Les conservatoires et les nouveaux temps d`activités

Transcription

Les conservatoires et les nouveaux temps d`activités
Juin 2015
Les conservatoires et
les nouveaux temps
d’activités périscolaires
Repérage février-juin 2015
Jean-Louis GALY
Conseiller artistique à l’Ariam Ile-de-France
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Avant-propos
Dès la mise en place de la réforme des rythmes scolaires, l’Ariam Ile-de-France s’est
intéressée aux nouveaux temps d’accueil périscolaire, les TAP, par le prisme des conservatoires et de leurs implications sur ce nouveau défis.
Afin d’anticiper les besoins de formation, d’accompagner le milieu professionnel dans
sa réflexion et les collectivités dans la mise en place de leurs politiques publiques, l’Ariam a
organisé des moments d’échanges et de réflexions.
Ces premières journées professionnelles ont fait remonter des hypothèses, des
craintes, des espérances, des blocages, etc. La synthèse de Jean-Claire Vançon, conseiller
artistique, est un point d’étape important en ce qu’elle a énoncé clairement les enjeux que
nous avons pu, avec cette étude, confronter à la réalité du terrain. Elle a servi de trame pour
la suite de la démarche et se retrouve en filigrane dans ce document.
L’Ariam a ensuite organisé un repérage centré sur « l’implication des conservatoires
dans les nouveaux temps d’activités périscolaires ». Celui-ci a commencé par l’envoi d’un
questionnaire à plus de trois cents structures puis le contact d’une soixantaine, un peu plus
de la moitié investie dans les TAP, l’autre non, afin de creuser le sujet. Parmi ces établissements, on compte 10 conservatoires à rayonnement départemental (CRD), 6 conservatoires
à rayonnement intercommunal (CRI), 23 conservatoires à rayonnement communal (CRC) et
17 établissements non classés.
Trois objectifs attachés à cette démarche :
- Identifier les besoins de formations des enseignants, intervenants ou en passe d’intervenir sur les TAP, danseurs et musiciens et proposer des formations adéquates.
Vous trouverez dix formations spécifiques aux interventions en périscolaire dans « le programme régional de formation continue musique et danse en Ile-de-France » de l’Ariam,
saison 2015/2016.
- Proposer un accompagnement sur site afin de dépasser les tensions et les blocages
qui se font jour entre l’Éducation nationale/l’enseignement artistique spécialisé/l’animation.
La démarche entreprise depuis 2013 nous permet aujourd’hui d’être un interlocuteur privilégié des collectivités et des différents acteurs. Une présentation complète de cette démarche
d’accompagnement sera faite à la rentrée scolaire 2015 et fera l’objet d’une publication
spécifique.
- Informer et échanger entre les professionnels concernés, c’est la raison d’être de ces
rencontres territoriales et de ce document.
En effet, ce dernier est construit sur les analyses faites par les directeurs concernant
la réforme des rythmes scolaires dans leur ville, ainsi que sur le positionnement de leurs
équipes pédagogiques dans les nouveaux temps d’activités périscolaires. Il n’a vocation ni à
l’exhaustivité, ni à être le porte-parole d’un positionnement quel qu’il soit, il veut simplement
être le témoin actif de la mise en place d’une réforme pour permettre l’échange et le débat.
À cette fin, il n’est pas figé et en construction permanente il se nourrira de vos remarques.
Il s’articule autour de trois parties :
- l’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires
- les spécificités d’un projet TAP
- quel nouveau positionnement à l’avenir pour les conservatoires.
Une fois ces rappels sur la démarche et les objectifs faits, attaquons le vif du sujet.
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SOMMAIRE
Partie I : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des
rythmes scolaires ...................................................................................................... 7
I. La gouvernance des TAP et le positionnement des conservatoires................................. 7
1 - Quand il n’y a pas création de nouveau temps d’activités périscolaires.......................... 7
2 - La place des conservatoires dans l’élaboration des PEDT ............................................ 7
3 - Les raisons du non-investissement des conservatoires dans la démarche ...................... 8
4 - La question de la répartition des compétences........................................................... 9
II. L’impact des TAP sur le fonctionnement général des conservatoires . .........................10
1 - L’articulation entre le scolaire, le périscolaire et l’extrascolaire....................................10
a - Le conservatoire n’intervient pas sur le temps scolaire ....................................10
b - Le conservatoire intervient déjà sur le temps scolaire . ....................................11
2 - L’impact sur l’organisation interne des conservatoires................................................12
Partie II : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires..........13
I. Les publics concernés...................................................................................................13
1 - La formation du groupe et sa stabilité......................................................................13
2 - Les enfants concernés...........................................................................................14
II. Un nouveau temps.......................................................................................................15
1 - L’identification des objectifs....................................................................................15
a - Une source de tension.................................................................................15
b - Les termes du débat....................................................................................15
2 - Les propositions pédagogiques...............................................................................16
a - Les propositions d’atelier..............................................................................16
b - Le rapport à l’instrument..............................................................................16
c - La place de l’accès à l’œuvre.........................................................................17
III . Un nouveau cadre.....................................................................................................17
1 - L’aménagement des rythmes scolaires.....................................................................17
a - Des TAP de 3/4 d’heures répartis sur les 4 journées entières de la semaine.........17
b - Des TAP de 1h30 sur deux jours de la semaine...................................................
c - Des TAP de 3h sur un jour de la semaine (aménagement Hamon)......................18
2 - L’importance des coordinateurs...............................................................................18
a - La coordination générale..............................................................................18
b - La coordination dans les conservatoires..........................................................18
3 - Les conditions matérielles et humaines....................................................................18
a - Le cadre des activités..................................................................................18
b - La concertation...........................................................................................19
c - Les locaux..................................................................................................19
Partie III : Un nouveau positionnement à trouver..........................................21
I. L’articulation temps scolaire/temps périscolaire...........................................................21
1 - Un passage du temps scolaire au temps périscolaire difficile.......................................21
2 - Des solutions mises en place pour favoriser la fluidité des rapports .............................21
II. Un temps qui met les enseignants artistiques en tension . ..........................................22
1 - Les directeurs......................................................................................................22
2 - Les musiciens intervenants....................................................................................22
3 - Les autres enseignants des conservatoires...............................................................22
4 - La danse..............................................................................................................23
III. L’influence des TAP sur le projet du conservatoire.....................................................23
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Partie 1 : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires
L’adaptation du fonctionnement des
conservatoires à la réforme des rythmes
scolaires
I. La gouvernance des TAP
et le positionnement des
conservatoires
place la réforme des rythmes scolaires avec des
activités sur le temps périscolaire à minima pour
prendre le temps de la réflexion. L’année scolaire
2014/2015 sert alors de lancement du processus
et des propositions seront faites en septembre
2015 sans que l’on puisse présager de la présence ou non des conservatoires.
Il faut prendre en considération qu’un certain
nombre d’établissements contactés n’interviennent pas sur les TAP, tout en sachant qu’ils
auront à le faire dès septembre 2015.
La loi confie aux territoires la mise en œuvre
de cette réforme et si elle impose les nouveaux
rythmes scolaires, elle n’impose pas l’existence
de nouvelles activités sur le temps libéré.
Par contre, elle crée un outil pour les collectivités désireuses de s’investir dans cet espace éducatif : le PEDT (projet éducatif territorial). C’est
grâce à son élaboration, en concertation avec la
population et les acteurs du monde de l’éducation, que les collectivités ont pu prendre toute
leur place.
2/ La place des conservatoires dans
l’élaboration des PEDT
Manifestement, l’élaboration du PEDT est la
pierre angulaire de cette réforme (circulaire interministérielle n°2013-036 du 20 mars 2013).
C’est l’occasion pour les collectivités d’organiser
la concertation, le suivi et l’évaluation d’un tel
plan. Mise en place de comité de pilotage (responsables des services communaux, responsables associatifs, représentants des parents,
directeurs d’école…), de comité technique, de
comité de suivi, etc. Il faut noter que les premiers PEDT écrits dès 2013 sont dans leur dernière année d’application et donc dans une phase
d’évaluation et de réécriture importante.
Extrait du guide pratique des rythmes à l’école,
édition 2014/2015 :
« Plus du tiers des communes ont mené une
réflexion globale sur le temps éducatif de l’enfant et mis en place un projet éducatif territorial
(PEDT), ce qui a permis, au niveau local, d’organiser, à l’initiative des élus, de vastes concertations impliquant l’ensemble des partenaires
concernés (enseignants, parents d’élèves, associations, représentants locaux des ministères)
et mettant les temps de l’enfant et la complémentarité des activités organisées pour chacun
d’entre eux au cœur des priorités collectives ».
