: locale : Page IEP Nicole Gar
Transcription
: locale : Page IEP Nicole Gar
Fondation La Dépêche /IEP [email protected] l’invitée/ Nicole Garcia, actrice, réalisatrice et scénariste [email protected] l’essentiel ▼ «Le cinéma d’auteur doit lutter face au mammouth américain» Nicole Garcia était l’invitée de La Fondation la Dépêche. A L’IEP, l’actrice, réalisatrice et scénariste a répondu aux questions des étudiants, qui ont rendu leur copie avec une interview publiée cidessous. Pensez-vous que le cinéma français soit en crise, et si oui, pourquoi ? Je ne pense pas. Du moins, il est en bonne forme par rapport aux autres cinémas européens. Il bénéficie des aides les salaires sont financés par des sources privées, non par le contribuable. Pour en revenir à la crise, je dirais que le principal danger est celui du « mammouth américain ». En effet, le cinéma d’auteur doit lutter, et le génie pur français se retrouve confronté à un cinéma parfois hystérique, qui ne raconte pas grand chose. Concernant le salaire des acteurs, je dirais qu’il est en partie mérité, puisque le métier d’intermittent est très précaire, et souvent le fruit d’années de galère. Les gens luttent pour que ça marche. On met tout le focus sur des acteurs, qui sont par définition des gens qui travaillent dur. Une grande carrière Nicole Garcia peut être fière de son palmarès, du grand écran, à la télévision, en passant par les planches. L’actrice a joué dans une cinquantaine de films au cinéma et une vingtaine pour le petit écran. Ella a également réalisé huit films et a brillé dans plus de vingt pièces au théâtre. A ce jour elle est la seule personne à avoir été nommée à six Césars différents : celui du meilleur film ; du meilleur réalisateur, du meilleur scénario, de la meilleure actrice, de la meilleure actrice dans un second rôle et celui du meilleur premier film. Comment êtes-vous passée du théâtre au cinéma ? de l’État, qui forment un système très vertueux. Il est vrai qu’aujourd’hui, en France, dix acteurs gagnent plus de 700 000 €. Cependant, la presse a tendance à faire un amalgame dangereux : C’est pendant mon enfance en Algérie que m’est venue la vocation du théâtre. Je me revois, marchant dans la rue avec mon cartable, me disant que je deviendrai comédienne sans même savoir ce que cela impliquait vraiment. Quelque temps après ma sortie du Conservatoire en France, un ami m’a recommandée pour faire un remplacement dans une pièce à Nanterre. Ensuite, j’ai joué à l’Odéon. Pendant tout ce temps, je ne me destinais qu’au théâtre et pas au cinéma, que ce soit en tant qu’actrice ou metteur en LE GROUPE DES ÉTUDIANTS Pour accéder directement au site de la Fondation de la Dépêche du Midi, flashez ce QR-code avec votre téléphone Photo DDM M.Viala scène. D’ailleurs, je ne fais pas de différence entre « comédienne » et « actrice ». Je parle plutôt d’actrice, mais c’est surtout le mot que j’aime. Ce sont des mots qui parlent du jeu. Il y a des rôles au théâtre qui m’ont aidée au cinéma, comme celui de la prostituée à Berlin dans « Tambours de la nuit ». Au théâtre, on fait son chemin, dans les films on cherche à sublimer. Je suis ensuite passée derrière la caméra, le montage de « 15 août » a été une révélation. Après avoir été regardée, j’ai regardé moi-même. Quand on est metteur en scène, il est temps d’être libéré, on n’a plus l’angoisse de l’image que l’on revoie de soi en tant qu’actrice. sonnages, évidemment je ne voulais pas car j’étais la seule à savoir ce qu’il y avait réellement derrière. En revanche, au départ, je ne voulais pas faire de ce film un film sur l’Algérie, mon père l’avait vécu comme un véritable exil, un exode alors que moi je trouvais ça normal, c’était trop proche, mais je me suis laissée convaincre. vers autre chose. La réalisation m’a appris à regarder par moi-même. Quand j’écris le scénario, certains personnages m’appellent à me diriger naturellement vers un acteur. Je n’ai pas vraiment d’acteur fétiche mais j’aime choisir des acteurs stars pour qu’ils se révèlent dans des rôles où on ne les attendait pas forcément, pour les emmener ailleurs. Comment choisissez-vous vos ac- uelle a été votre relation avec Jean Dujardin sur le tournage d’Un Balcon sur la mer ? Quelle implication personnelle mettez-vous dans vos films ? Maud Le Rest, Anaëlle Martin, Alexandra Valat, Nelly Lesage, Anna Ezequel. C’est une part énorme de moimême que j’investis. Par exemple pour « Un balcon sur la mer », j’ai utilisé l’histoire de ma famille, celle des frères de mon père que je ne connaissais pas car ils s’étaient fâchés. On m’a même demandé d’enlever un des per- teurs ? En passant de l’autre côté de la caméra, je n’ai pas voulu me mettre en scène dans mes films. On est toujours acteur pour forcer le regard des gens sur vous. Quand on a épuisé cela, on se tourne J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec lui. Jean a été très ému quand je lui ai montré le film pour la première fois, il avait les larmes aux yeux. Je me sens un peu comme une mère quand je montre le film aux acteurs, comme si je me sentais responsable. C’est un moment assez intense. Nous sommes toujours proches avec Jean, c’est un bon ami. Je pense qu’il a peur de la chute après être arrivé si haut. PARTENARIAT ET CARTE BLANCHE AUX ÉTUDIANTS La Fondation la Dépêche, en partenariat avec l’Institut d’Études Politiques de Toulouse donne tous les mois la parole aux étudiants dans les colonnes de notre journal. À l’initiative de Marie-France Marchand-Baylet, des conférences mensuelles sont organisées avec des personnalités à l’issue desquelles ces « journalistes d’un jour », sous la houlette de Jean-Jacques Rouch, profitent de tribunes libres pour exprimer leur pensée. Jean-Louis Dufour, directeur de l’école supérieure de l’audiovisuel (Esav), Marie-France-Marchand-Baylet, présidente de la Fondation La Dépêche, l’actrice Nicole Garcia, Philippe Rimbault, directeur de l’IEP./Photo DDM M.Viala Dans l’amphi, les étudiants ont pu échanger avec l’invitée de ce mois-ci./ Photo DDM. M.V Mercredi 24 mars 2010 Nord-Est . LA DÉPÊCHE DU MIDI .?