Gazette n°24 - AstroBREUILLET
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Gazette n°24 - AstroBREUILLET
Club d'Astronomie de Breuillet Breuillet http://astrobreuillet.free.fr La Gaz Gazette n° 24 du 1er février 2006 Sommaire • Éditorial ........................... p. 1 • La vie du club .................. p. 2 • Les images du trimestre .. p. 4 • Les conférences du club .. p. 5 • Les éphémérides .............. p. 9 Revivez la bataille de Buthiers ! p. 2 Des images exceptionnelles p. 4 «Je ne suis pas un spécialiste de cette question, mais...». Modeste, Claude, notre astronome, commençait souvent ainsi ses brillantes explications, dont nous étions friands... C Des plafonds très astronomiques p. 5 Balade dans la Grande Ourse. Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet p. 7 Éditorial La perte d’un ami … laude Ghesquière est décédé en octobre 2005. Je me fais, en ce début d’année, le porte-parole des cent membres du Club d’Astronomie de Breuillet pour regretter le départ de notre ami Claude et souhaiter à tous ses proches le courage d’affronter ce deuil. La discipline que nous partageons nous place constamment devant le silence des espaces infinis et nous habitue à élever nos regards au-delà du visible et de l’immédiat. Nous sommes peut-être mieux préparés à faire face aux grandes questions et aux mystères, mais nous avons tendance à rationaliser et canaliser les énigmes. Nous savons que tout est appelé à évoluer et donc à disparaître après un petit tour dans ce monde matériel. L’astronomie nous rapproche des grandes questions philosophiques, mais ne nous apporte aucune certitude et ne nous dit rien sur ce que nous faisons ici. Profitons de la vie pendant que nous pouvons le faire. Ce n’est rien, tu es juste derrière la porte, écoute, nous parlons de toi, nous sommes encore à t’écouter nous parler de l’arc-en-ciel... Jean-Antoine Bloc-Daudé Page 1 Président d’honneur : M. Claude GHESQUIÈRE Président : M. Jean-Antoine BLOC-DAUDÉ 21, hameau de la Goélette 91650 Breuillet Tél. : 01 64 58 50 68 / portable 06 07 18 24 09 e-mail : [email protected] Vice-Président : M. Christophe GHESQUIÈRE 22, rue Elysée Reclus 91120 Palaiseau Tél. : 01 60 14 80 45 e-mail : [email protected] Secrétaire : Mlle Dominique MARCHAIS 15, impasse des Petits Sels 91650 Breuillet Tél. : 01 64 58 93 83 / portable : 06 66 43 74 44 e-mail : [email protected] Secrétaire-adjoint : M. Jean-François D’ALBERTO 24, hameau de la Gondole 91650 Breuillet Tél. : 01 64 58 67 95 / portable 06 88 06 22 03 e-mail : [email protected] Trésorier : M. Philippe GOURGEOT 23, rue des Berges 91650 Breuillet Tél. : 01 64 58 62 75 / portable : 06 72 06 01 81 e-mail : [email protected] Trésorier-adjoint : M. Olivier RIANT 15, impasse des Petits Sels 91650 Breuillet Tél. : 01 64 58 93 83 e-mail : [email protected] La vie du club Gazette : M. Jean-Luc GOUDET 44, rue du Docteur Louis Babin 91180 Saint-Germain-lès-Arpajon Tél. : 01 64 90 14 38 e-mail : [email protected] Relations extérieures : Mme Martine GOURGEOT 23, rue des Berges 91650 Breuillet Tél. : 01 64 58 62 75 / portable : 06 68 20 11 38 e-mail : [email protected] M. Jean-Claude PIGNOUX 51, hameau de la Goélette 91650 Breuillet Tél. : 06 85 60 92 37 e-mail : [email protected] Soutien logistique : M. Thierry PRE 25, hameau de la Gondole 91650 Breuillet Tél : 08 70 74 71 18 e-mail : [email protected] Etudes et prospectives : M. Frank LEHOT 1, rue de Bourgogne 91380 Chilly-Mazarin Tél. : 01 60 49 29 75 / portable 06 07 72 32 46 e-mail : [email protected] Ateliers Observations : • M. Olivier RIANT (voir coordonnées ci-contre) • Mme Christine BREISTROFFER 7, rue du général Delestraint 91290 Arpajon Tél. : 01 64 90 27 21 e-mail : [email protected] • M. Jean-François D’ALBERTO (voir coordonnées ci-contre) • M. Christophe GHESQUIÈRE (voir coordonnées ci-contre) • M. Cyril GOURGEOT 71, avenue de Verdun 91209 Arpajon Tél. : 01 64 90 10 71 / portable 