Mon Blacky - Arne Sierens

Transcription

Mon Blacky - Arne Sierens
Arne Sierens
Mon Blacky
traduit par Monique Nagielkopf
titre flamand original: Mijn Blackie
personages
MATHIEU
PATRICK
SYLVAIN
JEAN-MARIE
NICO
DANIEL
JOS
MARCEL
MARIE
TANTANNA
(Bruits d'oiseaux. En scène, Blacky.)
I. LE FILS PRODIGUE
“Allegro ma non troppo”
(Quintette à cordes D956)
Schubert
BLACKY
MATHIEU : ( à Blacky ) Où est passé tout le monde?
Sont tous partis. T'es là tout seul?
Hein, le clebs? On s'occupe pas fort de toi, hein?
T'as rien à boire? T'as pas soif?
Comme ça en plein soleil.
Y a pas un brin d'ombre ici.
PATRICK: Fais gaffe! Il mord!
MATHIEU: De quoi?!
PATRICK: (sort et gueule de derrière)
V'là un revenant!!
SYLVAIN
SYLVAIN: Mais nom de dieu, c'est Mathieu!
MATHIEU: Sylvain!
SYLVAIN: Allez, ben dis donc, Mathieu.
Et personne pour me le dire.
Allez mon vieux. Ça fait longtemps que t'es là?
MATHIEU: Bah non. Je viens d'arriver.
SYLVAIN: Marcel, il va tourner maboul.
Ah mais ça alors. (à Patrick) Allez, appelle le Marcel.
Dans la remise.
(PATRICK sort.)
SYLVAIN: Ouais... J'en suis comme deux ronds de flan, tiens,
moi.
Ah mais mon pote, qu'est-ce que t'as grandi.
Bè dis donc! À force de coups de pied au cul, pour sûr?
(PATRICK crie de derrière le mur: "Marcel!")
SYLVAIN: Il va arriver tout de suite, hein. - Comment que ça va?
MATHIEU: Ça va, ça va.
SYLVAIN: (montre sa main)
Je me suis brûlé la main à mon four.
MATHIEU: Comment t'as fait ton compte?
SYLVAIN: Je le connais pas encore bien.
C'est un tout nouveau. Un turbo.
Bon dieu de bon dieu, mon vieux, ça alors, t'es là.
Comment va la maman?
MATHIEU: Bien.
SYLVAIN: Le papa?
MATHIEU: Toujours pareil.
SYLVAIN: Mais ils sont encore ensemble.
MATHIEU: Ouioui.
SYLVAIN: Et tu habites encore à la maison, toi.
MATHIEU: Non, je suis en kot.
SYLVAIN: Ah tu pousses des études?
Ça c'est bien. Ça c'est très bien. Ça c'est bien, ça, hein?
Tu pousses pour être quoi?
MATHIEU: Ingénieur.
SYLVAIN: Ingénieur? Tu vas faire ingénieur?
(Patrick de derrière le mur: "J'le trouve pas!")
SYLVAIN: Dans la remise! - Allez, ingénieur.
MATHIEU: Ingénieur des Travaux Publics.
SYLVAIN: Travaux Publics. Des routes. Des ponts.
Tu vas construire un pont ici?
Et où c'est que t'étudies? À Diegem?!
MATHIEU: À Gand.
SYLVAIN: À Diegem!
Tu vas construire un pont/une digue ici!??
Allez, à Gand. Allez, dis donc.
(Jean-Marie, Nico et Patrick sont là. )
SYLVAIN: Tiens regarde, v'là les trois... Daltons.
- Marcel, il va tourner maboul.
Faut que je retourne à mon fournil. T'encours pas.
On va s'en jeter une derrière la cravate tout de suite.
(Il sort.)
LES DALTONS
JEAN-MARIE: T'es de la ville, toi?
MATHIEU: Oui.
NICO: Voyez-moi ça, de la crapule de la ville.
MATHIEU: Dis, qui s'occupe de ce chien?
JEAN-MARIE: Tout le monde.
PATRICK: Tantanna.
JEAN-MARIE: C'est le cabot du café.
NICO: C'est MON chien.
Il va rien te faire, sais-tu. Sauf si je lui dis.
MATHIEU: Tu ferais mieux d'aller avec chez le docteur.
NICO: Au docteur?!
MATHIEU: Elle est malade, cette bête.
NICO: Qu'est-ce que tu crois? De chopiner, tiens.
Des demis. Des panachés.
PATRICK: C'est qu'il sait picoler, Çui-là.
NICO: Il vaut rien, ce chien. Il est presque foutu.
Ça serait trop con d'y dépenser des sous.
DANIEL: (arrive) Jean-Marie, viens voir.
NICO: Ferait mieux de lui donner une piqûre. C'est moi qui le dis.
(Nico et Patrick sortent.)
MAZDA
DANIEL: (à Jean-Marie)
Où c'est qu'elle est la Mazda? Où c'est qu'elle est la Mazda?
Allez hop, les clefs. Où c'est qu'elle est?
T'es sorti avec, oui ou merde?
Accouche! T'as eu un accident?
JEAN-MARIE: Non.
DANIEL: Ben où c'est qu'elle est alors?
(Patrick derrière le mur: "C'est Ronny qui l'a piquée!")
(Nico derrière le mur: "Dis donc, tu vas la fermer, toi!")
DANIEL: Comment ça Ronny?
JEAN-MARIE: Je voulais pas.
J'ai même pas eu le temps de le voir qu'il était parti avec.
DANIEL: C'est Ronny qui t'a piqué les clefs?!
T'es plus con que le trouduc du canasson du petit Jésus.
et c'était un âne, espèce de veau!
JEAN-MARIE: T'allais quand même partir avec le camion? Alors
quoi.
DANIEL: Je parle d'après le souper, andouille.
(à Jos) J'ai été à Lille avec, hier soir.
JOS: (entré entretemps) Comment que...
DANIEL: Il a dit quand il la ramenait, Ronny?
JEAN-MARIE: J'en sais rien.
DANIEL: Elle est chez lui?
JEAN-MARIE: Je vais la chercher.
Nico! File-moi mes clefs!
DANIEL: (à Jos) Le coffre est plein.
JOS: Comment que...
DANIEL: Je viens aussi mon coco!
JEAN-MARIE: Non, j'y vais seul. (Sort.)
DANIEL: (à Mathieu) C'est vrai ça tout de même, monsieur.
C'EST PAS VRAI!
(On entend au lieu: "C'est pas vrai."
Sylvain cache Mathieu derrière son dos.)
PATRICK: Le v'là qu'arrive.
SYLVAIN: Si c'est vrai.
MARCEL: (entre) C'est pas vrai!
(Mathieu se montre de derrière le dos de Sylvain.)
MARCEL: Si c'est vrai! Le Mathieu! Wow. Wow.
Patrick est venu me chercher. Je piquais un roupillon.
Il m'a réveillé. Mais c'est vrai!
SYLVAIN: Pour sûr que c'est vrai.
MARCEL: Le Mathieu.
Ouf, qu'est-ce que c'est! Un géant! Un géant!