Avant de traiter, dans le reste de l’étude, des
conservatoires investis dans les temps d’activités périscolaires, il nous a semblé important de
revenir d’abord sur les causes du non-investissement de certains. Dans un premier paragraphe
on parlera des villes qui n’ont pas créé de TAP,
dans un deuxième la participation des conservatoires à l’élaboration des PEDT, le troisième sera
consacré aux raisons de l’absence des conservatoires dans les TAP alors que le dernier s’arrêtera sur la répartition des compétences entre
collectivités.
1/ Quand il n’y a pas de création de
nouveau temps d’activités périscolaires
L’organisation d’activités périscolaires ne fait pas
partie des compétences obligatoires des communes ou des EPCI, ce qui explique le côté aléatoire de leur mise en place. Certaines villes se
sont contentées d’allonger le temps d’accueil des
enfants qu’elles proposaient traditionnellement et
donc de rester sur le format garderie (activités
choisies par les enfants mais où il n’y a pas d’intervention pédagogique du personnel encadrant) :
jeux libres, lecture, temps calmes.
La forme quasi unique est alors celle de 3/4
d’heure d’accueil soit le soir, soit sur la pose méridienne et les établissements d’enseignement artistique n’y ont pas plus de place qu’auparavant.
Signalons qu’il peut arriver que ce positionnement ne soit que temporaire : la ville a mis en
On relèvera également que les mises en place
d’activités artistiques et culturelles sont présentes dans 84 % des PEDT.
Que dire de la place des conservatoires dans
cette démarche ?
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Partie 1 : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires
constitution des groupes, etc.) définies par la
collectivité gestionnaire.
Il s’agira de relater pourquoi les conservatoires
n’ont pas trouvé leur place dans cette nouvelle
organisation, sans qu’il s’agisse pour autant
d’une opposition de principe.
- Certains conservatoires ont été naturellement
associés au comité de pilotage et y ont pris toute
leur place. Dans ce cas, on ne peut pas dégager
de règle. Des activités ont pu être mises en place
tout comme le contraire.
- Certains conservatoires n’ont pas été associés
et ont une idée très vague de ce en quoi consiste
un PEDT. En général, ils ne sont pas investis dans
les activités périscolaires.
Différentes situations se présentent sur les
territoires :
- Certains conservatoires sont déjà fortement investis sur le temps scolaire.
Ainsi, tous les enfants sont touchés au cours de
leur scolarité, dans tous les quartiers et les interventions sont pertinentes, etc. L’établissement
d’enseignement artistique revendique un temps
de réflexion avant d’investir un nouveau temps
qui risque de déstabiliser l’existant.
De plus, comme l’établissement est au mieux
sur une reconduction budgétaire, l’objectif des
directeurs est d’abord de sanctuariser le dispositif sur le temps scolaire avant d’ouvrir un nouveau chantier sur un même public. Les conservatoires sont d’accord pour faire les deux, mais pas
d’avoir à choisir entre les deux.
- Enfin, certains directeurs, non associés au départ, ont fait la demande pour intégrer le comité
de pilotage du PEDT local. Cette hypothèse débouche souvent sur la participation du conservatoire aux TAP.
Certains directeurs notent que ces instances de
pilotage sont fréquemment le premier lieu où
se confrontent les différentes cultures professionnelles, où ont lieu les premiers échanges
autour de définitions partagées, où un vocabulaire commun peut émerger lentement. Aussi, il
est important que les responsables d’équipes et
d’équipement débattent de ces fondamentaux le
plus tôt possible pour pouvoir dépasser certains
blocages dans la mise en place ultérieure.
- Certains interviennent depuis longtemps sur un
autre public que celui du primaire.
Par exemple quand le conservatoire s’investit
principalement sur le secondaire et développe
des dispositifs importants avec des collèges : orchestre à l’école (OAE), classes à horaires aménagés (CHA), etc. Il n’a pas investi le primaire,
sinon de façon ponctuelle avant la réforme, et ne
l’investira pas plus.
Dans le même ordre d’idée, certains conservatoires ont relevé une autre source de blocage qui
résider dans la difficulté à travailler en transversalité avec les services éducation et jeunesse de
leur ville, la logique de co-construction des PEDT
n’étant pas naturelle pour certaines chaînes hiérarchiques.
- Dans un autre ordre d’idée, il peut arriver que
le conservatoire ait fait des propositions avec des
équipes volontaires et que celles-ci n’aient pas
été retenues.
Les raisons invoquées sont alors multiples et parmi elles le critère du coût est celui qui revient le
plus souvent : la ville s’implique déjà beaucoup
sur le temps scolaire et elle retient, comme critère
principal du périscolaire, celui du moindre coût.
La collectivité peut aussi vouloir laisser la place
au champ associatif local et aux animateurs des
centres de loisirs.
3/ Les raisons du non-investissement des
conservatoires dans la démarche
L’accueil de loisirs périscolaire se distingue de la
garderie par une plus-value éducative liée aux
activités diversifiées qui y sont organisées et par
le projet éducatif proposé par l’organisateur.
« Les collectivités pourront proposer un large
éventail d’activités visant à favoriser l’épanouissement des enfants, à développer la curiosité intellectuelle et à renforcer leur plaisir d’apprendre
et d’être à l’école », extrait de «La réforme des
rythmes scolaires, guide pratique» février 2013.
Une troisième possibilité est celle de l’envie de
la collectivité de travailler avec des artistes indépendants ou appartenant à un collectif, à une
compagnie…
Des activités nouvelles ont été mises en place
par la collectivité : activités sportives, artistiques
et culturelles, ateliers consacrés au numérique,
éducation citoyenne, etc. Ces activités se déroulent pendant des périodes (de vacances à
vacances, trimestrielles, semestrielles, etc.) et
suivant des modalités (inscription des enfants,
Dans les cas où la mise en place des nouveaux
rythmes scolaires a fait l’objet d’un débat important pendant la campagne pour les élections
municipales de 2013, les conservatoires concer-
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Partie 1 : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires
Un des positionnements rencontrés est une prise
de position tranchée de la part de l’EPCI, qui n’a
pas la compétence périscolaire : affirmation sans
équivoque de la non-implication de l’équipement
communautaire sur le temps périscolaire. Certaines villes concernées embauchent alors des
intervenants en direct et on retrouve un double
niveau de responsabilité :
- le scolaire et le périscolaire avec des intervenants embauchés par la ville ,
- les conservatoires en charge de l’enseignement
artistique spécialisé sur le temps extrascolaire et
sous la responsabilité des EPCI.
nés ont pu prévoir un investissement conséquent
mais celui-ci a été remis en cause par la nouvelle équipe d’élus. Plus le projet était avancé
(concertation pédagogique, proposition de projet par les enseignants, etc.), plus cet arrêt brutal entraîne une frustration importante pour les
équipes pédagogiques.
- Des expériences difficiles
Plus rare mais ne pouvant être considérées
uniquement comme des exceptions, certains
conservatoires se sont investis sur ces nouveaux
ateliers périscolaires mais les intervenants n’ont
pas réussi à trouver leur place. Si l’on évacue
rapidement les essais sans conviction, il est important de signaler ceux où les enseignants ont
mis en place des projets avec beaucoup d’envie mais qui n’ont pas su s’adapter à la réalité et qui ont périclité dès les premiers mois. En
cause un public nouveau pour les intervenants,
une organisation hasardeuse, pas de PEDT ni de
concertation, des professeurs des écoles peu facilitateurs, etc. On reviendra sur ces points mais
le constat d’échec est là et se formalise en ces
termes : « si la ville garde cette organisation sur
le temps périscolaire, le conservatoire ne pourra
pas intervenir ».
Signalons également les cas, exceptionnels heureusement, où les activités se sont maintenues
toute l’année mais où l’ensemble des intervenants n’est pas prêt à repartir pour une année.
Ce positionnement est cependant peu fréquent.
On est plus souvent dans une zone floue ou les
interventions sur le temps scolaire n’ont fait l’objet d’aucune prise de position. Le conservatoire
peut, ou pas, décider d’investir ce temps et faire
des propositions, le directeur disposant alors
d’un pouvoir d’initiative important.
On constate alors qu’en général, si la question de
la prise en charge financière des interventions se
pose avant la construction du projet, le conservatoire n’interviendra pas, faute de positionnement clair entre l’échelon communautaire et les
villes qui le composent.
