Les conservatoires et les nouveaux temps d`activités
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Les conservatoires et les nouveaux temps d`activités
Juin 2015 Les conservatoires et les nouveaux temps d’activités périscolaires Repérage février-juin 2015 Jean-Louis GALY Conseiller artistique à l’Ariam Ile-de-France -2- Avant-propos Dès la mise en place de la réforme des rythmes scolaires, l’Ariam Ile-de-France s’est intéressée aux nouveaux temps d’accueil périscolaire, les TAP, par le prisme des conservatoires et de leurs implications sur ce nouveau défis. Afin d’anticiper les besoins de formation, d’accompagner le milieu professionnel dans sa réflexion et les collectivités dans la mise en place de leurs politiques publiques, l’Ariam a organisé des moments d’échanges et de réflexions. Ces premières journées professionnelles ont fait remonter des hypothèses, des craintes, des espérances, des blocages, etc. La synthèse de Jean-Claire Vançon, conseiller artistique, est un point d’étape important en ce qu’elle a énoncé clairement les enjeux que nous avons pu, avec cette étude, confronter à la réalité du terrain. Elle a servi de trame pour la suite de la démarche et se retrouve en filigrane dans ce document. L’Ariam a ensuite organisé un repérage centré sur « l’implication des conservatoires dans les nouveaux temps d’activités périscolaires ». Celui-ci a commencé par l’envoi d’un questionnaire à plus de trois cents structures puis le contact d’une soixantaine, un peu plus de la moitié investie dans les TAP, l’autre non, afin de creuser le sujet. Parmi ces établissements, on compte 10 conservatoires à rayonnement départemental (CRD), 6 conservatoires à rayonnement intercommunal (CRI), 23 conservatoires à rayonnement communal (CRC) et 17 établissements non classés. Trois objectifs attachés à cette démarche : - Identifier les besoins de formations des enseignants, intervenants ou en passe d’intervenir sur les TAP, danseurs et musiciens et proposer des formations adéquates. Vous trouverez dix formations spécifiques aux interventions en périscolaire dans « le programme régional de formation continue musique et danse en Ile-de-France » de l’Ariam, saison 2015/2016. - Proposer un accompagnement sur site afin de dépasser les tensions et les blocages qui se font jour entre l’Éducation nationale/l’enseignement artistique spécialisé/l’animation. La démarche entreprise depuis 2013 nous permet aujourd’hui d’être un interlocuteur privilégié des collectivités et des différents acteurs. Une présentation complète de cette démarche d’accompagnement sera faite à la rentrée scolaire 2015 et fera l’objet d’une publication spécifique. - Informer et échanger entre les professionnels concernés, c’est la raison d’être de ces rencontres territoriales et de ce document. En effet, ce dernier est construit sur les analyses faites par les directeurs concernant la réforme des rythmes scolaires dans leur ville, ainsi que sur le positionnement de leurs équipes pédagogiques dans les nouveaux temps d’activités périscolaires. Il n’a vocation ni à l’exhaustivité, ni à être le porte-parole d’un positionnement quel qu’il soit, il veut simplement être le témoin actif de la mise en place d’une réforme pour permettre l’échange et le débat. À cette fin, il n’est pas figé et en construction permanente il se nourrira de vos remarques. Il s’articule autour de trois parties : - l’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires - les spécificités d’un projet TAP - quel nouveau positionnement à l’avenir pour les conservatoires. Une fois ces rappels sur la démarche et les objectifs faits, attaquons le vif du sujet. -3- -4- SOMMAIRE Partie I : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires ...................................................................................................... 7 I. La gouvernance des TAP et le positionnement des conservatoires................................. 7 1 - Quand il n’y a pas création de nouveau temps d’activités périscolaires.......................... 7 2 - La place des conservatoires dans l’élaboration des PEDT ............................................ 7 3 - Les raisons du non-investissement des conservatoires dans la démarche ...................... 8 4 - La question de la répartition des compétences........................................................... 9 II. L’impact des TAP sur le fonctionnement général des conservatoires . .........................10 1 - L’articulation entre le scolaire, le périscolaire et l’extrascolaire....................................10 a - Le conservatoire n’intervient pas sur le temps scolaire ....................................10 b - Le conservatoire intervient déjà sur le temps scolaire . ....................................11 2 - L’impact sur l’organisation interne des conservatoires................................................12 Partie II : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires..........13 I. Les publics concernés...................................................................................................13 1 - La formation du groupe et sa stabilité......................................................................13 2 - Les enfants concernés...........................................................................................14 II. Un nouveau temps.......................................................................................................15 1 - L’identification des objectifs....................................................................................15 a - Une source de tension.................................................................................15 b - Les termes du débat....................................................................................15 2 - Les propositions pédagogiques...............................................................................16 a - Les propositions d’atelier..............................................................................16 b - Le rapport à l’instrument..............................................................................16 c - La place de l’accès à l’œuvre.........................................................................17 III . Un nouveau cadre.....................................................................................................17 1 - L’aménagement des rythmes scolaires.....................................................................17 a - Des TAP de 3/4 d’heures répartis sur les 4 journées entières de la semaine.........17 b - Des TAP de 1h30 sur deux jours de la semaine................................................... c - Des TAP de 3h sur un jour de la semaine (aménagement Hamon)......................18 2 - L’importance des coordinateurs...............................................................................18 a - La coordination générale..............................................................................18 b - La coordination dans les conservatoires..........................................................18 3 - Les conditions matérielles et humaines....................................................................18 a - Le cadre des activités..................................................................................18 b - La concertation...........................................................................................19 c - Les locaux..................................................................................................19 Partie III : Un nouveau positionnement à trouver..........................................21 I. L’articulation temps scolaire/temps périscolaire...........................................................21 1 - Un passage du temps scolaire au temps périscolaire difficile.......................................21 2 - Des solutions mises en place pour favoriser la fluidité des rapports .............................21 II. Un temps qui met les enseignants artistiques en tension . ..........................................22 1 - Les directeurs......................................................................................................22 2 - Les musiciens intervenants....................................................................................22 3 - Les autres enseignants des conservatoires...............................................................22 4 - La danse..............................................................................................................23 III. L’influence des TAP sur le projet du conservatoire.....................................................23 -5- -6- Partie 1 : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires I. La gouvernance des TAP et le positionnement des conservatoires place la réforme des rythmes scolaires avec des activités sur le temps périscolaire à minima pour prendre le temps de la réflexion. L’année scolaire 2014/2015 sert alors de lancement du processus et des propositions seront faites en septembre 2015 sans que l’on puisse présager de la présence ou non des conservatoires. Il faut prendre en considération qu’un certain nombre d’établissements contactés n’interviennent pas sur les TAP, tout en sachant qu’ils auront à le faire dès septembre 2015. La loi confie aux territoires la mise en œuvre de cette réforme et si elle impose les nouveaux rythmes scolaires, elle n’impose pas l’existence de nouvelles activités sur le temps libéré. Par contre, elle crée un outil pour les collectivités désireuses de s’investir dans cet espace éducatif : le PEDT (projet éducatif territorial). C’est grâce à son élaboration, en concertation avec la population et les acteurs du monde de l’éducation, que les collectivités ont pu prendre toute leur place. 