Un chien-loup irlandais! Un Viking!
C'est comme si je me cognais contre un gratte-ciel!
Bonjour. T'as bonne mine.
(touche les cheveux de Mathieu) Hé, petit cocotier? Hé, Bob Marley.
Ça fait un sacré bail. - Et alors? Tu roules encore à vélo?
Drelin drelin zouf poïng splash! Tu te souviens?
MATHIEU: Et toi? Tu lis encore autant de bouquins?
MARCEL: Par centaines.
PARCELLE DE TERRAIN
MARCEL: Allez dis donc. Allez. Allez.
Qu'est-ce que tu viens faire?
MATHIEU: Faut que je passe chez le notaire.
DANIEL & JOS: Ah!
MATHIEU: Des papiers à signer. De la vente.
MARCEL: Ah oui de la parcelle de terrain à bâtir.
MATHIEU: Oui, on l'a vendue.
DANIEL: (s'approche) Ah oui, cette parcelle SYLVAIN: Oui, près de la digue.
DANIEL: Ouioui...
LE BOIS
MARCEL: C'est là que vient le bois.
DANIEL: Marcel, c'est pas encore voté, hein!
NICO: Le bois, il vient pas.
JOS: Tantôt on n'aura que des bois ici...
LES ÉTUDES
SYLVAIN: Il pousse des études, hein.
MARCEL: Allez c'est vrai.
SYLVAIN: À Gand.
DANIEL: Ah! Gand.
SYLVAIN: Pour faire ingénieur.
Il vient construire un pont/une digue ici.
PATRICK: À quoi que ça servirait?
MARCEL: À Gand. À Gand.
DANIEL: Ça on connaît. Les études. On connaît.
L'Unif!! L'Unif!
MARCEL: Prendre des pots! Prendre des pots!
NICO: Vanessa! Avec ses gros lolos!
DANIEL: Les études, mon cul, oui!
LA DIGUE
PATRICK: Où c'est qu'ils vont mettre une digue?
SYLVAIN: En face de l'église. Droit pour l'enfer. Juste pour toi.
NOTRE PROFESSEUR
MARCEL: Moi aussi, je voudrais faire des études.
NICO: Toi?! Mais Marcel c'est pas vrai, des études, toi?!
MARCEL: Suivre un cours.
NICO: Ah mais tu sais déjà tout!
MARCEL: Le Marcel, y va le faire.
NICO: C'est ça, not' professeur.
MARCEL: Y a tant de possibilités:
astrophysique, langues slaves, écologie...
EST-CE QUE MARIE SAIT QUE TU ES LÀ?
SYLVAIN: Dis! Est-ce que Marie sait que tu es là?
MARCEL: C'est vrai, ça.
Quelqu'un devait aller chercher Marie.
(Ils regardent dans la direction de Jos.
Mais il désigne Patrick.)
MARCEL: Allez Patrick.
MATHIEU: Dites, et comment elle va, Marie?
TOUS: Bien... bien... bien... bien...
MARCEL: On va s'en prendre un. Anna!
SYLVAIN: Marie, elle un magasin, hein, la Marie.
MATHIEU: Elle a un magasin?
TOUS: Oui...
SYLVAIN: Tu sais comment qu'il s'appelle?
DANIEL: Allez.
MATHIEU: Non.
SYLVAIN: Devine.
NICO: C'est pas difficile.
SYLVAIN: LE P'TIT MAGASIN!
(Tout le monde se bidonne.)
MARCEL: Anna!
DANIEL: Qu'est-ce que ça a de si comique?
C'est mignon, quand même?. LE P'TIT MAGASIN.
SYLVAIN: On a bien le droit de rigoler, non?
TOUJOURS LA MÊME CHOSE
MARCEL: Moi je suis pas contre. Contre le bois.
TOUS: Toi alors!
SYLVAIN: Suffit que tout le monde soit contre, il est pour.
Et quand tout le monde est pour, il est contre.
MATHIEU: Toujours la même chose.
SYLVAIN: Toujours la même chose.
LE BAL DES CŒURS SOLITAIRES
MARCEL: Et lui il est toujours en train de se chercher une femme.
MATHIEU: Ah oui?
MARCEL: Oui.
SYLVAIN: Toujours en train de chercher.
DANIEL: Mais il arrive toujours trop tard!
Quand il y a quelque chose à faire, il se pointe pas.
SYLVAIN: Et si j'aime mieux regarder la télévision que sortir, moi...
DANIEL: Je lui dis: "Allez, Sylvain, viens, quoi."
Il s'est endormi, qu'il dit, dans son fauteuil.
SYLVAIN: C'est aussi que j'ai souvent de la visite, hein.
TOUS: De la visite?!
DANIEL: Ta sœur.
MARCEL: Sa sœur.
SYLVAIN: Je peux quand même pas l'envoyer promener, cette
femme.
DANIEL: Il faut l'envoyer promener! Il fait aucun effort, çui-là.
Il faut aller aux bals pour cœurs solitaires.
MATHIEU: T'y vas pas?
TOUS: Ouais.
SYLVAIN: M'enfin bien sûr que si...
MARCEL: Oui, mais il se pointe quand le bal est presque fini.
DANIEL: Il arrive quand tout le monde s'en va.
SYLVAIN: Va falloir que j'en décroche une dans le journal, pour
sûr.
NICO: Non. C'est rien que des putes russes!
DANIEL: Une femme bien, elle se présente pas là-dedans.
JOS: Non.
DANIEL: Il peut se trouver quelqu'un.
Il a qu'à aller aux bals des cœurs solitaires.
Comme mon père, tiens, il y a été. Il se l'est trouvée là, lui aussi.
SYLVAIN: J'y suis bien déjà allé au moins six fois.
MATHIEU: T'es donc si difficile?
(Silence.)
DANIEL: Quand même un peu, hein, d'après moi.
SYLVAIN: Une veuve, qu'on peut trouver, une veuve....
DANIEL: Moi je vous le dis, hein,
faut se rendre au bal de Merelbeke. ça, c'est du bal.
C'est le seul bal en Belgique qui fait un malheur.
C'est tout juste si on peut y entrer.
Y a parfois quatre, cinq cents personnes là-dedans.
JOS: Rien que dans l'après-midi.
DANIEL: Et y a deux femmes pour un mec.
Y a deux tiers de JOS: Femmes.
DANIEL: Merci Jos.
Deux tiers de femmes pour un tiers d'hommes.
Alors quoi. C'est sûr qu'il s'en trouverait une là.
MATHIEU: Et t'y as déjà été?
DANIEL: Oui, mais, c'est comme je te dis, il vient trop tard!
SYLVAIN: Moi je vais voir mon four.
J'arrive toujours trop tard. J'ai toujours été quelque part ailleurs d'abord.
DANIEL: Il le reconnaît lui-même. Alors quoi.
MARCEL: Ça sera bien vrai s'il le reconnaît lui-même?
(Sylvian sort.)
BROCOLIS
MARCEL: Et pour le reste...
JOS: Ouioui...
NICO: Ça tourne, on fait aller.
DANIEL: Ça tourne en eau de boudin, oui!