En sens inverse, les conservatoires en gestion
communautaire investis sur les TAP sont ceux qui
ont privilégié le projet, partant du principe qu’intervenir sur les TAP faisait partie de leurs missions et que la répartition des prises en charge
se fera forcément dans le mouvement.
- Enfin, certains conservatoires ne sont pas investis directement sur le TAP mais se sont positionnés comme formateurs pour les intervenants-animateurs.
Ces deux échelons de compétence n’aident pas à
la construction commune et peuvent être considérés par certains directeurs comme source de
schizophrénie.
4/ La question de la répartition des compétences
Dans le même ordre d’idée, un directeur de
conservatoire faisait remarquer que sur la dizaine de villes qui composaient sa communauté d’agglomération, aucune n’avait opté pour
la même organisation des rythmes scolaires.
La non-harmonisation du temps scolaire sur un
même territoire communautaire est, pour certains, un frein à l’investissement du conservatoire alors que pour d’autres, elle permet la comparaison et l’adaptation.
Rappel
- La compétence périscolaire est facultative et
ne fait pas partie des compétences obligatoires,
ni des compétences optionnelles des communes
ou des EPCI.
- Une commune peut conserver sa compétence
scolaire et l’EPCI de son territoire développer les
compétences périscolaires.
- La collectivité chargée de mettre en œuvre les
TAP est celle dotée de la compétence périscolaire.
Pour finir, d’aucuns évoquent le problème de la
cohérence d’un projet communautaire dans le
cas où un seul des conservatoires de l’agglomération s’investit sur les TAP.
Premier constat : dans les collectivités dont dépendent les conservatoires étudiés, aucun EPCI
n’a pris la compétence périscolaire. Donc pour
les conservatoires qui sont passés à une gestion communautaire, il y a un conflit potentiel de
compétence.
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Partie 1 : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolairese
II. L’impact des TAP sur
le fonctionnement général
des conservatoires
Cas pratique : un intervenant sur le temps scolaire est embauché par un EPCI. Par voie de
convention, la ville concernée par l’intervention
rembourse à l’EPCI le service fait sur le temps
scolaire. Avec la mise en place de la réforme, elle
ne veut pas intervenir sur les deux temps à la
fois et fait le choix du périscolaire avec d’autres
personnels que les enseignants du conservatoire.
Extrait de la synthèse de Jean-Claire Vançon :
« On rappellera qu’une authentique démocratisation des pratiques culturelles et artistiques se
réalise d’abord et avant tout sur le temps scolaire – qui est celui durant lequel on touche tous
les enfants. Il convient, en conséquence, de ne
pas détricoter tous les dispositifs existant sur le
temps scolaire au prétexte de mettre en place
des ateliers périscolaires – et de continuer à favoriser les actions conduites sur le temps scolaire, notamment par les musiciens intervenants,
dont la réalisation de projets en partenariat avec
l’enseignant constitue le cœur de métier. »
Qu’est-ce que l’EPCI fait de son intervenant ?
Quid si les autres villes rentrent dans la même
démarche ?
Bel objectif, mais qu’en est-il dans la réalité ?
Au regard des impératifs de mise en place, il
s’agira alors de relever les arbitrages faits par les
conservatoires entre les moyens à destination
des publics scolaire, périscolaire et extrascolaire
et dans un second temps de voir comment les
nouveaux rythmes scolaires influent sur leur organisation générale.
1/ L’articulation entre le scolaire, le
périscolaire et l’extrascolaire
Dans cette période financièrement délicate pour
les collectivités locales, il est fréquent que les
conservatoires se retrouvent dans la situation
suivante : une demande de diminution de leurs
budgets globaux, souvent chiffrée en pourcentage et impactant leurs ressources humaines, et
l’injonction d’intervenir sur le temps périscolaire.
Des choix sont à faire et les arbitrages seront différents suivant que le conservatoire intervienne
ou pas sur le temps scolaire.
a- Le conservatoire n’intervient pas sur le
temps scolaire
En général, il n’a alors pas de musicien intervenant dans l’équipe pédagogique et ce sont les
professeurs d’instruments, de formation musicale et de danse qui vont investir le temps périscolaire.
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Partie 1 : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires
On peut citer des cas extrêmes et marginaux de
vouloir passer toutes les heures du temps scolaire sur le temps périscolaire avec très souvent
un refus des intervenants et un résultat navrant
dans tous les domaines : refus ou démission des
intervenants, perte d’heures d’intervention, tensions dans les équipes pédagogiques, etc.
Deux cas de figure Il y a une réduction des heures de cours au
conservatoire
- soit il s’agit principalement d’un redéploiement
horaire et donc de faire passer des heures consacrées jusque-là à l’enseignement artistique spécialisé sur des heures d’intervention en TAP ;
- soit les heures affectées aux TAP font partie
d’une enveloppe séparée et indépendante des
économies demandées au conservatoire, auquel
cas il y aura des économies d’un côté et des
créations d’heures de l’autre.
Toujours est-il que dans les deux cas, il faut que
le directeur et son équipe soient convaincus du
sens de l’évolution et de la pérennité de la réforme car c’est un basculement des moyens de
l’extra scolaire vers le périscolaire.
Quand la mise en place de la réforme se fait à
moyens constants, il y a une restriction des interventions sur le temps scolaire proportionnelle
à l’investissement sur le temps périscolaire, sans
que les heures affectées au fonctionnement interne du conservatoire ne soient impactées, sinon à la marge. L’arbitrage se fait donc entre
le temps scolaire et le temps périscolaire. Des
villes, investies fortement et depuis longtemps
sur le temps scolaire, ont fait passer jusqu’à
50 % de leurs interventions sur le temps périscolaire.
Il y a une création d’heures
Toutes les situations ne sont pas identiques et il
faut noter des cas où l’application de la réforme
a été l’occasion pour la collectivité de mettre en
place des interventions conjointes à la fois sur le
temps scolaire et sur le temps périscolaire, ou
uniquement sur le temps périscolaire mais dans
les deux cas avec les créations d’heures correspondantes. Il est alors plus facile de faire accepter la réforme aux équipes pédagogiques car
c’est un financement complémentaire qui vient
renforcer l’enseignement artistique spécialisé.
Conscient de ces phénomènes des vases communicants, il faut alors se poser la question de
l’existence de critères de répartition entre les
propositions sur le temps scolaire et celles sur le
temps périscolaire. On constate qu’ils sont très
peu présents mais que l’on peut tout de même
en relever deux :
- un critère de niveau : une répartition suivant
les niveaux scolaires avec, par exemple, des interventions sur le temps scolaire pour les CP-CE1
et des TAP pour les CE2-CM2 ;
- un critère de lieu : les interventions sur le temps
périscolaire vont être réservées aux écoles de
proximité (lorsque les enfants peuvent venir à
pied) et les interventions sur le temps scolaire
aux écoles trop éloignées pour que les enfants
se déplacent.
b- Le conservatoire intervient déjà sur le
temps scolaire
Dans une grande majorité des cas, et aussi bien
pour les projets pédagogiques que pour les projets relatifs au spectacle vivant, il y a un déplacement des interventions du temps scolaire sur
le temps périscolaire. Il n’y a pas de règle en la
matière, ces transferts pouvant aller du tout au
presque rien, en passant par toutes les alternatives.
Une dernière remarque faite par les directeurs :
les écoles sises dans des quartiers classés en
zones prioritaires ou des groupes scolaires identifiés pour des problématiques spécifiques, cumulent en général les deux types d’interventions,
scolaire et périscolaire alors que les autres écoles
de la collectivité n’en bénéficient pas ou moins.
Pour les interventions pédagogiques
Le périmètre concerné : très souvent, on ne
parle que des interventions de musiciens ou de
danseurs, conjointes avec les professeurs des
écoles. Toutefois, les directeurs qui gèrent aussi des classes à horaires aménagés ou des orchestres à l’école sur ces niveaux, craignent de
devoir défendre avec de plus en plus de vigueur
la pérennité de ces dispositifs.
Pour les projets autour du spectacle vivant
Dans le cas d’accès à des spectacles professionnels, certaines programmations sont également
passées du temps scolaire au temps périscolaire.
