Chapitre 1 Antoine et Léa Il fait plutôt beau ce matin

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Chapitre 1 Antoine et Léa Il fait plutôt beau ce matin
Chapitre 1
Antoine et Léa
Il fait plutôt beau ce matin-là pour un mois
de novembre à Marseille. Léa, petite brunette aux yeux
rieurs et Antoine, son cousin, remontent côte à côte la
rue Saint Ferréol.
Léa a douze ans et demi. Antoine, le casse-cou,
est un peu plus âgé qu’elle, quoiqu’il soit cependant plus
petit. Quelque peu complexé de ne pas avoir grandi
autant que d’autres copains de sa classe, cela ne l’empêche pas d’être très populaire. Antoine a la “tchatche”,
c’est un bon copain, toujours disponible pour écouter
l’un ou l’autre et trouvant toujours une blague pour
détendre l’atmosphère. Ses copains l’ont élu, d’office,
délégué de classe d’un collège du centre ville de
Marseille, il y a quelques semaines.
Léa habite près de chez Antoine. Ils se fréquentent régulièrement depuis l’enfance et ont la chance
cette année d’être dans la même classe au collège. Ils se
donnent rendez-vous chaque matin pour faire ensemble le trajet jusqu’au collège.
C’est l’occasion de raconter les histoires de la
famille, car même si on ne se voit pas souvent, leurs
mères sont toujours au courant des derniers événements familiaux.
Marseille, hiver 43
Marseille, hiver 43
La maman d’Antoine a plusieurs frères et sœurs
auxquels elle est très attachée ; elle trouve toujours une
bonne occasion de les rassembler : anniversaires, fêtes,
bons résultats, gros achats, tout est prétexte pour se réunir
autour d’un repas. Et alors là, il y a de l’ambiance, ça parle
fort, ça crie, ça rigole.
C’est vrai, dans cette famille, entre les grandsparents, les oncles, les tantes, les cousins, il y a toujours
des choses à raconter : une fois, ce sont les déboires de
la cousine Sandrine qui se fiance et se défiance souvent.
Une autre fois, ce sont les informations inédites racontées par le cousin Paul qui travaille à la télévision. Il y a
les plaintes de mamie Jo et les échos de la cousine Julie,
la sportive, de laquelle chacun dit qu’elle ira sûrement
aux jeux olympiques.
Aujourd’hui, c’est de Michaël dont les deux
enfants parlent, un de leurs cousins, étudiant.
- Tu as vu, Michaël va enfin avoir son studio,
annonce Antoine.
- Il doit être content, il a ramé pour l’avoir.
Cela fait au moins trois ans qu’il avait envie d’habiter
seul, mais ses parents n’avaient pas les moyens, répond
Léa.
- C’est top qu’il ait trouvé ce job, comme ça, il
peut enfin avoir son appart.
En effet, Michaël, étudiant en année de licence
en sciences économiques, a décroché, depuis la rentrée,
un petit boulot régulier qu’il peut faire en alternance
avec ses études.
- On va tous l’aider à déménager ce week-end.
Évidemment, les parents de Michaël n’ont pas
voulu qu’il se débrouille avec ses seuls copains, ils ont
donc alerté la famille.
Marseille, hiver 43
Déjà l’oncle Joseph a aménagé dans le petit logement de Michaël, situé près de Castellane dans un vieil
immeuble de la rue de Rome, une kitchenette.
Cet immeuble a dû être très beau, avec sa façade de
pierres blanches encore impressionnante. Mais, à l’intérieur, c’est autre chose.
Michaël habite au 6e étage sans ascenseur. Son
studio est constitué de deux anciennes chambres de
bonne qui ont été rassemblées. L’espace est agréable,
mais pour le déménagement, six étages, ce n’est quand
même pas rien.
Aussi, toute la famille a-t-elle été réquisitionnée,
et Antoine et Léa seront de la partie.
Ce sera dimanche, ce qui arrange tout le monde.
Ensuite, il est prévu d’aller manger la pizza chez Mario
tous ensemble.
à suivre...
Marseille, hiver 43