Personne ne sait plus quoi planter.
D'abord c'était le poireau. Adonc/Pis c'était plus bon.
Pis fallait que ça soit des patates.
Tout le monde est resté en rade avec.
Pis la tomate. La cacade aussi.
NICO: Aussi la cacade.
DANIEL: Ils z'y ont planté des fleurs maintenant.
Mais qu'est-ce que ça va donner l'an prochain?!
NICO: Qu'est-ce que ça va donner?!
DANIEL: Le lait! Tout est vendu.
Les grands, y z'ont le pognon. Ils achètent tous les quotas.
NICO: Tous les quotas!
JOS: Le poulet.
DANIEL: Le poulet, c'est la merde totale.
Tout l'export. Foutu. Ça vient du Brésil, asteure.
Trente pour cent moins cher.
NICO: Dis donc, trente pour cent!
DANIEL: En Espagne,
ils se sont lancés dans le cochon aussi. Ils te foutent ça dans un cooling.
Faut pas se demander, quand il y a une panne, là.
NICO: Faut pas se demander.
DANIEL: Comment qu'ils font? Comment qu'ils font?
NICO: Comment qu'ils font?
DANIEL: Et on n'est pas aussi malins que les Hollandais
avec leurs poivrons et leurs brocolis.
NICO: Brocolis!
DANIEL: Ils les exportent jusque l'Espagne!
Tout est possible.
NICO: Tout est possible.
JOS: Maastricht. Le MAP.
DANIEL: Surtout les accords du GATT.
Tout bien pesé, hein, c'est...
NICO: Moi je dis, tout bien pesé.
TU TE SOUVIENS?
MARCEL: Thieu, tu te souviens? BLACKY.
MATHIEU: Oui oui, je sais.
DANIEL: Qu'est-ce que c'est?
NICO: Le chien.
DANIEL: Ah le chien.
(Marcel sort.)
LA BIDOCHE
DANIEL: La bidoche! Fallait que tout le monde mette des vaches.
V'là le mur qui tombe. L'Europe de l'Est qui se ramène.
Les prix qui dégringolent de trente pour cent.
NICO: Ouais dis donc, trente pour cent.
DANIEL: On est inondé.
Les vaches folles.
JOS: La peste des cochons.
DANIEL: On parle de vaches, là, hein Jos.
NICO: Ah oui hein Jos.
DANIEL: Les prix qui tombent encore plus bas.
L'Amérique et sa viande. Au GATT, ils font rien que les pousser, ceux-là.
Ils peuvent les shooter tout plein, de leur loi à eux.
(Derrière: "Mathieu! Mathieu! Mathieu!")
[!!!!!]
!LA FANFARE DU PAIN!
“Kantaloop”
US3
sérénade de trompette de Sylvian
& ballet des torchons
& la voilà: Marie!
ÉCLAIR
PATRICK: (lit à haute voix)
LA BIENVENUE AU REVENU
ET UN ÉCLAIR DE TOUT CŒUR
À LA BONNE HEURE
DE TON COPAIN SYLVAIN
(Mathieu reçoit un gâteau. Applaudissements.
Blacky le prend et le mange. Tout le monde rit.)
UN MAGASIN ET UN GAMIN
SYLVAIN: On vient de me dire que t'as un magasin.
MARIE: Oui. Je peux rester que dix minutes.
MATHIEU: Un magasin?
MARIE: Oui. C'est quelque chose, hein?
SYLVAIN: Et il pousse des études pour MARCEL: À Gand. Prendre des pots. Prendre des pots.
SYLVAIN: Pour ingénieur. Il vient construire une digue ici.
MARIE: Ingénieur? C'est ce que tu as toujours voulu.
SYLVAIN: Et elle a un gosse maintenant hein!
MATHIEU: Quoi?! T'as un gosse?!
MARIE: Oui, un gamin. Deux ans. Jonathan.
Un gosse. C'est quelque chose, hein?
SYLVAIN: Allez, montre-lui.
MARIE: Tu veux le voir?
(sort une photo) Eh ben le voilà, the man. Chic hein?
J'ai fait mon possible. Pour le bonnet, faut pas faire attention.
C'était pour le carnaval. (pousse Jos) Allez Jos!
MATHIEU: Joli mouflet.
MARIE: Il me ressemble, pas vrai?
Oui. Deux ans. C'est qu'il commence à parler, hein.
MATHIEU: Il parle déjà?
MARCEL: Il zozote un peu.
MARIE: Hélà doucement.
- Allez dis donc, Thieu, nom d'un chien.
MARCEL: Oui, moi aussi, je me suis ému.
MARIE: Qu'est-ce que tu viens foutre ici?
SYLVAIN: Il vient construire une digue.
MATHIEU: Je dois passer chez le notaire.
SYLVAIN: Il vient construire une digue.
MATHIEU: Ça va. Ça va.
SYLVAIN: En face de l'Èglise. Droit pour l'enfer.
PATRICK: Pour moi.
MATHIEU: Je viens faire signer des papiers.
DANIEL: Pour la vente de la parcelle, là, à la digue.
MARIE: Où tes parents allaient faire bâtir?
MATHIEU: Oui.
POTS DE BIÈRE
(Tantanna arrive avec un plateau de boissons.)
TOUS: Ah Anna!
(Prennent les verres du plateau.)
TANTANNA: Les gars, on ramène les verres hé! (Sort.)
LA GROSSE MARIA
DANIEL: (lève le verre) Merci, Marcel.
SYLVAIN: À ta santé, hé.
MATHIEU: Comment? C'est plus la grosse Maria?
(Tout le monde s'arrête de boire.)
SYLVAIN: Maria?
Mais quand est-ce que t'es venu pour la dernière fois?
MATHIEU: Ça fait cinq ans.
MARIE: L'été de 95.
SYLVAIN: Ben voilà, ça c'est passé il y a quatre ans.
Maria, elle s'est bousillée.
Marcel l'a trouvée dans son garage.
DANIEL: Au moins on en parle, au mieux.
C'est une triste affaire.
MATHIEU: Mais enfin, Maria. Et pour quoi?
TOUS: Ouais... Pour quoi? Pour quoi?
MARIE: Des trucs.
NICO: C'est un peu dégonflé.
SYLVAIN: Allez, santé.
(Ils boivent.)
UN COUPLE DE WAASMUNSTER
MATHIEU: Et le café? Qui c'est qui le tient maintenant?
MARIE: Tu les connais pas.
SYLVAIN: Un couple de Waasmunster.
DANIEL: Non, tu les connais pas. Sont pas d'ici.
NICO: Mais fais gaffe, des gens aimables. C'est pas la question.
TOI JE TE CONNAIS PAS
DANIEL: (montre Mathieu) Toi je te connais pas non plus.
JOS: Non, je me disais bien.
DANIEL: Vous preniez la maison des Versyppe à louer,
sûrement?
SYLVAIN: Mais allez, ils sont venus en vacances ici dix ans de
suite.
MARIE: Chaque vacance.
DANIEL: C'était pas de notre côté. C'était une autre bande.