Il faut pour cela que les nouveaux rythmes scolaires libèrent une demi-journée (aménagement
Hamon). Signalons que cette nouvelle organisa- 11 -
Partie 1 : L’adaptation du fonctionnement des conservatoires à la réforme des rythmes scolaires
tion ne convainc pas tout le monde et certains
trouvent que le dispositif perd de sa profondeur
en ne bénéficiant plus du relais et du suivi mis
en place avec les professeurs des écoles sur le
temps scolaire.
sur la façon de gérer les changements subis par
le conservatoire suite à la mise en place des nouveaux rythmes scolaires, notamment en termes
de salles supplémentaires nécessaires pour compenser les cours qui ne peuvent plus être donnés
le mercredi matin mais aussi en besoin de matériels (surtout instruments).
Toujours sur le spectacle vivant, on constate que
les concerts pédagogiques, assurés en grande
partie par les professeurs du conservatoire, sont
également passés d’un temps à l’autre avec
peut-être plus de facilité.
Dans les deux cas, programmation professionnelle ou concerts pédagogiques, quand le dispositif existait sur le temps scolaire, les directeurs
regrettent qu’il ne s’adresse plus à l’ensemble
des élèves.
Le dernier point de changement concerne l’organisation des interventions en milieu scolaire : la
journée scolaire ayant été réduite (5h30 maximum au lieu de 6h), les conservatoires qui géraient un grand nombre d’interventions dans des
domaines artistiques différents sur le temps scolaire ont eu beaucoup de mal à retrouver une
organisation efficace sur des plages horaires plus
courtes.
Remarque : il sera intéressant d’identifier et de
suivre des dispositifs nés avec la réforme et
créés spécifiquement pour les nouveaux temps
périscolaires.
Une fois constaté le positionnement des conservatoires dans la globalité de la réforme, il faut
regarder, avec eux, en quoi le projet TAP est un
projet nouveau et singulier.
2/ L’impact sur l’organisation interne des
conservatoires
Les conservatoires constatent fréquemment une
perte d’élèves due à l’organisation des nouveaux
rythmes scolaires (jusqu’à plus de 10 %) notamment sur les classes qui avaient lieu le mercredi
matin.
« avant les parents prenaient leur mercredi et
emmenaient les enfants au cours d’éveil ou d’initiation. Avec les cours le mercredi matin, les parents mettent les enfants au centre de loisirs ».
Des établissements ont supprimé les cours
d’éveil du mercredi matin pour les transférer sur
les TAP.
D’ailleurs, plusieurs établissements font le
constat que l’éveil dans les maternelles et au
CP marche très bien, que ce soit sur le temps
scolaire ou périscolaire, d’où leur volonté de le
généraliser dans les écoles : externaliser l’éveil
dans les écoles et conserver l’apprentissage
instrumental au conservatoire. Des réalisations
dans ce sens sont déjà en cours.
Dans une tout autre logique et profitant que la
journée d’école finisse plus tôt, des conservatoires ont mis en place soit des cours d’instruments, soit des cours de FM sur le temps libéré
pour les élèves inscrits dans leur structure, au
risque de conforter une certaine inégalité d’accès.
Certaines collectivités ont concentré leurs efforts
- 12 -
Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires
Les spécificités d’un projet TAP pour les
conservatoires
Cette spécificité sera étudiée à l’aune de plusieurs critères, notamment la finalité de ce temps et la
spécificité du cadre, mais dans un premier temps ce sont les publics et la formation des groupes qui
retiendront notre attention
I. Les publics concernés
des enseignants/chercheurs/curieux/convaincus
pour construire quelque chose. Cette grande
amplitude d’âges pose également des problèmes
aux professeurs de danse.
Plus souvent, les groupes concernent plusieurs
niveaux. Exemple : les CP/CE1, les CE2/CM1 et
les CM2.
Signalons avant toute chose que beaucoup de
villes ont été surprises par le nombre d’enfants
inscrits dans les TAP et que certaines ont été,
dans un premier temps, dépassées.
Cette modalité de constitution des groupes ne
pose pas de problème spécifique aux enseignants
artistiques. Ils sont confrontés en permanence à
une certaine hétérogénéité d’âges au sein des
ensembles internes au conservatoire.
Signalons que cette logique de niveaux a aussi
été retenue pour structurer les jours des TAP des
groupes scolaires d’une collectivité : TAP tous les
jours de 15h45 à 17h15, le lundi pour les CP, le
mardi pour les CE1, le jeudi pour les CE2 et le
vendredi pour les CM1/CM2 de tous les groupes
scolaires de la ville.
Aujourd’hui, elles font fréquemment le constat
que 70, 80 voire plus de 90 % des enfants scolarisés sont inscrits en TAP.
La journée du 14 février 2014, organisée par
l’Ariam,posait le principe de la singularité des
publics : ni le public des établissements d’enseignement artistique spécialisé (et donc une
chance pour eux de toucher un nouveau public),
ni le groupe classe mais un groupe, avec une
caractéristique particulière : il a des effectifs instables, ce qui peut déstabiliser le professionnel
en charge de l’atelier d’où un regain d’énergie et
de savoir faire pour que ce groupe reste en mouvement et que la motivation des enfants persiste
et s’amplifie.
Dans certains cas, c’est le groupe classe moins
les non-inscrits qui constitue le groupe TAP. Pas
de choix de l’activité possible mais peut être un
groupe plus facile à gérer.
On voit alors apparaître un nouveau critère, autre
que l’âge, le niveau scolaire et la classe, celui des
modalités de répartition des enfants dans les différents ateliers : soit ils ont une véritable possibilité de choix, soit ils ne l’ont pas et c’est l’administration qui décide. Dans une grande, voire très
grande partie des cas rencontrés, l’enfant s’inscrit
aux TAP et c’est la seule décision qu’il prend (ou
que prennent les parents). Soit la répartition dans
les différents ateliers est faite en interne, soit
des activités par niveaux sont prévues. Les enfants peuvent aussi s’inscrire sur une thématique
(sport, activité artistique, etc.) et être répartis
par l’administration dans les différents ateliers.
1/ La formation du groupe et sa stabilité
Il y a plusieurs façons de constituer les groupes :
- tout âge confondu, du CP au CM2
- en regroupant certains niveaux scolaires - par tranches d’âges ou par niveaux scolaires
sans se soucier du groupe classe, avec la reconstitution d’un nouveau groupe - par groupe classe, identique à la classe en
temps scolaire moins ceux qui ne sont pas inscrits sur les TAP, avec ou sans ajout etc.
Le terrain est trop riche et trop varié pour chercher l’exhaustivité mais il nous a paru intéressant de relever quelques exemples et constats.
Tout d’abord, rares sont les expériences qui
regroupent des élèves du CP au CM2 et il faut
Cette absence de choix des enfants est une
source de difficulté importante pour les enseignants du conservatoire qui sont habitués à des
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Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires
La question se pose alors de la finalité : pourquoi
toucher ce nouveau public ?
élèves « un minimum » volontaires.
La dernière caractéristique que l’on retiendra est
l’assiduité, la présence des mêmes enfants d’une
fois sur l’autre, qui très souvent n’est pas demandée dans l’organisation générale des TAP.
Dans plusieurs cas, les conservatoires n’ont
pas pu s’accommoder avec cette instabilité des
groupes et ont imposé une dérogation à l’organisation générale pour s’assurer de la présence
des mêmes enfants sur toute la durée du cycle.
Pour cela, ils font signer par les parents un engagement de présence de leur enfant qui, en cas
de non-respect, peut entraîner le retrait du dispositif.
Il ne s’agit pas là de définir la vocation de ce
temps, mais de retranscrire comment les directeurs l’inscrivent dans leurs objectifs de démocratisation d’accès à leur établissement.
Pour une partie des conservatoires, les TAP ne
s’arrêtent pas aux portes de l’école mais sont
un moyen d’ouvrir le conservatoire à des enfants
qui n’y viendraient pas.
Cette façon de voir n’est pas unique car pour
une autre partie des conservatoires, ceux qui ont
déjà des listes d’attente importantes, ces actions
se justifient par elle-même et n’ont aucune vocation de recrutement.
Il faut relever que ces modalités de constitution
des groupes voient se confronter deux cultures
professionnelles différentes. Les centres de loisirs qui n’utilisent pas le principe des inscriptions
préalables auquel ils préfèrent le « qui veut aller
où ? » au début de chaque séance et le fonctionnement des conservatoires pour lesquels inscription dans un même atelier, assiduité et stabilité
des effectifs, sont un minimum indispensable.
Deux exemples qui illustrent ces positions
contraires.