2/ La place des conservatoires dans l’élaboration des PEDT Manifestement, l’élaboration du PEDT est la pierre angulaire de cette réforme (circulaire interministérielle n°2013-036 du 20 mars 2013). C’est l’occasion pour les collectivités d’organiser la concertation, le suivi et l’évaluation d’un tel plan. Mise en place de comité de pilotage (responsables des services communaux, responsables associatifs, représentants des parents, directeurs d’école…), de comité technique, de comité de suivi, etc. Il faut noter que les premiers PEDT écrits dès 2013 sont dans leur dernière année d’application et donc dans une phase d’évaluation et de réécriture importante. Extrait du guide pratique des rythmes à l’école, édition 2014/2015 : « Plus du tiers des communes ont mené une réflexion globale sur le temps éducatif de l’enfant et mis en place un projet éducatif territorial (PEDT), ce qui a permis, au niveau local, d’organiser, à l’initiative des élus, de vastes concertations impliquant l’ensemble des partenaires concernés (enseignants, parents d’élèves, associations, représentants locaux des ministères) et mettant les temps de l’enfant et la complémentarité des activités organisées pour chacun d’entre eux au cœur des priorités collectives ». Avant de traiter, dans le reste de l’étude, des conservatoires investis dans les temps d’activités périscolaires, il nous a semblé important de revenir d’abord sur les causes du non-investissement de certains. Dans un premier paragraphe on parlera des villes qui n’ont pas créé de TAP, dans un deuxième la participation des conservatoires à l’élaboration des PEDT, le troisième sera consacré aux raisons de l’absence des conservatoires dans les TAP alors que le dernier s’arrêtera sur la répartition des compétences entre collectivités. 1/ Quand il n’y a pas de création de nouveau temps d’activités périscolaires L’organisation d’activités périscolaires ne fait pas partie des compétences obligatoires des communes ou des EPCI, ce qui explique le côté aléatoire de leur mise en place. Certaines villes se sont contentées d’allonger le temps d’accueil des enfants qu’elles proposaient traditionnellement et donc de rester sur le format garderie (activités choisies par les enfants mais où il n’y a pas d’intervention pédagogique du personnel encadrant) : jeux libres, lecture, temps calmes. La forme quasi unique est alors celle de 3/4 d’heure d’accueil soit le soir, soit sur la pose méridienne et les établissements d’enseignement artistique n’y ont pas plus de place qu’auparavant. Signalons qu’il peut arriver que ce positionnement ne soit que temporaire : la ville a mis en On relèvera également que les mises en place d’activités artistiques et culturelles sont présentes dans 84 % des PEDT. Que dire de la place des conservatoires dans cette démarche ? -7- Partie 1 : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires constitution des groupes, etc.) définies par la collectivité gestionnaire. Il s’agira de relater pourquoi les conservatoires n’ont pas trouvé leur place dans cette nouvelle organisation, sans qu’il s’agisse pour autant d’une opposition de principe. - Certains conservatoires ont été naturellement associés au comité de pilotage et y ont pris toute leur place. Dans ce cas, on ne peut pas dégager de règle. Des activités ont pu être mises en place tout comme le contraire. - Certains conservatoires n’ont pas été associés et ont une idée très vague de ce en quoi consiste un PEDT. En général, ils ne sont pas investis dans les activités périscolaires. Différentes situations se présentent sur les territoires : - Certains conservatoires sont déjà fortement investis sur le temps scolaire. Ainsi, tous les enfants sont touchés au cours de leur scolarité, dans tous les quartiers et les interventions sont pertinentes, etc. L’établissement d’enseignement artistique revendique un temps de réflexion avant d’investir un nouveau temps qui risque de déstabiliser l’existant. De plus, comme l’établissement est au mieux sur une reconduction budgétaire, l’objectif des directeurs est d’abord de sanctuariser le dispositif sur le temps scolaire avant d’ouvrir un nouveau chantier sur un même public. Les conservatoires sont d’accord pour faire les deux, mais pas d’avoir à choisir entre les deux. - Enfin, certains directeurs, non associés au départ, ont fait la demande pour intégrer le comité de pilotage du PEDT local. Cette hypothèse débouche souvent sur la participation du conservatoire aux TAP. Certains directeurs notent que ces instances de pilotage sont fréquemment le premier lieu où se confrontent les différentes cultures professionnelles, où ont lieu les premiers échanges autour de définitions partagées, où un vocabulaire commun peut émerger lentement. Aussi, il est important que les responsables d’équipes et d’équipement débattent de ces fondamentaux le plus tôt possible pour pouvoir dépasser certains blocages dans la mise en place ultérieure. - Certains interviennent depuis longtemps sur un autre public que celui du primaire. Par exemple quand le conservatoire s’investit principalement sur le secondaire et développe des dispositifs importants avec des collèges : orchestre à l’école (OAE), classes à horaires aménagés (CHA), etc. Il n’a pas investi le primaire, sinon de façon ponctuelle avant la réforme, et ne l’investira pas plus. Dans le même ordre d’idée, certains conservatoires ont relevé une autre source de blocage qui résider dans la difficulté à travailler en transversalité avec les services éducation et jeunesse de leur ville, la logique de co-construction des PEDT n’étant pas naturelle pour certaines chaînes hiérarchiques. - Dans un autre ordre d’idée, il peut arriver que le conservatoire ait fait des propositions avec des équipes volontaires et que celles-ci n’aient pas été retenues. Les raisons invoquées sont alors multiples et parmi elles le critère du coût est celui qui revient le plus souvent : la ville s’implique déjà beaucoup sur le temps scolaire et elle retient, comme critère principal du périscolaire, celui du moindre coût. La collectivité peut aussi vouloir laisser la place au champ associatif local et aux animateurs des centres de loisirs. 3/ Les raisons du non-investissement des conservatoires dans la démarche L’accueil de loisirs périscolaire se distingue de la garderie par une plus-value éducative liée aux activités diversifiées qui y sont organisées et par le projet éducatif proposé par l’organisateur. « Les collectivités pourront proposer un large éventail d’activités visant à favoriser l’épanouissement des enfants, à développer la curiosité intellectuelle et à renforcer leur plaisir d’apprendre et d’être à l’école », extrait de «La réforme des rythmes scolaires, guide pratique» février 2013. Une troisième possibilité est celle de l’envie de la collectivité de travailler avec des artistes indépendants ou appartenant à un collectif, à une compagnie… Des activités nouvelles ont été mises en place par la collectivité : activités sportives, artistiques et culturelles, ateliers consacrés au numérique, éducation citoyenne, etc. Ces activités se déroulent pendant des périodes (de vacances à vacances, trimestrielles, semestrielles, etc.) et suivant des modalités (inscription des enfants, Dans les cas où la mise en place des nouveaux rythmes scolaires a fait l’objet d’un débat important pendant la campagne pour les élections municipales de 2013, les conservatoires concer- -8- Partie 1 : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires Un des positionnements rencontrés est une prise de position tranchée de la part de l’EPCI, qui n’a pas la compétence périscolaire : affirmation sans équivoque de la non-implication de l’équipement communautaire sur le temps périscolaire. Certaines villes concernées embauchent alors des intervenants en direct et on retrouve un double niveau de responsabilité : - le scolaire et le périscolaire avec des intervenants embauchés par la ville , - les conservatoires en charge de l’enseignement artistique spécialisé sur le temps extrascolaire et sous la responsabilité des EPCI. nés ont pu prévoir un investissement conséquent mais celui-ci a été remis en cause par la nouvelle équipe d’élus. Plus le projet était avancé (concertation pédagogique, proposition de projet par les enseignants, etc.), plus