Je crois même qu'on s'est battu avec cette bande-là, hein Jos?
JOS: Non.
DANIEL: Avec ceux de Lochristi, on s'est battu!
JOS: Oui.
FAUT S'Y REMETTRE
DANIEL: Bon, faut s'y remettre. Viens, Jos.
NICO: Je mets les voiles aussi, moi.
DANIEL: Jean-Marie!
SYLVAIN: (à Patrick et Marcel) Allez,
vous devriez déjà être en train de livrer.
Allez, Marcel. Patrick, viens.
PATRICK: Attends, encore une minute.
SYLVAIN: Allez.
PATRICK: J'arrive.
SYLVAIN: Asteure!
- Dis, viens bouffer, tout à l'heure.
MATHIEU: D'ac, je viendrai.
LES V'LÀ QUI S'Y REMETTENT
(Tantanna vient chercher les verres.)
PATRICK: (à Tantanna)
Qu'est-ce que t'as à encore me faire la gueule?
TANTANNA: Te faire la gueule?
Toi - tu marches à côté de tes pompes.
PATRICK: Toi - t'es une lesbienne, toi.
TANTANNA: Toi - va travailler, bon à rien.
MARIE: File-lui une bonne taloche!
(Patrick pelote. Et se prend une taloche de première. Sort.)
MARIE: Bien fait!
MARCEL RESTE TRAÎNAILLER
(Marcel reste un peu.)
MARCEL: Allez...
(Boit son verre tranquillement et sort.)
MARIE & THEU
MATHIEU: Allez, un gosse...
MARIE: Tu crois que la terre s'arrête de tourner, peut-être?
MATHIEU: T'es mariée?
MARIE: Dis donc!
- Nonnon, il voulait bien se marier.
Mais j'ai été voir la voyante. C'était dans les cartes.
MATHIEU: Quel type c'était?
MARIE: Tu le connais pas.
Luc Callens. Du côté de Nevele.
Ouioui, je me suis pas tourné les pouces après que t'es parti...
(le regarde) Je sais pas ce qu'il faut que j'en pense.
MATHIEU: De quoi?
MARIE: Tes cheveux.
MATHIEU: Comment? Ça te plaît pas, peut-être?
MARIE: Si. C'est spécial... C'est bien, sais-tu.
- C'est de ne pas les laver?
MATHIEU: De ne pas les peigner.
MARIE: Moi, je me lave et je me peigne tous les jours.
Faudra que je m'y fasse, sans doute.
(soudain) Mon père est mort, hein.
MATHIEU: C'est vrai? André? M'enfin.
MARIE: Le même mois que mon gamin est né.
MATHIEU: Allez.
MARIE: C'était quelque chose. Tout en même temps.
En plus que c'était un accouchement par le siège.
Il voulait pas se retourner, Jonathan.
Du coup, le docteur, il a coupé un peu trop. J'ai en bavé.
Pourquoi que tu m'as pas téléphoné une seule fois?
MATHIEU: Et toi, pourquoi tu m'as pas téléphoné?
MARIE: J'avais pas ton numéro.
MATHIEU: J'avais pas ton numéro non plus.
MARIE: Pff. Bof.
(Pause.)
MATHIEU: C'est notre Blacky.
MARIE: Oui.
MATHIEU: ...Qu'est-ce qu'il fait ici?
MARIE: ...Oui, dis, Mathieu. Cet animal.
Et mon gamin. Il était jaloux de mon gamin.
Il devenait méchant. Il faisait que perdre ses poils.
Il était toute la sainte journée à gratter à la porte.
J'avais vu un de ces films à la T.V.
Il avait des vers. C'était pas possible.
Sans parler qu'il était plein de puces.
Il a fallu que je m'en débarrasse.
L'idée que les puces pourraient sauter dans le berceau!
(rit) Ce que tu pouvais être bête!
Enfin, c'était quand même le bon temps. Ou pas?
MATHIEU: Oui.
MARIE: Allez, pour moi, en tout cas.
Pas pour toi?
MATHIEU: Mais si.
MARIE: Mais si tout de même!
Allez... Je peux t'embrasser?
Qu'est-ce qu'il y a? T'as une petite amie?
Allez, viens ici.
(Ils se donnent un baiser puis s'enlacent ardemment.
Soudain ils arrêtent.)
MARIE: Mes dix minutes sont passées.
Je sors, ce soir, peut-être que je te verrai.
C'est l'anniversaire de Sylvain.
MATHIEU: Ah oui?
MARIE: Tu savais pas?
MATHIEU: Ah ben non.
MARIE: Ah ben oui.
DANIEL: (par-dessus le mur) Marie, ta mère t'appelle!
(Elle sort.)
(Daniel arrive.)
BLONDE AUX YEUX BLEUS
DANIEL: T'as encore eu une affaire avec Marie?
MATHIEU: Euh, ouais.
DANIEL: Moi aussi.
Ça a duré combien?
MATHIEU: Deux ans.
DANIEL: Deux ans?
Oui mais en fait, seulement pendant les vacances.
MATHIEU: Non non, les week-ends aussi.
DANIEL: Les week-ends aussi.
Moi, une fois, 4 mois.
De novembre à février. Y a quatre ans.
C'est toi qui as cassé?
MATHIEU: Non.
DANIEL: C'est elle qui a cassé.
Avec moi aussi. Avec moi aussi.
Elle sait pas vraiment ce qu'elle veut, la Marie.
Mais maintenant t'as une petite amie?
MATHIEU: Oui.
DANIEL: Oui.
Depuis combien?
MATHIEU: Deux ans et demi.
DANIEL: Deux ans et demi.
Ça, ça commence à compter. C'est du sérieux.
Comment qu'elle s'appelle?
MATHIEU: Katia.
DANIEL: Katia, c'est ça.
C'est une blonde aussi?
MATHIEU: Oui.
DANIEL: Toi aussi tu craques pour les blondes, hein?
MATHIEU: Non pas vraiment.
DANIEL: Pas vraiment.
Moi oui, mon vieux.
J'ai 32 ans. J'ai eu cinq copines.
Toutes les cinq l'une après l'autre, des blondes. Avec des yeux bleus.
Marie, c'est la plus petite. Je les préfère un peu plus grandes.
Et ta copine. Petite? Grande?
MATHIEU: Entre les deux.
DANIEL: Plus grande que Marie?
Un mètre septante, ou quelque chose comme ça.
MATHIEU: Euh oui, quelque chose comme ça.
DANIEL: Et vous habitez ensemble.
MATHIEU: Euh oui.
DANIEL: Tu tiens à te marier?
MATHIEU: Euh...
DANIEL: Tu vas pas te marier. Non.
Et tu penses déjà à faire des enfants?
Ah non, c'est vrai, tu fais encore tes études.
Tu fais encore tes études...
MATHIEU: Encore trois ans.
DANIEL: Encore trois ans.
MATHIEU: Trois ans et deux ans de stage.
DANIEL: Moi je voulais pas étudier.
Je voulais une auto aussi vite que possible.
T'as pas d'auto?
MATHIEU: Non.
DANIEL: Non.
