quand l’étoile la plus
brillante du ciel, Sirius pour nous, Soped pour les Egyptiens,
offrait son lever héliaque.
Chaque saison comprenait quatre mois, soit douze mois
pour l’année. Chacun était divisé en trois décades de dix
jours. A ce total de 360 jours, les Egyptiens ajoutaient cinq
Figure 1
Quelques constellations égyptiennes du ciel du nord.
Meskhetiu, le taureau, correspond à notre Grande
Ourse. Le Dragon s’appelait alors Sa-mut et se
représentait par la chevauchée improbable d’un
hippopotame par un crocodile.
jours appelés heryou-renpet, que les Grecs rebaptiseront
épagomènes.
Un calendrier trop vagabond
Mais avec cette année de 365 jours, le calendrier
vagabondait : tous les quatre ans, le jour de l’An survenait
un jour plus tôt et une décade plus tôt tous les 40 ans. Il
fallait donc régulièrement repositionner tous les décans.
Devant l’ampleur de cette tâche, ce système fut supplanté
par un autre basé sur l’observation des culminations
successives des décans dans le méridien du lieu. Il est
maintenant visible sur les plafonds de certaines tombes. Ce
sont les plafonds astronomiques (voir la figure 2).
On a retrouvé la description du cycle complet de ces étoiles
Figure 2
Sur ce fragment de fresque (image 1), Nout,
la déesse du ciel voisine une patte de bovidé
ornée de 7 étoiles, définissant les contours
visibles de notre Grande Ourse, Meskhetiu
chez les anciens Egyptiens. Les égyptologues
ont reconnu, à droite, l’image d’Orion
représenté par le terme « Sah » (écrit à l’aide
de trois orteils) et Sirius, appelé Soped, mot
1
écrit à l’aide d’un triangle.
A partir de cette imagerie , les égyptologues
ont pu reconstituer ce diagramme stellaire
(image 2). Les lignes horizontale et verticale
indiquent les endroits où, sur l’imagerie, se
trouvent des bandes d’inscriptions. Le tout
forme un tableau de 40 colonnes de 12 lignes.
Sur la ligne horizontale supérieure sont
indiquées les trois saisons.
Les 36 premières colonnes correspondent à
2
l’année ronde de 360 jours : les colonnes 1 à
12 se réfèrent aux 12 décades de la première
saison, les colonnes 13 à 24 à la seconde saison
et les colonnes 25 à 36 à la troisième. Aux cinq jours situés au-delà de l’année ronde, heryou-renpet pour les
Egyptiens, épagomènes pour les Grecs, semblent correspondre les quatre dernières colonnes 37 à 40.
Chaque ligne de ce tableau se réfère à une heure de la nuit. Sur les couvercles des sarcophages, ce sont des cases
au sein desquelles figure l’appellation hiéroglyphique d’une étoile ou d’un groupe d’étoiles.
Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet
Page 5
Les conférences du club
L’astronomie égyptienne (suite)
décanales, qui balisent le calendrier égyptien :
- 8 décades, soit 80 jours, s’écoulent entre l’instant auquel
un décan revient dans les lueurs de l’aube et celui où sa
culmination dans le méridien du lieu commence à indiquer
la douzième heure de nuit.
- Durant les 12 décades suivantes (120 jours), l’instant
de culmination d’une même étoile indiquera une heure
toujours plus tôt de la nuit.
- 9 décades, soit 90 jours après qu’elle ait pour la dernière
fois indiqué par sa culmination supérieure, la première de
nuit, l’étoile disparaît dans la douat (le monde de la nuit) où
elle demeurera 70 jours.
Le cycle complet d’une étoile dure donc 80 + 120 + 90 +
70 = 360 jours, qui l’année ronde égyptienne. Problème : il
manque les cinq jours épagomènes...
LES SOURCES
Karine Gadré, astrophysicienne et rarissime spécialiste
française de l’astronomie égyptienne, est doctorante
associée au Laboratoire d’astrophysique de l’observatoire
Midi-Pyrénées et membre de la commission « Histoire
des sciences » de la Société française de physique. Ses
travaux, toujours en cours, ont nourri cette conférence
ainsi que les propres recherches du présentateur.