cet arrêt brutal entraîne une frustration importante pour les équipes pédagogiques. - Des expériences difficiles Plus rare mais ne pouvant être considérées uniquement comme des exceptions, certains conservatoires se sont investis sur ces nouveaux ateliers périscolaires mais les intervenants n’ont pas réussi à trouver leur place. Si l’on évacue rapidement les essais sans conviction, il est important de signaler ceux où les enseignants ont mis en place des projets avec beaucoup d’envie mais qui n’ont pas su s’adapter à la réalité et qui ont périclité dès les premiers mois. En cause un public nouveau pour les intervenants, une organisation hasardeuse, pas de PEDT ni de concertation, des professeurs des écoles peu facilitateurs, etc. On reviendra sur ces points mais le constat d’échec est là et se formalise en ces termes : « si la ville garde cette organisation sur le temps périscolaire, le conservatoire ne pourra pas intervenir ». Signalons également les cas, exceptionnels heureusement, où les activités se sont maintenues toute l’année mais où l’ensemble des intervenants n’est pas prêt à repartir pour une année. Ce positionnement est cependant peu fréquent. On est plus souvent dans une zone floue ou les interventions sur le temps scolaire n’ont fait l’objet d’aucune prise de position. Le conservatoire peut, ou pas, décider d’investir ce temps et faire des propositions, le directeur disposant alors d’un pouvoir d’initiative important. On constate alors qu’en général, si la question de la prise en charge financière des interventions se pose avant la construction du projet, le conservatoire n’interviendra pas, faute de positionnement clair entre l’échelon communautaire et les villes qui le composent. En sens inverse, les conservatoires en gestion communautaire investis sur les TAP sont ceux qui ont privilégié le projet, partant du principe qu’intervenir sur les TAP faisait partie de leurs missions et que la répartition des prises en charge se fera forcément dans le mouvement. - Enfin, certains conservatoires ne sont pas investis directement sur le TAP mais se sont positionnés comme formateurs pour les intervenants-animateurs. Ces deux échelons de compétence n’aident pas à la construction commune et peuvent être considérés par certains directeurs comme source de schizophrénie. 4/ La question de la répartition des compétences Dans le même ordre d’idée, un directeur de conservatoire faisait remarquer que sur la dizaine de villes qui composaient sa communauté d’agglomération, aucune n’avait opté pour la même organisation des rythmes scolaires. La non-harmonisation du temps scolaire sur un même territoire communautaire est, pour certains, un frein à l’investissement du conservatoire alors que pour d’autres, elle permet la comparaison et l’adaptation. Rappel - La compétence périscolaire est facultative et ne fait pas partie des compétences obligatoires, ni des compétences optionnelles des communes ou des EPCI. - Une commune peut conserver sa compétence scolaire et l’EPCI de son territoire développer les compétences périscolaires. - La collectivité chargée de mettre en œuvre les TAP est celle dotée de la compétence périscolaire. Pour finir, d’aucuns évoquent le problème de la cohérence d’un projet communautaire dans le cas où un seul des conservatoires de l’agglomération s’investit sur les TAP. Premier constat : dans les collectivités dont dépendent les conservatoires étudiés, aucun EPCI n’a pris la compétence périscolaire. Donc pour les conservatoires qui sont passés à une gestion communautaire, il y a un conflit potentiel de compétence. -9- Partie 1 : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolairese II. L’impact des TAP sur le fonctionnement général des conservatoires Cas pratique : un intervenant sur le temps scolaire est embauché par un EPCI. Par voie de convention, la ville concernée par l’intervention rembourse à l’EPCI le service fait sur le temps scolaire. Avec la mise en place de la réforme, elle ne veut pas intervenir sur les deux temps à la fois et fait le choix du périscolaire avec d’autres personnels que les enseignants du conservatoire. Extrait de la synthèse de Jean-Claire Vançon : « On rappellera qu’une authentique démocratisation des pratiques culturelles et artistiques se réalise d’abord et avant tout sur le temps scolaire – qui est celui durant lequel on touche tous les enfants. Il convient, en conséquence, de ne pas détricoter tous les dispositifs existant sur le temps scolaire au prétexte de mettre en place des ateliers périscolaires – et de continuer à favoriser les actions conduites sur le temps scolaire, notamment par les musiciens intervenants, dont la réalisation de projets en partenariat avec l’enseignant constitue le cœur de métier. » Qu’est-ce que l’EPCI fait de son intervenant ? Quid si les autres villes rentrent dans la même démarche ? Bel objectif, mais qu’en est-il dans la réalité ? Au regard des impératifs de mise en place, il s’agira alors de relever les arbitrages faits par les conservatoires entre les moyens à destination des publics scolaire, périscolaire et extrascolaire et dans un second temps de voir comment les nouveaux rythmes scolaires influent sur leur organisation générale. 1/ L’articulation entre le scolaire, le périscolaire et l’extrascolaire Dans cette période financièrement délicate pour les collectivités locales, il est fréquent que les conservatoires se retrouvent dans la situation suivante : une demande de diminution de leurs budgets globaux, souvent chiffrée en pourcentage et impactant leurs ressources humaines, et l’injonction d’intervenir sur le temps périscolaire. Des choix sont à faire et les arbitrages seront différents suivant que le conservatoire intervienne ou pas sur le temps scolaire. a- Le conservatoire n’intervient pas sur le temps scolaire En général, il n’a alors pas de musicien intervenant dans l’équipe pédagogique et ce sont les professeurs d’instruments, de formation musicale et de danse qui vont investir le temps périscolaire. - 10 - Partie 1 : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires On peut citer des cas extrêmes et marginaux de vouloir passer toutes les heures du temps scolaire sur le temps périscolaire avec très souvent un refus des intervenants et un résultat navrant dans tous les domaines : refus ou démission des intervenants, perte d’heures d’intervention, tensions dans les équipes pédagogiques, etc. Deux cas de figure Il y a une réduction des heures de cours au conservatoire - soit il s’agit principalement d’un redéploiement horaire et donc de faire passer des heures consacrées jusque-là à l’enseignement artistique spécialisé sur des heures d’intervention en TAP ; - soit les heures affectées aux TAP font partie d’une enveloppe séparée et indépendante des économies demandées au conservatoire, auquel cas il y aura des économies d’un côté et des créations d’heures de l’autre. Toujours est-il que dans les deux cas, il faut que le directeur et son équipe soient convaincus du sens de l’évolution et de la pérennité de la réforme car c’est un basculement des moyens de l’extra scolaire vers le périscolaire. Quand la mise en place de la réforme se fait à moyens constants, il y a une restriction des interventions sur le temps scolaire proportionnelle à l’investissement sur le temps périscolaire, sans que les heures affectées au fonctionnement interne du conservatoire ne soient impactées, sinon à la marge. L’arbitrage se fait donc entre le temps scolaire et le temps périscolaire. Des villes, investies fortement et depuis longtemps sur le temps scolaire, ont fait passer jusqu’à 50 % de leurs interventions sur le temps périscolaire. Il y a une création d’heures Toutes les situations ne sont pas identiques et il faut noter des cas où l’application de la réforme a été l’occasion pour la collectivité de mettre en place des interventions conjointes à la fois sur le temps scolaire et sur le temps périscolaire, ou uniquement sur le temps périscolaire mais dans les deux cas avec les créations d’heures correspondantes. Il est alors plus facile de faire accepter la réforme aux équipes pédagogiques car c’est un financement complémentaire qui vient renforcer l’enseignement artistique spécialisé. Conscient de ces phénomènes des vases communicants, il faut alors se poser la question de l’existence de critères de répartition entre les propositions sur le temps scolaire et celles sur le temps périscolaire. On constate qu’ils sont très peu présents mais que l’on peut tout de même en relever deux : - un critère de niveau : une répartition suivant les niveaux scolaires avec, par exemple, des interventions sur le temps scolaire pour les CP-CE1 et des TAP pour les CE2-CM2 ; - un critère de lieu : les interventions sur le temps périscolaire vont être réservées aux écoles de proximité (lorsque les enfants peuvent venir à pied) et les interventions sur le temps scolaire aux écoles trop éloignées pour que les enfants se déplacent. b- Le conservatoire intervient déjà sur le temps scolaire Dans une grande