Je conduis déjà depuis mes 14 ans.
Marie, elle conduit pas non plus.
MATHIEU: Non.
DANIEL: Je lui ai dit: "Je vais t'apprendre."
Mais elle veut pas. Elle veut pas.
Pourquoi ça a cassé entre vous, si je peux savoir?
MATHIEU: Comme ça, c'était fini.
DANIEL: Avec moi aussi, quelque chose comme ça.
Je rentre un jour à la maison, y avait une lettre sur la table.
JE NE CROIS PAS QU'ON S'ACCORDE.
IL Y A COMME UN FOSSÉ ENTRE NOUS.
Allô, un fossé?!
Comment qu'elle a fait avec toi? Pas avec une lettre?
MATHIEU: Elle l'a dit, c'est tout.
DANIEL: Elle te l'a dit.
Mais maintenant t'es content avec Nadia.
MATHIEU: Katia.
DANIEL: Euh, Katia, c'est ça.
Elle parle d'aller habiter la ville.
MATHIEU: Oui.
DANIEL: Marie, hein.
MATHIEU: Oui, oui.
DANIEL: Ça l'attire beaucoup, cette vie-là.
Ça l'attire beaucoup.
Elle a vu ce film-ci, et puis encore ce film-là.
Non, c'est pas ça qui m'occupe, moi.
Je ne lis même pas. Allons bon!
Allez, mon vieux, ça a cassé aussi.
J'en ai eu euh ...
Maintenant je suis avec Sabine. Marié.
Une brave fille. C'est une brave fille.
Elle est un peu plus grosse. Les derniers temps.
Les derniers temps. Elle a pris huit kilos en un an. Huit kilos.
C'est pas de gaieté de cœur, hein mon vieux.
La Marie par exemple, elle peut manger ce qu'elle veut,
elle prend pas un gramme.
Et ta copine, c'est une grosse?
MATHIEU: Non. Mais tu connais...
DANIEL: Les femmes.
Mince. Elle est jolie fille?
MATHIEU: Euh oui.
DANIEL: (rit) Et elle te laisse visiter ton ex-copine comme ça?
Elle sait que tu es ici?
MATHIEU: Oui.
DANIEL: (rit) Non. Tu lui as pas dit!
Faut drôlement faire gaffe, hein.
C'est le genre de trucs à avoir des misères en moins de deux.
T'en tiens une bonne, maintenant.
Reste avec elle. Reste avec.
Encore trois ans.
Tu vas en gagner, du fric, après.
Vas-y. Vas-y. Cent mille net par mois en poche.
C'est des longues études, mais ça vaut la peine.
Avoir du fric en poche, j'en connais quelque chose.
Tu aimes habiter la ville?
MATHIEU: Faut croire.
DANIEL: Un seul jour à la ville et je m'encours.
Y a pas d'air. La ville! Je supporte pas toutes ces autos.
La puanteur. Une demi-heure et faut que je m'arrache.
J'ai l'impression que je vais étouffer.
Ici on a encore les choses vraies. Je sais, c'est peut-être idiot:
L'herbe. Les pierres. Les arbres. les animaux.
(voit Tantanna qui écoute)
C'est une autre mentalité.
Dis, si je peux pas savoir, t'as qu'à me le dire:
côté sexe, t'as tout fait avec Marie?
MATHIEU: Pardon?
DANIEL: C'est que vous étiez plutôt jeunots.
Quel âge tu as?
MATHIEU: Vingt ans.
DANIEL: Vingt?! Vingt ans?!
Allez, t'as quatre ans de moins qu'elle?!
MATHIEU: Oui.
DANIEL: Ah, je savais pas. T'es plus jeune.
Oh, l'âge, ça joue son rôle.
Et ta Katia, elle est plus âgée aussi?
MATHIEU: Non, on a le même âge.
DANIEL: Le même âge.
C'est mieux plus jeune.
(regarde Tantanna, qui s'en va)
Sabine et moi ça fait quatre, Marie et moi, ça faisait sept.
Attention, je dis pas que c'est pas possible.
Allez, ça, j'en savais rien.
Blonde. Un mètre soixante-dix. Yeux bleus. Mince.
J'aimerais bien la voir.
Faut venir avec elle. La semaine prochaine.
Qu'est-ce qu'elle fait?
MATHIEU: Elle fait des études aussi.
DANIEL: Elle fait des études aussi.
Non, reste seulement à la ville.
C'était votre chien?
MATHIEU: Oui. On l'avait choisi ensemble.
D'une nichée.
DANIEL: Sans blague.
MATHIEU: (regarde sa montre)
Faut m'excuser, mais je dois y aller.
DANIEL: Oui oui. Moi aussi, faut que je m'y mette.
Après ça, on a encore été une semaine ensemble.
Après sa période avec Luc Callens.
Faut pas lui dire que je te l'ai raconté, hein?
L'an dernier, un soir, elle m'appelle. J'étais déjà marié.
Fallait que je vienne. Elle était toute seule. Je me pointe chez elle.
Elle glissait de sa chaise tellement qu'elle mouillait.
Faut m'excuser, c'est comme ça qu'on parle chez nous.
Je dis: "Comment va notre fossé? Y a de l'avancement?"
Deux nuits, et puis c'était fini de nouveau.
Elle sait pas ce qu'elle veut, Marie.
(Ils sortent.)
II. VAPEUR
(une orgia d’énergia)
[!!!!!]
!TROUBLES WITH THE GUYS!
“Good Thing”
Fine Young Cannibals
Jean-Marie et nico se battent
Tantanna va chercher Marie. Elle s'en mêle.
Mathieu et Marcel viennent chercher Marie en dansant.
Mathieu et Marie sortent en dansant.
Marcel reste et allume une cigarette.
Patrick vient tirer un coup avec.
Jos vient montrer son costume.
FÊTE CHEZ LES HIPPOPOTAMES
(On entend NICO derrière le mur:
"La différence entre une meuf et une lunette de chiottes?
La lunette te pend pas autour du cou quand t'as passé une heure
dessus!")
(Marie dans l'entrée.)
DANIEL: La différence entre une femme et un frigo?
Un frigo pète pas quand t'en sors ta viande!
Qu'est-ce qu'il y a? Ça te dérange?
MARIE: Couché, Daniel.
(Il se couche à ses pieds. Elle lui donne un coup)
DANIEL: T'as dis couché, moi je me couche.
MARCEL: Tu sais qui c'est, les gens plus sympa? Les sourds
(à Jos) Tu connais quelque chose aux hippopotames? Non?
Ils ont une toute petite queue en tire-bouchon qui tourne très vite.
et quand c'est la fête chez les hippos,
ils se tournent tous avec leur cul vers leur chef,
et pendant que leur tire-bouchon tourne à toute allure,
ils lui chient dessus. Ils l'enneigent de la tête aux pieds.
En guise de cadeau.
TUBORG
MARCEL: Marie, c'était une Tuborg?
MARIE: Un demi pression.
DANIEL: Pour moi aussi.
(Marcel sort avec Patrick.)