POUR EN SAVOIR PLUS
• Le site de Karine Gadré : www.culturediff.org
• Le ciel des Egyptiens in Ciel et Espace, juillet 2003,
n° 398
• Le ciel de l’Egypte ancienne, les horloges stellaires,
Jacques Dhenaut, in La Gazette, avril 2004, n° 17
Figure 3
Plafond astronomique trouvé dans la tombe
de Semnout, architecte au service de la reine
Hatchepsout, au quinzième siècle avant JC. On
remarque que les douze roues (parce que douze
mois ?) contiennent 24 rayons (parce que 24 heures
dans la journée ?). Dans la partie supérieure figure
la marche des planètes.
1
2
3
Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet
Figure 4
Comment les Egyptiens
représentaient-ils les
planètes ? On en sait peu
de choses. Ces trois
gravures en donnent une
idée (l’image 2 est un
détail de la fresque
représentée figure 3).
Réduit à l’état
de signe cabalistique,
Mercure s’appelle Sebeg
et est lié au dieu Seth.
Vénus, figurée par un
héron, est rattachée
au dieu Osiris.
Mars, Jupiter et Saturne
apparaissent sous
les traits d’un homme
à tête de faucon, Horus,
surmonté d’une étoile.
Mars est parfois absente
des gravures (c’est le cas
sur l’image 2).
Page 6
Les conférences du club
La constellation de la Grande Ourse
Philippe GOURGEOT
Entre son histoire réinventée par plusieurs civilisations et les galaxies qu’elle recèle, la
Grande Ourse , même si elle est familière, a beaucoup de choses à nous raconter.
A
lias Ursa Major (UMa), la Grande Ourse est
incontestablement la constellation la plus connue
de l’hémisphère nord. C’est au printemps qu’elle est la
plus observable mais on la repère toute l’année. Ses sept
étoiles les plus brillantes ont dessiné la silhouette la plus
remarquable et la plus facile à identifier dans le ciel. La
Grande Ourse est circumpolaire à nos latitudes, c’est-à-dire
qu’elle est visible à tout moment de l’année.
Elle a suscité de nombreuses légendes depuis la nuit des
temps. Pour les Grecs, la Grande Ourse se confond avec
le triste destin de la nymphe Callisto. Fille de Lycaon,
roi d’Arcadie, elle ne supporta pas qu’un Zeus horrifié
transforme son père en loup parce qu’il lui avait servi de
la chair humaine. Elle chercha refuge auprès des nymphes
d’Artémis et, comme elles, se voua à la chasse et à la chasteté.
Elle aurait pu vivre en paix dans la forêt si Zeus ne s’était
entiché de ses formes splendides. A son corps défendant,
la jeune fille dut céder à ses
assiduités. Quelques mois plus
tard, s’apercevant de l’état dans
lequel l’avait mise son divin
amant, les nymphes la chassèrent
de leur groupe. Cachée dans les
bois, Callisto mit au monde
un fils, Arcas. Héra, la très
jalouse épouse de Zeus, entra
alors dans une fureur noire. Se
chargeant personnellement du
châtiment de la trop jolie exnymphe, elle la transforma en
ourse. Des années plus tard, le
pauvre animal errant dans la
forêt vit son fils. Oubliant son
apparence, Callisto se précipita vers lui pour le serrer dans
ses pattes. Arcas brandit son javelot mais Zeus escamota
l’animal. Callisto fut placée parmi les étoiles. Son fils la
rejoignit plus tard sous les traits de la Petite Ourse, copie
miniature de sa mère. Voyant que sa rivale échappait au sort
qu’elle lui avait concocté, la rancunière Héra alla plaider sa
cause auprès du dieu de la mer, Poséidon, qu’elle persuada
de ne pas recevoir en son sein sa rivale. Depuis, la Grande
Ourse tourne autour du pôle nord sans jamais pouvoir se
coucher dans les eaux de l’océan.
De tout temps, cette constellation a indiqué le nord. En grec,
ourse se disait « arktos », mot qui nous a donné arctique,
direction de la constellation de la Grande Ourse.Les
Romains voyaient sept bœufs de battage tournant autour du
pôle nord céleste comme les bœufs tournent pour battre le
blé. En latin, sept bœufs se disait « septem triones », ce qui
nous a donné septentrion, terme que nous avons gardé pour
désigner le nord.