06 70 81 13 65 e-mail : [email protected] Ephémérides et ciel du soir : • M. Jacques WALLIANG 12, rue du Clos du Caprice 14123 Cormelles-le-Royal Tél. : 02 31 34 65 99 e-mail : [email protected] • M. Jacques DHENAUT 15, rue des Capucines 91630 Marolles Tél. : 01 64 56 89 31 e-mail : [email protected] Site Internet : M. Didier WALLIANG 25, rue du 17 Novembre 25350 Mandeure Tél. : 06 77 41 61 95 e-mail : [email protected] Plus d’infos ? http://astrobreuillet.free.fr/animateurs.php Les rendez-vous du trimestre Conférences les vendredis, à 20h30, salle des Larris : 10 mars : L’astronomie maya et aztèque, Jean-Antoine Bloc-Daudé 7 avril : Le retour de l’Homme sur la Lune, par Frank Léhot et Jean-Luc Goudet 9 juin : William et Caroline Herschel, par Florian Gourgeot Ateliers les vendredis, à 20h30, au PAJ: 24 février, 24 mars, 28 avril Sorties : Nuit à l’observatoire de Buthiers, samedi 4 mars Ciel d’Austerlitz à Buthiers En décembre, à l’observatoire de Buthiers et malgré une météo décourageante, un commando est parti à l’assaut de la voûte céleste armé du télescope de 600 mm. Récompense d’une victoire méritée : Orion comme beaucoup ne l’avait jamais vue. Colonel d’Alberto L e vendredi 2 décembre 2005, bicentenaire de la bataille d’Austerlitz, le Club d’astronomie de Breuillet a enfin gagné la bataille de Buthiers. Cela faisait au moins trois fois que nous étions rentrés vaincus de cet endroit maudit, les problèmes techniques et les intempéries nous ayant toujours fait battre en retraite après quelques heures. Pourtant ce jour-là, partant sous des trombes d’eau, nous étions près de la Bérézina. De plus, peu de courageux avaient osé nous suivre dans cette campagne. Mêmes les maréchaux Gourgeot et Ghesquière nous avaient lâchement abandonnés. La pluie nous a accueillis, cela tombait comme à Gravelotte. Qu’était-on venu faire dans cet enfer… Trahis par l’artillerie lourde Dès la première accalmie nous avons mis en batterie notre grosse Bertha, le 600 mm, mais comme il en a l’habitude, il s’est enraillé dès la première salve sur Mars (pourtant Dieu de la guerre). Tandis que notre force de frappe s’enlisait avec un fusible grillé et un embrayage qui patinait, nous sommes montés à l’assaut de la plateforme et, grâce aux modestes jumelles du club, nous avons pris Andromède, puis le double amas de Persée. Tandis que Mars ricanait bêtement, le LX 90 fut mis en batterie, et, malgré les obus qui tombaient et qui faisaient vibrer la plateforme, Mars Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet Cellule de crise au camp retranché de Buthiers... a été pris. Mais les nuages revenait et il fallut battre en retraite et rentrer aux abris. Cela sentait la défaite. L’empereur Bloc-Daudé 1er s’était réfugié dans le bunker. Il se vengeait, comme d’habitude, sur le saucisson et le gros rouge (1). La bataille semblait bien définitivement perdue... Suite page 3 (1) Nous tenons à mettre en garde les lecteurs de la Gazette sur le fait que l’équipe rédactionnelle n’est en aucun cas responsable du contenu des articles qui lui sont transmis. Page 2 La vie du club Orion verte de rage Mais que sommes-nous venus faire dans cette galère ? C’est durant ce moment de profond désespoir que le général Riant entra en criant « l’artillerie est réparée et les nuages reculent ». C’était inespéré ! Tout le monde s’est remis en disposition de combat, l’empereur a abandonné son litron et il est monté en tourelle avec le général Marchais. Entre deux passages de nuages, Mars a été pris en embuscade sous le double feu du 600 et du C8. Mais l’ennemi lança sa dernière grande unité de la bataille Orion. Les photons furent sans pitié et ce fut le plus beau coup d’éclat de la soirée. Quant au caporal Goudet, il a fait son rapport, comme d’habitude, en disant Ce soir-là, pour les que la tambouille n’était pas courageux astronomes, bonne et ensuite il a lâchement Orion avait abandonné Marchais et Riant