majorité des cas, et aussi bien pour les projets pédagogiques que pour les projets relatifs au spectacle vivant, il y a un déplacement des interventions du temps scolaire sur le temps périscolaire. Il n’y a pas de règle en la matière, ces transferts pouvant aller du tout au presque rien, en passant par toutes les alternatives. Une dernière remarque faite par les directeurs : les écoles sises dans des quartiers classés en zones prioritaires ou des groupes scolaires identifiés pour des problématiques spécifiques, cumulent en général les deux types d’interventions, scolaire et périscolaire alors que les autres écoles de la collectivité n’en bénéficient pas ou moins. Pour les interventions pédagogiques Le périmètre concerné : très souvent, on ne parle que des interventions de musiciens ou de danseurs, conjointes avec les professeurs des écoles. Toutefois, les directeurs qui gèrent aussi des classes à horaires aménagés ou des orchestres à l’école sur ces niveaux, craignent de devoir défendre avec de plus en plus de vigueur la pérennité de ces dispositifs. Pour les projets autour du spectacle vivant Dans le cas d’accès à des spectacles professionnels, certaines programmations sont également passées du temps scolaire au temps périscolaire. Il faut pour cela que les nouveaux rythmes scolaires libèrent une demi-journée (aménagement Hamon). Signalons que cette nouvelle organisa- 11 - Partie 1 : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires tion ne convainc pas tout le monde et certains trouvent que le dispositif perd de sa profondeur en ne bénéficiant plus du relais et du suivi mis en place avec les professeurs des écoles sur le temps scolaire. sur la façon de gérer les changements subis par le conservatoire suite à la mise en place des nouveaux rythmes scolaires, notamment en termes de salles supplémentaires nécessaires pour compenser les cours qui ne peuvent plus être donnés le mercredi matin mais aussi en besoin de matériels (surtout instruments). Toujours sur le spectacle vivant, on constate que les concerts pédagogiques, assurés en grande partie par les professeurs du conservatoire, sont également passés d’un temps à l’autre avec peut-être plus de facilité. Dans les deux cas, programmation professionnelle ou concerts pédagogiques, quand le dispositif existait sur le temps scolaire, les directeurs regrettent qu’il ne s’adresse plus à l’ensemble des élèves. Le dernier point de changement concerne l’organisation des interventions en milieu scolaire : la journée scolaire ayant été réduite (5h30 maximum au lieu de 6h), les conservatoires qui géraient un grand nombre d’interventions dans des domaines artistiques différents sur le temps scolaire ont eu beaucoup de mal à retrouver une organisation efficace sur des plages horaires plus courtes. Remarque : il sera intéressant d’identifier et de suivre des dispositifs nés avec la réforme et créés spécifiquement pour les nouveaux temps périscolaires. Une fois constaté le positionnement des conservatoires dans la globalité de la réforme, il faut regarder, avec eux, en quoi le projet TAP est un projet nouveau et singulier. 2/ L’impact sur l’organisation interne des conservatoires Les conservatoires constatent fréquemment une perte d’élèves due à l’organisation des nouveaux rythmes scolaires (jusqu’à plus de 10 %) notamment sur les classes qui avaient lieu le mercredi matin. « avant les parents prenaient leur mercredi et emmenaient les enfants au cours d’éveil ou d’initiation. Avec les cours le mercredi matin, les parents mettent les enfants au centre de loisirs ». Des établissements ont supprimé les cours d’éveil du mercredi matin pour les transférer sur les TAP. D’ailleurs, plusieurs établissements font le constat que l’éveil dans les maternelles et au CP marche très bien, que ce soit sur le temps scolaire ou périscolaire, d’où leur volonté de le généraliser dans les écoles : externaliser l’éveil dans les écoles et conserver l’apprentissage instrumental au conservatoire. Des réalisations dans ce sens sont déjà en cours. Dans une tout autre logique et profitant que la journée d’école finisse plus tôt, des conservatoires ont mis en place soit des cours d’instruments, soit des cours de FM sur le temps libéré pour les élèves inscrits dans leur structure, au risque de conforter une certaine inégalité d’accès. Certaines collectivités ont concentré leurs efforts - 12 - Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires Cette spécificité sera étudiée à l’aune de plusieurs critères, notamment la finalité de ce temps et la spécificité du cadre, mais dans un premier temps ce sont les publics et la formation des groupes qui retiendront notre attention I. Les publics concernés des enseignants/chercheurs/curieux/convaincus pour construire quelque chose. Cette grande amplitude d’âges pose également des problèmes aux professeurs de danse. Plus souvent, les groupes concernent plusieurs niveaux. Exemple : les CP/CE1, les CE2/CM1 et les CM2. Signalons avant toute chose que beaucoup de villes ont été surprises par le nombre d’enfants inscrits dans les TAP et que certaines ont été, dans un premier temps, dépassées. Cette modalité de constitution des groupes ne pose pas de problème spécifique aux enseignants artistiques. Ils sont confrontés en permanence à une certaine hétérogénéité d’âges au sein des ensembles internes au conservatoire. Signalons que cette logique de niveaux a aussi été retenue pour structurer les jours des TAP des groupes scolaires d’une collectivité : TAP tous les jours de 15h45 à 17h15, le lundi pour les CP, le mardi pour les CE1, le jeudi pour les CE2 et le vendredi pour les CM1/CM2 de tous les groupes scolaires de la ville. Aujourd’hui, elles font fréquemment le constat que 70, 80 voire plus de 90 % des enfants scolarisés sont inscrits en TAP. La journée du 14 février 2014, organisée par l’Ariam,posait le principe de la singularité des publics : ni le public des établissements d’enseignement artistique spécialisé (et donc une chance pour eux de toucher un nouveau public), ni le groupe classe mais un groupe, avec une caractéristique particulière : il a des effectifs instables, ce qui peut déstabiliser le professionnel en charge de l’atelier d’où un regain d’énergie et de savoir faire pour que ce groupe reste en mouvement et que la motivation des enfants persiste et s’amplifie. Dans certains cas, c’est le groupe classe moins les non-inscrits qui constitue le groupe TAP. Pas de choix de l’activité possible mais peut être un groupe plus facile à gérer. On voit alors apparaître un nouveau critère, autre que l’âge, le niveau scolaire et la classe, celui des modalités de répartition des enfants dans les différents ateliers : soit ils ont une véritable possibilité de choix, soit ils ne l’ont pas et c’est l’administration qui décide. Dans une grande, voire très grande partie des cas rencontrés, l’enfant s’inscrit aux TAP et c’est la seule décision qu’il prend (ou que prennent les parents). Soit la répartition dans les différents ateliers est faite en interne, soit des activités par niveaux sont prévues. Les enfants peuvent aussi s’inscrire sur une thématique (sport, activité artistique, etc.) et être répartis par l’administration dans les différents ateliers. 1/ La formation du groupe et sa stabilité Il y a plusieurs façons de constituer les groupes : - tout âge confondu, du CP au CM2 - en regroupant certains niveaux scolaires - par tranches d’âges ou par niveaux scolaires sans se soucier du groupe classe, avec la reconstitution d’un nouveau groupe - par groupe classe, identique à la classe en temps scolaire moins ceux qui ne sont pas inscrits sur les TAP, avec ou sans ajout etc. Le terrain est trop riche et trop varié pour chercher l’exhaustivité mais il nous a paru intéressant de relever quelques exemples et constats. Tout d’abord, rares sont les expériences qui regroupent des élèves du CP au CM2 et il faut Cette absence de choix des enfants est une source de difficulté importante pour les enseignants du conservatoire qui sont habitués à des - 13 - Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires La question se pose alors de la finalité : pourquoi toucher ce nouveau public ? élèves « un minimum » volontaires. La dernière caractéristique que l’on retiendra est l’assiduité, la présence des mêmes enfants d’une fois sur l’autre, qui très souvent n’est pas demandée dans l’organisation générale des TAP. Dans plusieurs cas, les conservatoires n’ont pas pu s’accommoder avec cette instabilité des groupes et ont imposé une dérogation à l’organisation générale pour s’assurer de la présence des mêmes enfants sur toute la durée du cycle. Pour cela, ils font signer par les parents un engagement de présence de leur enfant qui, en cas de non-respect, peut entraîner le retrait du dispositif. Il ne s’agit pas là de définir la vocation de ce temps, mais de retranscrire comment les directeurs l’inscrivent dans leurs objectifs de démocratisation d’accès à leur établissement. Pour une partie des conservatoires, les TAP ne s’arrêtent