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Pour les Arabes, la Grande Ourse est constituée de trois
pleureuses précédant un cercueil. Les Européens voient
plutôt une grande casserole constituée par les sept étoiles
les plus brillantes. On l’appelle aussi le Grand Chariot.
Cette constellation est très utile pour nous repérer dans
le ciel. Imaginons que cette casserole renferme de l’eau
bouillante. En repérant les étoiles Merak et Dubhe appelées
les « Gardes », reportons cinq fois la distance apparente
de ces deux étoiles dans le sens de la vapeur d’eau, nous
tombons approximativement sur l’étoile Polaire qui est
très proche du pôle nord céleste. En abaissant une verticale
depuis l’étoile Polaire, on obtient la direction du nord
géographique et le tour est joué…
Sa superficie de 1 280 degrés-carré la place au troisième rang
des plus grandes constellations d’après le «découpage» du
ciel en 88 constellations réalisé par l’Union Astronomique
Internationale en 1930. Sa distance est en moyenne de 80
années-lumière, son diamètre
de 30 années-lumière : une
année-lumière (en abrégé a.l.)
est la distance parcourue par
la lumière en une année, soit
approximativement 10 000
milliards de km. Cinq étoiles
du Chariot constituent un
amas mobile, c’est-à-dire
un ensemble d’étoiles nées
dans le même nuage de gaz.
Cet amas se dirige vers la
constellation du Sagittaire à
la vitesse de 14 km/s .
Parmi les étoiles du Grand
Chariot, on peut en remarquer
trois, vraiment particulières :
• Alcor et Mizar
Célèbre couple d’étoiles, elles apparaissent très proches
l’une de l’autre : du temps de Charles Quint, les distinguer
l’une de l’autre constituait un test visuel pour devenir
archer du roi. Mais ces deux étoiles ne sont pas liées par la
gravité : Mizar est située 78 a.l et Alcor à 81 a.l. Mizar est
un système de 4 étoiles et Alcor une étoile double.
• Alioth
Située à 82 a.l., Alioth est une supergéante bleue, trois
fois plus grande que le Soleil. Etoile la plus brillante de
la Grande Ourse, elle brille cent fois plus que le Soleil.
Comme ses voisines Alcor, Mizar, Merak, Megrez ou
Phecda, Alioth. Celles-ci sont toutes issues d’une même
nébuleuse et sont nées il y a quelques centaines de millions
d’années seulement. De quoi donner encore plus de charme
au mythe de la Grande Ourse !
(voir les illustrations page suivante)
Page 7
Les conférences du club
La constellation de la Grande Ourse (suite)
Quelques perles de la plus familère des constellations...
M81 et M82
Découverte par Johann Elert Bode et distante de 11
millions a.l., cette galaxie spirale sera répertoriée par
Charles Messier sous la référence M81. C’est un ensemble
de près de mille milliards d’étoiles possédant dans ses bras
des étoiles jeunes. A proximité, la galaxie du Cigare, M82,
est irrégulière avec un noyau révélant de violentes activités
stellaires : c’est la plus brillante du ciel en rayonnement
infrarouge. Ces deux galaxies se sont rapprochées l’une
de l’autre il y a quelques dizaines de millions d’années.
On peut constater que les bras spiraux extérieurs de M81
ont été déformés par la galaxie M82. Un pont de gaz et de
poussière reliant ces deux galaxies a même été détecté en
ondes radios.
M81
M82
M109
A 55 millions a.l., la galaxie M 109 possède un noyau
central étiré : c’est une « spirale barrée ». Elle fait partie
d’un groupement géant de galaxies.
M51
Elles ne sont pas dans la Grande Ourse, mais juste à côté,
dans la constellation des Chiens de Chasse, et elles sont
si belles ! La galaxie Whirlpool, alias M51, située à 37
millions a.l., est en interaction avec une petite galaxie
irrégulière .
En 1996 le télescope spatial Hubble a pris cette photo
exceptionnelle, « Hubble Deep Field », d’une région située
dans la Grande Ourse. L’image (dont on ne voit ici qu’un
tiers environ) montre plus de 2.500 galaxies situées à
plusieurs milliards d’années-lumière.