- Des conservatoires engagés depuis deux ans
constatent qu’ils ont touché un large public mais
que celui-ci ne vient pas au conservatoire, les TAP
n’ayant entraîné aucune inscription supplémentaire. Ils ne perdent pas l’espoir que les choses
évoluent dans le temps et confirment l’intérêt
de ces nouvelles activités périscolaires comme
une superbe occasion de travailler avec un large
public de non-inscrits (exemple provenant d’une
communauté d’agglomération importante).
- Dans le sens inverse, au-delà de la pertinence
d’un tel dispositif, il a permis à plusieurs enfants
de s’inscrire au conservatoire alors que les parents n’en voyaient pas l’intérêt (exemple provenant d’une ville de moins de 3 000 habitants).
C’est donc sans surprise que l’on remarque fréquemment une démotivation des intervenants
du conservatoire dans les TAP où les élèves
n’ont pas d’obligation d’assiduité d’un atelier sur
l’autre et où l’amplitude des âges est ouverte.
2/ Les enfants concernés
La quasi-totalité des conservatoires impliqués
constatent qu’ils touchent, par le biais des TAP,
un public différent de celui qui fréquente habituellement l’établissement.
Il n’y a pas de doute que c’est avec conviction et
envie que les conservatoires interviennent dans
ce cadre mais les enseignants artistiques confirment parfois se trouver confrontés à des réalités
sociales avec lesquelles ils n’ont pas l’habitude
de composer. Ce constat est important car il permet de comprendre, plus encore quand les dispositifs se concentrent sur des quartiers en zone
urbaine sensible, les difficultés rencontrées par
les équipes pédagogiques et le besoin de vigilance et d’accompagnement qu’elles demandent.
Dans un registre plus familier, les TAP sont aussi l’occasion, pour certains domaines artistiques,
de toucher un public qu’ils ne touchent pas naturellement, par exemple les garçons et la danse.
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Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires
II. Un nouveau temps
Il faut gérer la dialectique temps de loisirs/temps
d’apprentissage, « C’est un temps de loisir mais
aussi un temps d’apprentissage » ; « Faire avancer les enfants mais sur un temps récréatif » ; « il
y a des exigences dans cette situation (les TAP)
sinon on n’avance pas » ; « passer d’un temps
occupationnel à une logique d’apprentissage ».
Il est important de définir ce « nouveau temps »
autant en termes d’objectif qu’en termes de
contenu. Dans les faits on constate qu’aucun des
deux, ni les objectifs ni les contenus, ne précède
l’autre, les deux prenant forme dans un mouvement commun.
Des comparaisons avec des territoires connus :
- Les interventions en milieu scolaire
La référence aux interventions sur le temps scolaire est fréquente mais souvent contradictoire.
Alors que pour les uns « il n’y a plus le cadre
contraignant de l’Éducation nationale, le conservatoire est plus libre d’innover », pour ceux qui
intervenaient déjà sur le temps scolaire « la
perte du cadre éducatif posé par l’Éducation nationale est difficile à accepter ».
- Les textes cadres de l’enseignement artistique
spécialisé
Des références sont aussi faites par rapport aux
textes cadres de l’enseignement artistique spécialisé, « On n’est pas dans les objectifs habituels des SNOP, on doit inventer et il n’y a pas
de cadre » et sont reprises par d’autres, « Il faut
inventer l’objectif alors qu’il est en dehors de la
compétence professionnelle ».
- Quelle définition commune de l’éducation artistique et culturelle ?
Un point important du débat porte sur la sémantique : tous constatent qu’on n’est pas dans l’enseignement artistique spécialisé ; pour certains
on est dans l’éducation artistique et culturelle
alors que pour d’autres on est dans un autre domaine qui est celui de la sensibilisation.
On perçoit bien cette tension dans le constat fait
« d’une adéquation entre un objectif de sensibilisation et la forme (1h sur 6 semaines) » mais
« qu’il serait intéressant de proposer aussi un véritable parcours d’EAC (sous entendu sur des périodes plus longues, avec des acquis et un suivi).
1/ L’identification des objectifs
Pour partie, c’est du manque d’identification, de
définition et de partage d’objectifs que viennent les
tensions entre les professionnels de l’animation et
ceux de l’enseignement artistique spécialisé.
a- Une source de tension
Même si l’objet de ce paragraphe n’est pas de
traiter des relations entre les différents milieux
professionnels concernés par les TAP, il est important de comprendre que la définition d’objectifs
communs est au centre des difficultés que rencontrent les animateurs et les enseignants artistiques pour travailler ensemble.
Les directeurs de conservatoire constatent qu’il
n’y a pas d’objectifs communs pré-identifiés, ce
qui entraîne souvent une opposition frontale entre
un temps consacré à la recherche de plaisir spontané, position défendue par les animateurs, et un
objectif d’acquisition de savoir et de connaissance,
« que les enfants apprennent quelque chose »,
position souvent intangible pour les enseignants
des conservatoires.
Pour dépasser ce blocage, il faut organiser la
concertation mais celle-ci n’est ni prévue initialement (définition d’objectifs communs), ni à la
fin des ateliers (conformité des actions par rapport aux objectifs, adaptation des objectifs à la
réalité).
La place de la restitution :
La restitution est également présente dans le
débat et si certains l’évacuent « Éveil éducatif
sans objectif de production ou de performance »,
d’autres l’organisent (très souvent en ne l’envisageant que comme « possible ») avec l’invitation des parents et des professeurs de l’Éducation nationale.
b- Les termes du débat
Le débat n’étant pas tranché, nous essaierons
simplement d’en retranscrire la teneur.
La recherche d’une définition générale :
« On expérimente, mais on va vers quoi ? »
« On doit définir ce temps avec du positif car
jusqu’à présent on ne le définit que par du négatif : ce n’est pas un temps d’apprentissage, ce
n’est pas une garderie. »
La finalité :
Pour finir, relevons que certains voient des objectifs de pratique artistique, « que les TAP
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Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires
Mais l’inverse est également évoqué : il faut que
le projet initial s’adapte sans cesse aux enfants
et aux cadres des TAP. L’adaptabilité d’un projet à une réalité changeante (changement de
groupe, d’école, etc.) est une caractéristique
majeure des projets TAP.
servent à intéresser les enfants à la pratique
artistique active » ; « donner l’envie de venir,
entraîner l’inscription d’enfant au conservatoire
en connaissance de cause », alors que d’autres
ont tendance à vouloir une instrumentalisation
au profit de compétences générales, « réfléchir
pour qu’une activité soit éducative » ; « s’éloigner d’objectifs d’acquisition pour aller vers des
objectifs d’auto-gestion : comment les enfants
sont acteurs et gèrent le groupe eux-mêmes ? »
« donner les clefs aux enfants pour qu’ils se
connaissent mieux et qu’ils apprennent des
autres ».
Enfin, pour beaucoup de structures, cette année
est une année d’expérimentation et d’ores et
déjà de nouvelles pistes d’ateliers sont en discussion dans les équipes pédagogiques.
b- Le rapport à l’instrument
La découverte instrumentale est très présente
dans tous les conservatoires investis dans les
TAP. Soit des parcours de découverte et de pratique ont pu être mis en place dès cette année
et des aménagements vont être faits pour que
la réalisation soit plus fluide, soit le cadre des
TAP était trop contraignant pour proposer cette
découverte immédiatement et la proposition se
fera à la rentrée de septembre 2015 avec des
exigences propres à ces ateliers.
2/ Les propositions pédagogiques
Sans vouloir éditer un catalogue, il est intéressant de regrouper les propositions pédagogiques
qui sont faites dans trois catégories : l’atelier, le
rapport à l’instrument et l’accès à l’œuvre.
a- Les propositions d’atelier
Les propositions les plus fréquemment proposées dans les nouvelles activités périscolaires :
un travail sur le rythme, sur l’expression corporelle, sur les musiques traditionnelles, sur la
chanson, sur la présentation d’instruments.
Aux dires de certains, l’atelier de découverte instrumentale est un standard qui rentre dans les
savoir-faire des enseignants.
On peut simplement signaler ici, on y reviendra
par la suite, l’importance que va avoir l’absence
de musicien intervenant dans l’équipe : ce sont
des professeurs d’instrument qui vont faire les
ateliers, avec toute la place que peut avoir leur
pratique instrumentale.
Cette découverte prend deux formes : un concert
pédagogique présenté par plusieurs enseignants
du conservatoire ou des ateliers de pratique, les
deux pouvant faire l’objet d’un même projet.
