De roses

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De roses
DE ROSES
Je ne t’ai jamais vue
couler
dans ta lourdeur de fleurs des fleurs arrachées à la dernière pluie
je me noie sur les paupières évadées de toi de moi
dans tes mains tes mains ridées de fins sans frontières
(je cherche encore les éclats de tes doigts
j’attends que tu m’aimes et que je t’aime)
tes mains qui ont fait naître un creux de douleur
tellement que l’univers muet de toi n’est que débris d’anges
dans tes échos
(prends-moi par les yeux par les ciels
prends-moi par tout ce qui n’existe plus en moi)
je ne t’ai jamais vue
mourir
tandis je m’accroche à toi par petits bouts d’enfant
tandis je nais encore dans ton ombre
(j’ai froid de toi j’halète de toi hurle de toi à rebours de toi
viens te fragiliser un peu plus encore au creux de moi)
en ce moment tu es ma destruction de neige
tu es mon année-lumière que le temps a oublié de faire vivre
tu es mon branle-bas de douceur dans l’infinité cassée de mes bras
tu es mon agonie en papier mon agonie de roses
(tu es mon arme de vie)
pour toi j’étais prête à retenir les essoufflements des années
mais voilà que tu t’en vas entre deux bégaiements de soleils
ne devenant qu’une morte-saison entre mes lèvres
mes lèvres de charpentes oubliées mes lèvres de voies lactées sans étoiles
mes lèvres ayant bu les printemps de tes silences
tu es plus que ça tu es toute ma nuit tremblante nuit cachée derrière cette nuit là-bas
une nuit qui gît dans les miroirs vides de mon existence
une nuit sans autre escale que le battement sourd de tes yeux
mais je n’ai plus d’âme pour tes yeux
parce que maman je ne t’ai jamais vue mourir avant ce soir
pourquoi ce soir n’est pas demain
maman pourquoi je n’ai pas commencé à t’aimer hier
LAURENCE BERTRAND
Cégep Garneau
1er prix