“Please release me”
Engelbert Humperdinck
1 2 3 CARTE VISA
DANIEL: Marie, j'ai quelque chose à te dire.
Tu es ma blonde préférée.
(S'agenouille.) Tu le sais bien. Je suis toujours prêt pour toi.
T'as qu'un mot à dire. Je laisse tout tomber et je viens chez toi.
(se relève et dit à Jos) Elle veut pas de moi.
Elle sait pas ce qu'elle rate.
(à Marie) Qu'est-ce qui te plaît pas en moi?
JOS: Tu lui fais pas de cadeaux.
DANIEL: Je vais t'acheter une gourmette.
Un deux trois, avec ma carte VISA. Une gourmette en or.
Je ferai graver mon nom dessus:
FIDÉLITÉ ÉTERNELLE, DANIEL
(à Jos) Elle me croit pas.
Elle croit pas que je suis un homme sensible.
Allez, dis lui que je suis un homme sensible.
JOS: Il est très sensible.
DANIEL: Au fond.
JOS: Au fond.
DANIEL: La plupart des gens se laissent tromper
par mon physique mega.
J'ai le physique d'un ours
mais en vrai de vrai, je ne suis qu'un agneau.
JEAN-MARIE & NICO: Voilà Sylvain!!
(Se lancent dans le décompte.)
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
Feu d’artice
[!!!!!]
!SYLVAIN REÇOIT UNE FEMME!
“Good Thing”
Underground
Tout le monde danse
On donne une poupée gonflable à Sylvian
Ils le portent sur leurs épaules
Daniel prend Sylvain sur ses épaules
Nico et jean-Marie se mettent à se battre
!GRANDE BAGARRE!
Mais enfin!!
La musique s'arrête
IL EST PAS TRÈS MALIN
DANIEL: (attrape Nico par la peau du cou)
Bas les pattes! Fous-lui la paix.
Si seulement il te collait pas toujours au cul/
te suivait pas toujours comme un mouton.
NICO: Il est quand même assez grand pour savoir ce qu'il fout
non?
DANIEL: T'as de ces trouvailles, quand même!
Tu crois qu'elles lui viennent aussi? Toutes ces conneries de taré?
Et le pire, hein, c'est que tu le fous toujours dans la merde.
Toi tu te débines, et lui il se fait pincer.
C'est toujours lui qui doit payer pour tes saletés.
Nico, Jean-Marie il est pas très malin. Il a pas ta caboche.
T'es un fier copain, toi.
NICO: Cette histoire de contrôle?
J'y dis encore: "Jean-Marie, appuie sur le champignon."
Qu’est-ce qu’il fait? Il s'arrête pile! C'est de ma faute, peut-être?
MARCEL & JOS: Oui.
SYLVAIN: T'as raison.
(Marcel et Jos s'en vont.)
DANIEL: T'es un profiteur.
T'as qu'à claquer des doigts et il jappe à tes pieds comme un chiot.
C'est malade.
Qu'est-ce qu'on peut bien faire?
TANTANNA: Moi j'vais fermer la baraque!
TOUS: Mais allez!
DANIEL: Il encaisse de ces raclées de l'autre, t'en crois pas tes
yeux.
Il est là à geindre comme un morveux. Peux plus le voir en peinture.
Son copain Nico l'appelle. Alors ça, ça vaut la peine.
Il oublie tout sur l'heure. Faut qu'il y aille. Faut qu'il y aille.
Son copain Nico a appelé, hé là-bas.
Il vient d'avoir une nouvelle mobylette.
Tu crois qu'il a déjà roulé avec?
Où c'est qu'elle est?
"Nico est parti avec. Sa Golf est en panne, il en avait besoin."
Faudrait pouvoir les désarracher l'un de l'autre.
SYLVAIN: Merci hein. (Il sort.)
MARIE: Bon anniversaire, Sylvain.
DANIEL: Oui, bon anniversaire.
DANIEL: (à Marie) C'est quoi, ton problème avec moi?
(Jean-Marie et Nico recommencent à se battre.)
(La lumière s'éteint.)
MARIE: Allez! Nom de dieu! Anna!
[!!!!!]
!BATAILLE!
“La Bamba”
LOS LOBOS
Jean-Marie et nico se battent
Sylvain voir
Strip-tease de Daniel derrière le mur
[!!!!!]
“Everybody needs somebody
to love”
Wilson Picket
Jos arrive en pleurnichant.
Mathieu et Marie en discussion animée
Ils s'embrassent puis elle lui file une claque
[!!!!!]
!NUMBER ONE!
“Du”
Peter Maffay
NUMBER ONE
MATHIEU: Je te le jure, Marie, j'ai vraiment eu le béguin pour toi.
MARIE: Non. Toi pas autant que moi.
Un moment, peut-être. Mais c'était pas pour de bon.
Je faisais partie des vacances, pour toi.
MATHIEU: C'est pas vrai!
Et les week-ends, alors?
MARIE: Les week-ends.
Je pensais: Voilà, je vais vivre plein de choses.
Mon monde va s'ouvrir comme une fleur.
Je me faisais un tas d'idées là-dessus.
Et ça n'a rien à voir avec toi, mais avec moi!
Sortir avec ton frère au CYRANO.
Avec son ALFA. À Bruxelles.
Je m'en faisais tout un cinéma.
La vraie vie. Palpitant. Feu d'artifice. Wow.
Ça a tourné en eau de boudin. C'était con, voilà tout.
Le NUMBER ONE. On y va tous les trois.
Vous dévalez les marches à deux.
On me retient. J'ai l'air fin, là.
Carte de membre? Deux mille balles!!
C'est moi qui offrais. Toi et ton chouchou de frangin: GIN TONIC!
Sans même se demander si je pouvais payer.
MATHIEU: Pour commencer...
MARIE: C'est juste un exemple!
C'était comme ça avec tout!
MATHIEU: Qui voulait aller au NUMBER ONE?!
Mon frère et moi, on savait que c'était cher, cette boîte.
MARIE: Eh ben, moi, je savais pas! J'en savais rien!
Et fallait surtout pas qu'on soit seuls, hein.
MATHIEU: Quoi?
MARIE: Chaque fois que je te faisais sentir
que je voulais être seule avec toi, paf, ton frangin.
MATHIEU: Ah cette fois-là? Tu voulais aller à la mer!
Fallait bien une voiture! Donc mon frère!
MARIE: Sans voiture. Sans frangin. Seule, avec toi!
MATHIEU: Et comment?! En pleine nuit!
Avec ma Mob, du 25 à l'heure jusqu'à la mer?!
Et si on nous avait arrêtés?
MARIE: Décidément, t'es toujours aussi bouché.
(Mathieu lui donne une gifle.)
Allright
[!!!!!]
!RAGE AGAINST THE MACHINE!
“Killing in the name”
Rage against the Machine
Mathieu s’en va
Mieke sur le mur et se laisse tomber en criant
Jean-Marie se jette à corps perdu
Il danse avec Blacky
Nico grimpe sur le mur et se laisse tomber
STAGEDIVING!
Daniel grimpe sur le mur et se laisse tomber
!FUCK YOU!