Les ateliers de pratique instrumentale
La pratique instrumentale s’articule autour d’ateliers d’instruments d’une même famille où les
enfants se familiarisent avec chacun des instruments et jouent un morceau ensemble en fin de
session. Il peut y avoir, lors de ces ateliers, la
construction d’instrument mais elle est marginale (temps et séquence trop courts).
On constate que pour ce type de projet TAP,
les conservatoires ont de plus en plus souvent
comme exigence que les enfants viennent au
conservatoire.
Ces présentations d’instruments, si elles sont
toujours construites avec un grand souci d’ouverture et de découverte, ne peuvent cependant
pas être totalement indépendantes des difficultés de recrutement d’élèves que rencontrent certains instruments et des heures d’enseignement
non réalisées qui s’y rapportent.
Le chant choral fait débat, pour certains c’est une
bonne porte d’entrée alors que pour d’autres, les
conditions minimales de concentration sont difficiles à obtenir (il semble que ce soit principalement les conditions matérielles de son exercice
qui soient en jeu).
La danse est très présente malgré l’exigence de
local adéquat.
Dans ces propositions, on constate qu’il est assez
fréquent que des aménagements soient faits sur
le format des TAP pour que l’enseignant puisse
développer son projet pédagogique.
Les concerts pédagogiques (en complément de
ce qui a été dit précédemment)
Certains conservatoires ont mis en place, au fil
des années, un point de rencontre entre tous les
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Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires
III. Un nouveau cadre
scolaires de leur ville et leurs enseignants autour
de concerts pédagogiques sur le temps scolaire.
En général ils ont du mal à comprendre l’intérêt
de remettre en cause cette articulation complexe
au profit du temps périscolaire.
Pour d’autres, une partie des concerts pédagogiques sont passés du temps scolaire au temps
périscolaire et ils constatent que c’est un moyen
d’investir les animateurs qui, bien qu’ils ne
soient pas sur une proposition de contenu, s’approprient les concerts pour continuer la sensibilisation des enfants.
Tout comme pour les ateliers de pratique, les
conservatoires conditionnent fréquemment la
faisabilité de ces concerts au déplacement des
enfants dans leurs murs.
En partant des différents types d’aménagement
des rythmes scolaires, il s’agira d’analyser à la
fois les besoins de coordination et les moyens
nécessaires à la création de temps d’activités périscolaires.
1/ L’aménagement des rythmes scolaires
Ce que l’on constate sur le terrain, c’est une
multitude d’organisations différentes tant sur les
nouveaux rythmes scolaires que sur l’aménagement des TAP.
Toutefois, le premier constat concerne le positionnement des TAP dans la journée de l’enfant :
même si certains conservatoires font des propositions et interviennent avec succès sur la pose
méridienne, ce cas de figure est marginal, la plupart des interventions se passant après les cours
de l’après-midi.
En aparté, il est important de relever que tous
les conservatoires qui accueillent des enfants sur
le temps périscolaire ont été fortement impactés
par le plan vigipirate, certains ateliers non délocalisables ont dû être annulés, ce qui a amplifié
l’impression de désorganisation.
Trois grands types d’organisations
c- La place de l’accès à l’œuvre
a- Des TAP de 3/4 d’heure répartis sur les 4
journées entières de la semaine
Très peu de collectivités ont mis en place une
programmation sur le temps périscolaire, exceptées les collectivités bénéficiant de l’aménagement Hamon et qui avait déjà une programmation sur le temps scolaire (cf précédemment,
paragraphe III).
En général, et hormis de très rares exceptions,
les territoires qui appliquent la réforme dans son
orthodoxie, 3/4 d’heure de temps d’activités périscolaires, n’ont pas trouvé le moyen de faire
intervenir les enseignants du conservatoire de
façon satisfaisante. Peu de conservatoires interviennent sur cette forme-là et ceux qui le font
la réinterpellent pour disposer d’un temps plus
long.
Certains lieux sont en réflexion pour créer un véritable parcours du spectateur sur le temps périscolaire avec un panachage de spectacles professionnels, de représentations pédagogiques et
de concerts d’élèves.
b- Des TAP de 1h30 sur deux jours de la semaine
On constate que les équipes des conservatoires
en sont toujours à la définition précise de chacun
de ces temps, tant sur les objectifs que sur les
contenus ainsi que sur la cohérence entre temps
scolaire, périscolaire et extrascolaire.
Très souvent, les écoles sont sectorisées pour
que des TAP aient lieu tous les jours de la semaine.
Dans cette organisation, les écoles de la ville
sont séparées en deux avec des TAP les lundi
et jeudi pour le premier groupe et les mardi et
vendredi pour le second.
Certains ont choisi de regrouper par deux les
groupes scolaires de proximité pour que les interventions aient lieu dans le même périmètre
physique tous les jours de la semaine.
Dans des cas plus exceptionnels, les temps des
TAP ne sont pas identiques les deux jours : en
début d’après-midi le premier jour et en fin
d’après-midi le second.
Il sera important pour l’Ariam d’accompagner et
de suivre l’évolution de cette réflexion.
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Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires
villes, il a besoin encore plus que les autres de
ces interlocuteurs relais.
Quand on est sur un temps de TAP de 1h30 (réduit souvent à 1h, voire 1h10 avec les déplacements, le goûter, etc.) et sur des séquences
de vacances à vacances, les enseignants des
conservatoires admettent volontiers que le format est adapté et qu’il est assez confortable.
b- La coordination dans les conservatoires
Pour les conservatoires, on constate, à très peu
d’exception près, que la gestion de TAP n’a pas
entraîné la mise en place de nouveau poste.
Dans la majeure partie des cas, c’est le directeur
qui a pris en charge, en plus de ses missions habituelles, la gestion des TAP.
Dans les cas où il existait déjà des directeurs adjoints ou des coordinateurs, ces derniers ont pu
prendre en charge les TAP.
Les cas où les mises en place des TAP ont été
accompagnées de la création de poste de coordination au sein des conservatoires existent, mais
font partie d’exception exceptionnelle.
c- Des TAP de 3h sur un jour de la semaine
(aménagement Hamon)
Dans ce cas de figure, soit tous les TAP ont lieu
le même jour, soit il y a un découpage de la ville
en plusieurs secteurs et les TAP sont tournants
sur plusieurs jours.
En général, cette organisation donne lieu à deux
activités dans l’après-midi avec une possibilité
de regroupement pour une activité exceptionnelle de type spectacle vivant. Dans les faits,
avec les changements/récréation, il y a deux activités d’une heure chacune.
Les conservatoires gèrent les deux activités de
l’après-midi quand ils travaillent sur un nombre
de domaines étendus, musique/danse/théâtre et
arts plastiques. Sinon, les enfants viennent pour
une activité d’1h et repartent dans un autre lieu
pour une autre activité.
3/ Les conditions matérielles et humaines
Il est important de relayer ici le constat partagé
par tous les intervenants : il y a une différence
énorme de comportement des mêmes enfants
entre le temps scolaire et le temps périscolaire.
Ils se sentent tout permis car il n’y a plus le cadre
scolaire, ils se croient en récréation.
Quel est alors le cadre nécessaire pour prendre
le relais du temps scolaire et qui va permettre de
reformer un groupe ?
2/ L’importance des coordinateurs
a- La coordination générale
a- Le cadre des activités
Il y a une forte implication des services scolaire,
enfance, éducation, jeunesse, animation, etc.
des villes. En général, ce sont eux qui s’occupent
de la mise en place et de l’évaluation des PEDT.
Dans pratiquement toutes les villes, des postes
de coordinateurs TAP ont été créés. Toutefois, on
constate sur le terrain que pour certaines villes
l’enjeu est majeur et a donné lieu au recrutement de plusieurs coordinateurs à des niveaux
différents, organisations pyramidales avec un
coordinateur par groupe scolaire et un coordinateur général pour chaque ville..
Dans certaines villes, on trouve des organisations très abouties et qui sécurisent les temps
d’activités périscolaires. Elles ont mis en place
sur chaque groupe scolaire au moins un directeur de centre de loisirs (et un directeur adjoint
dans certains cas), présent de l’ouverture à la
fermeture des portes avec uniquement des fonctions de coordination et de gestion du temps périscolaire.
Les conservatoires s’appuient énormément sur
ces coordinateurs TAP et leur absence, permanente ou temporaire, est source de dysfonctionnements importants.
Quand le conservatoire est investi dans plusieurs
On ne reviendra pas sur les propositions de
contenu pour se concentrer sur le cadre qui les
rend possibles.
