Maisons de naissance, l`avenir périnatal en marche

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Maisons de naissance, l`avenir périnatal en marche
Maisons de naissance, l’avenir périnatal en marche ?!
Le projet des maisons de naissance, porté par quelques sages-femmes militantes et aujourd'hui par toutes
celles qui, des mécontentes aux grévistes, ont dit « stop » , le changement c'est pour aujourd'hui et
maintenant », est devenu une réalité en 2013.
D'abord, nous pensons à ces sages-femmes françaises militantes qui, depuis un quart de siècle, ont agi pour
porter ce projet : beaucoup ont cru à un moment donné que « l'affaire était faite », entraînées aussi par
l'enthousiasme de parents militants, beaucoup ont déchanté et se sont découragées. N'oublions pas non plus
ces quolibets reçus, voire ces accusations d'inconséquence, d'incompétence médicale, voire d'appartenance
sectaire.
Aujourd'hui l'expérimentation est actée, portée d'une même voix par le Collège des gynécologuesobstétriciens, le Conseil national de l'Ordre, le CNSF, un parlement unanime et notre ministre de la santé !
Certes, cette allégresse doit être (allons un peu) retenue. Certaines lois ont attendu en vain leurs décrets
d'application. Les conditions de l'expérimentation vont être encadrées par un cahier des charges qu'il faudra
alors examiner pour s'assurer qu'elles soient réalisables. Un arrêté va désigner les lieux d'expérimentation,
certains projets devront donc attendre les premiers bilans.
Ces nouvelles structures vont peut-être se heurter à la méconnaissance sinon l'hostilité de professionnels. Plus
encore, des sages-femmes, voulant exercer dans une maison de naissance, pourront ressentir le besoin d'être
épaulées pour ré-apprendre la physiologie, le temps des parents et celui des fœtus, pour se sentir confiantes.
Sans compter celles qui auront à vivre une autre organisation de temps de travail pour être auprès des familles
: l'obstétrique physiologique se moque des RTT et des 35 heures ! Gageons que celles qui vont être les
premières expérimentatrices sauront déjouer les résistances, partager leur savoir et impulser un nouvel art
d'exercer la maïeutique. Nous devons être à leurs côtés comme l'est le CNSF.
Enfin, au-delà de l'expérimentation de maisons de naissance, il s'agit aussi, comme Madame Marisol Touraine,
ministre des affaires sociales et de la santé l'a précisé, de mettre en place des filières d'accouchement
physiologique dans toutes les maternités. De quoi s'agit-il ? Quelles organisations à penser et sous quelles
responsabilités ? Des propositions ont été formulées par les sages-femmes : être le praticien de premier
recours dans le parcours de santé de la femme, créer des unités physiologiques sous leur responsabilité etc ...
Malgré les progrès techniques évidents, c'est tout le système périnatal mis en place depuis les années 70 qui
est à repenser, c'est l'ensemble des praticiens, médecins et sages-femmes, qui doit se questionner. C'est le
travail entrepris par le CNSF depuis sa création en 2001.
Un nouveau statut n'exonère pas les sages-femmes de la réflexion sur leurs pratiques. C'est de leur
engagement, chacun, chacune, dans son exercice libéral, hospitalier, privé, territorial, enseignant, que dépend
ce changement tant attendu.
Donc, après la joie, oh combien partagée, la réflexion et le travail sont d'actualité pour inventer cet avenir,
comme les sages-femmes, avec les parents, le veulent.
Christine Blanchot-Isola
membre du conseil d'administration