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Page 8
Le ciel de printemps
Ephémérides de février et mars 2006 par Jacques Dhenaut
Levers/couchers des astres en temps universel (pour l’heure locale, ajouter 1 heure jusqu’au 25 mars, 2 ensuite) :
Date
SOLEIL
(vendredis)
LUNE
MERCURE VENUS
MARS
JUPITER SATURNE URANUS NEPTUNE
17 février
7h57/18h14 22h57/9h21
8h30/19h42
5h36/15h11 10h58/2h44
1h22/10h55
15h58/7h16
8h25/19h13
7h34/17h12
24 février
7h44/18h25 6h02/13h22
8h11/20h08
5h32/15h05 10h51/2h40
0h52/10h28
15h28/06h48
7h58/18h48
7h07/16h46
3 mars
7h31/18h36 8h52/23h37
7h41/20h0
5h19/14h53 10h25/2h27
0h25/10h01
14h58/6h19
7h32/18h23
6h40/16h20
10 mars
7h17/18h47 13h58/5h51
7h03/19h11
5h13/14h51 10h10/2h19
23h57/9h34
14h29/5h51
7h05/17h57
6h13/15h53
17 mars
7h02/18h58 21h58/7h43
6h28/18h06
5h08/14h53
9h56/2h11
23h28/9h06
14h00/5h22
6h38/17h32
5h46/15h27
24 mars
6h48/19h08 4h42/12h20
6h04/17h17
5h02/14h59
9h43/2h03
22h59/8h37
13h31/4h54
6h11/17h06
5h19/15h01
31 mars
7h33/20h19 8h13/23h31
6h48/17h55
5h55/16h07 10h30/2h55
23h28/9h09
14h03/5h26
6h45/17h41
5h52/15h34
Les événements du mois de février
Février
Le 18 : L’étoile Spica de la Vierge est à 12’ du pôle nord de la Lune vers 7 h.
Le 20 : Au matin, Jupiter brille au-dessus d’une Lune faiblement gibbeuse.
Le 21 : Le soir, jusqu’à la fin du mois, cherchez à l’ouest le cône diffus de la lumière zodiacale.
Le 24 : Plus grande élongation de Mercure le soir. Très bonnes conditions de visibilité entre le 20 et le 28.
Mars
Le 5 : Le diamètre de Jupiter atteint 40’’. Début des observations intéressantes. Conjonction Pléïades-Lune.
Le 6 : Le premier quartier de Lune, haut dans le ciel, se prête à des observations détaillées au télescope.
Le 10 : Conjonction Lune-Saturne-M44 en début de nuit.
Le 15 : Après 4 h, Ganymède passe sur le disque jovien en même temps que Io et son ombre.
Le 22 : A partir de 2 h 35 et pendant près de 2 heures, Ganymède projette son ombre sur Jupiter.
Le 26 : Lune, Mars et Neptune sont en conjonction. Passage à l’heure d’été.
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Le 18 février au petit matin (7 h 00), Spica,
l’étoile la plus brillante de la constellation
de la Vierge
(d’où son autre nom, Alpha-Virginis)
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passera à douze minutes
d’arc
du pôle
nord
de
la
Lune.
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Le matin du 20
février, Jupiter
rend visite à la
Lune, faiblement
gibbeuse
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Mecure atteint
sa plus
grande élongation le
soir du 24 février
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Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet
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Page 9
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Les événements du mois de mars
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Le 10 mars, en début de nuit,
la Lune s’approche de Saturne,
bien visible dans le Cancer.
Juste à��côté de la planète
aux anneaux (à l’intérieur du
cercle sur l’image), se trouve
M44, l’amas de la Crèche,
de ce fait facile à repérer
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durant
cette période
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Le 15 mars, à partir de3 heures
du matin, Io et Ganymède
jouent devant Jupiter
sous l’œil d’Europe,
apparemment presque
immobile. Au télescope,
il peut sembler qu’un troisième
larron se joint aux deux
joueurs mais ce n’est que
l’ombre de Io glissant
sur la planète géante
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Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet
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Au matin du 26 mars,
nous sommes���passés
en heure d’été.
A 6 heures d’hier,
il est déjà 7 heures
d’aujourd’hui.�����
Au ras de l’horizon,
le fin croissant lunaire
s’approche de Vénus.
Entre les deux,
Neptune se noit dans
les lumières de l’aube
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