L’encadrement humain
Très souvent, la condition posée par le conservatoire est d’avoir un animateur en plus de l’intervenant, même si l’intervenant est titulaire du
dumi. On retrouve alors le schéma : les intervenants comme référents pédagogiques et les
animateurs comme garants de la discipline du
groupe, avec des frontières perméables quand
il y a la volonté de mettre en binôme des animateurs ayant aussi un parcours artistique. Toujours est-il que le bon fonctionnement du groupe
est mis à la charge de l’animateur et de son autorité suffisante…
Il faut noter que ce duo ne marche pas et les
directeurs en donnent plusieurs raisons :
- les cultures professionnelles des enseignants
de conservatoire et des professionnels de l’animation sont très différentes, il n’y a pas de vocabulaire commun,
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Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires
l’harmonie entre les personnels du conservatoire et leurs collègues de l’animation est cette
absence de concertation entre intervenants. Ils
regrettent que les contraintes financières soient
telles qu’elles ne permettent pas d’instaurer ces
temps pourtant indispensables.
- la relation entre les enseignants et les animateurs n’est pas sereine ,
- il y a un manque d’échange sur les réalités
professionnelles de chacun ;,- il faut que chacun
fasse un pas vers l’autre,
- le fait qu’il y ait beaucoup de changement chez
les animateurs (bien que théoriquement ce soit
toujours le même pendant toute la période) ne
simplifie pas le problème ,
- il n’est pas possible pour le conservatoire de
coordonner les équipes d’animateurs car il n’a
pas de lien hiérarchique avec les animateurs.
c- Les locaux
Abordés dans le cadre du rapport à l’instrument, ils
sont centraux dans l’organisation des TAP.
Pour certaines villes, la négociation avec les personnels de l’Éducation nationale a débouché sur
l’engagement des municipalités à ne pas utiliser
les classes pour les TAP. Heureusement, avec le
temps et une meilleure connaissance des uns et
des autres, cette condition a tendance à s’assouplir.
On ne s’appesantira pas plus sur cette relation
unanimement identifiée comme conflictuelle,
mais il est clair que seul un accompagnement in
situ apportera des solutions au problème.
Rythme, durée, fréquence et choix des TAP (en
complément de ce qui a déjà été dit) :
Les fréquences sont en général de vacances à
vacances, plus rarement trimestrielles, et exceptionnellement semestrielles.
En ce qui concerne les conservatoires, toutes les
fois ou c’est possible, ils veulent (et insistent)
pour que les activités se fassent dans leurs
murs ce qui donne souvent deux types de propositions : les enfants des écoles à proximité du
conservatoire (calculée en temps, en général 10
minutes maximum) viennent dans les locaux et
ont droit à certaines activités (danse, pratique
ou découverte instrumentale, etc.), les autres
groupes scolaires ayant accès à d’autres ateliers
externalisables.
Il est fréquent que les activités soient regroupées par grands domaines, par exemple : culture
– citoyenneté – sport. L’enfant ne choisit pas,
l’activité est proposée pour toute la classe et
chaque classe touche aux trois domaines.
Des groupes (plus de trente enfants) peuvent
être coupés en deux et chaque moitié encadrée
par un intervenant ce qui diminue par deux la
séquence de l’atelier. Au lieu de vacances à vacances, on passe sur des séquences de trois semaines avec cette conséquence que plus le format est court, moins il y a d’essoufflement de la
part des enseignants.
Dans le cas où le conservatoire gère des ateliers en dehors de ses murs (écoles éloignées), le
temps de déplacement des professeurs est pris
en compte dans leur rémunération.
Les villes ayant mis en place des transports en
car permettant aux enfants des écoles éloignées
de participer à certains ateliers qui ne peuvent
avoir lieu que dans les murs du conservatoire
existent mais sont exceptionnelles.
Certains conservatoires apprécient que des
temps d’étude soient sur les mêmes plages horaires que les TAP, avec les mêmes conditions
d’accès (notamment tarifaires) car cela permet
que des enfants puissent sortir d’un atelier en
cas de problème.
Dans certains cas, les TAP se font obligatoirement en dehors des locaux de l’école (engagement de la municipalité) et ont lieux dans les
locaux des différents équipements de la ville. Il
y a une répartition des possibilités d’ateliers en
fonction de la situation géographique des écoles
et des structures : celles proches des gymnases
feront du sport alors que celles proches du
conservatoire feront des activités artistiques.
b- La concertation
Dans aucune des structures contactées, des
temps de concertation sont formalisés entre les
différents intervenants. De même, aucun temps
de préparation ni de débriefing n’est institué
quand il y a la présence commune de différents
intervenants (enseignant artistique/animateur
notamment).
Il n’y a pas de règle en la matière et d’autres
collectivités ont décidé de faire tous les ateliers
périscolaires dans les écoles, ce qui entraîne
souvent des problèmes importants : les lieux ne
sont pas adaptés, la mise en place est souvent
trop importante et trop longue, etc.
Plusieurs directeurs relèvent également que cer-
Unanimement, les directeurs constatent que l’un
des manques les plus prégnants pour créer de
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Partie 2 : Les spécificités d’un projet TAP pour les conservatoires
taines écoles en REP (zone d’éducation prioritaire) ont déjà de gros problèmes de locaux dans
leur fonctionnement général, dû aux effectifs
moins importants par classe. Les exigences des
TAP ne sont pas là pour améliorer le quotidien.
Remarque : on ne peut qu’insister sur l’importance pour un conservatoire d’établir un cahier
des charges pour régir ses interventions en TAP.
Après avoir posé le cadre général de la réforme,
puis celui singulier des TAP, nous finirons par la
recherche de positionnement qui traverse actuellement les conservatoires.
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Partie 3 : Un nouveau positionnement à trouver
Un nouveau positionnement à trouver
Nous verrons dans un premier temps que les TAP obligent le conservatoire à avoir un autre rapport
avec l’Éducation nationale pour ensuite étudier comment ils sont accueillis par les enseignants et enfin
comment ces mêmes TAP interpellent le projet du conservatoire.
I. L’articulation temps
scolaire/temps périscolaire
la transmission des savoirs et l’enseignant artistique spécialisé sur la révélation du sensible.
- La manière d’organiser la transmission des enfants de la responsabilité du professeur des écoles
à celle de l’intervenant n’est pas satisfaisante.
Dans la triangulation Éducation nationale/enseignement artistique spécialisé/animation, les
relations qu’entretiennent les enseignants et les
animateurs ont déjà été abordées, il n’appartient
pas à notre sujet de traiter des relations entre les
professeurs des écoles et les animateurs mais il
nous reste à analyser celles qui lient l’Éducation
nationale et l’enseignement artistique spécialisé.
- L’enfant voit beaucoup d’encadrants au cours
d’une même journée qui ont tous une façon différente d’organiser la cohérence du groupe, il a
du mal à s’y retrouver et il faut l’y aider.
- On rappellera enfin l’importance des locaux
avec les principaux reproches faits par les enseignants artistiques : le bruit et le stockage du matériel, le fait que l’intervenant est un intrus dans
la classe, la présence du professeur des écoles
pour préparer ou pour ranger, etc.
1/ Un passage du temps scolaire au temps
périscolaire difficile
La journée est une succession de moments et
l’enjeu va être de trouver une organisation efficace sur l’année, un continuum éducatif qui
construise un « tout » cohérent.
- Il faut retrouver cette notion de coopération au
niveau des acteurs encadrants
Pour l’instant, cela ne fonctionne pas instinctivement, naturellement, et on constate souvent
qu’il n’y a pas d’articulation des différents temps.
2/ Les solutions mises en place pour favoriser la fluidité des rapports
- Le temps : plusieurs constatent, notamment
ceux qui ont mis en place la réforme en 2013,
que le temps permet beaucoup de choses et notamment d’atténuer les différents.
Plusieurs raisons sont avancées :
- Le rapport avec l’Éducation nationale est inexistant, voire commençant par une opposition marquée. La force de cette opposition est souvent
proportionnelle à la résistance qu’a pu avoir le
milieu enseignant face aux nouveaux temps scolaires adoptés par la ville et à la manière dont a
été organisée la négociation.
- S’il y a un intervenant artistique dans l’école
sur le temps scolaire et sur le temps périscolaire,
en général ça se passe mieux.
- Même constat quand les professeurs de l’Éducation
nationale s’investissent sur le temps périscolaire.
- Le principal défaut de cette réforme est qu’il n’y
a pas eu de travail conjoint entre les conservatoires et l’Éducation nationale. Il y a un manque
de lien entre les propositions de chacun.