mis sa robe verte. aux corvées (2). Mais au cours du dernier conseil de guerre du bureau, il a été condamné à être le responsable de la Gazette. L’histoire retiendra que Buthiers n’est pas une forteresse imprenable et ainsi que la couardise des deux maréchaux cités précédemment. Après cela, j’espère que l’on ne me chargera plus d’écrire dans cette Gazette de « mot de Cambronne ». (2) Le Tribunal militaire a été saisi pour diffamation par le caporal en question. Le colonel d’Alberto risque une rétrogradation au rang de sergent et une affectation aux épluchures. Avec la rage de vaincre et l’énergie du désespoir, l’équipe s’attaque au 600 mm coincé, sous les directives de l’officier de transmission Olivier Riant, en contact par ordinateur interposé avec un tacticien installé loin derrière la ligne de front. Notons au passage que le nombre de combattants visibles sur cette photographie invalide en grande partie la thèse simplificatrice développée par l’auteur de l’article. Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet Page 3 La vie du club Les images du trimestre Quelques très belles images réalisées par deux vétérans du club, Olivier Riant et Marc Ricordeau... Par hasard ! Une protubérance solaire 4 fois plus haute que le diamètre de la Terre et soudain un intrus... (23 octobre 2005) PST Coronado et appareil photo Coolpix 4300 O. Riant Vénus est à moins de 2,5° de la Lune (5 novembre 2005) Appareil photo Coolpix 4300 O. Riant Jupiter et sa tache rouge Celestron C9.25 (D235 mm, F/D= 10) et webcam Toocam Pro 1 Philips. Traitements d’images avec les logiciels Prism et Iris M. Ricordeau Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet IC5146 : nébuleuse du Cocon Constellation du Cygne (27 octobre 2005) Caméra CCD Audine au foyer Meade SC, (D 203 mm, F/D = 6,3) Composition de 15 clichés de 30 secondes chacun, traitement par le logiciel Iris O. Riant M27 : Dumbbell, nébuleuse de l’Haltère Constellation du Renard (27 octobre. 2005) Caméra CCD Audine au foyer Meade SC (D 203 mm, F/D = 6,3) Composition de 30 clichés de 60 secondes, traitement par le logiciel Iris O. Riant Mars, le 22 septembre 2005 Même équipement que pour la photo de Jupiter, ci-contre à gauche. M. Ricordeau Page 4 Les conférences du club L’astronomie égyptienne Jacques Dhenaut Des étoiles numérotées pour construire un calendrier divisé jusqu’aux heures : l’astronomie des Egyptiens, indispensable aux agriculteurs et aux momies dans leur sarcophage, commence seulement à être décryptée. S ur certains sarcophages et quelques textes très anciens, datant de 3800 ans à 1500 ans avant JésusChrist, figurent des inscriptions dont on a pu comprendre la nature : ce sont des horloges stellaires. Douze ont été trouvées sur les couvercles de sarcophages. Ces véritables calendriers utilisent certaines étoiles quand elles se lèvent en même temps que le Soleil. On parle de lever héliaque. Les «astro-égyptologues» ont entrepris un long travail de décryptage, de quoi mieux connaître les étoiles répertoriées par les Egyptiens et les constellations qu’ils avait décrites. L’étude de ces incriptions a permis de reconstituer l’ancien calendrier égyptien mis en place entre 2800 et 2700 avant notre ère (voir la Gazette n° 17). L’origine de nos 24 heures et de nos douze mois La journée des Egyptiens comptait 24 heures. L’année comportait 365 jours et se divisait en trois grandes saisons : • Akhet : la saison de l’inondation du Nil, • Peret : la période des semailles, • Chemou : le temps des récoltes. L’année commençait le premier jour de la saison Akhet, pendant notre actuel mois de juillet, quand l’étoile la plus brillante du ciel, Sirius pour nous, Soped pour les Egyptiens, offrait son lever héliaque. Chaque saison comprenait quatre mois, soit douze mois pour l’année. Chacun était divisé en trois décades de dix jours. A ce total de 360 jours, les Egyptiens ajoutaient cinq Figure 1 Quelques constellations