pas aux portes de l’école mais sont un moyen d’ouvrir le conservatoire à des enfants qui n’y viendraient pas. Cette façon de voir n’est pas unique car pour une autre partie des conservatoires, ceux qui ont déjà des listes d’attente importantes, ces actions se justifient par elle-même et n’ont aucune vocation de recrutement. Il faut relever que ces modalités de constitution des groupes voient se confronter deux cultures professionnelles différentes. Les centres de loisirs qui n’utilisent pas le principe des inscriptions préalables auquel ils préfèrent le « qui veut aller où ? » au début de chaque séance et le fonctionnement des conservatoires pour lesquels inscription dans un même atelier, assiduité et stabilité des effectifs, sont un minimum indispensable. Deux exemples qui illustrent ces positions contraires. - Des conservatoires engagés depuis deux ans constatent qu’ils ont touché un large public mais que celui-ci ne vient pas au conservatoire, les TAP n’ayant entraîné aucune inscription supplémentaire. Ils ne perdent pas l’espoir que les choses évoluent dans le temps et confirment l’intérêt de ces nouvelles activités périscolaires comme une superbe occasion de travailler avec un large public de non-inscrits (exemple provenant d’une communauté d’agglomération importante). - Dans le sens inverse, au-delà de la pertinence d’un tel dispositif, il a permis à plusieurs enfants de s’inscrire au conservatoire alors que les parents n’en voyaient pas l’intérêt (exemple provenant d’une ville de moins de 3 000 habitants). C’est donc sans surprise que l’on remarque fréquemment une démotivation des intervenants du conservatoire dans les TAP où les élèves n’ont pas d’obligation d’assiduité d’un atelier sur l’autre et où l’amplitude des âges est ouverte. 2/ Les enfants concernés La quasi-totalité des conservatoires impliqués constatent qu’ils touchent, par le biais des TAP, un public différent de celui qui fréquente habituellement l’établissement. Il n’y a pas de doute que c’est avec conviction et envie que les conservatoires interviennent dans ce cadre mais les enseignants artistiques confirment parfois se trouver confrontés à des réalités sociales avec lesquelles ils n’ont pas l’habitude de composer. Ce constat est important car il permet de comprendre, plus encore quand les dispositifs se concentrent sur des quartiers en zone urbaine sensible, les difficultés rencontrées par les équipes pédagogiques et le besoin de vigilance et d’accompagnement qu’elles demandent. Dans un registre plus familier, les TAP sont aussi l’occasion, pour certains domaines artistiques, de toucher un public qu’ils ne touchent pas naturellement, par exemple les garçons et la danse. - 14 - Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires II. Un nouveau temps Il faut gérer la dialectique temps de loisirs/temps d’apprentissage, « C’est un temps de loisir mais aussi un temps d’apprentissage » ; « Faire avancer les enfants mais sur un temps récréatif » ; « il y a des exigences dans cette situation (les TAP) sinon on n’avance pas » ; « passer d’un temps occupationnel à une logique d’apprentissage ». Il est important de définir ce « nouveau temps » autant en termes d’objectif qu’en termes de contenu. Dans les faits on constate qu’aucun des deux, ni les objectifs ni les contenus, ne précède l’autre, les deux prenant forme dans un mouvement commun. Des comparaisons avec des territoires connus : - Les interventions en milieu scolaire La référence aux interventions sur le temps scolaire est fréquente mais souvent contradictoire. Alors que pour les uns « il n’y a plus le cadre contraignant de l’Éducation nationale, le conservatoire est plus libre d’innover », pour ceux qui intervenaient déjà sur le temps scolaire « la perte du cadre éducatif posé par l’Éducation nationale est difficile à accepter ». - Les textes cadres de l’enseignement artistique spécialisé Des références sont aussi faites par rapport aux textes cadres de l’enseignement artistique spécialisé, « On n’est pas dans les objectifs habituels des SNOP, on doit inventer et il n’y a pas de cadre » et sont reprises par d’autres, « Il faut inventer l’objectif alors qu’il est en dehors de la compétence professionnelle ». - Quelle définition commune de l’éducation artistique et culturelle ? Un point important du débat porte sur la sémantique : tous constatent qu’on n’est pas dans l’enseignement artistique spécialisé ; pour certains on est dans l’éducation artistique et culturelle alors que pour d’autres on est dans un autre domaine qui est celui de la sensibilisation. On perçoit bien cette tension dans le constat fait « d’une adéquation entre un objectif de sensibilisation et la forme (1h sur 6 semaines) » mais « qu’il serait intéressant de proposer aussi un véritable parcours d’EAC (sous entendu sur des périodes plus longues, avec des acquis et un suivi). 1/ L’identification des objectifs Pour partie, c’est du manque d’identification, de définition et de partage d’objectifs que viennent les tensions entre les professionnels de l’animation et ceux de l’enseignement artistique spécialisé. a- Une source de tension Même si l’objet de ce paragraphe n’est pas de traiter des relations entre les différents milieux professionnels concernés par les TAP, il est important de comprendre que la définition d’objectifs communs est au centre des difficultés que rencontrent les animateurs et les enseignants artistiques pour travailler ensemble. Les directeurs de conservatoire constatent qu’il n’y a pas d’objectifs communs pré-identifiés, ce qui entraîne souvent une opposition frontale entre un temps consacré à la recherche de plaisir spontané, position défendue par les animateurs, et un objectif d’acquisition de savoir et de connaissance, « que les enfants apprennent quelque chose », position souvent intangible pour les enseignants des conservatoires. Pour dépasser ce blocage, il faut organiser la concertation mais celle-ci n’est ni prévue initialement (définition d’objectifs communs), ni à la fin des ateliers (conformité des actions par rapport aux objectifs, adaptation des objectifs à la réalité). La place de la restitution : La restitution est également présente dans le débat et si certains l’évacuent « Éveil éducatif sans objectif de production ou de performance », d’autres l’organisent (très souvent en ne l’envisageant que comme « possible ») avec l’invitation des parents et des professeurs de l’Éducation nationale. b- Les termes du débat Le débat n’étant pas tranché, nous essaierons simplement d’en retranscrire la teneur. La recherche d’une définition générale : « On expérimente, mais on va vers quoi ? » « On doit définir ce temps avec du positif car jusqu’à présent on ne le définit que par du négatif : ce n’est pas un temps d’apprentissage, ce n’est pas une garderie. » La finalité : Pour finir, relevons que certains voient des objectifs de pratique artistique, « que les TAP - 15 - Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires Mais l’inverse est également évoqué : il faut que le projet initial s’adapte sans cesse aux enfants et aux cadres des TAP. L’adaptabilité d’un projet à une réalité changeante (changement de groupe, d’école, etc.) est une caractéristique majeure des projets TAP. servent à intéresser les enfants à la pratique artistique active » ; « donner l’envie de venir, entraîner l’inscription d’enfant au conservatoire en connaissance de cause », alors que d’autres ont tendance à vouloir une instrumentalisation au profit de compétences générales, « réfléchir pour qu’une activité soit éducative » ; « s’éloigner d’objectifs d’acquisition pour aller vers des objectifs d’auto-gestion : comment les enfants sont acteurs et gèrent le groupe eux-mêmes ? » « donner les clefs aux enfants pour qu’ils se connaissent mieux et qu’ils apprennent des autres ». Enfin, pour beaucoup de structures, cette année est une année d’expérimentation et d’ores et déjà de nouvelles pistes d’ateliers sont en discussion dans les équipes pédagogiques. b- Le rapport à l’instrument La découverte instrumentale est très présente dans tous les conservatoires investis dans les TAP. Soit des parcours de découverte et de pratique ont pu être mis en place dès cette année et des aménagements vont être faits pour que la réalisation soit plus fluide, soit le cadre des TAP était trop contraignant pour proposer cette découverte immédiatement et la proposition se fera à la rentrée de septembre 2015 avec des exigences propres à ces ateliers. 