HEADBANGING & POGO
Tous les hommes
[!!!!!]
!DUET!
“Still loving you”
The Scorpions
Jean-Marie et Nico marchent sur le mur
Ils tombent
!Show avec farine et papier de toilette!
Solo de guitare de Jos
Le slow de Daniel et Marie
Patrick sur le mur avec un drapeau
Jean-Marie enterre Nico
III. TRÈS TARD
[!!!!!]
ARETHA FRANKLIN
LES COSMONAUTES
(Sylvain arrive en tenue de boulanger.)
JOS: Il est déjà si tard?!
SYLVAIN: Et ton petit, tu dois pas être auprès?
MARIE: Il dort.
SYLVAIN: (voit Jos) Comment ça va dans l'espace, Spock?
JOS: Nous sommes tous des cosmonautes, Sylvain.
ON VEUT DU VIN
DANIEL: (entre) Allez, on s'en prend encore une.
Qu'est-ce que tu veux?
SYLVAIN: Un cigare pour moi.
DANIEL: Une bière pour tout le monde, Anna.
MARCEL: Je veux du vin.
MARIE: Du vin!
JEAN-MARIE: Oui, du vin.
MARCEL: Allez Marie, toi aussi du vin.
Va nous chercher une bouteille de vin, Daniel.
DANIEL: Qu'est-ce qui vous prend?
MARCEL: On veut du vin!
DANIEL: C'est pas fini, ces conneries.
JEAN-MARIE: Allez, Daniel, une petite bouteille.
(Daniel lui met une beigne.)
MARIE: Qu'est-ce qu'il y a? Dis donc?
On a pas le droit de se défouler?
Qu'est-ce qu'on devrait faire d'autre pour le kick? Attaquer la poste?
DANIEL: Tu dérailles comme un train.
MARCEL: T'es en train de dérailler?
T'es en train de dérailler?
MARIE: Non.
DANIEL: Tu sais ce que je veux dire.
MARIE: D'après moi, il y en a d'autres qui déraillent,
moi je suis plutôt sur les rails.
DANIEL: Dans moins de deux,
ta loco explose et après tu diras encore que tu te souviens de rien.
(Il sort.)
MORT SUR LE COUP
MARCEL: Faut qu'elle se laisse aller.
Un beau matin, on se réveille et PAF! on est mort.
Faudrait quand même au moins pouvoir raconter là-haut
qu'on a bien rigolé.
COUCOUCHE PANIER
TANTANNA: Allez, à la maison.
Allez, foutez-moi le camp. Lève ton cul, Nico.
(Nico se lève et s'en va..)
TANTANNA: Allez, Daniel, à la maison.
DANIEL: Viens, on va se faire un petit slow.
(Daniel danse un slow avec Tantanna.
Il va trop loin et elle le repousse.)
TANTANNA: Gros lard!
(Daniel se tord de rire.)
TANTANNA: À la maison! Coucouche panier!
(Elle sort.)
PATRICK: Vieux saligaud.
(Il se prend une tarte en pleine gueule de DANIEL.)
[!!!!!]
“I got five on it”
Luniz
MARIE & MARCEL
(On voit Mathieu se mettre à danser seul derrière le mur.)
MARCEL: Oh, ça, c'est un bon.
Marie, comment tu le danses?
MARIE: (imite Mathieu) Comme ça.
MARCEL: Autrement. Comme ça.
MARIE: Nooon, tu le danses bien trop hard.
Comme ça.
MARCEL: Non non, moi je le fais comme ça.
Je sais très bien danser. À ma façon.
MARIE: Mon p'tit Marcel,
c'est bien plus subtil comme ça.
MARCEL: Bon, ben montre-moi alors.
MARIE: Je suis en train de te montrer.
MARCEL: Marie, pour un bouseux comme moi,
je danse quand même pas mal, non?
MARIE: Affirmatif.
MARCEL: Attention, hein, j'ai jamais pris de leçons.
C'est pure nature chez moi.
MARIE: T'es un vrai miracle.
MARCEL: Je pourrais continuer pendant des heures.
MARIE: Je sais.
MARCEL: Et alors tu me ramènes à la maison, hein Marie?
D'ailleurs je ferais mieux de rentrer à la maison maintenant.
Je suis crevé. C'est bien, hein Marie?
MARIE: Très bien.
(saute du mur) Marcel, je reviens tout de suite hé.
L'ADIEU DE MARIE ET MATHIEU
(On les voit s'embrasser derrière le mur.)
VIEILLE SCIE
MARCEL: Ça, c'est une vieille scie, ce morceau.
JEAN-MARIE: Ça swingue pas pour un sou.
TELLEMENT FATIGUÉ
JEAN-MARIE: Je suis tellement fatigué que je vais pas pouvoir
dormir.
CHAUSSURE
NICO: Est-ce que quelqu'un a vu ma chaussure?
FRITURE
DANIEL: Y a encore une friture ouverte quelque part?
MARIE
MARCEL: Ah, Marie...
(Marie rote.)
[!!!!!]
GESUALDO
Tous rotent
Côtes
Jésus-Christ & Auschwitz
TANTANNA: Z'êtes tous des péteux!
(Sylvian vient déposer une chaise.)
LA VISION
MARCEL: Quelque chose d'incroyable
JOS: Là, je suis parti pour de bon. (Il sort.)
JEAN-MARIE: Salut, Jos.
DANIEL: Attends, Jos. Pour demain. (Suit Jos.)
MARCEL: Imagine que t'es mort, t'es enterré
et t'es dans le sol et tu vois tout au-dessus de toi!
Les racines des fleurs. Les caves.
Daniel en train de labourer avec son tracteur.
HÉ, DANIEL, COUILLON
LABOURE UN PEU AILLEURS!
TIRE-TOI DE MA TOMBE!
la minute d'après, tu sors et tu vois en une fois
tout ce que tu voyais par en dessous par au-dessus!!
Les fleurs. Les maisons. Daniel.
HOU HOU! ATTENTION! TU ROULES DROIT AU FOSSÉ!
(Daniel arrive en mangeant des frites.)
MARCEL: Et puis tu montes de plus en plus haut
et tu vois le monde de plus en plus loin.
SALUT DANIEL! SALUT COUILLONS!
BONNE NUIT
MARCEL: Salut!
DANIEL: Bonne nuit Marie. Bonne nuit Daniel.
MARIE: Bonne nuit Daniel. Bonne nuit BLACKY.
DANIEL: Mariette Mariette, tu me fais un peu ...
NAPHTALINE
MARCEL: Tu sais ce que c'est, le problème de Jos?
L'après-midi, il châtre un cochon,
après ça, il se lave à la Javel,
puis il enfile un costume qui pue la naphtaline,
et il s'étonne que les femmes ne veulent pas de lui?!
Faut pas voir à un paysan qu'il est paysan.
Faut être moderne.
(Jos est là et a tout entendu. Hilarité générale.)
Marcel voit Jos. On rigole encore plus fort.)
MARCEL: Le Marcel y boirait peut-être encore un petit coup?
Naan!
MARIE: Allez, viens.
(Ils sortent.)