égyptiennes du ciel du nord. Meskhetiu, le taureau, correspond à notre Grande Ourse. Le Dragon s’appelait alors Sa-mut et se représentait par la chevauchée improbable d’un hippopotame par un crocodile. jours appelés heryou-renpet, que les Grecs rebaptiseront épagomènes. Un calendrier trop vagabond Mais avec cette année de 365 jours, le calendrier vagabondait : tous les quatre ans, le jour de l’An survenait un jour plus tôt et une décade plus tôt tous les 40 ans. Il fallait donc régulièrement repositionner tous les décans. Devant l’ampleur de cette tâche, ce système fut supplanté par un autre basé sur l’observation des culminations successives des décans dans le méridien du lieu. Il est maintenant visible sur les plafonds de certaines tombes. Ce sont les plafonds astronomiques (voir la figure 2). On a retrouvé la description du cycle complet de ces étoiles Figure 2 Sur ce fragment de fresque (image 1), Nout, la déesse du ciel voisine une patte de bovidé ornée de 7 étoiles, définissant les contours visibles de notre Grande Ourse, Meskhetiu chez les anciens Egyptiens. Les égyptologues ont reconnu, à droite, l’image d’Orion représenté par le terme « Sah » (écrit à l’aide de trois orteils) et Sirius, appelé Soped, mot 1 écrit à l’aide d’un triangle. A partir de cette imagerie , les égyptologues ont pu reconstituer ce diagramme stellaire (image 2). Les lignes horizontale et verticale indiquent les endroits où, sur l’imagerie, se trouvent des bandes d’inscriptions. Le tout forme un tableau de 40 colonnes de 12 lignes. Sur la ligne horizontale supérieure sont indiquées les trois saisons. Les 36 premières colonnes correspondent à 2 l’année ronde de 360 jours : les colonnes 1 à 12 se réfèrent aux 12 décades de la première saison, les colonnes 13 à 24 à la seconde saison et les colonnes 25 à 36 à la troisième. Aux cinq jours situés au-delà de l’année ronde, heryou-renpet pour les Egyptiens, épagomènes pour les Grecs, semblent correspondre les quatre dernières colonnes 37 à 40. Chaque ligne de ce tableau se réfère à une heure de la nuit. Sur les couvercles des sarcophages, ce sont des cases au sein desquelles figure l’appellation hiéroglyphique d’une étoile ou d’un groupe d’étoiles. Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet Page 5 Les conférences du club L’astronomie égyptienne (suite) décanales, qui balisent le calendrier égyptien : - 8 décades, soit 80 jours, s’écoulent entre l’instant auquel un décan revient dans les lueurs de l’aube et celui où sa culmination dans le méridien du lieu commence à indiquer la douzième heure de nuit. - Durant les 12 décades suivantes (120 jours), l’instant de culmination d’une même étoile indiquera une heure toujours plus tôt de la nuit. - 9 décades, soit 90 jours après qu’elle ait pour la dernière fois indiqué par sa culmination supérieure, la première de nuit, l’étoile disparaît dans la douat (le monde de la nuit) où elle demeurera 70 jours. Le cycle complet d’une étoile dure donc 80 + 120 + 90 + 70 = 360 jours, qui l’année ronde égyptienne. Problème : il manque les cinq jours épagomènes... LES SOURCES Karine Gadré, astrophysicienne et rarissime spécialiste française de l’astronomie égyptienne, est doctorante associée au Laboratoire d’astrophysique de l’observatoire Midi-Pyrénées et membre de la commission « Histoire des sciences » de la Société française de physique. Ses travaux, toujours en cours, ont nourri cette conférence ainsi que les propres recherches du présentateur. POUR EN SAVOIR PLUS • Le site de Karine Gadré : www.culturediff.org • Le ciel des Egyptiens in Ciel et Espace, juillet 2003, n° 398 • Le ciel de l’Egypte ancienne, les horloges stellaires, Jacques Dhenaut, in La Gazette, avril 2004, n° 17 Figure 3 Plafond astronomique trouvé dans la tombe de Semnout, architecte au service de la reine Hatchepsout, au quinzième siècle avant JC. On remarque que les douze roues (parce que douze mois ?) contiennent 24 rayons (parce que 24 heures dans la journée ?). Dans la partie supérieure figure la marche des planètes. 