2/ Les propositions pédagogiques Sans vouloir éditer un catalogue, il est intéressant de regrouper les propositions pédagogiques qui sont faites dans trois catégories : l’atelier, le rapport à l’instrument et l’accès à l’œuvre. a- Les propositions d’atelier Les propositions les plus fréquemment proposées dans les nouvelles activités périscolaires : un travail sur le rythme, sur l’expression corporelle, sur les musiques traditionnelles, sur la chanson, sur la présentation d’instruments. Aux dires de certains, l’atelier de découverte instrumentale est un standard qui rentre dans les savoir-faire des enseignants. On peut simplement signaler ici, on y reviendra par la suite, l’importance que va avoir l’absence de musicien intervenant dans l’équipe : ce sont des professeurs d’instrument qui vont faire les ateliers, avec toute la place que peut avoir leur pratique instrumentale. Cette découverte prend deux formes : un concert pédagogique présenté par plusieurs enseignants du conservatoire ou des ateliers de pratique, les deux pouvant faire l’objet d’un même projet. Les ateliers de pratique instrumentale La pratique instrumentale s’articule autour d’ateliers d’instruments d’une même famille où les enfants se familiarisent avec chacun des instruments et jouent un morceau ensemble en fin de session. Il peut y avoir, lors de ces ateliers, la construction d’instrument mais elle est marginale (temps et séquence trop courts). On constate que pour ce type de projet TAP, les conservatoires ont de plus en plus souvent comme exigence que les enfants viennent au conservatoire. Ces présentations d’instruments, si elles sont toujours construites avec un grand souci d’ouverture et de découverte, ne peuvent cependant pas être totalement indépendantes des difficultés de recrutement d’élèves que rencontrent certains instruments et des heures d’enseignement non réalisées qui s’y rapportent. Le chant choral fait débat, pour certains c’est une bonne porte d’entrée alors que pour d’autres, les conditions minimales de concentration sont difficiles à obtenir (il semble que ce soit principalement les conditions matérielles de son exercice qui soient en jeu). La danse est très présente malgré l’exigence de local adéquat. Dans ces propositions, on constate qu’il est assez fréquent que des aménagements soient faits sur le format des TAP pour que l’enseignant puisse développer son projet pédagogique. Les concerts pédagogiques (en complément de ce qui a été dit précédemment) Certains conservatoires ont mis en place, au fil des années, un point de rencontre entre tous les - 16 - Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires III. Un nouveau cadre scolaires de leur ville et leurs enseignants autour de concerts pédagogiques sur le temps scolaire. En général ils ont du mal à comprendre l’intérêt de remettre en cause cette articulation complexe au profit du temps périscolaire. Pour d’autres, une partie des concerts pédagogiques sont passés du temps scolaire au temps périscolaire et ils constatent que c’est un moyen d’investir les animateurs qui, bien qu’ils ne soient pas sur une proposition de contenu, s’approprient les concerts pour continuer la sensibilisation des enfants. Tout comme pour les ateliers de pratique, les conservatoires conditionnent fréquemment la faisabilité de ces concerts au déplacement des enfants dans leurs murs. En partant des différents types d’aménagement des rythmes scolaires, il s’agira d’analyser à la fois les besoins de coordination et les moyens nécessaires à la création de temps d’activités périscolaires. 1/ L’aménagement des rythmes scolaires Ce que l’on constate sur le terrain, c’est une multitude d’organisations différentes tant sur les nouveaux rythmes scolaires que sur l’aménagement des TAP. Toutefois, le premier constat concerne le positionnement des TAP dans la journée de l’enfant : même si certains conservatoires font des propositions et interviennent avec succès sur la pose méridienne, ce cas de figure est marginal, la plupart des interventions se passant après les cours de l’après-midi. En aparté, il est important de relever que tous les conservatoires qui accueillent des enfants sur le temps périscolaire ont été fortement impactés par le plan vigipirate, certains ateliers non délocalisables ont dû être annulés, ce qui a amplifié l’impression de désorganisation. Trois grands types d’organisations c- La place de l’accès à l’œuvre a- Des TAP de 3/4 d’heure répartis sur les 4 journées entières de la semaine Très peu de collectivités ont mis en place une programmation sur le temps périscolaire, exceptées les collectivités bénéficiant de l’aménagement Hamon et qui avait déjà une programmation sur le temps scolaire (cf précédemment, paragraphe III). En général, et hormis de très rares exceptions, les territoires qui appliquent la réforme dans son orthodoxie, 3/4 d’heure de temps d’activités périscolaires, n’ont pas trouvé le moyen de faire intervenir les enseignants du conservatoire de façon satisfaisante. Peu de conservatoires interviennent sur cette forme-là et ceux qui le font la réinterpellent pour disposer d’un temps plus long. Certains lieux sont en réflexion pour créer un véritable parcours du spectateur sur le temps périscolaire avec un panachage de spectacles professionnels, de représentations pédagogiques et de concerts d’élèves. b- Des TAP de 1h30 sur deux jours de la semaine On constate que les équipes des conservatoires en sont toujours à la définition précise de chacun de ces temps, tant sur les objectifs que sur les contenus ainsi que sur la cohérence entre temps scolaire, périscolaire et extrascolaire. Très souvent, les écoles sont sectorisées pour que des TAP aient lieu tous les jours de la semaine. Dans cette organisation, les écoles de la ville sont séparées en deux avec des TAP les lundi et jeudi pour le premier groupe et les mardi et vendredi pour le second. Certains ont choisi de regrouper par deux les groupes scolaires de proximité pour que les interventions aient lieu dans le même périmètre physique tous les jours de la semaine. Dans des cas plus exceptionnels, les temps des TAP ne sont pas identiques les deux jours : en début d’après-midi le premier jour et en fin d’après-midi le second. Il sera important pour l’Ariam d’accompagner et de suivre l’évolution de cette réflexion. - 17 - Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires villes, il a besoin encore plus que les autres de ces interlocuteurs relais. Quand on est sur un temps de TAP de 1h30 (réduit souvent à 1h, voire 1h10 avec les déplacements, le goûter, etc.) et sur des séquences de vacances à vacances, les enseignants des conservatoires admettent volontiers que le format est adapté et qu’il est assez confortable. b- La coordination dans les conservatoires Pour les conservatoires, on constate, à très peu d’exception près, que la gestion de TAP n’a pas entraîné la mise en place de nouveau poste. Dans la majeure partie des cas, c’est le directeur qui a pris en charge, en plus de ses missions habituelles, la gestion des TAP. Dans les cas où il existait déjà des directeurs adjoints ou des coordinateurs, ces derniers ont pu prendre en charge les TAP. Les cas où les mises en place des TAP ont été accompagnées de la création de poste de coordination au sein des conservatoires existent, mais font partie d’exception exceptionnelle. c- Des TAP de 3h sur un jour de la semaine (aménagement Hamon) Dans ce cas de figure, soit tous les TAP ont lieu le même jour, soit il y a un découpage de la ville en plusieurs secteurs et les TAP sont tournants sur plusieurs jours. En général, cette organisation donne lieu à deux activités dans l’après-midi avec une possibilité de regroupement pour une activité exceptionnelle de type spectacle vivant. Dans les faits, avec les changements/récréation, il y a deux activités d’une heure chacune. Les conservatoires gèrent les deux activités de l’après-midi quand ils travaillent sur un nombre de domaines étendus, musique/danse/théâtre et arts plastiques. Sinon, les enfants viennent pour une activité d’1h et repartent dans un autre lieu pour une autre activité. 3/ Les conditions matérielles et humaines Il est important de relayer ici le constat partagé par tous les intervenants : il y a une différence énorme de comportement des mêmes enfants entre le temps scolaire et le temps périscolaire. Ils se sentent tout permis car il n’y a plus le cadre scolaire, ils se croient en récréation. Quel est alors le cadre nécessaire pour prendre le relais du temps scolaire et qui va permettre de reformer un groupe ? 