VACHES
DANIEL: Jean-Marie, j'irai bien aux vaches moi-même.
(Il sort.)
IBIZA
SYLVAIN: Jean-Marie? Jean-Marie? Jean-Marie?
JEAN-MARIE: ...
SYLVAIN: Jean-Marie?
JEAN-MARIE: Mmmm?
SYLVAIN: Jean-Marie?
JEAN-MARIE: Sylvain.
SYLVAIN: Tu sais qui est ton vrai père?
JEAN-MARIE: De quoi?
SYLVAIN: Tu le sais? Ton vrai père.
JEAN-MARIE: Oui.
SYLVAIN: Ah oui. Qui ça?
JEAN-MARIE: Joseph.
SYLVAIN: T'en es si sûr que ça?
JEAN-MARIE: Joseph Debraeckeleer, oui.
SYLVAIN: Pourquoi tu te laisses toujours faire?
Hein? Jean-Marie.
JEAN-MARIE: J'ai 23 ans et je ne me laisse pas faire.
SYLVAIN: Ah non, qu'est-ce que c'est tout ce cirque avec Nico;
alors?
T'as trois têtes de plus que lui.
Pourquoi tu te laisses toujours faire? Hein? Jean-Marie?
JEAN-MARIE: Je ne me laisse pas faire.
SYLVAIN: T'es un héros.
JEAN-MARIE: Qu'est-ce que c'était, ce truc sur mon père?
SYLVAIN: Ton père? Qu'est-ce qu'il a, ton père?
JEAN-MARIE: Comme quoi il serait pas mon vrai père?
SYLVAIN: Tu vois bien que tu te laisses faire.
Pourquoi tu te laisses toujours faire? Hein?
Jean-Marie. Qu'est-ce que t'as qui marche de travers?
JEAN-MARIE: J'ai dans l'idée de me barrer.
SYLVAIN: Ah oui. Où ça?
JEAN-MARIE: À la ville. Je veux me casser d'ici.
SYLVAIN: Et comment que tu vas faire ça? Hein?
T'as pas de boulot. Tu peux pas chômer. T'as pas un sou.
T'es raide comme un passe-lacet.
T'as que dalle. T'as même pas de lacets à tes souliers.
Et tu veux te tailler. Qu'est-ce que tu vas faire en ville?
Traîner la savate.
JEAN-MARIE: Je trouverai du travail.
SYLVAIN: Tu trouveras du travail - où ça?
JEAN-MARIE: Dans un café.
SYLVAIN: Café. Café. C'est pas un travail ça, où ça, café.
JEAN-MARIE: Je saurai bien le faire.
SYLVAIN: Quoi?
JEAN-MARIE: Servir des bières.
SYLVAIN: C'est boire des bières que tu veux dire, sûrement?
JEAN-MARIE: En ville, je louerai un studio.
SYLVAIN: Tu sais ce que ça coûte, en ville, un studio???
Faudra que t'en serves, des bières, mon joli!
T'en as parlé à la maison?
JEAN-MARIE: Non. Avec personne. Je veux me casser d'ici.
SYLVAIN: Pourquoi? C'est si terrible, ici.
JEAN-MARIE: C'est rien que des pisse-vinaigre ici.
SYLVAIN: Merci, t'es trop aimable. Qui c'est le pisse-vinaigre, ici?
JE VEUX ME CASSER. JE VEUX ME CASSER.
Tu sais ce que je crois, moi? Que tu te laisses faire, Jean-Marie.
JEAN-MARIE: Je me laisse pas faire!
SYLVAIN: Aaah, enfin un peu de force, nom de dieu.
JE ME LAISSE PAS FAIRE.
JEAN-MARIE: Je me laisse pas faire!
SYLVAIN: À la ville, faudra que tu montres
un peu plus les dents, espèce d'empaillé.
T'es un vrai empaillé, toi.
JEAN-MARIE: ... J'ai discuté avec Mathieu.
SYLVAIN: T'as discuté le coup avec Mathieu?
JEAN-MARIE: Il habite la ville.
SYLVAIN: Je sais.
Tu trouves qu'il en a dans la caboche?
JEAN-MARIE: Mmmm.
SYLVAIN: Eh ben t'as raison, il en a dans la caboche.
Il étudie à la ville, hein.
C'est ce que tu veux faire: étudier?
JEAN-MARIE: Pfff, pour être le reste de ma vie
derrière un petit bureau?!
SYLVAIN: T'es un ballot, toi.
Tu t'attaques à rien. À rien de rien, que tu t'attaques.
Râler et rabôcher et trouver que les autres l'ont plus facile
et que toi tu sais rien foutre.
Qu'est-ce que tu crois? Que ça va te tomber tout chaud dans le bec?
JEAN-MARIE: À Chicago y a un type qui s'est brûlé le cul
sur la lunette chauffante d'un W-C
et il a reçu un demi-million pour ça. De dollars.
Moi je veux bien me brûler deux fois le cul pour ça.
Après, c'est du tout cuit.
SYLVAIN: Qui c'est qui t'a raconté ça?
JEAN-MARIE: Nico.
SYLVAIN: Quel âge que t'as déjà maintenant?
JEAN-MARIE: 23.
SYLVAIN: 23. - Allez, encore 2 ans
et on aura un quart de siècle d'air devant soi.
JEAN-MARIE: Je me casse à Ibiza!
SYLVAIN: Ibiza?! Tu pourras te brûler le cul, là-bas.
Fait drôlement chaud.
JEAN-MARIE: Tu peux bien gagner ton bifteck, oui, là-bas.
Dans les discothèques. Si je commençais quelque chose là.
En tout cas, je veux pas faire ce que tu fais. Suer toute la journée.
SYLVAIN: Et tu vas pas suer, là-bas? Hein?
JEAN-MARIE: Je travaillerai avec du personnel.
Ou avec ma copine. Cinq ans, et c'est dans la poche!
Sept jours sur sept. Cinq ans en continu.
SYLVAIN: T'es même pas capable de travailler
une demi-heure en continu, ici.
Qu'est-ce que tu foutrais sept jours sur sept là-bas?
JEAN-MARIE: Ouais, quand c'est pour son propre compte.
Ici, ça me fait chier.
T'as des mecs, là-bas, hein Sylvain, qui gagnent 300.000 par mois!
300.000 par mois. Multiplié par douze.
SYLVAIN: Hé ben ouais, ça fait combien, multiplié par douze?
JEAN-MARIE: Ça fait dix millions.
Combien que tu gagnes, toi? OK. Je veux autre chose qu'être dans la merde ici à.
Je - veux - me casser.
SYLVAIN: Et ben casse-toi. Va-t-en. Hein? Qui t'en empêche?
Y a quelqu'un qui t'en empêche?
JEAN-MARIE: Non.
SYLVAIN: Eh ben, tire-toi, mon vieux.
Mets un pied devant l'autre.
(Ils sortent.)
JEAN-MARIE: J'ai pas raison, peut-être?
SYLVAIN: T'as raison. T'as tout à fait raison.
LE SOLEIL SE LÈVE
(Blacky aboie.)
FINI

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