- Faire des propositions conjointes sur des interventions en temps scolaire et périscolaire.
- Proposer un projet commun qui rassemble
toute l’école et qui soit travaillé à la fois sur le
temps scolaire et le temps périscolaire.
- De ce manque de concertation initiale découle
la sensation qu’ont certains d’une séparation
tranchée des objectifs : l’Éducation nationale sur
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Partie 3 : Un nouveau positionnement à trouver
II. Un temps qui met les
enseignants artistiques en
tension
en poste sur le temps scolaire, avec le passage
d’un certain nombre d’heures de l’un à l’autre,
plusieurs réactions peuvent être observées.
Certains ont accepté et ils semblent être les plus
nombreux. D’autres ont refusé catégoriquement
avec deux séries de conséquences : la démission pour certains, le statu quo pour d’autres et
l’embauche de nouveaux musiciens intervenants
en complément pour faire les heures du périscolaire.
Chacun s’accorde sur le constat que les nouveaux temps d’activités périscolaires demandent
des personnels formés. Qu’’en est-il des équipes
pédagogiques des conservatoires ?
Remarque unanime des directeurs : les musiciens
intervenants sont la cheville ouvrière de la mise
en place des TAP et si tout le monde conçoit qu’il
s’agît d’un nouveau métier, il est difficile pour les
intéressés d’en faire comprendre les raisons.
1/ Les directeurs
Soucieux de comprendre les enjeux et les caractéristiques de ces nouveaux temps, quelques
directeurs ont décidé d’intervenir sur les TAP au
moins pour l’année de mise en place. Ils confirment les constats faits par l’ensemble des intervenants tout en restant convaincus de l’importance pour le conservatoire d’être présent.
Aujourd’hui, les musiciens intervenants ont trois
temps à gérer :
- dans le conservatoire ,
- dans le temps scolaire (musicien intervenant
+ professeur des écoles),
- dans le temps périscolaire (musicien intervenant + animateur).
2/ Les musiciens intervenants
Quand le conservatoire a des intervenants en
milieu scolaire déjà à cheval entre les écoles et
le conservatoire, ils sont en première ligne pour
s’investir dans le périscolaire.
3/ Les autres enseignants des conservatoires
Toutes les disciplines sont concernées, professeur de FM, professeur de chant, professeur
d’instrument quel qu’il soit, etc.
Ils interviennent en général à la demande de la
direction et sur la base du volontariat. Le directeur a alors souvent le choix parmi plusieurs volontaires et les critères varient en fonction des
lieux et des projets.
Une idée très présente dans les conservatoires :
le périscolaire est déstabilisant et il faut être vigilant pour que les enseignants ne se retrouvent
pas en difficulté.
Il existe quelques cas où tous les intervenants en
périscolaire musiciens sont titulaires du DUMI, bien
que la situation la plus fréquente reste un panachage entre eux et les professeurs d’instrument.
La référence aux musiciens intervenants titulaires du DUMI dans la mise en place de cette
réforme est permanente et transversale à tout
ce repérage. Pourtant, tout comme les autres
professionnels des conservatoires, ils n’estiment
pas unanimement que les interventions en TAP
font parties intégrantes de leur métier.
Lorsque la ville a des ambitions fortes sur le périscolaire, soit elle a contraint l’équipe pédagogique du conservatoire à s’investir sur les TAP et
certains professeurs peuvent être en difficulté,
soit elle a embauché de nouveaux professeurs
pour remédier au refus.
Très souvent, ils ne bénéficient pas des mêmes
possibilités de choix qu’ont les autres enseignants. En effet, si l’appel au volontariat est
la règle pour l’investissement des professeurs
d’instrument sur les TAP, il est beaucoup moins
fréquent pour les musiciens intervenants et,
dans de nombreux cas, on ne veut pas leur laisser le choix.
Quand le directeur a joué son rôle de filtre et a
eu la possibilité de choisir les professeurs qui interviendraient en fonction de leurs compétences,
il n’y a pas de problème et les ateliers sont en
général bien accueillis.
Dans les conservatoires ou le temps périscolaire
a voulu être imposé aux musiciens intervenants
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Partie 3 : Un nouveau positionnement à trouver
III. L’influence des TAP sur
le projet du conservatoire
La crainte qui s’exprime aujourd’hui est que face
à cette réussite, il y ait une envie de généralisation et que les professeurs ne soient plus choisis
uniquement en fonction de leurs compétences
mais en considération d’autres critères (heures
non faites, généralisation, etc.). Dans ce cas,
chacun relève le besoin de mettre en place soit
des formations adéquates, soit un accompagnement.
On constate également que des professeurs
volontaires ont pu se retrouver en situation
d’échec, échec qu’ils attribuent à un public qualifié de difficile, mais aussi à des problèmes logistiques importants. Il y a alors une démotivation
importante de ces enseignants.
En général, les conservatoires présents sur les
TAP vont poursuivre leur investissement sur le
temps périscolaire. C’est une chance pour eux
d’investir le champ de la sensibilisation et de
l’initiation via la découverte. Certains parlent de
retour de l’expérimental dans les établissements.
Toutefois, les directeurs sont prudents et veulent
garder la main sur le choix des enseignants.
Comme on l’a indiqué précédemment, ils redoutent une généralisation trop rapide.
C’est également, pour beaucoup, un moyen de
faire connaître les propositions pédagogiques
développées au sein de l’établissement.
4/ La danse
Très présente dans les propositions dès que les
élèves peuvent se déplacer au conservatoire, les
directeurs nous ont fait part de nombreux échecs
et abandons dus a la démotivation des enseignants. Il semblerait qu’il soit difficile d’obtenir
le minimum requis pour qu’un projet se passe
bien : formation des groupes, assiduité, état de
nervosité des enfants, temps et séquences trop
courts, etc.
Certains directeurs se posent la question : est-ce
que la présence de certains instruments, de certaines esthétiques, de certains domaines artistiques et corrélativement l’absence d’autres ne
va-t-elle par avoir pour effet, à terme, de déstabiliser l’équilibre des classes des conservatoires ?
Ce temps périscolaire a aussi créé beaucoup
de remous dans les équipes pédagogiques. Si,
comme on l’a relevé précédemment, il y a plus
de volontaires que de possibilités d’intervention,
une partie importante des enseignants n’a cependant pas voulu aller sur le temps périscolaire. Ils apparentent ce mode d’intervention à
de l’animation et ressentiraient un sentiment
de dévalorisation s’ils devaient être concernés.
L’élargissement des publics par la voie des TAP
suscite des réserves importantes dans le milieu
professionnel.
On voit qu’aussi bien dans les équipes pédagogiques que chez les directeurs, il y a des réticences à voir l’avenir des conservatoires uniquement par le prisme de son investissement dans
le temps scolaire ou périscolaire.
Plus généralement, certains opposent la volonté politique de s’adresser au plus grand nombre,
qu’ils résument par le sigle « EAC » à l’excellence
que prône l’enseignement artistique spécialisé.
Bien évidemment, c’est dans la nuance que se
trouve la majorité mais le clivage permet de
comprendre la nature du débat.
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Partie 3 : Un nouveau positionnement à trouver
Toujours est-il que les établissements considérant le périscolaire comme faisant partie de leurs
missions ont généralement inscrit ce nouvel engagement dans leurs projets d’établissement.
Certains établissements ont profité de la réécriture de leur projet en vue du renouvellement de
classement en cours, pour mettre en place des
commissions de réflexion autour des TAP.
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Il est important pour l’Ariam d’accompagner les conservatoires dans la mise en place de
cette réforme en ce faisant l’écho des réflexions et questionnements des directeurs. On
ne rappellera jamais assez que ce document n’a d’autre ambition que d’être une photographie à un instant « T », le mouvement ayant déjà modifié considérablement le panorama, surtout dans cette période de bilan. Cependant, la globalité de cette démarche
nous a permis de repositionner nos formations en fonction de vos attentes, de proposer
un accompagnement pour les collectivités qui le désirent sur la cohérence et la fluidité
de leur projet global et bien sûr, de mettre en débat ces constats.
D’autre part, nous étions conscients que la réforme des rythmes scolaires et la mise en
place des TAP suscitaient plus de critiques que d’enthousiasme. C’est pourquoi il nous a
semblé fondamental d’équilibrer les choses en donnant la parole à des collectivités ou
la mise en place des nouveaux rythmes scolaires est un succès, d’où ces rencontres
territoriales à Fresnes, Garges-lès-Gonesse et Sainte-Geneviève-des-Bois en
juin 2015.
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