2/ L’importance des coordinateurs a- La coordination générale a- Le cadre des activités Il y a une forte implication des services scolaire, enfance, éducation, jeunesse, animation, etc. des villes. En général, ce sont eux qui s’occupent de la mise en place et de l’évaluation des PEDT. Dans pratiquement toutes les villes, des postes de coordinateurs TAP ont été créés. Toutefois, on constate sur le terrain que pour certaines villes l’enjeu est majeur et a donné lieu au recrutement de plusieurs coordinateurs à des niveaux différents, organisations pyramidales avec un coordinateur par groupe scolaire et un coordinateur général pour chaque ville.. Dans certaines villes, on trouve des organisations très abouties et qui sécurisent les temps d’activités périscolaires. Elles ont mis en place sur chaque groupe scolaire au moins un directeur de centre de loisirs (et un directeur adjoint dans certains cas), présent de l’ouverture à la fermeture des portes avec uniquement des fonctions de coordination et de gestion du temps périscolaire. Les conservatoires s’appuient énormément sur ces coordinateurs TAP et leur absence, permanente ou temporaire, est source de dysfonctionnements importants. Quand le conservatoire est investi dans plusieurs On ne reviendra pas sur les propositions de contenu pour se concentrer sur le cadre qui les rend possibles. L’encadrement humain Très souvent, la condition posée par le conservatoire est d’avoir un animateur en plus de l’intervenant, même si l’intervenant est titulaire du dumi. On retrouve alors le schéma : les intervenants comme référents pédagogiques et les animateurs comme garants de la discipline du groupe, avec des frontières perméables quand il y a la volonté de mettre en binôme des animateurs ayant aussi un parcours artistique. Toujours est-il que le bon fonctionnement du groupe est mis à la charge de l’animateur et de son autorité suffisante… Il faut noter que ce duo ne marche pas et les directeurs en donnent plusieurs raisons : - les cultures professionnelles des enseignants de conservatoire et des professionnels de l’animation sont très différentes, il n’y a pas de vocabulaire commun, - 18 - Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires l’harmonie entre les personnels du conservatoire et leurs collègues de l’animation est cette absence de concertation entre intervenants. Ils regrettent que les contraintes financières soient telles qu’elles ne permettent pas d’instaurer ces temps pourtant indispensables. - la relation entre les enseignants et les animateurs n’est pas sereine , - il y a un manque d’échange sur les réalités professionnelles de chacun ;,- il faut que chacun fasse un pas vers l’autre, - le fait qu’il y ait beaucoup de changement chez les animateurs (bien que théoriquement ce soit toujours le même pendant toute la période) ne simplifie pas le problème , - il n’est pas possible pour le conservatoire de coordonner les équipes d’animateurs car il n’a pas de lien hiérarchique avec les animateurs. c- Les locaux Abordés dans le cadre du rapport à l’instrument, ils sont centraux dans l’organisation des TAP. Pour certaines villes, la négociation avec les personnels de l’Éducation nationale a débouché sur l’engagement des municipalités à ne pas utiliser les classes pour les TAP. Heureusement, avec le temps et une meilleure connaissance des uns et des autres, cette condition a tendance à s’assouplir. On ne s’appesantira pas plus sur cette relation unanimement identifiée comme conflictuelle, mais il est clair que seul un accompagnement in situ apportera des solutions au problème. Rythme, durée, fréquence et choix des TAP (en complément de ce qui a déjà été dit) : Les fréquences sont en général de vacances à vacances, plus rarement trimestrielles, et exceptionnellement semestrielles. En ce qui concerne les conservatoires, toutes les fois ou c’est possible, ils veulent (et insistent) pour que les activités se fassent dans leurs murs ce qui donne souvent deux types de propositions : les enfants des écoles à proximité du conservatoire (calculée en temps, en général 10 minutes maximum) viennent dans les locaux et ont droit à certaines activités (danse, pratique ou découverte instrumentale, etc.), les autres groupes scolaires ayant accès à d’autres ateliers externalisables. Il est fréquent que les activités soient regroupées par grands domaines, par exemple : culture – citoyenneté – sport. L’enfant ne choisit pas, l’activité est proposée pour toute la classe et chaque classe touche aux trois domaines. Des groupes (plus de trente enfants) peuvent être coupés en deux et chaque moitié encadrée par un intervenant ce qui diminue par deux la séquence de l’atelier. Au lieu de vacances à vacances, on passe sur des séquences de trois semaines avec cette conséquence que plus le format est court, moins il y a d’essoufflement de la part des enseignants. Dans le cas où le conservatoire gère des ateliers en dehors de ses murs (écoles éloignées), le temps de déplacement des professeurs est pris en compte dans leur rémunération. Les villes ayant mis en place des transports en car permettant aux enfants des écoles éloignées de participer à certains ateliers qui ne peuvent avoir lieu que dans les murs du conservatoire existent mais sont exceptionnelles. Certains conservatoires apprécient que des temps d’étude soient sur les mêmes plages horaires que les TAP, avec les mêmes conditions d’accès (notamment tarifaires) car cela permet que des enfants puissent sortir d’un atelier en cas de problème. Dans certains cas, les TAP se font obligatoirement en dehors des locaux de l’école (engagement de la municipalité) et ont lieux dans les locaux des différents équipements de la ville. Il y a une répartition des possibilités d’ateliers en fonction de la situation géographique des écoles et des structures : celles proches des gymnases feront du sport alors que celles proches du conservatoire feront des activités artistiques. b- La concertation Dans aucune des structures contactées, des temps de concertation sont formalisés entre les différents intervenants. De même, aucun temps de préparation ni de débriefing n’est institué quand il y a la présence commune de différents intervenants (enseignant artistique/animateur notamment). Il n’y a pas de règle en la matière et d’autres collectivités ont décidé de faire tous les ateliers périscolaires dans les écoles, ce qui entraîne souvent des problèmes importants : les lieux ne sont pas adaptés, la mise en place est souvent trop importante et trop longue, etc. Plusieurs directeurs relèvent également que cer- Unanimement, les directeurs constatent que l’un des manques les plus prégnants pour créer de - 19 - Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires taines écoles en REP (zone d’éducation prioritaire) ont déjà de gros problèmes de locaux dans leur fonctionnement général, dû aux effectifs moins importants par classe. Les exigences des TAP ne sont pas là pour améliorer le quotidien. Remarque : on ne peut qu’insister sur l’importance pour un conservatoire d’établir un cahier des charges pour régir ses interventions en TAP. Après avoir posé le cadre général de la réforme, puis celui singulier des TAP, nous finirons par la recherche de positionnement qui traverse actuellement les conservatoires. - 20 - Partie 3 : Un nouveau positionnement à trouver Un nouveau positionnement à trouver Nous verrons dans un premier temps que les TAP obligent le conservatoire à avoir un autre rapport avec l’Éducation nationale pour ensuite étudier comment ils sont accueillis par les enseignants et enfin comment ces mêmes TAP interpellent le projet du conservatoire. I. L’articulation temps scolaire/temps périscolaire la transmission des savoirs et l’enseignant artistique spécialisé sur la révélation du sensible. - La manière d’organiser la transmission des enfants de la responsabilité du professeur des écoles à celle de l’intervenant n’est pas satisfaisante. Dans la triangulation Éducation nationale/enseignement artistique spécialisé/animation, les relations qu’entretiennent les enseignants et les animateurs ont déjà été abordées, il n’appartient pas à notre sujet de traiter des relations entre les professeurs des écoles et les animateurs mais il nous reste à analyser celles qui lient l’Éducation nationale et l’enseignement artistique spécialisé. - L’enfant voit beaucoup d’encadrants au cours d’une même journée qui ont tous une façon différente d’organiser la cohérence du groupe, il a du mal à s’y retrouver et il faut l’y aider. - On rappellera enfin l’importance des locaux avec les principaux reproches faits par les enseignants artistiques : le bruit et le stockage du matériel, le fait que l’intervenant est un intrus dans la classe, la présence du professeur des écoles pour préparer ou pour ranger, etc. 1/ Un passage du temps scolaire au temps périscolaire difficile La journée est une succession de moments et l’enjeu va être de trouver une organisation efficace sur l’année, un continuum éducatif qui construise un « tout » cohérent. - Il faut retrouver cette notion de coopération au niveau des acteurs encadrants Pour l’instant, cela ne fonctionne pas instinctivement, naturellement, et on constate souvent qu’il n’y a pas d’articulation des différents temps. 