1 2 3 Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet Figure 4 Comment les Egyptiens représentaient-ils les planètes ? On en sait peu de choses. Ces trois gravures en donnent une idée (l’image 2 est un détail de la fresque représentée figure 3). Réduit à l’état de signe cabalistique, Mercure s’appelle Sebeg et est lié au dieu Seth. Vénus, figurée par un héron, est rattachée au dieu Osiris. Mars, Jupiter et Saturne apparaissent sous les traits d’un homme à tête de faucon, Horus, surmonté d’une étoile. Mars est parfois absente des gravures (c’est le cas sur l’image 2). Page 6 Les conférences du club La constellation de la Grande Ourse Philippe GOURGEOT Entre son histoire réinventée par plusieurs civilisations et les galaxies qu’elle recèle, la Grande Ourse , même si elle est familière, a beaucoup de choses à nous raconter. A lias Ursa Major (UMa), la Grande Ourse est incontestablement la constellation la plus connue de l’hémisphère nord. C’est au printemps qu’elle est la plus observable mais on la repère toute l’année. Ses sept étoiles les plus brillantes ont dessiné la silhouette la plus remarquable et la plus facile à identifier dans le ciel. La Grande Ourse est circumpolaire à nos latitudes, c’est-à-dire qu’elle est visible à tout moment de l’année. Elle a suscité de nombreuses légendes depuis la nuit des temps. Pour les Grecs, la Grande Ourse se confond avec le triste destin de la nymphe Callisto. Fille de Lycaon, roi d’Arcadie, elle ne supporta pas qu’un Zeus horrifié transforme son père en loup parce qu’il lui avait servi de la chair humaine. Elle chercha refuge auprès des nymphes d’Artémis et, comme elles, se voua à la chasse et à la chasteté. Elle aurait pu vivre en paix dans la forêt si Zeus ne s’était entiché de ses formes splendides. A son corps défendant, la jeune fille dut céder à ses assiduités. Quelques mois plus tard, s’apercevant de l’état dans lequel l’avait mise son divin amant, les nymphes la chassèrent de leur groupe. Cachée dans les bois, Callisto mit au monde un fils, Arcas. Héra, la très jalouse épouse de Zeus, entra alors dans une fureur noire. Se chargeant personnellement du châtiment de la trop jolie exnymphe, elle la transforma en ourse. Des années plus tard, le pauvre animal errant dans la forêt vit son fils. Oubliant son apparence, Callisto se précipita vers lui pour le serrer dans ses pattes. Arcas brandit son javelot mais Zeus escamota l’animal. Callisto fut placée parmi les étoiles. Son fils la rejoignit plus tard sous les traits de la Petite Ourse, copie miniature de sa mère. Voyant que sa rivale échappait au sort qu’elle lui avait concocté, la rancunière Héra alla plaider sa cause auprès du dieu de la mer, Poséidon, qu’elle persuada de ne pas recevoir en son sein sa rivale. Depuis, la Grande Ourse tourne autour du pôle nord sans jamais pouvoir se coucher dans les eaux de l’océan. De tout temps, cette constellation a indiqué le nord. En grec, ourse se disait « arktos », mot qui nous a donné arctique, direction de la constellation de la Grande Ourse.Les Romains voyaient sept bœufs de battage tournant autour du pôle nord céleste comme les bœufs tournent pour battre le blé. En latin, sept bœufs se disait « septem triones », ce qui nous a donné septentrion, terme que nous avons gardé pour désigner le nord. Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet Pour les Arabes, la Grande Ourse est constituée de trois pleureuses précédant un cercueil. Les Européens voient plutôt une grande casserole constituée par les sept étoiles les plus brillantes. On l’appelle aussi le Grand Chariot. Cette constellation est très utile pour nous repérer dans le ciel. Imaginons que cette casserole renferme de l’eau bouillante. En repérant les étoiles Merak et Dubhe appelées les « Gardes », reportons cinq fois la distance apparente de ces deux étoiles dans le sens de la vapeur d’eau, nous tombons approximativement sur l’étoile Polaire qui est très proche du pôle nord céleste. En abaissant une verticale depuis l’étoile Polaire, on obtient la direction du nord géographique et le tour est joué… Sa superficie de 1 280 degrés-carré la place au troisième rang des plus grandes constellations d’après le «découpage» du ciel en 88 constellations réalisé par l’Union Astronomique Internationale en 1930. Sa distance est en moyenne de 80 années-lumière, son diamètre de 30 années-lumière : une année-lumière (en abrégé a.l.) est la distance parcourue par la lumière en une année, soit approximativement 10 000 milliards de km. Cinq étoiles du Chariot constituent un amas mobile, c’est-à-dire un ensemble d’étoiles nées dans le même nuage de gaz. Cet amas se dirige vers la constellation du Sagittaire à la vitesse de 14 km/s . Parmi les étoiles du Grand Chariot, on peut en remarquer trois, vraiment particulières : • Alcor et Mizar Célèbre couple d’étoiles, elles apparaissent très proches l’une de l’autre : du temps de Charles Quint, les distinguer l’une de l’autre constituait un test visuel pour devenir archer du roi. Mais ces deux étoiles ne sont pas liées par la gravité : Mizar est située 78 a.l et Alcor à 81 a.l. Mizar est un système de 4 étoiles et Alcor une étoile double. • Alioth Située à 82 a.l., Alioth est une supergéante bleue, trois fois plus grande que le Soleil. Etoile la plus brillante de la Grande Ourse, elle brille cent fois plus que le Soleil. Comme ses voisines Alcor, Mizar, Merak, Megrez ou Phecda, Alioth. Celles-ci sont toutes issues d’une même nébuleuse et sont nées il y a quelques centaines de millions d’années seulement. De quoi donner encore plus de charme au mythe de la Grande Ourse ! (voir les illustrations page suivante) Page 7 Les conférences du club La constellation de la Grande Ourse (suite) Quelques perles de la plus familère des constellations... M81 et M82 Découverte par Johann Elert Bode et distante de 11 millions a.l., cette galaxie spirale sera répertoriée par Charles Messier sous la référence M81. C’est un ensemble de près de mille milliards d’étoiles possédant dans ses bras des étoiles jeunes. A proximité, la galaxie du Cigare, M82, est irrégulière avec un noyau révélant de violentes activités stellaires : c’est la plus brillante du ciel en rayonnement infrarouge. Ces deux galaxies se sont rapprochées l’une de l’autre il y a quelques dizaines de millions d’années. On peut constater que les bras spiraux extérieurs de M81 ont été déformés par la galaxie M82. Un pont de gaz et de poussière reliant ces deux galaxies a même été détecté en ondes radios. M81 M82 M109 A 55 millions a.l., la galaxie M 109 possède un noyau central étiré : c’est une « spirale barrée ». Elle fait partie d’un groupement géant de galaxies. M51 Elles ne sont pas dans la Grande Ourse, mais juste à côté, dans la constellation des Chiens de Chasse, et elles sont si belles ! La galaxie Whirlpool, alias M51, située à 37 millions a.l., est en interaction avec une petite galaxie irrégulière . En 1996 le télescope spatial Hubble a pris cette photo exceptionnelle, « Hubble Deep Field », d’une région située dans la Grande Ourse. L’image (dont on ne voit ici qu’un tiers environ) montre plus de 2.500 galaxies situées à plusieurs milliards d’années-lumière. Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet Page 8 Le ciel de printemps Ephémérides de février et mars 2006 par Jacques Dhenaut Levers/couchers des astres en temps universel (pour l’heure locale, ajouter 1 heure jusqu’au 25 mars, 2 ensuite) : Date SOLEIL (vendredis) LUNE MERCURE VENUS MARS JUPITER SATURNE URANUS NEPTUNE 17 février 7h57/18h14 22h57/9h21 8h30/19h42 5h36/15h11 10h58/2h44 1h22/10h55 15h58/7h16 8h25/19h13 7h34/17h12 24 février 7h44/18h25 6h02/13h22 8h11/20h08 5h32/15h05 10h51/2h40 0h52/10h28 15h28/06h48 7h58/18h48 7h07/16h46 3 mars 7h31/18h36 8h52/23h37 7h41/20h0 5h19/14h53 10h25/2h27 0h25/10h01 14h58/6h19 7h32/18h23 6h40/16h20 10 mars 7h17/18h47 13h58/5h51 7h03/19h11 5h13/14h51 10h10/2h19 23h57/9h34 14h29/5h51 7h05/17h57 6h13/15h53 17 mars 7h02/18h58 21h58/7h43 6h28/18h06 5h08/14h53 9h56/2h11 23h28/9h06 14h00/5h22 6h38/17h32 5h46/15h27 24 mars 6h48/19h08 4h42/12h20 6h04/17h17 5h02/14h59 9h43/2h03 22h59/8h37 13h31/4h54 6h11/17h06 5h19/15h01 31 mars 7h33/20h19 8h13/23h31 6h48/17h55 5h55/16h07 10h30/2h55 23h28/9h09 14h03/5h26 6h45/17h41 5h52/15h34 Les événements du mois de février Février Le 18 : L’étoile Spica de la Vierge est à 12’ du pôle nord de la Lune vers 7 h. Le 20 : Au matin, Jupiter brille au-dessus d’une Lune faiblement gibbeuse. Le 21 : Le soir, jusqu’à la fin du mois, cherchez à l’ouest le cône diffus de la lumière zodiacale. Le 24 : Plus grande élongation de Mercure le soir. Très bonnes conditions de visibilité entre le 20 et le 28. Mars Le 5 : Le diamètre de Jupiter atteint 40’’. Début des observations intéressantes. Conjonction Pléïades-Lune. Le 6 : Le premier quartier de Lune, haut dans le ciel, se prête à des observations détaillées au télescope. Le 10 : Conjonction Lune-Saturne-M44 en début de nuit. Le 15 : Après 4 h, Ganymède passe sur le disque jovien en même temps que Io et son ombre. Le 22 : A partir de 2 h 35 et pendant près de 2 heures, Ganymède projette son ombre sur Jupiter. Le 26 : Lune, Mars et Neptune sont en conjonction. Passage à l’heure d’été. �� �� �� �� ��� ������� �������� ����� ���� �� ��� �� ���� Le 18 février au petit matin (7 h 00), Spica, l’étoile la plus brillante de la constellation de la Vierge (d’où son autre nom, Alpha-Virginis) �� ����� passera à douze minutes d’arc du pôle nord de la Lune. �� ������ �� �� �� � ������� ����� ����� ��� ����� �� �� ������ ����� ���� �� �� ���� ������ �� ���� ����� ����� �� ��� �� �� �� �� ������ ���� ��� ���� �� ����� ��� ������ ������ ��� ��� �� �� �� ������� �� �� ����� ���� ��� ��� � �� �������� ��� �� � �� �� ������� ����� ��� ������� ����� ���� ���� �� ���� �� ������� � ���� ������ ����� ����� Le matin du 20 février, Jupiter rend visite à la Lune, faiblement gibbeuse ��� ��������� ���� ����� ������ ������ �� ����� ������� ����� ����� ���������� �� �� �� ������ ����� ���� ���� ������ ����� ����� ������ ��� ��� ���� ���� �� ���� �� �� ���� ������� ������ ����� ���� �� ��������� ������ ��� ����� Mecure atteint sa plus grande élongation le soir du 24 février ����� Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet ������ Page 9 ������ ���� ������� ������� �� ������ � �� Les événements du mois de mars ��� �� ���� �� �� ��� �������� �� ��� ��� ������� ������� �� ����� ��� �� �� ������ ��� � ������� ������� ���� ����� ������� ������� ��� ��� ��� ����� ����� ������ ������� �� ���� � ���� ����� ������ ������� ���� ������� ���� ������� ����� ��� Le 10 mars, en début de nuit, la Lune s’approche de Saturne, bien visible dans le Cancer. Juste à��côté de la planète aux anneaux (à l’intérieur du cercle sur l’image), se trouve M44, l’amas de la Crèche, de ce fait facile à repérer ����� durant cette période ���� �� � ����� ���� �� �� ����� ���� ��� ������� ������ � ����� ���� �� ��� ����� �� Le 15 mars, à partir de3 heures du matin, Io et Ganymède jouent devant Jupiter sous l’œil d’Europe, apparemment presque immobile. Au télescope, il peut sembler qu’un troisième larron se joint aux deux joueurs mais ce n’est que l’ombre de Io glissant sur la planète géante ����� ������ �������� �� ������ �������� �� ������ �� ������ ������ ����� �� ��� ������� ���� ������ ��� ���������� ��� ����� ����� ���� ������ ������� ����� Gazette du Club d’Astronomie de Breuillet ���� �������� Au matin du 26 mars, nous sommes���passés en heure d’été. A 6 heures d’hier, il est déjà 7 heures d’aujourd’hui.����� Au ras de l’horizon, le fin croissant lunaire s’approche de Vénus. Entre les deux, Neptune se noit dans les lumières de l’aube Page 10