2/ Les solutions mises en place pour favoriser la fluidité des rapports - Le temps : plusieurs constatent, notamment ceux qui ont mis en place la réforme en 2013, que le temps permet beaucoup de choses et notamment d’atténuer les différents. Plusieurs raisons sont avancées : - Le rapport avec l’Éducation nationale est inexistant, voire commençant par une opposition marquée. La force de cette opposition est souvent proportionnelle à la résistance qu’a pu avoir le milieu enseignant face aux nouveaux temps scolaires adoptés par la ville et à la manière dont a été organisée la négociation. - S’il y a un intervenant artistique dans l’école sur le temps scolaire et sur le temps périscolaire, en général ça se passe mieux. - Même constat quand les professeurs de l’Éducation nationale s’investissent sur le temps périscolaire. - Le principal défaut de cette réforme est qu’il n’y a pas eu de travail conjoint entre les conservatoires et l’Éducation nationale. Il y a un manque de lien entre les propositions de chacun. - Faire des propositions conjointes sur des interventions en temps scolaire et périscolaire. - Proposer un projet commun qui rassemble toute l’école et qui soit travaillé à la fois sur le temps scolaire et le temps périscolaire. - De ce manque de concertation initiale découle la sensation qu’ont certains d’une séparation tranchée des objectifs : l’Éducation nationale sur - 21 - Partie 3 : Un nouveau positionnement à trouver II. Un temps qui met les enseignants artistiques en tension en poste sur le temps scolaire, avec le passage d’un certain nombre d’heures de l’un à l’autre, plusieurs réactions peuvent être observées. Certains ont accepté et ils semblent être les plus nombreux. D’autres ont refusé catégoriquement avec deux séries de conséquences : la démission pour certains, le statu quo pour d’autres et l’embauche de nouveaux musiciens intervenants en complément pour faire les heures du périscolaire. Chacun s’accorde sur le constat que les nouveaux temps d’activités périscolaires demandent des personnels formés. Qu’’en est-il des équipes pédagogiques des conservatoires ? Remarque unanime des directeurs : les musiciens intervenants sont la cheville ouvrière de la mise en place des TAP et si tout le monde conçoit qu’il s’agît d’un nouveau métier, il est difficile pour les intéressés d’en faire comprendre les raisons. 1/ Les directeurs Soucieux de comprendre les enjeux et les caractéristiques de ces nouveaux temps, quelques directeurs ont décidé d’intervenir sur les TAP au moins pour l’année de mise en place. Ils confirment les constats faits par l’ensemble des intervenants tout en restant convaincus de l’importance pour le conservatoire d’être présent. Aujourd’hui, les musiciens intervenants ont trois temps à gérer : - dans le conservatoire , - dans le temps scolaire (musicien intervenant + professeur des écoles), - dans le temps périscolaire (musicien intervenant + animateur). 2/ Les musiciens intervenants Quand le conservatoire a des intervenants en milieu scolaire déjà à cheval entre les écoles et le conservatoire, ils sont en première ligne pour s’investir dans le périscolaire. 3/ Les autres enseignants des conservatoires Toutes les disciplines sont concernées, professeur de FM, professeur de chant, professeur d’instrument quel qu’il soit, etc. Ils interviennent en général à la demande de la direction et sur la base du volontariat. Le directeur a alors souvent le choix parmi plusieurs volontaires et les critères varient en fonction des lieux et des projets. Une idée très présente dans les conservatoires : le périscolaire est déstabilisant et il faut être vigilant pour que les enseignants ne se retrouvent pas en difficulté. Il existe quelques cas où tous les intervenants en périscolaire musiciens sont titulaires du DUMI, bien que la situation la plus fréquente reste un panachage entre eux et les professeurs d’instrument. La référence aux musiciens intervenants titulaires du DUMI dans la mise en place de cette réforme est permanente et transversale à tout ce repérage. Pourtant, tout comme les autres professionnels des conservatoires, ils n’estiment pas unanimement que les interventions en TAP font parties intégrantes de leur métier. Lorsque la ville a des ambitions fortes sur le périscolaire, soit elle a contraint l’équipe pédagogique du conservatoire à s’investir sur les TAP et certains professeurs peuvent être en difficulté, soit elle a embauché de nouveaux professeurs pour remédier au refus. Très souvent, ils ne bénéficient pas des mêmes possibilités de choix qu’ont les autres enseignants. En effet, si l’appel au volontariat est la règle pour l’investissement des professeurs d’instrument sur les TAP, il est beaucoup moins fréquent pour les musiciens intervenants et, dans de nombreux cas, on ne veut pas leur laisser le choix. Quand le directeur a joué son rôle de filtre et a eu la possibilité de choisir les professeurs qui interviendraient en fonction de leurs compétences, il n’y a pas de problème et les ateliers sont en général bien accueillis. Dans les conservatoires ou le temps périscolaire a voulu être imposé aux musiciens intervenants - 22 - Partie 3 : Un nouveau positionnement à trouver III. L’influence des TAP sur le projet du conservatoire La crainte qui s’exprime aujourd’hui est que face à cette réussite, il y ait une envie de généralisation et que les professeurs ne soient plus choisis uniquement en fonction de leurs compétences mais en considération d’autres critères (heures non faites, généralisation, etc.). Dans ce cas, chacun relève le besoin de mettre en place soit des formations adéquates, soit un accompagnement. On constate également que des professeurs volontaires ont pu se retrouver en situation d’échec, échec qu’ils attribuent à un public qualifié de difficile, mais aussi à des problèmes logistiques importants. Il y a alors une démotivation importante de ces enseignants. En général, les conservatoires présents sur les TAP vont poursuivre leur investissement sur le temps périscolaire. C’est une chance pour eux d’investir le champ de la sensibilisation et de l’initiation via la découverte. Certains parlent de retour de l’expérimental dans les établissements. Toutefois, les directeurs sont prudents et veulent garder la main sur le choix des enseignants. Comme on l’a indiqué précédemment, ils redoutent une généralisation trop rapide. C’est également, pour beaucoup, un moyen de faire connaître les propositions pédagogiques développées au sein de l’établissement. 4/ La danse Très présente dans les propositions dès que les élèves peuvent se déplacer au conservatoire, les directeurs nous ont fait part de nombreux échecs et abandons dus a la démotivation des enseignants. Il semblerait qu’il soit difficile d’obtenir le minimum requis pour qu’un projet se passe bien : formation des groupes, assiduité, état de nervosité des enfants, temps et séquences trop courts, etc. Certains directeurs se posent la question : est-ce que la présence de certains instruments, de certaines esthétiques, de certains domaines artistiques et corrélativement l’absence d’autres ne va-t-elle par avoir pour effet, à terme, de déstabiliser l’équilibre des classes des conservatoires ? Ce temps périscolaire a aussi créé beaucoup de remous dans les équipes pédagogiques. Si, comme on l’a relevé précédemment, il y a plus de volontaires que de possibilités d’intervention, une partie importante des enseignants n’a cependant pas voulu aller sur le temps périscolaire. Ils apparentent ce mode d’intervention à de l’animation et ressentiraient un sentiment de dévalorisation s’ils devaient être concernés. L’élargissement des publics par la voie des TAP suscite des réserves importantes dans le milieu professionnel. On voit qu’aussi bien dans les équipes pédagogiques que chez les directeurs, il y a des réticences à voir l’avenir des conservatoires uniquement par le prisme de son investissement dans le temps scolaire ou périscolaire. Plus généralement, certains opposent la volonté politique de s’adresser au plus grand nombre, qu’ils résument par le sigle « EAC » à l’excellence que prône l’enseignement artistique spécialisé. Bien évidemment, c’est dans la nuance que se trouve la majorité mais le clivage permet de comprendre la nature du débat. - 23 - Partie 3 : Un nouveau positionnement à trouver Toujours est-il que les établissements considérant le périscolaire comme faisant partie de leurs missions ont généralement inscrit ce nouvel engagement dans leurs projets d’établissement. Certains établissements ont profité de la réécriture de leur projet en vue du renouvellement de classement en cours, pour mettre en place des commissions de réflexion autour des TAP. - 24 - Il est important pour l’Ariam d’accompagner les conservatoires dans la mise en place de cette réforme en ce faisant l’écho des réflexions et questionnements des directeurs. On ne rappellera jamais assez que ce document n’a d’autre ambition que d’être une photographie à un instant « T », le mouvement ayant déjà modifié considérablement le panorama, surtout dans cette période de bilan. Cependant, la globalité de cette démarche nous a permis de repositionner nos formations en fonction de vos attentes, de proposer un accompagnement pour les collectivités qui le désirent sur la cohérence et la fluidité de leur projet global et bien sûr, de mettre en débat ces constats. D’autre part, nous étions conscients que la réforme des rythmes scolaires et la mise en place des TAP suscitaient plus de critiques que d’enthousiasme. C’est pourquoi il nous a semblé fondamental d’équilibrer les choses en donnant la parole à des collectivités ou la mise en place des nouveaux rythmes scolaires est un succès, d’où ces rencontres territoriales à Fresnes, Garges-lès-Gonesse et Sainte-Geneviève-des-Bois en juin 2015. - 25 -